| still the world is full of roles we play (svet) |
| | (#)Ven 20 Nov 2020 - 3:55 | |
| Elle s’est arrêté de bosser, complètement, entièrement. Ça lui ressemble pas, à Cohen. Elle qui travaille d’arrache-pied, elle qui fait tout en son pouvoir pour cumuler le plus d’heures possible. Payer son loyer est devenu la seule et unique option possible, elle qui évite de jeter le moindre coup d’œil dans la presse peu importe ce qu’elle pourrait y voir. Elle refuse d’ailleurs, d’y voir quoi que ce soit. Son nom, son visage, l’absence de, toute ces réponses. C’est un grand vide et un immense néant qui font mine d’être sa vie, en l’instant. Rien ni personne ne fait de sens tout comme rien ni personne n’est resté – nuance, elle les a tous chassés. La bague à son annulaire n’est plus, Victor a quitté le pays et elle aurait dû faire de même, elle aussi. Elle y songe d’ailleurs. À partir. Partir de Brisbane et partir de cette île, partir là où personne ne la connaît et où surtout, parfaite bénédiction, personne ne la trouvera, personne ne viendra la chercher.
Pourtant, rien ne suggère qu’elle veut s’enfuir la blonde. Pas quand ses pieds sont ancrés au sol là pour rester, pas quand ses yeux sont vissés sur scène sans être capable de rien lâcher. C’est qu’elle ne voit qu’elle, Chloe. Elle ne voit que la chanteuse, ses longues mèches d’ébène et la robe agencée. Les mouvements langoureux qui viennent avec, les mots qui glissent sur ses lèvres comme aux oreilles de qui que ce soit dans la pièce. Tout est feutré et tout est en suspens, le temps en entier s’est arrêté tellement plus rien ne fait de sens autre que d’attendre, d’écouter, de vivre aussi, ridicules et pathétiques poupées de porcelaine qu’ils sont tous là, à assister. On l’appelle à un moment, qu’elle croit, qu’elle nie, oublie. Le plateau qu’elle tenait d’une paume à l’épaule est posé sur la table vide à côté d’elle, et les verres pleins attendent, consommations oubliées. Elle se laisse guider Cohen, se laisse bercer. Demain elle partira, demain elle y repensera. Ce soir pour l’heure par contre, elle ne pense à rien d’autre qu’à ça. Certains diraient qu’il ne s’agit que d’une chanson, que ce n'est qu’une mélodie de plus. Chloe elle, s’y retrouve un peu trop fort, un peu trop à vif. Les mots blessent même si elle ne les comprend pas, la mélodie lui brise le cœur même si son cœur est déjà cassé depuis si longtemps déjà. Et pourtant elle sourit. Brièvement. Avant qu’on ne la rappelle à l’ordre.
Ça va, le barman en chef ce soir n’a pas été salaud. il aurait pu faire bien pire. Il n’a pas menacé de lui chopper tous ses pourboires, il n’a pas menacé d’en parler à la patronne en exhibant comment elle est tête en l’air, la nouvelle serveuse. La nouvelle serveuse d’ailleurs, qui reprend ses esprits une fois la chanson finie. Des old fashioned d’un côté, des martini de l’autre. Elle s’égare à travers la salle en n’ayant en tête que les dernières notes du refrain, au point où elles rythment ses pas au fur et à mesure qu’elle sillonne la salle remplie. Le show commence à peine quand elle finit par venir à nouveau se poser au bar. Le type derrière le comptoir lui refile encore un ou deux regards noirs, surtout lorsqu’il réalise qu’elle est en pause et que donc, il devra se coltiner le service à sa place pour une prochaine poignée de minutes. Bien fait, le karma se moque et elle avec.
La voilà, qui sent un regard brûler sa nuque. Lorsque Chloe détourne la tête et croise le regard de la chanteuse, de l’inconnue qu’elle croit connaître déjà depuis bien plus longtemps que ça, c’est un fin sourire qui vient se nicher sur ses lèvres, à nouveau. Un autre à cause – grâce à – d’elle. « Ta faute, s’il rage. Tu me dois un verre pour te faire pardonner. » elle se moque et elle pique à peine, ses fossettes rendant le tout bien plus drôle qu’autre chose.
@svetlana beaulieu
Dernière édition par Chloe Cohen le Sam 21 Nov 2020 - 6:49, édité 1 fois |
| | | | (#)Ven 20 Nov 2020 - 4:22 | |
| La canadienne ne connaissait pas le stress. Nous étions désormais le week-end et elle s’apprêtait à mettre un peu de piquant dans sa vie si morose. Elle s’apprêtait à se rendre au Press Club pour faire sa performance de la soirée. En tant qu’ouvreuse dans un cabaret, elle avait pour mission de chauffer la salle, d’attiser les foules et de faire en sorte que tout le monde ne se focalise que sur la scène. n’importe quelle femme lambda aurait pu prendre ses jambes à son cou mais la canadienne était avant tout d’un calme olympien. Si la directrice lui avait demandé de se parer de sous-vêtements, elle l’aurait fait. Et pourquoi ? Parce que même si la jeune femme subit les poursuites de divers étudiants à la faculté. Au point où l’on ne l’avait surnommé Viktor Krum. Ou Krumette pour les intimes. Elle n’était désormais que Winter. Ce pseudonyme, pas vraiment mensonger, puisqu’il s’agissait du prénom de son chien. Au départ, la brune était contre. Pourquoi mentir sur son identité ? Puis la directrice lui avait dit que c’était avant tout par mesure de protection de l’identité. Certaines danseuses peuvent subir des agressions de la part de personne ne comprenant pas le cabaret, lui avait-on dit. Mais Svetlana n’avait rien de commun. Un prénom slave, un nom de famille français. Mélange peu commun alors qu’elle s’évertuait à capter les foules dans la langue de Molière. Son air détaché, son manque d’émotions la rendait captivante pour ses pairs. Alors, la jeune femme ne donnait pas trop de voix. Elle ne se contentait de chanter sa chanson comme elle la ressentait. Mais bien qu’incapable d’exprimer ses sentiments, elle commençait à sentir poindre une étincelle mineure au fond d’elle-même. Sans les affres de l’alcool ou de corps gémissant contre elle. La jeune femme arbhorrait ce genre de comportement déplacé sans pourtant porter jugement sur ceux d’autrui. Que chacun fasse ce qu’il veut de son être tant qu’on la laissait tranquille. Alors, parée de sa robe en dentelle outrageusement transparente, elle faisait entendre cette voix si rauque et si suave. Comme à l’accoutumée, un chapeau était posé sur ses longs cheveux longs, ses mains gantées ainsi que ses Doc Martens aux pieds. Certains pourraient dire qu’il s’agissait là d’un bien étrange personnage. Qu’elle avait créé Winter pour les affres de la scène. Mais non, Svetlana était juste comme ça. Seule, désespérément seule depuis son presque mariage, accompagnée de son chien qui ne la quittait pas d’une semelle. Son cœur qui peinait à redémarrer, elle se contentait de chanter la froideur qui y régnait.
Puis la mélodie prit fin sans que la lumière ne se rallume. Soulevant sa robe si légère pour ne pas s’y prendre les pieds, elle s’esquiva telle une ombre jusqu’à l’arrière-scène. L’agitation était palpable. Les filles, les garçons. Tout le monde courait dans tous les sens alors qu’une des chanteuses lui remit sa chienne entre ses bras. Le jeune carlin était aussi stoïque que sa maitresse qui récupéra sa canne à pommeau pour parfaire celle qu’elle interprétait. Certains ‘l’avaient qualifié de morbides, d’avoir un style tout droit sorti d’un Tim Burton ou alors le mot steampunk qu’elle ne connaissait que trop bien. Saluant donc ses amies en inclinant légèrement le fedora noire, elle retrouva la salle. Cette salle où un bourdonnement perpétuel régnait. Alors, elle se stoppa. Attirée par une silhouette trop solaire, inconnue. Certains en avaient fait part. Une nouvelle serveuse. Ainsi donc, il y a du personnel neuf dans cette vieille bâtisse. Elle se contenta donc de regarder la nuque de la demoiselle, s’attardant sur le corps élancé qu’elle enviait quelque peu. Elle, coincée dans celui d’une enfant. La jeune femme la remarqua et pendant un court laps de temps, leurs regards s’accrochèrent. La demoiselle se contente de hausser un sourcil face à l’inconnue trop chaleureuse. Ce comportement lui est parfaitement étranger bien qu’elle ait offert quelques sourires de son gré à William. Ce même William qu’elle n’avait pas recontacté depuis son arrivée dans ce si chaud pays. « Ta faute, s’il rage. Tu me dois un verre pour te faire pardonner. » Eh bien soit. La canadienne eut un haussement d’épaules avant de faire taper sa canne sur le sol crasseux pour rejoindre celle qui réclamait un dû. Sans un mot, elle constata une grande différence de taille avec la femme aux cheveux très blonds. D’un soupir, elle grimpa sur le bar avant d’y poser son séant, croisant ses petites jambes pour être à hauteur de son interlocutrice. « Tu veux quoi ? » Nul besoin de palabres. De salutations futiles alors que Svetlana tarda un regard lourd de sens au pauvre barman qui admirait l’échange. « Comme d’hab. » Délicatement, elle fit tourner son poignet, dévoilant son fume cigarette qu’elle avait coincé dans un bracelet. L’adage du cabaret, pouvoir fumer en toute tranquillité. Elle coinça donc l’objet entre ses dents avant de soulever sa robe, dévoilant la jarretière dans laquelle elle avait coincé son étui à cigarettes. Elle l’ouvrit pour en offrir une à sa compagne d’un soir avant de coincer la sienne au bout et de l’allumer. « Svetlana. Et voici Winter, murmura-t-elle pour indiquer la chienne qui était assise docilement à leurs pieds. » Elle tira une longue bouffée de nicotine avant de tourner son regard si clair vers la nouvelle venue. Elle aurait pu lui souhaiter la bienvenue mais certains avaient dû la prendre de vitesse. Alors, elle se contenta d’attendre. Attendre que la femme fasse la conversation. Sans ciller. @Chloe Cohen |
| | | | (#)Mer 25 Nov 2020 - 22:02 | |
| « Tu veux quoi ? » elle s’approche donc, est partout et nulle part à la fois. Autant dans sa démarche que dans sa voix, Chloe reconnaît des traits auxquels elle n'a aucun référents, pas le moins du monde capable de l’associer à quoi que ce soit qu’elle ait bien pu voir, entendre ou regarder - admirer. Elle est fascinée la blonde, ne s’en cachera pas le moindrement. C’est bien trop facile de s’assurer que la personne devant elle ne la voit pas la scruter alors elle fait tout l’inverse. Cohen s’assure de mémoriser chaque détail, de son port de tête jusqu’à sa dégaine, des rictus qui ponctuent son visage de porcelaine à chacun de ses traits mis en valeur avec une dégaine qui n’a absolument rien de comparable. C’est probablement ce qui l’intrigue le plus, l’australienne, de ne pas arriver à préciser, à comprendre et à prévoir. Elle qui aime tant les gens ici, elle qui adore y voir différentes âmes en peine se complaire dans des scénarios déjà uniques, dans des façons de faire qui le sont toutes autant. La voilà qui assiste à une toute nouvelle prestation, quand bien même la brunette postée face à elle semble minuscule maintenant qu’elle n’est plus sur scène.
« Martini, classique. » qu'elle commande, un peu à elle, un peu au barman envolé. Elle les aime à la vodka, ses martinis, le gin l’ennuie. Un vermouth blanc bien amer, un trait d’olive et une avec. Satisfaite de peu, elle et son cocktail clair comme la glace. Ses traits sont angulaires, ses mèches d'ébène les épousent à la perfection. Chloe prend des notes mentales à n’en plus finir, autant dans le fond que dans la forme. Le noir qui est partout, les silences qui montent entre ses coups d’œil aussi perçants que le sont ses prunelles. Elle ne lui demande pas de se présenter, déjà bien occupée à encaisser toutes les différents variables qui font d'elle l’une des personnes qu’elle préfère désormais observer sans le moindre doute, Chloe. « Comme d’hab. » ses doigts sont fins, ceux qui se faufilent pour aller attraper une longue cigarette aussi gracieuse que l’était le geste. Chloe elle-même farfouille de quoi faire craquer son briquet, partageant l’offrande en laisser la pierre à brûler sur le comptoir de bois mal vernis rien que pour montrer sa bonne foi. À bouffée égale, les effluves de nicotine quittent les lèvres des deux jeunes femmes en parfaite synchronicité. Quelle drôle d'histoire quand même, dirons-nous. Qu’elles semblent agir comme deux miroirs l’une pour l’autre, quand elles ne pourraient pas être plus différentes l’une de l’autre.
« Svetlana. Et voici Winter » « Chloe. Fille ou garçon? » elles sont expéditives, Svetlana et Chloe. Chloe d'ailleurs, qui serre d’abord la main de son interlocutrice avant de porter son attention sur le chien posé le plus sagement du monde à ses pieds. Elle a des traits que certains jugeraient de trop évidents, quand Cohen elle, adore les particularités du carlin comme un clown en lui-même. Il est unique et complètement à part, elle est simplement captivée par sa capacité à ne faire aucun drame malgré le fait que bouffe et breuvage se multiplient autour de lui ou d’elle, que l’animal soit entouré de stimuli. « J’ai l’impression que tout le monde est un personnage, ici. Toi la première. » ce qui sonnerait comme une insulte pour quelqu’un de pudique sera un véritable compliment autant des lèvres de l’actrice déchue qu’aux oreilles de la chanteuse de cabaret qu’elle caractérise à peine. Un joli mystère de plus, une légende urbaine sous forme humaine, tient. « C’est quoi ton histoire? D’où est-ce que tu viens? » qu’elle lui en invente une et jamais Chloe ne s’en formalisera. Elle pourrait lui dire n’importe quoi sur elle et sur son passé que la blonde noterait le tout comme s’il s’agissait de paroles d’Évangile.
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| | | | (#)Mer 25 Nov 2020 - 22:26 | |
| Svetlana prend quelques secondes interminables pour détailler son interlocutrice. De très longs cheveux blonds cendrés, un visage assez avenant, un regard pétillant. La demoiselle qui venait de lui faire la conversation était l’exact opposé d’elle-même. Le soleil et la lune. Svetlana n’était qu’ombre, avec ses vêtements noirs, son visage inexpressif sauf en cas de force majeur et son calme tranquille. Elle pouvait sentir le regard de la serveuse sur elle alors qu’elle lui demandait ce qu’elle voulait. Ce n’était pas le genre de femmes à se confondre en palabres et refuser le cocktail demandé. Après tout, si elle voulait s’intégrer auprès des australiens autant commencer l’étude de leurs habitudes et coutumes. « Martini, classique. » Même la voix de la jeune femme est plus chaude que la sienne. Svetlana savait que c’était malgré elle, que sa bizarrerie pouvait intriguer les gens. Mais une fois qu’on apprenait à la connaître, qu’on essayait de la comprendre, les gens se détournaient bien vite d’elle. La brune ne s’en formalisait pas, à vrai dire, elle plaignait les fuyards. Bien que Ludmilla ait fortement ébranlé sa confiance en elle au point elle a fui par deux fois des hommes qui lui ont plu, prête à épouser une indifférence, Svetlana savait qu’elle resterait seule. Peu de personnes pourraient la comprendre et peu en auraient envie. Donc peut-être que la blonde tiendrait sur la durée ? Ou pas ? Elle ne se posait pas moultes questions de sorte à ce que cela n’aurait aucun sens. Elle commanda donc le cocktail de la demoiselle ainsi que le sien. Un cosmo. Ou le cocktail de pouffes comme elle aimait à l’appeler. Le barman avait l’habitude et généralement l’attendait avec un verre. Alors qu’ici elle demeurait Winter, à la faculté elle était suivie de sa cour, chose qu’elle n’avait pas demandé. Mais au cabaret, son charme était hermétique pour cause que toute femme était plus sexy, plus dénudée qu’elle. et cela convenait à merveille à la canadienne.
« Chloe. Fille ou garçon? » Un fin sourire orna les lèvres de Svetlana alors qu’elle serra la main brûlante de cette nouvelle connaissance. « Joli prénom. C’est une fille. » Elle observa Chloé donc se baisser vers sa chienne qui ne bougeait pas d’un cil. Et pour cause que Winter avait l’habitude du bruit ambiant. L’ayant suivi dans toutes ses péripéties à travers le monde. Svetlana était tombée amoureuse de la race des carlins, souhaitant sans aucun doute lui offrir un petit frère ou un compagnon pour la suite. « J’ai l’impression que tout le monde est un personnage, ici. Toi la première. » Et elle avait raison. La canadienne inclina doucement la tête alors que son regard scrutait Chloé. « Je ne suis pas un personnage. » Sa voix pourrait paraître froide mais elle n’ouvrait sa bouche que pour dire la vérité. « Je suis comme ça à l’extérieur aussi. Drapée de noir, avec mon fume-cigarette, ombrelle ou canne. Le seul artifice que j’ai en plus ici se révèle être du maquillage. Mais sinon, je suis aussi bizarre au grand jour. » Elle battit lentement des cils avant de voir la réaction de sa nouvelle amie, portant son verre à ses lèvres avant de ramener son fume-cigarette entre ses lèvres. « T’es solaire. J’ai l’impression de rencontrer mon opposé, informa-t-elle la jeune femme. » Lentement, Svetlana expira la fumée, la regardant se disperser en l’air avant de darder son regard si bleu sur la silhouette de Chloé. « C’est quoi ton histoire? D’où est-ce que tu viens? » Curieuse. C’est un trait qu’on ne pourrait lui enlever. « Mon histoire est longue. Donc je pense que si tu veux l’écouter, il nous faudra plus qu’un cocktail et que de rester debout. » De nouveau, elle gonfla ses poumons de nicotine avant de tapoter son objet au-dessus du cendrier. « Je suis née en Slovénie mais j’ai grandi à Montréal. D’où l’accent et les chansons en français. T’as fini ton service ? Savoir si on peut aller s’asseoir pour je te raconte ma vie. » Après tout, elle l’avait demandé et Svetlana s’exécuta, ne se trouvant pas si intéressante que ça. Lentement, elle passa une main dans ses cheveux presque noirs avant de les rejeter en arrière. « Et toi ? Native d’ici ? » Peu de mots car dans le fond, l’échange se ferait de lui-même. Même si cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas tenu une conversation complète. |
| | | | (#)Ven 27 Nov 2020 - 22:58 | |
| On la prend toujours pour une petite poupée, pour une blonde aux traits aussi symétriques que faciles à oublier. Chloe a été prompte à tous les clichés du monde, elle qu’on voit encore comme une autre actrice déchue, encore comme une autre blonde aux cils de princesse et à la voix mielleuse. Fût un temps, elle se battait bec et ongles contre les préjugés prévisibles au possible en ne choisissant que des rôles où on cassait son image de silhouette de porcelaine. Elle se prêtait à des shootings photos où on la brisait volontairement, elle excellait dans des rôles qui allaient complètement à l’encontre de ce à quoi sa première impression suggérait. Depuis Byers et depuis ses mains baladeuses de merde, elle n’est pourtant plus que l’ombre d’elle-même, jolie carcasse vide qui donne raison à tous ceux qui ne l’ont vue que comme telle pendant des années. Svetlana elle, a tout d’un personnage que Chloe aurait rêvé d’avoir l’étoffe de jouer. C’est le monde à l’envers lorsque Cohen se retrouve avec un martini aussi lucide qu’elle le reste. Ses yeux vissés sur son interlocutrice, celle qui exhibe un Cosmo rose pétant, dénotant avec l’absence de couleurs qui n’est pas plus étonnante que cela dans un endroit où tout semble sortir d’une série noire à succès douteux. Chloe adore. « Joli prénom. C’est une fille. » la peau de Svetlana est glacée, celle de Chloe est brûlante. Le contraste la fait frissonner.
« Je ne suis pas un personnage. » mais si, tellement qu’elle ne le voit même pas. Jamais une seule seconde Chloe n’a envisagé que la remarque pourrait piquer, elle qui le voit comme une ode à son originalité. Elle se cale un peu plus contre le comptoir vernis, laisse une lampée de martini être relancée par une bouffé de nicotine. Toute la scène pourrait facilement se retrouver au détour d’un scénario, des répliques aux gestes, des coups d’œil à la musique ambiante qui prend son grade. « Je suis comme ça à l’extérieur aussi. Drapée de noir, avec mon fume-cigarette, ombrelle ou canne. Le seul artifice que j’ai en plus ici se révèle être du maquillage. Mais sinon, je suis aussi bizarre au grand jour. » elle se justifie et c’est bien là où Cohen arque la nuque, ses prunelles toujours et éternellement vrillées sur le regard bleu océan de la jeune femme postée face à elle. « C’était un compliment. » elle a du mal avec les copies Cohen, elle a du mal avec le beige. Elle aime les contrastes et elle aime l’unicité, elle s’ennuie lorsqu’elle est exposée à un long fleuve tranquille. « T’es solaire. J’ai l’impression de rencontrer mon opposé. » un fin sourire vient se caler sur les lèvres de la solaire, donc. L’autre, la lune, est froide d’approche mais parle bien plus que ce à quoi Cohen s’attendait. Et ça, c’est la beauté de la chose des personnages, c’est la beauté des jugements hâtifs. Ils ont tout pour vous prouver le contraire. « Mon histoire est longue. Donc je pense que si tu veux l’écouter, il nous faudra plus qu’un cocktail et que de rester debout. » évidemment que le barman choisit ce moment pour apparaître et pour soupirer en parallèle, évidemment qu’il taperait presque du pied si on y portait attention. « Laisse-moi le temps de ramasser les verres sales et je suis à toi aussi longtemps que le show durera. » Chloe en a vu d’autres et ce n’est certainement pas aujourd’hui qu’elle va se laisser abattre. Déjà, elle s’esquive à peine une poignée de minutes pour nettoyer tables et récupérer les corps morts, remplir les verres et passer les dernières commandes.
Quand elle réapparaît devant Svetlana, c’est comme si elle n’était jamais partie. « Je suis née en Slovénie mais j’ai grandi à Montréal. D’où l’accent et les chansons en français. T’as fini ton service ? Savoir si on peut aller s’asseoir pour je te raconte ma vie. » d’un hochement de la tête de la positive, elle lui pointe une table en retrait où elles pourront autant contempler le spectacle que construire les bases de leurs présentations. « Et toi ? Native d’ici ? » « Sydney. Je suis partie y’a des années pour étudier la psychologie mais j’ai tout lâché un matin pour tenter ma chance au cinéma. » la voilà qui dévoile bien trop et bien plus, la voilà qui parle quand d’ordinaire elle est celle qui laisse les autres extrapoler. Ses détails à elle, elle les garde au compte-goutte comme de précieuses petites miettes. Sa boîte de Pandore ce soir est grande ouverte, à coup de questions à double-sens qu’elle ne craint pas recevoir à son tour. « Pourquoi ici? » elle avait le monde à ses pieds Svetlana, Chloe aussi. Pourquoi est-elle venue, pourquoi sont-elles restées? « T’aurais pu aller n’importe où comme t’aurais pu rester là-bas. » on dirait presque qu’elle se pose la question à elle-même, la lâche, l’égoïste, l’ingrate blonde qui pense au moins autant qu’elle respire à tout ce qu’elle pourrait abandonner ici rien que pour aller se reconstruire ailleurs. « T’as pas envie de partir parfois? » et certains se demandaient si à l’instant elle fait de la projection, évidemment qu’ils auraient raison.
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| | | | (#)Mer 2 Déc 2020 - 1:20 | |
| Svetlana le savait. Qu’elle tenait plus d’un personnage de fiction que de la vie réelle. Cette demoiselle haute comme trois pommes, passionnée par la littérature gothique, pouvant résister du Edgar Allan Poe comme on parlerait de la beauté du jour. La canadienne avait conscience que devant des étrangers, elle pouvait paraître singulière. Drapée dans ses robes noires si longues, avec sa chevelure ébène et son teint de porcelaine, seuls ses yeux d’un bleu perçant offraient un contraste de couleur. Ainsi alors qu’elle faisait face à une jeune demoiselle, irrémédiablement son opposée, elle ne put que faire attention à ses gestes et ses paroles. Elle a toujours été comme ça, à décortiquer le moindre fait et geste d’autrui, faisant attention. Svetlana, Svet pour certains, Lana pour un, ne savait pas trop comment se comporter en civilisation. Les comportements de ses pairs lui étant étrangers et ne voulant pas les apprivoiser. Elle se savait plus à l’aise avec le règne animal que la condition humaine. jeune femme victime de maltraitance de la part d’une mère supposée l’aimer, d’un amant supposée la désirer, Svetlana s’ennuyait ferme et se parait à merveille de son masque d’impassibilité alors que l’Australienne se mit à lui parler. d’abord pour lui commander un verre. Drôle d’approche et faire un commentaire. Ainsi, elle put donner sa version de l’histoire à une inconnue qui ne le serait plus dans quelques minutes. De sa franchise, par ses gestes si lents, Svetlana essayait de dépeindre un portrait d’elle qu’elle jugeait juste. « C’était un compliment. » Ainsi, elle inclina la tête alors que son regard parlait pour elle. Portant son verre d’un liquide rosé à ses lèvres. Le goût sucré titilla légèrement ses papilles alors que Chloé voulait en savoir plus. Son histoire. Mais quelle histoire ? Celle d’une femme battue psychiquement par une mère déboussolée et ayant perdu l’esprit en plus de la vie ou d’une demoiselle éconduite devant un autel, censé être le plus beau jour de sa vie ? Elle ne saurait que dire alors qu’elle posa des questions de sa voix si grave, dépourvue de tonalité. Non pas que Chloé ne l’intéressait pas, bien au contraire. Mais parce que sa lassitude était comme sa robe si noire, une seconde peau. « Laisse-moi le temps de ramasser les verres sales et je suis à toi aussi longtemps que le show durera. » Ainsi soit-il. Alors que le soleil disparut, laissant de nouveau la demoiselle dans les ténèbres elle se rehaussa, grimpant sur le comptoir Sali par diverses alcools avant de croiser ses jambes. Son regard ne quittait pas la silhouette élancée de sa nouvelle amie. Ses gestes étant mécaniques, signe que la demoiselle n’avait pas pour vocation de retirer des verres.
Ainsi, la canadienne descendit de son piédestal pour aller s’asseoir à une table, suivie de sa chienne qu’elle posa sur une chaise comme s’il s’agissait d’un être humain. Mais la relation unissant Winter à Svetlana était unique. Comme une mère avec son enfant, bien que la jeune femme dénigrât le rôle d’enfantement. Jamais, ô grand jamais, elle n’aurait de progéniture. Trouvant les enfants abjects et les parents inconscients de mettre au monde de nouvelles âmes dans un monde condamné. Cependant, avant que son esprit ne s’égare sur la silhouette des effeuilleuses, Chloé se remit à l’interpeler. Lui posant des questions. « Avant que tu n’en viennes à m’interroger, sache une chose : je ne sais pas mentir. A vrai dire, je n’y trouve aucun intérêt. Le mensonge est pour moi comme un baume réconfortant, une illusion. Donc autant vivre dans une réalité faite de vérités que dans des rêves chimériques mensongers. » Encore une fois, ses paroles pouvaient sembler tout droit sorties d’un autre temps. Mais elle n’énonçait que des faits la caractérisant. Histoire de voir d’expliquer à la blonde dans quoi elle s’embarquait alors qu’elle dardait sur elle, un regard empli d’intensité, apportant son fume-cigarette à ses lèvres. « Sydney. Je suis partie y’a des années pour étudier la psychologie mais j’ai tout lâché un matin pour tenter ma chance au cinéma. » Elle inclina doucement la tête sur le côté pour recracher la fumée par ses narines. « Je ne suis jamais allée au cinéma. » Autre constat de sa vie désolée. Jamais son âme n’avait apparenté les salles obscures. Mais étant drapée dans l’ombre en permanence. « Est-ce que cela fonctionne ? D’être actrice ? » Après tout, elle était curieuse. C’était la première fois qu’elle conversait avec une personne baignant dans le milieu du cinéma. Le regard clair de Svetlana interrogea celui de Chloé alors qu’elle constata son verre vide, en commandant un autre. « Pourquoi ici? » La vaste question. Un fin sourire naquit sur les lippes si fines de Svetlana alors qu’elle avisa Chloé d’un regard avant de réfléchir à sa réponse. Qu’elle n’eut pas le temps de formuler puisque son interlocutrice reprit la parole. « T’aurais pu aller n’importe où comme t’aurais pu rester là-bas. » D’un geste, elle ôté le mégot de cigarette du bout de son accessoire pour l’écraser, le faire mourir à petit feu dans le cendrier. Puis, elle prit une profonde inspiration. « Parce que le monde, je l’ai déjà vu. » Ce qui était vrai. « Mon père est archéologue. J’ai commencé à voyager avec dès l’âge de seize ans et jusqu’à ma majorité avant d’entamer mes études. Donc je connais divers pays, diverses coutumes. Bien que le genre humain ne m’intéresse pas. Je suis zoologue comportementaliste. » Encore une fois, ses phrases étaient longues, sans réellement de tonalité. Mais pourquoi en mettre ? Elle ne disait que ce qu’elle avait vécu. « Je suis venue en Australie pour rejoindre deux amis chers et pouvoir étudier votre faune. C’est l’un des rares pays que je n’ai pas fait avec la Nouvelle-Zélande et le Japon. » Ses prochains arrêts, sans aucun doute. Car après tout, Svetlana était incapable de se poser dans une ville, dans un pays sans avoir la bougeotte. Comme si son exil ne prendrait jamais fin. « T’as pas envie de partir parfois? » La question était légitime. En effet, pourquoi rester ? Elle plissa les yeux. « On part quand tu veux et où tu veux. » Proposition osée faite à une inconnue. Mais elle se doutait que Chloé ne représentait pas un danger. « A vrai dire, je suis en exil. » Elle sortit de nouveau une cigarette qu’elle tassa sur le rebord de la table. « Le Canada ne m’a apporté que malheur et tristesse. » Coinçant son fume-cigarette entre ses dents, elle fouilla dans sa poche avant de lui montrer la bague qui avait serti son doigt pendant plus d’une année. Elle la lança en direction de Chloé, comme une vulgaire babiole, une pacotille. « Abandonnée devant l’autel. Ledit homme ne se voyait pas faire sa vie avec une personne froide, dénuée de cœur et d’ardeur. Ne me laissant qu’une lettre et une humiliation. » Son regard ne vrilla pas, ne démontrant pas de gêne. Pour quoi faire ? Sa main vacante s’attarda sur le pelage soyeux de Winter. « Pourquoi avoir choisi Brisbane ? » Elle ne faisait que retourner la question à son expéditeur avant de se pencher en avant, inspectant le visage de Chloé sans se départir de son fin sourire. « Je crois que toi et moi allons devenir amies. » Et une vérité de plus. |
| | | | (#)Jeu 17 Déc 2020 - 23:56 | |
| « Avant que tu n’en viennes à m’interroger, sache une chose : je ne sais pas mentir. A vrai dire, je n’y trouve aucun intérêt. Le mensonge est pour moi comme un baume réconfortant, une illusion. Donc autant vivre dans une réalité faite de vérités que dans des rêves chimériques mensongers. » « Et moi fût un temps, je savais faire que ça. »
Chloe s’installe face à Svetlana, prête à voir ce à quoi ressemble un véritable livre ouvert. Elle, elle ment comme elle respire, se ment encore plus à elle-même. C’est une épopée sans finalité autre que de devoir pincer les lèvres et ravaler durement qu’elle s’impose, la blonde. Mais la voilà prête à voir ce à quoi ressemble quelqu’un qui affirme haut et fort être honnête. « Je ne suis jamais allée au cinéma. » la confession la fait sourire. D’une inspiration, elle laisse la bouffée de nicotine emplir ses poumons maintenant qu’elle se cale un peu mieux dans son siège. « Pourquoi? » on aurait pu croire que Chloe aurait tenté de partager sa passion, son rêve de gamine avec la brune. Mais elle s'aligne bien plus à la tactique de comprendre ce qu’elle a pu ne pas trouver au cinéma pour l’ignorer à une ère où il est sensiblement partout. « Est-ce que cela fonctionne ? D’être actrice ? » « Pour ceux et celles qui ne quittent pas les plateaux en plein tournage, ouais. J’imagine. » son haussement d’épaules la dédouane. Pour elle, ça ne fonctionne pas du tout depuis des mois. Elle bosse dans un bar, elle se cherche à un point où elle-même reste bredouille lorsque son regard croise son homologue dans la glace.
Pourquoi vivre ici, si la planète au complet est à elle? « Parce que le monde, je l’ai déjà vu. » elle a l’air d’une gamine Chloe, d’une véritable enfant, lorsqu’elle attrape les prunelles de la chanteuse des siennes. « En entier? » ça ne serait qu’une raison valable pour se poser, pour elle du moins. Cohen a encore des dizaines de pays à visiter avant de calmer les fourmis dans ses jambes. « Mon père est archéologue. J’ai commencé à voyager avec dès l’âge de seize ans et jusqu’à ma majorité avant d’entamer mes études. Donc je connais divers pays, diverses coutumes. Bien que le genre humain ne m’intéresse pas. Je suis zoologue comportementaliste. » à chacun de ses mots, l’enregistrement continue et la mémorisation avec. « Je suis venue en Australie pour rejoindre deux amis chers et pouvoir étudier votre faune. C’est l’un des rares pays que je n’ai pas fait avec la Nouvelle-Zélande et le Japon. » alors non, elle n’a pas vu le monde en entier. Mais les tranches qu’elle a visitées sont aussi passionnantes que possible. « T’adorerais la Nouvelle-Zélande. » Chloe du moins, y a passé ses plus beaux étés. Les vacances des Cohen qui ont longtemps eu lieu, fût un temps où toutes les sœurs habitaient sous le même toit. « On part quand tu veux et où tu veux. » une inspiration, un peu de cendre qui part avec. « Ce soir? » elles le disent à la blague, mais l’étincelle de vérité au fond de leur regard en commun ne ment pas, elle non plus.
« A vrai dire, je suis en exil. Le Canada ne m’a apporté que malheur et tristesse. » et nous y voilà, aux véritables raisons qui l’ont menée ici. « Abandonnée devant l’autel. Ledit homme ne se voyait pas faire sa vie avec une personne froide, dénuée de cœur et d’ardeur. Ne me laissant qu’une lettre et une humiliation. » Chloe se replace sur son siège, vindicative au possible. « C’est lui à mes yeux, le froid dans l’histoire. » elle a appris à la dure, n’en démord le doigt qu’elle passe sur son annulaire là où siégeait dans une autre vie l’alliance que Victor lui avait offert. Ils étaient fiancés il y a quelques semaines encore, à peine. Étaient. Le retour à l’envoyeur est aussi prévisible qu’il est mérité. « Pourquoi avoir choisi Brisbane ? » « C’était le choix par défaut. » c’était ici qu’elle avait des potes qui étudiaient, c’était ici qu’elle avait le moindrement quelques marques après être revenue de son vagabondage à un coin et à un autre du monde. C’était ici qu’elle voulait planter ses racines, pourtant aujourd’hui l’inverse est toute aussi vraie. « Mais on a vite vu ce qu’il y avait à y voir. » et par on, Chloe veut dire qu’elle, elle en a assez. « Je crois que toi et moi allons devenir amies. » « Je crois aussi. » les grands yeux brillants de Svetlana la ressortent de son élan un brin trop nostalgique, l’ambiance du club rendant la discussion aussi tragique que naturelle. « T’as pas l’impression de tourner en rond, des fois? » sa voix se casse à peine, sur ses lèvres. Son martini en fait briller la peau carmin. « D’avoir plus à offrir que ce que tu donnes en ce moment. » et si parle à Svetlana, elle se parle à elle aussi. |
| | | | (#)Mar 22 Déc 2020 - 17:12 | |
| Svetlana avait un don pour sentir les gens. Elle savait quand un être humain valait sa confiance et quand il ne devait pas l’avoir. Bien sûr, elle s’est perdue plusieurs fois en chemin. En atteste son presque mariage avec son insignifiance et sa relation avortée avec Simba. La voilà désormais plus seule que jamais dans un pays qu’elle ne connaissait pas. Dans un lieu qu’elle tentait d’apprivoiser et fort heureusement, avec son chien qui s’avérait être son ancre. Winter a été sa lumière durant sa très courte existence qui ne prendrait pas fin ce soir. Et voilà donc que la jeune canadienne se montrait sociale. Bavarde. Étonnant quand on avait appris à la connaître et à décrypter le fond de sa pensée. « Et moi fût un temps, je savais faire que ça. » La brune fronce les sourcils avant de laisser sa nouvelle amie s’asseoir en face d’elle. son cocktail devant elle, elle plongea son regard dans celui chocolaté de Chloé pour commencer à lui parler de ce qu’elle avait vécu, de ce qu’elle comptait vivre. Une grande histoire ne serait pas exclue bien qu’elle ne croyait pas en l’amour. et pour cause que ce dernier ne s’est pas présenté à devant sa porte. Elle aurait pu avec son insignifiance mais il était d’un fade et d’un plat. « Pourquoi? » La question était légitime. Pourquoi n’était-elle donc pas allée au cinéma ? Voilà ce que lui avait son psy : ne pas trop en dire et contrôler le flux vocal qui pourrait sortir de sa bouche. « L’occasion ne s’est jamais présentée, je pense. » parce qu’elle a été retenue captive par une mère castratrice durant les premières années de sa vie et qu’ensuite, elle vagabondait après le globe donc non, les salles obscures n’ont jamais été une priorité. « Pour ceux et celles qui ne quittent pas les plateaux en plein tournage, ouais. J’imagine. » Svetlana observe la gestuelle de sa nouvelle amie avant de froncer les sourcils. « C’est que tu avais une bonne raison. Du moins, je suppose que c’est ce que tu as fait. » Sa voix était calme, posée, elle ne s’énervait pas, ne montait pas dans les tours. Et surtout n’émettait aucun jugement.
« En entier? » Pour toute réponse, la canadienne fit tourner le liquide alcoolisé dans son verre avant d’en prendre une gorgée. Alors, elle recommença à décrire sa vie de sa voix grave. Sans forcément donner trop de détails mais sans en omettre non plus. A chaque fois que Svetlana parlait, elle ne disait que des absolues vérités. Ce qui au Canada la rendait soporifique pouvait la rendre fascinante en Australie. « T’adorerais la Nouvelle-Zélande. » Doucement, ses yeux s’agrandirent et se mirent à pétiller alors qu’elle penchait la tête sur le côté sans ciller. « Vraiment ? » Elle ne savait pas si elle appréciait l’Australie ou non. Pour le moment, le pays avait un attrait nouveau. Et pour elle qui détestait une certaine routine, c’était revigorant tant de nouveautés. « Ce soir? » Svetlana porta son verre à ses lèvres avant de déglutir. Le liquide lui brûla un peu la gorge, la réveillant un peu. « Si tu veux. On pique la caisse de mon père et on va où tu veux. » Ce que la blonde ne pouvait pas comprendre était que Svetlana pouvait être très sérieuse dans ses dires. Elle désirait plus que tout découvrir ce pays qu’elle n’avait vu que dans des documentaires animaliers.
« C’est lui à mes yeux, le froid dans l’histoire. » Elle hocha la tête, en accord avec les dires de la blonde avant de fouiller et d’en sortir un papier chiffonné. « Je sais que je ne devrais plus l’avoir sur moi. Et le pire étant sans aucun doute que je la connais par cœur. » Elle défroissa la lettre pour la glisser vers sa nouvelle amie. Le fait de se faire insulter de monstre, de cadavre ambulant et de rapprocher une comparaison avec Emily des noces funèbres, c’était blessant pour l’égo. « Je ne l’ai jamais aimé. Et il a réussi à me dégouter de la chaleur physique. » Et elle n’avait éprouvé du désir que pour un seul homme. Le souci étant que ce dernier n’était plus dans les parages. Et que Svetlana ne le reverrait sans doute jamais. « C’était le choix par défaut. » Et grand dieu qu’elle comprenait la jeune Chloé. Elle aussi elle avait choisi Brisbane par défaut. Pour Deborah au moins. Car Svetlana en vint à exclure rapidement Dunham de l’équation. Elle n’oserait sans doute jamais le rencontrer. « Mais on a vite vu ce qu’il y avait à y voir. » De nouveau, elle pencha la tête sur le côté. « Tu voudrais voir quoi ? » Après tout, elle serait capable, inconsciente qu’elle est, d’y emmener la blonde. La brune amena sa cigarette entre ses lèvres pour tirer longuement dessus. La nicotine s’infiltra dans ses veines et lui fit un bien fou. « Je crois aussi. » Et là, l’impensable se produisit. Svetlana retroussa ses babines dans un sourire. Fait extrêmement rare pour une femme qui ne savait pas comment montrer ses émotions. « T’as pas l’impression de tourner en rond, des fois? » De nouveau, elle observe la demoiselle. Elle pouvait sentir le trouble en elle. Malheureusement pour Chloé, Svetlana ne comprit pas. Et comme si elle avait lu dans ses pensées, elle ajouta quelque chose. « D’avoir plus à offrir que ce que tu donnes en ce moment. » Un rire mourut au bord de ses lèvres avant de pousser un soupir. « je n’ai rien à offrir, Chloé. » Et elle était criante de vérité en disant cela. « Je suis triste. Mais incapable de montrer le moindre sentiment. J’ai comme une boule. Donc, je n’ai rien à offrir. » Il suffisait d’écouter ses chansons pour savoir que Svetlana était plus mélancolique qu’elle ne le montrait. « Il n’y a que les animaux qui me comprennent réellement. Mais je pense que toi, je ne te connais, mais tu as l’air de déborder de vitalité. » Alors qu’elle était tout l’inverse. Et qu’elle était définie par sa propre mortalité. @Chloe Cohen |
| | | | (#)Lun 11 Jan 2021 - 1:58 | |
| L’une semble sortie d’un film de Tim Burton, l’autre de Quentin Tarantino. Elles sont décalées à leur manière bien précise et unique, et Chloe n’est pas du genre à s’en froisser. Elle aime les gens qui ont du caractère, et pas seulement au sens propre de la chose. Intriguée, la voilà qui a complètement oublié les moindres parcelles de bribes de boulot qu’elle avait à l’agenda ce soir rien que pour se poser face à Svetlana et la laisser dresser le portrait de ce qu’elle veut. Elle pourrait mentir, elle pourrait inventer, elle pourrait créer son histoire de toutes pièces ; n’en reste qu’elle est tellement captivante que Cohen s’en balance, des détails. Parle, parle, et parle encore que chacun de ses regards comme de ses sourires l’implorent. Et si elles partaient, ce soir? « Si tu veux. On pique la caisse de mon père et on va où tu veux. » « Gold Coast pour commencer. On peut y arriver rapidement, dormir sur la plage, et repartir demain matin dès que j’aurai trouvé du café. » c’est presque comme si elle avait un plan de fuite pour chaque période de sa vie Chloe. Prête à s’envoler, prête à prendre ses clés et à viser une sortie de secours parmi l’infinité qu’elle avait savamment alignée en cas de besoin. Svetlana est sérieuse et elle aussi ; qu'est-ce qu’elles font donc, encore ici?
« Je sais que je ne devrais plus l’avoir sur moi. Et le pire étant sans aucun doute que je la connais par cœur. » et qu’elle revient encore et encore, qu’elle rejoue comme un disque rayé, un vinyle faussé. Ce qui est plus grave que de s’en rapeller c’est de l’avoir mémorisé par coeur dans chaque fibre, dans chaque sensation, dans chaque souvenirs entre brodés. « Je ne l’ai jamais aimé. Et il a réussi à me dégouter de la chaleur physique. » égoïstement, Chloe se demande si elle a déjà été véritablement amoureuse. Si elle a déjà aimé au point d’être prête à tout refuser ensuite tant elle aurait pu affirmer haut et fort que sa chance était passée, qu’elle avait jeté une ultime pièce de monnaie dans un puits sans fin et sans retour aucun. Le visage de Victor revient en trame de fond et elle s'en veut de penser à lui. Il est libre de faire ce qu’il veut, l’a toujours été et le sera toujours. Elle l'aime bien sûr qu’il est l’amour de sa vie. Pour sûr que plus jamais elle ne le lui dira non plus. « Tu voudrais voir quoi ? » et elle revient, à ici, à maintenant. « je n’ai rien à offrir, Chloé. » et c’est là qu’elle se trompe. C’est là où elle passe à côté de tout ce qui compte véritablement. « N’importe quoi, mais avec tes yeux à toi. » les siens à elle sont teintés de ses propres perceptions et expériences. Ceux de Svetlana voient la vie avec tant de nuances et de complexité qu’elle en rêve, rien qu’une fois, de lui attitrer le rôle de kaléidoscope privé.
Elle réitère, la brunette glacée, glaciale. « Je suis triste. Mais incapable de montrer le moindre sentiment. J’ai comme une boule. Donc, je n’ai rien à offrir. » elle est bloquée, vidée. Elle n’a même plus la force de démontrer quoi que ce soit, a tout donné sans que jamais qui que ce soit équilibre le sacrifice. « Il n’y a que les animaux qui me comprennent réellement. Mais je pense que toi, je ne te connais, mais tu as l’air de déborder de vitalité. » « On dirait presque qu’on se complète, tu trouves pas? » l’ironie s’envole, et son sourire lui, il reste. Quand Chloe lève son verre, ce n'est qu’une raison de plus de célébrer ce qui peut bien se passer là, le moment de félicité qu'elles se sont improvisé sans jamais penser à sa fin autrement qu'en type de début. « Alors? » son nez se fronce, ses yeux pétillent. L'interrogation parle d'elle-même, elle y apporte une précision qui n'en a que le nom. « On part, ou on part? » poser la question, c'est définitivement y répondre. |
| | | | (#)Lun 11 Jan 2021 - 14:05 | |
| Svetlana se savait trop brisée pour avoir quelque chose à offrir. Elle savait très bien qu’elle ne valait grand-chose. Son père après l’avoir retrouvé l’avait emmené vers une thérapie durant les premières années. elle avait passé seize ans en compagnie d’une mère abusive. Certes, Svetlana se retint de discuter de cette partie de sa vie avec la jeune Cohen. Pour cause qu’elle savait que ce genre de confessions pouvait être difficile à entendre. Il n’y avait pas de mensonges dans la vie de Svetlana mais plusieurs omissions. Déjà qu’elle ne parlait que trop peu, elle ne se voyait pas épiloguer sur les traitements de Ludmilla. Pour cause qu’il s’agissait uniquement de honte. Sans doute l’un des rares sentiments qui ne quittaient pas la brune. Incapable de s’en dépêtrer. Ainsi donc, elle a choisi de faire corps avec cette dernière. De ne plus subir ce que sa mère continuait de lui faire subir même après sa mort depuis plus d’une décennie. Le traumatisme était si ancrée dans son cerveau qu’elle peinait à s’en remettre pleinement. Ainsi, elle émit l’hypothèse de s’en aller accompagnée de sa nouvelle amie pour prendre une bouffée d’air frais. Est-ce que l’Australie pouvait lui faire du bien ? Est-ce que ce pays si chaud, au climat si aride, pouvait lui convenir ? Aucune idée. mais cela lui plaisait que de se retrouver en face de quelqu’un d’aussi radieux que Chloé. « Gold Coast pour commencer. On peut y arriver rapidement, dormir sur la plage, et repartir demain matin dès que j’aurai trouvé du café. » Elle ne connait pas l’endroit en question mais la demoiselle se mit à hocher la tête de manière imperceptible. « on peut passer au starbucks du coin ? J’en prendrai un aussi. » Même si le goût du café la répugnait dans le fond mais cela lui permettait de se tenir debout devant la Cohen sans flancher.
Ainsi la canadienne en vint à s’épancher, de manière la plus froide possible devant une Cohen attentive. Chloé l’écoutait, ne bronchait pas et n’interrompait pas Svetlana dans ses jérémiades. Si la demoiselle avait été capable de s’écouter, elle aurait pu se flageller. Elle aurait pu se détester intérieurement. Mais elle n’avait pas conscience de l’image qu’elle renvoyait d’elle-même. et à vrai dire, elle s’en fichait. Peu lui importait l’image rendue, la brune ne voulait plus se lier avec qui que ce soit. Non pas qu’elle n’en avait pas envie mais parce que la chute était douloureuse. Cependant, Svetlana ne se perdait pas trop dans ses dires, elle revenait toujours vers l’odieuse vérité qu’elle n’avait plus rien à offrir. Ainsi, elle put lire de la contradiction dans le regard de sa nouvelle amie. « N’importe quoi, mais avec tes yeux à toi. » Doucement, elle pencha la tête sur le côté pour fixer Chloé avec une certaine curiosité. Un faible sourire aurait pu naître sur ses lippes. Les coins commencèrent à se retrousser alors qu’elle hocha la tête d’un air entendu.
L’opposition entre les deux femmes était on ne peut plus clair. « On dirait presque qu’on se complète, tu trouves pas? » Elle avait raison, Chloé. « on pourra peut-être apprendre des choses l’une de l’autre. » Comme par exemple se délester de son poids, de ce lourd fardeau dû à son passif qu’elle portait sur ses épaules. Le fait de sourire, de rire de manière plus naturelle sans se sentir forcée. De porter des vêtements plus colorés aussi. De couper ses longs cheveux. « Alors? » Son regard azuré se perdit dans celui chocolaté de la jeune serveuse. Elle se voulait interrogatrice sans comprendre ce que voulait Chloé. « On part, ou on part? » Il arriva, son sourire, si fugace sur ses lèvres. La canadienne se leva donc, but son verre d’une traite avant de tendre sa main gantée vers son opposée. « Bascule, on y va. » Aucune inflexion dans sa voix, aucune hésitation. Prête à fuir en compagnie d’une parfaite inconnue. Mais qui ne le serait plus au petit matin. @Chloe Cohen |
| | | | | | | | still the world is full of roles we play (svet) |
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