Elle n’a pas froid aux yeux, la blonde. Lorsqu’on a dit du nouveau qu’il était aussi riche qu’il était arrogant elle n’a pas été le moins du monde intéressée par la première partie de l’information mais a plutôt vu la seconde partie comme un défi. Si personne ne peut le supporter, alors elle y arrivera. S’il ne supporte personne, alors il va la supporter elle. Certes, sans doute ne s’y est-elle pas prise au mieux dans les quelques sms échangés, mais cela n’est qu’un aperçu de son caractère bien trempé. Après tout, elle n’a pas cherché à obtenir son numéro simplement à cause de ses bouclettes attachantes mais bien parce qu’elle le trouve intriguant, et cela n’induit en rien le fait qu’elle ait à se faire bien voir. A vrai dire, c’est tout le contraire et l’australienne cherche plutôt à savoir où se trouvent ses limites - non pas pour s’en tenir loin à l’avenir, mais bien pour tenter de s’en servir à bon escient. Et finalement puisque personne ne peut répondre à toutes ces questions mieux que Damon lui-même (et elle commencera par savoir d’où vient ce prénom), elle n’avait donc pas de meilleure raison pour lui proposer un verre. Après tout elle a joué franc jeu et n’a rien à lui cacher, cela devrait plutôt jouer en sa faveur, non ?

Et oui, d’accord, toutes les questions ont découlé du fait qu’il est mignon - et trop jeune, bien trop jeune, bien trop encombrant. A son tour il a sans doute bien trop peu froid aux yeux et elle sait par avance qu’à un moment ou à un autre ils ne sauront plus que monter le ton sans savoir s’en défaire ; et loin d’en avoir peur, elle a une fois de plus grande hâte de savoir comment tout pourrait se passer. Alors après avoir sous entendu qu’il avait à peu près 13 ans et tout autant d’expérience dans la vie, s’en est conclu une sortie le samedi même. L’heure a échappé à la Villanelle et il faut croire que vérifier ses messages aurait été bien trop compliqué à faire, raison pour laquelle elle arrive avec une trentaine de minutes de retard sans la moindre once de remords au fond de sa poitrine. Un sourire, ça rattrape tout, non ? Il ne fallait pas non plus croire qu’elle allait arriver à l’heure et risquer d’être celle qui attend l’autre, ce serait vraiment stupide et très bien mal la connaître. Charlie n’attend personne, jamais, pour rien du tout, quitte à en payer toutes les conséquences ensuite.

“Personne ne t’a encore mangé ?” C’était lâche de la part de Charlie de lui donner rendez vous au Death Before Decaf’, mais au moins ça permet à Decklan de lui faire des signes (très peu discrets) pour lui indiquer que son date est là - ses mots à lui, pas les siens à elle. C’est lâche, parce qu’il ne le sait même pas mais déjà il devient un trophée de la blonde qu’elle exhibe devant Matt, quand bien même le patron n’est pas là. Il saura. Il saura et elle, elle n’en a rien à faire de savoir ce qu’il pense puisqu’elle a passé l’âge qu’on lui dicte la conduite à avoir et surtout qu’on lui dise ce qui est bien ou non. Rencontrer Damon n’est surtout pas une bonne chose et pourtant elle arbore le plus sincère des sourires face au blond alors qu’elle vient se poser à ses côtés, passant sous silence son regard et le fait qu’elle l’ait laissé tout seul dans la fosse aux lions. “Et je vois que personne ne t’a jeté non plus, t’as utilisé la technique des yeux doux ou de la fausse carte d’identité ?” Moqueuse, la blonde, elle sait pourtant bien qu’il est majeur et vacciné. Ce n’est qu’un moyen pour elle de commencer la discussion en le titillant. Mauvaise habitude, sans doute.

stray heart.

@charlie villanelle

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Si l’administration de la Columbia avait pensé être une idée de génie que d’envoyer Damon passer un peu de temps auprès de ses proches loin d’eux, en Australie, et donc de l’autre côté du globe: ils s’étaient fourré le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Sur le papier, tout était beau et plein de bonnes intentions. Retrouver un certain cadre de vie, chose qu’il n’avait connu depuis des années - si ce n’était même jamais connu de toute sa vie, ou en tous cas pas d’un cadre comme ses professeurs et doyens l’entendaient par là - était censé lui apporter une aide afin de remettre sur des rails plus correct la vie qu’il décidait de mener. L'administration avait juste simplement sous-estimé la famille Williams et le rapport qu’il avait avec la stabilité: elle n’en connaissait aucune.

Depuis qu’il avait mis un pied au pays des kangourou, Damon s’était contenté de faire le strict minimum. Ses notes étaient plus que correctes en cours sans pour autant attirer l’oeil de qui que ce soit, et il avait toujours une cravate bien nouée et à l’heure lorsqu’il se pointait dans les bureaux de la Michael Hills. Cela restait cependant qu’un rôle de façade, l’enfant prodige ayant toujours eu l’habitude d’adopter ce type d’attitude pour affronter le monde extérieur. Cela permettait également de ne pas attirer l’oeil de ses supérieurs, que ce soit à l’université ou au travail - dans ce dernier lieu, l’un de ses supérieurs étant son propre père, cela permettait de ne pas venir entacher les relations déjà houleuses qu’il entretenait avec ce dernier. Maintenant parfaitement ce rôle permettait donc au jeune italien de venir en personnifier d’autres, qu’il appréciait particulièrement endosser lorsqu’il sentait que sa vie en à-côté n’arrivait guère à se stabiliser.

Venir charmer les jeunes femmes qui réclamaient un rendez-vous à ses côtés, par exemple, était un excellent moyen de venir prendre le contrôle sur une partie de sa vie lorsque tout le reste ne faisait guère sens. Alors, lorsque la prénommée Charlie avait accepté de venir le rencontrer plus tard dans la semaine pour un verre et s’en suivrait ce qui s’en suivrait, bien sur qu’il avait affiché un sourire content et satisfait - ce dernier lui donnant un air particulièrement exaspérant. Il ne comprenait pas quel intérêt particulier la demoiselle s’était mise en tête de prouver en venant l’interpeler à travers un échanges de messages, mais la curiosité étant un vilain défaut il avait décidé d’aller jusqu’à bout de l’idée et de venir voir ce qu’elle lui réservait. Au mieux, il passait une bonne soirée en charmante compagnie. Au pire, il aurait passé une soirée loin de chez lui à rester dans les tirs croisés de ses parents.

« Personne ne t’a encore mangé ? » Cosimo vint relever son visage vers la voix qui semblait s’adresser à lui, alors que venait de s’écouler la trentième minute d’une attente qui semblait interminable. Il était patient, et compréhensif, comme garçon. En revanche, la ponctualité faisait partie de ses qualités et il était plutôt du genre à aimer que les autres respectent également ce concept. Un mauvais point pour la jeune femme, qui vint cependant être  en quelques sortes contrebalancé par le sourire qui ornait son visage. « Je sais me défendre. » Le sourire en coin toujours autant peu supportable dont il avait le secret, il vint accompagner ce dernier d’un léger haussement de sourcil. Charlie vint rapidement se glisser sur la chaise à ses côtés, semblant ne pas être le moins du monde désolée de l’avoir fait attendre comme un idiot devant toutes les autres personnes présentes dans le bar. « Et je vois que personne ne t’a jeté non plus, t’as utilisé la technique des yeux doux ou de la fausse carte d’identité ? » Il eut un petit rire, l’italien, alors qu’il secouait quelque peu la tête. « Encore mieux. J’ai dit que je venais de ta part - tu m’as soufflé l’idée, après tout. » Rien de tout cela n’était vrai, mais si elle désirait entamer leur soirée de la sorte, elle était prévenue: il savait se défendre tout seul. Ce n’était pas son mode opératoire naturel, mais bien celui qu’il avait acquis à force d’exercices au fil des années, et ce depuis son plus jeune âge.

La blonde ne sachant pas débuter des conversations comme tout le monde, elle préfère plutôt venir titiller l’ego du jeune Damon avec un immense et véritable sourire au bout des lèvres. En réalité, cela permet de jauger ses réactions et tenter de rapidement cerner la personne à qui elle fait face. Il avait l’air d’avoir du répondant par message mais derrière un téléphone, tout est toujours bien plus facile. Au fond, elle espère bien qu’il sera le même face à elle et que jamais il ne retiendra de mots en sa présence - ce serait ennuyant. « Je sais me défendre. » Elle hausse les sourcils, tout sauf impressionnée. Et pourtant elle a besoin de vérifier (quoi d’autre ?), c’est donc la raison pour laquelle la jeune femme vient furtivement poser ses doigts autour du bras du Williams pour vérifier les muscles de son biceps et triceps - comme si elle s’y connaissait réellement. Après s’être assise et avoir ramené ses mains près d’elle, Charlie se permet donc enfin d’affirmer ses prochains mots, une fausse mine étonnée et fière affichée sur son visage de porcelaine. « J’en doute pas. » Au sens propre comme au figuré, il sait sûrement se défendre. Bon point pour lui et son accent subtil.

Le bleu de ses yeux vacille de l’une à l’autre de ses pupilles et la blonde s’amuse d’un rien, heureuse d’avoir réussi à organiser cette soirée si facilement et contre toutes attentes. « Encore mieux. J’ai dit que je venais de ta part - tu m’as soufflé l’idée, après tout. » Cette fois-ci la mine étonnée n’a rien de surjouée, elle ne pensait réellement pas qu’il allait le faire - et sans doute qu’elle est finalement bien trop naïve pour une jeune femme qui se pense reine du monde. « Dommage. J’aurais tout donné pour voir la technique des yeux doux. » Si jamais il souhaite donc la lui présenter maintenant, elle n’aurait aucune raison de le lui refuser, en témoignent ses yeux qui papillonnent sous la lumière jaune du bar.

Du bout des doigts elle demande un cocktail, Dek connaissant ses goûts sûrement bien mieux qu'elle-même, elle n’a même pas à prononcer quoi que ce soit. C’est un avantage (parmi beaucoup, à ses yeux) de toujours passer son temps libre dans le même bar café. “C’est quoi le catch ? Elle demande enfin, sérieusement, tout son corps tourné en direction de Damon. La blonde joue du suspens simplement parce que ça l’amuse et qu’elle n’a rien prévu de plus pour sa soirée et lorsqu’arrive Deklan avec son verre, elle laisse encore plus s'égrainer les secondes lorsqu’elle joue de sa paille au milieu de la glace pilée. “T’es gay ?” Il est ici depuis un certain temps et personne à son bras ; aux yeux de Charlie cela ressemble donc à un guet-apens puisqu’elle ne voit aucune autre raison possible à cela. Outre le fait qu’il soit possiblement gay, donc, et bien qu’elle soit loin de voir en ce mot le moindre problème, elle préférerait savoir à quoi s’en tenir.

stray heart.

@charlie villanelle

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Les yeux de la jeune femme ne savaient le lâcher même pour l’espace d’un instant, alors qu’il faisait en sorte de venir soutenir son regard au mieux. Elle l’analysait sans aucun scrupule, Charlie, là où il en aurait surement fait de même si les rôles avaient été inversés. Et Damon la laissait faire, car il appréciait cette carte joker de jeu qu’il était possible de facilement apporter à ce type de rencontre. Ses doigts qui vinrent se serrer autour de son bras, alors qu’il venait affirmer qu’il savait se défendre. L’italien ne parlait en aucun cas d’avoir à se défendre physiquement - devait-il être désormais inquiet pour sa sécurité ? -, mais il ne viendrait jamais se plaindre du contact de la jeune femme sur sa peau à lui. Son sourire vint s’étirer davantage, aussi insolent qu’il pouvait se le permettre présentement. « J’en doute pas. » Elle se moquait ouvertement de lui, et il dut retenir un petit rire pour ne pas venir briser le jeu de la demoiselle. Elle en doutait, même si ce ne fut que pour un instant un seul, elle était venue en douter. Il ne saurait déterminer si c’était pour venir l’embêter lui ou si son hésitation avait été réelle, mais ses gestes ne pouvaient être anodins. Après tout, elle n’avait qu’une vague idée de qui il pouvait être, et elle se devait de le tester. Il était encore jeune, Damon, mais idiot n’entrait pas dans son curriculum vitae.

Charlie vint par la suite se poser sur la chaise à proximité de celle du jeune homme, après avoir daigné lâcher ses muscles. Elle préférait venir s’amuser de la façon dont il avait pu rester dans le bar jusque maintenant, insistant sur l’enfant qu’il était. Une partie d’elle n’avait pas totalement tort en réalité, il n’était pas encore majeur dans tous les pays du monde et celui dans lequel il résidait avant de s’établir en Australie ne lui permettait pas de boire dans un bar. Mais ce problème avait rapidement été mis derrière lui, une fois qu’il avait foulé le sol du pays des kangourou. « Dommage. J’aurais tout donné pour voir la technique des yeux doux. » Qu’elle osa venir dire, après qu’il lui ait avoué qu’il avait opté plutôt pour l’idée de se servir d’elle comme excuse plutôt que de tenter toute autre technique - et il ne manqua pas de remarquer l’air surpris que son visage avait momentanément abordé. « A toi de faire en sorte que j’ai besoin d’en arriver là, alors, si tu y tiens autant. » Damon ne doutait pas qu’en venant formuler ces paroles là, la jeune femme mordrait à l’hameçon pour venir relever le défi. Après tout, si elle avait osé agir comme elle l’avait fait jusque là, cette nouvelle quête ne devrait pas la désintéresser.

Là où lui avait pu commander son verre bien avant qu’elle ne fasse son apparition dans le bar - verre qu’il attendait toujours d’ailleurs, maintenant que son attention était attirée vers les consommations -, le geste qui n’avait rien d’anodin en direction du serveur de la part de Charlie vint lui faire comprendre quelque-chose. Non seulement, elle s’amusait comme une petite folle au jeu dans lequel il venait de confirmer sa participation, mais en plus elle l’avait conduit directement dans la gueule du loup. Un serveur lambda ne pouvait pas se mettre à préparer un cocktail d’un simple geste du doigt de la part d’une cliente inconnue - elle était une habituée du lieu, des gens. Il dut se retenir de ne pas lever les yeux au ciel, alors qu’il était persuadé que la boisson de la jeune femme serait entre ses mains avant qu’il ne puisse percevoir l’odeur de la sienne. « C’est quoi le catch ? » Il vint hausser un sourcil, reportant pleinement son attention sur Charlie à ses côtés, là où ses yeux n’avaient cessé de venir analyser tout ce qui se trouvait autour d’eux pour comprendre l’étendue du plan dans lequel il venait de plonger tête baissée. « Le catch ? » Le serveur vint les interrompre un instant déposer le erre de Charlie - oh, il aurait pu user de la technique des yeux doux à ce moment là Damon, mais l’envie et surtout son intérêt pour toute cette situation résidait désormais dans les paroles que venait de prononcer la blonde. Une minute presque s’écoula avant qu’elle ne daigne venir mettre fin au suspens. « T’es gay ? »

Sans qu’il ne put contrôler quoi que ce soit, un rire franc et honnêtement amusé vint s’échapper d’entre ses lèvres - se faisant surement entendre jusque l’autre coté du bar, mais il n’en avait que faire d’être entendu, Damon. Une de ses mains vint même se placer sur ses abdos - Charlie ne les avait pas encore vérifié, ceux là -, alors qu’il tentait de reprendre son souffle après avoir abusé de l’amusement pendant une bonne poignée de secondes supplémentaires. « Ce catch là, alors. » Il ne savait d’où venait ce questionnement qu’elle pouvait avoir, mais il ne comptait pas laisser une telle question sans réponse bien longtemps. « Pas quand une créature comme toi s’intéresse à moi, en tous cas. » Et il était on ne peut plus honnête, Damon, avec cette réponse. Il ne se désintéressait pas des hommes, au contraire, mais l’attirance qui l’avait poussé à être présent ce soir était clairement portée sur les formes féminines que pouvait présenter Charlie. Mais désormais, il était curieux de savoir ce qui pouvait la pousser à penser qu’il y avait un catch - plus qu’avant sa dernière question, en tous cas. « Trop beau pour s’intéresser aux jeunes femmes, c’est ce dont tu as peur ? » Il était autant sensible qu’il savait être tête brulée, Damon. Un trait de caractère familiale, surement, qui lui permettait de ne pas avoir froid aux yeux.

Elle a toujours eu la sale habitude de craquer un peu trop rapidement pour les yeux bleus et force est de constater que même sous l’affreuse lumière jaune du bar, les siens ne ternissent pas le moins du monde. Heureusement qu’elle est bien trop occupée à rigoler à son tour toutes les cinq minutes, sinon elle aurait tôt fait de s’y perdre plus vite qu’elle ne l’aurait cru. « A toi de faire en sorte que j’ai besoin d’en arriver là, alors, si tu y tiens autant. » Un rire de plus, donc. Elle est la parfaite opposition de l’attitude éternellement (et faussement) sérieuse du garçon qui se pense déjà Roi du monde et d’au-delà. Charlie n’a absolument rien contre les personnes qui savent ce qu’elles veulent, bien au contraire, mais faire face à un tel tempérament alors qu’il est plus jeune qu’elle a quelque chose de déstabilisant. Elle est toujours celle qui représente la jeunesse intrépide du duo ou des groupes auxquels elle se rattache ; jusque-là jamais l’inverse n’avait été vrai. C’est comme s’observer dans un miroir, et elle ne sait pas encore si elle aime ou non cette sensation. “Et donc tu penses vraiment que je vais me plier en quatre pour toi ?” La jeune femme ne se moque pas de l’idée, au contraire, elle la trouve plutôt amusante - bien que totalement irréalisable. Jamais elle n’oserait (à nouveau) modifier son caractère ou sa façon de faire pour plaire à qui que ce soit, aussi angélique son visage puisse-t-il être. “Mignon.” Telle est la conclusion à laquelle elle en vient, l’assénant avec un ton doux alors qu’elle tourne à peine de la tête sans jamais ô grand jamais le lâcher des yeux.

En face pourtant, le démon ne comprend dans un premier temps pas où est ce qu’elle souhaite en venir en parlant de catch et une fois l’information arrivée jusqu’à son cerveau encore en pleine construction, il éclate de rire. Elle voudrait lui dire de faire attention à ne pas trop en faire, au risque de tomber de son tabouret, mais après tout si elle devait lui faire du bouche à bouche à la suite (pour d’obscures raisons) alors cela ne la dérangerait pas tant qu’elle pourrait le laisser croire. “Je vais noter la blague dans un coin de ma tête, pour mes prochaines soirées. Tout le bar doit être jaloux de ce que tu as entendu maintenant.” A en juger par la force de son rire, on pourrait croire qu’il a entendu la plus drôle blague qui ait jamais existé sur la Terre entière. Une qui pourrait même surpasser les fameuses blagues de tontons que Charlie enchaîne une fois minuit passé ou son second verre (selon ce qui arrive le plus tôt). « Ce catch là, alors. » Si le problème de son orientation sexuelle semblait pourtant évident pour Charlie, elle reste étonnée qu’elle soit la seule à s’en être préoccupée. Qu’il aime les hommes en plus des femmes ne serait pas un problème, loin de là, mais qu’il préfère n’aimer que les hommes pourrait en être un, par contre. Un de ceux qui la décevraient sans doute beaucoup, autant le dire, parce qu’elle est loin de rester indifférente à ses phrases d'accroche tout droit sorties des Cosmo magazine datant d’une décennie plus tôt. « Pas quand une créature comme toi s’intéresse à moi, en tous cas. » Là, voilà, qu’est ce qu’elle disait. Charlie rigole bien plus de son attitude que de ses mots en eux même, au point où elle roule des yeux sans que cela n’ait rien à voir avec de l’agacement. Si, en réalité, il l’énerve mais il l’intrigue aussi bien trop pour qu’elle puisse vouloir déjà mettre fin à leur entrevue qui s’annonce pourtant si prometteuse déjà. « Trop beau pour s’intéresser aux jeunes femmes, c’est ce dont tu as peur ? » Cette fois-ci, c’est elle qui rigole de trop, encore une fois prise de court par la teneur de ses propos. “C’est pas la modestie qui t’étouffe.” Le verre du démon devient soudainement le sien puisqu’il est bien connu que le verre d’autrui est toujours bien meilleur que le sien - et cela fonctionne aussi pour la nourriture. Son sourire étire ses lèvres alors qu’elle les dépose autour de la paille, le bleu de ses yeux éternellement plongé dans le sien comme s’ils avaient commencé une bataille (et après c’est lui l’enfant, Charlie ?). “Trop beau parleur pour oser être célibataire.” Le “trop beau parleur” aurait pu aussi être raccourci en “trop beau” mais hey, cela lui aurait fait trop plaisir qu’elle l’admette de la sorte sans même tenter de résister quelques minutes de plus. Si c’est trop simple alors ce n’est pas amusant, c’est bien connu. “Et puis rigole pas, t’aurais vraiment pu être gay.” Ce n’est que maintenant qu’elle se souvient qu’elle était supposée être vexée de son rire, alors elle rattrape le coup avec une infinité de secondes de retard, noyant son fail dans une nouvelle gorgée d’alcool qui lui glace déjà le cerveau. “Je n’ai jamais dit que je m’intéressais à toi. Je pose des questions parce que t’es nouveau, c’est tout.” Elle reprend en se penchant à peine plus vers lui, mentant sans même sourciller ni voir son nez s’allonger.

stray heart.

@charlie villanelle

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« Et donc tu penses vraiment que je vais me plier en quatre pour toi ? » - « Mignon. » Et il dut se retenir très fortement de ne pas venir lever les yeux au ciel en cet instant, Damon. Mais ça aurait voulu dire détourner ses yeux de ceux de la demoiselle pour y parvenir et elle, elle faisait en sorte de ne pas s’y dérocher même lorsqu’elle venait commander d’un geste son cocktail auprès du serveur - qui devait connaître par coeur la carte destinée à la blonde.

Il ne vint cependant pas attarder son attention plus longtemps sur cette partie là de la discussion alors qu’elle en venait à lui demander quel était le catch personnifié par sa propre personne. S’il ne vint pas saisir de suite l’idée qu’elle était en train de lui présenter, le fait qu’elle en vienne à poser cette question alors qu’il était pourtant plutôt clair de son côté qu’il n’en viendrait pas à flirter de la sorte avec elle si elle ne l’intéressait pas un minimum, tira un rire venu du coeur à Damon. « Je vais noter la blague dans un coin de ma tête, pour mes prochaines soirées. Tout le bar doit être jaloux de ce que tu as entendu maintenant. » Tout le bar se devait d’être jaloux de la personne avec qui il riait plutôt de la raison pour laquelle il le faisait, surtout. Charlie faisait partie des personnes sur qui on se retourne lorsqu’on la croise dans la rue, et le Williams n’était idiot ou encore moins aveugle pour ne pas s’être aperçu que plus d’une personne avait suivi la silhouette de la demoiselle lorsqu’elle était arrivée dans le bar. Il se savait chanceux de pouvoir passer une soirée en compagnie de la jeune femme, et il ne put s’empêcher de penser pendant un instant qu’ils feraient une belle paire, en tous cas. « C’est pas la modestie qui t’étouffe. » Il ne se sépara pas pour autant de son sourire, Damon, même si elle cherchait par tous les moyens à lui lancer la meilleure pique de la soirée à peine arrivée sur place. Les verres furent servis, il n’eut à peine le temps de venir gouter le sien qu’elle venait déjà lui dérober d’entre les doigts - il aimait cette prise d’initiative, et là où tout autre personne aurait pu venir râler que la permission ne soit pas dans les idées de Charlie, le blond se contenta de venir sourire en coin un brin davantage. « Trop beau parleur pour oser être célibataire. » Il haussa un sourcil. « Et m’empêcher de pouvoir rencontrer des personnes comme toi ? » Il n’était jamais réellement avare en compliments, et il ne jouait jamais réellement dans la subtilité. Damon ne comptait pas cacher à la jeune femme qu’elle lui plaisait et il n’était clairement pas venu boire ce verre pour discuter de la dernière migration des placements en bourse, alors autant balayer d’un revers de la main toutes les éventualités qui pourraient venir interférer avec l’idée principale.

« Et puis rigole pas, t’aurais vraiment pu être gay. » Il ne put s’empêcher de venir étirer encore davantage son sourire, à peine provocateur, surtout amusé en réalité. « J’aurais pu, c’est vrai. » Mais pourquoi prendrait-il la peine de jouer autant si tel était le cas ? Il savait que plus d’un homme pourrait se servir d’une plastique comme la sienne pour jouer d’une femme comme Charlie. Mais nulle était l’intention de Damon en cette soirée - il voulait jouer avec elle, pas se jouer d’elle. « Je n’ai jamais dit que je m’intéressais à toi. Je pose des questions parce que t’es nouveau, c’est tout. » Elle eut à peine le temps de terminer sa gorgée d’alcool et sa phrase par la même occasion qu’il vint attraper son verre - le sien en réalité - pour venir en prendre une lampée à son tour. « C’est tout, oui. » Juste parce-qu’il était nouveau, elle allait se donner autant de peine pour en arriver à cette situation. Juste - bien sur, il allait croire qu’il n’y avait pas un brin d’attirance ou au minimum de curiosité de la part de la blonde. « Bien sur, juste parce-que je suis nouveau. » Comme s'il n’allait pas remarquer qu’elle s’était quelque peu rapprochée de lui, comme si le fait qu’elle ne le lâche pas du regard lui avait échappé. « C’est juste par curiosité que t’as accepté de venir ce soir, j’ai bien compris. » Et pourtant, il ne se détachait pas de ce sourire amusé, et de ce sourcil haussé un brin étonné tout de même. Il ne pensait pas qu’elle tenterait de lui faire croire de temps sornettes.

« Je pensais pourtant que tu serais plus une femme d’action, Charlie. Qu’une femme de simple curiosité. » Il vint se reculer, alors qu’il en était arrivé à seulement quelques centimètres du visage de la jeune femme, attrapant le cocktail qu’elle avait commandé pour venir le siroter tranquillement. « Je suis un peu… déçu. » Il en abusait, il en jouait, et il espérait que la jeune femme le comprendrait et accepterait tout de même de continuer dans sa direction. Après tout, si elle voulait en connaître davantage sur le nouveau.

Là où Charlie doute du célibat du jeune homme face à elle, il ne fait que la rassurer à ce sujet en trouvant le moyen de la complimenter au passage. Bien qu’elle ne soit pas insensible à de telles paroles, elle ne se permet pas de le lui montrer de manière aussi évidente. « Et m’empêcher de pouvoir rencontrer des personnes comme toi ? » Ses yeux roulent doucement en direction du ciel mais cela ne l’empêche pas de sourire pour autant. Il utilise les pires techniques d’approche de l’univers et pour autant elle lui donne toutes les circonstances atténuantes du monde, sans même qu’il ait à le demander. Elle avait déjà craqué pour ses yeux bleus avant même le face à face au DBD et s’il est effectivement en couple comme elle continue de le penser, alors cela signifie surtout que la personne avec qui il est est bien trop ennuyante pour lui. La blonde, elle n’a rien d’une personne ennuyante, même si elle pose bien trop de questions à la seconde.

Le verre passe des mains de l’un à l’autre alors qu’il n’avait jamais eu vocation à être partagé et Charlie se réjouit que ses gestes commencent peu à peu à prendre exemple sur sa grande gueule. S’il ne savait que parler, ç’aurait encore une fois été ennuyant. « C’est tout, oui. Bien sur, juste parce-que je suis nouveau. » Elle a beau ne pas se battre pour récupérer son cocktail (ce qu’elle touche est à elle, c’est la règle qu’elle a elle-même inventé), cela n’empêche en rien la jeune femme de s’amuser du garçon qui se vexe pour un rien. Plus il continuera de jouer sur le manque de crédibilité de la jeune femme à ce niveau et plus elle continuera d’appuyer son argument, aussi fallacieux puisse-t-il être. C’est même justement ce qui l’amuse, en réalité, en témoigne son sourire toujours plus grand et ses yeux brillants, toujours posés au fond des siens. « C’est juste par curiosité que t’as accepté de venir ce soir, j’ai bien compris. » Charlie se retient de lui répondre qu’il est une flèche, elle sait qu’elle doit le ménager parce qu’elle va continuer de chercher ses faiblesses à bien d’autres niveaux encore. Qui plus est, sous ses airs d’adulte effronté, il a l’air plutôt susceptible en son genre. C’est donc tout naturellement que la jeune femme prévoit de n’absolument pas le ménager.

Si elle lui reproche déjà d’être susceptible, pourtant, c’est parce qu’elle sait bien mieux que quiconque comment ce trait de caractère se manifeste, pour en être elle-même victime à chaque jour qui passe. « Je pensais pourtant que tu serais plus une femme d’action, Charlie. Qu’une femme de simple curiosité. » Elle adore plus que de raison souffler le chaud et le froid chez autrui. Elle déteste plus que de raison que ces mêmes idées se retournent contre elle, aussi, et voit donc d’un très mauvais œil la façon que Damon a de déjà revenir se poser au fond de son tabouret, bien loin d’elle. Elle lui en foutrait bien, Charlie, des femme de simple curiosité. Bien sûr qu’elle est une femme d’action, il ne lui manquerait plus qu’à dire qu’il est déçu de - « Je suis un peu… déçu. » Oh. Le haussement de sourcil auquel elle s’essaye maintenant n’a plus rien d’un jeu savamment calculé : elle est réellement étonné de la manière qu’il a eu de retourner la situation. Elle l’est d’autant plus qu’il semble être celui qui a l’avantage désormais.

“T’as l’air de plutôt bien te porter pour quelqu’un de déçu.” Charlie ne se laissera jamais faire, surtout pas si la personne face à elle est un homme qu’elle considère encore comme un garçon. Son dos redevient droit, son port de cou reprend une allure convenable. Ses yeux bleus dérivent du verre dérobé vers ses pupilles. Il vient de lui demander de jouer à un jeu qu’elle affectionne tout particulièrement, celui qui s’appelle “prouve moi que j’ai tort”. Donner tort aux autres est une passion qu’elle cultive depuis sa plus tendre jeunesse mais elle peut y ajouter depuis quelques minutes à peine l’irrésistible envie de venir s’essayer à l’interdit. C’est donc avec une infinie lenteur qu’elle se mouvoit à nouveau sur son tabouret, approchant son buste de l’italien dans le simple but de venir l’embrasser langoureusement, comme si elle le connaissait depuis toujours. Savoir à qui appartient le cocktail devient rapidement le cadet de ses occupations alors qu’une main trouve refuge contre sa mâchoire le temps que leur baiser se perdure. “Est ce que c’est suffisant pour repartir du bon pied ?” La jeune femme murmure malgré le brouahaha général dans le bar, un sourire au coin des lèvres maintenant qu’elle ouvre enfin à nouveau les yeux pour trouver les siens. Par simple envie (besoin) d’appuyer une fois de plus le jeune âge du blond, elle vient finalement déposer un baiser furtif contre sa joue pour mieux venir se replacer sur son seul tabouret ensuite. “L’un n’empêche pas l’autre.” Preuve est enfin faite qu’elle est une femme d’action autant qu’elle l’est de curiosité et il y a fort à parier qu’il ne se plaindra pas d’avoir servi comme exemple dans cette malheureuse démonstration. Elle passe un ongle autour de ses lèvres pour en remettre en ordre le rouge, amusé. “D’où tu tiens ce surnom ? T’as plutôt l’air d’un petit ange.” Et la voilà de retour aux questions, comme si de rien n’était. Ce n’est qu’un aperçu de la soirée qu’elle envisage petit à petit pouvoir, vouloir, partager avec lui. "Pas trop déçu, j'espère ?" A cette question bien sûr, elle n'accepte qu'une réponse unique.

stray heart.

@charlie ivywreath

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Jouer avec le feu, ce n’était pas dans ses habitudes les plus ancrées, à Damon. Il savait tout aussi bien risquer de se brûler que botter en touche pour observer correctement le terrain. Cependant, il avait rapidement compris qu’avec Charlie, il allait devoir toucher du ballon s’il voulait rester dans la course. Alors, il tentait au mieux les tours de passe-passe qui lui venait avec la situation, jouant de sa patience et de ses réactions, venant siroter une longue gorgée de cocktail comme s’il se trouvait vraiment déçu de la façon dont elle venait d’agir. Il avait rapidement compris qu’elle en resterait pas de marbre avec une telle déclaration - bien qu’il ne fut pas réellement déçu du voyage; comment pouvait-il l’être ? Mais ses paroles vinrent faire réagir la blonde, et c’était tout ce qui importait. La réaction de Charlie était authentique, il y mettrait sa main à couper. Il fit cependant mine de ne pas s’en apercevoir, reposant sur la table ne constituant plus aucune barrière entre elle et lui le verre dont l’appartenance était floue désormais.

« T’as l’air de plutôt bien te porter pour quelqu’un de déçu. » Déçu, il comptait prétendre l’être encore un instant de plus pour voir ce que la jeune femme avait à lui proposer en échange. Bien se porter allait forcément de paire si la première affirmation ne relevait pas de la vérité. Croisant les bras sur son torse, haussant un sourcil plein de défi, il ne vint ajouter la moindre parole. Damon n’était pas idiot, et comprenait bien que tout pouvait s’arrêter là si Charlie en décidait ainsi. Il ne faisait que prétendre avoir toutes les cartes en mains, là où elle menait la danse depuis le premier instant. Paraitre était bien plus simple qu’être - il l’avait appris à ses dépens au sein de son propre cercle familial, Damon. Alors, il vint retenir un instant sa respiration. Il vint tenter d’anticiper le moindre mouvement de la blonde et la parade pour ne pas laisser cet instant lui glisser entre les doigts; il ne sut cependant prévenir ses lèvres à elle venant se déposer sans aucune cérémonie sur les siennes aussi rapidement. Il ne vint bouger d’un pouce, alors qu’il répondait au baiser de Charlie avec la même ardeur qu’elle y mettait. Il vint avoir la chair de poule, lors que ses doigts glissèrent le long de sa mâchoire et que leurs langues s’entrechoquèrent. Et ce fut désormais avec la plus grande des déceptions qu’il se retrouva lorsque Charlie se recula pour retrouver son tabouret à elle, loin de lui. Il vint serrer des dents, Damon, frustré désormais alors qu’il n’était simplement que amusé l’instant d’avant. « Est ce que c’est suffisant pour repartir du bon pied ? » Ses yeux s’accrochaient à ceux de la blonde avec une ardeur différente, désormais. Oh, qu’il ne savait ignorer la chaleur qui s’était immiscée en son sein, en même temps qu’un désir certain s’emparait de ses pensées. « L’un n’empêche pas l’autre. » Répondait-elle directement à ses pensées non formulées ? La réalité lui échappait, il fallait qu’il se concentre de nouveau sur ce qu’elle disait s’il ne voulait réellement pas passer pour un idiot. « D’où tu tiens ce surnom ? T’as plutôt l’air d’un petit ange. » Une prémisse de sourire s’accrocha au coin de ses lèvres. S’il pensait réussir à reperdre le contrôle sur la situation, c’était désormais peine perdue. « Tout est dans l’art d’avoir l’air, justement. » Balivernes, Damon était réellement un petit ange lorsqu’il s’y mettait, et même parfois sans qu’il ne le veule réellement. Il avait été bien élevé, avait tiré de bons partis dans les mauvaises actions de ses parents. Lorsque ses émotions devenaient trop pressantes, qu’il perdait cette façade angélique pour céder à quelque-chose se rapprochant davantage de son prénom. « Pas trop déçu, j'espère ? »

Ses lèvres à lui vinrent s’étirer en une ligne fine, un sourire ne sachant se débarrasser d’un amusement certain - mais s’armant surtout d’une patience touchant à sa fin. Il ne désirait en rien rester un instant de plus dans ce bar, si ce n’était pour aller dans un endroit plus adéquate à ce jeu du chat et de la souris qu’ils avaient commencé avant même de se rencontrer dans ce bar. Attrapant son cocktail - ou était-ce celui de Charlie finalement ? -, Damon en but une gorgée avant de se lever et de mettre des billets sur la table. Il n’avait aucune idée de combien pouvait couter les boissons dans un bar si populaire, mais il savait d’avance que ce qu’il venait de poser couvrirait les dépenses. Ensuite, il se pencha légèrement pour que ses lèvres puissent venir susurrer ses prochains mots à l’oreille de Charlie. « A mon tour de faire en sorte que tu ne sois pas déçue, et tu vas voir que Damon est un prénom qui me va à merveille. » Il osait fort, l’italien encore gamin par intermittence. Il avait compris qu’avec Charlie, prendre le contrôle sur la situation c’était lui donner du pouvoir mais retomber dans une conclusion plutôt satisfaisante - le gout de son rouge à lèvres encore présent sur ses lèvres venait conforter cette idée. « Je t’attends pas devant dix ans. » Qu’il vint murmurer avant de prendre le chemin de la sortie du bar. Elle le prenait pour un enfant, alors il agirait comme tel - tout en sachant pertinemment que le poisson avait déjà mordu à l’hameçon.

Il représente à la fois l’inconnu, la nouveauté et l’attraction. Si Charlie l’embrasse pour le déstabiliser et se jouer de lui, affirmer qu’elle ne le fait que dans ces buts là serait un mensonge alors qu’en réalité elle est largement aidée par la simple envie de le faire. Intéressant, il a un franc parler qu’elle ne peut qu’admirer. Lorsqu’elle ne le fait pas, c’est le bout de ses doigts qui en profite pour redessiner la ligne de sa mâchoire avant qu’elle ne finisse par reprendre place sur le tabouret et se redresser, le laissant seul face à cette vague nouvelle d’informations variées. Elle a le sourire d’une enfant, elle qui ne cesse jamais de jouer et oublie de grandir. Leurs yeux s’accrochent un court instant supplémentaire alors qu’elle le nargue de ses questions rhétoriques: bien sûr que ce baiser est suffisant pour repartir du bon pied.

Souhaitant prouver qu’elle n’a pas été déstabilisée en rien, Charlie en profite pour changer de sujet et lui demander d’où est ce qu’il tient ce surnom qu’il présente comme un prénom. Aucun parent n’aurait décemment appelé son enfant ainsi et elle le sait bien. « Tout est dans l’art d’avoir l’air, justement. » Le petit ange tombé du ciel et devenu démon; le genre d’histoire dont pourrait raffoler n’importe quelle adolescente. La blonde comprend qu’elle n’aura pas davantage de détails en s’en voit être quelque peu déçue, elle était déjà prête à l’écouter lui raconter ses aventures larmoyantes pendant des heures durant. Elle aurait sans doute écouté n’importe quoi venant de lui, ce soir.

A défaut, c’est en silence qu’elle l’observe boire une gorgée de plus de son cocktail. Les prémices de l’alcool se font peu à peu observer mais elle ne fera aucun commentaire, elle ne dira rien non plus. Il n’a pas abusé de la boisson: Charlie veille au grain malgré ses airs de jeune femme avide d’outrepasser les règles et barrières. S’il n’avait pas proposé le premier de partir, elle l’aurait fait à sa place - seulement pour ne pas qu’il ne boive pas trop, quoi d’autre? « A mon tour de faire en sorte que tu ne sois pas déçue, et tu vas voir que Damon est un prénom qui me va à merveille. » Il est sûr de lui et le timbre de sa voix autant que ses gestes font sourire l’australienne qui se prête volontiers au jeu. Elle n’a jamais caché ses intentions à son égard et il ne l’a pas fait non plus en retour: la fin était écrite bien avant le début. Il sent le sirop qui a été ajouté au cocktail, le démon. « Je t’attends pas devant dix ans. » Il a déposé l’argent comme s’il en avait de trop: les pourboires seront généreux ce soir. L’Italien semble provenir d’un autre monde et ne pas comprendre les règles de celui des vivants, ce qui est une image qui amuse un peu plus encore l’Australienne qui devient un peu plus curieuse à chaque seconde passée. Faussement outrée de ses paroles, aussi. “Je suis sûre que tu sauras rester sage cinq minutes.” Elle lui aurait emboîté le pas s’il ne l’avait pas expressément demandé. Alors, à la place et après avoir commandé un taxi, elle préfère discuter quelque temps avec les employés du bar pour s’occuper et le laisser prendre un peu l’air frais. Ses joues brûlantes étaient la preuve qu’il en avait bien besoin.

Ses mèches blondes passent le seuil de la porte quelques minutes plus tard. Charlie se montre plus fière et sûre d’elle que jamais, vérifiant sur son téléphone l’arrivée à venir de la voiture. “Je lui ai donné mon adresse, j’espère que ça ne te dérange pas.” Elle finit par ajouter, amusée, lui faisant ainsi comprendre que la soirée continuera chez elle et qu’il n’y a pas de négociation possible. Elle doute qu’il s’en offusque, de toute façon.