You're the origin of love.

@SWANN MCGRATH & RORY

2018. La masterclass venait de s'achever. Tout autour de lui, les étudiants se dispersaient pour gagner l'extérieur de la salle. Certains s'arrêtaient à sa hauteur pour tenter de négocier une photo, aussitôt freinés dans leur élan par Michael, l'un des professeurs à qui Rory devait la plupart des conseils qu'il leur avait lui-même donné aujourd'hui. Ce studio, il n'y était plus retourné depuis la fin de ses cours, et pourtant par bien des aspects c'était comme si tout remontait à hier. Il se revoyait, assis dans l'un de ces fauteuils, happé par les discours qui se tenaient devant lui et plus que jamais convaincu de tenir la voie qui lui correspondait vraiment. Il avait vingt-ans la première fois qu'il avait mis un pied ici, et sept ans après Rory peinait encore à réaliser à quel point sa vie avait déjà changé. Grâce au studio, grâce à Donna, grâce à tous ceux qui à un moment ou à un autre avaient suffisamment cru en lui pour lui donner l'impulsion dont il avait besoin pour persévérer. Aujourd'hui, il avait plusieurs projets à la télévision et au cinéma à son actif, plusieurs tournages de prévus et de futures auditions à préparer. Sa vie était bien remplie, à tous les niveaux, et lui n'aurait pas pu être plus heureux de pouvoir afficher ce sourire fier face à ces jeunes à qui il n'avait jamais eu l'intention de mentir sur la dure réalité du métier, mais à qui il ne mentait pas quand il leur assurait que ça en avait profondément la peine. « Quand je pense qu'il y a quelques années, c'est toi qui étais à leur place. » Michael se posa à ses cotés, lui dont le regard bienveillant n'avait pas changé depuis la dernière fois. Il avait pris quelques rides, portait plus souvent ses lunettes, mais au fond il était toujours le même mentor qui l'avait toujours poussé à se dépasser. Sans lui, sans les autres, le Rory d'aujourd'hui n'en serait pas là. « Je suis toujours fier quand le talent d'un de mes anciens élèves est reconnu à sa juste valeur. » Son sourire s'étira, témoignant de sa reconnaissance et du fait que même des années plus tard, il était toujours aussi à l'aise entre ces murs. « Je vous dois tout, comptez sur moi pour ne jamais l'oublier. » Et il le savait, Michael, que Rory avait toujours une pensée pour le studio, qu'il faisait toujours en sorte de les tenir au courant de l'avancée de ses projets, allant parfois boire un café avec d'anciens camarades de promotion. Il n'oublierait jamais d'où il venait ni grâce à qui il en était là. « Ça m'a fait plaisir de passer un moment avec eux, il faudra remettre ça. » Parce qu'aussi étonnant que ce puisse être pour lui qui ne pensait pas avoir l'âme d'un pédagogue, il s'était pris au jeu. Aujourd'hui, on avait bu ses paroles, envié son parcours, et ça valait toutes les bonnes critiques du monde.

Rory avait fini par s'entretenir quelques minutes en tête-à-tête avec certains jeunes, puis il était naturellement reparti d'où il était venu. Cette journée, il l'avait organisée de façon à être certain de pouvoir faire tout ce qu'il avait prévu, et si le début de l'après-midi était dédiée à cette masterclass, les prochaines heures seraient entièrement consacrées à Swann. Swann, qu'il se languissait comme chaque fois de retrouver et qui plus que n'importe quoi d'autre lui donnait jour après jour envie de se dépasser. Parce que briller dans son regard à lui, c'était bien différent du reste. C'était ses sourires, ses baisers et ses encouragements qui donnaient aussi un sens à tout ça. Il était son socle, son tout et même si ça n'était pas tous les jours nécessairement parfait, c'était tout ce dont il avait besoin. Aujourd'hui, l'anglais entraînait l'équipe de juniors au terrain de football, une occasion trop belle de l'y rejoindre et de le regarder faire avec les mêmes yeux charmés et attendris que d'habitude. Ça lui faisait toujours quelque chose, de le voir avec ces enfants, parce qu'il pouvait lire dans le regard de l'anglais combien il prenait son rôle à cœur. En temps normal, fouler le sol d'un terrain aurait réveillé de vieilles blessures, mais lorsqu'il était question de Swann tout avait toujours un goût très différent. Tout à coup, rien ne comptait plus que de le voir s'épanouir et Rory lui était prêt à endosser son rôle de supporter – ou peu importe le rôle qu'il tiendrait aujourd'hui tant qu'il pouvait montrer à Swann que ce qui comptait pour lui, comptait pour tous les deux. Arrivant aux abords du terrain qu'il connaissait par cœur, Rory ne mit que quelques secondes à apercevoir Swann à l’œuvre avec sa jeune équipe. Mon dieu, faites qu'un jour il puisse se voir tel que moi je le vois, qu'il pensa en sentant un sourire tendre fleurir sur ses lèvres. Il pourrait rester des heures comme ça, en retrait à simplement observer sans rien dire, à penser à tout ce qu'il ferait s'il pouvait seulement lui tenir la main en public sans craindre d'attirer des regards qu'ils avaient toujours pris soin d'éviter. Il pourrait se contenter de penser aux moments d'intimité qu'ils retrouveraient dès ce soir, dans son appartement, lorsqu'il n'y aurait plus qu'eux. Il pourrait simplement attendre le moment où leurs regards se croiseraient, comme le jour où ses yeux avaient plongé dans les siens pour la première fois. Mais Rory ne voulait pas se contenter de le voir, c'est bien auprès de lui qu'il espérait passer les prochaines minutes. L'australien avança de quelques pas, ne rejoignant pas les tribunes comme n'importe quel autre spectateur mais s'approchant de la pelouse, les mains derrière le dos et le regard brillant d'une lueur amusée. « Besoin d'un assistant ? » Swann releva la tête et il sentit son sourire s'étirer un peu plus – jamais il n'avait autant réprimé son envie de l'embrasser, quand bien même ils n'étaient presque entourés que d'enfants. Il lui avait dit qu'il passerait, sûrement, cette semaine. Il avait juste fait un secret du fait que ce serait précisément aujourd'hui. Il ne voulait pas que l'anglais s'imagine qu'il mettait le reste entre parenthèses pour être ici, tout ce qu'il voulait c'était le voir faire ce qui lui faisait plaisir. Le fait que le football australien les rapproche comme tant d'autres choses, quand bien même lui n'avait plus joué depuis dix ans, ne rendait ça que plus précieux.

 

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Il ressemblait sûrement au parfait cliché du petit-ami impatient de retrouver sa moitié, avec son pas pressé, ses bras se balançant le long de son corps à défaut de tenir en place et cet immense sourire accroché aux lèvres. Rory exultait, parce qu'une journée déjà nettement positive était sur le point de prendre une tournure encore plus agréable, et que rien n'aurait pu l'empêcher de passer les prochaines heures auprès de Swann. Il s'accoutumait au quotidien qu'il leur faille faire preuve de prudence et de retenue lorsqu'ils se retrouvaient en public et que le reste du monde n'était pas censé se douter des sentiments qui les unissaient, mais ça n'empêchait pas son regard de briller d'une lueur vive et amoureuse chaque fois qu'il le rejoignait. Le terrain avait beau être immense et les enfants nombreux, Rory lui ne voyait que Swann. Il ne voyait que ses boucles balayées par le vent, ses sourires trahissant la complicité de ses échanges avec ces petites têtes blondes que l'anglais regardait avec bienveillance. De jeunes recrues qui pour certaines voyaient déjà leurs pères et mères s'installer discrètement dans les tribunes. Et si Rory avait peut être l'air de l'un d'entre eux quand il rejoignait le terrain à toute hâte, c'est en réalité pour leur séduisant coach qu'il était là. Leurs regards se croisèrent et le rythme de ses battements de cœur lui sembla doubler de vitesse. Ils étaient certes supposés réprimer ce qu'ils ressentaient, son corps lui ne pouvait pas s'empêcher de délivrer certains signaux pour témoigner du bonheur qu'il éprouvait d'être ici. Il se proposa comme assistant mais très vite, c'est l'une des petites joueuses de l'équipe qui pesta pour attirer son attention. La scène tira à l'australien un rire attendri : ça n'était pas exactement le genre de coup de main qu'il proposait de donner, mais une urgence était une urgence. « C'est parce que Swann s’entraîne dur pour pouvoir être le meilleur des coachs, il a besoin d'un assistant pour s'occuper de vos tresses pendant que lui s'occupe de vous. » Un sourire d'une infinie tendresse au coin des lèvres, il croisa le regard de l'anglais et se retint d'ajouter qu'à son humble avis, il était non seulement le meilleur coach dont elles auraient pu rêver, mais aussi le petit-ami le plus attentionné qui soit. Et tant pis si son objectivité était mise en doute, il ne partagerait de toute façon jamais cette pensée à voix haute si ce n'est auprès du principal intéressé, qui se contenterait de secouer la tête pour cacher que ses joues s'étaient mises à rougir. C'était ce genre de réactions, et tant d'autres choses, qui renforçaient sa conviction qu'il n'aurait pas pu être plus chanceux que le jour où sa route avait croisé la sienne. « Tu sais, j'ai deux sœurs, dont une plus petite que moi. Les tresses, c'est mon domaine. » Il assura à la fillette, ponctuant ses paroles d'un clin d’œil. La fillette qui pour peu lui rappellerait Wendy lorsqu'elle avait dix ans de moins et n'était pas encore une adolescente – une presque adulte, en réalité, puisqu'elle avait eu dix-huit ans cette année. « Tout est sous contrôle. J'espère juste qu'elles voudront pas toutes la même. » Il défit la couette de la petite et sépara ses cheveux en trois mèches, retrouvant le regard de Swann avec malice. Ce ne serait ni dans son intérêt à lui ni dans celui de Swann, qui espérait sans doute terminer son entraînement et non voir ses recrues se succéder pour un atelier coiffure improvisé. « Ça me fait plaisir d'être là. » Il souffla avec plus de tendresse encore, ses yeux ancrés aux siens comme si le reste du monde n'importait subitement plus.

Rory tâcha de se reconcentrer sur le moment présent, ne serait-ce que pour ne pas en oublier la tresse qu'il était entrain de réaliser, mais son cœur et chacune de ses pensées n'étaient déjà plus tournées que vers la promesse d'une soirée seul avec Swann. C'était toujours les moments qu'il attendait avec le plus d'impatience, ceux où ils n'auraient plus à faire attention à rien. Juste à profiter l'un de l'autre jusqu'au lendemain matin, protégés du monde extérieur dans un cocon qui n'attendait qu'eux. C'était génial et infiniment précieux, de voir son petit-ami à l’œuvre avec ces enfants, mais égoïstement il chérirait plus encore l'instant où il n'y aurait plus que lui pour accaparer son attention et profiter de sa tendresse. La suite le valut d'afficher une expression à demi-surprise, tandis qu'il s'assura auprès de la petite fille qu'il ne lui tirait pas trop les cheveux. « Oh, moi ? Bien sûr, oui, je peux m'en occuper sans problème. » L'idée répandit en lui un léger sentiment de panique, mais juste parce qu'il n'avait pas réellement joué lui-même depuis sa blessure au genou et n'avait pas plus d'occasions d’entraîner d'autres personnes que lui. Pourtant, la confiance que Swann plaçait en lui rien qu'à travers ces quelques mots signifiait beaucoup – elle signifiait tout, en réalité. « Si t'as pas peur d'hériter du rôle de coiffeur attitré pendant ce temps. » Il songea, dans un rire. Dans l'hypothèse où une autre de ses recrues ressentirait l'envie d'arborer une tresse et ne soit pas prête à attendre la fin de l’entraînement. Il lui sourit à nouveau, avec douceur, sachant bien qu'il avait toujours cru en lui plus que n'importe qui d'autre, et pas seulement quand un tournage le plongeait dans un état de stress tel qu'il se sentait tout à coup incapable d'assurer. Swann n'avait parfois qu'à plonger son regard dans le sien pour que Rory y lise instantanément tout ce qui était susceptible de l'apaiser. Comme à cet instant, où il prenait la peine de lui demander comment s'était passée sa masterclass, n'ignorant rien de la pression qu'il s'était mise avant d'y aller et ce que ça représentait pour lui, de conseiller des étudiants pour certains à peine plus jeunes que lui mais qui pour la première fois lui donnaient vraiment l'impression d'être cet exemple à suivre qu'il n'avait jamais vraiment aspiré à être mais qui était loin d'être une position qu'il irait refuser. Il avait expérimenté tout l'inverse quand il avait du arrêter le football et que plus personne ne voyait le moindre intérêt à continuer d'être amical avec lui – c'était bien plus simple de l'être quand il était encore l'une des figures populaires de son lycée – et c'était agréable aujourd'hui d'être perçu comme quelqu'un à qui on voudrait ressembler. « Très bien, oui. Ça m'a fait plaisir de revoir certains de mes anciens profs et de voir toute cette envie dans le regard de ces jeunes. » Une envie qui brillait au fond du sien lorsqu'il était à leur place. « Je crois qu'ils surestiment un peu l'importance de ma réussite, mais je peux pas leur en vouloir. Moi aussi quand j'étais à leur place, j'étais impressionné chaque fois que quelqu'un d'ici faisait parler de lui hors des frontières de l'état. » Ça lui tira un rire, parce qu'il avait été le premier à prendre ses aînés pour modèles et qu'il avait bien souvent lui-même assisté à l'une de ces masterclass en jurant que ça n'avait alors aucune importance d'arriver en retard pour son service dans le bar où il travaillait. « Tu pourras venir un jour, si tu veux. Ils laissent parfois entrer des personnes extérieures et si je leur dis qu'on se connaît, ça posera aucun souci. » Ses lèvres se parèrent d'un sourire dont seul Swann comprendrait ici le sens, et combien il se faisait l'écho de ses sentiments pour lui. « Mais je t'oblige à rien, je comprendrais que ce soit pas très intéressant d'entendre parler d'acting pendant une heure. » Il comprenait à tel point que son sourire ne fana pas, ses mains s'attelant à terminer la tresse sans plus chercher à lui laisser penser que ça lui ferait plaisir. C'était le cas, mais il n'avait pas à se sentir obligé de quoi que ce soit, il en faisait bien assez comme ça pour lui et il le savait. La fillette, elle, ne devait comprendre que la moitié de cet échange, quand Rory ne pouvait pas faire passer ses paroles pour autre chose qu'une proposition amicale. Elles étaient tout l'inverse, pourtant, et tout ce qui importait à ses yeux était de passer du temps avec Swann, peu importe où.

 

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Les gamines autour d'eux ne devaient pas avoir plus de dix ou douze ans, et pourtant c'est Rory qui souriait comme un enfant émerveillé dès qu'il posait les yeux sur Swann – ce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de faire, tout amoureux qu'il était. Le reste du monde pourrait bien partir en fumée qu'il ne remarquerait rien, trop occupé à remonter ses yeux dans les siens à mesure qu'il avançait dans la tresse qu'il était entrain de réaliser. Il était certes loin d'être un professionnel de la coiffure, mais avoir une petite sœur présentait un certain nombre d'avantages parmi lesquels celui de se perfectionner très tôt dans la réalisation de ce genre de coiffures. Wendy avait toujours porté les cheveux longs et elle avait exigé dès qu'elle avait été en âge de le faire que son grand frère devienne son coiffeur attitré. Elle aurait pu demander à Garrett, mais leur relation n'avait jamais été aussi fusionnelle qu'entre Rory et elle. Ils avaient un peu moins de dix ans d'écart, il était celui qui avait le mieux accueilli son arrivée et qui avait veillé sur elle dès ce jour-là. Beaucoup cédaient la place de benjamin avec un pincement au cœur, mais pour Rory la naissance de sa sœur avait été une vraie bénédiction. Il avait toujours été bien plus doué pour se soucier des autres que pour n'importe quoi d'autre et il était convaincu au fond de lui qu'il était né pour être un grand frère. Swann était sans doute le mieux placé pour savoir combien il prenait ce rôle à cœur et combien il se prêtait naturellement au jeu ici aussi. Mais ce que l'anglais savait aussi mieux que quiconque, c'était qu'il y a quelques années de ça c'est sur ce genre de terrains que Rory se sentait pleinement à sa place. Le football était à cette époque-là toute sa vie et dieu sait qu'avoir du arrêter l'avait brisé de plus d'une manière, lui qui s'était si longtemps construit autour de sa passion. Alors il savait que Swann espérait juste lui remémorer cette époque-là en douceur, en lui proposant d’entraîner les enfants comme il s'était sans doute maintes fois imaginé le faire, rien qu'en le regardant à l’œuvre depuis les abords du terrain et en sentant la nostalgie enrober son cœur. Un cœur qui toutefois battait toujours plus pour le jeune entraîneur que pour n'importe quoi d'autre, comme à cet instant où seuls ses yeux pouvaient vraiment rendre compte d'à quel point il voudrait pouvoir suspendre le temps une seconde et lui voler un baiser, là, comme la plus douce évidence.

Ses lèvres ne cessaient de s'étirer et dessinèrent bientôt la plus tendre des esquisses. Il aurait sûrement attendu qu'ils soient rentrés pour lui parler de sa masterclass, conscient d'accorder déjà beaucoup de temps à cette passion et désireux de prouver à Swann que rien ne comptait plus à ses yeux que de profiter du temps qu'ils passaient ensemble. Seuls, comme ce serait le cas tout à l'heure, ou bien comme ici entourés de gens qui n'avaient aucune idée de la puissance des sentiments qui les animaient. Il aimerait les crier à la face du monde, certaines fois, mais trouvait aussi son compte dans le fait de ne pouvoir officiellement l'aimer que lorsqu'ils se retrouvaient seuls chez lui. Cette intimité était devenue plus précieuse que n'importe quoi d'autre et il n'y avait jamais rien qu'il se languisse plus de retrouver que la chaleur de ses bras et de ses baisers. C'était ce qui comptait le plus, peu importe que sa carrière soit entrain de décoller. Peu importe aussi que de jeunes acteurs en herbe s'adressent à lui comme s'ils n'aspiraient qu'à lui ressembler d'ici quelques années. Ce n'était pas ce qu'il recherchait par dessus tout, ce n'était pas ce qui lui tirait un immense sourire tous les matins quand il s'éveillait tout contre Swann et qu'il songeait à combien il était chanceux. Et c'est pour toutes ces raisons qu'il n'avait jamais voulu qu'il se sente obligé de quoi que ce soit, y compris de mettre plus qu'un pied dans cet univers qui constituait toute une partie de sa vie mais qui ne remplacerait jamais ce qu'ils avaient, eux, lorsqu'il n'était plus Rory Craine mais juste le Rory qui pouvait se blottir des heures dans ses bras sans se sentir coupable le moins du monde. Cette masterclass, il est évident qu'elle faisait partie des choses qu'il serait plus qu'heureux de partager avec lui, mais Swann lui donnait déjà tant qu'il ne lui laisserait jamais penser qu'il pourrait être déçu qu'il préfère décliner. Alors son enthousiasme n'aurait pas pu lui faire plus plaisir, tandis que s'il n'y avait eu qu'eux Rory aurait sans doute glissé sa main dans la sienne sans plus empêcher ses doigts de s'entremêler aux siens. « Dans ce cas je décline toute responsabilité si je suis rien qu'un peu troublé ce jour-là. » Un peu, beaucoup. Il suffisait de voir l'effet que Swann pouvait lui faire rien pour se douter qu'une fois face à plusieurs rangées d'étudiants et celui qu'il aimait, il buterait plus d'une voix sur ses mots – mais pour sa défense, c'était toujours difficile de quitter le regard de l'anglais une fois qu'on y avait plongé le sien.

C'était d'autant plus vrai maintenant qu'ils supervisaient l’entraînement de ces jeunes recrues, si proches l'un de l'autre mais bien trop raisonnables pour partager davantage que de longs et profonds regards dont ils étaient les seuls à connaître le sens. Il y eut bien une seconde durant laquelle son auriculaire effleura doucement la main de Swann, dans une caresse si brève qu'il pourrait prétendre qu'elle n'avait jamais existé – le sourire qui fendit ses lèvres était lui-même bien trop discret pour que quiconque aux alentours puisse déduire quoi que ce soit. Les minutes filèrent en même temps que la météo se dégrada, et c'est tout le terrain qui se retrouva bientôt noyé sous des trombes d'eau. L’entraînement fut écourté, les parents sommés de récupérer leurs enfants pendant qu'une à une les jeunes recrues étaient raccompagnées. Et si Rory eut d'abord un pincement au cœur en pensant à cette après-midi gâchée dont Swann se faisait sans doute autant une joie que d'habitude, il fut très vite rassuré de le voir plaisanter et sourire malgré l'averse. Son rire se joignit au sien tandis qu'ils furent trempés jusqu'aux os. L'image avait quelque chose de romantique – et de terriblement clichée sans doute – alors qu'ils quittaient seuls le terrain pour prendre la direction de son appartement. « Je t'autorise à prétendre que tu me connais pas le moins du monde lorsqu'ils voudront un coupable et qu'ils remonteront jusqu'à moi. » Son rire se diffusa tout autour d'eux et il songea à peine que d'une certaine manière, ce ne serait pas si différent de ce qu'ils étaient bien forcés de prétendre d'habitude. Sans jamais aller jusqu'à prétendre être des inconnus l'un pour l'autre, ils ne pouvaient pas prendre le reste du monde à témoin de leur bonheur et de tout l'amour qu'ils se portaient mais à cet instant bien précis, Rory n'avait aucune envie d'y penser. Il n'y avait plus qu'eux, et d'ici quelques instants ils seraient seuls et libres de faire et dire tout ce qu'ils voudraient. Ce serait parfait, comme à chaque fois. Un immense sourire ému se plaqua subitement sur ses lèvres lorsque Swann s'approcha de lui pour déposer un baiser sur sa joue, les rues aux alentours suffisamment désertes pour qu'ils ne risquent rien. Jamais il n'avait autant eu hâte de rentrer, avec lui, et ça n'avait même rien à voir avec la pluie qui continuait de s'abattre. Pour preuve, leurs parapluies de fortune ne les abritaient qu'à moitié mais jamais un seul instant il ne pensa à se plaindre, bien trop heureux de vivre ça avec lui.

Swann et lui arrivèrent à l'entrée de la résidence et il lui fallut une seconde pour se souvenir du code d'entrée tant il se surprenait chaque fois à être un peu plus distrait à l'idée d'être enfin bientôt seuls et à l'abri du reste du monde, là-haut. « Je m'engage à te le rappeler aussi souvent que nécessaire pour que tu te sentes jamais coupable d'être ici plutôt que là-bas. » Il lui sourit en retour et entra avec lui à l'intérieur de l'ascenseur. A vivre comme ils le faisaient dans cette bulle, il en oubliait parfois que Swann avait son propre appartement qu'il délaissait très souvent au profit de ce loft où l'anglais et lui vivaient la plupart du temps ensemble. Ça s'était juste fait de la plus naturelle des façons, comme une évidence contre laquelle ils n'avaient à aucun moment cherché à lutter, et Rory chérissait chaque instant qu'ils pouvaient écrire derrière ces murs sans jamais craindre qu'on le leur vole. « Et s'il te faut un témoin pour attester que tu t'es bien occupé de ces plantes et que tu pourras pas être tenu pour responsable de ce qui pourrait leur arriver, je peux aussi t'accompagner. » Ses lèvres se retroussèrent cette fois avec malice, son corps se rapprochant par réflexe du sien lorsque les portes de l'ascenseur se refermèrent pour leur offrir un premier vrai moment d'intimité et de solitude. Il y avait toujours le risque que quelqu'un monte à l'étage supérieur et c'est l'unique raison qui le retenait encore de se presser contre lui pour l'embrasser. Une fois ses lèvres scellées aux siennes, il aurait bien trop peur de ne plus pouvoir s'en séparer. « Je repars pas avant la fin de la semaine prochaine, et Donna m'a promis que je pourrai rentrer souvent. » Son regard plongea dans le sien avec douceur. C'était sa manière de lui dire qu'ils avaient encore plus d'une semaine devant eux pour profiter l'un de l'autre autant qu'ils le voudraient. Il avait déjà passé trop de temps entre deux avions et deux plateaux de tournages, et pour ça Rory voulait lui prouver qu'il faisait tout pour en passer autant que possible avec lui. C'était de plus en plus difficile de s'éloigner de Brisbane à mesure que les années passaient et que son être éprouvait chaque fois le besoin de lui hurler combien il lui manquait. Arrivés au bon étage, il sortit le premier puis se retourna une seconde vers lui pour lui sourire, le cœur impatient de laisser derrière eux tout ce qui n'aurait pas sa place dans leur cocon.

Une fois la clé enfoncée dans la serrure et la porte ouverte, c'est sa main qu'il glissa dans celle de Swann pour l'attirer à l'intérieur. L'air paraissait toujours plus doux ici qu'ailleurs, et tout dans cet endroit trahissait le fait qu'ils y vivaient tous les deux pour le plus grand bonheur de l'australien qui ne s'y sentait vraiment chez lui qu'en présence de Swann. Ses bras passèrent doucement autour de lui et Rory oublia un instant l'averse et leurs vêtements trempés pour le serrer comme s'il n'en avait plus eu l'occasion depuis des mois. En réalité, leur dernière étreinte remontait à ce matin mais comme toute personne éperdument amoureuse, Rory avait sa propre notion du temps. Son visage n'attendit pas pour s'approcher du sien et ses lèvres pour l'embrasser, enfin, comme il en avait rêvé dès l'instant où il l'avait rejoint sur ce terrain de football. Son front contre le sien un instant, il songea qu'il pourrait rester comme ça pour toujours. « Je propose qu'on se change et qu'on fasse sécher tout ça avant de tomber malades. » Ils étaient chez eux à présent, ils n'avaient plus à craindre ni la pluie ni le reste, et la dernière chose dont il avait envie c'était de tomber malade alors qu'il pourrait profiter pleinement du temps passé avec l'anglais. « N'y vois rien de tendancieux. » Il reprit dans un sourire en coin, comme s'il était la dernière personne susceptible de glisser un sous-entendu là-dessous quand en vérité ils savaient tous les deux que l'australien serait bien le dernier à se plaindre de voir l'anglais se séparer de ses vêtements, pour quelle que raison que ce soit. « Même si je dois reconnaître que tu fais un entraîneur très sexy... » La malice brilla au fond de ses yeux tandis qu'il prit soin d'insister sur la fin de sa phrase. Comme s'il n'avait pas déjà été incapable de détacher son regard de lui tout à l'heure, le cœur gonflé de fierté de le voir avec ces enfants. Il n'avait sûrement pas besoin de lui préciser que s'il pouvait encore jouer lui-même il ne voudrait d'aucun autre entraîneur que lui, et pas seulement pour pouvoir le dévorer des yeux sans jamais se sentir coupable une seconde.

 

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Ce loft était le leur. Pas le sien, le leur. Ils n'avaient pas besoin de rendre l'emménagement de Swann officiel en invitant leurs amis autour d'un bon repas, pas plus que d'ajouter son nom à coté du sien sur sa boite aux lettres pour savoir que cet endroit n'avait vraiment une âme que depuis qu'ils y vivaient tous les deux. Swann aurait toujours son propre appartement où il continuerait de se rendre pendant que Rory partirait parfois pour tourner à l'autre bout du pays et se languirait du moment où ils pourraient enfin se retrouver. Mais malgré ça, c'était parfait et chaque nouvelle journée à l'aimer derrière ces murs ne faisait que le rendre un peu plus certain qu'il avait tout pour être heureux tant que Swann était auprès de lui. Se réveiller dans ses bras, refaire le monde avec lui jusqu'à trois heures du matin quand l'un ne parvenait pas à dormir et que l'autre restait éveillé à son tour, s'imaginer toutes les transformations qu'ils pourraient faire pour que ce loft devienne non plus seulement leur cocon mais aussi un endroit où ils pourraient rêver et faire des projets ensemble. Voilà tout ce qui le rendait heureux dès qu'il était là. Voilà tout ce qu'il voudrait vivre en continu, chaque matin où il ouvrirait les yeux et que la première chose qu'il verrait serait lui. Si un jour ils se lassaient de vivre en centre-ville, alors ils partiraient vivre ailleurs. Si un jour ça n'était plus assez grand, alors ils changeraient pour un endroit plus parfait encore. Et si un jour ils voulaient d'un jardin, d'un étage, d'une maison, alors ils achèteraient tout ça. Parce que ça n'était pas ces quatre murs qui faisaient son bonheur, mais le fait d'y vivre avec lui. « Tant mieux, parce que je me sens jamais aussi bien que quand t'es ici. » Il le savait parce qu'il avait déjà bien du le lui dire un million de fois, mais peu importe, Rory ressentait le besoin de lui rappeler. Son sourire et son regard se faisaient les parfaits miroirs de ses sentiments et de la joie qu'il éprouvait rien qu'à l'idée que d'ici quelques minutes, ils seraient enfin pleinement seuls et n'auraient plus à penser à quoi que ce soit d'autre qu'à profiter l'un de l'autre pendant des heures s'ils le voulaient. Et parce qu'il devait chaque fois se faire violence pour laisser ne serait-ce que la plus petite distance les séparer, l'idée d'accompagner Swann la prochaine fois qu'il irait jusqu'à son appartement se voulait particulièrement attirante. Ils passaient peut être le plus clair de leur temps entre ces murs, mais ça n'empêchait pas Rory de profiter de chaque occasion qui se présentait pour plonger dans l'univers de l'anglais. Alors qu'il ait besoin d'un témoin ou de quelqu'un pour l'aider à s'en sortir avec des plantes récalcitrantes, il serait là. « Tu sais que si un jour tu veux que tes plantes rejoignent le reste de tes affaires au loft, on pourra leur faire une place sans problème. » Il souffla sans aucune intention de lui forcer la main ou de lui laisser penser qu'il voyait un inconvénient à l'accompagner à son appartement quand il y faisait un saut. C'était toujours chez lui, et ils savaient tous les deux qu'il était plus simple qu'il puisse y recevoir ses amis et sa famille sans jamais dévoiler leur relation aux regards extérieurs. C'était juste une manière de lui dire qu'il pousserait les murs de son loft si ça pouvait lui permettre d'y prendre encore plus de place : il voulait tout partager avec lui et que cet endroit leur ensemble à tous les deux. Alors si un jour il voulait n'avoir que quelques pas à faire pour arroser ses plantes, ils trouveraient la place qu'il faudrait. Rory, lui, ne comptait aller nulle part avant d'y être obligé. Pas avant une poignée de jours, ce qui leur laissait tout le temps de profiter d'une intimité totale. Intimité qui commencerait dès qu'ils seraient sortis de l'ascenseur mais à laquelle ils goûtaient déjà, si proches l'un de l'autre que son cœur rata un battement sous le coup de l'impatience.

Il leur suffit d'à peine quelques pas pour se retrouver à l'intérieur et moins d'une seconde à la porte pour se refermer et les isoler du reste du monde. C'était ce dont il avait rêvé des heures entières, lorsqu'il ne pouvait pas encore se permettre de le tenir contre lui et de l'embrasser. A présent, il profitait pleinement de ce luxe et n'éprouvait plus aucune pudeur. Ses bras ne cessaient de l'étreindre et de le rapprocher de lui, tandis que ses lèvres n'avaient de cesse de cueillir les siennes, longuement, sans jamais qu'il ne songe à s'en détacher. Ce n'est qu'après plusieurs secondes qu'il se rappela de l'averse et du fait qu'ils avaient à peine eu de quoi s'en abriter. L'unique raison pour laquelle il proposa à l'anglais de se débarrasser de leurs fringues trempées par la pluie, bien sûr, car loin de lui l'envie d'y cacher une proposition qui n'aurait rien d'anodine. Après tout, il n'avait pas fondu sur ses lèvres à peine entré et ne laissait pas ses doigts s’immiscer sous le haut de Swann avec l'envie de réchauffer sa peau... Tout ça n'était qu'une suite de coïncidences qui ne signifiaient en aucun cas qu'il préférerait l'étreindre sans être gêné par l'épaisseur de ses vêtements et de préférence, entre des draps bien chauds. Pourtant, son rire se joignit au sien pour prouver le peu de volonté qu'il avait chaque fois qu'ils se retrouvaient tous les deux et qu'ils pouvaient enfin se retrouver loin des autres, loin de tout. Rory était déjà prêt à plaider des circonstances atténuantes, après tout il était resté près d'une heure à l'observer à l’œuvre avec ces enfants et si quelqu'un n'était jamais insensible face à l'anglais, c'était bien lui. Lui, donc, qui s'apprêta à admettre qu'il avait peut être bel et bien une idée derrière la tête pour profiter avec lui des heures qui s'offraient à eux, mais qui resta silencieux lorsque les mots bientôt soufflés par Swann firent battre son cœur dix fois plus vite et dix fois plus fort. Un sourire immense et d'une infinie tendresse fleurit sur ses lèvres qui s'empressèrent de souffler à leur tour. « Moi aussi je t'aime. » Et lui aussi avait eu terriblement envie de lui rappeler à quel point tout à l'heure, quand il ne pouvait l'exprimer qu'à travers des regards dont seul l'anglais connaissait le sens. Ici, enfin, les mots pouvaient être soufflés sans crainte et amenaient avec eux le plus grand des bonheurs. « Je me lasserai jamais de l'entendre et je me lasserai jamais de te le dire. » Avec son regard brillant, ses mains toujours plus pressées de retrouver sa peau et son sempiternel sourire, il avait toute la panoplie du type éperdument amoureux et ça lui allait bien. Si quelqu'un méritait chaque bout de l'amour qu'il lui portait, c'était bien Swann. Swann et sa tendresse, Swann et sa peau si douce, Swann et ses adorables fossettes. Swann.

Son dos rencontra le mur sans qu'il n'oppose aucune résistance, ses baisers étant la dernière chose au monde qu'il souhaite écourter et ses lèvres ne se firent pas prier cette fois encore pour les prolonger. Swann avait raison, il était gelé et si c'était bien la dernière de ses préoccupations, la manière qu'eut l'anglais de le débarrasser de ses vêtements trempés ne fut en rien pour lui déplaire. Il se laissa faire sans jamais briser leur proximité ni empêcher ses lèvres de butiner sa peau ou ses mains de s'y prendre. Il n'avait quasiment déjà plus rien sur lui mais paradoxalement, il avait bien plus chaud maintenant que Swann était tout près et que les battements de son cœur se faisaient l'écho des siens. Étendu sur les draps, c'est un sourire malicieux qu'il retrouva au moment où l'anglais retira ses vêtements à son tour et finit par le rejoindre sans qu'à un seul instant Rory n'éprouve l'envie de se défaire de cette étreinte. Bien au contraire, ses bras l'accueillirent avec bonheur et ses lèvres lui volèrent déjà un nouveau baiser, puis un deuxième, et sans doute un million d'autre si on ne l'en empêchait pas. A ses mots, il rit contre ses lèvres, colla son front au sien et remonta ses mains le long de son dos pour le tenir toujours plus près. Tendancieux, ses regards à eux seuls l'étaient suffisamment pour que l'anglais saisisse qu'il ne regrettait ni le sort réservé à leurs vêtements, ni cette proximité enfin retrouvée. « J'étais entrain de réfléchir à comment on pourrait décider de vivre exclusivement dans cette chambre et dans ce lit, à compter d'aujourd'hui... » Et pour une durée indéterminée. Quoi, ça n'était pas ce dont ils étaient entrain de parler avant que les baisers et les caresses de Swann lui fassent complètement perdre le fil de ses pensées ? Eh bien, c'était une idée séduisante quoi qu'il en soit. « Je pourrais faire une pause après mon prochain tournage, tu pourrais faire pareil et t'arranger avec Martin. On aurait à quitter ce lit que pour se doucher et récupérer les repas qu'on se serait fait livrer. » Un programme qui aurait un millier d'avantages, il est vrai, en dehors même de celui de passer le plus de temps possible sous ces draps. « On ferait installer une télé dans la chambre, même si on la regarderait pratiquement jamais. Et Wendy nous tiendrait au courant de ce qui se passe à l'extérieur puisqu'on mettrait plus jamais le nez dehors... » Et puisque dehors ils ne pouvaient pas montrer combien ils s'aimaient, ça ne lui semblait pas être une si grande perte après tout. S'il avait Swann, de quoi pourrait-il bien avoir besoin d'autre ? Bien sûr, ce fantasme avait tout de séduisant parce qu'il avait aussi tout d'irréalisable, mais il suffisait qu'il croit ça possible l'espace d'une seconde pour que la magie opère. Ses yeux brillants n'avaient pas quitté les siens. « Mais je crois... » Il n'alla même pas au bout de sa pensée et retrouva ses lèvres dans un énième baiser passionné tandis qu'il le fit doucement rouler sur le matelas pour inverser leurs positions et le surplomber, son visage toujours proche du sien. « Je crois qu'il faut d'abord qu'on fasse un essai pour s'assurer que tu te lasserais pas, à force. » Son sourire, lui, ne laissait planer aucun doute. Rory ne se lasserait jamais de l'avoir pour lui seul et pas seulement parce qu'il pourrait passer ses journées à laisser ses mains et ses lèvres flirter avec sa peau comme à cet instant. Et prendre définitivement goût au fait de respirer son odeur dans le creux de son cou, où il nicha son visage pour le parsemer de baisers.

 

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Ça avait forcément tout d'une bonne idée, si ça lui permettait de passer des journées entières blotti dans les bras de Swann, sans jamais éprouver ni lassitude ni culpabilité. Coupés de tout, ils ne pourraient qu'être heureux. Loin du monde extérieur, sans responsabilités ni rien d'autre à quoi penser que les innombrables façons dont ils se prouveraient combien ils s'aimaient. Sa peau, ses boucles, il n'y avait pas un endroit où les doigts de Rory n'iraient pas se perdre à chaque instant qu'ils passeraient dans cette chambre à oublier tout ce qui ne serait que futile et accessoire tant qu'ils n'auraient besoin de personne d'autre pour vivre un bonheur des plus parfaits. Et à ce jeu, Rory n'avait pas la moindre chance de se lasser. Il se retenait bien trop de saisir la main de Swann chaque fois qu'ils étaient dehors, il s'empêchait bien trop de l'embrasser au milieu de la foule et de répondre amoureusement à chacun de ses regards. Alors pour toutes ces raisons, il était plus que prêt à dresser un mur entre le reste du monde et eux, peu importe les détails ou les problèmes que ça finirait par soulever. Il n'avait pas envie d'y penser. La seule chose dont il ait envie, c'était de croire que tout pouvait être aussi simple que ça, que leur histoire pouvait l'être autant qu'ils le voulaient elle aussi et que tant qu'ils resteraient ici tous les deux, le reste n'avait pas besoin d'avoir la moindre importance. « Je sais pas, j'ai peur qu'une semaine ce soit trop juste pour vraiment bien se rendre compte. » Son regard clair ancré au sien, il laissa ses lèvres étirer le plus doux des sourires tandis que ses mains étaient occupées à le rapprocher encore un peu plus de lui. A présent tout prétexte était bon pour éterniser cet essai et prendre goût au fait de l'avoir au plus près de lui le plus tôt possible. Une semaine ou bien deux, quelle différence ça ferait s'ils décidaient que le reste du monde n'avait plus aucune raison d'importer. Ils trouveraient sans aucun doute un millier de façons d'occuper les longues heures qu'ils passeraient tous les deux dans cette chambre, et pour la première fois en trois ans les regards extérieurs n'importeraient aucunement. Ce serait juste Swann et lui, dans le loft qu'ils partageaient, et ça ne pourrait qu'être parfait.

Rory scruta pourtant le regard de l'anglais avec inquiétude lorsque celui-ci reprit la parole et que cessa la pluie de baisers que le brun déposait jusqu'ici sur sa peau. Ses lèvres s'y attarderaient à nouveau plus tard, car à cet instant tout ce qui importait c'était d'écouter ses doutes et de le rassurer. « Je le sais, oui. » Il souffla doucement, ses mains toujours liées à celles du blond et ses doigts s'entremêlant aux siens un peu plus fort comme par réflexe. Il n'y avait aucune raison pour que ce qui suive compromette quoi que ce soit de ce qu'ils partageaient à cet instant, pour autant une petite partie de lui ne pouvait pas s'empêcher d'appréhender. Le regard de Swann se faisait pourtant aussi rassurant que le son de sa voix, et c'est finalement dans un sourire troublé – un peu rassuré aussi – que le brun accueillit les paroles de l'anglais. « Oh, Swann. » Il aurait pu l'appeler mon cœur comme tant de fois il l'avait déjà fait, mais il n'y avait rien qui sonne plus joliment à ses oreilles que lorsqu'il soufflait son prénom. Il pourrait passer des heures entières à le faire, juste parce qu'il aimait l'idée qu'il n'aurait jamais à arrêter et que d'ici plusieurs années, il y aurait probablement toujours autant d'amour dans sa voix lorsque son prénom s'échapperait de ses lèvres. « Bien sûr, oui. » Bien sûr que cette idée avait tout de séduisante et qu'à force de dire qu'ils aimerait passer du temps rien que tous les deux hors de Brisbane, il semblait plus que temps de faire ce qu'il fallait pour que ce soit enfin plus qu'un souhait. « On pourrait, et on va le faire. Si tu savais combien j'en ai envie moi aussi. » Il n'y avait rien qu'il souhaite plus que de passer le reste des journées qu'il aurait à vivre à ses cotés, que ce soit dans cette bulle qui prenait comme si souvent la forme de cette chambre ou n'importe où ailleurs, pourvu qu'il soit avec lui. Ailleurs, là où Rory ne pouvait s'empêcher de se demander si ce ne serait pas plus simple. Loin de leurs familles, de leurs amis, de toutes les personnes à qui ils cachaient ce qu'ils représentaient réellement l'un pour l'autre, ce que signifiait chacun de leurs regards et de leurs sourires. Parce qu'ailleurs, la pression serait moindre et eux un peu plus libres de s'aimer comme ils en rêvaient depuis le départ. Rien qu'un temps, loin de tout. Ça ne pouvait réellement être que la plus douce des perspectives. « Je finis de tourner dans deux mois, je dirai à Donna de décaler les masterclass que j'étais censé donner après ça. Ça aurait jamais du devenir du long terme, de toute façon. » Et si Rory s'était laissé convaincre de dispenser ses conseils à des étudiants, il était hors de question que ça impacte sa vie personnelle et compromette les moments qu'il pouvait passer seul avec Swann. Ils en avaient besoin, comme de se retrouver tous les deux là où personne n'aurait besoin d'eux avant qu'ils décident de se rendre à nouveau disponibles. Rory ne le serait à ce moment-là que pour l'anglais, qui n'avait jamais hésité à le soutenir dans chacun des nouveaux projets qui s'étaient concrétisés pour lui. Il avait été là, toujours, et s'était toujours montré d'une patience absolue. Rory se considérait comme le plus chanceux de partager la vie d'un être aussi aimant et conciliant, et aujourd'hui il éprouvait l'envie de lui rendre un peu de tout ce qu'il avait fait pour lui ces trois dernières années.

« Non, attends... Swann, je te dois des excuses. » Cette fois, c'est l'australien qui rompit doucement la tendresse et la chaleur de ce baiser pour retrouver son regard et lui sourire, pour qu'à son tour Swann soit parfaitement rassuré. « Je sais qu'avec mon boulot c'est difficile de prévoir des vacances, des week-ends. Et je pourrai jamais assez te remercier pour le soutien et la patience que tu m'offres depuis le premier jour, parce que c'est ce qui me donne chaque fois la force de repartir même quand m'éloigner de toi est chaque fois la dernière chose dont j'ai envie. » Quand bien même il aimait son métier, il aimait bien plus encore partager sa vie et c'est toujours avec un immense pincement au cœur qu'il repartait. Et puis le temps passait, plus ça lui était difficile et plus Rory rêvait du moment où rien n'importerait de nouveau plus que de lui prouver à quel point il l'aimait. « Je t'assure que tout ça, ça m'a jamais paru aussi secondaire que depuis que tu es dans ma vie. » Parce que si Rory avait toujours été sûr d'une chose, c'est qu'il avait bien plus besoin d'amour que de reconnaissance. Il était fier du parcours qu'il avait accompli parce qu'il ne s'en pensait pas capable le jour où une blessure avait fait basculer ses rêves du tout au tout, mais s'il était si heureux de faire ce qu'il aimait jour après jour, c'était parce qu'il savait qu'il retrouverait Swann. Tourner n'aurait pas le même intérêt s'il ne pouvait pas l'appeler entre deux séquences. Tout comme ça n'aurait pas le même intérêt de se voir sur grand écran si Swann n'était pas à coté de lui pour admirer le résultat. Parce qu'ainsi, chaque sacrifice semblait en avoir valu la peine et c'est dans ses bras qu'il pouvait enfin décider de souffler. Et dieu sait qu'il ne ferait que ça, si le choix lui était donné demain. « Je sais que tu me demanderas jamais de choisir, parce que je sais que t'es pas comme ça. » Rory prit doucement son visage entre ses mains et laissa son pouce caresser sa joue. « Mais je veux que tu saches que ce serait toi. Toi que je choisirais toujours, peu importe ce qu'il y aurait en face. » Et il ne pourrait pas le lui exprimer plus clairement qu'à la façon qu'il eut de l'embrasser, ne détachant ses lèvres des siennes qu'après plusieurs secondes pour souffler, tout contre elles. « Sauf peut être un kilos de crème glacée. Mais ce serait très, très serré. » Et finalement voir le coin de ses lèvres s'étirer dans un sourire tendre, et ses bras l'étreindre un peu plus fort pour le garder contre lui et nicher son visage dans son cou. Ces vacances avec lui, il en rêvait réellement plus que tout.

 

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Personne mieux que Swann ne savait faire naître un sourire sur ses lèvres parce que personne mieux que Swann n'avait jamais su le rendre heureux. Et c'était aussi vrai pour la manière dont l'inquiétude qu'il éprouvait lorsqu'il était question de l'anglais se voulait plus forte et écrasante qu'aucune autre. Parce qu'il l'aimait au point que la seule idée de le blesser, même indirectement, lui était insupportable. Parce qu'il l'aimait au point de vouloir dédier chaque minute de sa vie à faire son bonheur, peu importe que la distance s'immisce parfois entre eux et qu'il se retrouve à plusieurs centaines de kilomètres de là à lui rappeler par messages tout ce qu'il représentait pour lui. Même là-bas, même quand il entrait dans la peau de quelqu'un d'autre le temps d'une scène, il ne se passait pas une minute sans qu'il ne pense à lui, à eux. Ainsi chaque mot qui s'échappait des lèvres de Swann – quand il ne l'empêchait pas de parler en les couvrant de baisers – savait toujours le toucher plus que n'importe quels autres. Qu'ils fassent de lui l'homme le plus heureux ou qu'ils réveillent chez lui une profonde envie de le rassurer, le reste du monde pourrait s'effondrer que Rory ne prêterait toujours attention qu'à lui. Et pas une seule partie de lui n'hésiterait à tout laisser tomber, son tournage comme les suivants, s'il avait la plus petite raison de penser que ça les empêcherait de prendre ces vacances dont ils avaient besoin. Pour se retrouver loin de tout, de cet endroit où leur seul moyen de s'aimer était de le faire à l'abri des regards, où tout ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre se devait d'exister derrière une porte close. Rory était fatigué de prétendre mais chaque jour il se rappelait pourquoi ça valait infiniment mieux que de ne pas l'avoir auprès de lui, de ne pas pouvoir s'aimer du tout. Combien Swann en valait la peine, chaque jour. Tout ce qu'il leur fallait, c'était prendre un peu de distance avec tout ça et décider que pendant quelques jours, les choses seraient plus simples. Peut être rien qu'un peu, mais le plus petit espoir de pouvoir s'aimer comme n'importe quel autre couple était déjà énorme à leurs yeux. Alors ils partiraient, Rory ne comptait laisser personne lui dire que ça n'était pas possible. Un film, ça pouvait toujours attendre. Des masterclass, il y en aurait encore beaucoup et il n'aurait que plus de choses encore à apprendre à ces jeunes par la suite. Swann, lui, passerait toujours en premier.

Parce que si l'anglais savait déjà combien il aimerait leur faciliter les choses, Rory éprouvait malgré tout le besoin de lui répéter combien il voudrait pouvoir faire encore plus, pouvoir faire mieux encore pour lui qui lui donnait tant depuis plus de deux ans. Swann était la personne la plus aimante qui n'ait jamais croisé sa route, mais il était aussi un petit-ami dévoué qui savait toujours comment apaiser ses doutes et calmer ses craintes. Qu'il trouve les mots justes ou se contente de le serrer contre lui en silence parce qu'auprès de lui, rien n'était jamais insurmontable. Comme s'il était ce qui guidait les rayons du soleil jusqu'à lui. Rory avait longtemps vécu avec l'idée qu'il avait besoin de la reconnaissance de ses parents ou de ses aînés pour vivre heureux, mais le jour où il avait rencontré Swann tout s'était finalement éclairé. C'était d'un amour inconditionnel dont il avait besoin pour prendre conscience de ce qu'il valait et de se voir à travers le regard de quelqu'un qui saurait enfin le percevoir tel qu'il était vraiment. Pas comme un presque footballeur, pas comme un acteur presque accompli, pas comme un fils dont on était presque fier ou un type qui en amour suffisait presque au bonheur des autres. Avec lui, tout ce qui l'avait fait se sentir incomplet avait enfin trouvé cette part de lui-même qui lui avait toujours manqué. Avec lui, c'était chaque jour qu'il était heureux et chaque jour qu'il avait l'impression d'en valoir la peine.

C'est pour ça qu'il avait tant à cœur depuis le premier jour de lui montrer combien il avait changé sa vie et combien il ne voudrait plus d'un monde dans lequel ils n'étaient pas ensemble, à s'aimer peu importe la manière pourvu qu'ils soient tout simplement heureux. Pour ça qu'il donnerait tout ce qu'il avait pour passer une seule journée de plus blotti entre ses bras, à sourire au contact de ses lèvres et songer aux milliers de raisons pour lesquelles il était la meilleure chose qui lui soit arrivée. Pour ça qu'il le choisirait toujours, et qu'il passerait des heures entières à le regarder coacher des enfants et faire un merveilleux entraîneur pour eux. Même sous des trombes d'eau, il sourirait rien que de le voir faire ce qu'il aimait. Et ici, bien au chaud entre ces draps, il était encore le seul qui importe. « Et c'est maintenant que je te réponds que la seule histoire que j'ai envie d'écrire, c'est la notre. » Son sourire répondit comme toujours au sien avec douceur, un voile de malice passant dans son regard tandis qu'il colla leurs deux fronts un instant. « D'ailleurs je dois te prévenir, le script ne prévoit aucune fin. » Il sourit plus encore contre ses lèvres. Aucune fin, d'aucune sorte. Avec lui, il n'avait pas envie d'écrire un quelconque dénouement parce qu'il l'aimait bien trop pour éprouver un jour l'envie de s'éloigner. S'il le faisait géographiquement lorsqu'un tournage le rappelait ailleurs, la force de ses sentiments pour lui ne cessait jamais de grandir et chaque retrouvaille lui paraissait toujours un peu plus belle car Swann, lui, était tout ce qu'il avait de plus précieux. Finalement, la douceur de son sourire se faisait l'écho de celle brillant au fond des yeux de l'anglais, qui elle-même reflétait celle de chacun des gestes de Rory. Tout était parfait, et l'australien buvait chacune de ses paroles. « Je m'en moque des autres, tu le sais ? » Son regard clair plongea dans le sien et laissa de nouveau transparaître toute la tendresse que savait toujours lui inspirer Swann. Il disait se sentir heureux lorsqu'il pouvait river son regard vers le sien comme le faisaient les autres lorsqu'il tournait un film et qu'il était ensuite projeté dans une salle obscure. Seulement Rory, lui, faisait abstraction de ces autres. Il aimait son public, mais il l'aimait encore bien plus, lui. « Je veux dire, si demain tout devait s'arrêter et que tout le monde ne me voyait plus que comme un has-been qui a laissé passer sa chance... » Car Rory avait beau être un optimiste, il savait aussi combien les rêves étaient fragiles. Il avait tout perdu une première fois, dix ans plus tôt. « Je me relèverai parce que la seule chose sans laquelle je peux pas vivre, je la tiens en ce moment entre mes bras. » C'était lui. Pas le Cinéma, pas les tournages, pas ces gens qui s'intéressaient de près à sa carrière mais qui trouveraient quelqu'un d'autre à admirer s'il n'était plus là. Il était heureux de la vie qu'il menait, mais c'est avec lui qu'il écrivait sa plus belle partie. « Je veux réussir, mais ça me suffit amplement s'il n'y a que dans ton regard que je me sens toujours aussi spécial. » Et c'était le cas, chaque jour depuis que Swann était entré dans sa vie. C'était le cas quand il se perdait dans ses yeux et qu'il y lisait tout ce qui brillait aussi au fond des siens lorsqu'il ne voyait – comme souvent – que par lui. Et s'il pourrait le remercier pour ça comme pour tout le reste, mettre des mots sur tout ce que représentait pour lui le fait d'être aimé comme il ne l'avait jamais été, c'est par un baiser que Rory s'exprima cette fois. Ses lèvres contre les siennes, ses doigts entremêlés aux siens, il ne pensait à rien d'autre qu'à la vitesse à laquelle battait toujours son cœur quand il était là. Au fait que leurs deux cœurs ne semblaient plus en former qu'un seul, à chaque fois. « Combien de kilos de crème glacée tu crois qu'on devrait prévoir avant de commencer cet essai ? » Les baisers reprirent en même temps que des rires émanèrent d'en-dessous les draps. Il commanderait toute la glace du monde si ça lui donnait le droit de se couper de celui-ci pour rêver à une vie avec lui. Et lorsqu'enfin son regard retrouva le sien, les mots de Swann réchauffèrent son cœur autant que ses caresses et ses baisers le faisaient déjà. S'il en valait la peine, Rory lui n'aurait pas non plus voulu vivre ça avec qui que ce soit d'autre. Dans les moments les plus beaux comme dans ceux où ils ne pouvaient pas s'aimer aussi librement qu'ils le voudraient. C'était lui, son moteur. Lui, pour qui il faisait tout ça. « Je t'aime. » Oui, encore. Il ne se lasserait jamais de le lui dire, pas plus qu'il ne se lasserait un jour d'embrasser sa peau ou de cueillir ses lèvres. « Et je suis à deux doigts de planifier ton enlèvement et de nous prendre deux allers simples pour l'autre bout du monde. » Il sourit, malicieux. Il pourrait commencer dès maintenant, laisser un message sur le répondeur de Martin en inventant une fausse excuse au départ de Swann. Prendre toutes leurs affaires et embarquer avec lui vers une destination lointaine. Il pourrait. Si seulement. « Ferme les yeux et imagine-nous quelque part. Où tu veux, tant qu'il n'y a que nous. » Une plage déserte, un coin de terre isolé, une maison au milieu de nulle part. Ce n'était pas l'endroit qui comptait mais le fait d'en profiter avec lui et c'est la raison pour laquelle rien qu'ici, dans le confort de leur chambre, l'instant ne pourrait déjà pas être plus parfait.

Il est beau et il est parfait, Rory. Toutes les qualités du monde pourraient lui être associées que son petit-ami n’y verrait jamais aucun inconvénient, lui qui, au contraire, chercherait comment trouver le moyen de lui en trouver plus encore. Il ne sait pas comment ils se sont débrouillés pour en arriver là et ne former qu’une seule entité mais une chose est sûre : il n’utiliserait jamais de machine à remonter dans le temps. Quand bien même il pourrait découvrir les secrets de l’univers et les civilisations perdues, cela n’en vaudrait pas la peine sans le Craine à ses côtés. « Et c'est maintenant que je te réponds que la seule histoire que j'ai envie d'écrire, c'est la nôtre. » Ils auraient pu voler ces lignes d’une comédie romantique pour adolescents, si seulement tout n’était pas aussi compliqué une fois le pas de la porte franchi. Swann repousse cet instant autant que possible et se concentre sur le présent, souriant naturellement un peu plus encore à l’écoute des paroles de l’homme posé sur lui. Lorsque son front se pose contre le sien, son premier réflexe consiste à laisser ses yeux se fermer, énième preuve qu’il se sent enfin parfaitement à sa place une fois près de lui. “Alors je préfère autant qu’on le fasse ensemble.” Au jour le jour et sans jamais rien prévoir. Pas d’acteurs, pas de scénario, pas de caméras. Cette histoire est et restera la leur uniquement, personne n’a le droit de s'immiscer au milieu de leur amour interdit, quand bien même le tout amasserait sans doute bien des spectateurs. Qu’ils aillent au Diable, aucun n’arrive à la cheville de Rory. « D'ailleurs je dois te prévenir, le script ne prévoit aucune fin. » Leurs sourires s’agrandissent à l’unisson sans qu’il n’y ait besoin d’ajouter de commentaires à ce propos. Aucune fin, c’est une très bonne fin. Une vie entière à ses côtés semble être la meilleure façon de passer les soixante prochaines années, après tout, et Swann serait bien le dernier à s’en plaindre. A défaut de le faire, il marque plutôt son consentement en venant brièvement retrouver ses lèvres alors que ses doigts ne cessent désormais de parcourir les joues, la mâchoire et le cou de son bien aimé.

Vivre dans un conte de fée lui donne parfois envie mais de simples phrases lui suffisent toujours à revenir à la réalité, sans que ce ne soit jamais voulu. « Je m'en moque des autres, tu le sais ? » Il le sait, n’en doute pas, et ne voudrait jamais remettre en cause ces paroles ou cette confession. Il vit pour lui, ses rêves et ses passions et c’est un trait de caractère que l’anglais admire réellement, en silence, les yeux brillants pour une raison ou une autre. Rory a bien de la chance de pouvoir se moquer du reste du monde, parce que ce n’est absolument pas le cas de Swann et que c’est sûrement là la seule raison pour laquelle leur amour n’est jamais démontré à la lumière du jour. Ce n’est pas l’envie qui lui manque, de ne serait-ce pouvoir lui sourire amoureusement ou lui tenir la main en public, mais son cœur battant la chamade à la simple idée de faire de telles choses l’en empêche aussitôt. L’ayant déjà avancé bien trop de fois selon lui, il fait grâce à Rory d’un énième “pas moi”, laissant simplement ses yeux se voiler un temps sans pouvoir les contrôler. Quand ils ne sont que tous les deux, il n’y a pas de place pour la tristesse. « Je veux dire, si demain tout devait s'arrêter et que tout le monde ne me voyait plus que comme un has-been qui a laissé passer sa chance... Je me relèverai parce que la seule chose sans laquelle je peux pas vivre, je la tiens en ce moment entre mes bras. » Cette fois-ci, Swann s’exprime par le biais de caresses contre la peau de Rory à défaut de pouvoir expliquer pleinement ce qu’il ressent pour lui à travers de mots. Il ne sera jamais tout ce qu’il décrit là, encore moins aux yeux de l’anglais, et quoi qu’il en soit il pourra toujours se relever des épreuves de la vie parce que Swann ne le laissera jamais tomber. Peu importe ce qu’il advient, du monde ou d’eux, il compte bien trop à ses yeux pour qu’il le laisse un jour lentement s’éloigner tout en sachant qu’il ne reviendra jamais. La simple idée d’une telle éventualité le rend malade, surtout alors qu’à son tour il est la seule personne en qui il ait pleinement confiance. Preuve en est que l’australien connaît tout de son existence, de ses premiers souvenirs aux derniers, en passant même par ce qu’on lui a raconté. Il est la seule à savoir autant de choses sur son existence et ce n’est qu’un indice de plus pour qu’ils sachent que leurs sentiments l’un pour l’autre sont partagés. Pour aider Rory à se sentir un peu mieux à ce sujet, l’anglais pose ses annulaires contre ses pouces afin de former une caméra factice, laquelle n’a aussi d’yeux que pour lui. “Tu peux répéter un peu plus fort ? C’est pour quand je menacerai de tout plaquer la prochaine fois que tu te moqueras de mes plats.” C’est pour la caméra. Son sourire, trop grand, ne laisse pas ses pseudos-menaces avoir le temps d’être moindrement crédibles. Il pourrait même critiquer Doctor Who que l’anglais ne penserait toujours pas à refuser d’être à ses côtés - et pourtant Dieu sait qu’il aime cette fichue série.

Des deux, Rory est celui qui exprime le mieux ses sentiments et cela a toujours eu pour effet immédiat de réchauffer le cœur de l’anglais et de lui éviter d’éternels tourments de personne  à jamais incertaine. « Je veux réussir, mais ça me suffit amplement s'il n'y a que dans ton regard que je me sens toujours aussi spécial. » Ses lèvres contre les siennes et ses doigts entre les siens, Swann n’a aucune raison de remettre quoi que ce soit en question. Il est bien trop occupé à être heureux et épanoui pour se laisser aller à de telles pensées. “Tu auras toujours les deux.” Le premier, parce que ses qualités et son talent sont évidents et que Swann ne le pense pas simplement parce qu’il est le plus heureux petit-ami du monde ; le second, justement, parce qu’il est le plus heureux qui soit et que cela n’est que grâce à Rory. Peu importe ce qu’il advient et même si un jour le scénario sans fin en vient à être repensé, cela ne l’empêchera pas d’être toujours considéré comme une personne à part dans son cœur et à ses yeux. « Combien de kilos de crème glacée tu crois qu'on devrait prévoir avant de commencer cet essai ? » Ils étoufferaient presque, sous la couette et au milieu de leurs baisers, mais osez leur demander s’ils se sentent inconfortables pour autant. La réponse reste inchangée malgré les secondes et autres minutes qui s’égrainent. “Des tonnes, et des tonnes, et des tonnes.” Entre chaque réponse, ce sont ses lèvres qu’il dérobe à nouveau ou peut être que c’est ce qu’on fait avec les siennes ; il ne sait plus et a perdu le compte depuis bien longtemps. « Je t'aime. » Ces simples mots suffisent encore et toujours à réchauffer le coeur de l’anglais, lequel prend par la même occasion une silencieuse mais grande inspiration. Il l’aime en retour comme jamais cela n’a été le cas avant et il espère lui avoir répété bien assez de fois pour avoir été compris au moins une. Il n’est pas seulement unique et il n’est pas seulement l’homme qu’il enlace autant de fois que possible, il est aussi et surtout le seul qu’il a jamais aimé et, il en est certain, le seul qu’il aimera toujours. « Et je suis à deux doigts de planifier ton enlèvement et de nous prendre deux allers simples pour l'autre bout du monde. » Si seulement ils avaient franchi le pas, peut être que tout aurait été différent ensuite. A ce moment en tout cas, Swann ne pensait pas à autre chose qu’à l’instant présent, aux sourires échangés, aux baisers déposés là, juste là où la peau frémit toujours au contact des lèvres de l’autre. Il pourrait refaire le monde avec des “si”. « Ferme les yeux et imagine-nous quelque part. Où tu veux, tant qu'il n'y a que nous. » Ici, juste ici. Ils sont heureux et il n’y a qu’eux, c’est tout ce qui compte. Il n’a pas besoin de cocotiers, de soleil, de plage de sable blanc ou de n’importe quoi d’autre. L’air chaud et étouffant de dessous les draps est parfait, et tout l’est bien plus encore alors qu’il emmène silencieusement Rory contre son torse, prenant en otage ses mains pour qu’il n’ait plus à s’appuyer dessus. Ses doigts à lui glissent contre sa chevelure, lui qui en connaît parfaitement le chemin quand bien même il s’est voulu obéissant en fermant les yeux et jouant le jeu. Il a déjà observé son petit-ami à de bien trop nombreuses reprises pour en oublier le moindre grain de son visage, il se permet donc finalement de passer une seconde main contre son dos et profiter de sa chaleur en plus de sa présence. “Je t’aime aussi.” Et là, juste là, rien ne lui semble plus parfait que cet instant.