Il a écrit dans un sms ce qu’il n’a pas eu le courage de lui dire en face. C’était plus facile de tapoter sur son clavier une fois sa rage passée, de longues minutes après avoir hait le monde entier et Penny la première (Rory ensuite, Lucia après, quelques noms parmi une liste interminable de personnes qui n’auraient jamais dû y figurer). Swann a eu besoin de temps pour reprendre ses esprits mais une fois chose faite, son premier réflexe a été de tenter d’enrayer le cercle vicieux qu’il venait de mettre en place avec ses paroles emplies d’égoïsme et de ressentiments. Il le sait, pourtant : Penny n’a pas à payer pour ses erreurs à lui. Elle n’a pas à devenir la seule fautive d’une relation construite sur des bases instables, bien qu’emplies de bonnes intentions. Elle n’a jamais été une menace ni même une ennemie, et cette conclusion n’arrive qu’une fois qu’elle se trouve déjà bien loin.

Oh, et oui. Lucia. Lucia qui se voit mêlée à toute cette histoire sans que cela n’ait rien de juste. Penny qui la mêle à tout ça simplement en s’abonnant à elle ; et tout ceci qui ressemble à l’intrigue capillotractée d’une série de seconde zone qui ne sera jamais renouvelée pour une seconde saison. La jeune femme était la plus heureuse du monde de voir un aussi gros compte (et donc une personne aussi connue et aussi bien, puisque les deux vont forcément de pair) la suivre sur les réseaux sociaux et Swann n’a eu d’autre choix que d’esquisser un sourire à son tour et de mimer la même émotion. La seconde d’après, le sms était envoyé, bien moins sympathique qu’il l’aurait voulu.

Après tout ils ne sont que des enfants à l’ego abîmé qui continuent pourtant de rêver du bien et du meilleur, seule raison pour laquelle l’anglais a su mettre de côté son ressentiment pour demander une trêve. Penny est une amie à part entière, elle n’existe pas seulement sur les plateaux de tournage ou lorsqu’il est question de Rory. Il aurait aimé le lui dire tel quel, aussi simplement et avec peu de mots, mais dorénavant il fait plutôt passer ses sentiments par des blagues aussi douteuses qu’acerbes, au milieu de drapeaux blancs jetés à tout va. Autant dire qu’il serait un médiocre négociateur et qu’il devrait s’avérer chanceux de faire face à une personne qui le connaît tout de même un minimum - peu importe ce qu’il en pense en retour.

Le pire dans tout ça, c’est qu’il l’a trouvé, son foutu bar où les cocktails ont des noms d'insultes. Ils pourront boire pour oublier et s’insulter sans que l’autre n’ait le droit de s’offusquer à moins de boire un autre verre à son tour. A ses yeux et puisqu’il ne travaille pas le lendemain, cela ressemble à un plan parfait sur tous les plans. Il arrive en premier par simple habitude (histoire de repérer les lieux et les issues de secours, aussi) et commande un verre à chacun. Swann ne doute pas qu’elle viendra et c’est là sa seule certitude à propos de cette soirée. Ensuite, il ne sait pas combien de temps ils arriveront à tenir avant d’avoir un mot de travers, un mot de trop, et de ne plus savoir en contrôler les conséquences. “Je t’ai pris un Va te faire foutre, je suis un gars nostalgique.” Sera son bonsoir à lui. Il esquisse un demi sourire sincère, pourtant. La vérité c’est qu’il ne lui en veut pas autant qu’il l’a laissé croire à propos des mots qu’elle a eu à son égard ; elle est bien la seule à pouvoir donner son avis sur la situation sans langue de bois. Swann ne s’en était jamais rendu compte jusqu’alors mais c’est ce dont il a besoin. L’autre côté du versant insiste cependant sur le fait qu’il risque d’être bien moins enclin à courber l’échine et s’adapter selon ses bons désirs en ce qui concerne Lucia. Ce point là reste non négociable : elle n’a pas à être mêlée à toute cette histoire, et certainement pas de cette façon là. “Dis moi juste si ce gars méritait ce que Rory lui a fait. Je demande pas la raison. Juste ton point de vue.” Il n’aurait de toute façon pas eu de réponse s’il avait demandé une fois de plus la raison de tout ce cirque. Dire qu’il comprend cette omerta serait un mensonge mais il apprend enfin à passer outre, jouant de sa paille au fond de son verre pour au moins s’occuper les mains.

Il voulait lui demander si elle voulait commencer et puis, il a oublié. Autant entrer directement dans le vif du sujet.

@swann mcgrath
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Tu n’étais pas certaine que d’accepter l’invitation de Swann avait été le bon choix. Après tout, il y avait des choses qui avait été dites dans son bureau qui t’avait marqué, des choses que tu lui avais dites qui l’avait probablement marqué en retour. Les quelques messages échangés en étaient d’ailleurs la preuve après tout. Tu l’avais envoyé chier et avais ensuite hésité à répondre à sa maigre tentative de possible réconciliation. Si ton orgueil ne voulait pas passer par-dessus, c’est majoritairement pour Rory que tu avais accepté de voir Swann. Pour Rory qui s’en voudrait tellement d’être au milieu de cette dispute, dispute qui semblait être sortie de nulle part quand tu te repassais ce qui s’était passé dans le bureau de l’anglais. Malgré tout, tu devais avouer que tu n’aimais pas savoir les choses tendues entre McGrath et toi. Tu avais tout remis en question, depuis la fameuse dispute. Comme si soudainement, tu n’étais plus certaine de croire que Swann et toi étiez vraiment des amis en dehors de vos relations respectives avec le jeune Craine. Comme si ça prenait absolument un point commun aux yeux bleus et aux fossettes creuses pour que vous pussiez vous accorder sur quoique ce soit. Ça t’arrache un autre soupir alors que tu penses à tout ça, encore et encore alors que tes pas te guident jusqu’au bar où vous vous êtes donnés rendez-vous. Tu as l’espoir qu’un peu d’alcool allait vous donner le courage de dire les choses telles qu’elles sont sans toutefois en venir à vous faire violence comme la dernière fois. Tu peux encore l’entendre dans ta tête crier ton nom comme un père qui réprimande sa fille alors que tu t’en prenais à la pauvre secrétaire. Not your finest moment. T’as pris le taxi pour venir, terriblement consciente que les chances que tu sois apte à conduire pour rentrer sont pratiquement nulles. Tes derniers pas pour te rendre sont plus lents, plus hésitants mais une fois la porte passée, tu sais qu’il n’y a plus de retour en arrière possible.

Tu ne mets que quelques secondes à le trouver dans le bar qui semble plutôt calme pour l’instant et tu remarques tout de suite qu’il y a un verre devant lui et un verre à ce que tu devines être ta place, lui faisant face. « Je t’ai pris un Va te faire foutre, je suis un gars nostalgique. » Tu fais semblant de rire alors que t’as le visage qui se tord déjà en une grimace d’inconfort. T’as conscience qu’il dit ça dans l’espoir de détendre l’atmosphère le brun, mais faut croire que ce soir, t’as la rancune tenace. Tu attrapes le menu, fait semblant de lire avant de répliquer à ton tour. « Je t’offrirais bien un I had sex with your ex mais il semblerait qu’il soit temporairement indisponible. » Tu lui offres un sourire forcé et te décide finalement à prendre place devant lui, échappant un long soupir que tu espères camoufler par les bruits environnants. « Et puis je suis pas une menteuse. » que tu rajoutes, une fois de plus. Tu sais plus vraiment ce qu’il croit ou pas, le McGrath au sujet de Rory et toi. Tu oses croire qu’il te croit toi après tout, sinon quel était le véritable intérêt de se retrouver ici? Tu sais que t’es pas vraiment de bonne foi jusqu’à maintenant et que tu dois faire preuve d’un peu plus de civisme si vous voulez passer au travers de cette soirée intacte. Il fait un semblant d’effort, Swann et tu dois en faire de même. Tu te pinces légèrement les lèvres et prend une gorgée de ton cocktail, particulièrement bon d’ailleurs pour un drink avec un nom d’insulte. « Dis moi juste si ce gars méritait ce que Rory lui a fait. Je demande pas la raison. Juste ton point de vue. » Il ne perd pas de temps le jeune homme, a en revenir sur le sujet plus que délicat qui fait verser beaucoup d’encres dans les journaux depuis des mois. Ton regard ne quitte pas le sien alors que tu reposes ton verre sur la table. « Tu en doutes sérieusement? » que tu demandes, toujours incapable de comprendre que le monde entier — mais Swann en particulier — puisse croire une seule seconde que Rory n’a pas agit avec les meilleures intentions du monde ce jour-là. « Tu connais Rory, c’est pas un mec violent. Alors crois-moi quand je te dis que Byers le méritait. » Et encore, t’es consciente que l’homme en question méritait pire encore que le pauvre coup de poing que Rory lui a mis. T’es d’ailleurs pas complètement convaincue qu’il n’aurait pas continuer si tu ne l’avais pas retenue, le suppliant de te sortir de là. Tu prends une autre gorgée de ton drink, et tu joues avec la paille alors que tu le reposes. Il y a quelque chose qui te dit que tant qu’il ne saura pas toute l’histoire Swann, aucune réponse ne le satisferait pleinement. « Je m’en veux terriblement de savoir que mon secret s’est placé entre vous deux. » que tu commences, hésitante. C’est peut-être parce que tu as été capable de le dire à Chloe que ça te parait plus si horrible, l’idée de le répéter encore. « Alors si tu me dis que t’as vraiment besoin de savoir, je vais te le dire ce qui s’est passé, ce jour-là. »

L’ambiance est bizarre, dans ce bar. Instable. Swann a l’impression que la Terre entière peut se retourner et se tordre (façon Inception) d’une seconde à l’autre sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Tout est inconfortable et aucune de leurs paroles ne sait arranger la situation. « Je t’offrirais bien un I had sex with your ex mais il semblerait qu’il soit temporairement indisponible. » Un partout, balle au centre, que doit être en train de dire le commentateur. Swann, lui, rigole déjà bien moins maintenant qu’elle l’a pris à son propre jeu. Il trouvait sa blague à lui bien plus drôle, bien moins crève-cœur et amère aussi. Rupture de stock ? T’abuses Stringer. Ses dents grincent entre elles et il préfère ne rien répondre, à défaut il aurait ramené une fois de plus sur la table le sujet de ce fameux manuel inexistant. Ce n’était déjà pas drôle la première fois, ça ne le sera toujours pas à la vingtième. Il préfère se donner une raison de rester silencieux en buvant quelques gorgées de son cocktail, le temps pour l’actrice de s’installer et prendre le temps dont elle a besoin. « Et puis je suis pas une menteuse. » Brun dans brun, il ne la lâche pas des yeux. Il voudrait la croire, sincèrement, mais son éternel manque de confiance en lui-même bien plus qu’envers le monde le contraint à d’autres plans. L’histoire qu’elle conte lui plaît, c’est sûrement le pire dans cette histoire. Tout aurait été tellement plus simple s’il l’avait crue dès la première fois et les premiers mots. Ils n’auraient pas eu à se briser le coeur - et se briser tout court - sur d’autres sujets ensuite.

Elle souffle, il souffle, et après l’ajournement la partie recommence. L’anglais n’a pas envie de lui voler du temps inutile ni d’en perdre non plus, raison pour laquelle il ne perd pas de temps avant de plonger une fois de plus au cœur du sujet. « Tu en doutes sérieusement? » Ses paupières se referment quelques secondes, il retient en son cœur toutes les remarques faisant de lui un voyant qui avait prévu qu’elle réagirait comme ça, aussi rapidement et aussi mal. Pourtant il tente de se contrôler et souffle une fois de plus pour que ce soit le cas, murmurant à peine les mots qui suivent, fatigué. “Ne recommence pas.” Ils ont déjà vécu ce scénario une fois. Ils doivent changer, maintenant. Évoluer. Ils doivent se prouver qu’ils savent faire autre chose et qu’ils sont de grandes personnes, capables de passer outre leurs propres sentiments. Il ne doute pas un traître instant que l’homme face à Rory ait mérité ce coup de poing ; il a simplement besoin qu’on le lui dise à haute et intelligible voix une fois pour toutes sans le prendre pour un traître à la patrie. Elle ne cesse de lui remémorer que l’erreur est interdite et chacun des mots de l’actrice agit comme une lame tranchante dont les coupures restent invisibles à l'œil nu. La douleur, elle, existe bel et bien. « Tu connais Rory, c’est pas un mec violent. Alors crois-moi quand je te dis que Byers le méritait. » Il hoche de la tête en silence. Il penserait que l’entendre le soulagerait bien plus mais au moins, maintenant, c’est dit. Ce n’est encore que la partie immergée de l’iceberg mais ils avancent. “Je te crois.” Ce serait mentir que de dire qu’il n’y a pas encore quelques remords qui traînent de ci de là mais il était de toute façon prévisible que l’anglais ne parviendrait jamais à les passer sous silence.

La question qu’il souhaite poser ensuite est plus heureux encore et le simple fait d’en imaginer les mots s’agencer les uns à la suite des autres lui brise le cœur. Il adopte donc la technique de Penny, jouant avec sa paille comme le ferait un enfant qui ne souhaite que fuir un repas entre adultes. Il est celui qui a proposé ce même repas, pourtant, cela ne ferait pas de sens. « Je m’en veux terriblement de savoir que mon secret s’est placé entre vous deux. » La sincérité de la brune est touchante et pendant un instant il a vraiment l’impression qu’ils ne se sont pas jetés toutes ces horreurs au visage tout en sachant à quel point elles allaient faire du mal à l’autre. Si elle se permet de le faire alors il souhaite se plier aux mêmes règles du jeu. Son élan de bonne volonté est contré par de nouveaux mots de sa part, lesquels il n’aurait jamais cru entendre. « Alors si tu me dis que t’as vraiment besoin de savoir, je vais te le dire ce qui s’est passé, ce jour-là. » Il a la bouche entrouverte, l’imbécile pris de court. Une main nerveuse passe dans ses cheveux alors qu’il hésite entre un millier de façons différentes pour répondre à sa proposition. “C’est pas que j’ai vraiment besoin de savoir, Penny.” Il souffle doucement et peine à trouver la formulation qui soit la plus proche de la vérité et la moins dévastatrice. Swann se reprend pendant un instant, retrouvant un ton de voix bien plus proche de la normale plutôt que celui proche d’un grand père sur son lit de mort. “Ok. Imagine. On a jamais existé publiquement, lui et moi. On … j’ai jamais voulu que ça soit le cas. Ça a commencé à vraiment peser, à force. Il devait partir, je devais rester. On se perdait de vue. On se parlait moins. Les derniers mois, surtout. Nos vies n’avaient plus rien à voir.” La dernière année, Swann. C’est pendant un an, que tout ceci a duré, que la pente glissante a été empruntée et que plus personne n’a su en sortir. “Et il y a eu ça. Tous les journaux du pays en parlaient et même au-delà. Vous passiez votre temps ensemble depuis des mois. Vous étiez proches. Et je n’ai jamais vu Rory perdre le contrôle. Jamais. J’avais un son de cloche d’un côté et un silence de l’autre.” Il est avec elle, elle est son amante (eux titraient ‘petite amie’, la douleur était plus vive encore), Byers a tenté de s'immiscer. Jalousie et fin de l’histoire. De l’autre côté, la version titrait simplement “je ne peux pas t’en parler, Swann”. Il avait une confiance aveugle, sans faille, totale. Il aurait tout fait pour lui, brûlé des corps, caché des preuves. Tout ce qu’il demandait, c’était de faire partie du plan. Ce qui n’a pas été le cas. “Tout ça pour dire que t’es pas responsable de notre rupture. Pas vraiment.” Elle l’a précipité, c’est certain, mais aujourd’hui il se dit que c’était inévitable, sans doute. Il s’en convainc, en tout cas, parce que toute autre vérité ne fait que le tourmenter un peu plus encore et ce n’est pas bon à prendre. “Et quand je te dis que je te crois, c’est vrai. Mais je me considère toujours comme ton ami, c’est pas à moi de te dire quel secret tu dois partager ou non.” Il y a un an - presque -, il n’aurait pas hésité une seule seconde avant de la supplier de le mettre au courant à son tour. Aujourd’hui il commence enfin à penser que s’ils l’ont tenu à l’écart, il y avait peut être une raison à cela, bien au delà de celles qu’ont pu trouver les journaux.

@swann mcgrath
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Tu le sais que tu n’aurais pas dû commencer l’échange de la manière que tu l’as fait. Tu le sais aussi que c’était pas juste, mais tu n’avais pas pu t’en empêcher. Tu le vois qui se crispe et tu échappes un soupir. Tu penses à t’excuser, mais tu ne le fais pas, t’as encore vos derniers échanges en travers de la gorge et ta force, ce n’est pas le pardon. Mais le sujet de discussion tourne rapidement sur le vif du sujet et ça encore, ça peut facilement faire des flammèches. « Ne recommence pas. » Et le voilà qui reprend un ton autoritaire et si tu as envie de répliquer, tu te pinces les lèvres et prend une longue respiration. Vous n’êtes pas là pour répéter le même scénario que la dernière fois, sur ça, il a bien raison le McGrath alors tu te contentes de répondre correctement à sa question. Parce que t’es tannée du doute qui plane constamment au dessus de vous à ce sujet-là. Tu ne peux pas lui en vouloir à Swann, de ne pas être complètement convaincu, il n’a pas eu droit à toutes les informations depuis. Mais t’aurais tellement voulu qu’il te croit, ou plutôt qu’il ait confiance en Rory quand ce dernier a tenté à maintes reprises de lui faire comprendre que la situation était bien plus grande que lui. Mais t’étais pas là, quand tout ça s’est passé, tu ne connais que les bribes d’histoire que Rory a bien voulu partager avec toi. « Je te crois. » qu’il finit par dire, Swann et tu le sais que ça n’a pas dû être facile pour lui. Il y a une partie de toi qui n’est pas convaincue d’ailleurs. Pas parce qu’il est de mauvaise foi, mais plutôt parce qu’il cherche un compromis sur un terrain qui est si glissant qu’il vaut mieux l’éviter à l’avenir.

Mais tu fais quelque chose qui le surprend, le McGrath. Alors que tu laisses un élan de sincérité prendre les devants entre vous et que tu lui proposes de tout lui dire. Une bonne fois pour toute. Pour que toutes les idées qu’il ait pu entretenir dans la dernière année se dissipent finalement. Pour blanchir Rory dans l’esprit de l’anglais. Tu avais l’impression que tu leur devais au moins ça, à tous les deux. « C’est pas que j’ai vraiment besoin de savoir, Penny. » T’es un peu surprise par sa réaction, t’étais persuadée qu’il voudrait enfin savoir, surtout si c’est toi qui t’offrais finalement à tout lui dire. « Ok. Imagine. On a jamais existé publiquement, lui et moi. On… j’ai jamais voulu que ça soit le cas. Ça a commencé à vraiment peser, à force. Il devait partir, je devais rester. On se perdait de vue. On se parlait moins. Les derniers mois, surtout. Nos vies n’avaient plus rien à voir. » Tu écoutes, hoche la tête vaguement. Ça, c’est une partie de l’histoire que tu n’avais jamais eu, du moins pas en tant de mots. Ça, c’est une autre version d’une histoire dans laquelle tu t’es retrouvée par erreur. Un rôle dont tu te serais vraiment passée, pour une fois. « Et il y a eu ça. Tous les journaux du pays en parlaient et même au-delà. Vous passiez votre temps ensemble depuis des mois. Vous étiez proches. Et je n’ai jamais vu Rory perdre le contrôle. Jamais. J’avais un son de cloche d’un côté et un silence de l’autre. » Tu ne t’étais jamais vraiment arrêtée pour penser à cette histoire du point de vue de Swann. Toujours trop centrée sur ta petite personne et sur le traumatisme que toi tu avais vécu. Trop égoïste pour voir le mal que ça avait causé autour de toi. « Tout ça pour te dire que t’es pas responsable de notre rupture. Pas vraiment. » Pourtant, ce que tu retiens de cette histoire, c’est que tu as bel et bien eu ton rôle à jouer dans cette affaire et tu ne peux pas continuer de fermer les yeux et faire comme si ce n’était pas le cas plus longtemps. « J’avais jamais pris le temps de m’imaginer comment ça a dû être pour toi. Les articles, les rumeurs et les photos maintenant. Comme si parce que ton nom n’était pas là, ça ne te touchait pas directement alors que oui... » Tu déglutis difficilement alors que de te replonger dans le coeur de ses souvenirs est toujours aussi douloureux. Comme si le temps ne venait pas à bout de faire son œuvre et de panser tes blessures, ni celles de l’anglais. « Et je suis désolée de pas avoir réaliser, avant. » C’est pas du tout ce que tu t’étais imaginée comme rencontre, quand tu avais accepté de venir le voir ce soir. Peut-être que c’est de savoir que l’abcès est finalement crever entre vous deux qui rend les communications plus faciles. Peut-être que c’est les boissons alcoolisés sous vos yeux qui aident un peu.

« Et quand je te dis que je te crois, c’est vrai. Mais je me considère toujours comme ton ami, c’est pas à moi de te dire quel secret tu dois partager ou non. » Tu hoches la tête, tu comprends ce qu’il te dit Swann, mais t’as quand même l’impression que tu lui dois un peu plus. Et peut-être qu’il vaut mieux tard que jamais. Tu prends une longue gorgée de ton drink, le bruit de la paille contre le verre désormais vide se fait entendre et tu prends une longue respiration. Tu veux lui dire mais tu hésites. Tu veux pas perdre la carte comme tu l’as fait lorsque tu as tout dit à Chloe. T’as pas envie que ça tourne en scène trop dramatique non plus. C’est une vérité comme une autre, c’est ce que tu te répètes dans l’espoir d’un jour te croire. « C’est vraiment important pour moi que tu comprennes qu’à ce moment-là, j’arrivais pas à voir plus loin que moi. Et que je commence seulement à comprendre ce que mon silence a pu avoir comme conséquences sur les autres. » Sur Rory particulièrement, mais tu vois bien qu’il n’est pas le seul à avoir souffert des dommages collatéraux. Swann en est la preuve. Tes doigts tapotent ton verre anxieusement et puis tu te décides finalement a laissé les mots glisser contre tes lèvres. « Byers m’a agressé. » Si peu de mots pour une si grande vérité. Tu sens ton coeur qui s’emballe contre ta poitrine mais tu ne laisses pas l’émotion te submerger cette fois. T’es en contrôle, du moins, autant que tu peux l’être. « Et Rory l’a empêché d’aller trop loin. » Trop loin. Comme si chaque main sur ton corps n’avait pas été de trop. T’aimerais bien que le verre dans tes mains se remplissent de nouveau par magie, mais tu n’oses pas faire signe à la serveuse, préférant plutôt venir à bout de ces aveux avant de boire un peu plus, pour tout oublier. « Il n’y a jamais rien eu entre Rory et moi pendant que vous étiez ensemble. Et même maintenant. C’était vraiment pas comme ça.. » Avant du moins. Maintenant, c’est plus compliqué. Mais ça c’est une autre histoire complètement.

Lui conter sa vision de l’histoire alors qu’il ne tient qu’un rôle annexe était égoïste mais Swann en avait terriblement besoin. Personne n’a jamais pu entendre son point de vue tout entier à ce sujet, soit parce qu’ils ne le pensaient n’être qu’un ami de Craine sans doute heureux de le voir s’essayer à de nouvelles relations, soit parce qu’ils le pensaient être justement trop proche de ce dernier pour avoir un avis objectif. En retour, ils étaient tous soit trop impliqués, soit pas assez. Une fois de plus, il n’a jamais su trouver de juste milieu et même s’il aurait pu conter son secret le liant à Rory à n’importe quel ami qu’il aurait jugé digne de confiance, il ne l’a jamais fait. Il faut croire que c’est un point commun de plus entre eux : ils savent garder les secrets comme personne.

Maintenant, il ne risque plus de tenter de faire une blague à propos de quelque sujet que ce soit. « J’avais jamais pris le temps de m’imaginer comment ça a dû être pour toi. Les articles, les rumeurs et les photos maintenant. Comme si parce que ton nom n’était pas là, ça ne te touchait pas directement alors que oui... » S’il n’a pas parlé pour qu’elle s'apitoie sur son sort, il préfère donc ne pas répondre à ses paroles. Il n’était qu’une victime collatérale de tout cela, et comme il a pris l’habitude de se le répéter chaque soir : c’est mieux ainsi. L’absence de son nom dans les journaux lui a au moins permis de ne pas être épié par personne et c’est un luxe qu’il sait bien ne pas pouvoir partager avec le duo, à son plus grand malheur. Il aurait aimé pouvoir les protéger ou au moins alléger leur peine. A défaut, il n’a su faire que l’inverse et se ranger du côté de la majorité, puisque c’est toujours plus facile ainsi. Moins douloureux. Moins dangereux. « Et je suis désolée de pas avoir réaliser, avant. » Si seulement ils avaient eu cette discussion dès le début, ils auraient pu éviter que tout ne dégénère. Si chacun avait pu prendre un minimum sur soi, ils ne seraient jamais allés jusque là. Et avec des si, on peut refaire le monde. C’est la spécialité du McGrath ; avec le déni.

Elle joue avec sa paille, il en fait de même. Pendant un instant, ils ont l’apparence d’enfants sans en avoir le cœur. « C’est vraiment important pour moi que tu comprennes qu’à ce moment-là, j’arrivais pas à voir plus loin que moi. Et que je commence seulement à comprendre ce que mon silence a pu avoir comme conséquences sur les autres. » Il comprend. Il ne sait faire que ça, justement. Il ne comprend trop bien ce qu’elle a pu ressentir tout comme la position délicate dans laquelle il la met sans ressentir assez de remords à ce sujet. Il comprend parce qu’il l’a vu, aussi. Il l’a entendu. A défaut de ne pas savoir dire quoi que ce soit, il s’est contenté de l’observer en silence et de garder ses impressions et ressentis pour lui-même. Le pire dans tout ça, c’est qu’il se dit qu’à la place de l’actrice, il aurait agi de la même manière mais sans jamais pouvoir (savoir) se remettre en question comme elle est en train de le faire ce soir. Tout ce qu’il sait faire désormais se résume à hocher de la tête en silence, se faisant le miroir des ses réactions nerveuses, laissant ses doigts tapoter en silence contre le verre bien trop vide.

Quand la sentence tombe, pourtant, son attitude change du tout au tout. « Byers m’a agressé. » Ses yeux vitreux occupés à regarder le vide se redressent aussitôt dans ceux de la jeune femme qu’il sait sincère. Ses doigts autour du verre prennent une teinte blanchâtre à cause de la pression qu’il exerce sur ces derniers, plus empli de remords que jamais à l’idée de ne pas être resté dans son camp tout du long alors que c’est tout ce qu’elle méritait et ce dont elle avait besoin. Elle n’avait jamais été une menace d’aucune sorte et toujours représenté une figure amicale à ses côtés ; les histoires des journaux ne faisaient aucun sens mais puisqu’elles étaient posées sur papier alors elles se devaient d’être véritables. « Et Rory l’a empêché d’aller trop loin. » Il esquisse un sourire triste avant de laisser place à une mine plus sombre. Qui d’autre pour défendre la veuve et l’orphelin, hein ? Bien sûr que Rory s’en est mêlé dès qu’il l’a pu. Il n’aurait pas pu faire autrement, surtout pas fermer les yeux. Finalement ce n’est pas qu’il a perdu le contrôle, c’est qu’il a agi comme n’importe qui d’autre l’aurait fait à sa place avant que Byers n’essaye d’aller trop loin. “Merde.” Il murmure, pour elle ou pour lui, il n’en sait rien. Ses mains remontent le long de son crâne alors qu’il abaisse sa tête pendant un instant, le temps de reprendre ses esprits. Il n’a jamais été un symbole de stabilité mais d’être mis en face de ses erreurs n’arrange rien. Pourtant, c’est ce dont il avait besoin. Aujourd’hui il comprend enfin que si Rory a gardé ce secret pendant tout ce temps, c’est parce qu’il ne voulait pas la trahir. Il aurait pu se laver de tout soupçons et de toutes rumeurs mais il a préféré l’aider, elle, avant toutes choses. Absolument tout. « Il n’y a jamais rien eu entre Rory et moi pendant que vous étiez ensemble. Et même maintenant. C’était vraiment pas comme ça.. » Cette histoire de jalousie déplacée est désormais bien le cadet de ses soucis, tout comme ça a dû être celui de Penny pendant presque une année aussi. Après une telle histoire, s’occuper des histoires de cœur de Swann ne faisait pas partie de ses priorités et il comprend enfin à quel point elle n’a fait qu’agir avec logique, guidée par ses sentiments. “Ça n’aurait jamais dû être le sujet. Je suis désolé.” Il a tenté de faire partie d’une histoire bien trop grande pour lui et en plus de s’être brûlé les ailes, il a tout perdu. J'ai tout gâché sont les seuls mots qui comblent son esprit affreusement vidé de toutes autres pensées.

"J'aurais jamais cru." Que le problème soit de cette envergure là, que tout soit d'une telle importance. Que ni l'un ni l'autre n'aient rien, absolument rien à se reprocher. La liste est longue et n'en finit pas. "Je suis content qu'il ait été là pour toi. A ce moment là. Et depuis." Ses mots sont éternellement teintés de tristesse et nostalgie mais ils n'en sont pas moins véritables pour autant. Penny a eu de la chance de le compter à ses côtés et personne ne sait comment les choses auraient pu se passer si tel n'avait pas été le cas ; Swann n'a pas envie de le savoir non plus. Du bout des doigts l'anglais demande de nouveaux verres, sans fioritures, simplement des shots d'alcool qui feront parfaitement l'affaire pour ce soir. "Ce que je comprends pas, c'est pourquoi tu as voulu garder le secret. Ou vous, j'en sais rien." Le fait est qu'il ne sait jamais grand chose. "T'as jamais été en tort, t'aurais eu tous les droits de le faire savoir." Elle aurait dû. La rancœur tenace au fond du coeur de l'anglais se dit que si elle l'avait fait, alors il n'aurait rien perdu à son tour.

@swann mcgrath
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Tu ne sais pas trop ce qui s’est passé pour que vous en soyez là. T’es pas certaine d’avoir compris comment vous en êtes arrivés à partager ce qui semblait impossible à dire il y a de cela quelques jours à peine. L’endroit semble soudainement mal-choisi avec ses drinks aux insultes diverses et le bruit avoisinant qui te gronde dans les oreilles, mais tu oublies rapidement le setting alors que les mots qui quittent tes lèvres sont lourds de sens. Il le sait, lui aussi, que le registre de la conversation vient de changer complètement. Loin sont les insultes, les propos tranchants à double-sens et les regards haineux. Dans les yeux du McGrath, tu ne vois qu’une compassion nouvelle. Une compréhension qui semble faire la lumière sur beaucoup de choses. Tu réalises que c’est beaucoup d’un coup, alors tu laisses tes doigts continuer de pianoter contre la vitre de ton verre alors que sa voix s’élève très légèrement. « Merde. » Tu hoches la tête. Ça te fait toujours aussi étrange de l’admettre à haute voix, mais t’es contente que ce soit moins violent, cette fois-ci. Contente d’être toujours en contrôle de comment tu te sens et de ce que t’es en mesure de dire. « Ça n’aurait jamais dû être le sujet. Je suis désolé. » Tu hoches la tête. Tu veux pas d’excuses. Tu ne lui as pas dit la vérité pour qu’il se sente mal de ce qui a pu être dit ou fait, loin de là. T’avais juste besoin de mettre cartes sur table. Que vous soyez sur la même longueur d’ondes. Évitez des débordements, comme la dernière fois. Ça efface pas la dernière années. Ça efface pas la douleur, d’un côté comme de l’autre. Mais tu espères que sur ça, vous allez être en mesure de repartir sur une meilleure note. « T’as pas à t’excuser. Tu pouvais pas savoir. » Faible tentative de sourire alors que tu sens tes lèvres qui tremblent. Tu prends une longue respiration. Garder le contrôle. Être plus forte que l’envie de te mettre à pleurer, ici et maintenant. Tu connais assez Swann pour savoir que ça le mettrait atrocement mal à l’aise, si tu en venais à faire une scène ici au milieu de ce bar qui continue de se remplir alors que la soirée avance.

« J’aurais jamais cru. » T’aurais bien aimé ne pas y croire toi non plus. Des mois et de mois à essayer d’oublier, sans succès. Des mois à appréhender chaque geste des hommes, chaque parole dite à ton égard. Des mois à avoir du mal à dormir, des mois à faire des cauchemars. Tu voudrais tellement pouvoir mettre tout ça derrière toi une bonne fois pour toute, mais tu sais que dans des histoires comme ça, il n’y a pas de derrière. Pas de devant non plus. C’est juste ça. Quelque chose qui est. Quelque chose qui ne disparaît jamais complètement. Toujours une arrière-pensée, un arrière-goût amer dans le fond de ta gorge, une brûlure sur ta peau. Tu le vois bien même avec Chloe. Des années plus tard et t’es pas certaine qu’elle a réellement cheminé dans tout ça. Toi non plus d’ailleurs. Tu fais plutôt du surplace quand t’es pas trop occupée à reculer. « Je suis content qu’il ait été là pour toi. À ce moment. Et depuis. » Tu lui rends son sourire à Swann. Le sous-entendu, tu l’entends, mais il n’est pas méchant cette fois. Tu sais qu’en ayant été là pour toi Rory, ça l’a éloigné de Swann. La goutte de trop qui aura fait déborder le vase d’une relation plus compliquée que tu ne te l’étais imaginée. « Je sais pas ce que j’aurais fait sans lui. » que tu avoues tendrement. C’est la seule vérité que tu peux lui donner au McGrath. Après l’agression, tu t’es accrochée au Craine pour ne serait-ce que continuer de respirer sans trop de peine et de misère. « Mais je suis désolée que ça ait du être moi au détriment de toi. » Dire tout haut ce que vous pensez tous les deux tout bas. Ne pas faire la même erreur deux fois. Tu le crois pourtant quand il a dit que t’étais pas la fautive dans leur séparation, mais t’as un rôle et ça fait partie de tes crédits, que tu le veuilles ou non.

« Ce que je comprends pas, c’est pourquoi tu as voulu garder le secret. Ou vous, j’en sais rien. » « Moi. Juste moi. » Si Rory ne t’avait jamais mis de pression pour que tu dénonces enfin ce qui s’était passé ce jour-là, tu savais pourtant que c’était pour le mieux. Ou du moins que ça l’aurait été, si tu n’avais pas laissé les rumeurs se rendre là ou elles sont aujourd’hui. T’es pas certaine que c’est possible de revenir là-dessus maintenant que le rôle de victime de Byers est si bien encré dans l’esprit des australiens. « T’as jamais été en tort, t’aurais eu tous les droits de le faire savoir. » Tu ne vois pas ça comme ça. T’as fais assez de recherches sur les plaintes d’agressions sexuelles pour savoir que plus de la moitié du temps, la parole de la victime est remise en cause. Que bien trop souvent, la simple histoire de la victime n’est pas suffisante. Faute de preuves. « J’ai pas été capable sur le coup. » Tu fais un signe à la serveuse. T’as vraiment besoin d’un nouveau drink si vous êtes pour rentrés dans les détails d’un des pires moments de ta vie. « Et puis le temps a passé et les rumeurs ont empirés et ça serait juste un cas de he said, she said. que je gagnerais sûrement pas dans l’oeil public. » Tu baisses les yeux et quand la serveuse revient enfin, tu décides de te commander un autre Va te faire foutre et décide d’en commander un pour Swann aussi. S’insulter n’aura jamais eu aussi bon goût. « Et là je sais pas quoi faire. Je suis sincèrement pas certaine que de dire la vérité nous aiderait, Rory et moi. » Un autre soupir. C’est la première fois que tu peux parler de tes doutes à voix haute. Avec le Craine, tu dis toujours que tu vas arranger la situation, à un moment ou un autre. Tu veux vraiment le faire, tu te crois quand tu le dis. Mais suffit que tu te retrouves toute seule quelques minutes pour que le doute remonte à la surface. « J’pense qu’il est peut-être trop tard pour réparer les dégâts. Tout le monde croit Byers. Si je porte plainte maintenant, je vais avoir l’air de la blonde qui veut sortir son petit-ami de l’eau chaude. »

« T’as pas à t’excuser. Tu pouvais pas savoir. » Elle dit une chose et il en pense une autre, même s’il le fait en silence. Tout ce qu’il a envie de faire, là, c’est de trouver tous les synonymes de “pardon” et les décliner dans toutes les langues tellement il se sent stupide d’avoir ainsi agit face à elle (face à lui, aussi) pendant de si longs mois. Elle ne l’a jamais trahi et en retour, il n’a pas hésité une seule seconde à le faire, simplement parce que son manque de confiance en lui entache la moindre de ses relations, même les plus précieuses. Penny n’était peut être pas le genre d’amie proche à qui il aurait pu se confier à propos de tout et n’importe quoi mais cela ne l’empêche pas de toujours l’avoir estimé, même quand il était aussi occupé à lui en vouloir en silence, dans son coin. « Je sais pas ce que j’aurais fait sans lui. » Au moins il sourit faiblement face à cette réponse, sincère. Il est heureux qu’ils se soient trouvés à ce moment-là au moins. Après ce qu’il a fait à Rory, lui aussi avait besoin d’avoir quelqu’un de plus à ses côtés pour l’épauler. Elle n’a pas remplacé le fantôme de son existence - et il ne l’espère pas, au fond - mais la savoir prête à l’écouter ou à lui remonter le moral est une idée rassurante qu’il se fait de leur relation lors de cette dernière année. « Mais je suis désolée que ça ait dû être moi au détriment de toi. » A cela il n’a aucune parade à lui offrir. Il en est désolé aussi. Il aurait préféré que tout ne se passe pas ainsi, et il se doute bien que ni Penny ni Rory ne cherche à le contredire à ce sujet. A défaut de savoir quels mots formuler, il hausse les épaules, ses yeux perdus dans le fond de son verre comme le ferait un enfant évitant la confrontation.

Alors il ose enfin parler de cette chose-là, de ce qu’il s’est passé avec Byers, de tout ce qui a été écrit ensuite. Ils en ont fait couler, de l’encre. Sans doute presque autant qu’il y a eu de larmes. « Moi. Juste moi. » Le simple fait qu’elle sauve l’australien dès qu’elle en a la possibilité arrache un sourire à l’anglais qui trouve ainsi le courage de relever ses yeux vers elle. Le sourire est asymétrique mais pas faux pour autant, bien loin de là. De son côté en tout cas, il se raisonne enfin : que l’idée vienne de lui ou d’elle, il se promet d’arrêter de leur en vouloir pour simplement avoir tenté de survivre. « J’ai pas été capable sur le coup. » La sentence tombe et il hoche la tête. Les explications n’ont rien d’abracadabrantes et au fond c’est tout ce qu’il espérait : que ses paroles n’aient rien de cantonnées à leur monde à eux, celui du spectacle et d’Hollywood et de tout ce qu’il n’a jamais réellement été capable de comprendre. Il ne comprend pas ce besoin ni même cette affection pour exister devant des caméras, des objectifs, des micros de journalistes. Il ne comprend pas toute la phase de promotion ni même celle de tournage et même s’il n’a jamais eu à feindre aucun intérêt face à qui que ce soit, il a toujours su que ce monde là ne serait pas le sien. Il l’a d’autant plus compris que c’est ce monde là qui lui a arraché Rory. Ce n’est pas aussi simple que ça, en réalité, mais c’est au moins une partie de l’équation. S’ils n’étaient personnes, tout aurait été moins compliqué. « Et puis le temps a passé et les rumeurs ont empiré et ça serait juste un cas de he said, she said. que je gagnerais sûrement pas dans l'œil public. » Il entend les commandes s’additionner et est loin d’être capable de refuser quelques verres de plus. Le but n’est pas de se mettre la tête à l’envers ce soir mais s’il peut au moins ne pas avoir à penser à tout ce dont ils sont réellement en train de parler alors cela l’arrangerait. Il prendra le temps de faire le point demain et tous les jours qui s’en suivront, quand il sera seul avec ses souvenirs, ses rêves abandonnés, ses démons et autres espoirs éventrés. “C’est même pas la vérité qui compte, seulement de savoir ce que le monde va en penser.” Ce n’est pas un reproche et c’est encore moins contre Penny. Ce n’est qu’une observation parmi beaucoup d’autres alors qu’il ne semble comprendre qu’aujourd’hui de quoi est faite la vie d’acteurs dont la renommée a décollé. Il n’avait qu’une vision encore naïve de la chose, ses seuls souvenirs de stratégie visant les masses se ramenant à Scandal. Ou House of Cards. Bref, à de la fiction. Ce qui était faux, ce qui était loin et surtout, surtout, ce qui n’avait absolument rien à voir avec sa propre vie.

« Et là je sais pas quoi faire. Je suis sincèrement pas certaine que de dire la vérité nous aiderait, Rory et moi. » Il souffle, pas certain non plus que même la vérité puisse les aider. “Je me disais qu’on aurait pu rendre notre relation officielle et qu’ils comprendraient pourquoi il n’aurait pas pu faire ce dont on l’accuse, du coup. Mais je ne pense pas non plus que le public voit les choses comme ça, finalement.” Pour les sauver il aurait été prêt à oublier des années de mensonges mais Penny l’a déjà dit : cela ne ferait que rendre les choses pire encore et il ne manquerait plus qu’on accuse Rory de faire un pseudo coming out pour redorer son blason et laver son honneur. Ils seraient loin, si loin de la vérité. Après tout, si même Swann a douté que certaines choses se soient réellement passées, pourquoi est ce que de parfaits inconnus en viendraient-ils à changer d’avis aussi rapidement à propos d’une situation qu’ils suivent simplement entre deux posts Twitter et un sur Facebook. Ce n’est qu’un jeu, pour eux. Ce ne sont que les vies d’inconnues qui ont de toute façon tout pour eux, à leur sens, puisque ce sont des stars et qu’ils n’ont pas de raisons d’être malheureux ni même de se plaindre. « J’pense qu’il est peut-être trop tard pour réparer les dégâts. Tout le monde croit Byers. Si je porte plainte maintenant, je vais avoir l’air de la blonde qui veut sortir son petit-ami de l’eau chaude. » La serveuse revient avec leurs cocktail et Swann échange son verre vide contre le nouveau qui lui est présenté. Il comprend le point de vue de Penny et pourtant il ne peut pas accepter que cet homme s’en sorte aussi impunément. Il a toujours eu l’âme d’un justicier. S’il ne ressemble pas vraiment à Batman, on pourrait au moins l’associer à Kick Ass. C’est sans doute pas si pire que ça en a l’air. “Tu vas me détester pour ce que je vais dire mais : et s’il s’en prend à quelqu’un d’autre ? C’est même plus une question de laver l’honneur de qui que ce soit, là. J’imagine qu’il n’en est pas à son coup d’essai. Je veux dire, il est le seul à commettre une faute et on le traite comme la victime.” Il reçoit les fleurs, les honneurs, l'apitoiement du public. Il est recruté par qui veut bien de lui puisqu’aucun production ne verra son honneur entaché si elle le recrute lui plutôt que Craine. “J’ai pas à m’en mêler et je ne le ferai pas plus, c’est seulement mon avis.” Il a déjà fait bien assez de mal, il n’ira pas plus loin. Si elle veut se taire alors il la suivra. Si elle veut parler alors il l’épaulera autant qu’il le peut. “Malgré les rumeurs en tout cas, ma petite amie était contente quand elle a vu que tu l'avais suivi. Je sais qu'elle n'est sans doute pas la personne la plus objective pour représenter l'avis de la population mais au moins c'est déjà ça.” Dans cinq minutes il lui demandera poliment de ne pas l'utiliser comme un outils pour arriver à ses fins mais pour le moment encore il profite sereinement de l'alcool qui lui monte doucement au cerveau sans qu'il ne s'en rende compte, la faute aux fruits qui rendent le cocktail à double tranchant.

@swann mcgrath
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Jamais tu n’aurais cru te confier à Swann ici ce soir. L’idée que tu te faisais de cette rencontre était à des années lumières de ce qui se passait réellement. Si tu étais venue ici avec l’impression que vous alliez passer la soirée à vous insulter mutuellement tout en tentant de gagner le concours de Rory cares about me more — que tu aurais sans doute perdue, soyons honnête — il ne t’avait pas du tout effleurer l’esprit de t’ouvrir au jeune McGrath. Pourtant, tu le connaissais assez pour savoir qu’il était un bon confident. Il n’allait pas te juger Swann, il n’allait même pas te remettre en question une seule seconde. Tu te sens plus légère une fois qu’ils sont dits, les mots maudits. Mais ça n’efface rien. Ça n’efface pas votre dernière dispute. Ça n’efface pas non plus les neuf derniers mois et toute la peine que Rory à vécu, de voir sa réputation coulée tout en tentant de s’occuper de son cœur brisé. Ça ne rebâtit pas la confiance maintenant ébranlée dans votre trio, même si la vérité est mise de l’avant pour une fois. Ça te fait de la peine, de réaliser que la vérité ne règle pas tout. Qu’il y a un volet de tristesse dans les yeux de Swann quand tu t’excuses. Une tristesse qui n’effacera pas, ou du moins qui prendra du temps avant de complètement disparaître. T’espère seulement pouvoir aider tout le monde à faire son bout de chemin dans tout ça.

« C’est même pas la vérité qui compte, seulement de savoir ce que le monde va en penser. » T’aimerais pouvoir lui dire que c’est plus compliqué ça, mais tu ne peux pas. Il a raison au fond. Tu hausses les épaules alors que tu regardes la serveuse s’éloigner, t’as déjà hâte qu’elle revienne avec quelques verres de plus. T’en as bien besoin pour tout faire passer ce soir. « Sans réputation, j’ai pu de job. » Aussi bête que ça. Ça ne prend que quelques scandales et voilà que ta carrière à l’international disparaît avant même de n’avoir exister. Quelques scandales et tu es reléguée à jouer dans des séries au scénario dérisoire, des rôles sans contenus pour un public qui regarde seulement parce qu’il n’y a rien de mieux. Pas de grande première, pas de prix, pas de reconnaissance. Juste des rôles bateaux où on ne prendra même plus le temps d’apprendre ton nom. Peut-être que t’es plus défaitiste que de raison, mais de passer de ton big coming out au grand écran à une mini-série tout ce qu’il y a de plus clichés et faux, ça te déprime. Et tu sais que ça ne pourrait qu’être pire encore si tu t’embarquais dans une guerre contre un réalisateur connu et apprécié. Réalisateur à la réputation sans tâche, comparativement à la tienne. Réalisateur avec tout un système pour le protéger alors que toi, tu recolles tranquillement et difficilement chaque morceau de ta personne.

« Je me disais qu’on aurait pu rendre notre relation et qu’ils comprendraient pourquoi il n’aurait pas pu faire ce dont on l’accuse, du coup. Mais je ne pense pas que le public voit les choses comme ça, finalement. » T’es surprise de l’entendre dire qu’il est allé jusqu’à considérer un coming out plus que public, lui qui avait toujours tenu à rester discret sur sa relation avec le Craine pour des raisons qui ne te regardent pas le moins du monde. Tu te dis que sur le coup ça aurait peut-être fait une différence, mais maintenant, les rumeurs sont pires que jamais et il n’y a rien pour arrêter le train qui vous fonce droit dessus. « Je suis contente que tu l’aies pas fait. C’est pas une réalité avec laquelle tu as envie de composer, crois-moi. » L’attention des médias est malsaine et épuisante, tu penses qu’il le réalise d’ailleurs à quel point ça peut prendre de la place dans une vie après ce qui s’est passé entre vous. T’es contente qu’il soit pas sujet à tout ça, même si le problème a été le sien indirectement. La serveuse dépose de nouveaux verres bien pleins sous vos yeux et tu ne mets que quelques secondes avant d’emmener la paille à tes lèvres, laissant le goût sucré de ton cocktail te donner le courage liquide que tu as pour pouvoir passer au travers de cette discussion. « Tu vas me détester pour ce que je vais dire mais : et s’il s’en prend à quelqu’un d’autre? C’est même plus une question de laver l’honneur de qui que ce soit, là. J’imagine qu’il n’en est pas à son coup d’essai. Je veux dire, il est le seul à commettre une faute et on le traite comme la victime. » Il ne te dit rien que tu ne te sois pas dis des centaines voir des milliers de fois. Ça t’empêche même de dormir la nuit de savoir qu’il pourrait faire ça à quelqu’un d’autre. Surtout depuis que tu as eu la confirmation que tu n’étais pas la première. Vous en avez pas reparler avec Chloe, mais elle plane autour de vous constamment, cette vérité. « J’ai pas à m’en mêler et je ne le ferai pas plus, c’est seulement mon avis. » Et tu comprends. Mais comme tout le reste, c’est plus simple de dire ça que d’agir en conséquences. « J’y pense tout le temps, aux autres. Mais même en portant plainte, je suis pas certaine que ce serait suffisant pour l’arrêter. » Tu évites de croiser le regard de Swann, les yeux rivés une fois de plus sur cette paille qui tient le rôle de distraction première ce soir alors qu’elle tourne encore et encore dans ton verre au liquide coloré. « La moitié des plaintes en agression sexuelles ne font même pas procès. Et c’est sans parler de tous les procès où les agresseurs sont acquittés, faute de preuve. » Tu échappes un long soupir. T’as passé trop de temps à lire des cas similaires à ce que tu pourrais vivre. A constater l’horreur de l’homme, et combien il semble facile pour lui de s’en laver les doigts. Surtout quand il s’agit de célébrités. Le mouvement Me Too aide un peu c’est certain, mais ce n’est pas une solution miracle. Il n’y en a pas, de solution miracle, malheureusement. « On perd peu importe ce que je fais. » que tu finis par avouer, à contre-coeur. T’as jamais eu le courage de l’avouer complètement à Rory. Mais tout te semble un peu plus facile à dire à Swann ce soir.

« Malgré les rumeurs en tout cas, ma petite amie était contente quand elle a vu que tu l’avais suivi. Je sais qu’elle n’est sans doute pas la personne la plus objective pour représenter l’avis de la population mais au moins c’est déjà ça. » Eh merde. Jamais tu n’aurais cru que la petite amie de Swann mentionnerait ton follow au jeune homme. T’avais décidé de la suivre plus par curiosité qu’autre chose. Elle semblait active sur les réseaux sociaux et sur le coup, ça te semblait être une bonne idée pour en savoir un peu plus sur le quotidien du McGrath. Soudainement, ça ne te semblait plus être une si bonne idée. « Elle a du bon contenu. » que tu dis, comme si de rien était, attendant patiemment le reproche qui allait certainement suivre. Tu n’allais certainement pas te jeter dans la gueule du loup après tout. « Vous êtes partis en voyage récemment? » que tu demandes, en une maigre tentative de changer le sujet sans toutefois pouvoir l’éviter.  

Penny compose avec une réalité qui ne satisfait pas totalement Swann, pour ne pas dire pas du tout. Il doit aujourd’hui jongler avec les conséquences de ses actes et ce n’est pas un retour de bâton qu’il avait moindrement prévu ni même anticipé. Il se disait que s’il partait alors tout irait mieux, tout irait un peu moins mal. Il se l’est répété tellement de fois qu’il a réellement fini par croire à ce mensonge qui faisait pâlir la vérité. Il était beau, il était plaisant et surtout il le laissait libre de recommencer sa vie comme si rien n’avait jamais été. Aux yeux de ses amis comme de sa famille, justement, il n’y a eu aucun changement à déclarer à cette période de l’année et 2020 n’a été qu’une année heureuse selon eux puisqu’il a rencontré Lucia. Sur cette partie là il ne pourrait mentir, sur tout le reste il se contente de ravaler ses mots en silence et d’afficher un sourire de façade. « Je suis contente que tu l’aies pas fait. C’est pas une réalité avec laquelle tu as envie de composer, crois-moi. » Pourtant, il aurait été capable de le faire s’il avait cru que ça améliorerait la vie de Rory. Bien sûr, rester dans l’ombre lui convenait bien plus au teint et aujourd’hui encore mais s’il avait dû s’exposer devant les caméras pour prouver que son petit-ami n’était en rien la personne décrite dans tous les journaux alors il l’aurait fait. “Savoir ce que je veux n’aurait de toute façon pas été la question.” Lui même sait que s’exposer une fois les accusations tombées n’aurait pas su améliorer la vie de qui que ce soit. Il aurait dû le faire dès le début. Il aurait vraiment dû, en témoigne son regard voilé de tristesse qu’il ne trouve pas la force de relever dans celui de la jeune femme.

Il est pourtant lâche au point de relancer le sujet de Byers et des poursuites qui pourraient être lancées à son encontre, comme si donner la même solution que des dizaines de personnes avant lui et en plus le faire neuf mois plus tard allait y changer quoi que ce soit. Le blond sait bien qu’il n’ajoute rien de nouveau dans ce qu’il peut lui dire mais il a besoin de se faire croire qu’il a essayé. Trop tard, trop faiblement, mais au moins il aura essayé. Au moins, il pourra se dire : c’est tout ce qui compte, j’ai fait au mieux. « J’y pense tout le temps, aux autres. Mais même en portant plainte, je suis pas certaine que ce serait suffisant pour l’arrêter. » Ils ont l’air de jeunes personnes à leur premier rendez-vous, noyant la gêne dans l’alcool et trouvant des points d’ancrage partout sauf dans les yeux de leur partenaire. Si seulement cela pouvait n’être que ça, l’anglais en aurait été ravi. Pour l’instant encore, il se pince l’intérieur de sa lèvre inférieure pour tenter de trouver des choses moins stupides à lui dire. « La moitié des plaintes en agression sexuelles ne font même pas procès. Et c’est sans parler de tous les procès où les agresseurs sont acquittés, faute de preuve. » Elle a fait ses recherches, Penny, et c’est là qu’il se sent plus stupide encore d’arriver comme une fleur en pensant pouvoir lui donner la réponse à tous ses maux. Il lui a donné une piste qu’il savait déjà trop dangereuse pour qu’elle l’emprunte. Elle n’a pas de preuve et tous les journaux contre elle. Ce n’est pas le début de l’affaire Epstein, ce n’est qu’une agression comme il en existe sans doute des milliers dans un domaine où se faire entendre est synonyme de mort professionnelle. Elle l’a dit elle-même : sans sa réputation, elle n’est plus rien. « On perd peu importe ce que je fais. » Le on lui fait mal alors qu’il ne sait que très bien qui il englobe avec. Ils sont une équipe et ils ne font que couler ensemble ; Swann les regardant depuis la rive, incapable de faire quoi que ce soit pour les aider. Il n’a même plus rien à répondre à Penny, finalement. Ils sont dans le couloir de la mort.

Aussi abattu puisse-t-il être, il n’abandonne cependant pas de se battre pour les gens qu’il aime - ô combien c’est ironique, si on se rapporte à son histoire avortée avec l’australien. « Elle a du bon contenu. » Et force est de constater que Penny est bien loin de lui apporter les réponses qu’il désirait encore et qu’elle ne fait que laisser monter une rancœur sourde en lui. Il est encore fébrile et peu assuré mais ses yeux se relèvent en sa direction maintenant qu’il n’est plus question de ressasser les problèmes du passé contre lesquels il ne peut de toute façon plus rien. Il restera pour eux à partir de maintenant, c’est promis, mais il continuera aussi d’être présent pour sa petite amie, qu’elle ait du bon contenu ou non (sérieusement Penny, c’est tout ce que t’as trouvé ?). « Vous êtes partis en voyage récemment? » Ses dents se resserrent et il prend pourtant le temps de boire une gorgée de plus à l’aide de se paille, agissant comme si de rien n’était - et il est presque un bon acteur, il aurait pu partager la vedette avec eux devant les caméras. “Ne la mêle pas à ça, Penny. Ce n’est pas son combat.” Il souffle, son ton étant bien loin d’être celui de la colère. Swann est simplement fatigué de toutes ces histoires qui jamais n’en finissent, peu importe tous les efforts qu’ils semblent pouvoir mettre pour que ce soit le cas. Répondre à sa question n’aurait servi à rien puisqu’elle ne s’intéresse sans doute pas à ce qu’ils ont bien pu faire au moment de longer la Gold Coast ; ce n’est qu’une manière pour elle de dévier le sujet principal en utilisant Lucia. Autant dire, donc, que Swann ne cautionne que peu ce genre d’agissements, bien qu’il sache déjà qu’elle n’est pas mal intentionnée. Personne ne sait bien s’y prendre pour parler à l’autre. “Elle ne sait pas pour Rory et moi.” Cette fois-ci il le murmure comme une confession qui devrait rester entre eux, ce qui, il l’espère, sera le cas. Les raisons à cela sont aussi nombreuses qu’elles sont complexes et poser des mots sur ses sentiments n’a jamais été le fort de l’anglais, il se contente donc d’énoncer les faits en priant pour qu’elle n’ait pas besoin de plus. Sa main joue avec la paille, il est un enfant mal à l’aise qui ne sait plus où se mettre. Le bar est trop grand et trop petit à la fois, il ne veut pas être seul avec elle et il ne veut pas non plus des dizaines de paires d’oreilles indiscrètes.

Son but n’est pas de lancer une nouvelle guerre contre la jeune femme, au contraire. Il aimerait réellement retourner en enfance, pour une fois, simplement pour pouvoir lui proposer à manger pour acter l’enterrement de leur hache de guerre. Il voudrait lui demander s’ils peuvent être amis à nouveau et si un câlin suffirait à annoncer leur nouvelle amitié. Il voudrait vraiment que tout se passe bien, pour une fois, et qu’ils puissent retrouver une balance qui était si chère à ses yeux, il y a un an à peine encore. “Tu sais que je serais prêt à tout pour vous deux mais si tu veux savoir quelque chose alors demande le moi en face.” Elle n’a pas à être mêlée à ça. Elle n’a pas à être tenue au courant de sa vie personnelle par Penny ou qui que ce soit d’autre parce qu’il ne sait pas si en retour Lucia pourrait comprendre. Il n’a pas envie de la perdre, elle aussi. Il ne pourrait pas.

@swann mcgrath
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« Savoir ce que je veux n’aurait de toute façon pas été la question. » Tu hausses les épaules et reste silencieuse, le regard fixé dans ton verre qui semble éternellement une place de choix pour vos regards fuyants. Plus facile de se perdre dans les liquides colorés qui vous font face que de prendre la peine de se regarder comme il faut et voir l’étendu des dégâts que cette année à provoquer. Comme si vous teniez à vivre dans le déni, ne serait-ce qu’un peu plus longtemps. C’est que tu pourrais presque te croire parfois. Faire véritablement semblant que ça va, que t’es confortable alors que de gros morceaux de ton univers s’entêtent à se détruire tout autour de toi. T’es pas au bout de tes peines pourtant, tu le sais très bien. T’es même pas certaine qu’il existe vraiment une lumière au bout de ce long tunnel. Tu veux juste un peu de paix, un peu de calme, un peu de sérénité et de conviction que tout ne peut pas aller mal tout le temps, mais ça semble difficile à obtenir. Tu te confies sur ces choses que tu n’oses jamais vraiment dire à haute voix, pas même à Rory. Cette peur si profonde qui te convainc que tu ne seras jamais en mesure de rendre justice à l’acteur, malgré tes promesses. Cette peur de savoir qu’à cause de toi, une autre fille pourrait tomber entre les pattes sales de Byers. Tu te sens terriblement lâche de ne rien dire, tu te détestes bien plus que tu ne le laisses savoir d’avoir laisser la situation se rendre à un tel point mais ça, c’est un fardeau de plus que tu refuses de mettre sur les épaules du Craine. Tu le connais trop bien, il serait le genre à se faire croire que c’est de sa faute si tu es en là alors que lui, plus que toi encore, n’est qu’une simple victime d’un système défaillant. Swann lui, se contente de t’écouter attentivement, le silence son plus fidèle allié alors que le verdict tombe, brisant tout sur son passage. On perd peu importe ce que je fais. Les mains attachés. La vérité presque plus laide que tous les mensonges qui circulent.

Tu ne sais pas si tu devrais être soulagée ou anxieuse lorsque Swann mentionne le prénom de Lucia. Prénom auquel tu es capable de rattacher le doux visage d’une jeune femme, quelques informations trouver aléatoirement sur son Instagram mais sans plus. Tu ne la connais pas et tu sais que ce n’est pas ta place de jouer les curieuses sur celle qui partage maintenant le quotidien du McGrath. Si tu te convaincs que tu cherches des informations pour pouvoir protéger le coeur de Rory, tu sais aussi que si tu as cliqué sur follow il y a plusieurs jours déjà, c’est pour assouvir ta curiosité. Et le curiosité est un vilain défaut. A bad habit that will bite you in the ass. « Ne la mêle pas à ça Penny. Ce n’est pas son combat. » Tu te pinces les lèvres pour ne pas partir directement sur la défensive, même si tu es un peu agacée par les intentions que Swann te prête. Oui, t’as cliqué sur suivre, mais t’as jamais vraiment eu l’intention de faire plus que ça. Qu’un compte parmi tant d’autres sur un feed Instagram ou tout s’entremêle toujours de toute façon. « Je savais pas qu’on était encore en guerre. » Peut-être que tu aurais dû tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler, mais c’est lui qui a parler de combat après tout. Si tu étais venue avec l’impression que oui, il y aurait une prochaine bataille, tu avais pourtant eu l’impression que ton aveu avait enterré la hache de guerre. Peut-être bien que tu avais eu tort de croire que c’était derrière vous. « Elle ne sait pas pour Rory et moi. » Oh. C’est lui qui fait un aveu maintenant et t’es surprise de l’entendre, même si tu sais que ça ne te regarde pas le moins du monde, ce qu’il dit à sa petite amie ou pas. Tu dois vraiment juste avoir le tour de te mettre dans des situations pleines de malaise. Un talent que tu aimerais pouvoir nier, mais ce sera pour une prochaine fois. « Pourquoi pas? » Tu ne poses pas la question pour être une smartass, ni même pour récolter de l’information. T’as juste l’impression que si Swann t’a partagé ce détail, c’est peut-être parce qu’il tente de s’expliquer. Et bien plus à lui-même qu’à toi, même si tu t’offres pour être une oreille attentive, tout comme il vient de l’être pour toi. Peut-être ainsi allait-il comprendre que tu n’avais pas l’intention de partir sur un quelconque combat. « T’es pas obligé de me dire hein. Je suis juste surprise que le sujet n’ait jamais été abordé. » Après tout, de ce que tu savais de leur histoire, ils avaient été ensemble pendant de longues années Rory et Swann, trois ou quatre, t’es plus certaine. Une histoire assez significative en somme pour que quelqu’un de nouveau en connaisse au moins l’existence, du moins, de ton point de vue.

« Tu sais que je suis prêt à tout pour vous deux mais si tu veux savoir quelque chose alors demande le moi en face. » Il te prend par surprise une nouvelle fois le McGrath et tu retiens ton souffle une seconde avant de poser la question qui te brûle les lèvres depuis le moment ou tu as appris pour l’existence de Lucia. « Ça fait combien de temps que tu es avec elle? » Il t’a ouvert la porte, tu serais folle de passer à côté de l’opportunité d’en savoir un peu plus. Pour protéger Rory ou pour calmer cette jalousie que tu ne t’avoues pas alors que tu sais très bien que le Craine est encore attaché à l’anglais? Ça, tu ne le dis pas, tu n’oses même pas y répondre dans ta tête. « Rory le sait? » Lucia ne sait pas pour Rory. Mais est-ce que Rory sait pour Lucia? S’il le sait, il ne te l’a pas dit. Tout comme tu ne lui as pas dit. Tu réalises qu’il y a beaucoup beaucoup de secrets dans l’univers de Swann. Tu échappes un léger soupir, te distrait avec une longue gorgée de ton breuvage. Pourquoi est-ce que les affaires du coeur sont toujours si compliquées, même quand ce ne sont pas les tiennes? 

Un pas en avant et deux en arrière, c’est devenu leur logique et ils s’appliquent à la suivre avec minutie. « Je savais pas qu’on était encore en guerre. » Swann a un rire long et las, ses yeux trouvant à peine la force de rouler dans leur orbite. Ils sont en guerre perpétuelle pour un millier de raisons différentes et nier une telle chose reviendrait à se voiler la face. Ça aussi, d’ailleurs, ils le font très bien. “Tu ne sais pas grand chose non plus, apparemment.” Au moins ils sont deux à tout ignorer, ça devrait peut être avoir quelque chose de rassurant au milieu de l’infinité de secrets en tout genre que chacun cache à l’autre. Il sait des choses qu’elle ignore ; elle ignore des choses qu’il sait. Rory lui-même ne s’en sort pas bien mieux, lui qui ne sait sûrement pas qu’ils se parlent ainsi dans son dos, et surtout qu’ils parlent de lui.

Rory, donc, puisqu’il est toujours question de lui. Peu importe le sujet dont ils parlent en premier lieu, ils en reviennent à lui. L’ironie est aussi douce qu’elle est douloureuse, et l’alcool n’aide en rien à faire passer ce genre de sentiments. « Pourquoi pas? » Dans le ton de Penny il ne décerne aucune mauvaise intention et c’est tout ce qui l’empêche de répondre sans délicatesse par une question plus malvenue encore. Parler de Lucia suffit à lui donner l’impression qu’il expose déjà bien trop son couple mais lui devoir des explications est une étape supplémentaire qu’il n’avait pas prévue. Une fois le sujet abordé, pourtant, il ne s’imagine pas faire demi-tour. « T’es pas obligé de me dire hein. Je suis juste surprise que le sujet n’ait jamais été abordé. » A surpris il aurait égoïstement préféré utiliser le terme “rassuré” mais les mots qu’elle emploie ne sont pas si éloignés de la vérité qu’on ne pourrait le croire. Le blond souffle donc doucement avant de débuter ses explications. Elles arrivent trop tard mais il se contentera d’appuyer le fait que, au moins, elles arrivent. “C’est moi qui ai toujours demandé à ce que ça reste un secret. J’aurais eu l’impression de le trahir en en parlant.” Il a tout gâché dès la première heure, il ne se voyait donc pas revenir sur ses propos quatre ans plus tard. Il ne se voyait pas non plus parler de ses anciennes relations à Lucia, pas alors qu’il ne pourrait parler qu’en bien de l’acteur et que cela n’aurait rimé à rien. Finalement, il s’est tellement persuadé que ce n’était pas utile d’aborder le sujet qu’il a fini par s’en convaincre et trouver une longue suite d’arguments allant en son sens. “Il n’a pas été question de mes ex jusque là. J’aurais pas nié son existence si ça avait été le cas.” Le dernier argument est le plus lâche de tous : puisque le sujet n’a pas été abordé alors il ne devrait pas avoir à s’en vouloir. Puisque personne ne lui a dit “et toi Swann, t’en penses quoi de tes ex ?” alors il n’était pas obligé de parler d’eux. Qui plus est, il n’a pas vraiment connu d’ex. Il y a eu Noa, pour quelques longues semaines à peine. Et il y a eu Rory. Avant eux, il n’a jamais connu personne à qui donner l’étiquette de “petite-amie”.

Rory était l’étape une. Lucia est donc la seconde. Les questions s’ajoutent et s’entremêlent, elles se font la répétition de ce qu’a déjà pu lui demander l’acteur. Avec lui, pourtant, le contexte était bien différent et toutes les réactions en découlant aussi. « Ça fait combien de temps que tu es avec elle? » Il avait répondu “plusieurs mois”, la première fois. Aujourd’hui il s’offre le luxe de préciser la période de temps, ne sachant finalement pas lui-même quelle date exacte il pourrait donner. “Depuis cet hiver.” Assez longtemps pour que ce soit sérieux, assez longtemps pour qu’il ait normalement eu à lui parler de sa vie d’avant. Qu’est ce qu’elle pourrait bien faire de cette information, de toute façon ? Cela ne changera rien à sa vie, pas même si elle souhaite réellement se rapprocher de l’acteur comme ne cesse de le penser Swann.

« Rory le sait? » Le voilà, le retour de boomerang et avec lui, la dernière question qu’il avait encore à l’esprit. Il reprend donc les mêmes mots, sur un ton un peu plus doux et posé. “Rory le sait.” Il ne lui dira pas qu’ils ont rigolé et qu’ils ont pleuré, qu’ils s’en sont voulu et qu’ils ont essayé de se pardonner. Il y a des choses qui méritent d’être laissées à la discrétion de leur intimité et ce moment là en fait partie. “On s’est vus il y a quelques jours. Par hasard. On a parlé des mêmes choses qu’avec toi, ironiquement.” Swann précise les circonstances de leur discussion pour lever tout doute à ce sujet et éviter qu’elle n’ait à poser de questions qu’il sera, cette fois-ci, incapable de prévoir. “Je pense qu’on veut tous les deux vraiment tourner la page. Et il aura besoin de toi pour ça. Et tout le reste.” Peu importe le rôle qu’elle pourrait tenir - pas ses affaires, absolument pas ses affaires - cela n’a pas d’importance : elle sera toujours bénéfique pour lui. L’évidence brûle sur son passage mais il a besoin de le lui avouer au moins une fois. La suite lui appartient.

@swann mcgrath
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« Tu ne sais pas grand-chose non plus, apparemment. » Touché. C’est à ton tour d’échapper un léger soupir alors que tu évites toujours méticuleusement le regard de l’anglais. Même si Swann était d’abord ton médecin et ensuite ton ami, il n’en restait pas moins qu’il serait toujours l’ex de Rory. Et même si la vérité avait maintenant été dite, même si les secrets semblaient désormais loin derrière vous, il y aurait toujours ce fait et les non-dits qui viennent avec entre vous. Tu ne savais pas trop ce que ça voulait dire pour la suite. Tu osais espérer que tu pourrais continuer d’aller le voir pour ton poignet sans faire de scène comme la dernière fois. Tu aimerais même croire que vous seriez en mesure de vous voir pour aller boire un verre comme ça, sans que ce ne soit un prétexte pour vous insultez un peu plus. Mais la vérité c’est que tu ne savais plus, et que tu n’avais jamais vraiment su comment être son amie depuis sa rupture avec Rory. Et maintenant que lui avait tourné la page – ou du moins assez pour avoir quelqu’un de nouveau dans sa vie – est-ce que tu étais censée  avoir un parti prix et protéger Rory à tout prix? Ou est-ce que tu étais censée te réjouir de la nouvelle puisque ça voulait dire, que c’était bel et bien terminé entre eux, sans équivoque? Que tu n’avais pas, à ton tour, à te sentir coupable de ne plus regarder le Craine de la même manière. C’était comme un tourbillon dans ta tête, les pensées qui partaient dans tous les sens et tu étais incapable de te convaincre toi-même sur ce qui faisait du sens versus sur ce qui avait été inventé de toute pièce dans ton esprit.

Tu poses des questions sur Lucia. Tu devrais peut-être pas, ça te regarde pas après tout, mais l’opportunité est là et tu la prends, égoïstement sans doute. « C’est moi qui ai toujours demandé à ce que ça reste un secret. J’aurais eu l’impression de le trahir en en parlant. » Tu hoches la tête. Tu n’avais jamais vraiment compris pourquoi il avait tant tenu à ce que ça reste un secret, non pas que tu aies déjà demander par le passé. Tu avais su entre les branches que Swann n’avait jamais vraiment parlé de la relation entre Rory et lui à qui que ce soit et maintenant qu’il était avec une fille, il n’était pas bien difficile de comprendre le pourquoi du comment. T’avais jamais vraiment fait le lien avant, assumant plutôt que Swann ne souhaitait pas voir sa vie exposée dans les médias s’il était officiellement affiché avec un acteur à la notoriété grandissante. « Est-ce que tu regrettes? D’avoir tenu à garder le secret tout ce temps? » Une fois que t’es partie en mode curieuse, il est difficile de t’arrêter, malheureusement. Tu oses croire que si tu franchis une limite, il va te le faire savoir. Après tout, vous êtes plus à une critique près entre vous. « Il n’a pas été question de mes ex jusque là. J’aurais pas nié son existence si ça avait été le cas. » Tu hoches vaguement la tête, l’air de comprendre alors qu’en vérité, tu n’as aucune idée si c’est normal ou non que la question n’ait pas été abordé entre eux. Tu ne connais rien aux relations amoureuses, toi qui a toujours eu l’habitude d’enchaîner les flings sans conséquence plutôt que de vraiment donner une chance à qui que ce soit. Tu ne peux pas juger alors tu ne dis rien, pour une fois.

« Depuis cet hiver. » Quelques mois alors. Tout de suite, tu penses à Rory. Si Swann n’a pas nécessairement été le centre de vos conversations cette année, tu es surprise de savoir que cette information n’a jamais été partagé entre Rory et toi. Non pas que tu te sois attendue à ce qu’il te le dise s’il sait, le Craine, mais juste parce que tu pensais que c’était le genre de choses que vous étiez venus à partager entre vous, comme un peu tout le reste. « Je suis contente pour toi. » Et ce n’est pas sarcastique, même si ça peut sembler l’être. Tu veux qu’il soit heureux, Swann. Le reste, ce n’est pas vraiment à toi de juger. « Rory le sait. » Un autre hochement de la tête. Tu te demandes comment il gère avec cette nouvelle, Rory. Ça ne peut pas être facile de savoir que Swann est déjà dans une relation qui semble – du moins selon les réseaux sociaux – assez sérieuse. « On s’est vus il y a quelques jours. Par hasard. On a parlé des mêmes choses qu’avec toi, ironiquement. » « J’espère que ça s’est pas fini avec des portes qui claquent. » Tu essayes d’en rire, t’es pas certaine que ce soit encore totalement approprié comme réaction. Tu prends une gorgée de ton cocktail avant de demander un peu plus sérieusement « Ça s’est bien passé? » Ça non plus, il est pas obligé de te le dire, mais comme tout le reste, tu demandes. Pas curiosité, par amitié pour l’un comme pour l’autre aussi. Parce que même si t’as jamais voulu te mettre entre les deux, c’est quand même là que tu es depuis de long mois déjà. « Je pense qu’on veut tous les deux vraiment tourner la page. Et il aura besoin de toi pour ça. Et tout le reste. » Tu offres un sourire à Swann alors que pour une fois, tu n’évites pas son regard. Tu veux être là pour Rory, t’as jamais vraiment eu l’intention de faire quoique ce soit qui pourrait le blesser. Mais il faut que tu penses à toi aussi, à comment toutes les rumeurs et tout ce remue constant t’affecte, toi et ses sentiments que tu n’oses avoués. « J’essaye. Les choses sont pas au plus simple entre nous deux non plus, ces temps-ci. » Byers, les rumeurs, Micah, Swann, c’est beaucoup de choses à gérer en très peu de temps, trop peu de temps. T’aimerais pouvoir te retirer de l’équation complètement, disparaître un temps, sans toutefois laisser ton ami derrière. Swann l’a dit après tout, Rory allait avoir besoin de toi. « Il t’a dit qu’on avait obtenu des rôles pour une nouvelle mini-série de Netflix? On part au début décembre. » Un sourire. C’est ta façon de lui faire comprendre que tu allais être là pour Rory. Pour l’épauler, pour l’écouter, pour l’aider à tourner la page de leur histoire définitivement.

La discussion s’est calmée mais ce n’est pas pour autant qu’ils se portent mieux, et sans doute bien loin de là. L’anglais a l’impression d'incessamment revivre les mêmes instants dès lors qu’il est question de Rory et, si encore un an plus tôt il aurait été ravie d’une telle chose, aujourd’hui il ne sait que trop bien à quel point il est strictement incapable de gérer un tel afflux de nostalgie et de profonde tristesse mélangés. Rory lui manque, son Rory, et il rêve d’une amitié indéfectible qui ne peut sûrement exister que dans son cerveau à lui, bien au chaud dans un coin de son imagination. « Est-ce que tu regrettes? D’avoir tenu à garder le secret tout ce temps? » Il y a pensé des centaines de fois si ce ne sont des milliers et à chaque fois la réponse à cette question en venait à varier. Il regrette énormément de choses, il est fier de quelques-unes. Savoir où situer le mensonge autour de sa relation avec l’acteur au milieu de ces deux simples mots est incroyablement difficile pour lui. “Oui.” Aujourd’hui sera donc un jour oui, dans lequel il avoue qu’il aurait aimé vivre son amour au grand jour et en toutes heures. C’est un fait qu’il ne peut pas nier, mais il fait aussi de l’ombre à une réalité bien moins plaisante, que Swann prend ensuite le temps de préciser oralement. Ses mots ont besoin d’être nuancés, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. “Mais en même temps je me dis que j’ai de bons souvenirs avec lui, et je ne sais pas si ça aurait été le cas si tout le monde avait su.” Il aurait été exposé à son tour, il aurait été connu comme étant “le petit ami de” et, plus que tout, il n’aurait plus été normal. Quiconque connaît un minimum l’anglais sait que la normalité est sa ligne de vie et que sans ça, il se sent défaillir. Il ne veut pas être différent et, au-delà de ça, il a peur de l’être. Aimer un homme n’aurait pas fait de lui quelqu’un de normal, surtout pas dans le Queensland, surtout pas cinq ans plus tôt alors que même un mariage leur était encore interdit. La loi a peut être changé mais pas les mœurs.

Il tente de rapidement chasser ces souvenirs de son esprit alors qu’il sait se faire plus de mal que de bien en repensant à ce fameux “et si”. Les yeux baissés de l’anglais témoignent de sa tristesse passagère, laquelle il tente de combler du mieux qu’il le peut. « J’espère que ça s’est pas fini avec des portes qui claquent. » La première étape à cela est le rire qu’il laisse entendre après la réflexion de Penny. Il est sincère. Il aura beau vouloir le nier, elle les connaît bien, chacun d’eux, et elle peut assez bien imaginer à quoi ressemble une discussion sérieuse entre les deux hommes. Les portes auraient pu claquer, c’est bien vrai. “Y’avait pas de portes, c’est ce qui a aidé à ce que ça ne soit pas le cas j’imagine.” Le blond joue franc jeu, répondant sur le même ton de l’humour bancal et incertain. Ils ré-apprennent comment se parler, eux aussi ont besoin d’un peu de temps et de beaucoup d’indulgence. Que ce soit en groupe, en duo, ou même séparément, leur trio est en sale état. « Ça s’est bien passé? » Aussi franc-jeu souhaite-t-il jouer, pourtant, il ne contera pas à Penny (ni à personne d’autre) les détails de leur rencontre. Il ne lui dira pas à quel point il s’est de nouveau senti mal, pour la seconde fois de sa vie en compagnie de Rory. Il ne lui dira pas qu’à un moment les larmes ont bien plus parlé que les mots ni même que ses mains ont arraché l’herbe à ses côtés à défaut de pouvoir éternellement laisser ses ongles martyriser la paume de ses mains sous le coup d’un mal-être certain. Et pourtant. “Aussi bien que ça pouvait se passer.” Parce qu’il retiendra de cet échange que l’acteur aussi souhaite qu’ils restent en contact et qu’ils essayent de continuer à être bons l’un pour l’autre. Le reste, il en fera fi aussi longtemps que nécessaire. Personne n’a sauté du récif, alors tout n’était pas si pire. “C’était pas facile pour personne.” Davantage enclin à lui confesser des parts de sa (leur) vie privée, il lui concède ces quelques mots. Tout ce qu’il espère, c’est que cela suffira à Penny pour qu’elle puisse mieux comprendre Rory. Il ne lui dira pas tout mais ça, c’est un bon début, pour tout le monde.

Ses espoirs durement bâtis ne mettent pas longtemps avant de s’écrouler de nouveau, pourtant. Il n’a jamais été doué en château de cartes, il est temps de l’avouer. « J’essaye. Les choses sont pas au plus simple entre nous deux non plus, ces temps-ci. » Ce n’est pas une nouvelle que Swann souhaitait entendre, et il ne bernera personne à ce sujet. De nouveau, il arbore un sourire qui n’en a que le nom, triste au possible. Ses yeux trouvent leur chemin le long des reinures du bois du comptoir, à défaut de vouloir (pouvoir) observer la jeune femme. “Il est tout seul.” Il le dit pour lui seul, le murmure à peine. Pourtant, c’est bien la vérité. Il n’a plus Swann (c’est un fait difficile à accepter mais il n’en reste pas moins la vérité, pour le moment en tout cas), il n’a plus le cinéma, il n’a plus Penny non plus. Peu importe ce qu’il s’est exactement passé entre eux, il n’a aucun mal à croire en ses paroles. Il a sûrement Wendy, bien sûr, son éternelle petite sœur. Mais après ? Des piliers de son existence se sont fissurés et parfois même effondrés alors oui, Swann commence à avoir peur pour Rory. Il n’avait jamais pris en compte l’autre versant de sa vie et s’était toujours concentré sur leur relation. Stupide erreur.

« Il t’a dit qu’on avait obtenu des rôles pour une nouvelle mini-série de Netflix? On part au début décembre. » - “Non, je ne savais pas. Mais je suis content pour vous, ça va vous changer les idées.” Son sourire regagne en volonté, ses yeux trouvent la force de venir quérir les siens. C’est une bonne chose pour tous les deux, tant au niveau personnel que professionnel. Ils feront à nouveau ce qu’ils aiment et, au moins, ils seront ensemble pour tout recommencer. Cela rassure l’anglais que de les savoir réunis, au moins sur le petit écran. Ils pourront compter l’un sur l’autre. “C’est un bon début pour reprendre, après tout ça.” Nul besoin de préciser de quel “tout ça” il est question, surtout pas face à Penny. “J’espère qu’il ira bien. C’est tout.” Ces mots marquent les confessions finales de l’anglais, lesquelles il agrémente d’un difficile instant lorsqu’il déglutit péniblement. Après tout, il n’a jamais voulu que son bonheur le plus entier et véritable, même s’il s’y est parfois affreusement pris.

@swann mcgrath
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« Oui. » Si tu étais une personne raisonnable, tu aurais changé le sujet de conversation une fois la vérité dite, une fois le malaise brisé. Si tu étais une personne raisonnable, tu aurais réalisé il y a bien longtemps que de continuer de parler de Rory, de ce qui avait été entre lui et Swann, de ce qui était maintenant entre vous et du bordel que cela avait causé de part et d’autre n’aidaient en rien à réparer une situation précaire encore bien fragile. Les regards fuyants continuent toutefois alors que tu enchaînes les questions qui sont peut-être trop privées, mais auxquelles l’anglais continue de répondre. Par signe de bonne foi peut-être, ou parce qu’il se sent redevable de ta confession, tu ne saurais dire. « Mais en même temps je me dis que j’ai de bons souvenirs avec lui, et je ne sais pas si ça aurait été le cas si tout le monde avait su. » Tu sais qu’il n’y a rien de bon à vouloir refaire l’histoire et en changer des éléments importants. Les faits restaient les mêmes. Leur histoire avait été privé et tu étais une des rares qui avaient eu l’occasion de les voir ensemble. C’est peut-être pour cette raison aussi que tu te sentais d’autant plus coupable de non seulement être la cible de rumeurs t’associant à Rory, mais d’avoir ses sentiments nouveaux aussi. Sentiments que tu continues de taire, sachant qu’il ne ressortirait rien de bon de parler d’une affaire qui n’existait que dans ta tête (et dans les journaux, mais bon.)

« Y’avait pas de portes, c’est ce qui a aidé à ce que ça ne soit pas le cas j’imagine. » Tu rigoles légèrement, mais le cœur n’y est pas, pas vraiment. C’est toi qui a commencé mais ce n’est pas vraiment une partie de plaisir de repenser à cette rencontre dans son bureau et la manière dont les choses se sont terminées. Oui, vous étiez là. Oui, c’était mieux. Mais non, ce n’était pas effacé. Comment est-ce que ça pourrait l’être au fond? Votre amitié, comme tant d’autres relations et d’autres aspects de ta vie en ce moment, était maintenant entachée. Des marques qui ne partiraient jamais. « Aussi bien que ça pouvait se passer. » Traduction: sûrement pas aussi bien que les deux partis l’auraient voulu. Tu t’inquiètes pour Rory. Tu t’inquiètes de ne pas avoir su avant. Tu t’en veux de ne plus être capable d’être là pour lui comme tu l’as été toute l’année. Tu t’en veux d’avoir compliquer les choses dans ta tête, comme si vous aviez besoin que tu en rajoutes une couche. Et ton regard croise celui de l’anglais et tu t’en veux pour ça aussi. Parce qu’on aura beau te le dire et te le répéter: tu n’oublieras jamais que tu as ta part de responsabilité dans tout ça. « C’était pas facile pour personne. » Tu hoches la tête. Si tu peux difficilement te mettre à leur place n’ayant jamais vécu une histoire d’une telle ampleur, tu peux tout de même facilement deviner la douleur du Craine et la culpabilité du McGrath lorsque le sujet de Lucia a du être abordé. « Est-ce que tu penses que vous allez pouvoir rester amis? » Tu demandes pour Rory, mais tu sous-entends pour toi aussi. Parce que dans le moment, rien ne te semble moins certain.

T’as le cœur qui se serre quand Swann te dit que Rory va avoir besoin de toi. Pire encore quand tu dois admettre à voix haute que les choses ne sont pas au plus simple entre toi et Rory. Mais le pire de tout, c’est d’entendre Swann souffler, plus pour lui que pour toi ses quelques mots qui te frappent en plein ventre. « Il est tout seul. » Tu fais comme si tu ne l’avais pas entendu, l’anglais. C’est plus facile de vivre dans le déni que de faire face à cette réalité. Comment est-ce que vous en êtes arrivés là? Les dommages collatéraux de l’incident sont infinis il te semble et tu ne sais plus comment gérer le tout. Alors comme le reste, tu caches ta culpabilité sous le tapis pour ne pas avoir à gérer et tu espères que les choses se règlent, comme par magie. Même si la magie, ça n’existe que dans les contes de fées et t’as beau être naïve Penny, tu sais que ce n’est pas ce qui vous attend. Ce qui vous attend toutefois, c’est le chaud de Los Angeles et la plus cliché des histoires d’amour de Noël. Un mood qui s’annonce complètement différent que celui qui flotte dans l’air de ce bar où les drinks continuent de se multiplier sur votre table. « Non, je savais pas. Mais je suis content pour vous, ça va vous changer les idées. » Ça, il n’y a pas à dire. C’est pas exactement comment tu t’imaginais passer les deux prochains mois, mais tu penses que tu es prête. Tu penses que c’est bel et bien la prochaine étape pour toi, pour vous, du moins en tant qu’acteurs. C’est pas le projet du siècle, mais tu ne peux qu’espérer que ce soit suffisant pour vous refaire une place dans le cœur du public. « Je peux pas promettre une série de qualité, mais c’est quelque chose au moins. » Ça t’angoisse plus que tu ne le laisses paraître pourtant. Mais tu décides de voir ça comme un positif. Comme une chance d’être présente pour Rory. Comme une chance de tout mettre derrière et de te concentrer sur le bon à venir. Après tout, ça ne peut pas toujours mal aller, pas vrai? « C’est un bon début pour reprendre, après tout ça. » Tu hoches légèrement la tête alors que tu prends une longue gorgée et fini ton verre. Tu ne sais plus ça fait combien. Peut-être trois, ou quatre? Tu commences à les ressentir d’ailleurs, avec tes joues rouges et chaudes et la tête qui tourne légèrement alors que t’es encore toute virée à l’envers de cette conversation qui a fait mal, mais qui tu l’espères encore, permettra une certaine réconciliation, au final. « J’espère qu’il ira bien. C’est tout. » « Moi aussi, je l’espère. » C’est vrai, après tout. C’est tout ce que tu veux au fond. Que tout le monde de porte bien. « Et toi aussi. Je veux que tu sois bien. » Tu oses finalement le regarder dans les yeux. Tu tiens à ce qu’il sache que t’es sincère sur ce point. « Je promets de m’occuper de Rory. Autant que possible. » C’était sans savoir que tu t’apprêtais à faire la pire chose possible, qui t’empêcherais de tenir ta promesse. Mais ça, c’est une toute autre histoire.

Ils seront sûrement passés par tous les états possibles durant cette discussion tout comme ils auront expérimenté bon nombre d’émotions aussi diverses que variées mais Swann se sent enfin soulagé, maintenant. Il n’a pas le cœur plus léger, il ne se sent pas mieux, mais au moins ce n’est pas pire. Il avait sans aucun doute besoin de parler de tout ça avec quelqu’un et de réellement poser des mots dessus. Jamais il n’aurait pu croire que cette personne serait Penny. Elle a pourtant été une oreille attentive, quand elle n’était pas trop occupée à le poignarder. Tout n’est pas si pire, entre eux, au final, et s’ils n’arriveront sans doute jamais à trouver un point d’entente sur la majorité des sujets, ils peuvent au moins s’accorder sur le fait que Rory compte énormément pour eux et qu’ils feront tout pour le bien de l’acteur. « Est-ce que tu penses que vous allez pouvoir rester amis? » Tout faire pour le bien de Rory sous-entendrait pouvoir répondre “oui” sans douter un seul instant mais ce n’est pas aussi simple. Il y a des parts d’ombres et de doutes mais ils y travaillent. Promis, ils y travaillent, ils essayent, ils tentent de remédier à leurs erreurs et de les réparer. “J’espère.” Sa couverture de perfection à jamais grillée, il ne s’efforce pas davantage de tenter de la maintenir en place. A défaut de pouvoir être celui qu’il veut, il tente plutôt de se contenter de la vérité pleine et entière, celle qui fait mal et qui le prend aux tripes. “C’est tout ce que je veux.” A défaut d’être le petit-ami de l’un et l’ami de tous les autres, Swann souhaite réellement être l’ami de tous. A différents niveaux, à différentes échelles, qu’importe. Il a dit à Rory ne pas vouloir (pouvoir) le voir sortir de sa vie une seconde fois et mine de rien, c’est aussi le cas pour Penny. Elle a su se faire une place dans sa vie à sa manière, et elle aussi, elle importe.

Trop de personnes ont été perdues pour qu’il en soit de même avec eux. Et à défaut que Swann puisse retrouver une moindre place à leurs côtés, ils doivent rester unis. On le traitera de pessimiste, on lui dira que ce n’est pas la fin du monde et qu’il n’y a pas besoin de former des groupes pour survivre. On lui dira bien des choses et on se moquera de lui, n’en reste pas moins que l’anglais restera sur ses positions. Sans personne sur qui compter, on devient à notre tour personne. « Moi aussi, je l’espère. » Tout a soudainement l’air parfait. « Et toi aussi. Je veux que tu sois bien. » Trop parfait, à tel point qu’une alarme se fait entendre dans le cerveau du blond qui n’a pas l’habitude de partager un regard suivi d’un sourire avec la jeune actrice. Il abaisse ses défenses une ultime fois et prend le temps de la remercier de ses clignements de paupières, pour ce qu’ils valent. Lui aussi, il espère sincèrement qu’elle ira bien. « Je promets de m’occuper de Rory. Autant que possible. » - “Merci.” Avant, il pouvait tenir ce rôle au jour le jour, à toute heure de la journée. Il pouvait prendre sa main dans la sienne et simplement sentir ses muscles pour savoir s’ils étaient tendus ou non, s’il se passait quelque chose ou non. Il pouvait poser sa tête contre l’oreiller et observer ses yeux bleus pendant de longues heures sans jamais s’en lasser, tout en prétextant qu’il faisait ça parce qu’il était son médecin auto-attitré, celui qui n’était là que pour lui faire des massages qui n’avaient pourtant jamais rien de professionnels. Il espère qu’elle ne reprendra aucun de ces rôles, pourtant, mais s’il faut en passer par là pour qu’ils se portent bien tous les deux alors il leur offrirait une bénédiction inutile dans la seconde où il comprendrait que quelque chose se trame sous ses yeux. "Prends soin de toi aussi.