La nature, le printemps, toutes ces fleurs si belles et qui sentent si bon. Et ces couleurs qui donnent tellement d’idées de vêtements à Ethan. Mais ce n’était pas le moment pour l’instant. Le blond avait un jour de repos et comptait bien en profiter. Il avait beau adoré la couture, la mode, le théâtre et ses costumes, un jour loin de tout ça, ce n’était pas de refus. Même si tout le ramenait à ça.
Pour le moment, Ethan flânait à droite, à gauche près du parc. Il voyait plusieurs personnes faire plusieurs activités. Certaines étaient sorti pour dessiner, d’autres pour faire des photos ou encore juste pour courir. Ethan n’aimait pas faire du sport. Il ne détestait pas ça mais il aimait l’éviter. Même si de temps en temps, l’envie d’un petit footing ni trop matinal, ni trop tardif pouvait arriver. Surtout autour de Janvier et de Mai. Comme par hasard. Des maitres avec leur chiens se promenait également. Le blond aimait bien les animaux. Il n’en avait jamais eu mais il adorait pourvoir les caresser, leur faire des bisous. A défaut d’en avoir un, il se vengeait sur les animaux de ses amis ou des amis de ses parents. Un vrai fou. Mais bon, qui n’aime pas les animaux après tout.
Ethan était dans ses pensées qui divaguait un peu beaucoup. Il était tout de même passé à essayer de ne penser à rien, à sa formation, aux vêtements pour continuer sur les activités des autres et finir sur les animaux de compagnies. Surtout les chiens. Cela le fit sourire. Ce qu’il cacha légèrement. Après tout, il était seul et si on le voyait sourire seul sans raison, il allait finir à l’asile plus vite que prévu. Il allait faire comme toutes ces personnes et profiter de sa journée et de son moment de soleil. Il allait prendre un peu de couleur, ça le changerait de Londres.
Mais le problème quand on pense trop, même si c’est à de belles choses, c’est que la plupart du temps, on oublie où on va et surtout, on oublie les personnes sur son chemin. Ou les chiens. En tout cas, la dernière chose que se souvienne le blond fut la vue d’une jeune femme avec un chien. A présent, il était les genoux par terre et les mains éraflés. Quand il regarda ce qu’il s’était passé, il vit un fil entre ses jambes. Une laisse. Et là, il comprit. Il venait de s’emmêler les pieds dedans et s’était vautré comme pas permis. Bon, le bon point dans tout ça, c’est qu’à part à son égo, personne n’était blessé. Enfin, il avait les mains et les genoux éraflés mais ça allait, il était tombé sur de la pelouse. Heureusement.
J’avais beau essayer de me raisonner, de me dire que si je devais rester au repos c’était pour mon bien, pour ma santé, je n’arrivais décidemment pas à m’y faire. Je savais pourtant, qu’à trop tirer sur la corde, je risquais de le regretter un de ces jours et que j’aurais largement le temps de penser à mes regrets dans un lit d’hôpital. Je n’étais pas raisonnable, je le savais, mais l’avais-je réellement été un jour ? Ma plus belle excuse pour sortir de chez moi, avait un prénom, il s’appelait Jay. Jay, c’était un golden retriever que j’avais sorti d’un refuge, un an auparavant. Ce n’était pas juste un chien, c’était devenu mon meilleur ami, le plus fidèle et le plus adorable des compagnons. Nous étions réellement complices et cette complicité avait pris immédiatement, à la seconde même où je l’avais rencontré dans son box. Jay, il fallait bien le promener après tout et c’était une excuse suffisamment valable pour que je mette enfin le nez dehors. Ma boule de poils avait d’ailleurs rapidement compris ce que je comptais faire, quand je m’étais mise à enfiler ma veste et il s’était précipité pour aller chercher sa laisse entre les dents et me la ramener. Je le regardais avec un sourire attendrit, avant d’attacher cette dernière à son collier et de prendre la route. C’est ainsi que j’avais commencé à déambuler dans les rues, profitant du soleil timide qui réchauffait mon visage.
J’avais la tête ailleurs, il se passait tellement de choses dans ma vie à ce moment-là, que j’arrivais rarement à me vider totalement la tête, et pour cause. Entre mes soucis de santé, l’addiction de mon frère et Wim qui ne quittait pas ma tête une seule seconde, il était difficile d’en faire autrement. Par chance, Jay était très agréable en laisse, il ne tirait absolument pas, enfin absolument plus, puisque les premiers mois avaient été plutôt laborieux. Le regard dans le vague, je mettais un pied après l’autre tel un robot. J’avais mal à la tête, je sentais que je m’essoufflais bien trop rapidement, mais pour le moment je ne gérais pas trop mal.
Soudainement, je sentis quelque chose qui bloqua la laisse de mon chien. Rapidement, je tournais la tête pour porter mon attention sur l’obstacle qui nous avait ralentis dans notre élan, sans manquer un léger sursaut. Mon regard se posa finalement sur l’homme à terre alors que mes joues chauffèrent rapidement de gêne. « Oh mon dieu, je suis désolée, je ne vous avais pas vu, je… » Je lâchais la laisse de Jay, pour permettre au jeune homme de se démêler. Le chien, pas perturbé pour un sou, s’assit tranquillement en attendant de reprendre sa balade. Je tendais alors la main au jeune homme pour l’aider à se relever. « Est-ce que ça va, vous ne vous êtes pas fait mal ? » Demandais-je, ne cachant pas ma gêne et une légère angoisse face à la réaction que pourrait avoir le jeune homme. Après tout, ce n’était jamais agréable de se vautrer de la sorte et tout le monde ne le prendrait pas avec le sourire, c’était certain.
Le printemps était réellement la saison préférée d’Ethan. C’était vraiment à ce moment qu’il pouvait voir toute la beauté du monde et de la nature. C’était à ce moment là qu’il pouvait ouvrir son imagination et la laisser gambader dans l’univers. Et à chaque fois, celle-ci revenait avec des belles idées. Que cela soit en terme imagination dans les contes qu’en imagination pour des vêtements. C’est pour cela aussi que dés qu’il y avait un brin de soleil aussi petit soit ‘il qui montrait que le printemps était de retour, le blond était dehors. Cette sortie ne fut donc pas l’occasion suprême mais quelque chose que le jeune homme faisait très souvent. Cela l’avait un peu déboussolé d’abord qu’au mois de Novembre, c’était le printemps mais Ethan avait réussi à s’y faire très rapidement, surtout pour le printemps australien. Il était donc dehors, les cheveux dans l’air, les yeux brillants et l’imagination en furie. Tout lui donnait des idées. Ou du moins, presque tout. Les fleurs, le ciel, les quelques nuages, les feuilles. Bref, Ethan voyait tout et n’importe quoi et il s’en voulu un peu de ne pas avoir prit son carnet pour noter des idées. Tant pis, il était littéralement parti les mains dans les poches donc autant les avoir vraiment.
Ethan était arrivé dans le parc au feeling. Il était arrivé à Brisbane, il y a peu donc pour le moment, il se laissait aller quand il ne devait pas aller à un point précis. Le meilleur aurait été d’être attentif quand on marchait à présent. Ce qu’il n’avait pas fait. Et c’est pour cela que la laisse lui était passé entre les jambes et qu’il était allé faire un bisou au sol. Heureusement pour lui, la pelouse était moelleuse donc il n’eut pas si mal. Par contre, la propriétaire du propriétaire de la laisse elle, elle fut bien embêtée. Elle se confondait en excuse. Cela fit sourire Ethan.
- Ce n’est pas grave, je ne regardais pas où j’allais.
Une fois, la laisse lâché par la jeune femme, Ethan put s’en sortir et l’enroula autour de sa main avant de donner sa deuxième à sa camarade pour se relever. Une fois debout, il tapa sur son pantalon pour enlever les saletés.
- Non, vous n’inquiétez pas. Mes genoux ont connu pire.
Ethan rigola, essayant de cacher sa gêne d’être tombé comme ça devant tout le monde. Mais après tout, fallait mieux en rire que de faire genre il ne s’était rien passé. Le blond redonna la laisse à sa camarade et en profita pour montrer le chien.
- Il est mignon. C’est quelle race si ce n’est pas trop demandé.
Ethan était sourire même s’il avait l’impression d’avoir le cœur dans ses genoux à cause de sa chute. Mais cela allait passer. Faudra juste qu’il regarde s’il ne saignait pas. Il n’avait pas l’impression ceci dit.
Autant, Jay m’en avait fait voir de toutes les couleurs, autant une situation comme celle-ci était inédite. Je traversais une période plutôt sombre, où j’avais tendance à broyer du noir, mais malgré la gêne que cette situation me causait, elle avait le mérite de me redonner le sourire. J’avais craint la réaction du jeune homme qui me faisait face, mais qui sembla s’en amuser, ce qui me procura un soulagement immédiat. Tout ceci était très gênant, si je pouvais éviter de me faire hurler dessus au beau milieu de tout le monde, c’était plutôt positif en mon sens. De toute évidence, j’avais eu de la chance de tomber sur le blondinet, moi à sa place, je n’aurais pas crié au scandale, mais j’aurais sans doute été rouge de honte et bien moins apte à lancer la discussion. Il m’affirma que ce n’était pas grave, me rassurant immédiatement sur son état. Il se releva et me redonna la laisse de Jay, geste pour lequel je ne manquais pas de le remercier. Cela ne m’allait pas vraiment de me perdre à ce point dans mes pensées et quelques heures de sommeil en plus m’auraient sans doute évité ce genre de scène. « Merci de ne pas avoir crié au scandale, c’est plutôt cool de votre part… » Commençais-je avant de reprendre : « De TA part ? Après une telle mésaventure, on peut peut-être se tutoyer ? » Risquais-je tout de même de proposer. Après tout, le jeune homme devait avoir plus ou moins mon âge, peut-être moins et je préférais largement le tutoiement au vouvoiement, c’était plus amical. « Au fait, je m’appelle Tessa. J’aurais préféré qu’on se rencontre dans d’autres circonstances, mais au moins on risque de se souvenir un bon moment de ce périple. » Il me demanda la race de mon chien, ce qui me fit sourire davantage. Lorsque je m’étais rendue au refuge un an plus tôt, je n’avais absolument pas eu de race précise en tête, même si j’avais toujours eu un petit coup de cœur pour les grosses boules de poil. Toujours est-il que je me savais capable de tomber amoureuse de n’importe quel chien, en particulier celui qui serait laissé de côté par tous les adoptants, comme Jay qui, par sa taille et son passé difficile, avaient tendance à en faire fuir plus d’un. J’avais eu beaucoup de mal à lui donner un semblant d’éducation, à le rassurer, à lui permettre de reprendre confiance en l’humain, mais je ne regrettais absolument pas ces mois passés à ne pas lâcher l’affaire, quand je voyais ce que j’avais réussi à lui apporter et ce qu’il m’apportait lui aussi, en retour. « C’est un golden retriever, il s’appelle Jay. » Je me tournais vers mon chien. « Jay, fais le beau ! » Le toutou se tourna vers le jeune homme et se redressa sur ses pattes arrière, en tendant une patte vers Ethan, avec une bouille de chien battu, qui me faisait tant fondre. « C’est sa façon à lui de te demander pardon. » Lançais-je, avec un sourire jusqu’aux oreilles, toujours admiratives des prouesses de mon toutou, qui partait de très loin pourtant.
Ethan aurait pu dire que c’était le soleil. Voilà, c’est ça, le soleil. C’est si rare d’en avoir en Angleterre qu’il avait été troublé par l’astre jaune dans le ciel bleu de Brisbane. Et puis cette chaleur, il n’était définitivement plus à Londres, c’était sûr. Oui, le blond aurait pu sortir une excuse comme cela mais il fallait être sérieux et honnête avec soi-même et le jeune homme savait bien que s’il avait regardé devant lui au lieu de se concentrer sur tout et n’importe quoi, il aurait peut être vu la jeune fille avec son chien en laisse. Ou du moins la laisse du chien. Mais non. Non, il avait préféré littéralement regarder le ciel et sa beauté, les oiseaux qui chantent, le peu de nuage qu’il pouvait avoir. Et c’est comme ça que paradoxalement, il s’était retrouvé la tête par terre et les genoux éraflés.
Au moment de rendre la laisse, cela se fit avec le sourire. La jeune femme le remercia même de ne pas avoir fait un scandale. Cela percuta le blond parce qu’il ne voyait en quoi il aurait pu en faire un. Il était dans le parc, dans ses pensées, c’était quasiment sûr que cela pouvait arriver. Mais il est vrai que certaines personnes seraient capables d’en faire un. Au moment de la présentation de la jeune femme, l’anglais hésita. Il lui serre la main ou non. Il se dit que ce n’était pas la peine, il avait bien fait connaissance avec le sol sans lui avoir serrer la main.
- Et moi Ethan. Et ne t’inquiètes pas, on dira que c’était la beauté du parc qui m’a font tomber sous son charme.
Oui, le blond avait essayé une petite touche d’humour. Il aimait bien rire. Au moment où il avait demandé la race du chien, il avait vu cette Tessa plongeait dans ses souvenirs. Cela dura quelques secondes car elle revient vite avec lui et lui donna la race de son chien ainsi que son nom et lui demanda même de faire un tour. C’est ce que ce dernier fit avec des yeux presque larmoyants. Ethan était attendri et cela se voyait sur son visage. A la remarque de la maitresse du chien, le blond tourna la tête.
- Il est mignon.
Ethan se baissa pour caresser le chien. Il n’avait pas demandé la permission mais il se dit que s’il pouvait avoir le droit à un tour, il pouvait peut-être le caresser. Cela plongea le blond dans ses pensées. Il avait toujours voulu avoir un animal. Et un chien c’était mignon et gentil quand même. Il se releva et se tourna vers Tessa.
- J’ai toujours voulu avoir un chien moi aussi. Tu as de la chance.
Un chien peut-être pas mais un animal de compagnie oui. Mais on ne pouvait faire tout ce qu’on voulait. Ou avoir tout ce qu’on voulait. Et c’est bien dommage.
J’avais bien remarqué que le jeune homme semblait avoir la tête ailleurs et que j’étais probablement aussi fautive que lui. En réalité, je ne pouvais pas le blâmer de penser à autre chose, j’étais la première à perdre la tête en ce moment, à faire maladresse sur maladresse par des absences bien trop souvent répétées. Il m’avoua avoir été troublé par la beauté du parc. Moi-même, je ne prenais plus vraiment le temps de l’apprécier, puisque je connaissais Brisbane comme ma poche, pour y avoir passé toute ma vie. Parfois je regrettais, de ne pas plus prendre le temps de me poser et de profiter, tout simplement. Peut-être que la sagesse de l’âge (si l’on pouvait appeler cela ainsi) me faisait voir les choses différemment… Ou peut-être cela venait du fait que j’étais passée à deux doigts de la mort et que mon état d’esprit avait changé brutalement. Au moment où j’allais lui répondre, deux jeunes joggeuses, blondes, de vraies mannequins en puissance, passèrent en discutant joyeusement, attirant l’attention d’un bon nombre de passants. « La beauté du parc oui, on va dire que c’est ça. » Avais-je répondu avec un léger sourire taquin, déviant mon regard des jeunes femmes sur Ethan. Je ne le connaissais pas encore, mais à le voir si jovial et si souriant, impossible qu’il n’ait pas un minimum de sens de l’humour. Et puis, c’était aussi un bon moyen de tester sa personnalité après tout.
La conversation dévia sur mon ami le plus loyal alors que le jeune homme m’avoua avoir toujours voulu un compagnon à quatre pattes. Après tout, appartement ou maison, il y avait forcément une race qui pourrait convenir à son style de vie, pourquoi ne pas tenter l’expérience après tout ? « Tu devrais te lancer, je suis sûre qu’il serait super heureux avec toi. » Il avait l’air doux et dynamique, tout ce qu’il fallait pour rendre heureux une petite boule de poil. D’ailleurs, s’il avait besoin de conseils, j’étais plus que prête à lui en prodiguer autant qu’il le voudrait. Je reprenais alors, espérant ainsi le convaincre un peu plus : « J’ai adopté Jay dans une association, il était déjà adulte et avait un passé plutôt difficile… Mais il me le rend bien, c’est bien plus qu’un simple animal de compagnie à mes yeux. » Et je pesais mes mots, s’il savait tout ce que je pensais de mon chien, il me prendrait certainement pour une folle, ni plus ni moins.
Je laissais un petit instant de silence avant de reprendre, le sourire aux lèvres : « Est-ce que tu accepterais qu’on s’installe en terrasse et que je te paie un café ? Pour me faire pardonner. » Je proposais cela en tout bien tout honneur bien évidemment, sans aucune arrière-pensée ni autre sentiment négatif. Après tout, cela nous permettrait probablement de faire un peu plus connaissance, de me changer les idées et de profiter d’avantage du soleil de la journée, trois bonnes raisons d’accepter pour lui, de toute évidence.
Si on avait dit qu’Ethan allait rencontrer quelqu’un car il s’était vautré en plein parc, il ne l’aurait pas cru. Enfin, peut-être que si. Le blond se connaissait, il lui arrivait d’être maladroit. Du moins, pas au pied de s’emmêler dans une laisse mais tout de même. En tout cas, sa camarade avait l’air d’être septique sur la raison de la beauté du parc qui avait fait chavirer Ethan. Ce dernier sourit, commençant à rire quand il comprit ce que Tessa voulait dire. Les joggeuses. Oui, il est vrai que quand elles passèrent à leur côté, il les regarda. Mais la jeune femme aussi donc cela ne voulait rien dire. Surtout qu’il les regarda à peine quelques secondes avant de se reporter sur sa camarade.
- Oui, la beauté du parc.
Il avait regardé l’endroit en question comme s’il voulait montrer que c’était réellement le cas. Avant de faire le même sourire taquin que la jeune femme. La conversation avait vite dépassé le parc en question et se concentrait à présent sur l’ami à quatre pattes de Tessa. Ethan lui avait fait part de sa petite jalousie en rapport avec l’appartenance du chien. La jeune femme lui avait dit de se lancer. Cela fit rire l’anglais. Il se gratta la tête, un peu gêné.
- J’aurais aimé mais pas sûr que mon oncle sera d’accord.
Tessa continua à propos de l’adoption de son chien. Il venait d’une association. C’était logique et bien car au moins, là-bas, on était sûre que c’étaient des chiens qui avaient besoin d’amour et qui n’était pas fait que pour l’argent. Quand la jeune femme parla de son souvenir, Ethan vit presque ses yeux brillés. Il pouvait comprendre ce qu’elle ressentait. Avoir quelqu’un ou quelque chose à quoi s’accrocher pour se relever de quelque chose. Ou tout simplement pour combler la vie.
- Ça serait avec joie si cela ne te dérange pas.
La question de la proposition d’un café était venue toute seule et le blond avait accepté avec joie. Il n’avait absolument pas pensé à quelque chose de mal. Ni même à un rendez-vous galant ou autre. C’était juste quelqu’un qui proposait un café. Enfin, il pensait surement cela par le fait que c’était une fille. Cela aurait autre avec un homme. Enfin, peut-être. Dans tous les cas, cela ne changeait pas quelque chose.
- Par contre, je viens à peine d’arriver donc, je ne connais pas encore très bien les différents cafés.
Bien sûr qu’Ethan était un peu gêné mais en même temps, c’était bien normal, il faisait encore ses marques. Le blond souriait, pensant déjà aux différentes discussions qu’il pourrait avoir avec sa camarade. Peut-être avait ‘il trouvé une nouvelle connaissance à Brisbane. Et cela le rendait heureux.
J’avais toujours aimé faire de nouvelles rencontres, j’étais très - peut-être trop – sociable et j’étais le genre de personnes qui pouvait parler à n’importe qui dans la rue, pour X ou Y raison. Ethan n’avait pas dérogé à la règle, même si pour le coup, il avait, sans le vouloir, un peu forcé les choses en se vautrant à mes pieds. Finalement, cette nouvelle rencontre avait, pour effet positif, de me faire penser à autre chose et de me passer un peu le temps, ce temps qui était devenu particulièrement long depuis que j’avais été dans l’incapacité de travailler. Ethan semblait un peu plus jeune que moi, de peu et je ne connaissais rien de plus de lui, n’ayant pourtant pas manqué de le taquiner quand j’abordais le sujet de « la beauté du parc ». Rapidement, il avait compris mon allusion et cela sembla l’amuser, alors qu’il confirma ses dires, sans manquer de sourire à ma plaisanterie. Lorsque nous en venions à parler de Jay, il m’avait avoué qu'il aurait adoré posséder un chien, ce que je le poussais à faire, bien évidemment. Les refuges débordaient d’animaux qui ne demandaient qu’à être aimés, comme Jay, à l’époque où je l’avais adopté. Malheureusement, beaucoup trop de personnes adoptaient leurs animaux dans des élevages, ce qui n’était pas un mal en soit, mais trop peu d’entre eux se renseignaient sur les refuges avant d’entamer leurs démarches d’adoption. En allant adopter Jay, je n’avais aucune idée de quelle race de chien je voulais posséder, que ce soit un gros ou un petit chien, je m’étais promis de choisir au feeling. Jay et moi, cela avait été un coup de foudre et je ne regrettais absolument pas mon choix. Il m’avoua que son oncle ne serait probablement pas d’accord, je haussais les épaules, compréhensive. « Je comprends, j’ai attendu d’avoir mon chez moi pour adopter mes animaux, c’est bien plus simple comme ça et ça évite les débats inutiles avec les membres de nos familles. »
Je lui proposais finalement de lui payer un café, pour me faire pardonner de ce qui venait de se passer. Il accepta, avant de me préciser qu’il était nouveau et ne connaissait pas vraiment les cafés du coin. « Il y en a un sympa là-bas, au coin de la rue, viens ! » Lançais-je, en lui faisant signe de me suivre, commençant à marcher, Jay suivant sagement mes pas. Tout en marchant, je me tournais de nouveau vers Ethan. « Tu viens d’arriver à Brisbane alors ? Tu viens d’où, si ce n’est pas trop indiscret ? » Maintenant que nous allions passer un moment ensemble, autant faire d’avantage connaissance. « Si tu as besoin d’une guide pour te faire visiter la vile un de ces quatre, n’hésite pas. Je suis née à Brisbane et je n’ai jamais quitté la ville. J’aime beaucoup trop vivre ici. » Jamais le fait de quitter Brisbane ne m’avait traversé l’esprit, bien au contraire, je savais que j’aurais eu du mal à me sentir aussi bien autre part.
Le bon côté de sa chute, c’est qu’au moins, il était tombé -jeu de mots- sur quelqu’un de gentil. De plus, le parc ou du moins son entourage ne lui prêtait plus attention. C’était juste un jeune homme qui s’était pris les pieds dans quelque chose et voilà, fin de l’histoire. Enfin, pour les autres personnes car pour Ethan, la chute n’avait fait que lui faire rencontrer une nouvelle tête. Bon, étant donné qu’il était nouveau, tout le monde était une nouvelle tête pour lui. Mais il se comprenait. De plus, le sujet tournait autour de la chose indirectement en cause de sa chute. Le chien.
- Je pense que je vais attendre mon chez-moi, moi aussi. Ou alors j’harcèle mon oncle.
L’idée d’harceler son oncle pour un animal de compagnie le fit sourire. Le mot était un peu fort pour ce qu’Ethan pouvait vraiment faire. Juste un peu trop car le blond pouvait très bien embêter pendant longtemps son oncle à ce sujet. Quand il annonça qu’il était nouveau, cela n’étonna pas le moins du monde Tessa qui lui proposa un coin. Avec un grand sourire, il la suivit. Après tout, il venait de le dire, il est nouveau. Alors cela serait bizarre qu’il passe devant. Au moins, il répondait aux questions.
-Oui, je suis arrivé il y a quelques mois. Je suis au service de sa Majesté la reine.
La dernière phrase d’Ethan le fit sourire car il s’imaginait faire la courbette en pleine rue. Chose assez bizarre. D’un seul coup, il se dit que peut-être la jeune femme n’allait pas comprendre. Alors il reprit.
- Je suis anglais.
Tessa lui proposa son aide en tant que guide. Du moins, il le comprenait comme ça. Il lui sourit et pensa à que lui aussi n’avait jamais pensé à quitter Londres avant la proposition de formation à Brisbane. Ce qui le fit sourire de nouveau et doucement, presque doucement, le blond soupira :
- Souvent, il ne faut qu’une chose pour changer une vie.
Cette réflexion presque personnelle lui fit revenir un mauvais souvenir. Une ombre passa dans son sourire et ce dernier se figea. Mais à peine quelques secondes car l’anglais reprit le contrôle de ses pensées. Puis comme si de rien n’était, il redevient joyeux, presque lumineux et se tourna vers la brune.
- Hâte de découvrir ton coin sympa.
Oui. Pour une fois qu’on allait réellement lui montrer quelque chose de sympa, Ethan n’allait pas cracher dessus. Bien au contraire.
Ethan avoua être anglais d’origine, je me demandais bien pourquoi il avait eu l’idée de venir à Brisbane et s’il comptait s’y installer définitivement, mais c’était sans doute trop tôt pour lui poser la question. Après tout, je ne le connaissais que depuis quelques minutes et même si le courant semblait bien passer et que je n’avais aucun mal à trouver des sujets de conversation, je ne voulais pas paraître trop curieuse ou trop bavarde, de peur d’en devenir agaçante. « Je n’ai jamais mis les pieds en Angleterre, j’aimerais beaucoup y aller un jour. » En réalité, je n’avais jamais vraiment voyagé et je le regrettais. Adriel m’avait envoyé tellement de photos, de souvenirs de pays qu’il avait visité, je n’avais cessé de l’envier, espérant un jour être de la partie. A trop me concentrer sur mon avenir professionnel, j’avais passablement oublié de vivre pleinement et me rendais compte, maintenant, que c’était fort regrettable. « Je n’ai jamais vraiment voyagé en réalité. » Mais j’espérais bien rattraper le temps perdu, un jour, l’idéal serait de le faire avec Adriel, si toutefois il était toujours d’accord pour me faire une petite place dans sa valise. « Tu as de la chance d’avoir connu un autre cadre de vie, ça doit être intéressant de changer de pays… Déstabilisant mais intéressant. » Le mal du pays et tout ce qui s’en suivait, ce n’était probablement pas drôle à vivre, mais découvrir d’autres cultures et façons de vivre, cela devait être tout bonnement passionnant. Nous arrivions finalement au café que j’avais évoqué peu de temps avant. Nous nous installions en terrasse, Jay se coucha sagement à mes pieds, alors que mon regard se porta sur le jeune homme. « Je ne m’attendais pas à faire une nouvelle rencontre aujourd’hui, mais ça me fait extrêmement plaisir en tout cas. » Je sortais très peu depuis que j’avais mes problèmes de santé, c’était très certainement la période de ma vie la moins propice aux rencontres. Nous finissions par prendre notre commande, tout en discutant joyeusement autour d’un verre, de tout, de rien, de la météo, de la vie à Brisbane et de nos aventures respectives. Soudainement, la sonnerie de mon portable retentit, je regardais mes messages et mon regard se figea. Il s’agissait d’Adriel, qui avait promis de passer me voir et qui me prévenait de son arrivée imminente. « Je suis désolée, je vais devoir te laisser, ce fut un plaisir en tout cas. » Lançais-je, tout en déposant le prix de l’addition et un petit pour boire sur la table. « J’espère te revoir bientôt. » Je prenais un papier dans mon sac et griffonnais mon prénom ainsi que me numéro de téléphone. « Si tu as des questions, besoin d’une visite guidée ou quoique ce soit d’autre, n’hésite pas. » Je me levais, Jay sur mes pas et lui adressais un sourire sincère. « A bientôt j’espère ! » Lui lançais-je joyeusement, tout en lui adressant un signe de main. Je lançais un dernier regard sur ma montre et pressais le pas pour rentrer chez moi, Jay sur mes pas. Ce fut une jolie rencontre et un moment passé avec ce jeune inconnu qui ne serait sûrement pas le dernier, j’en étais convaincue.