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Raelyn Blackwell & @"Clyde Wakefield"

En quittant le bateau, j’ai regardé par-dessus mon épaule à plusieurs reprises, comme pour m’assurer que j’étais seule, comme s’il était presque trop beau d’être libre de mes allées et venues. Je ne me sens plus prisonnière d’Amos depuis plusieurs semaines, plus depuis que nous nous sommes retrouvés, mais je réalise alors que mes talons claquent le bitume que c’est la première fois que je profite de ma liberté retrouvée. La première fois aussi qu’il me laisse quitter le bateau en déposant un baiser sur mes lèvres sans que je ne le sente angoissé à l’idée que je replonge dans mes vieux travers et, si je l’ai senti nerveux, il m’a aussi témoigné sa confiance. Il sait ce que je sors faire et qui je m’apprête à rencontrer. Il sait que c’est pour gagner notre pari que je m’aventure dans la ville, que je sors de notre bulle dorée. Le défi en question ? Il concerne Sarah, sa future ex femme, et les potentiels travers qu’elle cache aux yeux du monde, la femme de religion. Elle tente de diaboliser Amos, d’en faire l’époux indigne et infidèle quand je suis persuadée que, comme tout le monde, elle a quelque chose à cacher. Mon amant m’a donné le feu vert pour fouiller son existence et carte blanche en ce qui concerne les moyens que j’emploierai. Frustrée de ne plus pouvoir utiliser les mêmes leviers qu’à l’époque où je gérais encore mes troupes du Club comme de parfaits petits soldats mais bien décidée à prouver que j’ai encore de la ressource, j’ai réfléchi à une solution et une m’est apparue. Elle est culottée pour plusieurs raisons : Clyde n’est pas détective, contrairement à ce qu’il a prétendu lors de notre première entrevue, et il ne me doit aucun service. Je n’ai pas tenu ma part du contrat en ce qui concerne notre accord - j’en ai eu l'intention jusqu’à ce que ma vie me file entre les doigts - et j’ai disparu sans laisser de trace. Mais je compte sur son goût pour le défi et, s’il ne suffit pas, sur sa cupidité pour accepter de m’aider. Je le dédommagerais s’il le faut mais je n’ai pas le temps de chercher un détective véreux et peu regardant : si j’ai bien compris, fouiller dans le passé des gens est dans ses cordes et c’est exactement ce dont j’ai besoin.

Alors, j’ai renoué avec Halsey il y a quelques jours en répondant à ses nombreux messages qui étaient restés sans suite. Je l’ai rassurée en affirmant que j’étais toujours à la fois en vie et en ville, et je n’ai pas pu m’empêcher de semer le doute dans son esprit : évidemment que je n’ai plus donné de nouvelles puisque j’ai eu peur de représailles de son boytoy si je brisais ma part du contrat. Foutaises, mais mon overdose ne la regarde pas. Lui, je l’ai contacté hier pour lui donner rendez-vous au McTavish, à quelques centaines de mètres seulement de la Marina. Je lui ai promis qu’il trouverait son intérêt dans notre rencontre et j’ai compté sur la volonté du duo de renouer avec moi  pour qu’il accepte : je ne sais pas exactement ce qu’ils me veulent mais je sais que je suis au coeur des motivations de leur déménagement à Brisbane. J’ai même fait honneur à la ponctualité en arrivant sur les lieux cinq minutes avant l’heure de notre rendez-vous et j’ai renoué avec le plaisir simple de commander une bière au bar. J’en ai également pris une pour Clyde en attendant qu’il ne daigne se montrer, en signe de drapeau blanc. Quand il a poussé la porte du bar, je lui ai adressé un discret signe de la main et un sourire poli et j’ai attendu qu’il arrive à mon niveau. « Je t’ai pris une bière. » Je désigne la bouteille en verre qui n’attendait que lui. « C’est bon du coup, on est quittes ? » Je lui adresse mon plus beau sourire à peine forcé. On est certainement loin d’être quittes après que j’ai brisé les règles de notre accord, mais ne vaut mieux t’il pas le prendre avec le sourire ?

Le numéro de Raelyn était resté figé dans le téléphone du brun, comme une information trop importante pour être égarée, et pourtant dont il espérait ne pas avoir à se resservir un jour. Car si leur plan était parfaitement bien ficelé lorsque lui et Halsey étaient arrivés à Brisbane, ils avaient vite déchanté en découvrant à quoi ressemblait exactement cette demi-sœur qu’ils espéraient être un pigeon finie - et qui était tout sauf cela, en réalité. Clyde avait pris sur lui de faire davantage de recherches sur cette Raelyn qui semblait en cacher bien plus qu’une personne lambda, et ce qu’il avait trouvé l’avait bien trop inquiété pour qu’il en fasse part à Halsey à ce moment-là. Le but était simple, et pourtant si complexe à atteindre : persuader la brune que l’écran de fumée entourant sa demi-soeur était bien trop épais pour qu’ils espèrent obtenir quoi que ce soit d’elle, et faire comprendre à la blonde que son petit jeu mené avec Halsey ne dupait personne. Malheureusement, Raelyn n’avait pas tenu leur part du contrat, ce que Clyde avait découvert avec cris et fracas lorsqu’il avait enfin renoué avec Halsey durant l’été, après que le sujet de la blonde les ait justement écartés l’un de l’autre. Rien que pour cela, il avait été agréablement surpris lorsque cette dernière avait disparu des radars pendant quelques semaines, espérant que la situation en resterait là et qu’Halsey et lui pourraient éventuellement passer à autre chose. En réalité, il avait du mal à croire que le silence radio de Raelyn ait quoi que ce soit à voir avec ses menaces, puisqu’elle avait jugé bon de les confier à Halsey et de la revoir après même qu’il les ait proférées. Tout cela ne ne collait donc que moyennement avec l’idée qu’elle ait disparu à cause de lui, et il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y avait davantage derrière cette histoire.

Lorsque la blonde avait renoué avec Halsey, cette dernière n’avait pas manqué de prévenir Clyde - car depuis, la situation s’était apaisée et il avait compris qu’il n’était pas de son fait de décider comment se comporter face à Raelyn. Son acolyte était aussi butée que lui, si ce n’était plus, et si ce qu’elle connaissait désormais sur sa demi-soeur ne lui suffisait pas pour couper tout contact, Clyde savait qu’il était désormais peine perdue d’espérer convaincre la jeune femme. Alors, bon gré mal gré - la seconde option prenant largement le pas sur la première - il avait répondu au sms mystérieux que la blonde lui avait envoyé la veille. Si cela ne tenait qu’à lui, il l’aurait royalement ignorée, n’ayant plus aucune volonté personnelle d’avoir le moindre contact avec elle, mais Halsey avait insisté pour qu’il se rende au rendez-vous et obtienne plus d’informations sur ce que pouvait bien vouloir la blonde. Et ce qu’Halsey voulait, Clyde le faisait - du moins au sujet de Raelyn, qu’il avait suffisamment foiré jusque là pour éviter qu’ils n’en arrivent à nouveau à la situation explosive de cet été. La réalité était qu’il s’était embourbé dans ses propres mensonges et ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même, mais l’idée que Raelyn ait jugé suffisamment bas d’aller tout cafter à Halsey suffisait à lui faire passer l’envie de plaisanter plus longuement avec la blonde. Apparemment, cette dernière était loin d’être clean la dernière fois qu’elle avait vu sa soeur, et Clyde ne pouvait donc qu’imaginer que le prétendu contrôle qu’elle avait sur tous ses faits et gestes s’en était trouvé fortement diminué - cependant, il ne doutait pas que la volonté d’informer Halsey de ses menaces était pourtant parfaitement calculé.

Clyde avait donc poussé la porte du pub cinq minutes en retard - pour le principe, et à contrario de ses habitudes, ne serait-ce que pour marquer le peu d’envie qu’il avait d’être présent. Il avait dû traverser la ville entière pour rejoindre ce pub dont il ne connaissait pas l’existence la veille, et il se serait bien passé de ce déplacement, surtout vu la personne qu’il venait rejoindre. Mais encore une fois, il faisait cela pour Halsey, et c’était la seule raison qui l’avait poussé à se contenir et à serrer les dents en acceptant de rencontrer la blonde. Le signe de la main de Raelyn et son sourire étaient restés sans réponse, tandis que Clyde s’installait face à elle, une expression impassible collée aux traits. “Je t’ai pris une bière.” Il avisa d’un regard la bouteille qui trônait en face de celle de la blonde, ne daignant pas l’attraper pour l’instant. Ce n’était même pas comme s’il appréciait réellement d’en boire, après tout. “C’est bon du coup, on est quittes ?” Elle aurait pu sourire jusqu’aux oreilles la blonde, que cela n’aurait pas déridé une seule seconde Clyde. “Oublie.” Direct, sec, suffisamment clair pour qu’elle comprenne que cela signifie plus ou moins que non, ils ne sont pas quittes. Maintenant que le message était passé, il pouvait se saisir de la bière, et entrer dans le vif du sujet qui était tout sauf un pardon mutuel. “Autant de temps sans nouvelles… Je fais si peur que ça?” Même lui n’y croyait pas, et son ton railleur le laissait clairement entendre. Alors si elle espérait faire croire à Halsey que Clyde était à l’origine de sa disparition, lui n’avalait pas ses salades une seconde. “Tu veux quoi?” Elle avait intérêt à commencer à parler, car il n’avait pas toute la soirée, surtout pas avec elle.

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Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

Je doute d’être bien accueillie puisque, si je ne connais pas bien le blond, je sais que personne ne réagit particulièrement bien à la trahison. Nous ne nous sommes pas serrés la main et n’avons pas engagé notre honneur, mais nous avions un accord Clyde et moi et je n’ai pas respecté ma part du contrat. Pire encore, non contente d’avoir continué à voir Halsey alors que je m’étais engagée à ne plus la contacter, j’ai révélé à sa partenaire qu’il lui avait planté un couteau dans le dos ou, en tout cas, dissimulé des informations et je ne l’ai fait que par amour de la discorde. Je n’avais rien à gagner : piquée par les question d’Halsey au sujet de mon couple je me suis tentée de riposter pour le simple plaisir de la voir se décomposer. Si au début j’avais l’intention de tenir ma langue, j’ai perdu ma retenue lorsque mon monde s’est écroulé et rompre ma part du contrat passé avec le jeune homme m’a semblé n’être qu’une broutille. Je sais que ma révélation a blessé ma demie sœur. Je sais aussi que, suite à ça, elle s’est braquée et la dernière fois que j’ai bu la brune, il y a de ça plusieurs mois, elle n'adressait plus la parole à son acolyte. Mais n’est-il pas le seul coupable de cette débâcle ? J’ai tranché : s’il cherche un coupable, il n’a qu’à se regarder dans un miroir puisque si ses intention étaient soit disant louables - protéger la brune - il n’en reste pas moins vrai qu’il est venu me trouver, et pas l’inverse. Moi, je n’ai fait que sauter sur l’occasion avant de retourner ma veste quand, versatile, j’ai décidé que je trouvais plus mon compte à semer la zizanie dans leur duo. Mais ne s’est-elle pas ouverte à moi Halsey après ça ? Mon acte ne m’a-t-il pas été profitable tout compte fait ? Je me fiche bien des effets de bords sur leur relation : elle ne m’intéresse guère.

Il arrive en retard et je ne m’offusque pas : c’est là une façon de me refuser l’ascendant quand j’ai préféré être à l’heure pour tendre une branche d’olivier. J’ai même commandé des boissons et je pousse la sienne dans sa direction en me contentant d’une remarque narquoise. J’ai besoin de lui mais je ne suis pas du genre à m’écraser : il comprendra de lui-même que je ne lui demande pas un service : je suis prête à envisager la chose comme une transaction. Et s’il veut prétendre en retour que je lui doit une faveur, soit. Je le fait pour Amos, pas pour moi, et cela compte plus que ma fierté dans le cas présent.

« Oublie. »
« Rancunier donc. »

Je ne m’attendais pas à autre chose cela dit : j’ai compris qu’il n’était pas de ceux qui se laissent marcher sur les pieds lors de nos précédents échanges. Ils ont été brefs mais ont suffit à que je comprenne à quel genre de type j’avais à faire. Quoi qu’il en soit, il attrape sa bière. Bah voilà, c’était pas si compliqué non ? « Autant de temps sans nouvelles… Je fais si peur que ça ? » Je hausse les épaules, un sourire faussement innocent sur les lèvres. « Je sais pas qui vous êtes Halsey et toi. Mais les menaces et l’intimidation, c’est nouveau pour moi. » Je ne me démonte pas et je ne sors pas du personnage. « Tu veux quoi ? » Ah. Directement dans le vif du sujet donc. « J’ai pas le droit de t’offrir une bière parce que je suis désolée de t’avoir fait du tort ? » Personne n’est dupe et, pour éviter qu’il se lève et me fausse compagnie sur le champ, je précise rapidement. « J’ai besoin d’aide et je pense que c’est dans tes cordes. » J’esquisse un sourire avant de poursuivre. « Ou en tout cas c’est dans celles de Ben. » Le détective donc. Mais privé ou journaliste, il m’a trouvée moi alors je doute que ma demande représente un défi à ses yeux. « Il veut bien me parler ou il fait la gueule lui aussi ? »
 

“Rancunier donc.” Oui, et non. Tout dépendait de la personne à qui Clyde s’adressait, et à quel point il avait besoin que son numéro de mec poli et propre sur lui soit réaliste. Mais en ce qui concernait la blonde, il se fichait bien de l’opinion qu’elle pouvait se faire sur lui tant il aurait aimé décréter une bonne fois pour toutes que l’idée de merde qu’il avait eu en venant fouiller sur elle faisait désormais partie du passé. Il avait remué la poussière là où il n’aurait jamais dû, et ne pouvait désormais que se mordre les doigts que cette affaire ne le lâche plus. C’était bien dommage, car durant un instant sa proposition semblait avoir retenu l’attention de Raelyn, au point qu’il en arrive à croire qu’elle aussi apprécierait d’être débarrassé de lui, d’eux - et pourtant, ce n’était qu’une illusion qu’il avait fini par se prendre en pleine figure lorsqu’Halsey lui avait avoué tout savoir. Autant pour la discrétion. La blonde était de la pire espèce, celle qui roucoulait par l’avant pour mieux poignarder par l’arrière, et quand bien même il aurait dû sentir le coup venir, cela ne le rendait pas plus agréable ni plus facile à oublier. Pas même des mois après, pas même avoir été forcé par la brune de se rencarder à nouveau sur sa demi-soeur, pour trouver cette fois un dossier d’admission à l’hôpital qui leur avait appris davantage en quelques secondes que les explications vagues auxquelles s’était laissée aller Raelyn auprès d’Halsey après avoir refait surface.

Quelques mois auparavant, une telle trouvaille aurait suffi à faire briller les yeux du brun d’excitation, déjà en train de fomenter trois manières différentes d’approcher la blonde avec ces nouveaux éléments en tête - mais désormais, cela ne le rendait que plus aigri d’avoir dû malgré lui abandonner une arnaque qui avait tout de parfait sur le papier. Raelyn n’était pas responsable de bien plus que de son caractère absolument agaçant et horripilant que sa fausse politesse ne trompait pas, mais l’ego de Clyde ne pouvait tout simplement pas passer au-dessus du fait qu’il avait dû abandonner, et pire, qu’elle avait cru pouvoir le dépasser sur son propre terrain. Si elle pensait une seconde pouvoir s’immiscer entre Halsey et lui, elle avait grillé la seule cartouche qu’il lui avait tendue sur un plateau d’argent, mais cela n’arriverait plus et il ne manquerait pas d’y veiller. “Je sais pas qui vous êtes Halsey et toi. Mais les menaces et l’intimidation, c’est nouveau pour moi.” Qu’elle ne lui fasse pas croire qu’elle en avait été heurtée et qu’aucun sourire mesquin n’avait illuminé son visage lorsqu’elle avait balancé le pot aux roses à Halsey. “Et pourtant ça semble pas t’arrêter.” Alors, bien loin de vouloir la menacer une nouvelle fois de sortir de leurs vies une bonne fois pour toutes - ce qui semblait plus que compromis - il attendait au moins de vérifier par lui-même si son appel valait le coup. “J’ai pas le droit de t’offrir une bière parce que je suis désolée de t’avoir fait du tort ?” “T’aurais le droit si t’étais vraiment désolée.” Elle n’était pas le moins du monde désolée et ne tentait même pas de le lui faire croire, même si son empressement à s’expliquer trahissait davantage qu’un simple échange de courtoisie.

“J’ai besoin d’aide et je pense que c’est dans tes cordes. Ou en tout cas c’est dans celles de Ben.” Clyde n’en était pas au point de lui rendre son sourire, mais la tournure de la discussion suffisait au moins à le faire taire en attendant plus d’explications. Il finit donc par se pencher vers elle, à contre-cœur et pourtant avec une curiosité non totalement dissimulée. “Il veut bien me parler ou il fait la gueule lui aussi?” Dieu qu’elle était mesquine avec ses plaisanteries qui ne faisaient rire personne, et si Clyde s’estimait comme quelqu’un de relativement patient, il ne lui en faudrait pas beaucoup pour atteindre sa limite qui était considérablement réduite en présence de la blonde. Il était là pour Halsey, et ce n’était que la pensée de la brune qui le retenait encore là, du moins, jusqu’à ce qu’il y trouve lui-même un intérêt. “Il a pas envie de parler mais il t’écoute.” Et c’était déjà pas mal, compte-tenu du fait qu’il ne lui devait strictement rien. “Tu veux foutre la merde dans la vie de qui cette fois?” Si les liens du sang ne l’arrêtaient pas, il pouvait parier sur à peu près n’importe qui.

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Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

En toute honnêteté, personne ne peut blâmer Clyde de m’en vouloir mais il ne peut s’en prendre qu’à lui même : m’avoir fait confiance était une erreur et s’il s’était fié à ce qu’il pensait avoir deviné me concernant et concernant le monde dans lequel j’évolue, il l’aurait deviné tout seul comme un grand. Personne ne s’en sort dans mon univers sans être un minimum prête à briser un accord et, si je fais partie de la frange la plus loyale de l’organisation, je ne le suis qu’envers un nombre restreint de privilégiés dont il ne fait évidemment pas partie.

Ce que je ne pouvais pas prévoir non plus, c'est qu’un pan entier de ce même univers s’effondrerait et que, par conséquent, la présence de ma sœur et de son acolyte en ville deviendrait le cadet de mes soucis, la dernière de mes préoccupations. Sans ça, j’aurais certainement tenu parole. Sans ça, je n’aurais pas ressenti le besoin de revoir Halsey et de passer du temps avec elle : il était dicté par ma peur chronique de la solitude, le sentiment de ne plus avoir personne vers qui me tourner. Elle était toute désignée puisqu’elle partage mon sang et souhaite faire partie de ma vie pour des raisons que je soupçonne peu louables mais, qu’à cela ne tienne, cela m’arrangeait. Elle était toute désignée puisqu’elle a de l’esprit la brune, qu’elle est agréable quand elle n’enfile pas trois couches de masques au préalable et qu’elle se montre un peu plus franche, un peu plus vraie. Et si au départ j’ai choisi en août de m’en entourer que par dépit et faute de mieux, j’ai appris à l’apprécier. Je ne l’avais pas prévu et cela n’a rien à voir avec nos liens du sang : je le maintiens, ils n’ont aucune sorte d’importance à mes yeux. Mais elle est rafraîchissante de culot et je ne peux nier que nous nous ressemblons beaucoup trop pour que je ne l’admette pas. « Et pourtant ça semble pas t’arrêter. » « Y’a pas grand chose qui m’arrête. Je temporise, je fais une pause et je remonte en selle. » Et c’est ce que j’ai fait, même si je fais plus allusion à mon overdose qu’à une quelconque crainte de le voir passer à l’acte et m’intimider réellement. « T’aurais le droit si t’étais vraiment désolée. » « T’as raison, je le suis pas vraiment, mais c’est un bon point de départ non ? La bière, je veux dire. » Je brûle de curiosité : l’a-t-elle pardonné ma demi-soeur ? Est-elle ausi rancunière que moi ? Tient-elle à lui comme je tiens à mon compagnon ? Les questions se bousculent dans ma tête mais je ne suis pas là pour ça : je suis là pour Amos et pour le bien être du mien, de couple.  

« Il a pas envie de parler mais il t’écoute. »
« Quel grand homme. »

J’esquisse un sourire et je l’observe en faisant tourner ma bière entre mes doigts. Je ne sais dire s’il est curieux, si c’est l'appât du gain qui le motive ou Halsey qui l’envoie mais dans tous les cas j’en fais mon affaire. Ce n’est pas le moment de faire la fine bouche tant qu’il me rend ce service. « Tu veux foutre la merde dans la vie de qui cette fois ? » J’ouvre mon sac à main et j’en sors une enveloppe A4 dans laquelle tiennent quelques documents il n’y a pas grand-chose mais je doute qu’il lui soit compliqué de retrouver la rousse : elle ne se cache pas, elle. « T’en fais pas, elle le mérite. Et je veux pas foutre la merde dans sa vie, je veux simplement la tenir éloignée de la mienne. » Je veux qu’elle laisse Amos tranquille, qu’elle cesse d’ambitionner de tout lui prendre et qu’elle cesse de courir après la seule chose qu’il veut à tout prix garder : son bateau. « Elle s’appelle Sarah Taylor. Elle vit à Kilcoy, c’est à une heure trente au nord de la ville. T’as sa photo et son adresse là dedans. » L’enveloppe, elle est pour lui, il peut la prendre. « Elle est pasteur, fille de pasteur, parfaite sous tout rapport. Mais je pense que comme moi, tu crois pas à ce genre de connerie : tout le monde à des choses à cacher. » Et Sarah, j’espère qu’elle cache quelque chose d’assez gros pour avoir un levier sur elle dans le divorce. « Mariée depuis plus de vingt ans, séparée depuis presque trois, pas officiellement divorcée. Amants, dettes, je veux déterrer ce qu’il y a à déterrer. » Et je suis consciente qu’il faudra que je satisfasse sa curiosité afin qu’il accepte de m’aider mais, pour l’instant, je ne prends pas le risque d’en dire plus en ce qui me concerne ou en ce qui concerne mon complice.

 

“Y’a pas grand chose qui m’arrête. Je temporise, je fais une pause et je remonte en selle.” Et tout cela, il avait pu le découvrir à ses dépends. Si une personne lambda aurait sans doute déguerpi bien rapidement devant ses menaces, la blonde ne semblait pas les avoir craint une seconde, mais simplement envisagées comme potentiellement intéressantes pour elle - jusqu’à ce qu’elle n’y trouve plus son compte et envoie tout valser. C’était justement pour cette raison que Clyde n’avait aucunement l’intention de renouveler l’opération, et qu’il se serait lui-même tenu à l’écart de Raelyn si les deux sœurs n’avaient pas mutuellement poussé à cette rencontre dont il n’arrivait pas encore à saisir la signification réelle. “T’as raison, je le suis pas vraiment, mais c’est un bon point de départ non? La bière, je veux dire.” Bien évidemment, qu’elle n’était pas désolée, et il lui concédait au moins le fait que cette fois, elle ne tienne pas bien longtemps avant de faire tomber le masque. A défaut d’être convaincu par la bière - ou par une quelconque excuse à deux balles - le brun leva les yeux au ciel pour laisser passer la remarque qui ne méritait même réponse de sa part. Le point de départ, ce serait plutôt qu’elle passe à table et lui explique la raison de sa présence, car cette fois-ci, il n’était pas là de bon cœur et n’avait pour l’instant aucun intérêt personnel à l’écouter, même s’il voulait bien lui laisser le bénéfice du doute. “Quel grand homme.” Cette fois-ci, un léger sourire narquois vint étirer ses lèvres. “On me le dit souvent.” Qu’elle ne croit pas qu’il se détendait soudainement, mais il ne pouvait décemment la laisser se moquer à moitié de lui sans répliquer un minimum. S’il ne la portait pas dans ses pensées et aimerait ne plus avoir à donner d’attention à la blonde, son ego n’en était pourtant pas à s’effacer totalement en sa présence, pas alors qu’il avait conscience de ne pas faire face à n’importe qui, justement. Alors, s’il n’était pas la victime de ses machinations cette fois, il était presque curieux de découvrir qui avait mérité un tel traitement de faveur.

Ses yeux se posèrent instantanément sur l’enveloppe qu’elle venait de sortir de son sac à main, ne laissant à première vue aucun indice sur son contenu. “T’en fais pas, elle le mérite. Et je veux pas foutre la merde dans sa vie, je veux simplement la tenir éloignée de la mienne.” Clyde ne put retenir un rire jaune, alors qu’il reconnaissait assez ironiquement cette volonté qui avait été la sienne quelques mois auparavant. “Et c’est à moi que tu viens demander ça?” Bien évidemment qu’il voulait l’entendre dire que malgré tout, elle ne faisait pas appel à lui par hasard et devait bien lui concéder à son tour qu’il n’était pas dépourvu de ressources en la matière, comme elle en avait directement fait les frais. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de relever par la même occasion l’ironie de la situation - à croire qu’ils avaient quelques points communs, après tout. “Elle s’appelle Sarah Taylor. Elle vit à Kilcoy, c’est à une heure trente au nord de la ville. T’as sa photo et son adresse là dedans.” Le brun vint poser sa main sur l’enveloppe avant de l’entrouvrir légèrement pour jeter un œil aux quelques feuilles qu’elle contenait. “Elle est pasteur, fille de pasteur, parfaite sous tout rapport. Mais je pense que comme moi, tu crois pas à ce genre de connerie : tout le monde à des choses à cacher.” Il y avait malheureusement certaines personnes qui n’avaient rien à cacher, ou du moins qui les cachaient suffisamment bien pour que Clyde se soit parfois heurté à des murs alors qu’il était persuadé de pouvoir grappiller au moins quelques informations croustillantes. Mais dans la généralité, beaucoup de personnes avaient des choses à planquer sous le tapis, peu importe leur classe et leur statut social. Le vice et le secret, ces notions universellement partagées. Il finit donc par hocher la tête, comme pour indiquer que jusque-là il n’y avait rien de nouveau sous le soleil, et rien qu’il n’estime hors de ses compétences. “Mariée depuis plus de vingt ans, séparée depuis presque trois, pas officiellement divorcée. Amants, dettes, je veux déterrer ce qu’il y a à déterrer.”

Clyde laissa l’enveloppe choir sur la table après avoir pris le temps d’observer la photo de la fameuse Sarah, dont l’apparence laissait en effet à penser qu’elle était parfaite sous tous rapports. Néanmoins, il considérait aussi qu’Halsey était capable de renvoyer une telle image, quand lui savait à quel point elle était construite et d’une fausseté inégalable. Alors, les apparences, il avait vite fait de passer au-dessus et de ne pas s’en faire une opinion trop arrêtée, surtout quand il y avait quelque chose à gagner. Pourtant, la curiosité prenait le pas sur l’aspect financier qui lui semblait inhérent à ce genre de demandes - c’était comme cela qu’il avait toujours fonctionné, et vu l’appartement que la blonde était capable de s’offrir, il ne doutait pas qu’elle avait sans doute quelques billets à aligner derrière. Alors, enfin, il but une nouvelle gorgée avant de reposer sa bière et de se pencher légèrement en direction de Raelyn, juste assez légèrement pour montrer qu’il n’était pas tout à fait désintéressé de cette histoire. “Elle t’a fait quoi, cette Sarah? Elle est de ta famille, elle aussi?” Étant donné le peu de confiance qu’elle avait placé en Halsey lors de leur rencontre, il ne serait pas vraiment étonné qu’il s’agisse d’une cousine, ou pire, d’une nouvelle sœur venue compléter la panoplie déjà exotique de la famille Blackwell. “S’il y a quelque chose à déterrer, je trouverai.” Peut-être s’avançait-il un peu trop sur la question, mais si cette fameuse inconnue avait une vie aussi plate et décente qu’il lui apparaissait, ce n’était pas vraiment le genre de personnes sur lesquelles il craignait de ne rien trouver. “Mais je fouille pas dans la vie des gens sans raison.” Évidemment, il le faisait dans le cadre de son boulot, du moins officiellement et selon la version servie à Raelyn. En réalité, il le faisait pour l’argent, ou les informations à obtenir en retour - et la plupart du temps, ses victimes le méritaient ou étaient suffisamment blindées pour ne pas mettre longtemps avant de lui donner ce qu’il attendait d’elle. Cependant, lorsque cela concernait des personnes lambda comme cette Sarah, il n’avait aucune raison de fouiner dans leur vie, surtout si elles ne le méritaient pas - et pour l’instant, il ne voyait pas comment cette femme avait fait quoi que ce soit de mal. Ni même ce que Raelyn pouvait bien lui reprocher, et comment lui avait un quelconque intérêt dans cette affaire.

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Raelyn Blackwell & @Clyde Wakefield

« On me le dit souvent. »
« Exagère pas non plus. »

Ça c’est ma spécialité à moi et je considère donc par extension que ça m’est strictement réservé. Le fait est que je ne le connais pas Clyde : il pourrait réellement être un bon gars, mais je n’y crois pas. Lors de notre première rencontre il m’a menti et, lors de la seconde, il est allé dans le dos de son associée pour me proposer un marché teinté de menaces. S’il ne m’a pas impressionnée moi - j’évolue dans un univers où je côtoie bien plus inquiétant et impressionnant que le brun sans ciller ou laisser paraître le moindre stress - je suppose que je ne suis pas son coup d’essai : ses talents, il a bien dû les utiliser sur d’autres.

Que ce soit clair : je n’ai pas confiance en lui. Mais il ne s’agit pas de moi, il s’agit d’Amos, il s’agit de rendre la monnaie de sa pièce à sa vipère de femme et de l’empêcher de le dépouiller lui de tout ce qu’il a. Je le fais moins pour ses possessions matérielles que pour son honneur et sa dignité : j’ai eu mal pour lui lorsqu’elle l’a dépeint père pathétique et dépendant devant le cour et il est hors de question que je la laisse recommencer. Elle n’a pas la moindre idée de à qui elle s’attaque la rousse et, pour Amos, je serais prête à tuer. Je l’ai d’ailleurs proposé ou en tout cas suggéré, mais la proposition n’a malheureusement pas été retenue. « Et c’est à moi que tu viens demander ça? » « Je vois personne d’autre qui se fait passer pour un détective dans le bar. » Oui c’est à lui. Et si je sais que je ne suis pas en position d’exiger ou même d’attendre qu’il me rende un service, je compte sur l’appât du gain. « Elle t’a fait quoi, cette Sarah? Elle est de ta famille, elle aussi? » Je secoue la tête, un rire amusé sur les lèvres. « S’il y a quelque chose à déterrer, je trouverai. » « T’es bien sûr de toi. » Une pointe d’humour teinte ce que, sans ça, aurait fortement ressemblé à une provocation. « Mais si je suis là, c’est que je compte là dessus. » Parce que, de la façon la plus détestable, il fait ses preuves : il m’a trouvée moi. Il a déterré bien plus enfoui que les secrets de l’ex-femme d’Amos et ça le rend d’office qualifié pour le job. « Mais je fouille pas dans la vie des gens sans raison. » Mon regard dans le sien, je tente de jauger ce qu’il attend de moi et ce qu’il convient de dire. Il a parlé de raison, pas de contrepartie et si je doute que ça viendra, là il s’intéresse au pourquoi. Est-ce vraiment important pour lui ? Dieu qu’il est pénible. « Pour le sport ça suffit pas ? » Je porte le goulot de ma bière à mes lèvres avant de laisser échapper un sourire narquois. « Pour ta belle famille ? » Je ne serais pas moi si je n’ajoutais pas un peu de mordant mais je ne suis pas là pour le braquer non plus : je n’aime pas parler de moi et me livrer, mais je c’est d’Amos qu’il est question et il faut croire qu’à ses côtés je découvre l’abnégation. « Elle en fait pas partie d’ailleurs. Dieu soit loué. » Je marque une pause avant de soupirer. « C’est une épine dans mon pied elle aussi. » Puisque Halsey et Clyde le furent eux aussi, et que je ne suis pas certaine qu’ils ne le soient pas encore. « … Mais pas que dans le mien. » Elle arrive la douloureuse confession et je me doute qu’il fera un rapport détaillé à ma demie soeur. « C’est avant tout une épine dans le pied de quelqu’un à qui je tiens beaucoup. » Quel doux euphémisme pour parler de l’homme dont je suis éperdument éprise. « Quelqu’un qui a eu la mauvaise idée de l’épouser elle y’a plus de vingt ans et qui cherche à s’en débarrasser. Quelqu’un que j’ai tout particulièrement envie d’aider à divorcer. » Même si j’avais d’abord suggéré des solutions plus radicales. « Mais c’est une vipère qui accepte pas la défaite, surtout quand la défaite me ressemble. J’ai besoin de toi pour lui forcer la main. » Déterrer quelque chose qu’elle ne peut voir étalé face à une cour de justice au risque d’entacher sa parfaite réputation.

“Exagère pas non plus.” Le sourire qu’il lui offrit en retour l’était, par contre, vu le peu d’amusement qu’il prenait réellement à échanger ainsi avec la blonde. En d’autres circonstances, elle aurait fait partie des personnes avec suffisamment d’esprit pour l’intéresser réellement, mais désormais elle n’était qu’une épine de plus dans son pied, comme il l’avait été pour elle. Assez ironiquement, elle revenait désormais vers lui pour l’aider dans une situation qui ressemblait étonnamment à celles qu’ils avaient eux-mêmes partagée, lors de l’arrivée du brun et d’Halsey à Brisbane. Alors, si cela ne faisait que raviver l’échec qu’ils avaient dû encaisser, Clyde devait tout de même noter qu’elle ne faisait sûrement pas appel à lui par hasard - et son ego aurait apprécié qu’elle l’admette. “Je vois personne d’autre qui se fait passer pour un détective dans le bar.” Évidemment qu’elle n’avouerait jamais directement qu’il avait touché juste pendant au moins un instant en la retrouvant, alors il se contenta d’un léger sourire qui laissait planer l’idée qu’il n’était pas dupe. Des vrais détectives, il y en avait des dizaines de sûrement tout à fait recommandables à Brisbane, mais Raelyn avait eu la preuve que Clyde n’en était pas à son coup d’essai en la matière. En faisant appel à lui, elle évitait également de donner l’occasion à quelqu’un d’autre de fouiller dans sa vie, puisque le brun en avait déjà pris la liberté sans même qu’elle ne le sache alors.

Pourtant, davantage que son ego, sa curiosité le titillait quant à ce que pouvait bien avoir fait cette pauvre femme dont l’image ne laissait pas à penser qu’il s’agissait vraiment là d’une criminelle. A première vue, et selon les informations que venait de lui fournir la blonde, il n’aurait aucun mal à la tracer et à déterrer ce qu’il fallait - à moins que, comme Raelyn, elle cache nombre de squelettes derrière la façade. “T’es bien sûr de toi.” Et c’est pour ça qu’elle était là, non? “Mais si je suis là, c’est que je compte là dessus.” A son tour, il afficha une moue provocatrice tandis qu’il prenait enfin une gorgée de sa bière - à croire que la proposition de la blonde commençait réellement à l’intéresser, après tout. “A moins que ce soit aussi une Blackwell, je suis sûr de moi.” Et ces mots servaient autant de rappel de ses propres compétences que d’aveu détourné quant au fait que la blonde pouvait s’estimer tranquille : il s’était heurté à un mur avec elle et en avait pleinement conscience, ce qui lui donnait désormais tout sauf l’envie de recommencer.

Néanmoins, il n’avait pas non plus de temps à perdre à fouiller dans la vie de sombres inconnus simplement pour les beaux yeux de Raelyn - ni l’envie de lui rendre ce service s’il n’y avait pas d’informations ou d’argent, ou les deux, à la clé. “Pour le sport ça suffit pas?” Elle pouvait laisser planer l’idée aussi longtemps qu’elle voulait en s’enfilant des gorgées et des gorgées de bière, qu’il lui offrirait toujours le même visage impassible tandis qu’il secouait la tête pour bien lui faire comprendre que son ego n’en était pas à ce point-là. Il avait une vie, accessoirement, et se faire passer pour un détective ne constituait pas la totalité de ses journées. “Pour ta belle famille?” Au tour du brun de lâcher un rire sec, peu enclin à avouer ce que représentait désormais Raelyn à ses yeux - pour peu qu’il arrive à mettre des mots sur ce qu’Halsey était pour lui, déjà. “Elle en fait pas partie d’ailleurs. Dieu soit loué.” “Dieu soit loué, oui.” Il avait assez à faire d’une belle-soeur avec des choses à cacher, alors il s’épargnerait volontiers une répétition de la même chanson ou de n'importe quel autre membre du clan. Heureusement pour lui, Raelyn semblait enfin disposée à lâcher le morceau, tandis qu’elle soupirait presque à regret. “C’est une épine dans mon pied elle aussi… Mais pas que dans le mien.” Pas que la brun apprécié d’être comparé à une épine, et pourtant, c’était désormais exactement ce que représentait la blonde pour lui - et il se demandait quelle serait l’issue de tout cela, même ce n’était ni le moment ni le lieu d’aborder le sujet. “C’est avant tout une épine dans le pied de quelqu’un à qui je tiens beaucoup.” Clyde arqua les sourcils sans même tenter de s’en prévenir, tandis qu’il se penchait un peu plus vers Raelyn. Elle-même savait qu’elle était sur le point de lui avouer quelque chose qu’elle aurait préféré taire, et il ne comptait pas manquer l’occasion de lui faire savoir qu’il en avait conscience. “Quelqu’un qui a eu la mauvaise idée de l’épouser elle y’a plus de vingt ans et qui cherche à s’en débarrasser. Quelqu’un que j’ai tout particulièrement envie d’aider à divorcer.” Si Clyde avait un instant cru à une cousine, la situation s’éclaircissait tout particulièrement désormais, et quand bien même il ne savait mettre de mots sur ce que représentait réellement cette personne pour Raelyn, il en avait une petite idée. “Mais c’est une vipère qui accepte pas la défaite, surtout quand la défaite me ressemble. J’ai besoin de toi pour lui forcer la main.” Le brun fit mine de réfléchir un instant, se demandant s’il était préférable de se montrer bien trop curieux et insistant au risque de la braquer, ou de laisser le soin à Halsey de tirer davantage de confessions de sa demi-sœur. Après tout, il n’était plus si intéressé par les personnes auprès de qui Raelyn pouvait s’abandonner, et ces informations ne lui serviraient que comme assurance, si d’aventure elle voulait lui causer davantage de problèmes que cela n’avait déjà été le cas. “D’accord.” Il le ferait, et son hochement de tête avait valeur de parole donnée à ses yeux. “Qu’on soit bien clair, je fais pas ça pour toi.” Ni même pour lui, en réalité. “Mais pour quelqu’un à qui je tiens beaucoup aussi.” Clyde n’avait plus besoin de mentir quant à ce qu’Halsey pouvait bien représenter à ses yeux, pas après avoir été jusqu’à menacer Raelyn juste pour protéger la brune. Pourtant, lui faire comprendre qu’il était là uniquement parce qu’elle l’avait poussé à venir au rendez-vous permettrait peut-être à Raelyn de comprendre que sa demi-sœur n’était pas totalement l’épine qu’elle se figurait. “Par contre, j’ai jamais donné dans le bénévolat.” Pas hier, pas aujourd’hui, et sûrement pas demain, vu la motivation qu’avait toujours constitué l’appât du gain.