Ma vie n’avait jamais été aussi chaotique que depuis quelques semaines, déjà, il y avait mes soucis de santé qui avaient tout bonnement et tout simplement mis ma vie littéralement sur pause sans que je ne puisse rien y changer. C’était l’histoire de quelques mois et les lourds traitements que l’on m’avait prescrit me soulageaient un peu, mais j’avais une peur énorme de passer sur la table de l’opération. Mais tout cela, c’était secondaire à cet instant présent, puisqu’il y avait quelque chose de bien plus important que mon opération. La chose qui me préoccupait le plus, à m’en empêcher de dormir la nuit, c’était bel et bien l’addiction de Peter, qui semblait être de plus en plus prenante, au fil des mois et des années qui s’écoulaient. J’avais réfléchi à toutes les solutions possibles et imaginables dans un coin de ma tête et aucune ne semblait meilleure que les autres. Je pouvais parler, crier, m’énerver, lui dire tout ce que j’avais sur le cœur, j’étais bien consciente que cela était loin de suffire pour lui venir en aide. Après tout, je n’étais ni psychologue, ni médecin et encore moins une ancienne alcoolique repentie. Je buvais, comme beaucoup de personnes mais rarement, lorsque l’occasion s’y présentait, je n’allais sûrement pas me retrouver ivre un soir, seule chez moi, c’était impensable, alors que Pete... Je me sentais seule face à quelque chose que je ne contrôlais pas et c’était bien l’une des premières fois de ma vie que cela arrivait. Ma vie, je l’avais toujours relativement bien contrôlée, j’étais une fille impulsive, certes, mais les grandes décisions, j’avais l’habitude de les gérer d’une main de maitre, de A à Z. Cette fois, seulement, aucune personne ne pouvait me venir en aide, je ne savais même pas à qui en parler puisque des personnes extérieures à la vie de Peter ne pourraient, de toute évidence, jamais lui faire entendre raison si moi-même je n’en étais pas capable. Quant aux peu d’amis que je connaissais de Peter, ils étaient tous dans la même optique que lui et donc, je ne savais que trop que c’était voué à l’échec.
J’arrivais devant une maison que je ne connaissais pas, dans un quartier où je n’avais pas spécialement l’habitude d’aller. Le regard rivé vers la porte, j’étais quelque peu hésitante. Jax, je ne le connaissais pour ainsi dire que de nom, même si mon frère m’en avait parlé de nombreuses fois. Je savais qu’ils avaient été très proches, à une époque, une époque révolue d’après ses dires. Ils s’étaient côtoyés à l’orphelinat et étaient restés amis quelques années après cela. Je l’avais peut-être croisé quelques fois mais j’étais trop jeune à cette époque pour me souvenir de lui. Peter m’avait vaguement expliqué les raisons de leur éloignement et le fait qu’ils étaient devenus très différents avec le temps. Différents… Je ne savais pas vraiment si ce point, qui me tracassait tant, en faisait partie, mais je me disais que cela ne me coûterait rien de le vérifier par moi-même… Après quelques recherches, j’avais trouvé l’adresse du jeune homme et voilà que je me retrouvais devant chez lui, sans trop savoir ce que je faisais réellement ici. Après tout, il ne me connaissait absolument pas et avait sans doute mieux à faire que de se mêler d’histoires dont il n’était pas réellement concerné. Soit, maintenant je me trouvais, là, il n’était plus question de faire demi-tour, dans le pire des cas, je me sentirais idiote et je rentrerais chez moi sans avoir plus de solutions, mais au moins je n’aurais pas le regret d’avoir refusé d'essayer. Je me décidais donc à sonner à la porte, non sans une certaine appréhension. Quelques secondes d’angoisse supplémentaire, puis la porte s’ouvrit sur celui que je devinais être l’ami d’enfance de Peter. « Bonjour, je suis désolée de te déranger, je suis Tessa Mulligan… La sœur de Peter. »
Aujourd'hui, Jax et Virgil avaient bien profité de leur journée. Ce matin, ils étaient allé au baby gym. Un petit atelier de motricité qui permettait à Virgil de se défouler tout en gagnant en motricité. Il pouvait sauter dans des cerceaux, grimper sur des plans inclinés ou encore faire des roulades. L'enfant adorait cet atelier. Ils en avaient profité ensuite pour manger dans un petit restaurant avant d'aller faire quelques courses. Le petit garçon grandissait vite et il avait besoin de nouvelles chaussures. En rentrant chez eux, ils avaient joué un moment, fait des dessins avant qu'il ne soit l'heure de goûter. Alors qu'ils étaient attabler à la table de la cuisine, la sonnette de la porte d'entrée ce fit entendre. Jax demanda à son fils de rester à table et de manger son yaourt pendant qu'il allait voir qui c'était. Il ouvrit et se trouva face à une demoiselle qu'il ne reconnaissait pas. Elle se présenta et il sourit. « Tessa, la petite Tessa. T'as bien grandi dit donc. » Il se souvenait des fois où il l'avait vu. Elle n'était qu'un bébé à l'époque avec son jumeau. Comment s'appelait-il déjà ? Il n'en avait aucune idée. En même temps, il devait avoir une dizaine d'années lorsqu'il a perdu le contact avec la famille Mulligan. Son père, Grant, venait de mourir et la famille Collins avaient d'autres choses à penser à ce moment là. Sans compter que Jax entrait dans la pré-adolescence et Peter n'était encore qu'un gamin qui voulait juste oublier d'où il venait. Il se souvenait de la petite Tessa dans sa pousette qui lui faisait des sourires tandis qu'il passait la journée avec Peter. Aujourd'hui, c'était une femme, une belle femme même. « Va y entre je t'en prie » Il s'écarta de l'entrée afin de lui permettre de rentrer et il ferma la porte derrière elle. On entendit alors une petite voix venir de la cuisine. « C'est qui papa ? » Jax sourit avant de se tourner en direction de la voix et de s'y diriger, Tessa sur ses talons. « C'est une amie de papa. » Il se tourna alors vers Tessa. « Assied toi, je t'en prie » Jax ouvrit alors la compote de Virgil qui s'empressa de la mettre dans sa bouche. « Que me vaut le plaisir de ta visite ? »
Ne connaissant Jax que par les dires de Peter, je n’avais aucune idée de la façon dont il allait réagir, je ne connaissais ni sa vie actuelle, ni son caractère et en me présentant chez lui, je me lançais totalement dans l’inconnu. Peut-être allait-il me claquer la porte au nez, Peter faisait partie de son passé après tout et il n’avait peut-être pas spécialement envie de lui venir en aide. Quant à moi, il n’avait peut-être plus aucun souvenir de la gamine que j’étais, il ne m’avait pas côtoyée bien longtemps et je ne lui en aurais certainement pas voulu pour cela. Mes questions n’allaient pas rester sans réponses bien longtemps puisque la porte s’ouvrit rapidement sur un homme souriant, qui sembla surprit de me voir, mais qui, de toute évidence, ne m’avait pas oublié. Je lui souriais à mon tour, sentant la pression redescendre tout doucement. Je le remerciais d’un signe de tête lorsqu’il me fit entrer et mon regard se posa sur le petit garçon qui était, de tout évidence, le fils de Jax. Je lui adressais un petit signe de main amical. « Salut bonhomme, je m'appelle Tessa ! » Puis je m’asseyais à la table de la cuisine. Ni une ni deux, Jax me demanda les raisons de ma visite, ce qui ne m’étonna pas. Après tout, pourquoi aurais-je sonné à sa porte si ce n’était pour une raison précise ? Nous n’avions pas eu de liens particuliers dans le passé et je n’avais pas recroisé sa route depuis tout ce temps, du moins, pas dans mes souvenirs. Je prenais une inspiration, pensive et quelque peu gênée. Je ne savais pas comment amener la chose, mais il fallait que j’en vienne aux faits, tout de suite, au moins je saurais immédiatement à quoi m’en tenir et j'éviterai à Jax de perdre inutilement son temps. « C’est à propos de Peter, je pense que tu t’en doutes… » Après tout, mon frère était la seule personne qui nous réunissaient Jax et moi, c’était plutôt évident. Restait à lui expliquer les raisons sans trop le brusquer ni faire planer le doute plus longtemps. L’alcoolisme de mon frère était un sujet sensible dont je parlais rarement, si ce n’est pour dire jamais, parce que je ne pensais pas devoir en venir à demander de l’aide, parce que je me voilais la face sur la réalité des choses. Je savais à présent que c’était sérieux et je craignais que Pete en vienne à un point de non-retour, à un point où nous ne pourrions plus rien faire pour lui. Je m’estimais déjà heureuse qu’il n’ait pas rompu avec sa famille à cause de cela, mais qui sait ? C’était peut-être la prochaine étape qui nous attendait, même si je ne doutais absolument pas de l’amour qu’il nous portait. « Il a des… problèmes et je ne sais plus quoi faire pour l’aider… » J’étais complètement dans l’impasse, moi, sa petite sœur, qui n’avait jamais eu à inverser les rôles avec ce grand frère parfois trop protecteur, dans le passé. Je comprenais totalement que Peter ne soit pas spécialement enjoué à l’idée de se faire sermonner par sa petite sœur, mais je n’avais pas plus de solutions à cet instant. « Je ne sais pas si tu es au courant, mais depuis longtemps, il a tendance à sortir beaucoup et à boire plus que de raisons… J’étais inquiète, mais je me disais que c’était juste festif… » Si j’avais appris à ce moment là l’ampleur des dégâts, j’aurais sûrement réagi avant, c’était certain… « Je suis passée chez lui à l’improviste il y a quelques jours, il était totalement seul et ivre… au beau milieu de la journée… » Je laissais un petit silence s’installer, sentant l’émotion me nouer la gorge. Je m’étais promis de ne pas me laisser envahir par tout ce que je ressentais quand je repensais à tout cela, mais c’était peine perdue. « Je suis inquiète pour lui, je ne sais plus quoi faire pour l’aider… Je sais que tu ne le côtoies plus vraiment depuis des années, mais tu es la seule personne à laquelle j’ai pensé, tous les amis que je connais de Pete sont… plus ou moins dans le même cas que lui… »
« Moi je m'appelle Virgil » Le petit garçon adressa un sourire à la demoiselle avant de reporter son attention sur sa compote. Il savait qu'ensuite, il aurait droit à un petit gâteau et c'était clairement ce qui l'intéressait le plus. Il était gourmand comme tous les enfants de son âge et il ne disait jamais non à un gâteau au chocolat. En tout cas, il ne connaissait pas la demoiselle qui venait de faire son entrée dans la cuisine. Il s'était poliment présenté comme lui avait appris son père avant de n'accorder plus aucune importance aux deux adultes. Et c'était mieux ainsi. Jax avait surpris de la visite de la demoiselle et il espérait qu'il ne soit rien arrivé de grave à Peter. Mais en tout cas, la demoiselle avait le sourire donc il ne devait pas être à l'article de la mort. Mais cela devait malgré tout être important pour qu'elle ait fait le trajet jusqu'ici. Il lui adressa un sourire. « Oui je me doute. Qu'est ce qu'il a encore fait ce sale gosse ? » C'était un terme affectueux dans la bouche de Jax. Il faut dire que Peter représentait beaucoup pour l'australien. En tout cas, il avait représenté beaucoup à une certaine époque. Ils avaient été très liés durant leur enfance à l'orphelinat. Jax l'avait même considéré comme un petit frère. Il l'avait protéger, il lui avait appris des choses ou encore il l'avait pris dans ses bras lorsque le petit était triste. Peter quant à lui, apportait beaucoup de bonheur à Jax et il n'hésitaient pas à jouer ensemble. Et même si aujourd'hui, ils ne se connaissaient plus aussi bien, qu'ils n'avaient plus la même complicité, le jeune homme ne voulait que le bien de son ami. Il fronça les sourcils lorsque la jeune femme parla de son frère. « Des problèmes ? » Il écouta alors la demoiselle évoquer les fêtes et l'alcool qui avaient tendance à couler à flots chez l'aîné des Mulligan. Il laissa alors la demoiselle parler et il ne pu s'empêcher de sourire lorsqu'elle dit qu'il était le seul à pouvoir l'aider. « A ce point ? Je savais qu'il avait un côté un peu fêtard et c'est pour cela certainement qu'on est pas redevenu très proches tous les deux mais de là à avoir un problème avec l'alcool. » A vrai dire, ils ne se connaissaient presque plus les deux hommes et Jax ne pensait pas être le mieux placé pour lui venir en aide. « Tu attends quoi de moi ? »
« Il est adorable. » Lançais-je à Jax, un sourire tendre s’affichant sur mon visage en voyant le fils de ce dernier partir faire sa vie dans son coin. J’avais toujours adoré les enfants et j'étais particulièrement maternelle avec ces derniers, c’était très instinctif. Pourtant, je n’avais jamais songé réellement à en avoir, déjà parce que je mettais ma carrière en priorité, mais aussi parce que je n’avais jamais eu la chance d’avoir une histoire d’amour assez durable pour y songer. Clairement, si jamais je n’avais pas la possibilité de construire ma famille, je ne pourrais que vivre dans le regret, mais pour le moment, cela ne m’effleurait pas vraiment l’esprit. Maintenant que je me trouvais face à Jax, je me rendais compte qu’il était totalement comme je me l’imaginais, comme Peter m’en avait parlé quelques années auparavant. Mes impressions avaient très certainement été bonnes, si un des deux avait changé suffisamment pour les éloigner, cela devait être Pete… Pourtant, d’après ce que j’avais entendu, ils avaient été très importants dans la vie de l’un et de l’autre, il fut un temps, je trouvais cela dommage qu’ils aient pu s’éloigner à ce point. Toujours est-il que je me sentais plutôt à l’aise, enfin, bien plus que je ne l’étais avant que Jax ne m’ouvre la porte en tout cas. Il comprit rapidement où je voulais en venir, alors que j’avais été assez claire pour éviter de tourner autour du pot. Après tout, maintenant que j’étais ici, il était inutile de chercher à noyer le poisson, autant en venir directement aux faits. Il avoua rapidement que l’alcool faisait partie des principales raisons de leur séparation, ce qui ne me surprit guère, il fallait l’avouer. Lorsqu’il demanda ce que j’attendais de lui, je restais un peu sur la réserve, pensive. En réalité, je n’avais moi-même pas réellement la réponse à cette question. « Je t’avoue… que je ne sais pas trop… » Commençais-je, perdant progressivement un peu de confiance en moi. J’aurais aimé avoir la solution miracle mais malheureusement, ce n’étais absolument pas le cas et j’avais d’ailleurs bien peur que cette dernière n’existe pas. J’étais prête à tout tenter pour aider mon frère, même des choses surréalistes, qui pourraient paraître invraisemblables aux yeux de tous. J’aimais mon frère plus que tout et je ne pouvais pas supporter de le voir dans cet état. « Les amis de Pete, que je connais, sont tous… dans le même état d'esprit que lui, disons que je n’ai personne qui pourrait comprendre mes inquiétudes et être suffisamment proches de lui pour tenter de lui parler… » Je prenais une inspiration, tout se bousculait dans ma tête et mon inquiétude se faisait clairement ressentir dans mes paroles. « Je ne te force à rien, tu es un peu… ma dernière carte si je puis dire… Je sais que vous n’êtes plus vraiment proches, mais je me disais, peut-être si tu essayais de lui parler un peu… Toi, il t’écouterait… » Ce n’était pas garanti, vu la tête de mule qu’était mon frère, mais je savais que s’il y avait une personne qui ne pourrait pas lui faire entendre raison, ce serait moi. J’étais sa petite sœur, il ne supportait pas que je lui fasse des remontrances et cela le braquait systématiquement. J’avais l’impression de ne rien pouvoir faire de plus que ce que j’avais déjà tenté. « Si tu refuses, je comprendrais bien sûr… » Et je ne lui en voudrais même pas, au moins je n’aurais jamais le regret de ne pas avoir essayé, c’était déjà une étape de franchie.
Jax regarda Virgil s'éloigner et ce n'était pas plus mal. Il avait l'impression que Tessa avait besoin d'une discussion entre adultes et l'australien préférait ne pas être coupé toutes les dix secondes par l'enfant. Il se concentra alors sur les paroles de la jeune femme. « Tu sais, on était très proches avant. Maintenant, c'est plus du tout pareil » Pour le plus grand regret de Jax. « Je ne sais pas s'il t'as raconté mais Peter était un peu mon petit frère lorsqu'on était à l'orphelinat. J'essayais de veiller sur lui, de lui apprendre quelques trucs, de faire en sorte qu'il ne se sente pas trop triste et qu'il ne se pose pas trop de questions » Le voilà replongé plus de dix ans en arrière, lorsque Pete venait se blottir contre lui après avoir fait un cauchemar, lorsque Jax tentait de lui expliquer pourquoi eux étaient toujours là alors que Max avait déjà trouvé une famille et lui faire comprendre que non, ce n'était pas parce qu'il était moche ou parce qu'il n'était pas sage. Il se souvenait de ce bonheur d'avoir appris que les Mulligan voulait adopter ce petit garçon alors que lui venait de dire non aux Collins pour être adopté parce qu'il ne voulait pas laisser le petit garçon de six ans tout seul. Jax avait clairement les yeux perdu dans le vague et il repensait à ss années. C'était loin d'être les meilleures de sa vie mais contrairement à l'aîné Mulligan, il ne voulait pas les oublié. Cela avait contribué à faire de lui ce qu'il était aujourd'hui, d'avoir pu apprécié à sa juste valeur l'effort que les Collins avaient fait pour le prendre dans leurs vies. Peter voulait oublier les premières années de sa vie, Jax voulait apprendre à connaître et à apprécier sa nouvelle famille. Et petit à petit chacun avait fait son chemin. Après un long silence, il revint à la réalité. « Aujourd'hui, tout est différent. On s'est revu quelques fois sur les tournages mais la complicité n'est plus la même. Je l'apprécie et j'ai toujours la nostalgie du passé mais je doute que je sois celui qu'il écoute » Il aurait aimé pouvoir dire à Tessa que ce serait du gâteau, qu'il serait capable de remettre Pete dans le droit chemin. Mais Jax n'avait pas forcément cette confiance là. Pourtant, il n'était pas question de laisser son ami sombré et surtout laisser cette demoiselle se faire du souci pour un frère qu'elle semblait aimer comme s'il était du même sang. Elle semblait en plus tenter le tout pour le tout, ne plus vraiment savoir comment s'y prendre. Un petit sourire s'afficha sur les lèvres de Jax. « Je vais pas le laisser tomber et te laisser tomber toi non plus » Certes, il ne la connaissait pour ainsi dire pas du tout mais c'était la sœur de son ami et pas question de fermer les yeux et de la laisser partir comme cela. La qualité première de Jax, c'est sa gentillesse et son envie de toujours aider tout le monde. « Je vais essayer mais je ne te garantis rien » Il préférait la prévenir que cette mission ne serait peut-être pas couronné d'une victoire mais qu'il ferait tout son possible. « Tu veux boire quelque chose ? »
J’étais consciente que je demandais beaucoup à Jax, surtout que mon frère faisait plus ou moins parti de son passé à présent. Mais avais-je d’autres cartes en main à cet instant ? Non, j’avais beau avoir retourné des centaines de fois la situation dans ma tête, je n’avais trouvé aucune autre piste pour, au moins, faire en sorte qu’il écoute et qu’il comprenne le mal qu’il était en train de se faire. Jax m’assura que le principal souci était, sans conteste, le fait qu’ils n’étaient absolument pas aussi proches qu’ils l’avaient été dans le passé. Je me mordillais la lèvre inférieure d’une nervosité certaine, je savais que c’était le côté le plus compliqué de ce petit plan improvisé. « Je le sais, Peter m’en avait vaguement parlé, ça rajoute un peu de complexité à la situation, j’en suis consciente. » Mais leurs années de complicité sans faille, dont Jax me parlait encore avec un brin de nostalgie dans la voix, n’avaient pas pu disparaitre en un claquement de doigts. Peut-être que la vie les avaient partiellement séparés, mais tout cela n’avait pas pu tomber dans l’oubli, la preuve en était que Jax en parlait avec un certain entrain. Peter avait beau avoir des petits travers, il n’en restait pas moins insensible et devait encore tenir à Jax, ça me paraissait plus qu’évident. « Jax, je suis consciente que c’est loin d’être gagné, c’est peut-être même voué à l’échec, mais je préfère partir du principe que j’aurais encore de plus grands regrets si je ne tente rien… Je suis prête à tout pour lui, vraiment… » Je ne pouvais réprimer une légère émotion qui me serrait la gorge aux paroles que je venais de prononcer. J’étais bien plus inquiète que je ne voulais le laisser paraître concernant mon frère, j’aurais, sans hésitation, pu sacrifier ma vie pour sauver la sienne, tellement je tenais à lui. Me sentir impuissante face à ce qu’il s’infligeait était le pire sentiment que je n’avais jamais ressenti. Jax me promit de ne pas me laisser tomber, ni laisser tomber Pete. Je lui souriais, ne masquant pas une certaine émotion me serrer d’avantage la gorge. « Merci beaucoup, ça me touche que tu sois prêt à m’aider alors qu’au final, on ne se connaît même pas… » Je me décidais alors de lui donner quelques précisions, précisions qui expliquait pourquoi, je n’étais moi-même pas capable de faire changer les choses sans l’aide d’une tierce personne. J’aurais pourtant profondément aimé le faire, mais pour cela, il m’aurait fallu une baguette magique, au moins. « J’ai essayé d’avoir une discussion avec lui, mais même un mur serait plus réceptif. Je suis sa petite sœur, dans sa tête ce n’est pas mon rôle de lui faire des leçons de moral, c’est le sien… Il n’y a rien à faire, il se ferme totalement, le simple fait que cela vienne de moi laisse le peu de chances que j’ai de l’aider partir aussitôt en fumée. » Je laissais échapper un léger soupir, pensive. Lorsqu’il me proposa à boire, je sortais brusquement de mes pensées pour lui répondre, un sourire un peu absent. « Je veux bien un verre de jus de fruits ou quelque chose du genre, si tu as… » Laissant quelques secondes de silence, je reprenais finalement : « Pete n’est même pas conscient qu’il a un problème, je pense que la première étape pour l’aider, c’est qu’il s’en rende enfin compte… Mais le souci c’est de savoir comment procéder pour lui faire ouvrir les yeux. » Et là, pour le coup, je n’avais pas la formule magique. J’avais envie d’aider Jax, j’étais même prête à l’accompagner s’il le désirait, mais je n’avais pas encore toutes les cartes en main pour que cette entrevue soit un succès.
Savoir que Peter avait évoqué leur relation passée et présente avec sa soeur faisait plaisir à Jax. Au moins, cela montrait qu'il n'avait pas totalement oublié leur bons moments à l'orphelinat. Peut-être même que le jeune homme était nostalgique de cette complicité. Même si aujourd'hui, Jax doutait qu'un jour cela puisse redevenir aussi fort qu'avant. Lorsqu'ils étaient à l'orphelinat, ils avaient besoin l'un de l'autre, ils avaient besoin de cette proximité, de ce réconfort qu'ils se donnaient l'un à l'autre. Aujourd'hui, ils avaient une famille, ils avaient des amis, ils avaient leur vie et un fossé s'était créé entre eux. Mais un jour peut-être qui sait, ils pourraient redevenir proches. Il ne pu s'empêcher de sourire lorsque Tessa expliqua qu'elle était prête à tout pour lui. D'un côté, il était heureux que Peter ait trouvé une famille qui l'aime comme s'il était des leurs. Il espérait, non, il savait que pour ces soeurs c'était la même chose et lui aussi était prêt à tout pour chacune d'entre elles. Et rien que pour cela, il ne pouvait pas laisser tomber la jeune femme. « Peter a vraiment de la chance de t'avoir comme soeur. » Il ne parlait pas avec un ton de regret ou de jalousie. Il était sincèrement heureux pour cette relation entre les deux Mulligan. Elle le remercia alors pour son aide et il ne pu s'empêcher de sourire. Quiconque connait Jax sait qu'il n'y a pas plus gentil que lui et surtout, l'une de ses qualités premières, c'est qu'il est toujours prêt à aider n'importe qui, que ce soit un ami, une connaissance ou même une inconnue. Il tient cela de son père. « Tu es la soeur de Peter et s'il tient à toi alors c'est que tu es quelqu'un de bien. » Elle commença alors à expliquer ce qu'elle avait déjà tenter de faire sans aucun succès. Et cela ne l'étonnait même pas du jeune homme. Il se leva pour aller chercher une bouteille de jus de fruits dans le frigo tout en continuant de l'écouter. Il servit trois verres avant d'en déposer un devant la demoiselle. Il avait saisi et cela pourrait être difficile. Le plus du est de faire comprendre à un alcoolique qu'il a un problème. « J'ai une ... amie qui le connaît bien. Peut-être que je pourrais essayer de voir avec elle. Tu la connais peut-être, il s'agit de Mia. »
Je n’avais jamais agi différemment avec mon frère jumeau ou Peter, dans ma tête, il n’y avait jamais été question d’adoption ou de frère de sang. Quand j’avais vu le jour, Peter faisait déjà partie de la famille et chacun avait sa place de façon évidente. Peter était mon frère, comme il l’aurait été s’il n’avait pas été adopté et d’ailleurs, sur beaucoup de points de caractère, nous étions très semblables tous les deux, ce qui prouvait explicitement que la génétique ne faisait pas tout. Seulement, ses problèmes d’addiction à l’alcool était quelque chose qui m’était totalement inconnu. Je sortais de temps en temps, comme tout le monde, j’avais déjà pris quelques cuites également, mais cela restait quelque chose d’exceptionnel et impossible pour moi qu’il en soit autrement. La réplique de Jax me provoqua un sourire, un peu nostalgique. Cela me toucha réellement puisque j’avais toujours tout fait pour entretenir de bons liens avec Peter. Mon frère jumeau et lui, même s’ils s’aimaient et que je n’en doutais pas, avaient une relation bien plus conflictuelle. J’avais beaucoup de chance que tout se passe aussi bien avec mes deux frères et j’étais capable de tout pour qu’il en reste ainsi. « Je ne lui rends que tout ce qu’il a fait pour moi… J’ai beaucoup de chance de l’avoir, il a toujours été présent comme personne depuis ma naissance. » Oui, il avait son petit caractère, mais il était aussi le premier à me serrer dans ses bras lorsque je n’allais pas bien et le premier à régler les conflits que j’avais pu avoir avec des camarades d’école, de façon plus ou moins tempérée selon la situation. La phrase qui prononça ensuite ne fit que me réchauffer d’avantage le cœur. Je lui adressais un sourire sincère, avant de prendre la parole à mon tour : « Ça me touche, vraiment… J’espère ne pas avoir été, ni être encore, la pire des sœurs… Même s’il me dit parfois que je me prends un peu trop pour sa mère, quand j’ose lui faire une remarque sur son comportement. Voilà pourquoi je suis venue te demander de l’aide. » Il ne supportait absolument pas que je lui fasse la moindre leçon de moral, alors que dans le cas contraire, lui n’hésitait pas à me remettre à ma place à chaque fois que je dépassais les limites. Peter était comme cela parfois : faites ce que je dis et pas ce que je fais. Je n’osais pas imaginer sa réaction s’il m’avait découvert totalement ivre, seule chez moi, comme je l’avais fait pour lui quelques jours auparavant. J’en aurais sûrement pris pour mon grade et pas seulement sur le moment, j’en aurais entendu parler pendant des années, c’était certain. Lorsqu’il me parla de Mia, je hochais la tête frénétiquement. Bien sûr que je la connaissais plus que bien, tout comme je connaissais son père, Andrew, que je venais de retrouver après une si longue absence. « Oui, bien sûr que je la connais, on s’est beaucoup côtoyés depuis notre enfance, mes parents sont amis avec les siens… On se voit toujours régulièrement d’ailleurs. » Rajoutais-je, avec conviction.
Elle affirma alors que lui avait fait beaucoup pour elle et il espérait que ce soit aussi ce que ses sœurs puissent penser de lui. Il lui adressa un sourire tendre. « Tu sais, il y a toujours des moments où l'on déteste ses sœurs, des moments où elles nous prennent la tête. Mais il y a encore plus de moment où on les aime » Jax se souvenait des fois, lorsqu'il était adolescent, lorsqu'il sortait avec une fille et qu'il l'embrassait juste devant chez lui, avoir détesté ses quatre petites sœurs qui l'observait depuis la fenêtre du salon, qui lui faisait des remarques dès qu'il franchissait le seuil ou encore se moquait de son sourire niais lorsqu'on parlait de l'élue. Et il y aurait encore tellement d'anecdotes comme cela à évoquer. « Mais c'est tellement plus simple pour nous, les mecs de dire quand elles nous soulent que lorsqu'on les aime » Il ne connaissait pas les relations entre Peter et sa sœur mais il ne doutait pas que ce que lui pouvait ressentir pour chacune des enfants Collins devait ressembler quelque peu à ce que ressentait Peter pour Tessa. En tout cas, c'est comme cela qu'il l'imaginait au vu de ce que la demoiselle lui racontait.Et puis, le sujet dériva vers les McKullan. Jax n'avait pas compris, la dernière fois qu'il avait parlé de Peter avec Mia, qu'ils étaient vraiment proches étant enfant. Il ne pu expliqué pourquoi mais cela le touchait. Il tenta de ne rien montrer et de tenter d'en savoir un peu plus. « J'ai rencontré le père une fois mais il a pas l'air très commode. » Il le considérait même comme un gros connard mais cela n'était pas seulement lié à leur rencontre à l'hôpital. Est ce qu'il attendait juste que Tessa le lui confirme ? Il n'en savait rien, il ne savait même pas pourquoi cela l'intéressait de savoir. Il pensait pourtant être clair envers lui même. Jamais, il ne voulait le connaître, jamais il ne voulait lui faire savoir qui il était exactement.
Je souriais aux propos du jeune homme, il est vrai que la relation qu’entretenaient plusieurs membres d’une même fratrie était rarement simple et sans conflits. J’étais moi-même très proche de Peter, mais il n’était pas rare que le ton monte entre nous. Après tout, cela faisait partie des choses essentiels, qui nous permettait de nous aimer encore d’avantage, après la tempête passée. « En règle générale, ça se passe assez bien avec Pete, à partir du moment où je reste à ma place. » Je ne disais pas cela de façon négative, après tout, nous avions toujours fonctionné comme ça. Je n’étais pas du genre à trop parler de ma vie, surtout concernant des sujets négatifs, mais à ce niveau-là, Peter était encore pire que moi. Si j’arrivais tout de même assez bien à me confier à mon frère, dans l’espoir qu’il puisse m’aider ou me soutenir, lui, ne le faisait que trop rarement. « Il a toujours été très protecteur avec moi, il considère que c’est SON rôle de se faire du souci pour moi et pas l’inverse. » J’avais respecté cet aspect de notre relation pendant bien trop longtemps, maintenant que la vie de Peter se dégradait d’avantage, il était temps que les choses changent. Si taper du poing sur la table n’avait pas été efficace, j’étais prête à trouver d’autres alternatives. Lorsque nous en venions au sujet de Mia, son père entra rapidement dans la discussion. J’étais plutôt surprise de la remarque de Jax concernant Andrew. J’avais toujours eu une bonne image du père de famille (malgré sa disparition soudaine, mais cela ne me concernait pas réellement après tout). Encore maintenant, depuis son retour à Brisbane, je ne pouvais mentir concernant le fait que nos liens s’étaient resserrés, Andrew était d’ailleurs particulièrement présent depuis que je lui avais fait part de mes soucis de santé. « Andrew ? Moi je l’aime bien… Je l’ai beaucoup côtoyé quand j’étais enfant, je suis retombée par hasard sur lui il y a quelques semaines, j’étais contente de le retrouver. » Après, nous n’étions pas obligés d’avoir la même opinion concernant le père de Mia, mais j’étais plutôt étonnée que Jaxsemble si sûr de lui, dans des propos qui m’étonnaient grandement. Je n’avais absolument pas une mauvaise image d’Andrew, bien au contraire. « Quand tu l’as vu, il était peut-être dans un mauvais jour, il a quelques soucis assez compliqués à gérer en ce moment… » Rajoutais-je, dans un haussement d’épaules. Je n’arrivais décidemment pas à comprendre les propos de Jax et mon incompréhension se faisait ressentir à cet instant.
Jax était arrivé à l'orphelinat alors qu'il n'avait que quelques jours. Ce n'était malheureusement pas le premier à qui cela arrivait et certainement pas le dernier non plus. Pourtant, dès les premiers jours, il avait été différent. Bébé, il ne pleurait que lorsqu'il avait faim ou qu'il avait besoin qu'on le change. Il pouvait rester des heures, les yeux ouverts à regarder autour de lui, plus tard à jouer avec ses hochets et plus tard encore devant un bon livre ou une feuille de dessin. Autour de lui, les autres enfants étaient souvent turbulents, pas très bon en classe et semblaient faire subir au personnel de l'orphelinat toute leur misère. Aussi, il ne se mélangeait pas trop. Et puis, il y avait eu Peter. Il l'avait de suite pris sous son aile, ils avaient sensiblement le même caractère et ils étaient capables de rester assis côte à côte pendant des heures sans parler. Depuis leurs retrouvailles, Jax trouvaient qu'ils n'avaient presque plus rien en commun, qu'ils avaient tous les deux pris des chemins différents et des caractère différents. Mais, de ce qu'était en train de lui dire Tessa, il se rendait compte que finalement, ils n'étaient pas si différents. En tout cas, ils avaient tous les deux un grand sens de la famille et surtout, ils prenaient leur rôle d'aîné de la famille très au sérieux. « Je ne peux que le comprendre, je suis un peu pareil avec mes sœurs. »
La discussion dériva sur Mia et sur Andrew. Jax aurait tellement voulu entendre que c'était un con. Il avait besoin d'entendre ce genre de choses pour confirmer ce qu'il pensait de McKullan mais Tessa n'alla pas dans son sens presque en vanter les mérites de l'homme. Il était déçu et il essaya de ne pas trop le montrer. Elle avoua qu'il avait des soucis en ce moment mais Jax s'en fichait cordialement. « Peut-être. » Du coup, il n'avait pas vraiment envie de s'étendre sur le sujet.
J’espérais que Jax pourrait faire quelque chose mais j’en doutais grandement. Si moi, la propre sœur de Peter, était incapable de le faire réagir, il y avait peu de probabilités pour que quelqu’un d’autre puisse le faire… Si j’avais pu l'aider d'une quelconque manière, je l’aurais clairement fait, mais pour le moment, je n’avais plus aucune idée sur ce que je j'étais encore en mesure d'entreprendre pour l'aider, à part croiser les doigts pour que quelque chose lui fasse prendre conscience de la situation, quitte à ce que ce soit brutal pour lui c’était peut-être ce qu’il lui fallait après tout. Je faisais part à Jax du fait que Peter tenait au fait de garder son rôle de grand frère, quitte à m’envoyer promener lorsque je tentais de prendre le relai, ce qu’il comprit puisqu’apparemment, il était lui-même pareil avec ses sœurs. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi Jax en venait à parler d’Andrew. J’avais aussi été en colère contre lui, il fut un temps, avant que ce dernier ne m’explique les raisons de son départ. J’étais tiraillée entre mon amitié profonde pour Mia et la compréhension que j’avais par rapport à la situation d’Andrew. J’avais décidé de ne prendre le parti de personne, en espérant qu’ils finiraient par repartir du bon pied, c’est tout ce que je leur souhaitais. Malheureusement, je ne doutais pas du fait que beaucoup de personnes, qu’il avait pu connaître Andrew dans le passé, allaient avoir une mauvaise image de lui, sans lui laisser l’occasion de s’expliquer davantage. Peut-être était-ce le cas de Jax, après tout ? Je sentais qu’il ne voulait pas s’étendre sur le sujet, ce qui m’arrangeait plutôt pas mal… Je jetais un coup d’œil rapide à ma montre et terminais mon verre, avant de me tourner vers Jax. « Je vais devoir te laisser, j’ai certaines… choses à faire chez moi. » En réalité, j’étais surtout extrêmement fatiguée et je ne voulais pas l’embêter plus longtemps. Je me levais et m’approchais de lui, lui déposant un bisou sur la joue. « Je te remercie pour ton aide, j’espère avoir l’occasion de te revoir bientôt, je suis très heureuse d’avoir pu enfin te connaître. » Je m’approchais de la porte d’entrée et lui faisait un dernier signe de main pour le saluer, espérant au plus profond de moi que ma tentative ne serait pas vaine, avant de passer la porte, avec un léger espoir que tout finirait par s'arranger.