Aujourd’hui, je me suis fait une journée de fainéant. Je me lever vers dix heures et n’ayant pas envie de faire grand-chose, je me suis enfoncé dans le canapé où j’ai enchaîné film drôle avec film d’horreur et film débile. Mia s’est jointe après avec fini le boulot et c’est sur son épaule que je me suis endormi aux alentours de seize heures pour me réveiller deux heures plus tard. Ma meilleure amie a cuisiné le repas du soir, et je n’ai d’ailleurs pas réussi à avaler grand-chose. Et maintenant, je me tourne dans mon lit pour la énième fois, le corps douloureux. Je ne sais vraiment pas ce qu’il se passe, mais je ne suis clairement pas en forme ces derniers temps et j’ignore pourquoi. Lorsque je me suis pesé ce soir, ayant l’impression d’avoir encore maigri, la balance avait annoncé un kilo de moins que la semaine précédente. Je continu de perdre du poids, sans explication et je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qu’il se passe vraiment. Sur les coups de vingt-deux heures, malgré la sieste que j’ai faite dans l’après-midi, je me suis endormi tout de suite.
Il est à présent trois heures du matin et je suis réveillé, fixant le plafond au-dessus de mon lit et incapable de retrouver le sommeil. Ma tête me fait un mal de chien, j’ai l’impression qu’un camion m’a roulée dessus et je ne cesse de frissonner. Je suis presque certain que j’ai de la fièvre et que je devrais me lever pour aller prendre un doliprane et un somnifère pour finir ma nuit. Mia dort clairement à poings fermés dans la chambre d’à côté et lorsque je décide enfin de me lever pour aller fouiller dans le cabinet de médicaments, je suis pris de nausée. Moi qui ne voulais pas faire de bruit afin de ne pas réveiller Mia, je crois que c’est un peu loupé. Je vais me pencher au-dessus des toilettes, mais rien ne sort. J’ai sûrement dû choper la crève, et je m’en serais vraiment bien passé parce que je ne me sens vraiment pas bien. Je soupire, restant assis quelques minutes à côté des toilettes avant de me relever et d’aller me prendre un grand verre d’eau. J’en profite pour avaler un doliprane. Je ferme les yeux quelques secondes et lorsque je les rouvre, Mia se trouve dans l’ouverture de la cuisine. « Hey, désolé si je t’ai réveillé. » Je lui dis avec un petit sourire avant de m’installer sur une chaise de la cuisine, décidément trop fatigué pour rester debout.
J’ai enfin repris le boulot depuis deux voire trois semaines désormais. Mes béquilles ont été gentiment rendues à l’hôpital, je n’en ai plus l’utilité. Je continue la rééducation malgré tout mais physiquement, je vais mieux. Reprendre un rythme de vie normal me fait aussi du bien au moral mais j’ai encore beaucoup trop de choses à régler dans ma vie… Le retour de mon père, à qui j’ai du mal à pardonner et de qui je reste encore trop éloignée. Mon frère, Jax, que j’apprends peu à peu à connaitre et avec qui j’aimerai construire une vraie relation fraternelle… avec le temps. Et encore d’autres déceptions… Alec, Geo… La découverte que j’ai faite à leur sujet m’a juste mis dans un état de colère inexplicable. Pourtant, je ne peux en parler à personne. Parce que, malgré tout, je sais ce que tout cela impliquerait, que cela peut devenir dangereux pour moi… pour eux aussi… Je sais que je ne devrais pas m’en faire pour eux, car ils n’ont fait que me décevoir. Mais ils comptent pour moi, malgré tout. Geo, cela peut se comprendre. Alec… même moi j’ai du mal à comprendre parfois mon attachement à ce mec qui n’a fait que me mentir et fuir lorsque je lui demandais des explications…
Bref, je rentre dans l’après-midi à l’appartement et je suis surprise de voir Knox sur le canapé. Il a passé sa journée à regarder des films et je décide alors de le rejoindre. Il finit par s’endormir sur mon épaule, et j’ai du certainement le rejoindre aux pays des merveilles une vingtaine de minutes. Je n’ose pas vraiment bouger car il me paraissait exténué et il semble si bien que je décide de rester là jusqu’à qu’il se réveille. Malgré tout, il garde un air fatigué et je me décide de le chouchouter en lui préparant le repas. Je remarque qu’il n’a pas grand appétit, ce qui commence à m’inquiéter. Je ne lui en fait pas part, me disant qu’il avait juste un petit coup de mou. Je m’enferme vers les vingt heures dans ma chambre où j’appelle Dylane pour prendre de ses nouvelles. Après avoir discuté pendant deux heures, je finis par me caler dans mon lit avec mon ordinateur pour peaufiner un article pour le lendemain… jusqu’à que je m’endorme en plein travail.
Il est trois heures du matin et un bruit me réveille. Une porte qui semble s’ouvrir. Un autre d’un verre pris dans le placard. J’ouvre les yeux, me rend compte que mon ordinateur est resté allumé. Je le referme et le dépose sur la table de chevet et décide de me lever voir ce qu’est ce bruit. J’arrive alors dans la cuisine et m’aperçoit que Knox s’y trouve « Hey, désolé si je t’ai réveillé ». Il s’installe alors sur une chaise, je l’observe et me rend compte qu’il ne semble pas aller mieux « Tu es sûr que ça va Knox ? ». Je m’approche alors de lui et pose ma main sur son front « Tu es brûlant ». Je passe ma main sur sa joue puis sous son menton pour l’inciter à me regarder davantage « Je vais chercher le thermomètre ». Je pars alors chercher ça dans le placard de l’entrée. Je reviens avec l’appareil et le pointe sur son front « Je n’ai rien voulu te dire tout à l’heure mais… je m’inquiète Knox… Tu n’es pas dans ton assiette depuis quelques jours, tu sembles fatigué, tu es pâle… Tu devrais peut-être aller consulter ». Je lui caresse le visage de ma main libre parce que je le vois de moins en moins bien plus les minutes passant. Le thermomètre bipe alors et montre le résultat. Je tourne l’appareil vers Knox pour qu’il voit de lui-même « Tu ne peux pas rester comme ça ».
J’ai mal, partout et nulle part à la fois. Chaque mouvement que je fais me semble dur, comme si j’avais fait un boot camp bien trop dur pour moi sans avoir fait de sport depuis des mois, ou alors que je venais de me faire rouler dessus. Ma tête semble sur le point d’exploser, et j’aurais presque envie de me faire mal autre part juste pour que cela cesse. Je soupire et viens me masser les tempes. J’ai dû choper une grippe, une bonne grippe et comme je ne suis jamais malade, celle-ci est plutôt forte. Je vais sûrement dormir pendant quelques jours, me foutre dans mon lit et disparaître de longues heures et puis ca finir par aller mieux. Je suis exténué, et je sais que j’ai de la fièvre parce que mon corps est couvert de frisson et de sueur. Je finis alors par me lever, pour aller me prendre un cachet un peu fort, un truc qui me fera baisser la température. Si Mia ne dormait pas dans la chambre d’à côté, je me serais sûrement glissé sous une douche froide, pour faire baisser la température et pouvoir enfin me rendormir, mais je ne veux pas réveiller ma meilleure amie. Je me bois alors un long verre d’eau qui me fait vraiment du bien, comme si je n’avais pas bu depuis des jours et des jours.
Ma meilleure amie finie alors par apparaître dans la cuisine, visiblement encore à moitié endormi ce qui est compréhensible vu l’heure. « Tu es sûr que ça va Knox ? » J’hoche la tête alors qu’elle s’avance vers moi, et vient poser sa main sur mon front brûlant. Sa main est fraîche, et cela fait du bien. « Tu es brûlant. » « J’sais. » que je lui réponds simplement avalant encore un grand verre d’eau. « Je vais chercher le thermomètre. » Je n’ai pas le temps de réagir, de dire quoi que ce soit qu’elle est déjà partie dans la salle de bain pour chercher le thermomètre. Je soupire mais ne rétorque pas, je ne suis pas en état de répondre et me battre avec elle. Elle revient et pointe l’objet sur mon front. Je la vois froncer les sourcils, je connais ce regard inquiet et je suis déjà sur de ce qui va suivre. « Je n’ai rien voulu te dire tout à l’heure mais… je m’inquiète Knox… Tu n’es pas dans ton assiette depuis quelques jours, tu sembles fatigué, tu es pâle… Tu devrais peut-être aller consulter. Tu ne peux pas rester comme ça. » J’hausse les épaules. « Mia, j’ai juste du choper la grippe, ca ira mieux dans quelques jours. » Je viens prendre sa main pour tenter de la rassurer. « J’ai juste besoin de me reposer et de dormir d’accord ? » Je lui adresse un sourire, n’ayant vraiment pas envie de quitter l’appartement. Je connais Mia pourtant et je la vois venir. « Si ca va pas mieux dans quelques jours, promis je te laisse me traîner chez le médecin. » A contre cœur, mais je la laisserais faire.
Knox a toujours eu un côté protecteur avec moi. Même hyper-protecteur, au point que cela engendrait bien souvent entre nous des disputes à ne plus en finir. Cela concernait la plupart du temps mes fréquentations, et notamment mes petits-amis. Pas sûr qu’il soit parvenu à en apprécier un parmi ceux que j’ai pu avoir. Cependant, ces derniers temps, ce côté-là de sa personnalité sur un autre niveau. En effet, avec l’accident de surf que j’ai eu, Knox a passé le mois entier à s’occuper de moi, à se soucier de moi. Pourtant, je reconnais ne pas avoir été tendre avec lui, m’être injustement défoulée sur lui alors qu’il n’y était pour rien. Surtout que, dans le cas inverse, j’aurai agi de la même manière avec lui. Finalement, je pouvais me montrer très protectrice avec lui et, tout comme moi, il ne supportait pas toujours que je le sois. Surtout que Knox n’était pas du genre à se morfondre sur son état, à laisser transparaitre ce qu’il pouvait ressentir.
Alors, lorsque j’arrive dans la cuisine et que je lui demande comment il va, je sais que son hochement de tête est une manière de ne pas m’inquiéter. Je ne prends pas vraiment en considération sa réponse de toute manière et m’approche de lui « J’sais ». Il est brulant, je vois des petites gouttelettes sur son front. Je vais chercher le thermomètre et revient rapidement pour lui prendre la température, lui faisant part de mon inquiétude. Et le résultat est sans appel. Il est presque à 39 degrés de fièvre et mon air se veut de plus en plus inquiet alors qu’il tente, une nouvelle fois de me rassurer « Mia, j’ai juste dû chopper la grippe, ça ira mieux dans quelques jours ». Un de mes sourcils s’arque alors que je dépose l’appareil sur la table « Une grippe ? A cette saison ? ». S’il voulait s’en convaincre lui-même, ainsi soit-il. Mais je ne pensais pas cela possible. Mon regard se pose sur nos mains quand il attrape la mienne « J’ai juste besoin de me reposer et de dormir d’accord ? ». Je soupire, parce que je sais qu’il veut minimiser le truc « si ça va pas mieux dans quelques jours, promis je te laisse me traîner chez le médecin ». Je ne suis pas vraiment de cet avis, et je sais qu’avec ce que je vais dire, on risque de rentrer en conflit. Je relève alors mon regard sur lui « Non Knox. Demain grand maximum. Si tu te réveilles dans le même état, j’appelle le doc ». Je suis catégorique, ne lui laissant pas vraiment le choix. « Tu ne peux pas rester comme ça plus longtemps, et même si c’est une grippe, mais ça en est pas une, tu dois te soigner ». Mon côté protecteur ressort parfaitement à ce moment même. Je le tire un peu par la main alors pour l’inciter à se lever, car il me fait peine sur cette chaise « Viens, on retourne au lit ». Parce qu’il était hors de question qu’il reste debout plus longtemps mais aussi que je le laisse seul cette nuit. Knox et moi avons l’habitude de partager le même lit, souvent lorsque l’un des deux n’arrivait pas à fermer l’œil. Ce qui parfois se traduisait par une nuit blanche car nous n’arrêtions pas de discuter. Je le sens fébrile, je le soutiens comme je peux alors qu’on se dirige vers la chambre.
Je sais déjà qu’elle va s’inquiéter Mia, qu’elle va sûrement vouloir m’emmener chez le médecin. Je la connais aussi à savoir qu’elle va être têtue et qu’elle ne va pas laisser tomber rapidement l’idée. Je n’ai pourtant aucune envie d’aller chez le médecin ou de me retrouver dans la salle d’attente des urgences, alors je tente de faire le moins de bruit possible. J’essaye de ne pas réveiller la blonde qui dort sûrement paisiblement, mais visiblement mes efforts ne servent à rien. J’ai à peine avalé le doliprane avec un grand verre d’eau que la silhouette de ma meilleure amie apparaît dans l’entrée de la cuisine. Je me pose sur une chaise et rapidement sa main vient se poser sur mon front. Ce que je voulais éviter et pourtant en train d’arriver et ma meilleure amie est déjà en train d’essayer de me convaincre d’aller voir un médecin. J’aurais sûrement cédé si je n’avais pas eu telle hantise pour les médecins et les hôpitaux, mais je secoue la tête tentant de la rassurer. Après tout, ca ne doit sûrement être qu’une bonne grippe, quelque chose qui va passer. « Une grippe ? A cette saison ? » J’hausse les épaules. « Y a pas de saison pour la grippe tu sais, elle est juste plus courante en hiver. » Je lui réponds. Je suis têtu moi aussi, et Mia le sait parfaitement. « Non Knox. Demain grand maximum. Si tu te réveilles dans le même état, j’appelle le doc. » Je soupire lourdement. « Tu ne peux pas rester comme ça plus longtemps, et même si c’est une grippe, mais ça en est pas une, tu dois te soigner. » « Ca va passer Mia. C’est rien. » Et j’en suis persuadé, que ce n’est qu’un truc de passage. « Viens, on retourne au lit. » Et cette idée-là me semble par contre lui bonne idée.
Je me laisse tomber sur mon lit et me glisse immédiatement sous les couvertures. Je baille lourdement et viens me frotter les yeux. Je crois que je vais enfin pouvoir me rendormir tranquillement. Pourtant Mia ne cesse de bouger à côté de moi et je sens bien son regard inquiet sur moi. « Arrête de bouger et arrête de me regarder comme ca. » Je n’aime pas quand elle me regarde avec ce genre de pitié dans les yeux. « J’te dis, une nuit de sommeil et ca ira mieux. » Et je l’espère vraiment parce qu’il est hors de question que je mette un pied chez le médecin. Je bâille à nouveau. « Essaye de dormir au lieu de t’inquiéter pour rien. » J’ajoute avant de fermer les yeux pour tenter de trouver le sommeil.
« Y’a pas de saison pour la grippe tu sais, elle est juste plus courante en hiver ». J’arque un sourcil voilà qu’il se transforme en monsieur je sais tout, qui me balance ses connaissances à la tronche. Il a beau dire, je ne suis pas convaincu et je ne l’écoute même pas, ne me laissant pas berner par cette excuse. Oui, je le sais qu’il est têtu, on l’était l’un tout autant que l’autre, lui peut-être un peu plus cependant. Il n’apprécie pas que je lui dise que demain dernier délai, s’il ne va pas mieux, on ira voir le docteur. Peu importe, s’il faut que je l’amène de force, je le ferai. « Ça va passer, Mia. C’est rien ». Je tourne la tête de droite à gauche pour lui faire remarquer mon désaccord « On n’est jamais trop prudent hon’ ». Je lui dépose alors un bisou sur le front, avant de lui proposer de retourner au lit. Il me fait pitié sur cette chaise et je n’ai pas envie de le voir s’effondrer dans quelques minutes, où je serai incapable de le relever seule.
Une fois arrivé dans la chambre, Knox s’installe le premier dans le lit et comme il est hors de question que je le laisse seul, je m’y glisse à mon tour. Je reste assisse et prend soin de bien le couvrir lui, telle une maman qui borde son enfant en lui souhaitant bonne nuit. Je m’allonge alors d’abord sur le dos, je tourne un peu mon regard vers mon meilleur ami pour voir s’il va bien. Je décide alors de me tourner sur le côté pour pouvoir garder un œil sur lui plus efficacement. « Arrête de bouger et arrête de me regarder comme ça ». Il râle, évidemment « Je bouge plus mais je n’arrêterai pas de te surveiller. Fais comme si je n’étais pas là ». Parce qu’il pouvait toujours essayer de me faire partir de là même en me poussant du lit, je resterai « J’te dis, une nuit de sommeil et ça ira mieux. Essaye de dormir au lieu de t’inquiéter pour rien ». Et pourtant, au fond de moi, j’ai l’impression que quelque chose cloche vraiment. Parce que ce n’est pas la première fois que je le vois ainsi. Alors bien sûr, il a déjà attrapé la grippe et les symptômes étaient similaires. Mais là c’est différent… Je glisse ma main dans la sienne et murmure alors « Ca me rappelle de mauvais souvenir Knox… ». Ce qui expliquait pourquoi j’étais inquiète « J’ai l’impression de te revoir dans ton lit d’hôpital… Tu as la même pâleur, le même état de fatigue… Je n’ai pas envie que tu revives ça hon’ ». Peut-être que je sens que quelque chose cloche vraiment, et que c’est plus que rien du tout comme il le dit. Les souvenirs sont toujours présents dans ma tête et je n’oublierai jamais les deux années de sa vie qu’il a passé sur son lit d’hôpital, où je lui rendais tous les jours visite après l’école. Je tends un de mes bras pour l’inciter à venir contre moi « Viens ». Je me mets sur le dos à nouveau et le laisse poser sa tête, refermant mon étreinte pour le serrer doucement contre moi.
Je sais que Mia s’inquiète pour moi, je le vois à ses sourcils froncés lorsqu’elle pose son regard sur moi. Je déteste lorsqu’on s’inquiète pour moi, je déteste voir que Mia veut m’emmener chez le médecin et c’est dans des moments comme celui-ci que je me dis qu’au final ça serait peut-être bien de vivre seul. Je sais qu’elle ne pense pas à mal, je ferais sûrement la même chose à sa place, mais je ne me sens pas bien et cela ne me met pas de super bonne humeur. Je décide cependant de ne pas réagir, parce que je ne suis absolument pas d’humeur à me disputer avec Mia ce soir. « On n’est jamais trop prudent hon’. » J’hoche la tête, simplement et vais me reprendre un grand verre d’eau.
Une fois dans ma chambre, je me laisse tomber lourdement sur mon lit et me glisse sous les couvertures. Je suis claqué et je compte bien essayer de trouver le sommeil à nouveau, mais je sens bien rapidement le regard de Mia sur moi et je soupire lourdement. Ne pas s’énerver Knox, ne pas s’énerver surtout, je me répète. « Je bouge plus mais je n’arrêterai pas de te surveiller. Fais comme si je n’étais pas là. » « Difficile de faire comme si t’étais pas là alors que tu me fixes comme un lion en cage. » Des fois, j’aimerais bien que Mia soit moins têtue, que quand je lui dis quelque chose elle le prenne en compte, vraiment en compte. « Ca me rappelle de mauvais souvenir Knox… » Et je sais déjà parfaitement de quoi elle parle, je la sens venir à des milliers de kilomètres à la ronde, parce que je la connais par cœur Mia. « J’ai l’impression de te revoir dans ton lit d’hôpital… Tu as la même pâleur, le même état de fatigue… Je n’ai pas envie que tu revives ça hon’. » je soupire, une nouvelle fois. « Ben pense pas à tout ca. J’ai juste choper la crève j’te dis. Est-ce que pour une fois, tu pourrais arrêter de me contredire sur ce que je dis ? » Parce que oui, Mia a un peu le don pour me contredire et j’aimerais bien que pour une fois elle ne pense pas au pire. « Viens. » Je ne dis rien et ferme les yeux, venant poser ma tête contre son épaule. J’ai l’impression que mon corps pèse trois tonnes ce soir.
Je m’inquiète. Peut-être un peu trop, peut-être pour rien. Pourtant, je le connais et je n’ai pas l’habitude de le voir dans un état pareil. Je peux me permettre de le dire, on a grandi ensemble et je vis avec lui depuis plus de trois ans maintenant. Alors s’il y a bien quelqu’un qui le connait par cœur, c’est bien moi. Je le regarde alors avec insistance et je sais que ça l’agace « Difficile de faire comme si t’étais pas là alors que tu me fixes comme un lion en cage ». Le ton de sa voix me fait comprendre que ça l’agace. Je grimace alors et me remet sur le dos « Ok, pardon, j’arrête ». Je râle évidemment mais je ne veux pas qu’il se sente étouffer et surtout qu’on se dispute. Pas quand il est dans un état pareil. Un état qui me rappelle de mauvais souvenir, de lui sur un lit d’hôpital. Parce les souvenirs sont bien trop nombreux dans ma tête et le resteront. Nous étions que des gamins lorsqu’il a été hospitalisé durant deux longues années. Deux longues années pendant lesquelles je me rendais à son chevet chaque soir après l’école, où je suppliais mon père ou ma mère de m’y amener. A force, ils ne discutaient plus et m’amenaient automatiquement. Sûrement parce qu’ils voyaient dans les yeux de leur fille un air inquiet, à chaque fois qu’elle s’apprêtait à ouvrir la porte de sa chambre… ne sachant jamais si elle allait le retrouver avec une bonne mine ou au contraire, faible dans son lit… Des visions qui me reviennent alors que je suis à ses côtés et que j’ai du mal à détacher entièrement mon regard de lui. Parce que le Knox qui est à mes côtés cette nuit me semble aussi mal en point… Je lui en fait part, il soupire, je sais qu’il n’aime pas en parler, que ça va l’agacer « Ben pense pas à tout ça. J’ai juste chopé la crève j’te dis. Est-ce que pour une fois, tu pourrais arrêter de me contredire sur ce que je dis ? ». Je soupire à mon tour, je prends sur moi pour ne pas rétorquer après son reproche, pour lui dire qu’il arrête lui aussi de me contredire et de faire son borné qui ne veut rien entendre. Non, ce n’est pas le moment de se prendre la tête tous les deux. Je l’invite alors à venir dans mes bras, à poser sa tête contre mon épaule, enroulant mon bras autour de lui. Ma main vient caresser son front qui est encore brulant. Je dépose un baiser dans ses cheveux puis vient poser ma joue contre le haut de son crâne. « Tu te sens comme ça depuis combien de jours Knox ? ». Je devrais me taire et le laisser se reposer mais je ne peux m’empêcher de lui poser des questions. Parce que je m’inquiète, indéniablement… C’est plus fort que moi « Pardon… Ferme les yeux love, je te laisse te reposer tranquille… ». Je marque un arrêt et un petit sourire amusé apparait sur mes lèvres « Tu veux que je te chante une berceuse ? ». Je ris doucement, je dis ça évidemment pour l’embêter. Et peut-être aussi pour camoufler mon inquiétude.
Elle me fixe Mia, elle s’inquiète, je le sens bien et cela a le don de me taper sur le système. Si je n’avais pas été dans cet état-là, je me serais sûrement énervé, parce que c’est ce que je fais dans ce genre de situation, mais je suis trop épuisé. Je n’ai qu’une envie c’est de dormir, de fermer les yeux et de ne plus avoir l’impression d’être passé sous un camion pendant quelques heures. J’ai juste besoin d’une bonne nuit de sommeil et ca ira mieux, c’est ce que je ne cesse de me répéter même si au fond de moi j’ai un peu du mal à y croire. Bien sûr que je pense à ca, à cette maladie qui m’a pris deux ans de mon adolescence et aux symptômes qui semblent si similaire, mais je refuse d’y croire. Je ne veux pas penser à cela, je ne veux pas imaginer que cela puisse être le cas. Je suis guéri, complètement guéri, depuis douze ans maintenant. Je finis alors par soupirer et demander à Mia allongée à côté d’arrêter de bouger. « Ok, pardon, j’arrête. » Et elle arrête enfin de bouger et j’en profite pour fermer les yeux. Sauf que quand je ferme les yeux, j’imagine déjà la tête de ma mère si je lui ramène des mauvaises nouvelles, je me rappel parfaitement de son visage la première fois.
« Tu te sens comme ça depuis combien de jours Knox ? » « J’sais pas. » Que je lui réponds, n’ayant pas vraiment envie de lui dire que j’ai déjà remarqué d’autres trucs avant aujourd’hui. Que j’ai perdu du poids, que j’ai déjà eu de la fièvre un jour ou deux mais que c’est passé à chaque fois. Pas besoin de l’inquiéter encore plus, je suis sûr que ce n’est rien après tout. « Pardon… Ferme les yeux love, je te laisse te reposer tranquille… Tu veux que je te chante une berceuse ? » Je garde les yeux fermés, mais prends la parole. « Non, pas de berceuse s’il te plaît, je veux pas faire de cauchemar. » Je lui réponds en souriant légèrement en coin juste pour l’embêter. « Puis j’te rappel qu’tu sais pas chanter. » Je ris un peu. Knox will always be Knox.
« J’sais pas ». Je sens son agacement quand je lui demande depuis combien de temps il est dans cet état-là. Parce que je sais que ça ne date pas d’hier, que même si ces derniers jours je n’étais pas moi-même très disponible pour lui car souvent perdue dans mes pensées, je m’étais rendue compte d’un petit état de fatigue. Je n’ai cependant rien dit, me disant que cela devait être passager. Mais l’avoir retrouvé en plein milieu de la nuit dans la cuisine dans cet état, me fait avoir des soupçons. Des soupçons car je l’ai déjà vu ainsi, vingt ans en arrière. Une vision que je garderai toujours en tête de mon meilleur ami malade dans un lit d’hôpital. Pour rien au monde je ne voudrais que cela arrive à nouveau. Et pourtant, à cet instant même, j’y pense et j’ai peur. Peur que cela se reproduise et que cette fois, la maladie ne pardonne pas… Je ne supporterai pas de perdre mon meilleur ami. Je sais que mon raisonnement va trop loin… Mais je ne peux m’empêcher d’y penser.
Il est dans mes bras et je décide de le laisser tranquille. Je lui demande s’il veut que je lui chante une berceuse pour l’aider à s’endormir. Une touche d’humour parce que je sens qu’en plus de son épuisement, il y a une certaine tension du fait de mes questions. Je sais qu’il ne manquerait pas de s’énerver contre moi s’il se sentait en meilleure forme. Et je préférerai mille fois qu’il m’envoie chier plutôt que de le voir ainsi… « Non, pas de berceuse s’il te plait, je veux pas faire de cauchemar. Puis j’te rappel qu’tu sais pas chanter ». « Mais ! » je fais alors en le regardant. Je vois qu’il sourit et entendre ne serait-ce que ce petit rire me donne du baume au cœur « Bonne nuit morveux » dis-je alors en lui déposant un baiser sur la tempe. Une habitude qui était la sienne normalement, mais aujourd’hui, les rôles s’inversaient. Je repose ma tête contre la sienne et instinctivement je ressers mon étreinte. Je le laisse s’endormir paisiblement, lui caressant les cheveux avant de moi-même finir par m’endormir jusqu’au lendemain matin.