Andrew était au plus bas. Il s’était retenu toute la journée d’envoyer ne serait-ce qu’un message à Mia. Et puis dans la journée, il avait fini par craquer. Il était retourné à l’hôpital. Il n’avait pas vu Mia, mais il avait rencontré un de ses amis. Leur entrevue avait été un peu étrange, même si Andrew n’aurait pas vraiment su dire pourquoi. Quand il était rentré chez lui, il s’était senti vide. Il avait envie d’appeler sa fille, de lui laisser des messages, de lui envoyer des fleurs, de lui commander à manger - lui seul savait à quel point la nourriture servie dans les hôpitaux était immonde. Mais ils s’étaient mis d’accord : il ne viendrait pas vers elle tant qu’elle ne l’aurait pas décidé. Mais ça le faisait souffrir atrocement. Il se sentait mourir intérieurement à petit feu, et pourtant, ça ne faisait qu’une journée. Il n'osait imaginer ce que ce serait dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois. Pire, qu’adviendrait-il de lui si elle décide qu’elle ne veut plus jamais le voir ? Il n’aurait plus qu’à se laisser couler dans l’océan. Après avoir fait les cent pas dans son appartement pour la vingt-cinquième fois depuis qu’il était rentré, et but un - ou deux ? - verres de whisky, Andrew arriva à la conclusion qu’il devait faire quelque chose. Il devait se bouger, sortir, aller voir du monde. Il devait trouver une solution. Il devait réussir à savoir comme il pouvait réussir, d’une manière ou d’une autre, à rallier Mia de son côté. Il ne voulait pas rester oisif pendant tout ce temps. Et le premier nom qui lui vint en tête, c’était Adam. Si sa fille ne voulait pas de lui, alors il irait voir quelqu’un qui pourrait l’aider à la comprendre. A la connaître. A lui indiquer ce qu’il pouvait faire pour lui montrer qu’il l’aimait. Sans toutefois trop la brusquer, parce que ce n’était pas son objectif. Il ne voulait pas la perdre, il voulait trouver quelque chose qui fonctionne sur la durée. Alors il attrapa ses cliques et ses claques : ses clés, une bouteille d’un excellent vin, et surtout, son carnet. Il ne savait pas s’il s’en servirait, mais il aurait voulu que quelqu’un le lise. Pour le comprendre, lui. Et puis il quitta sa maison pour rejoindre le logement d’Adam. Il n’avait même pas pris la peine de le prévenir qu’il arrivait, l’esprit quelque peu embrumé par les vapeurs d’alcool et par sa détermination. Une fois arrivé devant la porte de son ami, il ne s’inquiéta pas de savoir s’il était trop tard ou non. Il se contenta de toquer trois coups brefs. Adam fut quelque peu surpris de le voir sur le pallier, mais l’alcool aidant, Andrew agita simplement la bouteille de vin devant le nez son comparse. « J’ai ramené de quoi boire, tu peux me laisser sur le pallier si tu veux, mais ça serait triste de boire ça tout seul sur ton paillasson » Allez savoir si c’était ça qui avait convaincu Adam…En tout cas, Andrew avait fini par pouvoir rentrer. Il était tellement exalté qu’il ne prit même pas la peine de saluer Adam, ou même de lui demander si ça allait. Il posa la bouteille sur la table et se passa la main dans les cheveux. « Je ne sais pas comment j’ai fait pour pondre une gosse pareille, mais je m’y suis bien appliquée en tout cas » Andrew se laisser tomber dans le canapé, comme s’il était chez lui. Il laissa ses yeux se promener dans la pièce. Il aperçut quelques jouets d’enfants dans un coin. Il réalisa qu’il avait peut-être dérangé Adam. Mais il ne bougea pas du canapé pour autant. « Je ne sais pas quoi faire, Adam. J’ai tout essayé, elle ne veut pas de moi. Pas pour l’instant. Je suis censé faire quoi ? » Il était énervé contre lui-même, ce soir-là. « Je n’ai pas été là. Je ne sais pas ce qu’elle aime. J’extrapole en fonction de ce que je savais d’elle il y a quinze ans, mais bordel, j’ose espérer qu’elle ne joue plus aux poupées et à la trottinette à 30 piges…Je suis complètement largué ». Il haussa légèrement les épaules. « J’en viens à me demander si j’ai bien fait de revenir… » Et il posait la question très sincèrement. Il espérait qu’Adam lui réponde négativement. Mais il avait des doutes.
J'escaladerais toutes les montagnes Et traverserais chaque océan Juste pour être avec toi Et arranger ce que j'ai brisé Parce que j'ai besoin que tu vois Que tu en es la raison
Ça fait quoi ? Tout juste vingt-quatre heures et pourtant, il a la sensation que ça fait une éternité. Mia lui manque beaucoup trop. Adam est comme un lion en cage. Il meurt d'envie de passer ses journées à son chevet, mais il se l'interdit. C'est trop dur. Rien que de penser à elle ça lui noue la gorge. Tout lui rappelle Mia. Même ce canapé sur lequel il est assis. Bordel Newman pourquoi es-tu si faible ? Il se relève et bute dans un jouet qui traîne. Les jumeaux sont restés chez leur tante. Tamaryn a préféré les garder avec elle le temps que son frère aille mieux. Même s'il a échappé au pire grâce à Joy qui lui a gentiment remonté le moral hier soir. L'espace de quelques heures, il avait oublié son chagrin. S'il n'avait pas croisé son chemin il aurait sûrement noyé sa détresse dans une bouteille de Whisky. À la place il s'était tenu tranquille. Il marche jusqu'à une photo posé un meuble du salon. Le cliché représente Mia et lui, bras dessus dessous, sourire triomphant aux lèvres. Il se saisit du cadre et l'observe un moment sans rien dire. Adam repense à tous ces moments passé avec elle. Que ce soit leur jeunesse dorée... Une petite tête blonde qui ne cessait de l'embêter pour lui faire décrocher un sourire. À leur adolescence ou Mia était devenue sa confidente. Pour ensuite arriver à ses dernières semaines. Surement les plus intenses qu'ils ont vécues ensemble. Surement les dernières aussi … Sans le vouloir, Adam c'était attaché d'avantage à elle. Et c'est certainement ce qui a poussé Mckullan à y mettre fin. Elle voyait peut-être tout ça comme du bon temps, rien de plus. Newman n'avait pas vraiment l'habitude de ce type de relation. Il a tendance à croire que l'ont partage ce genre de moments seulement quand on ressent quelque chose pour la personne en face. Il ose espérer qu'il n'a pas était juste un pion pour faire lui faire oublier cet homme … Celui qui apparemment a réussi à lui faire tourner la tête. Le simple fait de penser à lui l'énerve quelque peu. Le cadre retourne bien vite sur le meuble mais face caché cette fois. Adam va avoir besoin de temps pour ce faire à l'idée qu'il gardera toujours cette place de meilleur ami à ses yeux. C'est certainement plus sage comme ça.
La journée se passe. Exceptionnellement, il a pris un congé. Impossible d'aller bosser dans cet état. Il a besoin de remettre de l'ordre dans sa tête mais aussi dans cette maison. C'est donc sans grande conviction qu'il fait le ménage. Aaron et Noah ont le don d'en mettre partout. Une chaussette par là, un pull par ici. Le brun ramasse les égarés un à un pour aller les mettre dans la machine à laver et mettre une tournée de linge en route. Puis il se dirige vers le frigo histoire de se mettre un truc sous la dent. Mais il le referme bien vite. Rien ne lui donne envie. Il n'a pas faim. Il pourrait passer sa journée à dormir que ça ne le dérangerait pas. Mais ce n'est pas ce que Mia voudrait. Elle serait là elle lui mettrait sûrement un bon coup de pied au cul pour qu'il arrête de se tourmenter de la sorte. Il hésite à envoyer un texto à Joy. Est-ce que c'est raisonnable ? Pourquoi ça ne le serait pas ? Ses doigts commencent à écrire un message quand soudain, il entend quelqu'un frapper à la porte. Aurait-elle lu dans ses pensées ? Adam s'interroge et part ouvrir. C'est encore la meilleure façon de savoir. Lorsqu'il découvre la mine décomposée d'Andrew il reste sans voix. « J’ai ramené de quoi boire, tu peux me laisser sur le pallier si tu veux, mais ça serait triste de boire ça tout seul sur ton paillasson » Il comprend bien vite que son état est en rapport avec l'état actuel de sa fille. « Entre, reste pas là » Andrew finit par entrer en s'avançant vers le salon. Il connaissait parfaitement cette maison pour y être venu assez souvent. Il était ici chez lui. Même si Adam lui avait demandé de se montrer discret le temps que Mia soit mise au courant. D'ailleurs, va bien falloir qu'il prenne son courage à deux mains et qu'il lui dise avant qu'elle ne le découvre par ses propres moyens. Adam redoute tellement ce moment qu'il le repousse sans cesse en se disant que demain c'est mieux. Puis finalement, plusieurs années plus tard il est toujours au même stade. « Je ne sais pas comment j’ai fait pour pondre une gosse pareille, mais je m’y suis bien appliquée en tout cas » Le brun vient s'asseoir à ses côtés en le regardant un peu peiner. Il a toujours considéré Andrew comme son père, ça le bouffe de le savoir si malheureux. Hier il a bien essayé d'aller dans son sens avec Mia, mais il avait senti qu'il allait falloir prendre son mal en patience pour espérer une amélioration dans leur relation père/fille. « Il va lui falloir du temps. Ça a été un choc pour elle de te voir après tout ce temps. Mais tu restes son père quoi qu'il arrive. Elle t'aime … je le sent … je le sais. » La rancœur l'avait juste remporté pour cette fois. Mais Adam ne peut pas croire que Mia ai tirer un trait définitif sur ce père qu'elle a tant aimé. « Je ne sais pas quoi faire, Adam. J’ai tout essayé, elle ne veut pas de moi. Pas pour l’instant. Je suis censé faire quoi ? » Une main sur l'épaule, Adam tente de le réconforter comme il peut. « Je t'interdis de baisser les bras dad. Tout ne va pas s'arranger en un claquement doigt. Il va falloir que tu t'accroches et que tu lui montres que n'a jamais cesser de l'aimer. » Entre Jax, son accident et maintenant son père. Sans parler de ce qui se passe entre eux... Il était normal que Mia se renferme de cette manière. « Je n’ai pas été là. Je ne sais pas ce qu’elle aime. J’extrapole en fonction de ce que je savais d’elle il y a quinze ans, mais bordel, j’ose espérer qu’elle ne joue plus aux poupées et à la trottinette à 30 piges…Je suis complètement largué ». C'est vrai que vu comme ça s'est compliqué. Il hésite … Puis finalement il se lève pour revenir avec un album photos où se trouvent tous les meilleurs moments qu'il a passé avec elle. Autant dire qu'il est épais et surtout chargé de souvenirs. Adam le pose sur ses cuisses. Il sait que ça va être dur de revoir tous ces clichés. Mais il le fait pour Andrew. Sa main commence à tourner la première page. Un sourire se dessine malgré tout sur ses lèvres en voyant les premières photos. « Regarde celle-là. Tu te souviens ? C'était à la kermesse de l'école. On devait faire une course de sac à patates et t'avais fini tête la première dans une flaque de boue » Une période où ils étaient encore tous les trois, heureux. « Là c'était au spectacle de fin d'année. Mia avait une superbe robe de princesse rappelle toi. C'est même toi qui lui avait acheté » La petite blonde avait sauté dans les bras de son père pour le remercier. Ses yeux d'enfants brillé tellement qu'on aurait cru un ciel étoilé. Adam continue de tourner les pages. « Ha bah tiens, la voilà notre princesse » Il sourit et lève les yeux sur Andrew qui semble au bord des larmes. Instinctivement, Adam passe son bras derrière ses épaules pour le frictionner affectueusement. Ils continuent d'admirer l'album souvenirs non sans émotion. « Le fameux milshake qui nous avait rendu malade. Tu nous en a plus jamais acheté après » Un rire s'échappe d'entre ses lèvres. Alors qu'il passe à leur période d'adulte. Celle qu'Andrew a laissé échappé malgré lui. Adam laisse son doigt glisser sur une photo de Mia. Un cliché plutôt récent car il s'agit de leur fameux week-end à deux … Pensif, il reste silencieux. Il sent son cœur se fendre mais il tente de ne rien laisser paraître face à Andrew. « Mia est une femme formidable. Y en a pas deux comme elle. Tu peux être fière d'être son père. Comme toutes les filles, elle a toujours ses rêves de princesse. Même à 30 piges ! Elle aime aussi faire la fête. Un peu trop peut-être. Elle aime qu'on la chouchoute. Normal c'est une princesse. » Il sourit au brun puis continue « ça ne sert à rien de l'amener dans un restaurant trop chic. Elle préférera manger un macdo. D'ailleurs elle n'est pas fan de la sauce barbecue. Elle n'hésitera pas à te piquer une frite juste pour t'embêter. Elle aime danser. Sa chanson préférée … c'est … » Il sent ses yeux briller. Brusquement il se lève en évitant le regard d'Andrew. Il a besoin de prendre l'air sinon il va craquer ; C'est hors de question. Pas devant son père. Adam fait donc glisser l'album sur les jambes de son invité. « Je reviens, Lucky a besoin de sortir » Par chance le chiot le suit sans se poser de question. Il ouvre la baie vitrée et reste accoudé sur l'encadrement tout en fixant l'extérieur sans but précis. L'air frais lui fait du bien. Parler de cette chanson c'était remuer le couteau dans une plaie encore à vif. Après quelques minutes, il rappelle Lucky en le sifflant. Mais le chien a décidé qu'il n'avait pas fini de renifler cet arbre. « Okey bah reste dehors » Adam referme alors la baie coulissante et reviens dans le salon avec deux verres et un tire-bouchon. « On se l'a fait cette petite ? ». Jusqu'à maintenant, il avait cédé à ne pas boire. Mais là c'était trop tentant avec cette bouteille sous les yeux. Il fait donc sauter le bouchon pour ensuite remplir les deux verres. « A la tienne » Les verres s’entrechoquent. Adam boit deux gorgées. Il aurait presque pu finir son verre d'une traite. Mais il se contient devant Andrew qui semble encore plus mal que lui. « J’en viens à me demander si j’ai bien fait de revenir… » Les doutes de son paternel de cœur l'attriste au plus haut point « Ne dit pas ça Dad. Je suis tellement heureux que tu sois là. Les garçons aussi. Ils ont besoin de leur papy gâteau » Qu'il lui dit en lui offrant un tendre sourire. Adam n'avait pas envie de le voir disparaître une seconde fois. Il fera de son mieux pour prouver à Andrew que son retour est bénéfique malgré qu'il soit également douloureux.
Andrew se rendait à peine compte à quel point cela avait été impoli de se présenter et de rentrer chez Adam de la sorte. Il aurait pu être occupé : peut-être qu’il avait mis des heures à coucher les petits et qu’il voulait savourer un instant de répit avec un bon verre de vin devant une série, ou peut-être qu’il avait invité une demoiselle chez lui et qu’il n’avait aucune envie qu’Andrew soit présent pour assister à leurs mièvreries. Andrew n’aurait néanmoins pas dit non à un bon verre de vin et un film bien nul. Les yeux perdus dans le vide, assis sur le canapé, il se demandait si les films de Noël avaient commencé à être diffusés. Adam tenta tant bien que mal de lui remonter le moral. « Il va lui falloir du temps. Ça a été un choc pour elle de te voir après tout ce temps. Mais tu restes son père quoi qu'il arrive. Elle t'aime … je le sens… je le sais. ». Andrew avait de sacrés doutes. Il doutait de l’amour que sa fille avait pour lui. Elle lui avait bien fait comprendre, de différentes manières, qu’elle n’en avait plus rien à cirer de lui, qu’il avait quinze piges de retard et qui s’il avait voulu revenir vers elle, il aurait dû le faire plus tôt. Les mots d’Adam se voulaient réconfortants, mais ils glissaient sur Andrew comme du beurre au fond d’une casserole bien chaude. Ou comme de la pluie sur un imperméable. Vous avez compris, quoi. Il indique à Adam qu’il a tout essayé, ce à quoi Adam répond, avec un petit surnom affectif qui fait tellement plaisir à Andrew, qu’il ne faut pas qu’il baisse les bras. Même si Andrew essaie de jouer au gros dur, il doit bien avouer que les mots du jeune garçon le touchent cette fois-ci. Il espère sincèrement qu’Adam pourra l’aider. L’aider à comprendre Mia. L’aider à comprendre ce qu’il peut faire pour l’aider à revenir dans sa vie. Alors bien sûr, il lui a promis qu’il l’attendrait. Qu’il ne la brusquait pas. Mais s’il pouvait, par n’importe laquelle des manières, tenter de lui envoyer des signaux de fumée pour qu’elle comprenne qu’il n’était pas aussi méchant qu’elle pensait, ça l’arrangeait. Il observa Adam se lever et revenir sur le canapé avec ce qui semblait être un album photos. Il fait défiler sous ses yeux plusieurs photos. Malgré son âge grandissant, Andrew a des souvenirs très précis de chaque moment montré par Adam. Les yeux brillants, un léger sourire au coin des lèvres, il tapote d’un doigt la photo de Mia en robe de princesse. « Je me souviens, j’avais passé des heures dans un magasin à trouver la robe parfaite. La vendeuse avait fini par en avoir marre de moi, elle ne savait plus quoi me proposer et s’apprêtait à m’envoyer chez quelqu’un d’autre. Et puis elle avait sorti cette robe. Et je m’étais dit que c’était fait pour Mia ». Bien qu’il repensait à ses instants avec tendresse, c’était aussi un crève-coeur de se rappeler tout ça. Parce qu’il savait que rien ne serait plus jamais pareil. Il aurait dû être là pour lui acheter ses premières tenues pour aller au lycée, pour lui acheter ses robes de bal de fin d’année. Mais il avait pris la décision de partir et il avait loupé tous ces moments là. En visionnant ces photos, une idée commençait à fleurir dans sa tête, papillonnant aux creux de son ventre : s’il n’avait pas été là pour ses différents bals de fin d’années, il serait là pour son mariage. Il viendrait l’aider à choisir une robe si elle l’autorisait. Et ce serait lui qui l’accompagnerait à l’autel, dans sa nouvelle robe de princesse. Ce soir là, assis sur le canapé d’Adam. Il s’en fit intérieurement la promesse. Il ne put s’empêcher de rire à l’apparition de la photo du milk-shake. « Tu sais que la mère de Mia a bien failli me tuer quand on est rentrés ? Le visage de Mia était tellement blanc, elle s’était dépêchée de courir aux toilettes en arrivant. Je revois encore la tête de sa mère, les yeux ronds, qui m’avait dit que plus jamais elle ne nous laisserait seuls tous les deux ». Bien entendu, c’était resté une menace en l’air, et Andrew et Mia avaient continué à faire les quatre-cent coups dès qu’ils se retrouvaient seuls tous les deux un peu trop longtemps. Et puis Adam passa à des photos plus récentes. Andrew l’écouta, les yeux de nouveau brillants, la gorge serrée. L’entendre parler comme ça de sa fille, ça lui tord le bide. Adam est un peu comme le fils qu’il n’a jamais eu, enfin plutôt, comme le fils qu’il a eu et a laissé partir. L’écouter vanter les louanges de Mia de la sorte lui fait encore plus de peine, se disant que Mia aurait pu grandir au côté d’un vrai frère, celui qui était parti, et de son frère de coeur, Adam, et que les trois auraient pu s’épanouir ensemble. Il en a presque mal au coeur. Il ne peut toutefois s’empêcher de froncer les sourcils quand Adam mentionne que Mia préfère manger au McDonald’s plutôt qu’au restaurant. Il était profondément outré, presque blessé. « Ce n’est pas comme ça que je l’ai éduqué, cette petite. Je me souviens encore des crises qu’elle nous piquait quand on revenait de vacances pour qu’on s’arrête au MacDonald’s. Sa mère et moi refusions catégoriquement à chaque fois, même si une fois sur deux, on finissait toujours par céder. On a toujours voulu qu’elle ne s’habitue pas pas à ce genre de malbouffe. Souviens-toi, on faisait la même chose avec toi ». Il marqua une légère pause, secouant la tête. « Faut croire que même ça, je l’ai complètement foiré ». Il écouta à peine Adam se lever pour faire sortir le chien. Il se passa les mains sur le visage plusieurs fois, essayant de se ressaisir devant Adam. Mais c’était peine perdu, il était beaucoup trop peiné et attristé pour ce soir. Alors quand il revint avec deux verres de vin et un tire-bouchon, Andrew était plus que près. Il trinque avec Adam et s’empresse de boire une gorgée qui lui brûle la gorge. Là encore, Adam essaie de le rassurer du mieux qu’il le peut. « Ne dit pas ça Dad. Je suis tellement heureux que tu sois là. Les garçons aussi. Ils ont besoin de leur papy gâteau ». Andrew ne peut s’empêcher de rire. Lui ? Un « papy gâteau » ? Bon, il devait bien avouer que vu son comportement avec les gamins du centre, il aurait très certainement le même comportement avec les petits d’Adam. Il reprend une autre gorgée de la boisson, reprenant un air sérieux quelques instants. « D’ailleurs, si tu as besoin d’aide pour garder les deux loustics, tu n’hésites pas à m’appeler ». Il fit un léger clin d’oeil à Adam. « Si jamais tu as une demoiselle à inviter ici, par exemple ». Il eut un regard insistant, toujours un petit sourire en coin. « Si tu as une demoiselle à inviter, bien sûr… ». Il posait ça comme une question, même s’il n’insisterait pas dans le cas où il ne souhait pas répondre. Il revint sur les deux petits. « Je pourrais les amener faire du surf, si tu veux. Je suis un peu rouillé, depuis le temps, mais je devrais pouvoir me débrouiller. Et normalement, contrairement à Mia, je sais toujours comment positionner mes pieds sur la planche, donc tu devrais pouvoir retrouver les tiens ailleurs que sur un lit d’hôpital… ». Il avait dit ça un peu cyniquement, il espérait qu’Adam n’en serait pas trop blessé. Une nouvelle gorgée de vin, Andrew s’installa un peu plus confortablement dans le canapé. « Tu sais, avant de revenir, je me suis souvent imaginé comment ça serait. J’ai retourné dans tous les sens tout ce qui pouvait se passer. Je me suis dit que peut-être que je retrouverais ma princesse et que tout serait comme avant. Peut-être qu’au moment même où je la retrouverais, elle m’aurait pondu deux petits monstres comme les tiens, et que personne ne m’aurait tenu au courant pour me faire la surprise. Peut-être qu’elle se serait mariée. Qu’elle serait devenue médecin, comme moi avant. Et souvent, je me disais que malgré toutes ces années, peut-être y avait-il un infime espoir qu’elle m’accueille les bras ouverts ». Andrew termina son verre d’un trait. « Mais non. Je suis revenue et elle m’a repoussé. Tu vois, j’ai l’impression d’avoir retrouvé la même gamine qui se tenait dans l’encadrement de la porte de ma chambre quand j’ai fais mes valises et que je suis parti. La même ado de quinze ans, bougonne, renfrognée, blessée et fâchée. Et je ne dis pas que je la comprends pas, loin de là ». Il se resservit un verre, et en profita pour remplir de nouveau celui de son fils adoptif. « Mais Adam, j’aurais tellement voulu qu’elle ait mûri tout ça dans sa tête. Qu’elle ait fini par comprendre que peut-être que c’était mieux que je parte à ce moment là, plutôt que je meurs à petit feu en restant ici. Et qu’elle m’ait un peu pardonné avant que j’arrive. J’ai beaucoup abandonné pour revenir ici. J’avais l’espoir de retrouvé le peu de choses qui pourraient combler mon coeur ». Nouvelle gorgée de vin. « A la place, tout n’est que venin et poison. J’avais peur de mourir à petit feu en partant il y a quinze ans, finalement c’est peut-être maintenant que ça va se passer. Tué par sa propre fille ». Les yeux brillants, il observait Adam. Il espérait que lui, le comprendrait.
J'escaladerais toutes les montagnes Et traverserais chaque océan Juste pour être avec toi Et arranger ce que j'ai brisé Parce que j'ai besoin que tu vois Que tu en es la raison
La visite d'Andrew fut une réelle surprise pour lui. Adam ne s'y attendait pas vraiment. La dernière fois qu'ils se sont vu, c'était suite à l'accident de Mia. Ils avaient fini en larmes bras dessus bras dessous pour une seule et même femme. Adam avait tenté de le réconforter mais c'est une tâche difficile, surtout quand on ne se console pas soit même. C'était double peine pour Newman. En plus d'avoir eu peur de la perdre physiquement, il s'est pris un mur quand Mia lui a dit clairement fait comprendre que leur petite histoire était terminée. Fini les chastes baisers, les mains baladeuses sous la table et les galipettes sur ce canapé. Adam aurait pu répondre un « je n'ai jamais » eu de chance en amour, en référence à leur petit jeu de la dernière fois. Newman enchaîne les défaites à un point où il se demande si c'est pour lui tout ça. Andrew est au bord au gouffre. Adam fait le choix de lui montrer un album souvenirs qu'il conserve précieusement depuis des années. Chaque petit moment passé avec Mia est précieusement stocké là, à travers les pages de ce livre, LEUR livre, LEUR histoire. Adia est gravé dans le cuir de la couverture. Ses doigts viennent tracer chaque lettre d'une geste délicat. Jusqu'à ce qu'il se décide à ouvrir la première page. Andrew replonge aussitôt dans le passé avec la première photo de Mia en robe de princesse. Il tapote avec son index le cliché. Adam ne quitte pas des yeux cette petite bouille qui le fait tant craqué. « Je me souviens, j’avais passé des heures dans un magasin à trouver la robe parfaite. La vendeuse avait fini par en avoir marre de moi, elle ne savait plus quoi me proposer et s’apprêtait à m’envoyer chez quelqu’un d’autre. Et puis elle avait sorti cette robe. Et je m’étais dit que c’était fait pour Mia » Un rire s'échappe d'entre ses lèvres. Il ferait n'importe quoi pour sa fille. Que se soit hier ou aujourd'hui. Newman a tellement de respect pour cet homme qui n'a pas hésiter une seule seconde à le prendre sous son aile. Lui, le gosse du coin de la rue qui portait toujours des pulls à manche longue pour cacher ses bleus. Nombre de fois Adam s'était réfugier dans ses bras en pleurant. Andrew avait fini par dire le fond de sa penser à son géniteur. À croire que cela avait fonctionné, il était parti peu de temps après sans donner de nouvelle. Laissant derrière lui, femme et enfants. Mais c'était mieux ainsi. Ils avaient appris à vivre sans lui. Même si les séquelles étaient belles et bien présente. « Moi je me rappelle quand tu lui as offert. Elle t'avait sauté au cou. Elle ne voulait plus te lâcher ! » Un vrai petit koala. Andrew avait du là chatouiller pour qu'elle lâche prise. Mia était alors partie l'enfiler pour ensuite faire la belle devant les deux hommes. Elle avait demandé à Adam de faire le prince charmant et lui avait rit bêtement. Tsss … Aujourd'hui il donnerait cher pour qu'elle lui redemande. La photo du milshake apparaît. Depuis ce jour, Newman les évite soigneusement de peur de retomber malade. « Tu sais que la mère de Mia a bien failli me tuer quand on est rentrés ? Le visage de Mia était tellement blanc, elle s’était dépêché de courir aux toilettes en arrivant. Je revois encore la tête de sa mère, les yeux ronds, qui m’avait dit que plus jamais elle ne nous laisserait seuls tous les deux » Pour Adam se fût moins marrant que ça. De peur de réveiller son père et de devoir en subir les conséquences, il avait passé la nuit sur la balancelle du jardin avec une bassine au pied. Sa mère l'avait retrouvé frigorifié le lendemain matin. Mais ça, il se garde de lui dire pour ne pas le faire culpabiliser. À la place il lui offre un bref sourire en le regarde brièvement. Il se confie sur les préférences de Mia. Ses habitudes. Ce qu'elle apprécie et ce qu'elle déteste. Il y a tellement de choses à dire sur elle qu'une soirée ne suffira pas. Il repense à ce dîner beaucoup trop chic pour eux. Elle avait eu l'excellente idée de le traîner jusqu'au Macdo le plus prés. Pour ça, elle avait dû simuler une grossesse. D'ailleurs ils doivent envoyer l'échographie à l'établissement. Ils risquent d'attendre longtemps le cliché … « Ce n’est pas comme ça que je l’ai éduqué, cette petite. Je me souviens encore des crises qu’elle nous piquait quand on revenait de vacances pour qu’on s’arrête au MacDonald’s. Sa mère et moi refusions catégoriquement à chaque fois, même si une fois sur deux, on finissait toujours par céder. On a toujours voulu qu’elle ne s’habitue pas à ce genre de malbouffe. Souviens-toi, on faisait la même chose avec toi » Un large sourire se dessine sur ses lèvres alors que sa main vient passer dans ses cheveux machinalement. « Faut croire que même ça, j'ai complètement foiré » Une main sur l'épaule, Adam penche sa tête pour capter son regard. « Ne dis pas ça. On fait tous des écarts. Ça ne fait pas de nous de mauvaises personnes. » Lorsqu'il évoque inconsciemment la musique préférée de Mia, Adam sent un profond mal-être l'envahir. Il y a trop de souvenirs dans une seule et même chanson. Il s’excuse et s'absente un moment le temps de souffler cinq minutes. Le chien est un bon prétexte. Newman revient et ses mains vides ne sont pas vide. Deux verres et un tire-bouchon. Juste de quoi noyer leur chagrin ensemble. Il remplit les deux récipients et dans le même élan, ils boivent leurs premières gorgées. Les jumeaux viennent dans la conversation. Adam tente de donner des arguments à Andrew pour ne pas qu'il ne se rabaisse plus qu'il ne l'est déjà. « D’ailleurs, si tu as besoin d’aide pour garder les deux loustics, tu n’hésites pas à m’appeler ». Newman apporte son verre à ses lèvres et hoche la tête en guise de réponse. « Si jamais tu as une demoiselle à inviter ici, par exemple », c'est à ce moment qu'il avale de travers et tousse. « Si tu as une demoiselle à inviter, bien sûr… » Un malaise s'installe, car tout de suite il repense à ces deux semaines avec Mia. Et l'homme qui se tient devant lui c'est son père … « Justement... à ce ...Sujet... » Il a l'impression qu'il lui doit la vérité. Mais Andrew enchaîne sans qu'il ne puisse finir sa phrase. « Je pourrais les amener à faire du surf, si tu veux. Je suis un peu rouillé, depuis le temps, mais je devrais pouvoir me débrouiller. Et normalement, contrairement à Mia, je sais toujours comment positionner mes pieds sur la planche, donc tu devrais pouvoir retrouver les tiens ailleurs que sur un lit d’hôpital… » Il se pince le haut de son nez en fermant les yeux. Est-ce-qu'il venait vraiment dire ça ? Si Mia avait été là, il serait sûrement décapité à l'heure qu'il est. Pour se donner du courage il se resserre un verre et au passage il n'oublie pas son acolyte. « Ouais nan pas, de soucis pour le surf. Du moment que tu me les ramènes moi ça me va. » Vivant c'est mieux. Autant en rire au stade où ils sont. L’alcool qu'ils ingurgitent les aide sûrement à dédramatiser tout ça. « Tu sais, avant de revenir, je me suis souvent imaginé comment ça serait. J’ai retourné dans tous les sens tout ce qui pouvait se passer. Je me suis dit que peut-être que je retrouverais ma princesse et que tout serait comme avant. Peut-être qu’au moment même où je la retrouverais, elle m’aurait pondu deux petits monstres comme les tiens, et que personne ne m’aurait tenu au courant pour me faire la surprise. Peut-être qu’elle se serait mariée. Qu’elle serait devenue médecin, comme moi avant. Et souvent, je me disais que malgré toutes ces années, peut-être y avait-il un infime espoir qu’elle m’accueille les bras ouverts ». Adam tente sa chance en essayant d'en placer une « Oui et justement, je voulais te …. » Mais Andrew est devenu un vrai moulin à paroles. « Mais non. Je suis revenue et elle m’a repoussé. Tu vois, j’ai l’impression d’avoir retrouvé la même gamine qui se tenait dans l’encadrement de la porte de ma chambre quand j’ai fait mes valises et que je suis parti. La même ado de quinze ans, bougonne, renfrognée, blessée et fâchée. Et je ne dis pas que je la comprends pas, loin de là » Sur certains points, c'est clair qu'elle n'avait rien changé. Toujours aussi têtue et bornée comme un âne. Ça ne sera pas simple de lui faire accepter son retour. Et on ne parle même pas de sa réaction quand elle apprendra que les deux se parlent en douce depuis des années. « Mia et moi .. »Qu'il parvient à glisser avant qu'il ne reprenne ses confidences. « Mais Adam, j’aurais tellement voulu qu’elle ait mûri tout ça dans sa tête. Qu’elle ait fini par comprendre que peut-être que c’était mieux que je parte à ce moment-là, plutôt que je meurs à petit feu en restant ici. Et qu’elle m’ait un peu pardonné avant que j’arrive. J’ai beaucoup abandonné pour revenir ici. J’avais l’espoir de retrouver le peu de choses qui pourraient combler mon cœur » Ces paroles lui déchirent le cœur. De suite il lui attrape les deux mains en le regardant droit dans les yeux. Le voir si triste le rendait encore plus malheureux.« Il faut que tu t'accroches. Tu n'as pas le droit de baisser les bras. Pas maintenant. On a besoin de toi. Et toi … Tu as besoin de nous. Je te laisserais pas filer une deuxième fois Dady. Je n'ai pas étais sincère sur tout avec toi… Je dois t'avouer un truc … Je... C'est compliqué. Mais c'est récent. Enfin … Ça ne l'est plus. » Adam se mélange les pinceaux. Et avec Andrew qui ne cesse de parler, il ne sait pas comme s'y prendre pour ne pas risquer de le froisser. Pourtant il estime qu'il doit savoir. C'est bien la seule personne à qui il souhaite l'avouer. Mais c'est dur. Les mots sont là, au bord des lèvres. Mais aucun son ne sort de sa bouche. « A la place, tout n’est que venin et poison. J’avais peur de mourir à petit feu en partant il y a quinze ans, finalement c’est peut-être maintenant que ça va se passer. Tué par sa propre fille » « On à couché ensemble ... » SILENCE. On pourrait entendre une mouche voler. Adam n'ose même pas lever les yeux sur lui. Andrew le considère comme son fils. Sa confiance envers lui est immense. Newman a l'impression de l'avoir trahi. Il n'arrive pas à s'imaginer sa réaction. Peut-être qu'il en aura rien à foutre. Ou au contraire, il ne lui pardonnera pas. Adam boit son verre de vin d'une traite sans s’arrêter. Il lui fallait au moins ça pour tenir le choc.
Andrew, comme un McKullan qui se respecte, n’avait absolument pas prêté attention à Adam pendant qu’il déblatérait tout ce qu’il avait sur le coeur. Mais s’il se le permettait, c’était aussi parce qu’il savait qu’Adam ne lui en voudrait pas. Parce qu’il le comprenait et qu’il savait que s’il avait eu besoin, Andrew aurait fait la même chose avec lui. Il ne dit rien mais il appréciait qu’Adam le soutienne et ne l’interrompe pas trop dans ses envolées lyriques. Il apprécia quand Adam lui remémora une autre anecdote de la robe de princesse de Mia. Andrew ne dit rien, pas cette fois-ci. Mais un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Au fond de lui, ça lui faisait du bien de se rappeler tous ces bons moments. De se souvenir que tout n’avait pas toujours été tout noir, morose. Pourtant, Andrew continua sur sa lancée. Il continua à expliquer à Adam comment il avait imaginé ses retrouvailles avec sa fille, qu’il avait rêvé qu’elle se serait mariée ou qu’elle aurait eu des enfants. Mais qu’il était profondément meurtri par son comportement de gamine de quinze ans. Tel un moulin à paroles, Andrew parla pendant de longues minutes, sans même remarquer qu’Adam essayait d’en placer une depuis déjà quelques instants. Il s’arrêta à peine pour l’écouter quand Adam put enfin parler. Il l’entendit à peine lui dire qu’il ne le laisserait pas partir une deuxième, l’appeler par son surnom. Daddy. Emporté par les mots, emporté par la tristesse, emporté par la colère, le vieux McKullan était lâché, et il était plutôt difficile de le rattraper. Andrew termina enfin toutes ses tirades par des mots assez forts. « Tué par sa propre fille », avait-il dit. Il fixait Adam, attendant une réaction, quelque chose. Il termina son verre de vin en prenant une dernière gorgée. Et ce fut à ce moment là qu’Andrew entendit enfin Adam. « On à couché ensemble ... ». Andrew manqua de s’étouffer avec le vin. Il posa un peu brusquement son verre sur la table basse, faisant trembler la bouteille de vin à côté. Il toussa, sa gorge le brûlait, les yeux aussi, l’alcool étant plutôt mal passé face à cette annonce. « Pardon ? » Est-ce qu’il avait bien entendu ? Son Adam avait couché avec sa Mia ? Des fourmillements parcoururent le corps d’Andrew. « Tu veux dire que tu t’es tapé ma fille ? Ma princesse ? Si ça se trouve sur ton foutu canapé où je suis assis actuellement ? » Presque écoeuré, Andrew se leva du canapé, là encore un peu trop brusquement, manquant de renverser la bouteille et les verres au passage. La mâchoire serrée, il fixait Adam. Les yeux d’habitude rieurs d’Andrew étaient cette fois-ci emplis de colère. « Comment as-tu osé ? C’est ma fille, Adam, bordel ! Et t’es…t’es comme mon fils, c’est presque de l’inceste à ce niveau là ! » Il réfléchissait en même temps qu’il parlait, ses paroles étaient un peu confuses, tout comme ses pensées. Il ne savait même pas comment il se sentait au fond : de la colère ? De la tristesse ? De la déception ? « Je te faisais confiance, Adam. Je te faisais confiance pour la surveiller, pour vérifier qu’elle allait bien, pour me dire qu’elle allait bien ! Pas pour plonger entre ses cuisses dès que t’en avais l’occasion ! » C’état la déception qui prenait le dessus, il fallait croire. Andrew frotta son visage de ses mains. Toujours debout, il se resservit un verre de vin, qu’il but presque à la moitié. « Tu me déçois beaucoup, Adam. Enormément ». Il savait que ses mots feraient mouche. Adam était comme son fils, et il savait que c’était réciproque. « J’ai été là pour te torcher le cul et essuyer la morve de ton nez et c’est comme ça que tu me remercies…Bravo, l’artiste, bravo ! ». Il fit mine d’applaudir. « Ça fait longtemps que ça dure ? ». Est-ce qu’il avait vraiment envie de le savoir ? Pas vraiment, au fond. Son cerveau turbinait. Et puis, il eut une sorte d’illumination. Un déclic. Une remémoration de ce gars qu’il avait rencontré aujourd’hui et qui lui avait dit, pour rire - du moins il le pensait - que Mia était enceinte. Maintenant qu’Adam avait dit ça, il se demandait si ce fameux gars n’avait pas eu totalement raison. Il observa Adam, les yeux écarquillés, avant de s’exclamer. « ET EN PLUS TU L’AS MISE EN CLOQUE ?! ». Il entendit le chiot japper à l’extérieur, sûrement alerté par Andrew qui avait un peu trop poussé la voix. Andrew reprit une gorgée du vin et observa avec désarroi le fond de son verre, vide. « Je vais avoir besoin de quelque chose de plus fort, je crois ». Il avait beau être venu plusieurs fois déjà, tout à coup, il ne se souvenait plus où Adam gardait ses bonnes bouteilles. Il espérait qu’il aurait l’intelligence de lui servir un verre de tout autre alcool qu’il avait en sa possession. « J’étais à l’hôpital aujourd’hui. Un gars est venu, Grant qu’il a dit, et qui m’a dit qu’il venait voir si le bébé allait bien ». Andrew déglutit péniblement. « Je pensais qu’il déconnait mais maintenant…Je ne sais plus ». Il se laissa tomber sur le canapé, totalement perdu. Avec peu de conviction, il donna un coup de poing dans l’épaule d’Adam. « Je vais être grand-père, Adam ? » Il était trop jeune, pour être grand-père…non ? « Et par ta faute, couillon ! ». Il était complètement désabusé et n’arrivait même pas à être complètement fâché contre Adam.
J'escaladerais toutes les montagnes Et traverserais chaque océan Juste pour être avec toi Et arranger ce que j'ai brisé Parce que j'ai besoin que tu vois Que tu en es la raison
Il parle ... il parle. Sans jamais s'arrêter. Adam essaye de glisser quelques phrases, mais c'est à peine si Andrew le remarque. Pourtant, il a envie de se libérer de ce poids qui lui pèse tant. Jusqu'à maintenant, Newman n'a jamais souhaiter en parler. Estimant que cette histoire ne regarde que lui et la principale intéressée. Mais là, on parle d'Andrew. C'est différent. D'autant plus qu'il le considère comme un père. Ce genre de secret n'a pas lieu d'être avec lui. Adam profite qu'il boive son verre de vin pour lâcher la bombe. Sur le moment, il se sent plus léger. Voilà c'est fait. Mais ça ne dure qu'une demie seconde. Le cinquantenaire manque de s'étouffer avec sa boisson. Adam sursaute lorsque le verre de celui-ci se pose brusquement sur la table. Il sent qu'il va se faire tailler les oreilles. Pourtant il n'est pas question de fuir. Il reste à sa place, prêt à encaisser toutes ses remontrances. « Pardon ? » Il ravale en soutenant son regard. C'est difficile. Adam a l'impression de l'avoir trahit et il s'en veut amèrement. « Je ne sais pas comment on en est arrivé là. On a passé le week-end tout le deux et j'ai eu envie l'embrasser … » Il évitera de donner les détails de ces quarante-huit heures un peu dingues. Mais aussi des autres fois. Car ils ne se sont pas contenté de deux jours pour roucouler ensemble. « Tu veux dire que tu t’es tapé ma fille ? Ma princesse ? Si ça se trouve sur ton foutu canapé où je suis assis actuellement ? » Andrew se lève brusquement du canapé en s'imaginant certainement la scène. Adam lève les yeux sur lui en fronçant légèrement les sourcils. Le terme qu'il emploie ne lui plaît pas. À son tour il se lève pour montrer qu'il ne se dégonfle pas. « Non, je t'interdis de dire ça. Je ne me la suis pas tapé comme une vulgaire nana rencontrer en boite. Et ce n'est pas mon genre, tu sais bien. C'est plus que ça … » Bien plus qu'il ne le pensait. Pourtant, il se faisait une raison depuis quelques jours. Elle lui avait demandé d'arrêter tout ça, Adam ne faisait que respecter ses choix. « Comment as-tu osé ? C’est ma fille, Adam, bordel ! Et t’es…t’es comme mon fils, c’est presque de l’inceste à ce niveau-là ! » Il baisse les yeux en serrant la mâchoire. Le point de vue d'Andrew est compréhensible. Il l'a élevé comme un fils. « Je l'aime tellement daddy, je me suis pas contrôlé. Je suis désolé. Mais je l'ai toujours traité avec respect, sache le » Qu'il lui dit d'une voix étouffer par l'amertume. Quoi qu'il dise le 'mal' était fait. Pourtant au fond de lui, Newman a du mal à considérer cela comme une erreur. Ces deux semaines avec Mia ont été merveilleuses. Et pas seulement pour leurs échanges charnels. Leur complicité était à leur apogée. Un bonheur sans nom. Elle lui avait redonné le goût d'aimer de nouveau. « Je te faisais confiance, Adam. Je te faisais confiance pour la surveiller, pour vérifier qu’elle allait bien, pour me dire qu’elle allait bien ! Pas pour plonger entre ses cuisses dès que t’en avais l’occasion ! » Toujours aussi délicat dans ses propos. Adam se passe une main sur le visage en soupirant. C'était un peu gênant pour lui de parler de ça avec lui. « On n'a pas fait que ça non plus. Et j'ai de réels sentiments pour elle. Mais faut croire que ça ne suffit pas » Ou que c'est trop pour elle. Allez savoir. Toujours est-il qu'il ne s'est pas contenté de lui écarter les cuisses et d'assouvir à ses propres envies. Ça va bien au-delà. « Tu me déçois beaucoup, Adam. Énormément » Andrew se resserre un verre mais lui reste planter là. Quoi faire de plus ? À son stade, il a l'impression qu'il ne lui pardonnera jamais un tel acte. Décevoir son paternel de cœur est signe d'échec pour lui. « J’ai été là pour te torcher le cul et essuyer la morve de ton nez et c’est comme ça que tu me remercies…Bravo, l’artiste, bravo ! ». Il fait mine d’applaudir en regardant Adam avec dédain. « Ça fait longtemps que ça dure ? ». Est-ce que ça avait de l'importance ? Sachant que ça avait prit fin aussi vite que ça avait commencer. Il hausse les épaules en laissant échapper un soupir. « Qu'elle importance … Elle m'a largué » Enfin, ce n'était pas réellement une rupture car ils n'ont jamais étaient officiellement ensemble. À la base c'était juste du fun. Mais Adam n'a pas su contrôler ses sentiments. Du côté de Mia il ne sait pas ce qu'il en est mais lui avait flancher c'était certain. Perdu dans ses pensées, ses souvenirs avec elle, il fixe un point dans la pièce sans vraiment le regarder. « ET EN PLUS TU L’AS MISE EN CLOQUE ?! ». C'est à ce moment précis que le temps s'arrête. Il n'entend plus la trotteuse de l'horloge, ni même les aboiements de son chien. Son cœur manque un battement. Sa bouche, son regard reste figés sur Andrew comme s'il était paralysé. « QUOI ? » C'est l’incompréhension la plus TOTALE. Adam n'a pas les mots. Mia ? Enceinte ? De lui ? Et elle ne lui aurait rien dit ? Nerveusement il se passe une main dans les cheveux. Il a chaud, il a froid. C'est le choc. Il ne sait pas s'il doit être heureux ou au contraire avoir peur. Newman se laisse lourdement tomber sur le canapé en venant placer son visage entre ses deux mains. Le seul refuge qu'il trouve pour le moment. Ce bébé pouvait expliquer la raison de son silence. Mais pourquoi l'avoir quitté ? Elle ne comptait pas le garder ? Son cœur se froisse rien que d'y penser. « Je vais avoir besoin de quelque chose de plus fort, je crois » Sans attendre il se lève pour aller chercher sa bouteille de Nikka. Lui aussi en avait besoin. Trop d'information à encaisser. Trop d'émotion surtout. Adam remplit les deux verres exagérément et s'enfile le sien presque d'une traite. « J’étais à l’hôpital aujourd’hui. Un gars est venu, Grant qu’il a dit, et qui m’a dit qu’il venait voir si le bébé allait bien. Je pensais qu’il déconnait mais maintenant…Je ne sais plus » C'est qui ce Grant ? D'où il savait pour cette grossesse alors que lui n'en savait rien. « Grant ? Ça ne me parle pas. Bizarre. Mais je ne saisis pas pourquoi Mia ne m'en a pas parlé. On se dit tout. Elle pas le droit me cacher ça. » Il s’énerve un peu en se servant un deuxième verre de whisky.
Andrew vient le bousculer en prenant appui sur son épaule. Le brun manque de peu d'en verser la moitié sur la table. « Je vais être grand-père, Adam ? » Roh la la la, il lui fallait vraiment ce deuxième verre pour encaisser ça. « Je vais être papa … Pour la troisième fois. » Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres. Valait mieux en rire. « Et par ta faute, couillon ! » Adam se retourne sur Andrew les yeux brillants. L'émotion. Il lui sourit tendrement avant de l’attraper pour lui faire une accolade. « Je t'aime . Je suis tellement heureux de partager cet heureux événement avec toi. » Il se détache pour faire face à son paternel et ainsi lui offrir un large sourire. « Je suis sûr que c'est une fille ! Une petite princesse. Imagine ! Blonde comme sa mère, les yeux de son père » L'alcool qui coule dans ses veines l'aide à se décontracter. Adam relativise et voit le côté positif de tout ça. Il a toujours voulu un troisième enfant. L'avoir avec Mia était une aubaine. « J'ai pas d'idée de prénom » Le brun commence à compter sur ses doigts. Il fait le point dans sa tête. Ils sont restés deux semaines à papillonner. Et ensuite il y a eu se laps de temps Ce qui donnerait approximativement un mois. Déjà ! Dans huit mois si tout se passe bien, il entendra des cris d'enfants. Il se lèvera toute les deux trois heures pour un biberon. Changera les couches. Et il sera sûrement le plus gaga des trois. « Aaron et Noah vont avoir une petite sœur ! Ils vont être trop heureux. Je vais devoir aménager la chambre d'amis. Tu m'aideras à faire les peintures ? On montera les meubles ensemble » D'un revers de main, il essuie ses larmes. Des larmes de joie. « J'en reviens pas … » L'envie d'aller la retrouver était trop forte. Mais là, il était incapable de faire quoi que se soit de raisonnable. Et il avait beaucoup trop bu surtout. D'ailleurs il se ressert un verre. Il n'oublie pas de remplir celui de son père qui devient … « Je dois t'appeler papa ? Ou beau papa ? » Son sourire s'élargit un peu plus. C'était un peu fou tout ça. Et si c'était le début d'une autre histoire ? Un conte de fée, une histoire éternelle avec elle, avec lui, et ce petit ange qui viendra prochainement les combler
Andrew n’avait même plus les mots. Il était…comment dit-on déjà ? Sous le choc ? Il avait bien peut que ces mots ne soient même pas assez forts pour décrire la situation dans laquelle il se trouvait actuellement. Et pourtant, il en avait vu, de son temps à l’hôpital, des gens qui se fondaient dans un mutisme total suite à l’annonce d’une maladie ou d’une opération. Pour Andrew, c’était tout l’inverse. Comme à son habitude, il avait besoin de déblatérer. Les mots s’enchaînaient, laissant à peine le temps à Adam de s’expliquer sur la situation. Il commença à essayer de lui expliquer que ce n’était pas comme ça, qu’ils avaient passé un week-end ensemble, qu’ils s’étaient embrassés, mais qu’il ne se l’était pas tapée « comme une vulgaire nana rencontrée en boîte ». Andrew ne put s’empêcher de lâcher un léger ricanement, un peu méprisant. « Encore heureux que tu n’aies pas couché avec elle comme tu coucherais avec n’importe qui. C’est ma fille, quand même. Vous vous connaissez depuis des années. Et tu sais aussi bien que moi qu’elle mérite tous les diamants et l’or du monde…Et ça vaut dans tous les domaines ». Est-ce qu’Andrew était en train de sous-entendre que sa fille méritait le meilleur, et même au lit ? Cette conversation était plutôt étrange, Andrew devait bien l’avouer. L’alcool faisant son chemin, il commençait à tenir des propos qu’il n’aurait jamais cru tenir. La vie intime de sa fille ne l’intéressait guère. Si elle avait besoin de lui, il saurait être une oreille attentive, mais il n’avait pas besoin d’en connaître tous les détails. Andrew continua à descendre Adam. Quel fumier, il ne put s’empêcher de penser. L’échange continua, Adam tentant tant bien que mal de stopper la colère et le flux de mots qui sortaient de la bouche d’Andrew. Expliquant à quel point il aimait Mia. Et à quel point il avait des sentiments pour elle. Et puis il termina en précisant que ça n’avait plus d’importance, qu’elle l’avait largué. Ces quelques mots suffirent, l’espace d’un instant, à en boucher un coin à Andrew. Il se calma un peu, assez surpris. « Elle t’a largué ? ». Sa princesse avait largué Adam ? C’était impossible, ils se connaissaient tellement bien tous les deux. Quand ils étaient gamins, Andrew et son ex femme étaient persuadés que les deux finiraient ensemble. Ils passaient leur temps à batifoler, comme pouvaient le faire des enfants de cinq ans, et à se chamailler, comme un vieux couple. Andrew toisa Adam, persuadé que sa fille ne pouvait pas l’avoir abandonné comme ça. « Je suis certain que tu as dû faire quelque chose pour l’agacer. Elle ne t’aurait pas abandonné comme ça, Adam. Vous avez toujours été comme cul et chemise. Et puis, chez les McKullan, on est pas comme ça ». Au fond, qu’est-ce qu’il en savait ? Il n’avait pas vu sa fille depuis quinze ans. Les quelques bribes d’informations qu’il avait eu grâce à Geo et Adam, notamment, ne lui donnaient qu’une image fugace de qui sa fille avait bien pu être pendant toutes ces années. Alors peut-être qu’elle était devenue horrible et qu’elle larguait tous ses petits amis à tour de rôle, après tout. Et puis, Andrew fit le lien entre ce qu’on lui avait dit à l’hôpital et ce que venait de lui dire Adam. Sa colère ne repartit que de plus belle, mais redescendit plus ou moins quand il s’aperçut qu’Adam n’avait pas l’air plus au courant que lui ne l’était cet après-midi. Et puis parce qu’au fond, Adam était comme son gamin, et qu’il n’arrivait que très peu à être en colère contre lui. Andrew se rassit sur le canapé, expliquant à Adam ce qui s’était passé plus tôt dans la journée. Adam semblait perplexe sur l’identité de l’homme. « C’était un grand gaillard, baraqué, des cheveux châtains blonds. Il n’avait pas l’air ravi de me voir, pourtant j’ai essayé de détendre l’atmosphère pour faire quelques blagues ». Il fronça le nez. Il ne le sentait pas, ce gars. Il avala une gorgée de l’alcool qu’Adam lui avait servi, brûlant sa gorge par la même occasion. « Mia ne t’a certainement rien dit parce qu’elle a peur. Tu n’annonces pas comme ça, en un claquement de doigts, au mec que tu viens te larguer, que t’es enceinte ». C’était un peu brut de décoffrage, mais c’était la réalité…non ? Andrew termina son verre d’une traite. Il allait se resservir, et manqua de renverser la bouteille ambrée quand Adam se jeta sur lieu pour lui faire une accolade. « Je t'aime . Je suis tellement heureux de partager cet heureux événement avec toi. ». Andrew ne put s’empêcher de rire face à cet élan de tendresse. « Doucement, gamin. Ne te fais pas trop de plans sur la comète ». Il allait avoir du mal à canaliser son ami. « Je suis sûr que c'est une fille ! Une petite princesse. Imagine ! Blonde comme sa mère, les yeux de son père ». Andrew prit une nouvelle gorgée de sa boisson, se laissant aller à rêvasser. Il imaginait une petite tête blonde gambader entre ses jambes. Tirer la queue du petit chien d’Adam. Manger du sable sur la plage pendant que Mia lui court après. Il devait bien l’avouer, ça lui mettait un peu de baume au coeur. « J’espère qu’elle n’aura pas mon caractère, la petiote, parce qu’on n’est pas dans la merde, sinon. Tu t’imagines, toi, dans une pièce, avec moi, Mia, et la gamine ? Ca ferait des étincelles ». Mais en même temps, ça ferait de jolis étincelles. Comme un feu d’artifice. Il s’imagina quelques instants à Noël, sur la plage, autour d’un barbecue, avec toute la famille en maillot de bain. Adam commença à s’inquiéter. « J'ai pas d'idée de prénom ». Une nouvelle gorgée d’alcool, sa tête commençait à tourner. Il se remémora quand lui et son ex femme avait dû choisir le prénom de Mia. Ça n’avait pas été une mince affaire. Il avait épluché des pages et des pages de bouquin avant de tomber d’accord. « On a beaucoup hésité. Sa mère voulait absolument un prénom qui commence par un M. On s’est fâchés pendant un temps. Elle voulait absolument l’appeler Mila, moi je préférais Mira. A une lettre près, tu te rends compte ? On arrivait pas à se mettre d’accord. Du coup, on s’est dit que Mia était le prénom parfait ». Andrew ne put s’empêcher de rire face à ce souvenir. Adam était toujours aussi heureux. « Aaron et Noah vont avoir une petite sœur ! Ils vont être trop heureux. Je vais devoir aménager la chambre d'amis. Tu m'aideras à faire les peintures ? On montera les meubles ensemble. J’en reviens pas … ». Survolté, Andrew se leva du canapé, son verre à la main, là encore manquant de renverser son verre. « Il faut voir beaucoup plus grand, Adam ! Tu n’as pas de place, ici. Tu ne vas pas élever 3 enfants dans ce taudis, quand même ». Andrew réfléchit. Et puis, l’éclair de génie. « Non, on va faire mieux…On va vous construire une maison ! ». Sous l’effet de l’alcool, son idée lui paraissait tout bonhomme géniale. Il termina son verre, avant de rire un bon coup et de claquer dans ses mains. « C'est ça, Adam, on va tout faire, les fondations, les murs, le toit ! Dans le moindre petit détail. On va vous faire un palace, qui surplombera la mer, avec un accès direct à la plage et un très grand jardin ». Etait-il utile de préciser qu’Andrew n’avait absolument aucune connaissance en construction, encore moins en bricolage ? Tout juste savait-il planter un clou dans un mur pour y pendre un cadre même pas droit. Il sortit tant bien que mal son téléphone de sa poche, ouvrit la carte de Brisbane et se réinstalla aux côtés d’Adam. « Alors, où est-ce que tu veux construire ça ? Je vais chercher s’il y a des terrains à vendre. Tu veux quoi comme type de maison ? Et ne te bride pas, je paye tout ». Ça y est, le vieux McKullan était reparti. Et il allait être difficile de l’arrêter, cette fois-ci. En tout cas, seule la banque viendrait lui dire qu'il n'avait pas les fonds pour ce projet, en attendant, il était toujours beau de rêver. fâché contre Adam.
J'escaladerais toutes les montagnes Et traverserais chaque océan Juste pour être avec toi Et arranger ce que j'ai brisé Parce que j'ai besoin que tu vois Que tu en es la raison
Sa relation avec Mia, Adam ne la pas crier sur tous les toits. Il n'en a pas honte, loin de là. Il assume complètement ce qui c'est passé entre eux. Oui, il a eu des sentiments pour sa meilleure amie et il en a encore. Le temps les estompera peu à peu. C'est humain. Et Newman est quelqu'un d'entier. Ce n'est pas le genre à faire les choses à moitié. Durant deux semaines, il c'est donné à fond avec Mia. Même si tout ça c'est derrière eux, Adam estime qu'il est normal que Andrew soit au courant. Il se veut franc et honnête avec lui. Ils n'ont jamais eu de secret l'un pour l'autre. D'autant plus que là il s'agit de sa fille. Le brun sait quel point elle est importante à ses yeux. Même s'il peut donner l'impression d'en avoir rien à foutre quand il c'est barré à l'autre bout du monde. Adam le connaît assez pour savoir que cette décision a été un crève-cœur pour lui. Sans surprise, Andrew s'exprime sans filtre. Le pompier en prend pour son grade. En même temps il s'attendait à quoi ? Il encaisse sans rien dire. Adam absorbe les moindres paroles, même si ça fait mal d'entendre qu'il ai pu croire qu'il a couché avec Mia juste pour prendre son pied. McKullan l'a élevé comme un fils, et ce n'est pas ce qui lui laissé comme héritage. Newman est devenu un homme bon, et c'est grâce à lui tout ça. Ça aurait été facile pour lui de glisser dans la mauvaise pente à cause de son paternel. Adam a grandi sous les cris, l'alcool et les coups. Son refuge, c'était Andrew et Mia. Peu de gens comprennent ce lien qui les unit. Personne ne peut comprendre … Adam les fera toujours passer en premier. Car c'est grâce à eux qu'aujourd'hui il est là pour en parler … « Encore heureux que tu n’aies pas couché avec elle comme tu coucherais avec n’importe qui. C’est ma fille, quand même. Vous vous connaissez depuis des années. Et tu sais aussi bien que moi qu’elle mérite tous les diamants et l’or du monde…Et ça vaut dans tous les domaines » Adam à un léger rictus quand il termine sa phrase. S'il savait … Sa fille était loin d'être une sainte. Ils en ont fait des galipettes ensemble. Toutes plus intenses les unes que les autres. Il c'est offert à elle à mille pourcent et Mia s'est montrée très généreuse avec lui également. « Je l'ai traité comme une princesse, elle m'a traité comme un roi. Nous n'avons aucun regret de ce côté-là. Je n'en ai aucun d'ailleurs. » Même si cette relation a été aussi douloureuse qu'agréable. Aujourd'hui c'est un point de plus à leur amitié indétrônable. Adam continue ses explications en précisant que de toute façon tout cela n'est qu'un lointain souvenir. Mia a décidé de tout d'arrêter. Surement pour protéger Adam mais surtout parce que son cœur bat pour un autre. « Elle t’a largué ? » Il hausse les épaules. Ne sachant pas trop quoi répondre sur le moment. Ce n'était pas à lui de balancer que Mia voyait un autre homme. Andrew cherchera à savoir qui c'est et pas sûr que l'énergumène lui plaise. Newman ne peut pas vraiment juger cet homme pour le moment. Il serre déjà les dents car il a bien vu la tristesse dans les yeux de sa meilleure amie. Il a osé la faire pleurer et rien que ça c'est déjà un mauvais point pour lui. Mais pour Mia, Adam veut bien faire l'effort de le reconsidérer autrement. « C'est mieux comme ça. Notre amitié est trop importante pour qu'on prenne le risque de la briser. Je n'imagine pas ma vie sans elle. Je pense que tu peux comprendre ça » Qu'il lui dit en le regardant droit dans les yeux. Mia est importante dans la vie des deux hommes. Elle a une place dans leur cœur qu'aucune femme ne pouvait détrôner. « Je suis certain que tu as dû faire quelque chose pour l’agacer. Elle ne t’aurait pas abandonné comme ça, Adam. Vous avez toujours été comme cul et chemise. Et puis, chez les McKullan, on est pas comme ça » Le brun répond aussitôt car le terme abandon ne lui plaît pas. « Elle ne m'a pas abandonnée. Bien au contraire. Si elle a décidé de mettre à terme à cette relation c'est pour me faire la promesse d'être toujours là pour moi. On s'aimera toujours. Mais à notre manière … » C'était plus que de l'amitié, plus fort que de l'amour. Leur lien est juste unique. Adam n’éprouve même pas de jalousie envers cet homme. Car il estime que sa place est plus précieuse dans le cœur de Mia. Tout comme celle qu'il a pour elle.
Alors que tout semblait s’apaiser. Andrew lui parle de bébé. Le brun est complètement chamboulé. Il lui faut un verre. Et pas de la pisse chat. Un truc bien costaud qui lui fasse avaler tout ça. Mia enceinte ? Heureusement qu'il est assis. De lui ? Sur le moment il ne réfléchit pas vraiment. C'est le bordel dans sa tête. Il cherche à savoir d'où il tient l'info car lui n'est pas au courant de cette histoire. Et qu'elle histoire !!! « C’était un grand gaillard, baraqué, des cheveux châtains blonds. Il n’avait pas l’air ravi de me voir, pourtant j’ai essayé de détendre l’atmosphère pour faire quelques blagues » Adam se gratte la tête nerveusement. Il trouve assez surprenant que Mia ne lui ai rien dit. Ils se sont toujours tout dit. « Grant, ça me dit vraiment rien. Le seul blond que je connais il ne n'a pas ce nom-là » Sa main se fige en repensant à Jax. Il regarde Andrew perplexe. Bordel, il avait zappé ce détail. Andrew va le tuer d'un coup de pelle quand il va savoir ça. Il se penche sur la table pour attraper son verre pour le boire cul-sec. L'alcool lui brûle la gorge. Tellement qu'il se secoue la tête énergiquement. « Mia ne t’a certainement rien dit parce qu’elle a peur. Tu n’annonces pas comme ça, en un claquement de doigts, au mec que tu viens te larguer, que t’es enceinte » Ha oui ! Le bébé. Revenons-y. Trop d'informations dans une même soirée. Adam s'y perd. « C'est peut-être pour ça qu'elle m'a larguer en fait ? Elle a peur de m'imposer un troisième enfant. Pourtant elle sait que j'attends que ça … Ou … ha nan je ne préfère pas penser … Tu crois qu'elle veut avorter ? Nan elle ferait pas ça » On ne sait pas si c'est l'alcool ou l'euphorie du moment. En tout cas Newman s'emballe sévère. « Doucement, gamin. Ne te fais pas trop de plans sur la comète » Sauf qu'il est déjà en train de se faire ses films. Le mois décembre arrive. Mia pourrait lui annoncer la nouvelle sous forme de cadeau. Un petit écrin avec un test de grossesse positif. Ça papillonne beaucoup trop pour son petit cœur d’artichaut. Adam ne touche plus terre. Il s'imagine une petite tête blonde aux yeux verts. Aussi casse-pieds que ses parents ! « J’espère qu’elle n’aura pas mon caractère, la petiote, parce qu’on n’est pas dans la merde, sinon. Tu t’imagines, toi, dans une pièce, avec moi, Mia, et la gamine ? Ca ferait des étincelles » Un rire s'échappe de ses lèvres alors qu'il observe son salon pensif. Le fantôme d'un enfant pas encore né, en compagnie de Noah et Aaron. Frère et sœur qui jouent ensemble tout prés du sapin. Des rires d'enfants. Adam repense aux premiers biberons. Il était toujours aux abois pour se lever le premier et donner le biberon toutes les deux heures à Aaron. C'est tout juste si sa femme pouvait participer à ces petits moments privilégiés. Un vrai papa poule. « Nan moi je m'imagine sur le rocking-chair à lui donner le biberon en la regardant s'endormir sur sa tétine » Le regard plein d'étoile, il sourit à Andrew avant de leur resservir un verre de Nikka. Adam réfléchit déjà à des prénoms. Mais là tout de suite, maintenant, il est un prit au dépourvu. C'est si soudain. « On a beaucoup hésité. Sa mère voulait absolument un prénom qui commence par un M. On s’est fâchés pendant un temps. Elle voulait absolument l’appeler Mila, moi, je préférais Mira. À une lettre près, tu te rends compte ? On n'arrivait pas à se mettre d’accord. Du coup, on s’est dit que Mia était le prénom parfait ». Il boit une gorgée de son verre et regarde le liquide doré comme s'il allait y trouver des réponses. Pour Aaron, le choix avait été évident. "Celui qui vient de loin" en hébreu. Chloé ne l'avait pas vu venir. Ils avaient essayé à nombreuses reprises. Mais ça ne prenait pas … Jusqu'au jour où ! Un très belle surprise pour les deux. Ce prénom c'est alors imposé comme une évidence. « De toute façon c'est une décision qui se prend à deux. » Il s'emballe en parlant de réaménager sa maison pour le futur habitant. Le pavillon est assez grand pour accueillir un troisième enfant. Mia pourra poser ses valises ici et ils mèneront une vie de famille heureuse et aimante. « Il faut voir beaucoup plus grand, Adam ! Tu n’as pas de place, ici. Tu ne vas pas élever 3 enfants dans ce taudis, quand même » Le mot taudis le fait tiquer. « Heyy ! Je te permets pas. Cette maison compte beaucoup pour moi tu le sais. » Il est devenu propriétaire pour la première fois ici et Aaron a fait ses premiers pas dans ce salon. Il y a tout un tas souvenirs ici. « Non, on va faire mieux…On va vous construire une maison ! » Adam crache la moitié de son whisky en gloussant. « On ? Mais tu sais à peine planter un clou Dad » Il se marre à un point où il repose son verre pour éviter de faire une connerie. Mais Andrew s'emballe grave en enchaînant dans ses explications. « C'est ça, Adam, on va tout faire, les fondations, les murs, le toit ! Dans le moindre petit détail. On va vous faire un palace, qui surplombera la mer, avec un accès direct à la plage et un très grand jardin » Le brun fait un « non » de la tête en abordant un large sourire. Cette situation l'amuse franchement. Mais l'idée de construire une maison ne lui déplait pas tant que ça. Ça peut être un beau projet à réaliser en famille. « Alors, où est-ce que tu veux construire ça ? Je vais chercher s’il y a des terrains à vendre. Tu veux quoi comme type de maison ? Et ne te bride pas, je paye tout » Il affiche un O avec ses lèvres quand il précise qu'il financera la totalité du projet. Il ne le pensait pas plein aux AS. Adam se penche sur le verre d'Andrew en souriant. « Va falloir lever le pied sur le Nikka toi ! Ça te fait pousser des ailes ! Et après on dit que c'est moi qui me fais des plans sur la comète. Plus sérieusement. Ce projet maison me plaît. Mais j'imagine plus un petit chalet où on se retrouverait en famille. On passerait nos week-ends là-bas ? T'apprendras aux garçons à surfer et à pêcher. Ce chalet sera transmis de génération en génération. On posera chacun notre pierre autour de la cheminée. » Cette fois c'était à Adam de se laisser partir dans des rêveries. « ça pourrait être un beau projet tu ne crois pas ? » Il laisse sa tête se pencher sur l'épaule d'Andrew, toujours avec ce sourire aux lèvres. Il est heureux d'avoir retrouvé son père de cœur. Leur lien n'a jamais était rompu malgré la distance. Mais le sentir tout proche de lui de nouveau, c'est un bonheur indescriptible.
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