| marius&joanne + voices filling up your mind |
| | (#)Jeu 19 Nov 2020 - 19:45 | |
| VOICES FILLING UP YOUR MIND | |
Le directeur de thèse de Joanne n'était pas des plus commodes qui soient. Particulièrement pointilleux, voire même trop exigent, il mettait ses nerfs à rude épreuve. Mais elle était suffisamment motivée et perfectionniste pour ne pas se laisser abattre. Elle tenait à ce que chaque étape de sa thèse soit parfaite, que le dossier qu'elle était en train de monter soit béton pour que l'on n'ait pas grand chose à lui reprocher. Bien sûr, la documentation venait à ses limites et la jeune femme se devait de négocier et programmer des voyages en Italie. Elle devait voir les oeuvres de ses propres yeux, ainsi que l'avancement des recherches des experts sur place et celle de la restauration également. Après tout, l'objectif était d'exposer ces tableaux au QAGOMA pour finaliser son doctorat. En d'autres circonstances, Joanne n'aurait pas été aussi stressée à l'idée de voyager. Mais avec une instance de divorce en cours où les partis n'arrivaient pas à se mettre d'accord, et deux enfants dont elle aurait très probablement la garde totale, la petite blonde paniquait lorsqu'elle essayait de trouver comment elle pouvait s'organiser. Selon les décisions du juge, Jamie n'aurait-il pas au moins droit à la garde des enfants pendant la moitié des vacances ? Elle pourrait donc ainsi placer ses voyages durant ces périodes-là. Rien n'était encore officiellement planifié que l'organisation relevait déjà du casse-tête. N'étant guère suffisamment proche de ses parents, elle ne se voyait pas les confier à eux pendant deux semaines. Envisager une aide extérieure à son cercle lui semblait être indispensable, encore faudrait-il qu'elle parvienne à accorder la garde de ses deux enfants à une personne qu'elle ne côtoyait pas depuis assez longtemps pour bien la connaître. Elle essayait de chasser toutes ses pensées et ses tracas juste avant le cours qu'elle devait donner. A partir du moment qu'elle avait des impératifs, de ce quoi s'occuper l'esprit, elle semblait revivre durant ce temps imparti. Dès qu'elle rangeait son ordinateur et toutes ses notes à la fin du cours, elle repensait au désordre que sa vie pouvait être par moment. Avant de rejoindre le musée, elle désirait vraiment voir Marius, discuter avec lui. Peut-être lui parler de son divorce, mais là n'était pas le but premier de sa visite. Elle toquait très timidement à la porte de son bureau, toujours par crainte de le déranger. C'était avec tout autant de délicatesse qu'elle ouvrit la porte et que le regard de son mentor croisait très rapidement le sien. "Bonjour." dit-elle d'une voix légèrement enrouée; voix qu'elle s'éclaircit tout de suite après. Elle prenait le soin de fermer la porte derrière eux. Elle n'aurait pas apprécié que des paires d'oreille indiscrètes ne viennent écouter leur conversation. "Je ne te dérange pas ?" demandait-elle, voulant tout de même s'assurer qu'elle ne le perturbait pas trop dans son travail. Nerveusement, elle glissait un mèche derrière son oreille pendant qu'elle s'approchait de son bureau. "Je tenais à passer te voir pour voir comment tu allais." Il y avait de quoi s'inquiéter, après tout. Mais peut-être que le professeur ne voyait pas de quoi elle pouvait bien parler en débarquant ainsi, sans faire allusion à la raison de sa venue. "J'ai appris que des paparazzis t'avaient embêté, toi et... la femme pour qui tu as des sentiments." Sur le coup, son prénom lui échappait totalement. Il lui fallut quelques secondes pour finalement le retrouver. "Colleen, c'est bien ça ?" Joanne espérait ne pas paraître trop maladroite ou invasive, sur sa façon de prendre de ses nouvelles. Elle s'attendait même à être éjectée du bureau, ce pourquoi elle restait debout. "Je n'ai pas vraiment de mérite à dire que je sais ce que c'est et... Je sais combien on peut se sentir seuls dans ces moments là." Du moins, c'était ainsi que Joanne l'avait vécu et le vivait encore. Elle se doutait que le divorce se saurait d'un jour ou l'autre, et que cela ferait à nouveau couler l'encre. La petite blonde était épuisée, de cette pression médiatique. Elle arrivait à l'ignorer et se murait dans son silence pour ne pas empirer les choses, mais à la longue, elle en était éreintée. Ce n'était pas une vie faite pour elle. "Tu étais déjà inquiet pour vous deux avant que l'émission ne commence et voilà que tu dois subir sa popularité et..." Les mots lui manquaient. Elle soupirait, les bras ballants, impuissante. "Et je me suis faite du soucis pour toi." Ce n'était pas une situation enviable. Même s'ils étaient collègues depuis plusieurs mois, une partie de Joanne ne pouvait s'empêcher de continuer à le considérer comme son professeur; cette personne qu'elle admirait. A ses yeux, elle ne pourrait jamais lui arriver à la cheville et elle pensait que Marius la considérerait toujours comme l'une de ses étudiantes, et donc, comme une personne qui n'avait pas à se mêler de ses affaires personnelles. "Tout ceci pour te dire que si jamais tu avais envie d'en parler, je suis là." conclut-elle après un nouveau long silence. Elle se sentait soulagée d'un poids, d'avoir dit ce qu'elle voulait dire sans avoir à prendre les jambes à son cou ni être interrompue pour être fichue à la porte.
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| | | | (#)Lun 23 Nov 2020 - 9:08 | |
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Voilà une renommée dont tu te serais bien passé. Race of Australia avait peut-être été une merveilleuse aventure à tourner pour Colleen mais la diffusion tournait au cauchemar. Il était évident qu’elle n’avait pas imaginé les retombées médiatiques de cette émission et il fallait avouer que toi non plus. Ne regardant pas de télé-réalité et t’intéressant peu aux différents potins et rumeurs qui pouvaient exister dans les journaux, tu ne t’étais pas rendu compte de l’ampleur que pouvait prendre une participation dans ce genre d’émission. Et tu te rendais compte de l’ampleur de la chose uniquement maintenant que tu y étais confronté. Cela ne changeait en rien tes sentiments pour Colleen et ne justifiait pas à tes yeux le besoin de s’éloigner mais tu avais peu lire l’inquiétude sur les traits de la jeune femme ces derniers temps. Des sources d’inquiétude, il y en avait un certain nombre pour Colleen mais la dernière avait tout raflé. Cela faisait déjà plusieurs semaines que Race of Australia était terminé et tu avais bêtement pensé qu’en vous éloignant du centre ville de Brisbane, vous pourriez passer une soirée tranquille, rien que tous les deux. Cela faisait tellement longtemps que Colleen ne s’était pas laissée la possibilité de sortir … Et aujourd’hui elle devait regretté d’avoir accepté ton invitation car le surlendemain, votre photo sur la plage était en première page des journaux. Un post sur les réseaux sociaux par deux idiots avait tout changé et pas que pour le meilleur. Tu ne savais pas si Colleen avait pu voir sa fille, toi, tu ne l’avais pas vue depuis la publication des clichés. Par contre, tes élèves ne s’étaient pas gênés pour te faire quelques petites remarques. Les mieux intentionnés te taquinaient gentiment en te faisant comprendre qu’ils étaient heureux pour toi, les autres cherchaient des scoops et des informations personnelles que tu ne leur donnerais jamais. Tes cours n’avaient jamais vu autant d’étudiants qui s’invitaient d’eux-mêmes ces derniers jours et cela t’exaspérait au plus haut point. Tu n’avais jamais recherché la célébrité, l’arborant plus qu’autre chose mais c’était surtout de devoir la gérer qui te dérangeait. Car tu avais l’impression d’être un aveugle, avançant dans un environnement où seul un trou noir t’entourait. Et autant dire que tu détestais cette sensation … Désormais, quand tu n’étais pas en cours, tu t’enfermais dans ton bureau. S’il fallait que tu te déplaces, tu essayais de le faire de manière très raisonnée. Autant dire que cela n’arrangeait pas tes ambitions de prendre le poste de doyen du département des arts de l’université mais ça c’était un autre problème. Les deux idiots que vous aviez croisés sur la plage s’étaient fait un plaisir de raconter à qui voulait l’entendre que tu n’avais pas hésité à te montrer violent ce qui n’était pas tout à fait faux mais pas totalement vrai non plus. Et puis pour l’instant tu n’étais qu’un visage aux bras de Colleen mais tu ne te faisais pas d’illusions, les journalistes (pouvais-tu vraiment les appeler ainsi ?) ne mettraient pas longtemps à trouver ton nom et il leur faudrait une demi-seconde pour se rendre compte que tu étais le frère de Tommy, ça tu en étais certain. Tu essayais de te concentrer sur les projets de fin d’année rendus par tes élèves quand des coups furent frappés à la porte de ton bureau. Avant que tu ne pus répondre, la porte d’ouvrir et la tête de Joanne apparut dans l’entrebâillement de la porte. « Bonjour. Je ne te dérange pas ? » Un sourire apparut immédiatement sur tes lèvres. C’était toujours un plaisir pour toi de voir Joanne donc tu secouais la tête en disant : « Non pas du tout, je t’en prie, entre. » Elle allait certainement te permettre de te changer les idées. Tu lui fis signe de venir s’asseoir en face de toi quand elle eut fermé la porte derrière elle. Il y avait un petit air sérieux sur ses traits, un petit air inquiet peut-être aussi. Tu la regardais passer nerveusement une mèche derrière son oreille te demandant ce qui pouvait bien l’amener. Aux dernières nouvelles, sa thèse se passait plutôt bien. « Je tenais à passer te voir pour voir comment tu allais. J'ai appris que des paparazzis t'avaient embêté, toi et... la femme pour qui tu as des sentiments. Colleen, c'est bien ça ? » Ah … Oui … Ce n’était pas très surprenant que Joanne ait eu vent de cette histoire. Tu te contentais d’hocher la tête dans un premier temps parce que oui, c’était bien comme cela qu’elle se prénommait. « Je n'ai pas vraiment de mérite à dire que je sais ce que c'est et... Je sais combien on peut se sentir seuls dans ces moments là. Tu étais déjà inquiet pour vous deux avant que l'émission ne commence et voilà que tu dois subir sa popularité et... Et je me suis faite du soucis pour toi. Tout ceci pour te dire que si jamais tu avais envie d'en parler, je suis là. » Tu avais oublié que Joanne avait elle-même été sous le feu des projecteurs à certains moments de sa vie. Ne suivant pas ce genre de presse, tu l’avais appris par hasard et à des moments où tu avais un peu perdu la trace de ton ancienne élève. Mais tu l’avais déjà entendu mentionner ces périodes qui avaient l’air tout sauf agréables. Tu étais touché que Joanne vienne te parler et tu savais que dans son cas ce n’était pas intéressé. Tu t’avachis légèrement dans ton siège en poussant un soupir et en fermant les yeux quelques secondes. La tension présente dans tes épaules s’évapora un petit peu et alors que tu rouvrais les yeux, tu passais une main dans tes cheveux. « Je … C’est gentil de passer je t’en remercie. » Lui dis-tu avec un petit sourire sincère. « Je t’avoue que ni Colleen, ni moi n’avions anticipé ce type d’attention et c’est très désagréable. Colleen n’avait pas encore parlé de notre relation à sa fille et je sais que c’était important pour elle de le faire correctement. Je … » Tu poussais un nouveau soupir. Ce n’était pas pour toi que cette attention était la plus dérangeante mais plutôt pour Colleen. « Qu’est-ce que ça peut bien leur faire à tous ces gens de savoir que Colleen et moi sommes en couple et que l’on a passé une soirée à Bayside ? » Finis-tu par demander exaspéré. Ce n’était pas contre Joanne que tu en avais, ces questions étaient plus rhétoriques qu’autre chose. « Colleen et moi on a pris notre temps, on ne s’est pas précipité et notre relation, même si elle ne fait que commencer est plus solide qu’on ne le pensait mais … Je vois à quel point tout cela lui pèse et si sa fille lui tourne le dos … » Tu osais à peine imaginer ce que Colleen ressentirait dans ce cas-là, si Lou venait à lui faire payer cette dissimulation, si elle venait à être blessée dans sa fierté de cette relation que vous n’aviez pas demandée mais dont vous ne pouviez pas vous priver. « J’espère que ça s’arrêtera là, que ça n’ira pas plus loin mais j’ai un mauvais pressentiment. Si un journaliste fait le lien entre mon nom et celui de mon frère, je n’ose pas imaginer ce qui sortira dans les prochains jours. Et c’est une publicité dont je me serais bien passée pendant que j’essaie de poser mes pions pour être nommé doyen du département des arts. » Tu n’avais jamais parlé de cette évolution professionnelle avec Joanne, tu ne lui avais jamais dit que tu aimerais accéder à ce poste aujourd’hui vacant. Et pourtant, tu attendais le bon moment … « Et toi comment vas-tu ? Tout se passe bien avec ta thèse ? Avec ta famille ? » Tu n’oubliais pas que Joanne traversait une période compliqué dans son mariage la dernière fois que tu l’avais vue.
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| | | | (#)Ven 27 Nov 2020 - 23:37 | |
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Joanne craignait de ne l'avoir blessé ou agacé d'amener ce sujet de conversation bien peu plaisant. Du moins, pour elle, ça n'avait jamais donné des discussions très agréables. C'était anxiogène avant tout. Que l'information fasse le tour du monde sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Avec internet, l'information allait d'autant plus vite que cela en devenait vraiment incontrôlable. On ne pouvait plus rien y faire que de vivre avec. Malheureusement, tout le monde n'avait ni la carrure ni le détachement nécessaire pour s'accoutumer à tout cela. La conservatrice l'observait quelques instants, prête à déceler le moindre signe qui laisserait comprendre qu'il ne désirait pas se confier. Mais au contraire, il avait l'air d'être enclin à partager un peu de ses tourments. L'air inquiet, Joanne se permit de s'asseoir sur la chaise qui se trouvait à côté d'elle, les yeux rivés sur lui. "Je pense que ce sont les genre de contre-temps qui sont impossibles à prévoir." Prédire l'ampleur que cela pourrait prendre, la durée durant laquelle ils vont continuer à apparaître dans la presse, anticiper l'engouement était impossible. Marius était totalement dépassé par les événements, se faisant surtout du souci pour la relation entre Colleen et sa fille. "Tu sais si sa fille est déjà au courant ? A cause de la presse, je veux dire." lui demanda-t-elle. Joanne comprenait que la compagne de Marius souhaitait faire les choses bien avec sa fille. C'était délicat, incertain. Le professeur en était même exaspéré, de n'avoir absolument aucun contrôle sur les événements. "C'est une question que je me pose tous les jours aussi." lui avait-elle répondu, d'un air navré. "Ce doit être plus palpitant pour eux de s'intéresser à la vie des autres que de se concentrer sur la leur. Je ne sais pas." supposait-elle d'un air triste, le regard bien bas. Joanne ne s'était jamais achetée ce type de magazines et n'avait jamais consulté les sites à potins. Elle ne s'y était penchée que lorsqu'elle avait eu droit à ses premières photos dans leurs articles et cela n'avait finalement fait qu'empirer sa relation avec Jamie, à l'époque. Depuis qu'il avait de nouveau été mis sous les feux des projecteurs avec le scandale qu'avait déclenché Mina, la petite blonde s'était mise en tête d'ignorer les journalistes qui cherchaient à l'intéresser et de ne faire aucune recherche à ce sujet. Elle restait dans sa bulle, derrière des murailles qu'elle avait érigé pour éviter d'être plus affectée qu'elle ne l'était déjà. "Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais... Essayez peut-être de continuer à vous construire, en tant que couple, en faisant abstraction de ce qui se dit dans la presse." Avec un peu de chance, ils se désintéresseront d'eux et cesseront de vouloir dénicher le cliché de Colleen et Marius qui ferait leur mois de salaire. Ils ne se rendent pas compte de l'impact de leurs méfaits. "Je ne connais ni Colleen, ni sa fille, mais elles devraient réussir à comprendre que vous avez tous été pris de court, non ?" Marius semblait être véritablement soucieux de la réaction de la fille de Colleen, avoir sa bénédiction était une étape très importante. "Tu n'as rien à te reprocher de ce qu'il s'est passé Marius, ni de la réaction qu'aura sa fille." dit-elle afin de lui rassurer. "Tu tiens véritablement à elle, n'est-ce pas ?" Son ton était encore plus doux que d'habitude, presque intime. Jamais n'avait-elle vu son mentor tenir autant à une femme. Colleen lui était chère. Il ne désirait que mener une vie de couple normale avec elle, sans que la petite notoriété de Colleen ne leur revienne aussi violemment qu'un retour de bâton. "Je l'espère pour toi aussi. Très sincèrement." Jamais Joanne ne voudrait-elle voir Marius subir la même pression qu'elle, même s'il avait des épaules bien plus solides qu'elle. Le regard de la conservatrice s'illumina lorsque le brun lui fit part de son projet professionnel. "Tu vas être doyen ?" lui demanda-t-elle avec un enthousiasme soudain. "Ce serait fantastique !" Une très belle évolution à prévoir pour lui et en effet, sa notoriété causée par les tabloids risquaient de freiner ses ambitions. "J'ignore si je peux t'être utile, t'y aider d'une façon ou d'une autre, mais si je peux faire quoi que ce soit, tu peux compter sur moi." D'abord Hassan, maintenant Marius. Joanne ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine fierté de les voir ainsi évoluer dans le profession. Il le méritait. Jusqu'ici Marius consacrait sa vie au travail, désormais il devait trancher entre sa profession et Colleen. Il avait tout pour lui. Le sourire de Joanne s'effaça rapidement lorsqu'il tentait de prendre également de ses nouvelles. Ce n'était pas un sujet qu'elle aurait souhaité aborder bien qu'elle savait qu'elle y aurait été contrainte un jour ou l'autre. Elle esquissait un rictus forcé tout en baissant le regard. "Ca peut aller, oui." Fort heureusement, parler de sa thèse était bien plus facile pour elle que le reste. "Ma directrice de thèse se veut assez exigeante, j'ai toujours beaucoup de corrections et de précisions à donner aux éléments que je rapporte au fur et à mesure, mais j'ose que c'est vraiment partir sur les meilleures bases possibles. Elle voudrait que ma thèse soit co-dirigée avec au moins un historien de l'Art spécialisé en Renaissance Italienne, et, idéalement, un historien." expliquait-elle. Ce n'était pas facile tous les jours, loin de là. "Et cela impliquerait donc une présentation à ces personnes là, et donc, au moins un voyage en Italie à prévoir pour l'année prochaine." Joanne allait devoir s'améliorer en italien. "S'ils acceptent, je pourrais véritablement me lancer en plein dedans." La note de recherches faisait office d'une première approche du sujet aborder, le point de départ de sa réflexion. Elle devait soulever l'ensemble de la problématique en un dossier d'une dizaine de pages, ce à quoi elle devait ensuite associer un plan d'action. Au regard, le QAGOMA et l'université lui avaient aussi demandé d'estimer les coûts des voyages prévus et les justifier avec ce qu'elle y ferait : visites de musée, rencontre avec des confrères, assister à des séminaires... La méthodologie était longue et fastidieuse et gagnait d'autant plus en longueur avec le petit contre-temps qui demandait donc à ajouter deux nouveaux co-directeurs de thèse. "Mais je me suis déjà permise de rédiger les fiches de lectures de livres qui comptent déjà parmi ma bibliographie, pour m'avancer pour la suite aussi." Marius connaissait la méthodologie demandé. Après tout, il lui avait transmis sa version et Joanne l'avait toujours auprès d'elle, la complétant avec celle qu'avait Hassan. Elle ne lui apprenait rien. Elle se doutait qu'il attendait de Joanne qu'elle parle aussi de sa famille. Elle restait longuement silencieuse, hésitante. "Mes enfants se portent bien." commençait-elle alors, toujours un sourire aux lèvres lorsqu'elle parlait d'eux. "Je..." Elle hésitait. Joanne n'avait jamais abordé ce sujet. Comme avec Hassan, le divorce était synonyme d'échec, toujours à se demander ce qu'elle aurait pu faire de mieux. Elle regardait ses doigts nerveux. A vrai dire, elle craignait plus que tout que Marius vienne à lui vivement suggérer d'abandonner son doctorat dès que Joanne en aurait dit plus sur sa situation. "Je... Je suis en instance de divorce." dit-elle finalement d'une voix tremblante, tout en pinçannt les lèvres. Joanne l'avait très (trop) rapidement annoncé à Hassan quand ils s'étaient croisés quelques temps plus tôt à l'université. Les personnes informées étaient encore extrêmement rares. Elle n'en avait pas même touché un mot à sa famille.
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| | | | (#)Mer 9 Déc 2020 - 8:41 | |
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Tu ne sais pas ce qui te pousse à te confier à Joanne. Il fut un temps où tu n’aurais pas même envisagé le faire. Pourtant, aujourd’hui, cela s’impose comme une évidence mais surtout une délivrance. Tu as besoin d’en parler parce que finalement, personne ne t’a demandé si ça allait. Tout le monde s’était contenté de te taquiner, d’en rire, comme si voir sa vie privée étalée sur des les pages de journaux et sur les réseaux sociaux était une blague, comme si c’était drôle. Pour toi, cela ne l’était pas du tout. Tu ignorais ce que disaient les commentaires, ce que se permettaient de dire ces inconnus car tu n’avais pas besoin de ça pour te remettre en question, tu n’avais pas besoin de ça pour douter. C’était une manière de te protéger et tu savais que toutes les personnes qui comptaient pour toi sauraient faire la différence entre ce qui était vrai et ce qui ne te ressemblait pas. « Je pense que ce sont les genre de contre-temps qui sont impossibles à prévoir. Tu sais si sa fille est déjà au courant ? A cause de la presse, je veux dire. » Ton coeur se serra alors que tu pensais à Lou. Tu revoyais Colleen s’effondrer contre la voiture alors qu’elle pensait à sa fille et à ce qu’elle n’avait pas réussi à lui confier elle-même. Tu avais voulu croire que Lou comprendrait, qu’elle serait là pour sa mère mais ce n’était pas le cas. Tu hoches donc la tête sans réponse à Joanne alors qu’elle répond elle à ta question : « C'est une question que je me pose tous les jours aussi. Ce doit être plus palpitant pour eux de s'intéresser à la vie des autres que de se concentrer sur la leur. Je ne sais pas. » Joanne avait elle aussi dû faire face à ce genre d’attaque de la part de journalistes (s’ils pouvaient être appelés ainsi …). Tu n’avais pas toujours suivi les différentes affaires mais tu savais qu’elle en avait souffert aussi et elle avait dû être à ta place de nombreuses fois. Cela te donnait la nausée rien que d’y penser car tu ne le souhaitais à personne. Et Joanne était un peu comme toi, elle était cette personne privée qui n’aimait pas s’étaler. « Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais... Essayez peut-être de continuer à vous construire, en tant que couple, en faisant abstraction de ce qui se dit dans la presse. Je ne connais ni Colleen, ni sa fille, mais elles devraient réussir à comprendre que vous avez tous été pris de court, non ? » Ce que disait la presse, tu n’en savais rien. Cela devait être peu flatteur cependant mais ils étaient surtout contents de dégoter un scoop sur Colleen qui jusqu’ici ne leur en avait pas donné l’occasion. Mais pour toi, ce n’était pas ce que disait la presse le problème, c’était les ramifications que pouvaient avoir cet article et en premier lieu les conséquences de cette nouvelle sur Lou. « Ce n’est pas ce que tu liras dans les journaux qui me fait peur pour notre couple. Colleen n’y est guère plus attachée que moi. Par contre elle l’est à sa fille et même si Lou le comprendra, cela n’empêchera pas qu’elle se sentira blessée et c’est encore une adolescente … » Malgré sa maturité parfois impressionnante, il n’en restait pas moins que Lou avait à peine dix-huit ans et que quand elle était blessée, elle réagissait comme une adolescente. Donc oui, certainement qu’elle le comprendra mais quand la fureur sera passée. « Tu n'as rien à te reprocher de ce qu'il s'est passé Marius, ni de la réaction qu'aura sa fille. Tu tiens véritablement à elle, n'est-ce pas ? » Si tu avais su, tu n’aurais pas proposé cette soirée à Bayside mais tu ne pensais vraiment pas que cela poserait tant de problèmes, vraiment pas. Passant une main sur ton visage, tu poussais un petit soupir avant de répondre à Joanne : « Je tiens beaucoup à elle. » Inutile de le nier, ce serait mentir et tu faisais confiance à Joanne pour qu’elle ne s’en serve pas contre toi. « Voilà pourquoi je n’ai pas envie de la perdre tout comme je n’ai pas envie qu’elle perde sa fille. » Même si tu avais tendance à être légèrement égoïste, tu savais que Colleen ne sera jamais véritablement heureuse tant que sa fille ne le sera pas pour elle. Et pour l’instant, de ce que tu as compris, elle se sent plus trahie qu’autre chose. Si tu pensais qu’aller voir Lou arrangerait les choses, tu le ferais mais tu pensais plutôt que cela allait les empirer … « Je l'espère pour toi aussi. Très sincèrement. » Il n’y avait plus qu’à prier très fort désormais, ce n’était ni entre tes mains, ni entre celles de Joanne de toute manière. Tu lui fis un sourire timide en guise de réponse alors qu’elle rebondissait sur l’autre partie de ta phrase : « "Tu vas être doyen ? Ce serait fantastique ! J'ignore si je peux t'être utile, t'y aider d'une façon ou d'une autre, mais si je peux faire quoi que ce soit, tu peux compter sur moi. » L’enthousiasme de Joanne était une bouffée d’air frais. Tu avais parlé à peu de personnes de cette ambition, Joanne était la deuxième à en entendre parler après Auden. Tes proches, ceux qui te connaissaient professionnellement aimaient te dire qu’il était temps. Mais peut-être que ce temps tu en avais eu besoin pour en arriver là. « Merci Joanne, ça me touche beaucoup. Et pour l’instant je ne suis rien du tout. Il y aura un vote d’ici la fin de l’année, il faut que je sois convainquant pour les membres du conseil qui votent ce genre de position. On verra bien … » Tu avais commencé à te positionner bien sûr car pour être doyen, il fallait être élu dans cette position. C’était un premier aperçu de ce que ton futur statut signifierait car être doyen voulait dire faire un peu de politique chose que tu n’aimais pas plus que cela. Tu voulais surtout être doyen pour t’assurer que les élèves de ce département soient pris en charge dans les meilleures conditions mais tu savais que ce n’était pas tout ce que tu devras faire. Tu pris ensuite des nouvelles de Joanne et en particulier de sa thèse sur laquelle elle avait commencé à travailler depuis quelques mois. « Ca peut aller, oui. Ma directrice de thèse se veut assez exigeante, j'ai toujours beaucoup de corrections et de précisions à donner aux éléments que je rapporte au fur et à mesure, mais j'ose que c'est vraiment partir sur les meilleures bases possibles. Elle voudrait que ma thèse soit co-dirigée avec au moins un historien de l'Art spécialisé en Renaissance Italienne, et, idéalement, un historien. Et cela impliquerait donc une présentation à ces personnes là, et donc, au moins un voyage en Italie à prévoir pour l'année prochaine. S'ils acceptent, je pourrais véritablement me lancer en plein dedans. Mais je me suis déjà permise de rédiger les fiches de lectures de livres qui comptent déjà parmi ma bibliographie, pour m'avancer pour la suite aussi. » Une personne exigeante et qui poussait Joanne toujours plus loin, c’était exactement ce dont elle avait besoin pour faire de cette thèse une oeuvre d’art. Tu ne doutais pas que le résultat sera spectaculaire car la jolie blonde n’avait jamais rien fait à moitié. Un petit sourire se dessina sur tes lèvres alors que les perspectives qu’elle te présentait étaient exactement celles qu’il lui fallait. « C’est une très bonne idée la co-direction ! Cela t’apportera beaucoup et tu pourras bénéficier de leurs conseils et de leur savoir, je suis persuadé que tu vas adorer. » Lui dis-tu avant d’ajouter : « Je sais que c’est exigeant mais c’est de la bonne exigence, celle qui te donnera des ailes. » Il y avait une exigence de principe également, celle qui faisait perdre du temps et ne servait à rien mais pour le coup, Joanne n’en souffrait pas. Elle parlait de sa thèse avec passion et intérêt, cela te réchauffa le coeur. Elle avait peut-être mis du temps à y arriver mais elle semblait vivre cette expérience à fond. Tu pris ensuite des nouvelles de sa famille, cette famille que tu savais si importante à son coeur. « Mes enfants se portent bien. Je... » Tu la sens hésiter et tu fronces les sourcils légèrement inquiet. Pourquoi hésite-t-elle ? Pourquoi … ? « Je... Je suis en instance de divorce. » Dire que tu t’attendais à tout sauf à ça ne serait pas un euphémisme. Tu sens ta bouche s’entrouvrir à l’annonce de cette nouvelle. Joanne t’avait déjà dit en juillet que c’était compliqué avec son mari mais tu avais pensé que ce n’était qu’une mauvaise passe et tu n’y avais plus pensé. Après tout, cela arrive à tous les couples. Tu pouvais voir, malgré son regard baissé, à quel point cela l’attristait. Tu n’allais pas te montrer indiscret, toi, ce qui t’intéressait c’était de savoir comment elle allait elle. Car gérer deux enfants en bas âge, un divorce et une thèse qui ne faisait que commencer, cela ne devait pas être simple. Tu te levais de ta chaise et vint prendre place sur celle à côté de Joanne. Tu hésitais quelques secondes et finalement, tu vins poser ta main sur la sienne avant de lui dire : « Je suis désolé Joanne. » Et tu l’étais vraiment. Tu n’avais pas une haute opinion de Jamie Keynes vu ce que tu avais entendu mais c’était le mari de Joanne et elle l’aimait alors tu n’avais jamais cherché plus loin. Et il ne l’avait pas dissuadée à se lancer dans sa thèse, c’était tout ce qui comptait pour toi. Mais là … A cet instant précis, tu savais que tu allais certainement faire un faux pas, tu n’étais pas la personne la mieux placée pour parler de ce genre de chose ou de ce qu’elle ressentait mais tu ne pouvais pas ne rien dire. « Je … Ça va toi ? Ce n’est pas trop compliqué de gérer le divorce, la thèse et les enfants ? » Tu t’inquiétais réellement pour ton ancienne élève. La charge mentale que devait représenter ces diverses épreuves n’était pas à sous-estimer. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n’hésites pas d’accord ? » Tu aideras Joanne avec grand plaisir, peu importe ce qui pourrait l’aider. Et peut-être que finalement sa thèse était une bonne chose, elle lui permettra d’avoir un but, une constante, quelque chose dans quoi passer toute son énergie quand des fois, elle aura besoin d’échapper au réel qui l’entoure. Pour l’avoir fait de nombreuses fois, tu sais à quel point cela peut être important.
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| | | | (#)Sam 12 Déc 2020 - 20:10 | |
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Voir son ancien professeur ainsi déstabilisait chamboulait tout autant Joanne. Il tenait tant faire bien les choses, à aimer Colleen et à être accepté par sa fille. Il s'investissait autant que possible pour que leur relation tienne la route. C'était touchant à voir, même si la situation semblait très compliquée. "Qu'est-ce qui te fait dire qu'elle sera blessée ?" lui demanda-t-elle alors, lorsqu'ils parlaient de la fille de sa dulcinée. "Peut-être qu'elle sera surprise, agréablement ou pas. Peut-être même qu'elle sera heureuse pour sa mère qu'elle ait pu trouver quelqu'un qui la rende heureuse. Tu ne peux pas vraiment présager sa réaction." Joanne lui souriait avec encouragement. Même si mon fils aîné est loin d'être à cet âge, c'est plutôt connu qu'une adolescente veut avant tout être considérée comme une adulte." Crise identitaire, recherche de reconnaissance, et surtout, d'indépendance. "Quelle âge a-t-elle ?" finit-elle par demander. Certes, cela ne définissait pas tout – les parents de Joanne l'avaient infantilisé jusqu'à ce qu'elle quitte le cocon familial pour Brisbane, par exemple–, mais cela permettrait à Joanne de donner à Marius des pistes. Elle ne se pensait pas experte en éducation. Elle se disait tout simplement qu'un avis extérieur pourrait l'aider à ne plus avoir la tête dans le guidon et d'envisager les faits sous un angle nouveau. Le brun affirmait tout haut ses sentiments pour Colleen, même si Joanne les avaient deviné depuis un moment. Mais de l'entendre le verbaliser concrétisait le tout. Malgré les récentes circonstances, elle était heureuse pour lui, qu'il connaisse ce bonheur là. Il voulait également gagner sa place auprès de la prénommée Lou, avoir sa bénédiction à elle. "Laisse-leur du temps. Laisse-toi du temps. Peut-être est-il déjà important de voir comment sa fille va vraiment réagir afin de pouvoir réfléchir sur ce que vous allez faire par la suite." suggérait-elle. "Tu essaies d'anticiper ses réactions, de façon plutôt négative d'ailleurs. Ca te permettra peut-être d'éviter une déception, mais accorde-toi tout de même le bénéfice du doute. Attends de voir sa réaction." Ce n'était qu'un conseil comme un autre. Elle ne pouvait pas se mettre à sa place, elle n'avait jamais été confrontée à cette situation. Et pour l'heure, il lui était impossible d'envisager sa vie avec quelqu'un d'autre alors qu'elle était en pleine instance de divorce. Joanne n'avait vraiment pas la tête à cela. Mais elle savait tout de même s'enthousiasmer pour les bonnes nouvelles, comme pour la candidature de Marius pour devenir doyen de son département à l'université. Un poste plus que mérité aux yeux de Joanne, au vue de son dévouement et de son investissement au sein du campus. "Je ne vois pas qui d'autre ils pourraient octroyer ce poste." soulevait Joanne. Elle avait eu le temps de côtoyer les autres professeurs et enseignants de l'université, lorsqu'elle était sur place. "L'université ne pourrait que tirer avantage de te hisser à ce poste. Plus dévoué que toi à son métier, je ne suis pas certaine que ça existe." Et il tenait toujours autant ses engagements depuis le début de sa relation avec Colleen. Malgré les derniers contretemps, il semblait parvenir à jongler entre son boulot et elle sans trop de problème. Du moins, c'était ce que Joanne supposait. Elle lui avait fait part de l'exigence de sa directrice de thèse. Marius voyait cela d'un bon oeil. "Mais il y a quand même des moments où j'ai l'impression qu'il n'y a pas grand chose que je fais bien." Joanne ne se laissait pourtant pas abattre. Elle apprenait à relativiser, à prendre ce qu'on lui disait comme un conseil plutôt qu'une critique personnelle. Ce n'était pas toujours facile, mais elle tentait de faire au mieux. De fil en aiguille, le brun demandait des nouvelles de Joanne, mais cette fois-ci concernant sa sphère privée. Joanne lui devait au moins ça, de lui dire ce qu'il se tramait véritablement. Ayant le regard bas, elle ne voyait pas l'expression décontenancé de son ami devant cette nouvelle, à laquelle il ne s'attendait pas. Il savait qu'il y avait eu de l'eau dans le gaz. Marius ne pouvait que se sentait navré pour elle. "Je le suis aussi." répondit-elle à voix basse, l'air toujours aussi triste. Sans grande surprise, il se faisait du soucis non seulement pour elle, mais surtout pour le doctorat. Il ne voudrait certainement pas la voir abandonner alors qu'elle était si bien partie. "Ca va, oui." dit-elle en forçant un sourire – autant dire que celui-ci n'était pas très convaincant et qu'il contredisait la réponse qu'elle venait de lui donner. "Nous vivons encore ensemble le temps que nous nous mettons d'accord sur les... différentes modalités. Et selon la décision du juge, aussi." Il y avait une forte probabilité que Jamie n'obtienne pas même la garde alternée des petits, alors rester à la maison lui permettait de profiter d'eux autant que faire se peut. "Ca va aller." Il le fallait bien, on ne lui laissait pas vraiment le choix. " C'est très gentil de te part, vraiment. Mais...Tu as déjà bien assez à faire de ton côté, Marius." dit-elle en levant ses yeux légèrement embués vers lui. "Je vais me débrouiller. Peut-être que le doctorat me prendra plus de temps que ce que j'avais prévu initialement, mais... Je ferai en sorte que ça fonctionne." Arriver à gérer tous les fronts de sa petite personne était du même niveau qu'un des douze travaux d'Hercule : être mère, être conservatrice, être doctorante... Joanne appréhendait, beaucoup. Elle se gardait bien de le dire à qui que ce soit, l'existence de ce noeud à l'estomac qui avait la fâcheuse tendance à lui couper régulièrement l'appétit. Le chagrin et la nervosité lui avaient déjà fait perdre un peu de poids, déjà qu'elle était un poids plume. Son deuxième divorce. L'échec était particulièrement cuisant. Joanne n'était pas faite pour vivre seule et pourtant, la voilà à l'aube d'une vie de mère célibataire. Tant que le juge n'avait pas pris sa décision, il lui était difficile de se projet véritablement. S'il y avait une garde alternée pour les enfants, elle pourrait travailler autant que possible sur sa thèse les weekends où ils n'étaient pas là. Sinon, elle allait devoir réfléchir à la façon dont elle allait aménager ses journées afin d'accorder le temps nécessaire à chacune de ses responsabilités. L'enjeu était de taille, les angoisses aussi. "C'est juste une question d'organisation, c'est tout." tentait-elle de minimiser. Juste une question d'organisation, oui. Non, Joanne ne voulait pas abandonner, elle refusait même de le concevoir. Elle avait la gorge serrée, émue. Il lui fallait un petit moment pour contenir ses larmes. "Ca ne te dérangerait pas de garder ça pour toi ?" lui demanda-t-elle enfin. A ce jour, cette information valait de l'or, ce pourquoi elle choisissait avec précaution les personnes avec qui elle en parlait. "J'ai conscience que ça se verra une fois que j'aurai retrouver mon nom de jeune fille. Et une fois que ce sera le cas, je ne parlerai pas plus du sujet qu'actuellement...Mais tu restes mon supérieur, il fallait bien que je t'en parle un jour." Elle lui devait bien ça. "Je n'en ai même pas encore parlé à Simon." Qui était son supérieure direct au musée. Pour une raison qu'elle ignorait, elle appréhendait sa réaction. Et elle espérait autant pouvoir compter sur sa discrétion qu'à Marius.
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| | | | (#)Sam 26 Déc 2020 - 15:45 | |
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La vérité c’était que tu ne connaissais pas encore les conséquences à long terme de ces photos. Tout cela était encore bien trop frais pour que tu puisses évaluer les conséquences de cette apparition dans les magazines people de la ville et certainement d’Australie. La célébrité ne t’avait jamais attirée contrairement à beaucoup, tu préférais être reconnu de tes pairs et des personnes qui comptaient pour toi pour ton travail, le reste ce n’était qu’accessoire. Tu avais surtout peur des conséquences que cette histoire pourrait avoir sur ta vie, sur cette de Colleen et sur votre couple aussi. Alors que de nombreuses angoisses montaient en toi, la première concernait Lou. La fille de Colleen était la prunelle de ses yeux et tu n’avais pas de mal à comprendre pourquoi. Colleen avait tout sacrifié pour sa fille à l’époque et la relation qu’elles avaient construite toutes les deux était devenue précieuse. Jamais tu n’avais essayé de chambouler cette relation mais tu semblais l’avoir fait bien malgré toi. « "Qu'est-ce qui te fait dire qu'elle sera blessée ? Peut-être qu'elle sera surprise, agréablement ou pas. Peut-être même qu'elle sera heureuse pour sa mère qu'elle ait pu trouver quelqu'un qui la rende heureuse. Tu ne peux pas vraiment présager sa réaction. Même si mon fils aîné est loin d'être à cet âge, c'est plutôt connu qu'une adolescente veut avant tout être considérée comme une adulte. Quelle âge a-t-elle ? » De là où se tenait Joanne, tu comprenais pourquoi elle essayait de te faire positiver. Effectivement, dans n’importe quel autre contexte, il était fort possible que Lou se soit montrée enthousiaste à l’idée de voir sa mère refaire sa vie. Colleen t’avait confié qu’elle l’avait souvent poussée dans cette direction. Mais le fait que tu étais la personne avec qui cela se produisait n’était pas une bonne chose, loin de là. « Elle a dix-huit ans et je la connais, c’est une de mes élèves. » Dis-tu en fermant les yeux. Cela aurait pu ne pas être du tout un problème en vérité mais c’était plus compliqué que cela. « Marylou a essayé de se faire une place dans mon lit et dans mon coeur pendant des semaines et des semaines en début d’année. Elle a arrêté quand j’ai fini par convoquer sa mère. Mais pour se venger elle n’a rien trouver de mieux que de raconter à son père que j’avais un comportement ‘inapproprié’ à son égard. Une confrontation qui a bien fallu me faire perdre mon job et ma carrière. Et c’était à l’époque où Colleen et moi nous étions loin d’être ce que nous sommes aujourd’hui. » Une fois ta phrase terminée, tu fermais de nouveau les yeux. Joanne avait peut-être raison, peut-être que tu pensais trop négativement et que tu devrais laisser à Lou la possibilité de te surprendre. Mais tu n’étais pas certain que dans cette histoire, ce soit ton pessimisme actuel qui parle. C’était plutôt un pressentiment qu’il valait mieux que tu sois sur tes gardes. « Laisse-leur du temps. Laisse-toi du temps. Peut-être est-il déjà important de voir comment sa fille va vraiment réagir afin de pouvoir réfléchir sur ce que vous allez faire par la suite. Tu essaies d'anticiper ses réactions, de façon plutôt négative d'ailleurs. Ca te permettra peut-être d'éviter une déception, mais accorde-toi tout de même le bénéfice du doute. Attends de voir sa réaction. » Tu n’allais pas avoir d’autres choix que d’attendre de toute manière et de voir ce qui allait se passer. Lou avait appris votre relation de la pire manière qui soit et même si tu ne pouvais pas en vouloir à Colleen de ne pas avoir trouvé le courage de parler à sa fille, tu regrettais tout autant qu’elle que cela ne se soit pas fait ainsi. Tu hochais la tête et ne répondis rien à la jolie blonde mais tu l’avais entendue et il faudrait certainement que tu arrêtes de t’angoisser pour des choses que tu ne peux absolument pas contrôler et dont tu ne connais pas le déroulé pour l’instant. La discussion se tourna ensuite vers ton projet professionnel et la promotion que tu espérais voir arriver pour la rentrée prochaine. « Je ne vois pas qui d'autre ils pourraient octroyer ce poste. L'université ne pourrait que tirer avantage de te hisser à ce poste. Plus dévoué que toi à son métier, je ne suis pas certaine que ça existe. » Entendre Joanne prononcer ces mots te mit du baume au coeur. C’était comme cela que tu voyais les choses aussi mais tu évitais de le dire car cela ferait sans doute mauvaise presse. Tu avais donné ta vie, presque littéralement, pour ton boulot et ce poste n’était que le pas de plus qui démontrerait que tu le méritais. « Merci. Je te tiendrai au courant. » Pas de doutes que cette nomination, que ce soit toi ou une autre personne, fera rapidement le tour de l’université et Joanne avec sa thèse ne pourrait pas louper cette annonce. Tu avais mis toutes les chances de ton côté, maintenant il fallait attendre que le vote ait lieu et ce n’était pas avant la fin du semestre, il y avait encore le temps. Prenant des nouvelles de Joanne, tu ne pus t’empêcher d’en prendre du déroulement de sa thèse. « Mais il y a quand même des moments où j'ai l'impression qu'il n'y a pas grand chose que je fais bien. » Un sourire amusé se dessina sur ton visage. Cela ne t’étonnait pas. Tu avais enseigné depuis assez longtemps et encadré assez d’étudiants pour savoir que tout professeur a tendance à insister sur ce qui ne va pas et jamais sur ce qui va bien. « C’est une déformation professionnelle d’appuyer sur ce qui ne va pas mais je suis certain que tu fais beaucoup de choses très bien. » Joanne avait une application que peu de personnes avaient et elle avait toujours été une excellente élève. Tu ne doutais pas qu’elle mettait le même coeur à l’ouvrage dans sa thèse que dans tout ce qu’elle avait entrepris jusqu’ici. Elle devait simplement se faire confiance et écouter les critiques pour les rendre constructives. Mais s’il fallait lui trouver des choses qu’elle faisait bien, tu pouvais te mettre à l’ouvrage. La conversation dériva vers Joanne et sa famille, une famille qui allait être brisée car Joanne t’annonça son divorce. Face à cette nouvelle tu ne pouvais être que désolé et triste pour la jolie blonde mais aussi inquiet pour elle. Si elle se retrouvait à devoir gérer ses enfants, sa thèse et son divorce de front, cela risquait de faire beaucoup. « Je le suis aussi. Ca va, oui. Nous vivons encore ensemble le temps que nous nous mettons d'accord sur les... différentes modalités. Et selon la décision du juge, aussi. Ca va aller. C'est très gentil de te part, vraiment. Mais...Tu as déjà bien assez à faire de ton côté, Marius. Je vais me débrouiller. Peut-être que le doctorat me prendra plus de temps que ce que j'avais prévu initialement, mais... Je ferai en sorte que ça fonctionne. » Tu hoches la tête mais ne prononças pas un mot. Des amis qui traversaient un divorce, tu en avais eu un certain nombre et l’expérience t’avait appris que chaque divorce était bien particulier. « C'est juste une question d'organisation, c'est tout. » Quand tu lui demandais si cela allait, ce n’était pas pour le doctorat mais bien pour elle que tu posais la question. Joanne était profondément triste de cette situation mais tu pouvais aussi lire l’inquiétude dans ses traits et ses paroles. Elle semblait chercher à se persuader elle-même plutôt que de te persuader à toi. Or elle n’avait pas à le faire. Il était normal qu’elle ait besoin d’un temps d’adaptation pour faire face à tout ce qui lui arrivait. « Ne te met pas trop de pression d’accord ? Prend le temps qu’il te faut pour toi et tes enfants. Tout ne peut pas s’arrêter mais n’attend pas d’être au bord du burnout pour demander de l’aide. Crois-moi, ça ne te rend pas plus fort et ce n’est pas agréable. » Quand tu avais refusé de demander de l’aide à ta soeur, tu avais fini tellement au fond du trou que tu étais passé à deux doigts de finir en cure de désintoxication et en thérapie. Donc mieux valait demander de l’aide de suite, cela ne voulait pas dire que Joanne était faible ou quoi que ce soit de ce genre. « Dans tous les cas n’hésite pas si tu as besoin d’accord ? » Il était important que Joanne sache qu’elle pouvait compter sur toi en cas de besoin alors tu avais besoin de le répéter. « Ca ne te dérangerait pas de garder ça pour toi ? J'ai conscience que ça se verra une fois que j'aurai retrouver mon nom de jeune fille. Et une fois que ce sera le cas, je ne parlerai pas plus du sujet qu'actuellement...Mais tu restes mon supérieur, il fallait bien que je t'en parle un jour. Je n'en ai même pas encore parlé à Simon. » Tu hoches machinalement la tête. Bien entendu que tu ne vas pas parler de tout cela autour de toi. Tu es touché que Joanne se sente assez à l’aise pour te faire cette confidence quand elle ne l’a pas fait avec son supérieur au musée. Tu cherches donc de suite à la rassurer : « Bien sûr que je vais garder cela pour moi. Je te laisserai l’annoncer comme tu le désires, cela ne sortira pas de ce bureau. » Tu espères que le ton sincère que tu utilises suffit pour rassurer la jeune femme. Tu n’avais jamais été un fanatique des ragots, quand on te confiait quelque chose, tu étais une tombe.
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| | | | (#)Jeu 7 Jan 2021 - 0:29 | |
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Les yeux de Joanne s'arrondirent soudainement quand Marius lui révéla que la fille de sa compagne s'avérait également être l'une de ses étudiantes. Elle en restait interdite pendant un moment, tant elle ne s'attendait pas à ce que le monde semble être si petit. Cela compliquait quelque peu la tâche, mais cela ne s'arrêtait pas seulement là. La prénommée Marylou avait le béguin pour son professeur plus tôt dans l'année et le Destin a voulu qu'il tombe sous le charme de sa mère. Pour autant, Marylou s'était décidée de se venger à sa manière, avec ses propres armes. Il s'agissait d'attitudes qui dépassaient un petit peu la conservatrice. Elle n'aurait jamais songé à ce genre de choses dix-huit ans, et quatorze ans plus tard, elle n'y pensait toujours pas. "Oh, Marius..." soufflait-elle d'un air sincèrement navré. "Je suis désolée d'apprendre que le début de l'année a pu être si compliqué pour toi. Si j'avais su..." Elle savait, tout comme lui, que Joanne n'aurait rien pu faire de plus pour l'aider. Mais elle aurait voulu être là pour lui. Le brun aimait son travail plus que tout. Le perdre l'aurait anéanti, sans nul doute. "Toute personne censée et qui te côtoie devrait savoir que tu n'es pas capable de tout ceci." Joanne prendrait sa défense sans la moindre hésitation. En espérant que si on lui demandait son avis, on porterait plus de crédit à ses paroles que l'on avait pu le faire lorsque Jamie avait été accusé de violences conjugales. "C'est comme ça que tu l'as rencontré, Colleen ?" finit-elle par lui demander, rebondissant sur la convocation que Marius avait du faire pour discuter de l'attitude de Marylou. Il appréhendait plus que tout la réaction de la jeune étudiante, ainsi que la place qu'elle voudrait bien lui accorder (ou non), maintenant que sa relation avec la prénommée Colleen était de plus en plus sérieuse. Les conseils de Joanne étaient vagues, peu distincts, mais elle ignorait les paroles qu'elle pourrait ajouter pour le rassurer ou l'aider à régler cette situation complexe. "Est-ce que je peux faire quoi que ce soit pour t'aider ?" lui demanda-t-elle d'un air sincèrement intéressé. "Marylou suit-elle toujours tes cours ?" Joanne se disait qu'elle pourrait bien l'épauler, d'une façon ou d'une autre. Tant que cela lui permettais de penser à autre choses qu'à sa propre vie personnelle. Suite à cela, le professeur lui fit part d'une éventuelle promotion, et pas des moindre. Quelque part, Joanne l'avait toujours imaginé être un jour hissé à ce poste, ce pourquoi elle n'était pas véritablement surprise de l'opportunité qu'on lui offrait. Mais la joie qui la traversait était authentique, réelle et contagieuse. Elle avait hâte de connaître les résultats et restait fermement convaincue que le doyen ne pouvait être personne d'autre que ce professeur, que Joanne avait toujours admiré. Comme un idole. La conversation peu à peu vers elle. Joanne se sentait contrainte de lui faire part de sa situation, ayant conscience qu'elle ne pourrait pas le lui cacher éternellement. Marius se faisait beaucoup de soucis pour Joanne, bien plus que pour son projet de doctorat. Il désirait plus que tout tenter de la rassurer, qu'elle ne devait pas encore plus se mettre la pression quant à son travail de recherches, ayant conscience qu'elle avait la tendance à se mettre toute seule la barre très haute en terme d'exigence. Un perfectionnisme que Joanne laissait surtout ressortir dans son travail. "J'ai quand même certains délais à respecter..." s'inquiétait la petite blonde. Son rythme de vie était déjà bien intense alors qu'elle avait Jamie qui l'aidait au quotidien, notamment pour la garde des enfants. De son planning minutieusement calculer, elle en voyait pas où est-ce qu'elle pouvait se permettre de s'accorder du temps si elle ne voulait pas que l'on vienne à critiquer la qualité de sa thèse, ainsi que sa véracité. Nerveuse, Joanne jouait avec ses doigts, le regard bas. Le rouage de son esprit tournait à vive allure au quotidien, à tourner et retourner des questionnements qui la taraudaient, des problèmes qu'elle se devait de résoudre rapidement afin de ne pas être prise au dépourvu; ou du moins, le moins possible. "Je veux faire les choses bien." Et par cela, elle sous-entendait qu'elle voulait être parfait dans tous les domaines : mère, conservatrice, doctorante... Elle n'acceptait pas le fait que cela frôlait l'impossible et que si elle y parvenait, elle perdrait la raison à un moment ou à un autre. "Je ne voudrais pas décevoir qui que ce soit." dit-elle encore plus bas, la gorge nouée. Lui le premier. Sa vie amoureuse était un échec, elle se devait de se concentrer sur les autres facettes de son existence afin de faire au mieux pour en faire une série de succès. "C'est gentil. Merci beaucoup." répondit-elle lorsque Marius insistait sur le fait qu'il était prêt à l'aider dès qu'elle en ressentirait le besoin. A l'entendre, il avait certainement du traverse une passe aussi difficile que celle de Joanne et il ne désirait pas la voir s'effondrer alors qu'on lui tendait la main. Il venait des moments où il fallait reconnaître que l'on avait besoin d'aide et que ce n'était en rien synonyme d'échec. Elle faisait confiance à Marius et à sa discrétion. Il n'était pas du genre à répandre des rumeurs avec ce que l'on pouvait bien lui confier et il ne ferait sûrement pas un coup aussi bas à son ancienne étudiante. "J'espère sincèrement que tout passera bien, pour Colleen et toi. Et avec sa fille aussi." En pleine instance de divorce, Joanne ressentait le besoin de continuer de croire en l'amour et en ses pouvoirs. Ils n'avaient pas réussi à affronter les difficultés qu'avaient rencontré le couple Keynes, ils se devaient donc d'être invincibles pour Marius. Elle avait besoin de voir de belles choses arriver, de bonnes nouvelles. Un peu de lumière dans un quotidien qu'elle ne vivait que dans un camaïeu gris et peu encourageant. Les larmes, elle les gardait pour elle depuis bien longtemps. Elle qui était d'habitude si émotive et en qui on lisat comme dans un livre ouvert, on pouvait se demander comment elle arrivait à garder tout ceci pour elle et quand est-ce qu'elle allait pouvoir se permettre de les laisser sortir. "Si ça ne tenait qu'à moi, je ne le dirai à personne." dit-elle finalement, avec un rire nerveux. "Seulement je me suis que tu te serais posé des questions le jour où je t'aurais demandé de changer mon nom de famille sur les emplois du temps des étudiants." Enfin, il aurait pu rapidement en tirer des conclusions, mais Joanne se disait que ce n'était pas une façon décente de faire connaître ce genre de nouvelles.
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| | | | (#)Mer 13 Jan 2021 - 9:04 | |
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Tout aurait été sans aucun doute plus facile si Marylou n’avait pas été la fille de Colleen, s’il n’y avait pas eu cet antécédent entre la fille de ta compagne et toi. Pour l’instant, tu ne faisais que des suppositions, il était encore trop tôt pour que tu saches vraiment comment Marylou réagirait mais la tétanie de Colleen, la terreur dans ses yeux et l’insomnie qui avait suivi la prise de ces clichés suffisaient à te persuader que vous aviez sans doute du souci à te faire. Les ramifications de cet évènement, tu ne les connaissais pas mais tu ne t’en préoccupais pas plus que cela. Tu avais affronté des épreuves plus dures dans ta vie que des photos de toi dans les tabloïds. Non, c’était pour Colleen que tu t’inquiétais car elle était déjà fragile depuis la diffusion de Race of Australia et si elle devait perdre sa fille dans cette histoire … Il faudra que tu sois là pour l’aider, autant que tu le pourras. « Oh, Marius... Je suis désolée d'apprendre que le début de l'année a pu être si compliqué pour toi. Si j'avais su... Toute personne censée et qui te côtoie devrait savoir que tu n'es pas capable de tout ceci. » Un sourire triste se dessina sur tes lèvres alors que tu secouais la tête. Justement, il était bien là le problème. Si Marylou avait lancé ce genre de rumeurs, ce que tu étais capable de faire ou non, tout le monde s’en ficherait royalement. Oh, certaines personnes prendraient ta défense mais tu savais déjà que ce serait une position intenable pour l’université, pas alors que les mouvements Metoo et les dérivés étaient puissants. D’abord on assassine, cela ne dure que quelques semaines et on juge bien plus tard. Tout le monde s’en fichera que tu sois innocenté par la suite. « C'est comme ça que tu l'as rencontré, Colleen ? » Tu secoues la tête. Ce n’était pas comme cela que tu avais rencontré Colleen mais le fait que Marylou soit sa fille et ait eu un comportement assez déplacé pour que tu appelles sa mère pour en parler avait été une des rencontres qui vous avait permis d’en savoir un peu plus l’un sur l’autre et de vous rapprocher. « Non, j’ai rencontré Colleen avant de rencontrer sa fille. C’était un heureux hasard, elle déménageait et les cartons étaient nombreux sur le trottoir alors j’ai proposé de l’aider. Une fois tous les cartons dans son appartement, je suis parti et je pensais sincèrement ne jamais la revoir. Mais nos chemins se sont recroiser plusieurs fois. » Assez de fois pour que vous en ayez assez de laisser le destin faire les choses et que vous preniez cela en main pour vous revoir plus souvent et dans un contexte qui aura été décidé par vous. « Et merci, ça me fait plaisir de savoir que tu ne me crois pas capable de choses pareilles. Je pense qu’au fond Marylou a dû comprendre qu’elle avait mal fait sinon nous ne serions pas là pour en parler. » Il y avait toujours chez les jeunes adultes quelque chose d’imprévisible qui faisait que la plupart du temps tu ne savais pas sur quel pied danser. Tu ne savais pas si c’était sa mère qui l’avait convaincue de laisser tomber ses mensonges avant qu’ils ne fassent plus de mal qu’autre chose mais que ce soit Colleen ou autre chose, tu lui en étais reconnaissant. « Est-ce que je peux faire quoi que ce soit pour t'aider ? Marylou suit-elle toujours tes cours ? » La fin de l’année approchait à grands pas, il ne restait que quelques semaines tout au plus dans cette année 2020 qui restera dans les anales comme une année bien particulière pour toi. « Oui, elle suit toujours mes cours. Mais plus pour longtemps, la fin de l’année est presque là et j’ai veillé à ce qu’elle ne suive plus mes cours. Peut-être qu’elle suivra les tiens ? » Mentionnas-tu à Joanne avec un sourire amusé. « C’est une excellente élève, une de mes meilleures certainement mais je ne peux plus l’avoir dans mes cours. » Tu avais demandé une faveur à quelques collègues de l’équipe administrative pour que Marylou soit transférée dans un autre cours d’histoire de l’art pour sa deuxième année. Tu ne savais pas avec qui ils l’avaient mise mais cela allait te permettre de mieux dormir la nuit. Et puis vu la nature de ta relation avec Colleen aujourd’hui, tu allais continuer à côtoyer Marylou mais dans un tout autre contexte si elle t’en donnait la possibilité. Une fois le sujet de ta potentielle promotion passée avec les encouragements de ta petite protégée, elle te parla de son divorce. Voilà une nouvelle à laquelle tu ne t’attendais vraiment pas du tout et qui te fit presque tomber de ta chaise. Mais surtout, tu ne pouvais t’empêcher de t’inquiéter. Alors que Joanne s’inquiétait pour sa thèse, toi tu t’inquiétais pour elle. C’était beaucoup de choses à gérer, beaucoup de changements et elle avait deux enfants en bas âge qui n’allaient sans doute pas comprendre tout de suite pourquoi leur père n’habitait plus avec eux si c’était Joanne qui en avait la garde. « J'ai quand même certains délais à respecter... Je veux faire les choses bien. Je ne voudrais pas décevoir qui que ce soit. » Joanne s’était toujours mis une pression énorme sur les épaules alors ces quelques mots prononcés dans cette petite voix alors que son regard était rivé sur le sol, tu savais ce que cela voulait dire. Tu comprenais ce besoin de bien faire, ce besoin de perfection et de réussite en toute chose mais si cela voulait dire faire un burnout, cela n’était pas souhaitable. « Ne met pas ta santé en danger pour des délais d’accord ? Sans entrer dans les détails, parle-en avec ta directrice de thèse, il y a forcément certaines dates qui peuvent être légèrement repoussées. Et ne te met pas de pression inutile, tu ne décevras personne. » Lui dis-tu en posant ta main sur les siennes ce qui fit lever les yeux à la jolie blonde. Tu proposais ensuite à Joanne ton aide, quelle qu’elle soit dans les prochaines semaines ou les prochains mois : « C'est gentil. Merci beaucoup. » Il était important pour toi qu’elle comprenne qu’elle n’était pas seule et qu’elle pouvait bel et bien compter sur toi pour la soutenir. Que ce soit l’aider pour sa thèse ou la dépanner avec ses enfants. Il se trouvait que tu n’étais pas un mauvais babysitteur, même ton frère qui te détestait au plus haut point avait trouvé judicieux de te confier sa fille … « J'espère sincèrement que tout passera bien, pour Colleen et toi. Et avec sa fille aussi. » Un sourire doux se dessina sur tes lèvres. Toi aussi tu l’espérais de tout coeur car tu ne te voyais pas laisser filer ce petit bout de femme fabuleuse qui avait changé ta vie cette année. Non, elle était trop importante pour toi, il allait falloir trouver un moyen de réparer les pots casés. « Merci. Je l’espère aussi. » Te contentas-tu de répondre. C’était étrange de se retrouver dans une position où ce n’était pas ta vie amoureuse qui était un désastre, c’était celle des autres. Tu étais habitué à être celui à qui l’on fait remarquer que vu sa vie amoureuse, il ne pouvait pas vraiment la ramener. « Si ça ne tenait qu'à moi, je ne le dirai à personne. Seulement je me suis que tu te serais posé des questions le jour où je t'aurais demandé de changer mon nom de famille sur les emplois du temps des étudiants. » Effectivement, tu n’aurais pu t’empêcher de te poser des questions mais si tu avais vu que Joanne ne voulait pas en parler, tu n’aurais pas insisté toutefois. « Tu ne dois rien à personne Joanne. Les gens n’ont pas à te poser de questions, moi en premier. Je suis là pour t’écouter si tu veux en parler mais si ce n’est pas le cas, tu n’es pas obligée de le faire. Tu peux te contenter de dire aux gens que tu as divorcé et que le reste ne les regarde pas car c’est le cas. » Tu étais le roi des explications mystérieuses. Tu ne parlais que peu de toi à tes collègues et cela t’allait très bien. « Je suis touché que tu te sois sentie assez en confiance pour m’en parler. » Lui dis-tu toutefois avec un sourire timide sur les lèvres.
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| | | | (#)Sam 16 Jan 2021 - 21:46 | |
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L'affaire Weinstein avait été un tournant majeur pour les mouvements féministes et les femmes en quête de justice face au harcèlement sexuel. Depuis, les voix continuaient de s'élever et de s'unifier pour dénoncer les plus vils profiteurs, tout autant que ceux qui sifflaient dans les rues quand une femme passait devant eux. Et certaines personnes en payaient les frais alors que les dénonciations n'étaient que des mensonges. Comme Marius, par exemple, qui craignait plus que tout que les accusations faussées de Marylou ne se répercute de façon délétère sur sa vie. Par chance, les dires de l'étudiante ne s'étaient pas ébruités plus que ça. Joanne ne put s'empêcher de penser à Jamie et à son affaire avec Mina. Les conséquences qui avaient suivi. Elle sentait son coeur se serrer, la plaie qui venait de se réouvrir au simple souvenir de la soirée où Jamie avait avoué. "Ca ne pouvait pas être un hasard, que vous vous soyez recroisés par la suite." constata-t-elle avec un doux sourire. Le genre de belles rencontres qui mettait du baume au coeur de la jeune femme et qui réjouissait sa facette romantique. Elle adorait ces belles histoires d'amour, celles qui étaient naturelles, avec un chemin tout tracé. Certains étaient plus compliqués et plus sinueux que d'autres, mais ils arrivaient toujours au but. Il y avait toujours une finalité, un lien inébranlable qui unissait deux âmes soeurs et qui permettaient à ce que leur chemin se recroise, encore et encore. Joanne vivait le parfait contraire de Marius. Elle était sincèrement heureuse pour lui. Le bourreau du travail qui se laissait enfin une chance d'aimer quelqu'un qui l'adorait en retour. "Le plus important est qu'il n'y ait pas eu de suite." La carrière du professeur aurait pu être réduite à néant au plus vite. Il ne s'en serait probablement jamais remis. Il aimait tellement son travail. La petite blonde lui proposait tout naturellement son aide, bien qu'elle se doutait sur le moment qu'elle ne pouvait faire grand chose pour le soulager un peu. Marius s'était assuré que la fille de Colleen ne soit plus présente lors de ses sessions. "Je n'ai certainement pas tes connaissances, mais si je peux prendre le relais d'une façon ou d'une autre sans que ça ne puisse porter préjudice à ses études, je peux me débrouiller." dit-elle avec un fin sourire. Joanne n'avait pas la prétention de dire qu'elle était tout aussi érudite que son mentor. "Et dire que je pensais que c'était moi, ta meilleure élève." dit-elle dans un rire, sans croire un mot de ce qu'elle pensait. Joanne n'aurait jamais suffisamment d'égo et d'estime pour se penser ne serait-ce qu'un peu au dessus des autres. Elle avait plutôt tendance à penser l'inverse même. En parallèle, Marius tint à insister sur le fait que Joanne ne se sente pas seule durant ce divorce. Il le lui répétait, de façon différente à chaque fois. Il la savait têtue, il devait se douter qu'elle avait la tête dans le guidon et qu'elle devait peiner à voir toutes les mains tendues vers elle, ce pourquoi il réitérait sa proposition d'aide encore et encore. Ses paroles embuèrent ses yeux, elle gardait ses lèvres pincées pour s'assurer qu'elle ne s'effondre pas devant lui. Elle acquiesça d'un signe de tête devant ses propositions. Ca ne la réjouissait pas de parler de mentionner sa vie personnelle à sa directrice de thèse, parce qu'elle lui faisait un peu peur. Et elle ne voudrait pas que ses problèmes ne soient vus d'un mauvais oeil, comme une piètre excuse pour repousser des délais qu'elle aurait du respecter. Seulement Joanne avait besoin de temps pour elle, pour ses enfants, pour la procédure de divorce. Et elle en manquait cruellement depuis plusieurs mois déjà. Elle laissa échapper une main quand le brun vint poser une de ses mains sur les siennes. Son regard se redressa vers lui. "Je... Ca fait des années qu'on me dit que j'en suis capable, que je peux tout à fait réussir et... Quand j'ai pris la décision de me lancer là-dedans, notre couple battait déjà de l'aile. Je ne sais pas quelle mouche m'a piquée pour me dire que c'était le meilleur moment pour réaliser ce projet là." Elle haussait les épaules. "J'ignorais ce que nous allions devenir à ce moment-là et je reconnais que ce n'était pas ce qui importait le plus le jour où je me suis décidée." Il fallait le noter, mais Joanne avait pris cette décision là toute seule. Après de longues heures de réflexion. Elle qui était facilement dépendante d'autrui, ce simple fait montrait à lui seul la détermination et l'envie qu'elle avait à accomplir cet objectif. "Mais j'ai tellement envie de réussir." souffla-t-elle tout bas. C'était aussi pour cela qu'elle lui demandait d'être discret vis-à-vis de son divorce. Elle ne voulait pas que ce soit un bruit du couloir où les chuchotements s'arrêteraient dès qu'on la verrait approcher. La jeune femme n'avait même pas envie de leur dire qu'elle allait divorcer. Ils le remarqueront bien lorsqu'elle n'aura plus d'alliance à son doigt. Elle se demandait parfois pourquoi elle la portait encore. Un paradoxe qu'elle-même ne parvenait à élucider. Marius était touché par la confiance que lui accordait son ancienne élève. "Tu as toujours eu confiance en moi, depuis le début." Quand elle était sur les bancs de l'université, quand elle avait début sa carrière, quand il était venu lui proposer un poste à l'université, quand elle se lançait dans un doctorat. Jamais n'avait-il douté d'elle. "Tu as toujours été un exemple pour moi et si on avait dit, à mes dix-huit ans, que la personne que j'admire le plus devienne mon ami et mon collègue, je n'y aurais jamais cru." dit-elle avec un sourire navré. "Je te dois bien ça, que... Que tu saches la vérité. Cela me semblait être la moindre des choses." Elle se permit de poser l'une de ses mains sur celle que Marius avait préalablement posé sur elle. Marius comptait beaucoup pour elle, autant son amitié que son opinion. Il faisait partie de ces personnes pour qui elle aurait une admiration éternelle. Elle ne voulait surtout pas le décevoir lui. "Ce n'est pas un sujet que j'aborde avec beaucoup de monde." Ils ne se comptaient que sur les doigts d'une seule main. "Tout a été assez médiatisé pour en rajouter une couche. Je me suis habituée à ne rien dévoiler, je compte en faire autant pour la suite." Histoire de ne pas donner du grain à moudre à ceux qui cherchaient une opportunité. "Je pense que ça a permis d'éviter que ça ne prenne encore plus d'ampleur et je ne voudrais pas que les enfants soient mêlés à ça malgré eux. Alors je ne dis rien. Quand on me demande si ça va, je leur réponds que oui, et ça ne va jamais plus loin." Joanne n'était pas très bavarde de base, donc rester silencieuse n'était en rien une difficulté pour elle. Elle haussait les épaules. C'était ainsi. De nouvelles habitudes de vie dont elle avait très rapidement pris l'habitude.
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| | | | (#)Lun 1 Fév 2021 - 8:29 | |
| VOICES FILLING UP YOUR MIND | |
Ce n’est que maintenant que tu le faisais avec Joanne que tu te rendais compte que tu t’étais peu confié sur ta relation avec Colleen. Tu avais dispersé les informations, en donnant quelques unes à certaines personnes, d’autres à des personnes différentes comme si mettre toutes ces informations entre les mains d’une seule et même personne était dangereux. Avec Joanne, tu étais en train de prendre ce risque mais son regard bienveillant te rassurait plus qu’autre chose et cette conversation te prouvait une chose, tu avais besoin d’en parler, ne serait-ce qu’un peu. « Ca ne pouvait pas être un hasard, que vous vous soyez recroisés par la suite. » Un petit sourire se dessina sur tes lèvres. Entre vous deux, Joanne était bel et bien la plus romantique. Tu pensais très honnêtement que c’était un pur hasard car tu ne croyais pas au destin et à toutes ces choses-là. Mais si Joanne préférait voir les choses ainsi, ce n’était pas gênant, au contraire même. Il n’en restait pas moins que le problème posé par Marylou restait entier. Depuis les accusations qu’elle avait faites auprès de son père, tu étais très prudent et tu t’arrangeais pour ne jamais être seul en sa présence. C’était ça le plus important. Mais plus ta relation avec Colleen avançait, plus cela devenait compliqué, même sans ces accusations au semestre précédent. Tu t’accrochais au fait que tu n’avais plus que quelques semaines avant la fin du semestre et que l’année prochaine, tu allais te débrouiller pour que Marylou suive ses cours avec n’importe qui d’autre mais surtout pas toi. « Le plus important est qu'il n'y ait pas eu de suite. » Tu hochais la tête et n’en dis pas plus car si toi tu avais été chanceux, tu savais que cela n’avait pas été le cas du mari de Joanne. Tu ne savais pas bien dans son cas ce qui était de la rumeur et ce qui était vrai mais cela ne t’intéressait pas. Tu voulais simplement que Joanne soit heureuse et elle avait semblé heureuse avec son mari. Jusqu’à aujourd’hui apparemment. « Je n'ai certainement pas tes connaissances, mais si je peux prendre le relais d'une façon ou d'une autre sans que ça ne puisse porter préjudice à ses études, je peux me débrouiller. Et dire que je pensais que c'était moi, ta meilleure élève. » Un petit rire amusé s’échappa de tes lèvres à ces paroles. Effectivement, tu as toujours dit à Joanne qu’elle était ta meilleure élève et le fait que Marylou le soit aussi ne changeait rien à cela. Tu en avais régulièrement et cela te rassurait à vraie dire … « Oh tu l’es, ma meilleure élève de la décennie précédente. » Lui dis-tu pour la taquiner à ton tour. Tu n’oubliais pas cependant la proposition qu’elle venait de te faire. Tu pourrais sans doute t’arranger pour que Marylou continue son enseignement de l’histoire de l’art dans les cours de Joanne, ce serait une excellente idée. Peut-être qu’une présence féminine bien différente d’elle serait bénéfique pour la jeune femme finalement. « Si cela ne te dérange pas, je veux bien que tu t’occupes de noter ses différents travaux pour les examens. Il ne reste que quelques semaines avant la fin de l’année, je devrais tenir le coup mais tu veux bien la prendre dans ton cours l’année prochaine ? » Il faudra certainement que tu en parles à Colleen et que tu lui expliques ce choix pour ne pas qu’elle le prenne mal. Tu n’avais rien contre Marylou mais tu avais besoin de te protéger et de la protéger elle aussi. Parce que même si personne n’avait fait le lien dans tes collègues entre Colleen de Race of Australia et la mère de Marylou, tu savais que cela ne serait pas long. Tu n’es pas le seul à avoir quelques soucis en ce moment et avec l’annonce du divorce de Joanne, tu es légèrement inquiet. C’est parce que tu la connais depuis qu’elle est étudiante que tu as peur que son perfectionnisme l’amène vers un burnout alors qu’elle va devoir gérer beaucoup de choses dans les semaines et les mois à venir … « Je... Ca fait des années qu'on me dit que j'en suis capable, que je peux tout à fait réussir et... Quand j'ai pris la décision de me lancer là-dedans, notre couple battait déjà de l'aile. Je ne sais pas quelle mouche m'a piquée pour me dire que c'était le meilleur moment pour réaliser ce projet là. J'ignorais ce que nous allions devenir à ce moment-là et je reconnais que ce n'était pas ce qui importait le plus le jour où je me suis décidée. Mais j'ai tellement envie de réussir. » C’était une bonne chose qu’elle ait pris cette décision seule, une très bonne chose même. Peut-être qu’elle aurait pu se lancer dans un moment plus propice mais elle avait attendu d’être prête et c’était important pour elle. Le fait qu’elle divorce aujourd’hui ne mettait pas à tes yeux en péril ses chances de réussite, au contraire. « Et tu vas réussir Joanne, ne doute pas à ce sujet d’accord. Peut-être que cela te prendra un peu plus de temps que prévu mais cela n’a pas d’importance. Tu vas réussir. » Tu étais ferme à ce sujet car tu voulais qu’elle te croit. Tu voulais qu’elle croit en elle. Peut-être que sa thèse prendra six mois de plus, peut-être une année de plus s’il le faut. Ce n’est pas grave, cela arrive régulièrement et c’est encore plus compréhensible quand quelqu’un se lance dans un tel projet avec l’expérience de Joanne. Alors non, tu n’es pas inquiet, tu veux juste qu’elle pense un peu à elle. « Tu as toujours eu confiance en moi, depuis le début. Tu as toujours été un exemple pour moi et si on avait dit, à mes dix-huit ans, que la personne que j'admire le plus devienne mon ami et mon collègue, je n'y aurais jamais cru. Je te dois bien ça, que... Que tu saches la vérité. Cela me semblait être la moindre des choses. » Les paroles de Joanne te touchent énormément. Tu ne fais pas ton métier pour être admiré, tu le fais parce qu’il te passionne et que si tu peux déclencher des vocations artistiques ou éducatives, alors c’est ton devoir de le faire. Quand Joanne était ton étudiante, tu étais à des années lumière d’imaginer qu’elle te prenait comme un modèle, chose qu’il vaudrait mieux qu’elle ne fasse pas car tu n’étais pas un très bon modèle … « Ce n'est pas un sujet que j'aborde avec beaucoup de monde. Tout a été assez médiatisé pour en rajouter une couche. Je me suis habituée à ne rien dévoiler, je compte en faire autant pour la suite. Je pense que ça a permis d'éviter que ça ne prenne encore plus d'ampleur et je ne voudrais pas que les enfants soient mêlés à ça malgré eux. Alors je ne dis rien. Quand on me demande si ça va, je leur réponds que oui, et ça ne va jamais plus loin. » Tu comprends ce mécanisme d’autodéfense, il te semble même évident. C’est vrai que c’est plus facile de ne rien dire, de répondre aux questions par de simples ‘Je vais bien’ ou des ‘Oui’ et les gens ne s’attardent pas sur votre réponse. Malgré son âge, Joanne avait une sagesse que tu n’étais pas certain de posséder et que tu admirais beaucoup. Ses enfants ne pouvaient pas encore s’en rendre compte mais ils avaient de la chance de l’avoir … « Moi aussi je t’admire beaucoup tu sais ? Tu as toujours suivi ta voie, tu n’as laissé personne te dissuader de prendre une voie qui ne te convenait pas. Je suis admiratif et fier du parcours que tu as eu et que tu continues à avoir. » Maintenant que tu commençais à avoir enseigné depuis un bon moment, tu avais des retours d’anciens élèves que tu voyais évoluer par hasard ou parce qu’ils te recontactaient. « Il est normal que tu ne veuilles pas en parler avec tout le monde mais ne garde pas toujours tout pour toi d’accord ? Si jamais tu as besoin, tu sais où me trouver. » Tu imaginais mal Joanne répondre à ton invitation vu que vous n’aviez jamais été du genre à partager les moindre détails de vos vies tous les deux mais il était important pour toi qu’elle sache qu’elle pouvait avoir ton soutien si elle en avait besoin.
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| | | | (#)Mar 16 Fév 2021 - 19:26 | |
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Si Joanne pouvait se montrer utile d'une façon ou d'une autre pour aider Marius dans sa relation compliquée par les caprices de Marylou, elle le ferait sans sourciller. A ses yeux, elle lui devait tellement qu'elle ne pouvait lui refuser quoi que ce soit. C'était donc tout naturellement qu'elle lui proposait son aide. Une main tendue que le brun ne refusait pas, bien au contraire. Et ce qui allait le plus servir au professeur était que Joanne vienne à enseigner à sa place auprès de Marylou. "Bien sûr, sans aucun problème." dit-elle spontanément, le sourire aux lèvres. "Il y a encore de la place pour mes cours, elle peut donc venir. Surtout que cela est inclus dans son cursus." Marylou n'avait rien à reprocher à Joanne. Et cela permettrait au brun de prendre du recul et de laisser les événements se tasser pour espérer des jours meilleurs dans sa relation avec Colleen et sa fille. Marius avait suffisamment confiance en Joanne pour savoir que l'étudiante serait entre de très bonnes mains avec elle. Tout autant qu'il avait pleinement confiance en elle et en ses capacités pour réaliser un doctorat qui la motivait énormément. Elle était profondément touchée, qu'une personne aussi illustre que son mentor, l'encourage tant dans cette voie et qu'il se montre d'une très grande indulgence quant aux délais demandés. Il préférait qu'elle prenne son temps et accomplisse un travail dont elle serait très fière plutôt que de bâcler ses travaux de recherches uniquement pour respecter des délais parfois serrés. "Merci beaucoup." souffla-t-elle. Elle leva les yeux vers lui, pétillants d'une reconnaissance hors norme. "Merci de croire autant en moi." De se savoir aussi soutenue par autant de personnes de son entourage l'aidait beaucoup. Son estime ne pouvait qu'augmenter et sa motivation s'accroître. Si elle ne le faisait pas pour elle, elle le ferait pour eux. Joanne le voulait tellement, ce doctorat. Ce désir permettait de compléter aussi le manque qui s'était creusé dans sa vie personnelle. Continuer ses travaux de recherche en pleine instance de divorce n'avait rien d'aisé, bien au contraire. Surtout que Joanne ne verbalisait que trop peu son chagrin et ses incertitudes quant aux prochains mois. Tout de sa vie allait être chamboulé. Elle allait devoir apprendre à ré-organiser son quotidien. Son regard devint perplexe et surtout interrogatif lorsque Marius lui confiait qu'il l'admirait. Comment ça ? Le mentor qui admirait son ancienne étudiante ? Cela semblait être plus qu'improbable pour Joanne, qui restait muette face à cette confidence. Il était vrai qu'elle avait toujours été très influençable. Dans le seul but de faire plaisir à certains de ses proches, il lui était déjà arrivé de se plier à leur volonté. Ces personnes là, dans son entourage, n'avaient pas été nombreuses, heureusement. Mais avec le temps, elle avait réussi à se forger une volonté qui lui permettait d'écouter ses propres envies. Les personnes qui ne souhaitaient que le meilleur pour elle l'aidaient à lui donner cette petite impulsion lui permettant de s'envoler. Le professeur veillait tout de même au grain et craignait que la petite blonde n'en garde trop pour elle. Elle ne se confiait quasiment pas sur ses problèmes conjugaux, sur la façon dont elle vivait chaque jour, sur les négociations compliquées de leur divorce. Il avait raison de se faire du souci. Effectivement, Joanne gardait bien trop de confidences pour elle. Elle était entourée de proches qui ne souhaitaient que le meilleur pour elle. Et pourtant, elle se sentait extrêmement seule. "Je ferai au mieux." lui assurait-elle sans toutefois promettre. Tout était incertain pour elle, ce pourquoi elle ne préférait pas s'avancer sur quoi que ce soit. "C'est gentil de ta part, mais je... Elle soupira. Les lèvres pincées, elle fit un sourire forcé afin de faire relativiser les larmes qui s'étaient spontanément logées aux coins de ses yeux. Oui, il y avait énormément de chagrin qu'elle n'avait, pour l'heure, partager avec qui que ce soit. "Je ne vais pas te déranger plus longtemps." lui dit-elle après quelques secondes de silence avant de se lever tout en récupérant son sac à main, faisant comme si de rien n'était "Tiens-moi au courant pour Marylou et dis moi quelques travaux je dois lui noter, je viendrais les récupérer, et..."[/collor] Il était toujours un petit peu étrange de parler ensemble de leur vie respective. Tout ce qui sortait du cadre de leur passion, en somme. "... Et tu peux aussi compter sur moi si... Si tu désires parler de Colleen, ou si je peux t'aider pour quoi ce soit d'autre." Tout ce qui pourrait son couple à tenir le coup face à cette épreuve compliquée. Si déjà l'histoire d'amour de Joanne se terminait sur une note bien triste, elle ferait tout pour aider à ce qu'une autre ne se termine pas de la même façon que la sienne. "Marius ?" fit-elle alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce. Elle restait silencieuse devant le regard interrogateur de son mentor. "Juste... Merci." Merci pour quoi, elle-même ne le savait pas vraiment. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'à ce moment précis, elle tenait à le lui dire.
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