Je remonte pour la troisième fois en quelques minutes sur la balance, mais elle affiche cependant toujours le même poids. Comment est-ce que j’ai pu perdre quatre kilos en seulement deux semaines ? Il doit sûrement y avoir quelque chose qui ne fonctionne pas correctement. J’imagine déjà ce que ma mère aurait dit si elle était là, elle se serait inquiétée, comme elle le fait toujours. Elle m’aurait cuisiné des tonnes de plats pour que je reprenne du poids. Bon, je dois bien avouer que d’avoir des plats cuisiner ne me dérangerais pas, mais l’inquiétude, je m’en passe bien. Je repousse la balance sous le meuble de ma salle de bain avant de venir me passer de l’eau sur le visage. J’ai promis à Louise d’être là pour son anniversaire, pour gérer un peu la musique, mais surtout parce qu’elle est mon amie et pourtant, je n’ai qu’une envie c’est de dormir. Rien de spécial n’a changé dans mon rythme de vie ces derniers temps, rien n’a changé dans ma routine et pourtant, je suis épuisé. Je pourrais près de quinze heures par jour si je me laissais faire. Je soupire alors doucement, jette un regard à mon reflet dans le miroir de la salle de bain et grimace. Je n’ai vraiment pas bonne mine, je suis bien trop pâle malgré l’été qui s’est installé et je me promets d’aller bronzer un peu dans les jours qui arrivent. Je soupire une nouvelle fois avant d’aller enfiler un short et un t-shirt et d’enfoncer une casquette sur ma tête, au moins ça cachera un peu la misère.

C’est une petite heure plus tard que je me gare devant la maison de chez Louise. Elle habite un peu à l’écart de Brisbane, dans une belle villa depuis quelques mois maintenant et il faut avouer que c’est l’endroit idéal pour une bonne soirée. J’attrape le cadeau que j’ai posé sur le siège passager avant de me glisser vers la porte d’entrée. Un coup de sonnette et le visage familier de la brune apparaît. Elle a l’air bien plus en forme que moi. Je viens rapidement la serrer contre moi, je lui donne le cadeau et trouve rapidement le chemin vers le bar ou réside les bouteilles d’alcool. Je salue quelques têtes familière aux passages et échange deux-trois mots. Un bon verre d’alcool ça va m’aider à me mettre dans l’humeur de la soirée. Je tourne alors la tête vers la blonde qui vient de se glisser juste à côté de moi. « Je te conseille pas de boire ça, c’est bien dégeu. » Je lui dis en pointant du doigt le verre qu’elle vient de se servir. Elle est pas mal la blonde, vraiment pas mal mais au contraire de quatre-vingt-dix pourcents des gens présent, je ne l’ai jamais vu ici. « J’t’ai jamais vu dans le coin. J’m’appel Knox. » Je lui dis avec un sourire un peu charmeur.

@Shiloh Atkins

Une semaine que je suis de retour à Brisbane.
Une semaine que je suis allé sonner chez Lucia, sans même savoir pourquoi, comme par instinct de défense.
Une semaine que j’ai la sensation d’errer dans cette ville qui fut la mienne sans réellement avoir une idée de ce que pourra bien être la suite.

Prendre la décision de quitter Sydney s'est littéralement fait sur un coup de tête. Je ne pouvais plus supporter les reproches et la violence qui commençait à naître chez Lawrence. Je suis partie pour me protéger et pourtant aujourd’hui, j’en viens à me demander si j’ai fait le bon choix. Mon petit ami me manque, il n’a pas cherché à m’appeler ou à m’écrire depuis mon départ et je ne cesse de me demander ce qu’il doit bien penser de tout cela. Hier encore, je me suis surprise à regarder les billets d’avion pour repartir à Sydney alors que je n’ai pas vraiment d’argent en poche. Personne parmi mes proches ne sait que je suis rentrée si ce n’est Aaron. Il ne cesse de me dire d’aller voir Louisa, de téléphoner à Nathan, mais j’en suis tout simplement incapable. J’ai peur de ce qu’ils vont bien pouvoir penser de moi et surtout de ce qu’ils pourraient dire sur Lawrence. Il faudrait que je fasse la paix avec tout cela, il faudrait que je sois convaincue de ma décision, mais pour le moment je ne suis que perdue. Malheureuse et perdue.

Ayant définitivement besoin de me changer les idées, je finis par me lever pour enfiler une robe – une de mes créations – et mes converses blanches préférés. Il y a deux jours, au détour d’une rue, j’ai croisé d’anciens amis du Lycée qui m’ont parler d’une fête ayant lieu ce soir. Ils m’ont donné l’adresse, me faisant promettre de venir pour que l’on rattrape le temps perdu. Ce ne sont pas des amis proches, mais une soirée pour ne penser à rien me semble plus que nécessaire. Le reste pourra toujours attendre demain.

Je reconnais quelques têtes parmi les invités, échanges quelques paroles avec ces gens de mon passé sans jamais dévoiler la raison de ma présence en ville. La plupart ne savent même pas que je suis partie tant cela fait longtemps que nous nous n’étions pas vus. L’excuse est parfaite, juste une réunion entre anciennes connaissances. L’alcool coule à flots et je me dirige vers le bar improvisé pour me concocter une petite mixture. C’est toujours Lawrence qui gérait ma consommation avant. « Je te conseille pas de boire ça, c’est bien dégeu. » Mon regard se tourne pour croiser celui du garçon à mes côtés. « Tu me conseilles quoi alors ? » Instinctivement, je regarde par-dessus mon épaule pour m’assurer que Lawrence ne me verra pas discuter avec le jeune homme. « J’t’ai jamais vu dans le coin. J’m’appel Knox. » Je lève les yeux au ciel face à cette pick up line, quelque peu démodée. « Change de disque, je suis déjà prise. » En rien, je ne bronche face à mon mensonge tant cela me paraît évident de lui répondre ainsi. « Shiloh. » que je finis tout de même par lui dire. Je ne sais pas si je dois me méfier de lui, je ne sais pas ce qu’il me veut. Soudainement, je me sens bien moins à l’aise. « J’ai besoin d’un truc fort. »

Les fêtes c’est mon truc, ca l’a toujours été. J’adore cela. L’alcool, la chaleur humaine, les gens qui picolent trop, les nanas (ou les mecs d’ailleurs) et la drogue. Alors je n’aurais pas loupé cette soirée, je n’aurais jamais choisi de rester chez moi, malgré la fatigue que je ressens en ce moment. Je me dis que cela est sûrement dû à tout de ce qu’il se passe dans ma vie en ce moment, entre le boulot qui devient un peu dingue mais surtout l’accident de Mia il y a quelques semaines qui lui a valu un petit passage à l’hopital, cet endroit que je déteste tant. Alors un petit verre d’alcool, une petite pilule de couleur sous la langue et j’allais être à fond pour faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Arrivé dans la villa, je salue quelques personnes, échange quelques mots pour paraître un minimum poli. Je ne suis pas un grand bavard, discuter pour faire bonne impression ca n’a jamais vraiment été mon truc. Je déteste le ‘small talk’, les discussions inutiles, celle que les nanas que je rencontre en boite de nuit ont souvent envie d’échanger. Alors ce soir, je les évite au maximum, je souris, hoche la tête quelques fois avant de me faire rapidement un chemin jusqu’au bar. Une bouteille de whisky dans la main, je me verse un verre, bien dosé, parce que c’est exactement ce dont j’ai besoin et j’en bois une première gorgée. Le liquide me brûle un peu la gorge et je profite de cette sensation que j’aime tellement.

Lorsque je tourne le tête une jolie blonde apparaît à côté de moi, saisissant la bouteille de ce liquide dégueulasse que tant de nanas aiment pourtant. Je lui fais remarquer. « Tu me conseilles quoi alors ? » Me demande la jeune femme alors que je me tourne complètement vers elle pour me présenter. « Change de disque, je suis déjà prise. » Je laisse échapper un petit rire et lève les yeux au ciel. Elle a du caractère, et ca me plaît déjà bien. Mais à vrai dire, je ne suis pas trop d’humeur à draguer ce soir, pas vraiment. « Shiloh. » Elle finit par ajouter la blonde. « Enchanté Shiloh, et t’en fait pas, j’te drague pas. Si je le faisais, ca serait déjà partie gagnée. » Je lui fais un clin d’œil. « J’ai besoin d’un truc fort. » « Un truc fort pour la demoiselle alors. » Je me tourne à nouveau vers la table pour attraper un verre propre, la bouteille de vodka et celle de jus de cranberry. En général une bonne vodka plait toujours aux nanas, alors je me dis que je ne prends pas trop de risque. Je finis par lui tendre le verre. « Santé. » Un nouveau clin d’œil et je viens prendre une gorgée de mon verre. « Alors, Shiloh, tu viens d’où ? Parce que je suis presque sûre que je t’ai jamais vu chez Louise. Tu la connais d’où ? » Parce que Louise aussi est une sacrée fêtarde, mais je connais son cercle de sortie habituelle et jamais je n’y ai vu la belle blonde.

Pour dire vrai, je ne sais pas vraiment ce que je fais ici. J’ai déjà croisé quelques regards qui m’ont sembler familier et c’est une situation qui me stresse plus que de raison. J’aimerais que mon retour à Brisbane reste encore inconnu de tous, j’ai encore besoin de temps, besoin de trouver une solution qui me paraît durable. Pour le moment, rien ne semble l’être tant je suis partagée entre l’envie de repartir à Sydney et se rappelle constant de ce que Lawrence a bien pu me faire. Il a été violent, je ne peux pas lui pardonner cela. C’est si simple admis comme cela. En réalité, dans un coin de mon esprit, c’est bien plus complexe, bien plus douloureux aussi. J’ai la sensation d’être tiraillé dans tous les sens, de ne plus savoir où me poser. C’est probablement pour ça que je suis là en réalité, pour oublier un peu, pour tenter de faire la fête, parce que c’est quelque chose que je sais que cela finira par fonctionner. Il n’y a rien qu’un peu d’alcool ne peut résoudre non ? Ce que j’avais oublié, c’est la proximité avec les autres et notamment avec les hommes. Je n’avais pas prévu qu’un jeune homme m’aborde alors que je ne suis là que depuis quelques minutes seulement. J’utilise mon seul mécanisme de défense : la parole. Alors qu’à l’intérieur, je tremble comme jamais. « Enchanté Shiloh, et t’en fait pas, j’te drague pas. Si je le faisais, ça serait déjà partie gagnée. » Il est trop sûr de lui et cela me rappelle bien trop Lawrence. Je n’aime pas ça. Je sais que de je devrais partir, mais je suis comme cloué sur place, incapable de bouger. « Ne soit pas si sûr. » que je réplique malgré tout, alors que ma voix n’a rien de convaincante tant elle est faible et tremblotante. « Un truc fort pour la demoiselle alors. » Voilà. C’est tout ce qu’il me faut. Du coin de l’œil, je l’observe faire son mélange, je scrute le moindre de ses gestes pour être sûr qu’il ne glisse pas un truc dans mon verre. « Santé. » « Merci. » que je murmure avant d’avaler une longue gorgée de mon verre. Oui, vraiment, c’est tout ce dont j’avais besoin.

« Alors, Shiloh, tu viens d’où ? Parce que je suis presque sûre que je t’ai jamais vu chez Louise. Tu la connais d’où ? » Et l’espace d’un instant, je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Instinctivement, je dirais Sydney, alors qu’en réalité, c’est ici que réside ma vie. « Brisbane. » que je finis par répondre doucement. « Je la connais pas, je… C’est des connaissances de Lycée qui m’ont invité. » Je hausse les épaules ne voulant pas réellement me justifier bien plus. « J’avais besoin de sortir un peu, tu vas pas me dénoncer hein ? » Garder la face malgré tout, vouloir se montrer forte quand en réalité, j’aimerais qu’il prenne un ou deux pas de recul. « Je vais pas rester longtemps. » que je finis par ajouter comme pour me rassurer.

Une gorgée d’alcool qui me brûle un peu la gorge, qui me réchauffe un peu alors que je ne me sens pas au mieux de ma forme. Moi qui suis habituellement le premier à danser, à aller mixer un peu, à draguer la première personne qui me plaît, je ne me sens pas vraiment d’humeur. Je suis calme ce soir, un peu trop calme et ce n’est pas habituel, mais heureusement personne ne semble le remarquer et venir me demander si tout va bien. Je n’aurais de toute façon pas envie de répondre. Alors je reste un peu dans mon coin, mon verre à la main jusqu’à ce qu’une belle blonde vienne à mes côtés. Elle est belle, avec ses cheveux qui lui tomber sur les épaules, ses yeux bleus que je remarque presque immédiatement. Je ne peux pourtant pas m’empêcher de la chercher un peu, de lui faire remarquer que si je cherchais à la draguer ca serait sûrement déjà affaire faite. Si il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est que la confidence fait beaucoup quand il s’agit de trouver quelqu’un pour passer la nuit. « Ne soit pas si sûr. » Je ris un peu. En temps normal j’aurais sauté sur l’occasion pour la draguer, pour lui prouver le contraire. Je suis toujours prêt pour relever un challenge, et le fait que la personne en face puisse avoir quelqu’un dans sa vie ne m’a jamais freiné. Mais pas ce soir.

Elle n’a pas l’air vraiment dans son assiette la blonde en face de moi. Je ne la connais pas, je ne sais rien d’elle ou de sa vie, mais il y a quelque chose. Quelque chose qui pourrait attiser ma curiosité, qui pourrait me pousser à la questionner, mais je me contente de lui servir un verre d’alcool, comme elle me le demande. « Merci. » Je lui adresse un sourire avant de m’appuie un peu au bar pour me mettre face à la blonde et la questionner un peu. Elle semble hésiter. « Brisbane. » Je bois une gorgée. « Je la connais pas, je… C’est des connaissances de Lycée qui m’ont invité. » J’hoche la tête. C’est souvent comme cela dans ce genre de soirée. Un tel qui invité un tel qui vient avec des gens qu’elle connait, ce qui fait que des fois on se retrouve dans des soirée sans même en connaitre la personne qui host. « J’avais besoin de sortir un peu, tu vas pas me dénoncer hein ? » Sa phrase me surprend et me fait froncer les sourcils. A qui veut-elle que je la dénonce ? Mon regard croise le sien, quelques secondes mais cela me suffit pour y voir de la peur. Pourquoi a-t-elle peur ? « Je vais pas rester longtemps. » Et j’ai l’impression qu’elle fuit quelque chose. « Tu sais, on est pas en temps de guerre, j’vais te dénoncer à personne hein. » Je lui repond en lui souriant légèrement. « T’peux rester aussi longtemps que tu veux. » J’ajoute alors qu’elle regarde un peu autour, comme pour surveiller ou guetter quelque chose. « J’sais qu’on s’connait pas mais… T’es sure qu’tout va bien ? » Je lui demande. Parce que je connais ce genre de regard, je l’ai déjà vu chez certaines nanas qui viennent en boite avec leur mec qui n’ose pas trop s’éloigner. Je bois une gorgée de mon verre.

En réalité, je ne sais pas ce que je fais ici. Je suis sur mes gardes, à l'affût de la moindre personne qui s'approchera de moins et dans le stress constant que Lawrence ne soit pas d'accord. Sa présence flotte au-dessus de ma tête telle une épée de Damoclès. Si j'ai réussi à quitter Sydney, dans un coup de sang que je ne saurais encore m'expliquer, tout me rappelle sans cesse à mon petit ami. Il n'aimerait pas la robe que je porte ce soir et surtout, il n'apprécierait absolument pas que j'entame la conversation avec le blond qui s'est glissé à mes côtés. Pour être honnête, je n'ai pas spécialement envie de papoter non plus. Il est trop prêt, il est déjà trop dans une optique de séduction qui m'angoisse. Je tente de freiner ses ardeurs, mais il semble têtu et pas le moins sensible aux informations que je lui donne. Il est ce genre de garçon, ceux dont Lawrence me disait toujours de me méfier, de ceux qui couche avec tout ce qui bouge. À faire la s*lope t'attire les mecs comme ça Shiloh. Je jurerais encore entendre la voix grave du brun me faire des reproches, me dire que je me comporte comme une putain dès que l'on sort. Alors je me redresse et déjà, je cherche un échappatoire, mais il insiste le blond. Il me donne un verre que je bois sans même me méfier du contenu, j'ai juste besoin de m'embrumer l'esprit, juste oublié un peu, pour être moi. Je crois.

Comme une adolescente prise la main dans le sac, je balbutie quelques informations, lui réponds que je ne connais pas la maîtresse des lieux, mais que l'on m'a invité autrement. Soudainement, j'ai presque peur de ce qu'il pourrait me faire ou a qui il pourrait bien aller parler ensuite. Je réalise que Lawrence est originaire de Brisbane également, il connaît du monde ici. Peut-être qu'il a envoyé ce Knox pour me draguer, pour me prouver qu'en réalité, j'ai bien un comportement dégueulasse avec les hommes dès qu'il n'est pas là. D'un seul coup, c'est la seule chose qui m'obsède. Tellement que j'écoute à peine ce que me raconte le garçon. « Tu sais, on est pas en temps de guerre, j’vais te dénoncer à personne hein. » Je voudrais rire, paraître décontractée, mais aucun son ne sort de ma bouche. Mon regard ne cesse de vaciller entre le jeune homme et tous les gens qui nous entourent. « J’sais qu’on s’connait pas mais… T’es sure qu’tout va bien ? » Non. Non, je ne vais pas bien. Il faudrait que je sorte d'ici, mais je m'en retrouve incapable. Alors, je lui pose la première question qui me vient à l'esprit. « Tu connais Lawrence ? » Tout dépend de sa réponse, tout se détermine à cet instant.

Le mal de crâne que j’avais un peu en début de soirée commence doucement à s’intensifier, mais je décide de l’ignorer. Hors de question que je rentre déjà chez moi alors que la soirée ne fait que commencer. Quelques verres d’alcool et je ne sentirais plus rien, je ne sentirais plus la fatigue, le mal de tête et les nausées que je commence à avoir. Cela fait plusieurs jours que je ne suis pas en forme, mais je pensais vraiment que cela finirait par passer. Je connais ce genre de symptômes, il me rappel de mauvais souvenirs, mais je refuse d’y croire, je ne veux pas y croire, alors je pousse mon corps à combattre. Je sais que je ne devrais sûrement pas, que je devrais sûrement me rendre chez le médecin, mais je déteste les médecins et je déteste les hôpitaux. C’est une chose rare venant de moi, mais, ce soir, je ne suis même pas d’humeur à draguer, même pas d’humeur à chercher quelqu’un avec qui m’éclipser dans une chambre ou dans la salle de bain.

Je ne fais donc que discuter avec la blonde qui a pris place à côté de moi face au bar d’alcool. Elle non plus n’a pas l’air vraiment sans son assiette, mais d’une manière bien différente de la mienne. Il y a quelque chose de vulnérable dans la jeune femme face à moi, quelque chose qui me perturbe. Elle a l’air d’avoir peur, d’être terrifié même, mais de quoi, je l’ignore. Elle scanne autour d’elle comme si elle s’attendait à ce quelqu’un qu’elle connaisse et qu’elle n’a pas envie de voir débarque. Elle scanne comme si elle était prête à aller se cacher dans le placard le plus proche et cela me fait froncer les sourcils. De quoi est-elle si inquiète ? Je finis par lui demander si tout va bien et c’est comme si ma question la rend encore plus nerveuse. « Tu connais Lawrence ? » Je fronce les sourcils encore plus. Elle a donc bien peur de quelqu’un, quelqu’un qui s’appelle Lawrence visiblement. « Non. Je connais pas de Lawrence. » Je la regarde et viens doucement mettre mon regard dans le sien. « Eh… Respire… » Je lui dis alors qu’elle semble retenir sa respiration, qu’elle semble sur le point d’exploser. « Personne s’appelle comme ca dans le coin et ce mec te fera rien. » Parce que c’est un peu évident, elle a peur de ce mec. « Tu veux en parler ? » Parce que j’ai beau être un connard, j’ai mes limites, et jamais je ne laisserais quelqu’un faire du mal à une femme. Mais c’est à mon tour de prendre une grande respiration pour essayer de me sentir un peu mieux.

J'entends mon cœur battre dans mes oreilles alors que mon regard ne cesse de balayer la pièce devant moi. Quelle idée de venir prendre place dans le lieu le plus à découvert, j'aurais dû rester dans une autre pièce, quoique ici, j'ai plusieurs solutions de fuite. Et pourquoi, je ne cesse de penser à lui alors qu'il est à Sydney ? Enfin... Est-il vraiment encore là-bas ? En réalité, je ne suis au courant de rien puisque je ne cesse de couper mon téléphone, refusant de le voir m'appeler au risque de me déclencher une crise de tétanie. Cette soirée que je voulais légère est véritablement en train de se transformer en cauchemar tant mon cerveau semble envahi de toute part. Et puis il y a ce mec à mes côtés, celui qui est venu me parler et qui désormais commence à me faire peur. Je voudrais qu'il s'éloigne un peu, mais son corps me cache du reste des gens et je suis prête à prendre n'importe quel bouclier, juste pour me faire oublier. « Non. Je connais pas de Lawrence. » C'est un véritable soulagement qui s'empare de moi alors je souffle un bon coup. Il ne le connaît pas. Ce n'est pas un de ces amis qui essayent de me tendre un piège. Je suis bien trop naïve pour tenter d'imaginer, ne serait-ce qu'une seule seconde, la possibilité que ce gars puisse me mentir. « Eh… Respire… Personne s’appelle comme ça dans le coin et ce mec te fera rien. » Je voudrais hocher la tête, répondre que je n'ai peur de personne, mais j'en suis bien incapable. Comme pour lui prouver qu'il a raison, mon regard scanne la pièce une dernière fois. Il n'est pas là, je ne le verrais pas ce soir. « Tu veux en parler ? » « Je vais bien. » Si je le répète assez souvent, est-ce qu'il finira par me croire ? Alors qu'il semblerait que la peur se lise sur mon visage... Est-ce que lui aussi arrive à voir la trace de coup qui subsiste sur ma joue ? L'idée même me renvoie à une véritable vague de panique. « Je devrais rentrer. » J'allais dire chez moi, mais en réalité, je n'ai plus de chez moi ici. Je crois que la tête me tourne, je n'en sais trop rien. Mon regard capte celui du blond et soudainement mes sourcils se froncent. « T'es tout pâle... » Et pas le genre de pâle qui annonce quelque chose de bon. Me concentrer sur lui pour ne pas penser à moi, énième tentative de diversion.

Lawrence n’est pas un prénom rare en Australie, il doit sûrement y en avoir des tonnes à Brisbane, mais le prénom semble effrayer la blonde en face de moi. Qu’est-ce que ce dénommé Lawrence a bien pu lui faire pour que son simple prénom, ou la simple idée que je puisse le connaître la terrifie à ce point ? J’aimerais en savoir plus, parce qu’une partie de moi sens bien que quelque chose n’est pas normal, une partie de moi sens qu’il faudrait aider cette jeune femme face à moi. Mais comment ? Je veux dire, je viens à peine de la rencontrer, je ne la connais absolument pas, et même si je ne connais pas le mec dont elle parle, je suis persuadé qu’il ‘bad news’. Alors je tente de la rassurer, de lui dire que ce mec ne lui fera pas de mal, parce qu’il n’est pas là, parce que ne suis même pas sur que quelqu’un connaisse un Lawrence dans cette maison. Je tente même de lui proposer d’en parler et sa réaction ne fait que confirmer cette idée que ce mec et tout sauf quelqu’un de bien. « Je vais bien. » Me dit-elle alors qu’elle fuit mon regard, qu’elle semble avoir envie de prendre la fuite. Je me recule pourtant d’un pas, parce que j’ai l’impression que ma présence ne l’aide pas. Moi qui ne suis pas le mec le plus fin de la terre, je tente de ne pas l’effrayer davantage.

« Je devrais rentrer. » Si je ne me sentais pas aussi mal, j’aurais sûrement répondu, j’aurais sûrement essayé de la retenir, de lui dire qu’elle n’a pas besoin de fuir, mais je n’y arrive pas. Je suis pris d’une vague de nausées et j’ai l’impression que si j’ouvre la bouche, je vais être malade. Je pose discrètement ma main sur le bar, pour ne pas tomber alors que je suis pris de vertige. Je tente de ne rien laisser paraître, de faire comme si de rien n’était, mais je pense que cela se voir malheureusement sur mon visage. « T'es tout pâle... » Je l’entends à peine prononcer ses mots. « Je… Excuse moi. » Je repose mon verre, un peu trop brutalement peut être et sans attendre une seconde de plus, je me fraye un chemin jusqu’aux toilettes les plus proche. Je me penche au-dessus de la cuvette et me mets à vomir, rien de bien glamour. Je sais que ca ne peut pas être l’alcool, après tout je n’ai même pas encore bu un verre entier. Je me laisse glisser contre le mur, et m’assois par terre, fermant les yeux, n’ayant pas remarqué que la blonde avec qui je discutais quelques minutes plus tôt m’a suivi. Toute cette situation me semble si familière et c’est pour cela que c’est si terrifiant. La dernière fois que j’ai été aussi malade, j’ai passé les mois qui ont suivi à faire des aller-retour entre chez moi et l’hôpital.

Ce n’est que quelques minutes plus tard, en rouvrant les yeux que je remarque la blonde qui se tient près de la porte. Elle semble hésiter. « J’vais bien… » Mensonge. J’ai plutôt envie de m’allonger par terre ou de rentrer chez moi et de me mettre sous ma couette pour le reste de la nuit. « Ca va passer. »

Je ne sais toujours pas ce que je fais encore à cette soirée, à côté de ce Knox qui ne cesse de me dévisager comme si j’étais une folle. Il ne doit pas avoir le temps de gérer une fille comme moi, une de celle qui est complètement terrorisée par un simple prénom. Je me sens comme une idiote, mais suis bien incapable d’agir là-dessus. Alors je descends mon verre comme si c’était la seule chose à laquelle je pouvais bien me raccrocher. Cela me laisse tout le temps du monde pour observer le jeune homme qui n’a toujours pas décidé d’aller voir ailleurs. Je peux voir que son visage ne cesse de se tordre d’une manière qui n’a rien de bien naturel. S’il semblait vouloir draguer tout à l’heure, il semble dans un tout autre état. Quelque chose qui n’annonce pas franchement quelque chose de bon pour être honnête. Il est si pâle que bientôt, il pourra se confondre avec la nappe sur la table. « Je… Excuse moi. » Et dans la seconde qui suit, il s’en va comme s’il allait vomir sur tout le monde. Je devrais prendre cela comme un signe de partir de là, de rentrer m’enfermer dans cet appartement qui est devenu mon refuge. En rien, je n’avais prévu que mes pas m’emmènent à la suite du jeune homme. « Attends. » que je m’entends crier par-dessus la musique, mais il est déjà un peu trop loin. J’ai juste le temps de le rattraper alors qu’il se précipite vers les toilettes pour vider le contenu de son estomac. Il a probablement trop bu, c’est ce que je me dis. Jusqu’à ce que je remarque les tremblements dans son corps et cette fine pellicule de transpiration qui recouvre ses tempes. « Tu as besoin de quelque chose ? » que je lui demande timidement alors qu’il se relève avec un peu de difficulté. Il a probablement besoin d’un verre d’eau alors je m’avance vers l’évier pour retirer les brosses à dents du pot et lui donner un peu d’eau fraîche. « J’vais bien… » qu’il m’assure presque trop tremblant. « Ça va passer. » Je secoue la tête et force le verre entre ses mains. « Sans vouloir t’offenser t’as pas l’air bien du tout. » Non vraiment pas du tout et cette soirée remplie de monde ne va pas franchement l’aider. « Tu devrais t’asseoir un peu. » Et sans lui demander son avis, je le pousse vers le rebord de la baignoire pour qu’il prenne un temps pour souffler. « Tu veux que je te ramène ? »

Elle a l’air inquiète, perdue, elle a même l’air d’avoir peur la belle jeune femme qui se trouve en face de moi. Et si je ne commençais pas à me sentir vraiment mal, j’aurais sûrement creusé, chercher à en savoir plus, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. J’ai l’impression que ma tête se serre tellement elle me fait mal et je suis pris de frissons, la température de mon corps étant sûrement trop en train de monter. Cela fait des jours, des semaines même que je fais ce genre de malaise, que je me sens fatigué et que d’un coup je suis pris de nausées, de fièvre et de tremblement. Elle le remarque d’ailleurs sûrement la blonde qui se tient face à moi parce qu’elle me fait remarquer que je suis pâle. Je tente de lui adresser un sourire, de la rassurer, mais je dois sûrement plus faire peur à voir qu’autre chose. Je finis par lui demander de m’excuser et me précipite vers les toilettes les plus proches. J’ai à peine le temps d’y arriver que le contenu, presque vide, de mon estomac se vide dans les toilettes. Je m’assois par terre, ayant l’impression d’être sur le point de tomber. Je ferme les yeux quelques secondes et c’est la voix de la jeune femme de tout à l’heure qui me fait les rouvrir. « Tu as besoin de quelque chose ? » Je secoue la tête, n’ayant pas vraiment pour habitude que l’on s’occupe de moi.

Je tente de la rassurer, de dire que ca va passer, mais elle semble bien déterminer à ne pas partir. « Sans vouloir t’offenser t’as pas l’air bien du tout. » Ajoute-elle en me mettant le verre d’eau qu’elle vient de remplir dans la main. Je la regarde quelques secondes, et à vrai dire à part rester dans la salle de bain jusqu’à je me sente mieux et que je puisse conduire, je ne vois pas vraiment ce que je peux faire. « Tu devrais t’asseoir un peu. » Et sans me laissé le choix, elle me pousse jusqu’à a ce que je me retrouve les fesses posées sur le bord de la baignoire. Je bois alors le verre d’eau qu’elle m’a tendu quelques secondes plus tôt. Plus les semaines passent et plus je reconnais les malaises que je fais, les symptômes qui débarquent, mais je refuse de l’admettre. « Tu veux que je te ramène ? » « C’est gentil, mais t’as sûrement mieux à faire. » Que je lui dis en fermant les yeux à nouveau quelques secondes. « Et puis, il y a quelques secondes t’avais qu’une envie c’est que je te laisse tranquille non ? » Je lui demande. Il n’y a pas d’agressivité dans ma voix, juste une véritable question. Je finis par me relever, m’avance vers le lavabo et l’allume pour venir me passer la tête sous l’eau froide. Ca me fait du bien, c’est frais. Je retourne ensuite m’asseoir sur le bord de la baignoire. « T’as vraiment pas besoin de rester tu sais. Ca va passer et je rentrerais chez moi. » Oui parce que je ne suis vraiment pas dans un état à picoler de nouveau.

Je devrais le laisser se débrouiller, je ne le connais pas du tout, c’est pas parce qu’il m’a donné son prénom et un verre d’alcool que je me dois de faire attention à lui. Pourtant, c’est plus fort que moi, je suis le jeune homme dans la salle de bain. Il est si pâle qu’il m’inquiète réellement. J’ai peur qu’il se sente encore plus mal et qu’il vrille pour aller s’éclater le front sur la faïence du lavabo. Il tente de me rassurer, probablement pour que je le laisse tranquille, mais ma conscience – ou un instinct inexplicable – me force à rester aux côtés de Knox. Je le force à s’asseoir sur le rebord de la baignoire pour éviter la chute, pour le protéger un peu. Rapidement, je trouve de quoi lui servir un verre d’eau et finis par verrouiller la porte derrière nous. Ce n’est pas le moment qu’un couple qui est subitement envie de copuler entre ici. Vu la taille de la maison, il y aura bien d’autres salles de bains à trouver. Il prend le temps de souffler le blond, mais il ne retrouve pas vraiment ses couleurs, bien au contraire. Incapable de l’abandonner à son sort, je propose de le ramener. « C’est gentil, mais t’as sûrement mieux à faire. » Pas vraiment, mais je ne suis pas du genre à forcer non plus. « Et puis, il y a quelques secondes, t’avais qu’une envie, c’est que je te laisse tranquille non ? » Je pouffe quelque peu, alors que mes joues virent aux rouges. « Il y a quelques secondes, tu semblais péter la forme. » Juste pour lui prouver que tout peut changer très rapidement. En un claquement de doigt. Je le sais bien mieux que n’importe qui. « Je me sentirais mal de te laisser seul. » C’est dans ma nature et il ne pourra rien changer là-dessus, malheureusement pour lui. « T’as vraiment pas besoin de rester, tu sais. Ça va passer et je rentrerais chez moi. » Je hoche la tête, mais viens m’asseoir sur le rebord de la baignoire avec lui. « Tu devrais pas conduire. » Il semble au bord du malaise, vraiment, il ne devrait pas se mettre en danger comme ça et penser aux autres aussi. « On va rester là un peu, c’est rien. » que j’ajoute en lui souriant un peu. « Ca t’arrive souvent ? »

J’ai la tête qui tourne, le cerveau qui se compresse et j’ai l’impression que je vais me remettre à vomir. J’ai chaud et j’ai froid en même temps et je regrette honnêtement beaucoup d’être venu à cet instant précis. J’aurais aimé être chez moi, sous ma couette, à essayer de dormir plutôt que dans cette salle de bain bien trop grande. Je dois avoir vraiment une tête à faire peur parce que la blonde qui m’a suivi me regarder comme si j’allais disparaître d’une seconde à l’autre. Je ne lui dirais pas, mais je crois qu’au fond je suis content de ne pas me retrouver seul à cet instant précis. Je ne la connais pas, et elle non plus, mais elle semble bien intentionnée. Si dans mon état normal je l’aurais sûrement envoyé chier pour qu’elle me foute la paix, je ne suis pas du tout en état d’hausser la voix, ou même d’être dur dans mes paroles. Je saisis le verre qu’elle me tend avant de me forcer à m’asseoir sur le bord de la baignoire et je remarque à peine qu’elle verrouille la porte de la salle de bain derrière elle, sûrement pour que personne ne débarque. « Il y a quelques secondes, tu semblais péter la forme. » Elle n’a pas tout à fait tord, à part des maux de têtes, tout allait bien il y a quelques minutes. « Je me sentirais mal de te laisser seul. » Je ferme les yeux, parce que je n’ai pas du tout envie de voir la pitié dans ses yeux et soupire une nouvelle fois. « Génial, de la pitié. J’en ai pas besoin. » J’ajoute d’un ton un peu sec.

Je finis par boire le verre cul-sec avant de me relever pour aller me passer de l’eau sur le visage et sur la nuque, ce qui me fait du bien pendant quelques secondes. Je lui dis alors qu’elle n’a pas besoin de rester, mais elle semble aussi têtue que moi la blonde. « Tu devrais pas conduire. » Elle n’a pas tout à fait tort, je ne suis pas en état de conduire, mais je ne lui dirais pas. « On va rester là un peu, c’est rien. » Qu’elle ajoute et alors que je relève la tête vers elle, elle sourit, pour la première fois depuis que je l’ai rencontré. Il y a vraiment quelque chose de triste dans son regard, et pourtant elle a l’air de sourire sincèrement même si c’est timide. Je reviens alors m’asseoir par terre, mettant mon dos contre le bord de la baignoire ou elle est assise. « Ca t’arrive souvent ? » J’hausse les épaules. « On peut dire ca. » Depuis quelques semaines mon corps semble être doucement en train de me dire merde. Je me doute un peu de ce qu’il se passe, parce que ce n’est pas la première fois, mais je refuse d’y croire, je refuse de ma relancer dans autant de temps à l’hôpital. « Ca te dérangerait d’aller m’attraper la boite de doliprane ? » Je lui montre le placard en fasse de nous. Je connais cette maison, pour y être venu déjà quelques fois. « Merci… » Je lui réponds avant de prendre deux dolipranes de mille et de les avaler. Je regrette de ne pas avoir pris mes sachets de drogue avec moi ce soir.

« Génial, de la pitié. J’en ai pas besoin. »
« Je… Je voulais pas… »

Je balbutie tellement que rien ne semble intelligible. Tout ce qui m’inquiète, c’est que je pourrais l’énerver de trop. J’ai peur du geste brusque, de ce qu’il pourrait faire si je dis quelque chose de travers. Alors, je bégaye comme une adolescente. Les mains tremblantes, je lui donne un verre d’eau pensant que cela pourra l’apaiser quelque peu. Il est tellement pâle que c’est probablement ce qui m’inquiète le plus pour le moment. Qu’importe s’il prend cela pour de la pitié, ce n’est pas cela, c’est juste une vraie inquiétude. « Je… T’es juste vraiment pâle, c’est pas normal. » Il allait très bien il y a quelques minutes, je le voyais de mes propres yeux. Il n’a pratiquement rien bu et voilà qu’il est devenu tout blanc, que son front se couvre d’une fine couche de sueur et qu’il semble trembler un peu lui aussi. Je veux juste m’assurer qu’il ne se précipite pas à partir. Je refuse d’entendre dès demain qu’il a eu un accident et que c’est parce que je n’ai pas su le retenir. Timidement, je lui offre un sourire et une main sur une épaule. Je ne le connais pas, mais je m’inquiète sincèrement pour lui. « On peut dire ça. » Alors ce n’est pas une première pour lui. Est-ce qu’il est malade et qu’il se refuse de le dire ? « Je peux faire quelque chose pour aider ? » que je lui demande alors sans jamais quitter son visage du regard. « Ça te dérangerait d’aller m’attraper la boite de doliprane ? » « Non bien sûr. » Je lui souris doucement et me lève pour aller fouiller dans le placard à médicaments afin de lui trouver une boîte de doliprane. « Tiens, tu devrais en prendre deux, c’est que des 500. » Chaque personne qui a régulièrement mal à la tête sait que ce n’est pas suffisant pour aller mieux. « Merci… » Je lui souris à nouveau et reviens m’asseoir en face de lui, sur la cuvette des toilettes fermées. « Vraiment, je peux te ramener. » que je lui annonce à nouveau. « Ça me dérange pas du tout. » Je connais bien la ville, je peux l’emmener où il le souhaite, ce n’est rien. « Tu devrais pas rester tout seul ici. » Parce que les autres en auront clairement rien à foutre, c’est bien le genre de personne. « Je comptais pas rester de toute façon. »

« Je… Je voulais pas… » J’aurais sans doute dû remarquer son pas en arrière, la peur dans ses yeux. J’aurais dû me douter qu’il y a quelque chose qui n’allait pas quand elle se met à bégayer, mais je me sens tellement mal que je ne relève rien. Je ferme simplement les yeux quelques secondes, pour essayer de faire passer la nausée, pour essayer de ne pas rendre le contenu (pourtant vide) de mon estomac. Je n’ai pas beaucoup bu, pas assez pour que cela me rende malade, je le sais parce que je ne suis jamais malade quand je bois. « Je… T’es juste vraiment pâle, c’est pas normal. » Je relève les yeux vers elle. « Je vais bien. » Bullshit

Je me passe le visage sous l’eau, ayant besoin de quelque chose pour cesser de transpirer ou même de trembler. Si je n’avais pas d’autre sympa on pourrait croire que je suis simplement en manque, que j’ai simplement besoin d’une bonne petite pilule pour que tout s’arrête. En réalité, je rêve de pouvoir prendre un truc qui me soulagerait, parce que j’ai l’impression d’avoir le corps en feu, mais je n’ai rien emmener aujourd’hui. Je n’ai pas une seule drogue dans la poche et je le regrette vraiment amèrement à ce moment-là. Je finis par me laisser glisser de nouveau le long de la baignoire pour m’asseoir par terre alors que la blonde inconnue me tend un verre. Elle me demande si c’est la première fois que je fais ce genre de malaise et dans le fond, je sais parfaitement ce qu’ils signifient, je ne veux juste pas voir la vérité. « Je peux faire quelque chose pour aider ? » « A moins que t’es de la cock sur toi, non pas vraiment. » Je lui réponds simplement sans réfléchir au fait qu’elle n’a pas du tout une tête à toucher à ce genre de chose. Alors à la place je lui demande simplement de m’attraper la boite de doliprane dans l’armoire à pharmacie au-dessus du lavabo. « Non bien sûr. » Elle fouille dans le placard alors que je viens me masser les tempes. « Tiens, tu devrais en prendre deux, c’est que des 500. » Je ne réponds pas et en fait même glisser trois dans ma bouche. Même pas sur que cela fasse effet. Je les avale avec le verre d’eau.

« Vraiment, je peux te ramener. Ça me dérange pas du tout. » Je relève à nouveau le regard vers elle. Elle a vraiment l’air fragile, comme si elle pouvait casse en moins de deux secondes, mais à vrai dire j’ai vraiment de plus en plus envie de rentrer chez moi. « Tu devrais pas rester tout seul ici. Je comptais pas rester de toute façon. » Je finis par hocher la tête. « Okay. » Je me relève et me tiens un peu au lavabo pour être sûr de ne pas me casser la gueule avant de la suivre jusqu’à sa voiture. Moi qui suis d’ordinaire plutôt bavard et plutôt taquin, je ne dis pas grand-chose pendant le trajet, me contentant de lui donner les directions. Elle finit par s’arrêter devant mon immeuble. « Merci. » Je lui dis simplement avant d’ouvrir la portière mais un instinct me retient quelques secondes alors que je sors un vieux ticket de caisse de ma poche et y note mon numéro. « Appel moi, si t’as besoin de quoi que ce soit. Je te dois quelque chose. » Je lui dis, repensant à sa réaction quand elle parlait de ce fameux Lawrence, mais trop fatiguée pour en dire plus. Je rentre chez moi.

- FINI -