out of the shell - Penny

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Out of the shell

Victoire se noie dans le travail depuis des semaines, elle cumule des boulots dans deux pâtisseries différentes, cela lui permet d’avoir le strict minimum de temps libre pour ne pas à se retrouver seule face à ses angoisses et ses addictions. Elle s’est finalement remise de son accident de voiture, elle a emménagé avec Byron et elle a changé de psy. Cela fait deux mois qu’elle n’a pas touché à une goutte d’alcool, ni même fumé une seule taffe d’herbe. Elle commence à être fière de ses progrès et avoir l’espoir d’être enfin sur la bonne voie. Le fait de n’être que rarement seule est un sacré avantage, son colocataire la surveille comme l’huile sur le feu et elle se concentre sur ce travail passion : la pâtisserie. Même une fois dans leur appartement, elle pâtisse sans relâche, heureusement qu’elle distribue ses réalisations aux voisins sinon les deux colocataires ne tarderaient pas à ressembler à des bibendums.

Sa nouvelle psy a des approches bien différentes de ses anciennes thérapeutes, elle lui propose de nombreuses solutions. Concernant ses problèmes relationnels principalement avec les hommes, elle lui a parlé de la thérapie EMDR basée sur les mouvements oculaires qui serait miraculeuse pour traiter les traumatismes. Le premier rendez-vous est pris, Vic essaye de ne pas en espérer trop de cette formule magique mais elle a trouvé des centaines de témoignages sur internet qui rendent tout ceci vraisemblable et crédible. Elle lui a également suggéré de changer de tête, ce qui ressemble à un conseil de psychologue de comptoir, mais Vic s’est donc rendue chez le coiffeur. Elle a décidé de retrouver sa couleur naturelle, le blond, et d’abandonner ce roux derrière lequel elle se cache depuis son arrivée à Brisbane. Elle s’est également coupé les cheveux courts, cela lui donne l’impression d’être une guerrière. Une autre chose que lui a conseillé sa psy est de se mettre au sport, au lieu de transférer toute sa frustration dans la confection et la consommation de pâtisseries. Un esprit sain dans un corps sain. Vic ne faisait plus aucune activité physique depuis la fin de sa carrière de mannequin, elle n’a fait qu’empoisonner son corps à grand renfort d’alcool, de tabac et de cannabis, alors elle n’est clairement plus en forme. Battre des œufs en neige à la main ou pétrir la pâte brisée n’est pas suffisant.

Alors, elle a décidé de tenter le coup, d’essayer de s’y mettre. Elle est motivée pour aller mieux, frôler la mort ou la paralysie après son accident lui a remis les idées en place, il faut qu’elle s’en sorte. Alors, bien qu’elle déteste cordialement le sport, elle se retrouve à la tombée du jour sur la plage en jogging et tee-shirt amples. Sa propension à s’habiller de la façon la moins sexy possible pour attirer le moins de regards possibles est toujours bien présente, surtout alors qu’elle va se retrouver seule, vulnérable dans un lieu peu fréquenté. Mais elle a choisi la plage car cela lui rappelle les quelques années de tranquillité qu’elle a pu offrir à sa mère dans le Sud de la France, une période relativement paisible bien que de son côté, ses démons étaient déjà là.

Elle court donc depuis à peine trois minutes et elle ressent les premières difficultés. Son corps n’est pas habitué, elle sent déjà ses poumons la brûler et son souffle lui manquer. Heureusement qu’elle est seule dans la pénombre et que personne ne peut l’entendre respirer comme un taureau asthmatique. Elle se rend compte très vite qu’elle est mal équipée, elle est pieds nus dans le sable et rame, s’enfonçant dans le sol à chaque pas, elle n’a rien pour s’éclairer non plus et elle voit mal où elle pose les pieds… C’est au moment où elle se fait cette réflexion et note mentalement de se procurer une lampe frontale, que son pied se pose sur un coquillage tranchant et pointu. Elle pousse un petit cri de surprise et commence à râler : « Ouch ! What the… ? » Elle se met à sautiller sur place sur un pied pour regarder sous l’autre. Super, ça saigne et c’est plein de sable, en plus de ça, elle est essoufflée et n’y voit toujours pas grand-chose. « Shit ! I’m so stupid ! » ça l’énerve, elle va devoir boiter jusqu’à sa voiture après moins de cinq minutes de footing, c’est un échec tout à fait ridicule. Mais, franchement, sur l’instant, elle n’a qu’une envie : abandonner totalement cette lubie de reprendre le sport, de toutes façons son environnement et son corps se liguent pour lui signifier que c’est une mauvaise idée. En rentrant chez elle, elle brûlera ce jogging de rage et retournera à sa technique de se gaver de sucreries pour passer le temps. Mais pour le moment, elle sautille avec le pied en sang et c’est alors qu’elle remarque la silhouette féminine, si cette personne venait lui apporter de l’aide, elle se sortirait probablement bien mieux. Elle la fixe donc, essayant de détailler son visage à la lumière de la lune.

(#)Ven 20 Nov 2020 - 9:39

@victoire laclos
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T’avais eu une journée relativement calme, pour une fois. Pas de drame, pas de nouvel article avec des détails sordides – mais surtout complètement faux – sur ton supposé triangle amoureux avec Rory et Byers. Aucune confrontation. Tu t’étais même réveillée ce matin avec l’impression d’avoir bien dormi, pour une rare fois depuis le début de l’année. Aucun cauchemar, pas de réveil en panique, un début de journée paisible qui avait miraculeusement continué sur cette lancée. Tu étais allée passer quelques heures dans les bureaux de Autism Queensland, ou tu aidais avec la prochaine campagne de sensibilisation. Tu avais été surprise lorsqu’ils avaient dit vouloir te mettre de l’avant une fois de plus aux côtés de ton frère, surtout avec les rumeurs qui couraient à ton sujet. Même s’ils avaient dit que c’était majoritairement pour souligner ton implication au sein de l’organisme, tu savais qu’ils voulaient aussi bénéficier du fait qu’on parlait beaucoup de toi pour faire un peu de lumière sur la cause, chose que tu comprenais. Et puis ça te tenait tellement à coeur, jamais tu n’aurais pu refuser et tu avais amplement le temps de le faire. Tu appréhendais un peu de faire venir ton frère. Il n’avait pas l’habitude de prendre l’avion et devenait parfois plus agité puisque les aéroports étaient des endroits ou les stimuli étaient nombreux et puissants. Beaucoup de bruits, beaucoup de lumières et pas beaucoup d’endroits pour se cacher quand ça devient trop demandant. Mais tu savais aussi que quelques heures à l’aéroport et dans l’avion valaient mieux qu’une journée entière à conduire de Torquay. Ta mère n’avait plus vraiment le temps ni la forme de faire d’aussi long voyages et même si ton agenda était bien moins occupé dans les temps qui courent, tu ne pouvais pas vraiment te permettre de faire l’aller-retour en si peu de temps. Et si tu étais bien honnête, tu n’en avais pas envie non plus.

C’est les détails de tout ça que tu es en train de finaliser avec ta mère au téléphone alors que le soleil se couche sous tes yeux, les derniers reflets rougeâtres de la journée brillant contre l’eau encore calme de l’océan. Tu savais que ça n’allait pas durer toutefois, que bientôt les vagues se mettraient à faire des siennes contre la page avec la marée qui monte tranquillement, comme elle le fait à chaque fin de journée. Tu fais un FaceTime sur la plage sans réelle gêne parce qu’au vu de l’heure, il n’y a pas beaucoup de gens encore présents sur la plage, malgré la douce température. Trop visage n’est que très légèrement éclairé par ton écran alors que le visage de ta mère et celui de ton frère derrière sont plus facilement visibles. « Is it gonna be you or dad making the trip here? » que tu lui demandes finalement à ta mère. Tu sais que c’est plus facile avec ton frère quand c’est ta mère qui l’accompagne, mais tu sais aussi qu’elle mériterait bien un weekend de solitude. C’est toujours elle qui fait tout en ce qui concerne David. Ton père n’est pas un mauvais père, loin de là, mais il n’est pas aussi habile que ta mère a toujours su l’être avec les différentes facettes de ton frère. « I’ll be coming. I miss my big girl. » Tu échappes un soupir suivi d’un petit rire. « Muuuuuum. » que tu t’exclames, surtout parce que tu sais que ça va la faire rire un peu, ta mère. « I’m worried about you. All these rumours. » Here we go again. Et elle commence à te parler des derniers articles qu’elle a lu et tu ne l’écoutes qu’à moitié alors que ton regard passe de ton écran jusqu’à l’océan, la voix de ta mère un bruit de fond parfaitement harmoniser avec le bruit des vagues. T’as pas besoin de l’écouter pour savoir ce qu’elle dit après tout. « Mum just - » T’as pas le temps de finir ta phrase que t’entend quelqu’un jurer à quelques mètres de toi, mais tu peines à voir la silhouette dans la noirceur maintenant que le soleil a complètement disparu du ciel, laissant place à la nuit. « Shit! I’m so stupid! » Tu reconnais une voix de femme et t’approches lentement alors qu’elle semble faire plusieurs mouvements brusques. « I’ll call you tomorrow Mum. Love you. » Tu ne lui donnes même pas le temps de répondre que tu termines l’appel et active la lumière de ton téléphone que tu diriges vers le bruit. « Are you okay? » que tu lances à la jeune femme que tu es capable de voir un peu mieux avec la lumière et tu t’approches finalement d’un pas plus assuré lorsque tu vois qu’elle se tient la jambe. « Are you hurt? » Tu baisses ton téléphone en direction de son pied et voit le sang qui coule légèrement. Ce n’est pas une grosse coupure mais ça saigne assez pour que tu aies envie de mettre une pression dessus. Encore heureux que la vue du sang ne te dérange pas. « You should sit down. We’ll apply some pressure on that. » que tu dis en enlevant le foulard que tu avais mis dans tes cheveux ce matin là et utilisant ce dernier que tu appuies contre la blessure de la blonde.

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Out of the shell

Feat @Penny Stringer

Victoire se sent stupide et elle voudrait s’enterrer dans le sable quand elle remarque quelqu’un qui s’approche alors qu’elle sautille sur place. Pourtant elle sait aussi qu’elle va probablement avoir besoin d’aide pour pallier à sa débilité profonde du soir. Au moins, elle reconnaît tout de suite que c’est la silhouette d’une femme qui approche. Elle active la lanterne sur son téléphone et subitement la lumière éblouit quelque peu Vic qui plisse les yeux par réflexe. « Are you okay? » « Yes, I’m just stupid... » Yes, you already said it, she probably heard you before and she can see you’re dumb as shit!, la fustige sa voix intérieure toujours aussi agréable et tolérante avec elle-même. La semaine précédent, pour la première fois, elle a parlé de cet étrange hobbie de s’insulter et de se critiquer sans cesse intérieurement à une psy, la nouvelle, celle qui lui envoie de bonnes vibes, c’est peut-être enfin la bonne. « Are you hurt? » La lumière du téléphone s’abaisse vers son pied et éclaire la scène de crime. Il y a du sang mais « scène de crime » est peut-être un peu exagéré, elle ne s’est pas sectionné une artère non plus, mais ça goutte tout de même à rythme régulier sur le sable. « I guess that’s why people run with shoes on... » répond-t-elle avec une grimace qui traduit à quel point elle se sent ridicule. « You should sit down. We’ll apply some pressure on that. » C’est probablement une bonne idée, Vic s’exécute en se laissant tomber doucement dans le sable, étendant sa jambe intacte pour reposer son pied entaillé sur son genou. « Thanks, really… Oh no, not your scarf ! » Mais c’est trop tard, le joli accessoire se retrouve pressé contre sa blessure et vu la délicatesse du tissus, il sera probablement fichu. « You shouldn’t have sacrificied it! I’m sorry... It wasn’t a question of life and death, you know... » Elle affiche un sourire d’excuse et pour la première fois, elle regarde vraiment son interlocutrice, essaye de discerner son visage à la lueur indirecte de la lanterne de son téléphone. Elle lui dit quelque chose, comme si elle l’avait déjà vue plusieurs fois mais elle n’arrive plus à se rappeler où. Elle est jolie, son expression faciale est si douce qu’elle apaise la Française qui était pourtant partie pour un festival interne d’insultes auto-centrées.

Vic pose sa main sur le foulard pour prendre le relais et maintenir la pression. Sa main caresse par inadvertance celle de sa sauveuse du soir et elle sent ses joues s’empourprer alors qu’elle décolle aussitôt ses doigts pour ne pas que le contact dure. « Sorry… I can pressure it myself if you prefer… You already did a lot… Hmmm… What’s the name of my savior ? » plaisante-t-elle pour cacher ses réactions d’adolescente en fleurs. Elle voudrait la remercier encore mais elle ne risque faire que cela et s’excuser aussi, ça c’est son talent : s’excuser de tout, s’excuser d’exister même. Mais le rouge qui lui est monté aux joues risque de se voir alors que les nuages qui masquaient la lune s’écarte et que la scène entière se retrouve baignée d’une nouvelle luminosité. Ana reste bloquée sur le visage de son interlocutrice, bien qu’elle n’arrive pas à soutenir son regard plus de quelques millièmes de secondes, elle y revient plusieurs fois. Elle ressemble vraiment à quelqu’un mais à qui ? Étrangement, elle a l’impression que la femme en face est aussi en train de détailler son visage, de la reconnaître, elles se connaissent vraiment alors ? Vic espère qu’elle ne l’a pas croisée un soir de beuverie, morte saoule et pitoyable à souhait. « Do I know you ? » demande-t-elle, gênée de ne pas arriver à se souvenir. C’est en fait dans des films qu’elle l’a vue, lors de ses séances de binge-watching accompagnées bien souvent de binge-drinking, ce qui confirme donc qu’elle l’a rencontrée sous l’emprise de l’alcool, seulement c’était une rencontre à sens unique.

(#)Mar 24 Nov 2020 - 9:47

@victoire laclos
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« Yes, I’m just stupid... » Tu ne sais pas ce qui s’est passé et puisque tu ne connais pas la personne qui te fait face, tu évites de passer tout commentaire à ce sujet. Tu tentes quand même de lui venir en aide, à la jeune femme car tu sais que si c’était toi, en train de gémir au milieu de la plage, tu aimerais que quelqu’un te prête assistance. Elle cesse enfin de sautiller et tu parviens à avoir une meilleure idée de ce qui a pu se passer lorsque tu vois le sang qui coule de son pied. « I guess that’s why people run with shoes on... » Tu lèves les yeux vers elle et tu ne peux t’empêcher de rire légèrement. Elle te semble déjà être un sacré numéro la blonde, que par les deux petites minutes que tu viens de passer avec elle. « Especially when it’s dark. » que tu ajoutes, plus pour la taquiner qu’autre chose. Tu trouves que c’est une drôle d’idée de courir nus pieds. Tu adores la sensation du sable sur tes pieds, mais tu aimes aussi avoir une certaine stabilité quand tu cours et éviter les petits accidents comme ça, c’est toujours un plus dans ton livre.

Tu l’aides à s’asseoir et tout de suite tu passes en mode solution. Tu veux arrêter le saignement et la première chose qui te vient en tête, c’est d’utiliser le foulard attacher dans tes cheveux. « Thanks, really... Oh no, not your scarf! » Mais il est déjà trop tard alors qu’elle proteste, la blonde à l’accent étranger. Ça ne sonne pas américain, ni anglais, mais tu peines à exactement mettre le doigt sur ce que c’est. « You shouldn’t have sacrificed it! I’m sorry... It wasn’t a question of life and death, you know... » Tu lui souris encore, faisant un signe de ta main libre comme quoi elle n’a pas besoin de s’en faire pour si peu. « It’s just a scarf. I’ve got plenty at home. And it’s better if there’s something on your feet so you don’t get an infection. » Le sable est particulièrement traître dès qu’il y a une coupure et tu t’en voudrais si la jeune femme se retrouvait avec une infection parce que tu n’as pas pris la peine de l’aider correctement. Et puis un foulard, c’est peu cher payer. Ta collection est assez complète qu’un de moins ne fera pas une très grande différence. « It’s nothing, really. » que tu rajoutes, pour la rassurer. Tu veux vraiment pas qu’elle s’en fasse pour toi alors qu’elle a le pied en sang. La priorité à tes yeux est vraiment de s’assurer que la coupure n’est pas trop profonde et que le saignement va s’arrêter de lui-même.

Tu sens les doigts de la blonde toucher les tiens par inadvertance et ton regard vient aussitôt croiser le sien à ce contact. Elle semble gênée alors que tu te contentes de sourire une fois de plus avant de rapporter ton attention à son pied. Tu ne vois pas bien, mais t’es presque certaine que le saignement a déjà ralenti de beaucoup. « Sorry... I can pressure it myself if you prefer... You already did a lot... Hmmm... What’s the name of my saviour? » Plus elle parle et plus elle semble mal à l’aise la blonde alors tu fais ce que tu sais faire de mieux, tu essayes de la mettre en confiance. Pendant un moment, t’as l’impression de retrouver une vieille partie de toi que tu croyais disparue, dans le avant. Te sentir utile, apaiser quelqu’un, c’est quelque chose qui ne t’était pas beaucoup arriver cette année. « I’m just happy to help. My name is Penelope. » Elle ne semble pas t’avoir reconnu et t’as bien envie de ne pas être Penny, pour une fois. « What’s your name? » Les nuages laissent placent à la lueur de la lune et tu parviens à voir son visage plus facilement alors que tes doigts pressent toujours contre son pied. Elle te regarde et tu devines qu’elle reconnaît ton visage. L’anonymat aura été doux au moins pour les quelques minutes qu’il aura duré. Mais avec la nouvelle lumière, tu réalises toi aussi que son visage te dit quelque chose, bien que tu sois incapable de te souvenir où tu l’as vu auparavant. Et puis avec son accent, tu te doutes bien qu’elle n’est pas une célébrité du coin. « Do I know you? » Tu hausses les épaules. « I was just wondering the same thing. » Tu continues de l’observer. T’as l’impression que si tu l’avais rencontré en personne, son accent t’aurait marqué mais t’es presque certaine que c’est la première fois que tu l’entends. « I’m Penny Stringer. You might have seen me on TV? I’m an actress. » Une actrice sans rôle à jouer, mais ça, c’est pas nécessaire de le mentionner. « I feel like you’re also famous but I really can’t tell where I’ve seen you before. »

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Out of the shell

Feat @Penny Stringer

Dans un film Hollywoodien, ce serait une parfaite rencontre amoureuse. Sur la plage déserte, à la tombée de le nuit, l’une en difficulté, l’autre qui lui porte assistance, des mains qui s’effleurent, des joues qui s’empourprent… Une vraie scène de comédie romantique, presque aussi cliché que les deux inconnus qui se rentrent dedans à un coin de rue et dont l’un aide l’autre à ramasser ses affaires tombées au sol. Victoire joue le rôle de l’ingénue un peu maladroite (ou un peu conne, au choix) qui s’est blessée et l’inconnue dans la pénombre est sa sauveuse qui arrive sur ~~son cheval~~ le sable blanc. Vic toute occupée à d’auto-flageller, fait une remarque sarcastique à son propre encontre pour avoir décidé de courir pieds nus. La blonde face à elle lâche un petit rire charmant : « Especially when it’s dark. » Bizarrement, Vic prend cette remarque avec auto-dérision au lieu de s’en servir pour nourrir son auto-dépréciation. « Yes, I know I’m a genious » répond-t-elle en riant à son tour de la situation.

Puis Victoire se retrouve les fesses sur le sable et le foulard de la jeune femme sur le pied. Elle proteste trop tard pour éviter le sacrifice du foulard. « It’s just a scarf. I’ve got plenty at home. And it’s better if there’s something on your feet so you don’t get an infection. It’s nothing, really. » Vic se contente de lui adresser un franc sourire de remerciement, puis leurs mains s’effleurent et elle rougit, s’excuse et finit par changer de sujet comme de chemise en demandant son prénom à son interlocutrice. « I’m just happy to help. My name is Penelope. » et elle lui retourne la question aussitôt. « Nice to meet you Penelope, I’m Victoire, it’s french, easier to shorten to Vic if that helps... » Les présentations se font dans l’obscurité, mais les sourires sont francs et larges, devinés dans la pénombre grâce aux dents blanches qui se découvrent. Mais le confort de l’ombre conservant l’anonymat des deux jeunes femmes se dissipe alors que la lune émerge des nuages. Vic bloque sur le visage de la jeune femme et elle lui demande si elles se connaissent. « I was just wondering the same thing. » Alors, elle n’est pas folle, elles se connaissent de vue. C’est étrange pourtant, elle la reconnaît mais n’a pas l’impression de l’avoir déjà rencontrée. Ce sentiment bizarre est vite expliqué par Penelope qui annonce son identité publique. « I’m Penny Stringer. You might have seen me on TV? I’m an actress. » Et là ça la frappe, mais oui, elle l’a vue dans plusieurs séries ! Elle la reconnaît maintenant, elle l’a même vue dans la presse récemment en feuilletant un magazine chez le coiffeur. « Oh right ! That’s it, I’ve seen you in Neighborhood ! I’m so impressed by people with acting skills, it seems so much work... » Victoire est enthousiaste, toujours admirative des gens qui ont du talent de manière générale, là où elle considère n’en avoir aucun. Mais elle n’est pas le moins du monde impressionnée par la célébrité de son interlocutrice, elle a été célèbre elle aussi, de manière plus ou moins désagréable au cours de sa carrière de mannequin et elle a détesté ça de bout en bout. Elle n’accorde donc aucune importance à cette caractéristique, elle ne va surtout pas jouer la groupie ou réclamer un autographe ou une photo. Elle est même presque déçue que sa jolie sauveuse soit connue, elle commençait déjà à s’imaginer une histoire d’amour avec elle alors qu’elle vient juste de la rencontrer. Ce sont des choses qui lui arrivent continuellement, son petit cœur est désespéramment en mal d’amour. Mais la dernière chose qu’elle voudrait, c’est être en couple avec une star. Oui, Vic pense à tout cela, aux risques de sortir avec cette jeune femme qu’elle vient à peine de rencontrer, comme s’il se passait quelque chose entre elles alors que c’est simplement son imagination qui s’emballe. Plus loin elle se trouve des projecteurs mieux elle le vit, la Française incognito, la Juliette Pottier ayant changé de nom pour fuir son passé. Heureusement, elles sont seules sur la plage, pas un paparazzi en vue, alors elle se permet de profiter de la compagnie de Penelope. « You were really good as Elsie, really funny. » la complimente-t-elle avec sincérité, jouer la comédie lui paraît déjà un don incroyable mais faire rire est d’autant plus difficile.

Vic en a même oublié que Penny semblait l’avoir reconnue de quelque part. Jusqu’à ce qu’elle ajoute : « I feel like you’re also famous but I really can’t tell where I’ve seen you before. » Cette remarque la prend de court, cela fait longtemps que personne ne l’a reconnue si loin de New-York ou de la France. Aussitôt son expression s’assombrit, elle détourne le visage comme pour empêcher qu’elle ne continue à la scruter et à la reconnaître. Elle n’a aucune fierté à être reconnue, elle n’a rien accompli d’important qui lui vaille cet « honneur » et son seul talent était d’être jeune, belle et influençable, à l’époque. Surtout qu’elle a finalement surtout été connue pour le scandale, le procès, sa condamnation en diffamation… La grande majorité des gens étaient persuadés qu’elle mentait à l’époque, alors, même si les juges en avaient décidé autrement, l’opinion publique était faite, sa carrière mais surtout sa vie étaient foutues. Elle répond d’une voix éraillée par la surprise, le regard fuyant et en secouant la tête : « No, no… I’m not famous, I’m just a baker... » Soudainement, Vic n’a plus envie de s’éterniser, elle noue le foulard autour de son pied pour le protéger du sable et se remet sur ses pieds. Elle trouve une raison pour fuir, qu’elle annonce sans regarder Penny, les yeux rivés sur le sol. « Thanks for the scarf, I really should go… I… I don’t want to take more of your precious time… Where can I return this once clean ? » Elle ne veut tout de même pas donner l’impression qu’elle lui vole son foulard, mais elle commence déjà à boiter sur le sable en sens inverse d’où elle vient. Elle ne veut pas qu’on la reconnaisse, surtout pas une personne connue qui pourrait si elle le souhaiter lui envoyer une armada de journalistes. Pas que Penny ait l’air d’être le genre de personne à faire cela, mais le simple fait d’envisager cette possibilité met en péril la sobriété et la santé mentale de Vic. Ça lui fait mal au cœur, elle avait l’air si douce et gentille cette Penny, elles auraient pu être amies dans une autre vie, peut-être plus même. Mais elle doit protéger avant tout sa véritable identité, protéger son secret, rester loin de tout cela. Pourtant, fuir son passé ne lui a jamais réussi. Byron lui a dit, ses psy lui ont dit, même la nouvelle, celle qu’elle aime bien. Mais il n’est pas si facile de perdre de vieilles habitudes ancrées si profondément en soi.

(#)Sam 28 Nov 2020 - 8:06

@victoire laclos
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« Yes, I know I’m a genius. » Elle semble déjà un peu plus détendue la blonde et ça t’arrache un petit sourire. Tu ne mets pas de temps avant de l’aider comme tu sais le faire. C’est pas grand-chose en soit, mais tu sais qu’elle aurait sans doute eu du mal à tout faire par elle-même et puis, t’étais là. Tu n’allais quand même pas te contenter de regarder la scène de loin sans rien faire, ce n’était pas vraiment ton genre. Même si ça voulait souvent dire te mettre le nez dans des situations ou tu étais reconnue, créant parfois des cercles de gens autour de toi pour des photos ou des autographes. Heureusement, ce soir la plage est vide et elle ne semble même pas te reconnaître. Win-win. « Nice to meet you Penelope, I’m Victoire, it’s french, easier to shorten to Vic if that helps... » Et voilà que tu comprends finalement d’où vient son accent. Elle est française donc. Tu essayes une fois de plus de creuser dans ta mémoire, savoir si tu connais une actrice ou même une mannequin française du nom de Victoire, mais c’est toujours le blanc le plus complet dans ton esprit. Rien ne te vient et pourtant, plus tu la regardes, plus t’es certaine d’avoir vu ce visage là quelque part auparavant. Ça te fait aussi étrange de l’entendre t’appeler Penelope, mais étrange dans le bon sens. T’aimerais bien pouvoir retourner à une époque ou Penny n’est pas, Penny n’est plus. Être Penelope plus souvent, loin des médias et de l’attention maladive de quiconque qui pense connaître ta vie mieux que toi. « That’s a pretty name, Victoire. » Tu tentes tant bien que mal de mettre l’emphase sur le son du milieu, le oi qui ne ressemble en rien à ce que tu as l’habitude de dire avec ton accent australien qui te semble soudainement très marquant. « Am I saying it right? Sounds a lot like victory. » que tu rajoutes, toujours aussi souriante alors que les nuages dans le ciel se déplace, laissant les rayons de la lune reflété dans le sable blanc, te permettant de mieux étudier le visage de la jeune française.

« Oh right! That’s it, I’ve seen you in Neighborhood! I’m so impressed by people with acting skills, it seems so much work... » Tu te contentes de hocher la tête généralement. Si t’es une perfectionniste et que tu as travaillé pour être ou tu es – ou étais serait plus juste parce qu’en ce moment, t’as l’impression d’être nulle part – jouer la comédie n’a jamais été quelque chose de difficile pour toi. Un talent inné qu’on dit. Une seconde nature pour toi. « I wouldn’t say that. It’s not as impressive as people saving lives or anything like that. » T’as jamais compris l’engouement devant ton métier qui à ton sens, n’a absolument rien d’exceptionnel. Est-ce que ça fait de toi une ingrate de ne pas apprécier la reconnaissance qu’on te donne? Peut-être, tu ne saurais dire. T’as juste pas l’impression de mérité plus d’attention que les médecins, les infirmiers, les enseignants de ce monde qui font un travail bien plus assidus que le tien. « You were really good as Elsie, really funny. » « Thank you, that means a lot. » Et tu le penses vraiment, tu ne dis pas ça juste parce que c’est la chose polie à faire. Tu te retrouves à t’ennuyer beaucoup de l’époque ou tu tournais quotidiennement sur le plateau de Neighborhood. Une époque plus simple, les rumeurs à ton sujet beaucoup plus rares et t’avais l’impression de savoir ce que tu valais au moins. Tu savais ce que tu voulais aussi, tu savais que tu voulais plus. Que tu voulais être dans un film qui serait à l’affiche partout dans le monde. C’était la prochaine étape, le prochain rêve à réaliser. Et maintenant que tu avais été si près de le faire, que tu t’étais brûlée douloureusement au passage, tu ne savais plus vers quoi te diriger. « Neighborhood was definetely the best set I’ve ever worked on. » que tu racontes, un sourire nostalgique sur les lèvres. T’aimerais pouvoir revenir quelques années en arrière et retrouver cette sécurité, cette confiance que tu avais. It’s all long gone now.

Tu ne pourrais expliquer pourquoi, mais elle semble presque effrayée Victoire après ce que tu as dis. Tu continues d’étudier son visage alors que son regard se fait de plus en plus fuyant. T’es une actrice après tout, tu sais lire les émotions avec une facilité déconcertante et elle n’a même pas encore ouvert la bouche que tu sais déjà que les prochains mots qui vont sortir de sa bouche vont être un mensonge. Ou du moins, une demi-vérité qui cache quelque chose. « No, no… I’m not famous, I’m just a baker... » C’est d’ailleurs son hésitation qui l’a trahit, le temps de pause qu’elle a mis entre son deuxième non et la suite de sa phrase. Tu ne remets pas en question qu’elle puisse vraiment être une pâtissière, mais t’as la presque certitude que ça n’a pas toujours été le cas. Tu ne veux pas la forcer à te dire quoique ce soit toutefois, tu vois bien que t’es en train de la mettre mal à l’aise malgré toi. « I’m sorry, I didn’t mean to upset you... » Elle se presse soudainement la blonde, alors qu’elle se relève brusquement et tu suis maladroitement le mouvement. « Thanks for the scarf, I really should go… I… I don’t want to take more of your precious time… Where can I return this once cleaned? » Victoire est déjà en train de faire des pas dans le sens contraire et alors qu’elle te fait dos, t’as un flash. Comme une révélation. La mémoire qui te revient, une image d’elle sur un magazine people qui date d’il y a plusieurs années déjà. Toi toutefois, ça ne fait pas longtemps que tu as vu le cover sur internet, alors que tu faisais des recherches sur les femmes connues ayant porter plainte contre leurs agresseurs. Victoire, ce n’est pas vraiment Victoire. « Wait! I know your name’s not Victoire. You’re Juliette. » Ta voix porte plus fortement que tu ne le voulais et ton regard se tourne tout autour de vous pour être sûre que personne d’autre ne t’a entendu, autant pour ta sécurité que pour la sienne. Certains détails de son histoire te manque, mais tu te souviens que c’était quelque chose de gros qui avait fait la manchette pendant des mois. On l’avait traité de menteuse encore et encore. Tu n’étais même pas certaine qu’elle ait gagné gain de cause devant les tribunaux. Elle était exactement la raison pour laquelle tu n’étais pas prête à dénoncer Byers. « I’m sorry, I don’t want to scare you or anything. I just remembered your story I... » Il faut que tu penses vite Penny, pour ne pas qu’elle se sauve et que tu ne puisses pas lui demander sa version de l’histoire. Jamais t’aurais cru qu’elle se retrouverait ici. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. « I’m not gonna tell anyone. I promise. » Elle veut clairement rester anonyme, sinon elle n’aurait pas changer de nom. Et la dernière chose que tu veux, c’est qu’elle se mette à te craindre. Tu sais trop bien, surtout en ce moment, comment c’est difficile de composer avec son nom partout dans les journaux. Tu n’allais certainement pas être celle qui allait faire revivre ce calvaire à Juliette, ou Victoire.

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Out of the shell

Feat @Penny Stringer

Les présentations sont faites. Penelope. Victoire. Elles ne se reconnaissent pas encore et pour cause, Penelope est connue en tant que Penny. Victoire en tant que Juliette. Elles profitent toutes deux d’un anonymat momentané mais qui ne va pas durer bien longtemps entre elles. Elles se scrutent mutuellement, toutes deux persuadées de se connaître sans, pour le moment, réussir à mettre le doigt dessus. « That’s a pretty name, Victoire. » Elle a tenté la prononciation et ce n’est pas si mal, c’est sur le « r » français qui donne souvent du fil à retordre aux anglo-saxons. « Am I saying it right? Sounds a lot like victory. » « Not bad ! Yes that’s what it means... » Elle n’a pas choisi ce prénom au hasard, elle n’a pas eu beaucoup de victoires dans sa vie alors elle voulait essayer de changer la donne dans sa nouvelle vie. Ça n’a pas fonctionné exactement comme elle l’espérait, elle ne collectionne pas les succès, mais elle a enfin l’impression d’avancer dans la bonne direction. C’est déjà ça, non ?

Alors que la luminosité change, les traits de Penelope se précisent sous les rayons de la lune. Et elle lui avoue être une actrice relativement connue. Vic comprend pourquoi son visage lui semblait si familier, elle s’est regardé toutes les saisons de Neighborhood pas plus tard que l’année précédente. Le Française se montre impressionnée par les qualités d’actrice de son interlocutrice. « I wouldn’t say that. It’s not as impressive as people saving lives or anything like that. » Il est clair que ce n’est pas comparable mais Vic répond avec un air amusé en désignant son pied : « You’re saving my life tonight, so I’m doubly impressed. » Mais telle veut aussi lui dire que le personnage qu’elle a campé si longtemps dans cette série était vraiment très bien interprêté. Elle aurait pu lui dire que la fiction apporte aussi du bonheur aux gens, du rire, des larmes, des émotions diverses qui peuvent alléger les peines IRL des spectateurs. Mais cela sonnerait probablement beaucoup trop personnel, alors elle se contente de compliments simples et directs. « Thank you, that means a lot. » Victoire lui adresse un sourire sincère avant de jeter un œil à son pied qui a arrêté de saigner. Elle epoussette les grains de sables proches de la plaie. Finalement, plus de peur que de mal. « Neighborhood was definetely the best set I’ve ever worked on. » Vic ne sait pas si elle l’a vue dans autre chose, elle ne connaissait pas du tout les films et séries australiennes avant d’arriver à Brisbane et si elle a essayé d’en voir quelques uns, elle manque de culture dans ce domaine. « I’m not sure I’ve seen you on something else... » dit-elle en réfléchissant.

Mais Penelope lui rappelle un peu brusquement qu’elle croyait aussi la reconnaître en lui demandant si elle est célèbre, elle aussi. Vic perd son sourire et nie. Elle a beau essayer de cacher son trouble, elle n’a jamais été une très bonne menteuse, elle aurait fait une actrice vraiment nulle. « I’m sorry, I didn’t mean to upset you... » Voilà, Penny a lu en elle comme dans un livre ouvert et Vic ne souhaite plus du tout s’éterniser, elle va se faire démasquer d’une seconde à l’autre et elle n’en a aucune envie. Alors, elle se lève avec empressement et commence à s’éloigner en donnant une excuse bidon, personne n’est dupe de ce qu’elle cherche à fuir. « Wait! I know your name’s not Victoire. You’re Juliette. » Son corps tout entier se raidit dès qu’elle entend son prénom de naissance, celui avec lequel elle est devenue célèbre, celui que lui a donné sa mère et qu’elle a abandonné dès que celle-ci est décédée. « You’re mistaking... » tente-t-elle, toujours de dos à l’actrice, mais sa voix trahit le stress que toute cette situation engendre en elle. Elle a arrêté d’avancer alors qu’elle aimerait partir en courant, mais maintenant qu’elle est reconnue il ne sert à rien de disparaître, il faut qu’elle contrôle la circulation des informations. Elle va devoir supplier encore, comme la dernière fois qu’on l’a reconnue, supplier que tout ceci reste secret. « I’m sorry, I don’t want to scare you or anything. I just remembered your story I... » Il n’y a plus de doute, elle l’a bien reconnue et bien entendu pour les pires raisons, pas pour les podium ou couvertures qu’elle a faites avant le scandale. Mais personne ne la reconnaît jamais pour les bonnes raisons, et y a-t-il vraiment de bonnes raisons ? Alors que Victoire rejette en bloc toute cette période. Alors que pendant que sa carrière de mannequin était au top, elle subissait le pire en coulisses… « My story... » répète-t-elle amère. Son histoire, celle qui l’a définie aux yeux de tous pendant si longtemps, cette histoire à travers laquelle elle essaye également de ne plus se définir. Cette histoire qui est un traumatisme mais que beaucoup croient encore qu’elle a inventé, que même la justice a considérée diffamatoire. Cette histoire que certains militants ou journalistes ont voulu déterrer lors du mouvement Me Too, mais Juliette n’était pas prête à cela et aujourd’hui Victoire ne l’est pas plus. « I’m not gonna tell anyone. I promise. » Elle n’entend pas seulement la sincérité dans ces mots, elle perçoit une certaine forme d’urgence. Comme si elle devait la retenir à tout prix. Victoire finit donc par se retourner et répond à Penny avec le regard sombre et sérieux : « It’s a past life, ok. I changed my name and moved here to be left alone... » Même si les mentalités ont évolué depuis et qu’elle a vu des commentaires sur internet de gens qui disent qu’ils la croient à présent, de un, c’est trop tard et de deux, les commentaires haineux sont bien plus faciles à trouver. Vic a beau avoir arrêté de taper son ancien nom dans Google, elle part du principe que la grande majorité de ceux qui en ont quelque chose à faire de cette vieille affaire pensent qu’elle mentait. « I don’t need anyone else telling me I did it for money and fame... » Non, elle l’avait fait pour les autres victimes. Celles qui étaient venues après elle, pendant ces trois années où elle a été libérée de lui après avoir fui. Ces trois années où elle a essayé de continuer sa vie et sa carrière, comme si de rien n’était, sans en parler à personne. Mais elle n’a sauvé personne, ni les futures victimes, ni elle-même. Il y a d’autres affaires qui émergent contre lui, il ne peut plus vraiment exercer son métier comme avant, plus personne ne le laissera avec une jeune mannequin en tête à tête. Mais c’est le principe de précaution, il n’a jamais été condamné. Il n’a pas perdu ses vieilles habitudes et ne laisse aucune preuve. Pas de messages écrits pou vocaux, pas de témoins oculaires et aucune marque sur le corps, ses modes opératoires sont la manipulation et la menace, pas la violence. Repenser à tout ça est en train de submerger Vic, elle sent qu’une crise d’angoisse n’est pas loin, elle a le souffle court et le cœur qui bat trop fort, heureusement aucun homme ne se trouve à proximité. Seulement les deux femmes qui se font face dans la pénombre.

@victoire laclos
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« Not bad! Yes that’s what it means... » Ça te fait sourire. C’est quand même un drôle de prénom quand on y pense, Victoire. Mais t’aimes bien aussi ce que ça représente. Tu ne peux pas t’empêcher de te demander si tu serais plus forte en portant un nom qui impose comme le fait celui de la jeune femme. Ou si un nom ce n’est qu’un nom et que ce dernier n’a aucune incidence sur la vie vécu, sur le caractère de la personne qui le porte. Après tout, existe-t-il véritablement une différence entre Penelope Stringer, la fille et Penny Stringer, l’actrice? T’aimes à croire que oui, mais t’es aussi bien consciente que la ligne est mince, trop mince. Probablement que la différence existe seulement dans ta tête, pas aux yeux du monde et ça, c’est une triste réalité avec laquelle tu as du mal à composer présentement. Tu le vois tout de suite que son regard a changé à Victoire lorsqu’elle replace qui tu es et tu regrettes déjà ton anonymat parti trop vite. « You’re saving my life tonight, so I’m doubly impressed. » Tu échappes un léger rire. Elle exagère beaucoup la française, t’as qu’arrêter un léger saignement avec un foulard. « I don’t think your life was really at risk tonight but I’ll take it. Thank you. » T’es sincère alors que tu lui offres un énième sourire, ta main toujours pressée sur son pied. T’es tout de même touchée par ses compliments. Ça fait longtemps que tu n’as pas été arrêter dans la rue pour simplement commenter ton talent de comédienne. En ce moment, on est pas mal plus intéressé d’en savoir davantage sur les différentes allégations de relation, que ce soit avec Rory ou avec Byers. Allégations qui sont fausses sur tous les comptes, pour des raisons complètement différentes avec chaque homme. Même quand on ne t’en parle pas, tu ne peux pas t’empêcher d’y penser. T’as l’impression que ça te suit partout, t’as parfois même l’impression que c’est écrit sur ton front tellement tu deviens parano à ce sujet. Elle ne te donne pas l’impression d’être au courant Victoire et ça t’arrache un subtil souffle de soulagement. C’est toujours au moins ça. « I’m not sure I’ve seen you on something else. » Tu hausses les épaules. À moins qu’elle soit à Brisbane depuis au moins dix ans, tu serais surprise qu’elle t’ait vu dans les pourtant très nombreuses publicités que tu as fait en grandissant. Et puis les différents téléfilms dans lesquels tu as joué sont loin d’avoir été des succès hyper populaires. The Trail’s End devait être ton grand lancement. Autant dire que tu t’es écrasée avant même d’être projeter. « Neighborhood was my big thing. I’ve done a few low budget movies and lots of commercials growing up, but that’s about it for now. » For good? T’es pas certaine, mais t’as définitivement pas l’impression que ta carrière s’en va quelque part en ce moment. À part peut-être direction la poubelle, mais bon.

Tout change rapidement toutefois lorsque tu maintiens que tu penses la reconnaître, que tu penses qu’elle aussi, a une certaine notoriété. T’en es absolument certaine, mais tu peines à te souvenir pourquoi. Et puis ça te revient comme un flash. C’est une mannequin qui a vu son nom complètement terni et détruit dans les médias lors d’un procès pour agression sexuelle. Les détails t’échappent mais l’histoire t’avait marqué parce que tu savais que ça pourrait t’arriver à toi aussi, si tu décidais de porter plainte. C’est des histoires comme la sienne qui t’avait empêcher de dire quoique ce soit jusqu’à maintenant, effrayée de perdre encore plus si tu décidais de finalement dire la vérité. « You’re mistaking... » Tu hoches de la tête. Tu sais que non. Elle a légèrement vieilli depuis le scandale, ses cheveux sont plus courts aujourd’hui qu’il ne l’était à l’époque, mais un visage comme le sien, ça ne s’oublie pas. Jamais complètement du moins. « My story... » qu’elle répète et tu sais désormais que tu n’avais pas tort, que c’est bien elle. Jamais tu n’aurais cru la croiser ici, à Brisbane de tous les endroits. Tu avais simplement assumer qu’elle serait restée en France. Mais non, elle avait changé de vie complètement. Déménager sur nouveau continent, loin du scandale. Changer de look, changer de nom. Est-ce que c’est ce qui t’attendais si tu décidais de porter plaine contre Byers? La peur est grande et le risque te semble plus vrai que jamais alors qu’elle s’arrête dans sa fuite et se tourne pour te regarder un peu plus longtemps. « It’s a past life, ok. I changed my name and I moved here to be left alone... » « And I understand that. I respect that. » que tu ajoutes rapidement. Tu ne veux pas qu’elle pense que tu veux la ramener dans ses vieux souvenirs. Tu ne peux que trop bien comprendre qu’en laissant tout derrière et en changeant d’identité, elle a voulu laisser cette histoire loin derrière. Mais à voir son visage, tu comprends très bien que laisser tout derrière, c’est bien beau en théorie, mais bien plus difficile à appliquer dans la réalité. « Last thing I want is to remind you of what happened. » Tu dis ça, mais tu sais qu’en l’appelant Juliette et ne la laissant pas partir maintenant, c’est exactement ce que tu fais. « I’m sorry. » T’es sincère, mais il est trop tard pour faire comme si de rien était. Tu le sais, et elle aussi. « I don’t need anyone else telling me I did it for money and fame... » Tu hoches la tête une fois de plus. Tu ne crois pas qu’elle a menti. En fait, t’as même la certitude qu’elle n’a pas menti. Peut-être que c’est parce que tu as été la victime d’un homme puissant et affluent toi aussi, mais t’as vraiment du mal à croire que qui que ce soit pourrait inviter des histoires aussi sordides, ne serait-ce que pour se rendre intéressant. Il suffit de prendre le cas de Victoire pour comprendre que d’essayer de se battre contre un homme important du milieu artistique, c’est trop souvent un combat perdu d’avance. « That’s not what I think. » Tu t’approches d’elle, tes pas lents et calculés, consciente qu’elle a certainement besoin d’espace, Victoire. « I believe you. There are too many men in this industry that are disgusting. » Et tu sais de quoi tu parles. Plus tu t’approches d’elle et plus tu vois qu’elle ne semble vraiment pas bien, la française. Tu la ressens, sa panique. « Just breathe. You’re okay. I promise you, you’re okay. » T’es tout près d’elle maintenant, mais tu n’oses pas la toucher, pas tant qu’elle ne t’en donne pas la permission.

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Feat @Penny Stringer

Le moment était doux malgré que cette rencontre ait débuté dans le sang. Au final, la blessure n’était que superficielle, c’est surtout l’orgueil de la Française qui en avait pris un coup quand elle s’était rendue compte de la stupidité de sa décision d’aller courir pieds nus et de nuit. Mais Victoire oublie bien vite son égo blessé devant cette jolie rencontre, elle sourit à l’actrice qui lui sourit en retour et elle ne peut pas s’empêcher d’avoir envie d’embrasser ses lèvres. You’re a fucking lost cause and a silly bitch ! Please stop falling for the first good-looking woman that’s being nice with you for 2 seconds ! Besides you know perfectly that’s the worst idea ever, she’s a star, she’s probably followed by tons of paparazzis… Do you really miss the fucking paparazzis ?, lui rappelle sa petite voix intérieur. Et pour une fois, Vic se dit qu’elle a raison cette voix qui lui casse toujours son enthousiasme, c’est une très mauvaise idée de s’attacher à Penny Stringer. Dommage, Penelope lui plaisait bien.

La conversation passe des capacités de Penny à procurer les premiers soins à sa carrière principalement télévisuelle. Finalement, c’est la série Neighborhood qui l’a rendue célèbre apparemment, ce n’est pas non plus une célébrité Hollywoodienne. Peut-être que… Don’t even think about it. Mais elle n’a même pas le temps de rougir en s’imaginant poser ses lèvres contre celles de Penelope car celle-ci la reconnaît. Sa tentative de fuite est vaine et son prénom de naissance est lâché par l’actrice. Juliette. Juliette Pottier, la top model à la carrière aussi fulgurante que fut la chute, avait titré à l’époque un magazine people après que le juge est rendu con verdict. Il n’y a plus de raison de nier, elle a été reconnue, même après tout ce temps, même à des milliers de kilomètres de New-York ou de Paris. Les doux sourires ont disparus, Victoire est sur la défensive, elle ne veut pas que cela se sache qu’elle est à Brisbane, elle ne veut pas replonger dans le tourbillon médiatique, elle est loin d’être prête à ça. « And I understand that. I respect that. » Victoire scrute l’expression faciale de l’actrice, elle est devenue presque aussi sérieuse et grave que celle de la Française. « Last thing I want is to remind you of what happened. » « Too late. » ne peut-elle s’empêcher de répondre sur un ton amer. « I’m sorry. » Elle a l’air vraiment sincère, elle s’en veut c’est évident. Pourtant, Vic est toujours sur la défensive, perdue entre les souvenirs douloureux que cela réveille en elle et l’anticipation des mille façons dont Penelope pourrait remuer le couteau dans la plaie à présent. En lui disant qu’elle avait du faire ça pour se faire un coup de pub, ou pour extorquer de l’argent au photographe à succès ou même simplement en lui demandant si elle avait dit la vérité à l’époque. Bien sûr qu’elle a dit toute la vérité même si elle regrette encore aujourd’hui, persuadée que ce sont tous les soucis apportés par le procès qui ont poussé sa mère dans la tombe.

« That’s not what I think. » mais Vic l’entend à peine, submergée par les souvenirs de son bourreau. Elle voit la jeune femme s’approcher d’elle à pas feutrés avec une précaution infime. « I believe you. There are too many men in this industry that are disgusting. » Ces mots résonnent dans son esprit et viennent s’entrechoquer à tous à la vague d’émotions indiscernables qui la traversent. Elle est tremblante, à bout de souffle, elle sent qu’une crise d’angoisse n’est pas loin. Pourtant les mots de Penelope sont là. Elle la croit. Elle a même l’air de comprendre qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, que le milieu de la célébrité est gangrené d’hommes puissants qui se croient tout permis. Il faut dire que les centaines de témoignages survenus lors du mouvement MeToo avaient été assez significatifs. A moins que Penny ait constaté cela par elle-même ? C’est une tempête d’émotions et de questions sous le crâne de Vic et elle essaye malgré tout de reprendre le dessus sur ses angoisses. Sa psy lui a donné quelques clés mais là, elle est incapable de les utiliser, c’est toujours le problème, il est difficile d’agir ou de penser posément au cœur d’une crise.

« Just breathe. You’re okay. I promise you, you’re okay. » Elle ne sait pas pourquoi mais ces mots déclenchent un flot de larmes et des sanglots violents chez Victoire. You’re okay. I promise you, you’re okay. Elle aurait voulu pouvoir croire que tout va bien, elle aurait voulu ne pas sentir encore son haleine sur elle alors que ça faisait dix ans qu’elle n’avait pas été proche de lui, elle aurait voulu se sentir en sécurité à des milliers de kilomètres de lui. Penelope est tout près d’elle quant à elle, prête à l’enrober de sa bienveillance, elle le voit même à travers ses larmes, Vic. Alors, comme elle sent ses jambes fléchir sous le coup de l’émotion et qu’elle a besoin de sentir une étreinte douce et tendre pour oublier les étreintes non consenties du passé, elle se blottit contre Penelope. Aussitôt, elle s’excuse entre deux sanglots : « I’m sorry... ». Elle s’excuse de lui imposer ses pleurs et de s’être jetée dans ses bras comme si sa vie en dépendait, elle a beau ne pas croire ses mots, elle a besoin de les entendre. You’re okay, you’re okay, you’re okay. Les bras de Pénélope sont accueillants et Victoire sent que la crise d’angoisse s’éloigne un peu plus à chaque seconde qu’elle passe ainsi enlacée. Elle serait bien restée là pendant des heures, à pleurer sur l’épaule de cette inconnue célèbre mais bientôt la gêne est trop forte. Elle se décolle à regret et murmure à nouveau : « I’m sorry... ». Elle essuie les larmes sur ses joues du revers de la manche. « I don’t know what I was thinking... » et elle finit par ajouter : « It’s just… sometimes… I feel so lonely... ». C’est pitoyable, elle fait pitié Vic, et dire qu’elle est sur la voie de l’amélioration de son état, qu’est-ce que ça aurait été sinon ? Maintenant, elle sent que la crise s’est éloignée, elle se sent surtout ridicule comme à chaque fois qu’elle surréagit. Il faut dire qu’elle n’était pas prête à ce qu’on la reconnaisse ce soir, lors de sa première séance de jogging. Puis, elle se rappelle de ce que son interlocutrice a dit et elle l’observe sous un jour nouveau, essayant de lire dans son regard si elle est aussi une victime. « You said a lot of men are digusting in the industry… Have you… met one of them ? » se risque-t-elle à demander, c’est horrible mais sur le moment elle a envie qu’elle lui réponde oui, elle a envie de se sentir moins seule et comprise. Vic a toujours fui les autres victimes de Riddle car elle voulait abandonner cela le plus loin possible derrière elle, elle a refusé les thérapies de groupe aussi en Australie, pour conserver son anonymat. Mais avoir une amie qui comprend parfaitement, elle en aurait bien besoin.

@victoire laclos
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« Too late. » Tu ne lui en veux pas d’utiliser un ton amer. Tu ne lui en veux pas si elle, elle t’en veut de l’avoir reconnu. Si elle te disait qu’elle avait besoin de ce défouler sur toi, là tout de suite, et déferler toute sa douleur et toute sa misère sur toi, tu l’as laisserais faire. Tu écouterais chacun de ses mots, tu comprendrais chacune de ses insultes sans les prendre personnelles, tu ressentirais chacune des émotions puissantes, dévastatrices et destructrices qu’elles pourraient ressentir, Victoire. Et tu détestes le simple fait que tu puisses comprendre. Que même si vos histoires sont loin l’une de l’autre, elles se rejoignent sur le fond. Sur les tâches sur le corps. Sur la douleur à l’esprit. Sur la confiance brisée. Sur l’envie, le besoin de disparaître et de ne plus jamais être reconnue. Elle a essayé Victoire, avec son faux nom et sa fausse vie, mais il avait suffit que tu dises le prénom de Juliette pour que tout lui revienne. Tu le vois bien dans ses yeux, combien elle a mal encore, malgré les années qui ont filé. Tu t’en veux d’avoir dit quelque chose. T’aurais dû savoir qu’après tout ce temps, elle ne voulait pas être reconnue. T’aurais dû comprendre quand elle s’est présentée à toi en tant que Victoire et non pas Juliette. T’aurais dû, mais il est trop tard pour faire marche arrière maintenant. Story of your life. Toujours agir avant de penser, et regretter amèrement la seconde d’après. Tu essayes de la rassurer pourtant, t’es pas certaine que ça change grand-chose maintenant que le mal est fait. Tes mots remplissent le silence entre vous deux, mais elle ne te regarde pas Victoire. Tu veux lui faire comprendre que t’es là mais tu n’oses pas t’imposer. T’as assez fait de dégâts pour ce soir. Si elle tend la main, tu vas l’attraper. Promis juré.

Et puis c’est ce qu’elle fait, contre toute attente. Tu pensais qu’elle allait s’enfuir ou même te crier après, mais c’est des sanglots qui remplissent maintenant le silence et t’as les lèvres qui tremblent à la simple idée de l’avoir fait mise dans cet état. Elle tombe contre toi et tu l’as rattrape, Victoire, alors que tes bras la ramènent contre toi et qu’automatiquement, une main vient caresser son dos dans l’espoir de calmer cette douleur que tu ne ressens que trop facilement. C’est si fort que t’oublies ce qui te fait mal et ce qui lui fait mal à elle, un potluck sans aucune chance de votre misère qui se ressemble aussi bien qu’elle ne s’assemble. « I’m sorry... » Tu hoches la tête, laissant de simples shhhh siffler entre tes lèvres, l’air de dire que ce n’est pas grave. C’est de ta faute après tout. Vous restez comme ça, pendant quelques secondes, peut-être une minute ou deux, tu ne sais pas. Ta main qui flatte toujours le dos de Victoire, ses sanglots qui commencent à se faire plus espacés les uns des autres alors que ton coeur se serre encore et toujours à la simple idée d’avoir causé cette scène. Elle se détache lentement de toi et ton regard croise le sien et tu as beau ne pas vraiment la connaître, la française, tu donnerais tout et n’importe quoi pour effacer ce que tu lis dans ses yeux en ce moment. « I’m sorry... » qu’elle répète et encore, tu hoches la tête. « Don’t be. It’s my fault. » Et alors qu’un espace vient se créer entre vous deux, tu ressens le besoin de te protéger, de te recroquevillé, pour ne pas te retrouver dans la même posture que la blonde. Pour ne pas devenir trop vulnérable trop rapidement, toi aussi. Tu croises tes bras sous ta poitrine alors qu’elle essuie les larmes sur ses joues et tu peines à soutenir son regard après tout ça. « I don’t know what I was thinking... » T’as une petite idée et tu penses qu’elle aussi, mais tu ne dis rien, te contente de hocher légèrement la tête, l’air compréhensive. Tu ne peux même plus compter le nombre de fois que tu es tombée dans les bras de Rory comme elle vient de le faire. T’avais été chanceuse de pouvoir compter sur lui. Tu ne pouvais qu’espérer silencieusement qu’elle ait eu un Rory elle aussi, quand tout est arrivé. « It’s just…. sometimes… I feel so lonely. » À ça, tu laisses tomber un de tes bras et ta main vient trouver la sienne. T’as pas envie qu’elle se sente toute seule, pas ce soir du moins. « You’re not. » Tu dis ça avec une telle certitude, comme si tu savais vraiment alors qu’au fond, t’as aucune idée de ce quoi son quotidien est rempli, à Victoire. Il y a longtemps que son quotidien n’est plus rempli des paparazzis et des journalistes, mais tu ne sais pas ce qui est venu prendre la place de sa carrière en mannequinat. Elle dit être pâtissière, tu te demandes si elle se plaît, dans cette vie ou elle parvient à passer inaperçue la majorité du temps. Tu ne dis rien toutefois, ça ne te semble pas être particulièrement le bon moment pour lui passer un interrogatoire sur son changement de vie.

« You said a lot of men are disgusting in the industry… Have you… met one of them? » Tu aurais dû te douter que la question viendrait tôt ou tard, même si tu aurais préféré plus tard, bien plus tard. Si t’as ton mensonge habituel sur le bout de la langue, c’est un hochement de la tête positif que tu lui offres, à la blonde. Tu te surprends toi-même à dire la vérité, mais t’as presque l’impression que tu lui dois, à Victoire, après ce qui vient de se passer. « A producer. It didn’t last long. » But long enough. C’était les commentaires déplacés ici et là. Les mains dans ton dos. Sur ta cuisse quand il n’y avait personne. Les regards suggestifs. Tu n’avais jamais rien dit. T’avais accepté que c’était ce que le monde du cinéma réservait au jeune femme comme toi, sous le pouvoir des hommes qui achetaient vos silences à coup de rêves amplifiés. Mais il y avait eu la fois de trop. Celle ou les mains avaient été plus que baladeuses. Ou son souffle avait trouvé ton épiderme sans ton consentement. La fois ou il t’avait dit de te laisser faire, qu’il savait que tu en avais envie, même si tu te débattais. Même si tu disais non. Même si. « I’ve never told anyone. » Excepté pour Rory, parce qu’il avait été celui qui avait empêché que tout ne dégénère encore plus. Rory à qui tu devais tout. « The public eye, its unforgiving. I don’t know that I could.. » Say something and still be an actress. Say something and still reach for my dream. Say something and still become someone. « You know what I mean. » Évidemment qu’elle sait. Mieux que personne. Et c’est pas un rôle que tu as envie de tenir, pas du tout.

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Feat @Penny Stringer

Victoire s’effondre, il aura suffit que son ancien prénom refasse surface et de quelques mots de cette célébrité restant pourtant une inconnue pour que les vannes s’ouvrent. Que les souvenirs affluent, que les sensations présentes et passées s’entremêlent, qu’elle finisse par fondre en larmes et se réfugier dans les bras de Penny. L’actrice l’accueille sans aucun mouvement de recul, elle l’enlace et la ramène contre elle tout en caressant son dos dans un geste d’apaisement. Cette étreinte est douce et réconfortante, Vic a beau avoir honte, elle ne peut retenir ses sanglots et elle ne peut refuser la tendresse dont elle a tant besoin. Elle se laisse aller pendant plusieurs minutes qui passent comme des secondes, déjà, elle se force à se décoller de la jeune femme, essayant d’éviter que cela ne devienne gênant. A vrai dire c’est déjà gênant, depuis le début, en tous cas pour Vic. Elle s’excuse à nouveau, pourtant elle ne regrette pas de s’être offert cet instant tendre. « Don’t be. It’s my fault. » Vic secoue la tête, non ce n’est pas de sa faute, c’est elle qui vient de lui imposer un nervous breakdown, une accolade non consentie et un flot de larmes sur son épaule. Mais elle comprend ce qu’elle veut dire, c’est le fait qu’elle l’ait reconnue qui a provoqué tout ce chamboulement émotionnel en Vic. Mais cette pensée révolte Vic, ce n’est pas de sa faute à elle, c’est de sa faute à lui, tout est de sa faute à lui. Justin Riddle, le célèbre photographe, son agresseur, celui qui a gâché sa vie à jamais. « It’s not... » finit-elle par répondre le regard baissé sur le sable. Puis elle essaye de s’expliquer, sur son fameux accès de tendresse, sur ce besoin qu’elle avait eu de se blottir dans la chaleur des bras de Penny. Elle se sent seule. L’actrice face à elle s’était refermée sur elle même, bras croisés sur le torse mais elle s’ouvre à Vic à nouveau et lui saisit la main. « You’re not. » Vic relève le regard vers la jeune femme, elle lui adresse un pâle sourire tout en essayant de lui transmettre par le regard toute la reconnaissance qu’elle a envers elle. Elle n’aurait probablement pas pu tomber sur une meilleure personne, si le destin avait décidé que quelqu’un devait la reconnaître sur cette plage, ce soir, il valait mieux que ce soit cette jeune femme douce et bienveillante, peut-être même elle aussi concernée ? Qu’elle ait gravité ou pas dans le milieu du show business ne change pas grand-chose à la donne, les femmes de tous horizons sont touchées par le fléau des agressions sexuelles de la part d’hommes qui croient avoir tous les droits sur leurs corps. Mais Vic se rappelle de ses mots, elle a bien fait référence aux hommes du milieu, alors elle lui pose la question sur sa propre expérience en la matière. C’est une question probablement déplacée, une question intime et violente, peut-être qu’elle va trop loin et elle en est désolée. Pourtant, elle veut que Penny ait un vécu similaire, qu’elle soit celle qui pourra vraiment la comprendre, cela la fait culpabiliser de vouloir l’entendre répondre par l’affirmative mais c’est pourtant ce qu’elle ressent. « A producer. It didn’t last long. » Leurs regards sont toujours plongés l’un dans l’autre et en signe de compassion, Vic cligne lentement des yeux, pince les lèvres avec un air grave et serre la main d’actrice qui se trouve toujours dans la sienne. La nuit tombe sur la plage, la rumeur des vagues qui s’écrasent sur le sable est la seule chose qui vient troubler le lourd silence qui s’installe entre elles. Un silence chargé de sens alors qu’elles se contentent de se transmettre de la force mutuellement par le regard et l’étreinte de leurs deux mains. « I’ve never told anyone. » Et là, Vic se rend compte que ce moment n’est pas fort seulement pour elle, Penelope n’a eu personne pour parler de tout ça non plus. « Oh... » C’est le seul son qui franchit ses lèvres, elle sent soudain que cette rencontre était probablement écrite dans les étoiles, que le destin avait fait se croiser leurs chemins pour une bonne raison. « The public eye, its unforgiving. I don’t know that I could.. » Vic a une boule dans la gorge, elle n’arrive pas à parler, trop submergée par les émotions, alors elle se contente de hocher la tête. Elle plus que quiconque sait que ce genre d’affaires peut ruiner bien plus la vie de la victime que de son agresseur. Ça la révolte, ça la bouffe de l’intérieur depuis plus de dix ans, mais c’est ainsi. « You know what I mean. » Victoire déglutit difficilement mais réussit à retrouver sa voix : « Of course, I know... » murmure-t-elle abattue. Elle a envie de lui crier de ne pas porter plainte, de ne surtout pas faire la même erreur qu’elle, de se préserver avant tout. Mais une voix au fond d’elle essaye de se faire entendre, une voix dissidente qui ne veut pas que les agresseurs s’en sortent à si bon compte en profitant de l’omerta qui règne en maître, même après Me Too. Le silence reste la règle générale, la dénonciation l’exception, l’acte courageux, le tapis au poker sans avoir regardé ses cartes. « You does not have to do or say anything, you know… It’s your choice. And only yours... » Ce n’est pas vraiment un conseil, elle essaye simplement de lui faire comprendre que personne ne devrait la juger quelque soit son choix, mais ça revient à lui mettre le poids de cette décision sur ses épaules à elle. C’est la victime encore qui doit subir cette pression incroyable, cette culpabilité de ne rien dire ou au contraire cette épreuve terrifiante de tout révéler. « I’m sorry it happened to you… It’s fucking unfair... » rage-t-elle en serrant la mâchoire. Toutes les violences sexuelles sont injustes, toutes les femmes qui en sont victimes vivent la plus grande injustice de nos sociétés modernes qui se veulent civilisées. Vic n’est plus dans son traumatisme dorénavant, les larmes ont arrêté de couler, elle se sent soudain membre d’une sororité et c’est la colère qui prévaut. « Tell me if you don’t want to talk about it, ok ? But… I just don’t get many chances to talk to someone who really gets it... » Vic ne lit pas les journaux people, elle ne peut pas faire le lien entre les révélations de Penny et le scandale qui noircit les pages des magazines actuellement. Elle n’est même pas au courant du film que devait faire Penny et encore moins qu’elle en a été évincée suite à une altercation entre un producteur et sa co-star. « Did it happen recently ? » demande-t-elle avec une infinie douceur dans la voix et le regard, cherchant à savoir à quel stade de tout ce processus traumatique elle se trouvait. Elle réduit la distance qui les sépare, elle n’a toujours pas lâché sa main et elle saisit la deuxième pour qu’elles soient ainsi connectées, face à face, et que le monde autour disparaisse, les laissant dans une bulle qu’elle espère avoir remplie de bienveillance, de solidarité et de confiance.

@victoire laclos
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Il n’y avait rien que tu puisses faire, rien que tu puisses faire qui aurait apaisé complètement la blonde. Tu savais aussi que ta simple présence et que ton soutient silencieux étaient tout ce que tu étais en mesure de lui offrir dans le moment. This was all hitting way too close to home. Ta douleur est la sienne et vice-versa et tu sais que si la discussion tourne comme elle est destinée à le faire, tu ne seras pas en mesure de lui mentir à Victoire, tu ne seras pas en mesure de faire la part des choses, entre son histoire et la tienne et ça te fait peur, mais tu continues de caresser son dos alors qu’elle est là contre toi, pendant une minute et puis deux jusqu’à ce qu’elle se recule légèrement et crée une distance entre vous. T’as l’impression que ton coeur va sortir de ta poitrine tellement il cogne fort. Ça fait mal. Ça n’a rien de beau ce soir, rien d’agréable. Ce n’est qu’un contre-coup de ses secrets qui vous gardez toutes les deux. Chacune de votre côté. « It’s not... » Of course it’s my fault. I should have kept my mouth shut. I should have pretended I didn’t know. Wouldn’t it have been better? Isn’t that why you’ve been hiding for so long Juliette? Il y a tellement de questions qui se bousculent dans ta tête, mais tu restes complètement silencieuse alors que tu tentes de garder la tête haute. Ce serait tellement facile de tomber à ton tour, t’as les genoux qui tremblent, ton corps soudainement si lourd, mais tu ressens le besoin d’être forte. Et si tu ne pouvais être forte pour toi-même, tu allais l’être pour Victoire qui était encore clairement très secouée de ce qui venait de se passer. Tu étais particulièrement contente que la plage soit vide à cette heure, que personne n’ait eu à assister à ça. Pour son intimité, et la tienne aussi. Tu parles de toi finalement. De Byers, sans mentionné son nom. Il mérite pas l’attention que tu lui donnes constamment dans ta tête. Tu voudrais pouvoir te défaire de lui, mais tu n’as qu’à regarder Victoire que son emprise sur toi sera probablement éternelle et ça, ça te fait atrocement peur. « Oh... » Son regard reste plongé dans la tien et tu voudrais pouvoir lui dire que c’est correct, que ça va, mais ce serait lui mentir et tu venais tout juste de te promettre mentalement de ne pas lui mentir. Pas à elle. Pas après tout ça. Sa main serre la tienne et tu sais qu’elle est là pour toi, comme tu l’es pour elle. Who would have thought?

« Of course I know... » Tu baisses les yeux. Tu ne comprends pas comment elle a pu en arriver à être ou elle est aujourd’hui, la française. Comment ça se fait que le public a automatiquement pris pour son bourreau plutôt que d’écouter le récit horrible de ce qu’elle avait vécu pendant tout ce temps? Comment se faisait-il qu’un homme n’avait qu’à être beau, riche et charismatique pour se disculper de tout doute? Tu ne peux empêcher un léger soupir de s’échapper de tes lèvres. T’es déjà persuadée que personne ne va te croire si tu parles. « You do not have to do or say anything, you know… It’s your choice. And only yours... » Tu hoches négativement de la tête. Là repose justement un de tes plus gros problèmes avec ce silence qui dure depuis 10 longs mois. Ton silence n’affecte pas que toi. Rory en paie le gros prix, lui aussi. Et tu penses à toutes celles qui travailleront avec Byers dans le futur, si tu ne dis rien. N’est-ce pas ta responsabilité de t’assurer qu’il ne mette plus jamais la main sur qui que ce soit? « But it isn’t though, is it? My silence, it has impact on people around me. On people around him. » Sa femme qui pense qu’il est cet homme si bon, si honorable. Ne se doute-t-elle pas du tout de qui il est vraiment? Tu ressens tellement de pression à ce niveau. T’as l’impression que c’est ton rôle de dire quelque chose, de faire quelque chose, mais à quel prix? Ta carrière, ton nom, tout ce que tu avais bâti dans les vingt dernières années? « I’m sorry it happened to you… It’s fucking unfair... » Tu hoches légèrement la tête. Elle ne remet pas ta parole en doute et tu es tellement reconnaissante à ce sujet, mais tu sais que sa réaction ne serait pas celle du public. Que les médias se feraient un plaisir de te traiter de menteuse ou de tout autres noms, pour t’enlever toute crédibilité. Faut dire que tu n’en as déjà pas beaucoup, de crédibilité en ce moment avec toutes les rumeurs du triangle amoureux le moins probablement du monde. Et pourtant, les gens y croient. Ta boîte d’email est pleine de questions à ces propos. On attend de toi que tu confirmes ou infirmes tout ce qui est dit à ton sujet. T’as pas la force. Tu repousses et tu ignores autant que tu peux, sachant au fond que ça ne règle rien du tout. « Tell me if you don’t want to talk about it, ok? But… I just don’t get many chances to talk to someone who really gets it... » À ça, tu parviens à sourire légèrement. Un sourire triste, mais un sourire quand même. Tu sais ce que c’est après tout. « It’s okay. I trust you won’t say anything to anyone. » C’est un échange de secrets après tout. Jamais tu n’iras dire que Juliette Pottier est ici, à Brisbane sous un faux nom et tu as confiance qu’elle n’ira pas se vanter haut et fort savoir que Penny Stringer a été victime d’agression sexuelle. Donnant-donnant. « Did it happen recently? » Tu hausses les épaules légèrement. Tu sais que si tu réponds oui à cette question, il ne sera pas difficile pour elle de faire des recherches pour savoir sur quoi tu as travaillé récemment. Il n’y a qu’une réponse à cette question et elle ne mettrait pas longtemps à comprendre les rumeurs qui courent à ton sujet depuis. Autant tout lui dire toi-même. « This year. He was the producer on what was suppose to be my big break overseas. » Il y a un petit rire triste qui siffle entre tes lèvres. Ça a beau faire presque un an de ça, la douleur est toujours vive quand tu penses que personne n’aura la chance de te voir incarner le rôle de Bonnie Parker au grand écran. « It started with inappropriate comments. His hands slipping on my ass when no one was looking. I just kept looking the other way and acting like it was okay. Thinking to myself hey, this is the big league now, you can’t be a diva.. » Tu t’en veux tellement de n’avoir rien dit avant, de ne pas l’avoir arrêter, empêcher. Peut-être que les choses seraient complètement différentes si tu avais agis plus tôt. « And one day, he just went too far. I was lucky enough that my co-star was looking for me and saw him on top of me. Stopped him before he could... » Rape me. Les mots ne sortent pas de tes lèvres pourtant, tu es incapable de les dire. Tes lèvres tremblent alors que tu peines à finir cette histoire sans complètement t’effondrer. Tu prends une grande respiration, tes yeux qui regardent partout sauf dans la direction de Victoire. Tu tiendras pas si tu soutiens son regard, tu le sais trop bien. « My co-star, Rory, he hit him. And now, he looks like the perfect victim while Rory took all the heat for our movie getting cancelled. And the rumours, they just keep getting crazier. There’s no end in sight... » Tu te sens trop lourde, alors tu t’assoies dans le sable plutôt que de prendre le risque d’y tomber si tes jambes te lâchent finalement. Tu te pinces les lèvres pour t’empêcher de te mettre à pleurer, toi aussi. « So you see, if I don’t say anything, it’s not just me who pays the price. »

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Out of the shell

Feat @Penny Stringer

Elles se tiennent la main sur la plage au crépuscule et malgré la situation qui peut paraître romantique vue de loin, Vic ne pense plus du tout à ce qui trottait dans sa tête avant que Penny la reconnaisse. Elle ne s’imagine plus embrasser la jolie actrice, tout ce qu’elle souhaite maintenant c’est lui montrer son soutien et s’assurer qu’elles gardent chacune le secret de l’autre. Elles se tiennent la main en marque de soutien, de compréhension mutuelle, pour se donner de la force face à ce qu’elles ont vécu et qui tristement les rapproche. La Française sent que Penny a peur et si elle connaît l’histoire de Juliette, il est normal qu’elle soit terrorisée à l’idée de rendre son agression publique. Vic a si mal vécu la médiatisation de sa propre affaire qu’elle ne peut que dire à Penny qu’elle ne doit se sentir forcée de rien, que tout ceci doit être son choix avant tout. Mais bien entendu, ça n’est pas aussi simple comme le souligne la jeune femme : « But it isn’t though, is it? My silence, it has impact on people around me. On people around him. » Victoire ferme les yeux d’un air affecté, bien entendu qu’elle a raison, elle-même a culpabilisé longtemps de ne pas avoir dénoncé Riddle. Mais elle sait aussi que faire les choses bien revient parfois à n’arranger la situation pour personne et surtout pas pour soi-même. Elle ne souhaite à personne d’avoir à vivre la disgrâce et le harcèlement qu’elle a subi, surtout en plus de la violence sexuelle déjà endurée. « Yes… But sacrificing yourself for nothing isn’t a solution either... » Il faut qu’elle soit sûre d’avoir un dossier en béton avant de dire quoique ce soit, en tous cas ce serait le conseil que lui donnerait Victoire.

Tout cela est injuste et horrible, Juliette, Penelope et toutes les autres victimes d’agressions sexuelles sont celles qui paient, celles qui souffrent et culpabilisent, tandis que leurs agresseurs continuent leur vie comme si de rien n’était. Pour la Juliette qui réside encore en Victoire, cette rencontre revêt une valeur inestimable, elle a l’impression que même si elles ne se connaissent pas, elles se comprendront en un instant. Elle a envie que leur échange continue, elle veut être une oreille attentive pour Penny autant qu’elle veut pouvoir se sentir moins seule, mais elle ne veut pas la forcer à en parler si elle n’est pas prête. « It’s okay. I trust you won’t say anything to anyone. » « Of course... » la rassure-t-elle même si elle ne pense pas que Penny puisse en douter. Elles détiendront bientôt toutes deux autant d’informations sensibles l’une sur l’autre, elles pourraient détruire la vie l’une de l’autre en un claquement de doigt, mais elles ne le feront pas, elles sont comme des sœurs à présent, d’une filiation par la douleur. Victoire dont l’histoire remonte à de nombreuses années a l’impression que pour Penelope c’est beaucoup plus récent. « This year. He was the producer on what was suppose to be my big break overseas. » La Française n’a pas entendu parler du film, ni de son annulation et des diverses rumeurs qui l’entourent, alors tout ce qu’elle retire de cette réponse c’est que Penny et sa carrière dépendait de ce type. Comme la carrière de Vic dépendait de Riddle jadis. Ces hommes ont un tel pouvoir qu’ils se croient tout permis. Vic se contente de serrer plus fort la main de l’actrice en même temps que ses mâchoires se crispent à leur tour. Elle s’imagine déjà retrouver son nom et envoyer quelqu’un lui péter les jambes, pas qu’elle ait des contacts (quoique) mais elle se dit que c’est peut-être ce qu’elle aurait dû faire il y a dix ans. « It started with inappropriate comments. His hands slipping on my ass when no one was looking. I just kept looking the other way and acting like it was okay. Thinking to myself hey, this is the big league now, you can’t be a diva.. » Ça commence toujours comme ça, des mots, des gestes de plus en plus ambigus, puis pour Juliette ça avait été des promesses, de la manipulation, des menaces déguisées, du chantage… « He had the hupper hand on you and took advantage of the situation, piece of shit... » rage-t-elle pour Penny, pour elle-même et pour toutes les autres, l’histoire se répète, et elles pensent toutes à un moment donné qu’elles auraient dû dire ou faire quelque chose avant que ça ne dérape, comme si elles étaient responsables de ce qui leur arrivait. « And one day, he just went too far. I was lucky enough that my co-star was looking for me and saw him on top of me. Stopped him before he could... » … rape her. Au moins, elle a échappé à ça, ce qui n’en est pas moins un véritable traumatisme, Vic peut le voir dans ses gestes, son regard fuyant, ses jambes qui tremblent et sa voix qui se brise. « So… You have a witness... » souffle-t-elle plus pour sa propre réflexion que pour obtenir une réponse, c’est déjà un bon point pour elle si elle décide de porter plainte. Victoire a envie de la prendre dans ses bras, d’être celle qui l’enlace et l’entoure de tendresse cette fois mais elle ne le sent pas, elle a l’impression que Penny va se briser en mille morceaux si elle l’étreint. « My co-star, Rory, he hit him. And now, he looks like the perfect victim while Rory took all the heat for our movie getting cancelled. And the rumours, they just keep getting crazier. There’s no end in sight... » Ah. Un témoin qui est déjà décrédibilisé dans la presse, ce n’est pas terrible comme commencement pour monter un dossier de plainte. Mais le fait que l’agresseur de Penelope passe pour une victime dans toute cette affaire ça résonne bien trop dans le cœur de Vic, ça lui rappelle la condamnation dont elle a fini par écoper elle, pour diffamation, avec de lourds dommages et intérêts à verser. Et Penny dans tout ça, elle se sent acculée avec aucune porte de sortie à l’horizon. D’ailleurs, elle s’assoit dans le sable, abandonnant sa lutte contre ses jambes flageolantes, abandonnant la lutte tout court. Vic la rejoint aussitôt en s’agenouillant sur le sable très proche d’elle, elle a envie de la rassurer, de lui dire que ce sera bientôt fini, qu’elle va s’en sortir et que tout rentrera dans l’ordre. Mais elle ne peut pas lui mentir ainsi, personne ne sait comment se terminera tout ça, ce qui est sûr c’est que ce sera long et douloureux pour elle, probablement pour ce Rory et pour tout son entourage. « I don’t know what to say... » Elle n’a aucun message d’espoir à lui transmettre et c’est probablement le pire, le monde est injuste, la justice ne sert que les puissants et même avec l’évolution des mentalités, rien ne garantit que Riddle ou l’agresseur de Penny finisse derrière les barreaux. « So you see, if I don’t say anything, it’s not just me who pays the price. » Mais elle le savait déjà Vic, elle voulait juste lui conseiller de penser égoïstement à elle-même, de prendre soin d’elle avant de se préoccuper des autres. « You’re already paying twice, Penelope… You lost this movie opportunity just like this Rory but most of all, you got assaulted… It leaves scars. You’re the one who’s hurt, here... » Les rumeurs et les calomnies dans la presse font mal, Vic le sait pour l’avoir vécu, mais celle qui en souffrira le plus dans ce cas sera Penny, pas Rory, car cela ne fera que la ramener aux agressions et attouchements dont elle a été victime. « It’s nice to think about him, but he shouldn’t be your concern. Soon there will be another scandal and they’ll forget about him, they’ll forgive him so fast it’s fucking unfair... » Parce que c’est un homme, qu’on dira qu’il a le sang chaud, qu’il défendait son honneur ou un truc du genre. Il fait partir du Boys’ club alors ça finira par se tasser pour lui et dans quelques mois, dans une interview, on lui dira sur le ton de la plaisanterie en se référant à cet évènement : "Boys will be boys" et tout ça deviendra une anecdote amusante aux yeux du public. Par contre, si Penny dénonce son agresseur, elle s’expose à la vindicte du monde entier, ça accusera de mensonge et de diffamation à grands cris. Les gens diront qu’elle n’a pas supportée d’être écartée du projet et qu’elle souhaite se venger, ils inventeront des théories toutes plus destructrices les unes que les autres tout en rappelant la présomption d’innocence pour son agresseur. « I won’t tell you what to do… But think of yourself before anything, I should have... » Elle ne sait pas ce qu’elle aurait si elle avait pensé à elle, peut-être que ça n’aurait rien changé, ou peut-être que sa vie serait tout autre aujourd’hui. Pourtant, elle sait dans son for intérieur qu’elle n’aurait pas pu vivre avec elle-même si elle n’avait pas tenté de faire quelque chose, pour les autres jeunes filles qui se retrouvent à travailler avec Riddle, au moins elle a essayé et en a payé le prix fort. L’ancienne mannequin pose délicatement ses mains sur les bras de Penny pour la forcer à la regarder dans les yeux : « Just… If you try anything, make sure that he doesn’t have a single fighting chance, ok ? Make sure you’ve got enough to put him behind bars for good and let it rot there forever. » l’avertit Vic d’un ton intense et urgent, les yeux débordant de larmes, elle ne veut pas assister à une autre affaire comme la sienne, elle ne le permettra pas.

@victoire laclos
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« Yes... But sacrificing yourself for nothing isn’t a solution either... » Tu comprends ce qu’elle veut dire la blonde. Et tu sais aussi que c’est le gros risque à prendre si tu décides de porter plainte contre Byers, de rendre l’affaire publique. C’est de prendre le risque que tout se retourne contre toi. C’est de prendre le risque qu’on ne te croit pas. C’est de prendre le risque que ta carrière se termine à l’instant même où les premiers articles de journaux vont paraître. Avant même que la preuve ne soit analysée. Avant même que tu n’aies le temps de dire quoique ce soit. C’est tétanisant juste d’y penser et de savoir que Victoire l’a vécu et avec la manière dont ça s’est terminé, ça n’a rien de rassurant. Mais tu ne peux t’empêcher de penser à Rory. Et à toutes celles qu’il a sûrement touché avant toi. Celles qu’il a peut-être touché après toi. Ça te rend malade d’imaginer d’autres victimes entre ses mains. Et tu te sens terriblement coupable de ne pas pouvoir l’arrêter, l’empêcher. « There’s no perfect solution here. There’s just me and the lie I’ve been living for almost a year. » C’est que tu es en train de t’étendre à petit feu, à force de faire semblant, de couvrir tes arrières sans jamais dire ce que tu ressens. Tu avais perdu de ta couleur, de ta personnalité enflammée. Tu voulais te retrouver. Tu voulais retrouver l’envie d’être touchée, d’être intime avec quelqu’un. Tu voulais pouvoir vivre ta vie sans le poids et la douleur de ce simple moment. Mais tu savais que c’était impossible. Que tu ne pourrais jamais complètement reconstruire ce qui avait été cassé.

« Of course... » Ça te rassure même si tu ne doutais pas vraiment d’elle. Elle ne gagnerait rien à sortir ton secret comme tu ne gagnerais rien à faire connaître sa nouvelle identité. Tu ne comprenais d’ailleurs pas ceux qui vivaient de ses scandales alors que toi, tu voulais simplement vivre de ta passion. Tu lui parles un peu plus en détails de ce qui s’est passé. Ça te fait tellement drôle de laisser les mots filés pour une fois, toi qui les as tous retenus depuis si longtemps. Elle t’écoute attentivement, sa main toujours dans la tienne comme preuve de soutien qui ne faillit pas. Il n’y a pas de jugement dans ses yeux. Qu’une compréhension qui est trop difficile à trouver et qui fait mal au cœur quand on sait pourquoi elle est là. « He had the upper hand on you and took advantage of the situation, piece of shit... » Tu te contentes de hocher de la tête vaguement. Elle n’a pas tort après tout, c’est exactement ce qui s’est passé et ce qui se passe dans la majorité des cas d’agressions sexuelles sur les milieux de travail. C’est une question de pouvoir, de contrôle. Et de toi, Byers pouvait faire ce qu’il voulait. « So... You have a witness... » Tu hoches positivement de la tête sachant que ton témoin n’est pas exactement ce qu’il y a de plus convaincant dans ta preuve, surtout depuis les rumeurs qui courent comme quoi vous seriez un couple, lui et toi. Ça, ce n’est qu’une couche de problèmes de plus sur une blessure qui ne guérit pas. « I don’t know what to say... » Tu lui offres un sourire, l’air de vouloir lui dire qu’elle n’a pas besoin de dire quoique ce soit. Qu’il n’y a pas de mots qui te font du bien de toute façon. Que t’es simplement contente de pouvoir en parler à quelqu’un qui comprend. « There’s nothing to say. » Ce n’est pas un reproche. Une triste constatation seulement.

« You’re already paying twice Penelope... You lost this movie opportunity just like this Rory but most of all, you got assaulted... It leaves scars. You’re the one who’s hurt, here... » Tu te pinces les lèvres parce que tu n’aimes pas ce rôle de victime qu’elle te donne, même si comme tout le reste, tu sais qu’elle a raison, la française. Mais t’es incapable de le voir comme étant une situation où tu souffres plus que Rory. C’est différent, mais tu restes convaincue que vous payez tous les deux le gros prix. « It’s nice to think about him, but he shouldn’t be your concern. Soon there will be another scandal and they’ll forget about him, they’ll forgive him so fast it’s fucking unfair.. » Tu hoches la tête, ta main lâchant abruptement la sienne. « I can’t think like that. I can’t be the reason why his career is over. » Tu dramatises peut-être, sûrement même mais c’est ainsi que tu te sens chaque jour depuis tellement longtemps, tu peines à faire la part des choses comme elle le fait Victoire. « He didn’t ask for any of this. » Toi non plus Penny. Tu échappes un long soupir. Peut-être que tu aurais mieux fait de garder Rory hors de tout ça. « I won’t tell you what to do... But think of yourself before anything, I should have... » Tu échappes un soupir, un autre. T’as l’impression que ça tourne en rond dans ta tête, tes pensées qui partent dans tous les sens sans jamais arriver à une conclusion satisfaisante. « What would have you done differently? » C’est peut-être insensible comme question, mais elle est la seule qui peut t’offrir cette perspective. She’s been there. She knows what it’s like. « Just... If you try anything, make sure that he doesn’t have a fighting chance, ok? Make sure you’ve got enough to put him behind bars for good and let it rot there forever. » Elle est sur le point de se remettre à pleurer et toi tu te retiens pour ne pas rire parce que tu sais aussi bien qu’elle que tu n’auras jamais ces preuves. Jamais tu n’auras cette garantie. « I might as well surrender and accept that no one will ever know the truth. » Tu hoches la tête. T’es incapable de l’accepter. « That he will keep doing it. That our careers are done for. No problem. » T’es sarcastique et froide et crue et tu sais que c’est pas de sa faute à Victoire, mais cette discussion prouve au moins une chose: tu ne pourras pas vivre avec toi-même si tu ne dis rien éternellement.

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Feat @Penny Stringer

Victoire ne peut que comprendre le dilemme qui torture l’esprit de Penny, cette peur de devoir parler de ce qui s’est passé, de prendre le risque de tout perdre, une peur surmontée d’un monceau de culpabilité de n’avoir encore rien dit ou fait. Juliette avait mis trois ans avant de succomber à cette culpabilité, trois ans à se reconstruire peu à peu, trois ans avant de se croire prête à faire quelque chose contre lui. Trois années sans le voir, à essayer de l’oublier et il avait fallu qu’elle tombe sur lui par un concours de circonstances dans un studio photo, alors qu’elle s’était toujours arrangée pour ne jamais avoir à le croiser. Elle avait vu sa main posée dans le creux du dos de sa jeune modèle, ce geste qu’elle ne connaissait que trop bien et elle s’était repris tout en plein visage. La culpabilité enfouie, la réalité aussi, bien sûr qu’il ne s’était pas arrêté à elle, elle en avait eu la nausée. Puis elle avait été directement déposer sa plainte en sortant du studio. Une grave erreur, ou peut-être que sa vraie bêtise a été de parler à la presse dans l’espoir de palier les lenteurs administratives et les trois années de silence déjà écoulées. Quoiqu’il en soit, cela n’a rien apporté de bon, ni à elle, ni aux autres victimes de Riddle. Elle essaye de prévenir Penny, de la mettre en garde, de la préserver d’un sacrifice inutile et vain. « There’s no perfect solution here. There’s just me and the lie I’ve been living for almost a year. » Mais bien entendu qu’il n’y a pas de solution miracle, que se taire c’est avoir ça sur la conscience pour le reste de ses jours, c’est possiblement ne jamais guérir du traumatisme aussi. Elle acquiesce presque imperceptiblement, Victoire. Pourtant, parler ne l’a pas aidé à guérir, ça n’a fait qu’empirer son mal-être à cause du lynchage médiatique dont elle a été victime. Elle n’a fait que survivre toutes ces années durant. Il n’y avait aucun happy end possible pour elle à l’époque, quoiqu’elle ait pu faire, peut-être qu’il n’y en a aucun non plus pour Penelope et ça déchire le cœur de la Française.

Vic écoute le récit des faits et essaye de la rassurer, de la déculpabiliser, de trouver les points positifs dans son « affaire » mais même son témoin est déjà considéré comme le méchant de l’histoire dans la presse. Tout ça ne sent pas bon, et Vic se trouve à cours de paroles encourageantes, elle ne sait pas trop quoi dire. « There’s nothing to say. » C’est tristement vrai et elles restent ainsi en silence pendant quelques secondes, jusqu’à ce que Penny argumente que son silence n’a pas de conséquences que sur elle, elle se réfère clairement à sa co-star. Ce Rory que la presse fait passer pour le méchant. Ce Rory qui est une victime collatérale mais qui ne devrait pas prendre autant de place dans les préoccupations de Penny, elle doit penser à elle avant tout. Victoire essaye de lui rappeler que c’est elle la vraie victime ici, en oubliant que ramener une personne à son statut de victime n’est jamais agréable ni facile à entendre. Elle la sent se raidir, mais elle insiste et essaye de lui faire comprendre que son Rory ne souffrira pas bien longtemps de la situation, contrairement à elle. L’actrice dégage sa main de celle de la pâtissière, brusquement, et Vic comprend qu’elle a peut-être été trop loin. Elle n’y peut rien, son histoire fait qu’elle a une colère et une rancœur envers les hommes qu’elle a du mal à dépasser. Elle ne connaît rien de ce Rory, mais elle refuse par principe qu’il soit désigné comme victime de tout ça quand ce qu’il vit n’a rien de comparable avec le vécu d’une survivante à une agression sexuelle. « I can’t think like that. I can’t be the reason why his career is over. » Elle se sent coupable alors qu’elle n’y est pour rien. « He didn’t ask for any of this. » Victoire soupire doucement, sans aucun agacement, seulement une lassitude qui marque ses traits. « Listen to me. His career is probably far from being over, but even if it were, you would not be the reason why. You really think that it’s your fault ? What have you done to deserve this ? I tell you : nothing. » Personne ne mérite cela, quand bien même elle l’aurait laissé flirter, quand bien même elle aurait été intéressée par lui, même si elle avait couché avec lui de son plein gré avant cela, une agression sexuelle reste une agression et rien ne la justifie. Elle ne peut pas la laisser s’auto-flageller de la sorte, si elle veut perdre son énergie à s’inquiéter pour sa co-star, okay, mais qu’elle ne se rende pas en plus responsable de son sort. Elle pousse peut-être un peu trop, après tout elles ne se connaissent pas, et le fait qu’elles aient toutes deux subi des agressions sexuelles dans le milieu du show business n’en fait pas des personnes identiques qui pensent de la même façon et vivent les choses de manière similaire. « What would have you done differently? » Cette question tétanise Victoire, c’est une question qu’elle s’est posée des milliers de fois, en thérapie ou seule avec ses angoisses et elle n’a jamais trouvé de réponse satisfaisante. « … I… I don’t know… I can’t really know how it would’ve been for me, if I just kept my mouth shut. Maybe I couldn’t have lived with myself... » Le voir lui avec une autre jeune fille, ça avait été trop pour elle, elle n’avait pas pu vivre avec cela une journée de plus, alors elle n’aurait peut-être pas été jetée en pâture à la vindicte publique mais elle se serait peut-être tout simplement tranché les veines de culpabilité. Sa vie a été dure pendant et après le procès, mais peut-être qu’elle a tenu et survécu simplement parce qu’elle savait qu’elle avait fait ce qu’il fallait, même si ça avait été en vain.

Elle se sent à nouveau fébrile quand elle supplie Penny d’être sûre de son coup si elle fait appel à la justice. D’avoir les preuves nécessaires pour le mettre derrière les barreaux pour toujours et ne pas se retrouver accusée de diffamation comme ça a été son cas à elle. L’actrice semble retenir un rire nerveux, bien entendu qu’elle n’a aucune preuve irréfutable, celles-ci sont si rares dans les cas d’agression sexuelle. « I might as well surrender and accept that no one will ever know the truth. » Elle a l’air abattue et Vic regrette un peu d’avoir été si dramatique, elle lui a mis le moral à zéro. Elle la regarde avec l’air embêtée, se creusant la tête pour trouver quelque chose à dire qui lui redonnerait espoir, elle n’a pas envie de la pousser dans un gouffre de désespoir. « Not necessarily... » tente-t-elle pas vraiment convaincue elle-même. « That he will keep doing it. That our careers are done for. No problem. » « No… I’m sorry… It’s just… I just don’t want you to get hurt like me. But… My story isn’t yours, I shouldn’t discourage you like this… I’m sorry... » Elle n’ose pas reprendre la main de Penny, elle a l’impression que celle-ci est en colère contre elle. Mais elle essaye de capter son regard en s’abaissant à hauteur de ses yeux, rivés sur le sol. « Since Me Too, it’s been different, people believe more and more the victims… » … but not always… Il y a toujours quelqu’un pour crier au faux témoignage, pour trouver des mobiles aux dénonciatrices qui laissent à penser que leurs accusations sont simplement là pour leur bénéfice personnel, qu’elles peuvent en retirer de la publicité, de l’argent, de la célébrité… Vic se risque à poser sa main sur l’épaule de Penny, délicatement, comme si elle effleurait une pétale de rose fragile : « I agree that he never should get away with that… Even less being allowed around actresses... » Elle cherche ce qu’elle peut bien ajouter pour lui faire voir le bout du tunnel, remettre un peu d’espoir dans ses doux yeux emplis désormais de tourment. Puis, elle pense à quelque chose, s’il y a d’autres actrices, il y a probablement d’autres victimes, un recours collectif est probablement la meilleure option pour Penny. « If there are other actresses who worked with him, maybe there are other victims… Actually, it’s not maybe, it’s sure, thoses pigs can’t help themselves. It’s probably the safest bet, find others and convince them to take him down... » Vic essaye à tout prix de remettre du baume au coeur de Penny, mais elle ne va peut-être que l’ensevelir sous ses conseils, recommandations et mises en garde. Elle ferait peut-être mieux de se taire et de la laisser en paix, de repartir en claudiquant vers sa voiture, mais elle ne peut s’y résoudre, elle a envie d’être là pour elle, de l’aider et c’est aussi un peu égoïste, elle ne veut pas que cet instant de vérité prenne fin.

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