Les derniers cartons enfin déballés, Jade s’affale sur le canapé. Elle soupire de soulagement ; Bien qu’elle ne possède pas énormément de biens, un déménagement avec un bébé de six mois n’était pas de tout repos. Elle avait dû constamment s'arrêter pour occuper Isaac, le bercer, lui donner à manger ou l’endormir. Tout ce remue-ménage l’a exténuée mais elle est heureuse d’être dans cet appartement. Depuis la naissance d’Isaac, sa chambre étudiante paraissait encore plus petite et n'était absolument pas adaptée. L’Université lui avait d’ailleurs fait une fleur en la laissant vivre sur le campus avec un bébé. Mais heureusement, grâce à son petit ami du moment, un agent immobilier avec une bonne réputation, elle avait pu louer un bon prix ce confortable et spacieux deux pièces à Toowong, juste à côté de l’Université. Le quartier était agréable, résidentiel, familial et une crèche se trouvait à quelques minutes à pied. Jade pourrait déposer Isaac sur le chemin de la fac et le récupérer sans avoir à faire de détour ou prendre la voiture. Elle se relève et ouvre la porte de la chambre pour vérifier que le petit dort toujours. Ravie d’avoir enfin un vrai chez-eux, elle se prépare un thé et savoure ce moment de répit après s’être exténuée à monter et descendre les escaliers, les bras chargés de cartons trop lourds pour elle. La sonnerie de son portable retentit : un message de Connor, son petit ami.
J’espère que tu es bien installée. Pour fêter ça, j'ai réservé une table dans un super resto vendredi soir. Fais garder ton fils, je paierais la baby-sitter. A très vite beauté.
Elle regarde la date affichée sur son portable : mercredi. Elle a donc deux jours pour trouver une baby-sitter. Quand elle veut sortir le soir, Jade fait souvent appel à des amis ou des copines de sa classe, mais un vendredi soir, impossible de leur demander : la plupart cherchaient à se détendre de leur semaine en allant boire des verres et faire la fête. Passer la soirée avec un bébé de quelques mois ne rentrait surement pas dans leur plan. Et en général, elle ne fait pas appel à ce genre de service qui sont au-dessus de ses moyens, elle n’a donc aucun contact. Un peu dépitée, elle décide de répondre plus tard à ce message et consulte ses réseaux sociaux. Une annonce postée sur le groupe des étudiants de l’université attire son attention. Une jeune femme, d’à peu près son age, propose ses services de garde d’enfant. Moana Brook. Bien que la jeune femme demande plus de dix dollars de l’heure, elle clique sur son profil et lui écrit un message. Jade lui demande si elle serait d’accord pour garder Isaac vendredi soir. Après tout, c’est Connor qui paie. La jeune femme lui réponds quasi-instantanément et lui indique qu’elle est disponible pour la rencontrer cet après-midi et également vendredi. En effet, Jade préfère la rencontrer en personne avant de lui confier son fils. Elle la convie donc à venir à l’appartement, une solution de facilité pour elle car chaque sortie est un parcours du combattant avec son si jeune bébé. Deux heures plus tard, on sonne à la porte. Jade, avec son fils dans les bras, va ouvrir et invite Moana à entrer. « Merci d’avoir accepté de venir ! Je peux te proposer un thé ? Un café ? » Elle lui indique le canapé du salon. « D’ailleurs je me permets de te tutoyer, on a presque le même âge, ça ne te dérange pas ? » Elle lui sert donc un verre et s’installe à ses côtés. « Je sais que c’est un peu étrange, mais je ne suis pas habituée à faire garder mon fils. Ca me rassure de te rencontrer avant de te le confier vendredi. »
Dans deux mois, dans deux longs mois ça sera enfin sa rentrée à l'université ! Moana compte les jours, enfin c'est plutôt l'application de son téléphone qui le fait mais qu'importe. Lorsqu'elle est arrivée à Brisbane il y a de ça cinq mois maintenant, elle venait de terminer l'année scolaire et d'avoir son bac alors qu'ici… ils étaient en plein milieu. Décalage oblige, elle a forcément dû depuis rester en vacances prolongées. C'est pas plus mal, ça repose et puis c'est le rêve de n'importe quel écolier d'avoir six mois de vacances si ce n'est plus non ? Pas trop celui de Moana qui au départ avait eu peur de s'ennuyer énormément. Bon c'est vrai parfois c'est le cas mais finalement elle a réussi à s'en sortir en trouvant de nombreuses activités à faire. Rapidement, la jeune polynésienne avait fini par proposer ses services comme baby-sitter. Une activité qui l'avait grandement occupée ces derniers temps. Elle adore les enfants, ça serait presque une vocation dans sa fratrie puisque son aînée est sage-femme. Parfois elle gardait une fois ou deux certains enfants, pour remplacer la baby-sitter habituelle de parents qui avait un empêchement de dernière minute ou qui était malade par exemple. Puis y'avait aussi des enfants dont elle était devenue la baby-sitter à temps plein. Son prix n'était pas très cher à son sens, 12 dollars australien de l'heure. Elle s'était renseignée sur des sites et de ce qu'elle avait vu, c'était le plus courant. En Polynésie c'est pas du tout ce prix-là alors il a fallu qu'elle se mette à la page. Elle continuait à poster sa petite annonce un peu partout parce qu'avec les vacances scolaires des australiens qui commençait très bientôt elle allait pouvoir faire son beurre si on peut dire ça comme ça.
Récemment, Moana avait fait la visite de l'université et les membres du bureau des lycéens lui avait parlé du groupe facebook où elle pourrait voir les activités qu'ils organisaient… Y'avait aussi une petite partie pour faire des annonces et elle avait mis la sienne ici également. Deux jours étaient passés puis finalement il y a eu une réponse d'une jeune fille appelée Jade Brown. Elle avait répondu aussitôt et elles avaient convenu d'une première rencontre le jour-même. C'était pas si loin de chez elle, elle habitait le même quartier non loin de sa future université. Moana avait donc fait le trajet à pieds. « C'est normal, je suis pas loin d'ici en plus.» fit la polynésienne grand sourire avant de lui demander un thé. « Peu importe le goût je suis pas difficile. » ajouta-t-elle. Puis on lui a toujours dit que c'est mal venu de s'imposer de la sorte. « Non évidemment il n'y a aucun soucis. Ça serait un peu bizarre autrement sinon. » ajouta-t-elle. Elle avait déjà vouvoyer quelqu'un de son âge et ça lui avait donné l'impression de parler comme une personne de la haute société, pas une expérience qu'elle a envie de réitérer. « Je comprends ton point de vu c'est normal. En soit moi aussi j'aime bien savoir à qui je vais avoir à faire avant et puis c'est un moyen aussi de rencontrer l'enfant. Parfois ça passe pas le courant, mais ça n'a jamais été mon cas. » rassura Moana avant de continuer. « Ça permet aussi d'aider l'enfant à se faire à l'idée. » expliqua-t-elle. Heïana lui avait enseigné cela, c'est bien de le ressortir ça fait plus professionnel.
Il n’était jamais évident de faire garder son enfant, surtout lorsque ce dernier est encore aussi jeune qu’Isaac. Néanmoins, la vision de Moana la rassure. La jeune femme en face d’elle est souriante, avenante et présente bien. Elle a également l’air douce et dégage une impression de sérieux et de sérénité. Jade ne pouvait espérer mieux pour un premier contact. Avant son arrivée, elle s’était imaginée toutes sortes de folies concernant la personne qu’elle allait rencontrer, persuadée que trouver la personne parfaite serait bien trop tôt. Ses doutes se dissipent plutôt vite à la vision de la jolie brune. Elle lui sert un thé à la menthe et s’installe en face d’elle, le petit Isaac toujours dans ses bras. « Oui c’est important. Bon vu son âge je pense qu’il n’y fera pas trop attention mais tu as raison, on ne sait jamais. » Elle se sent en confiance et commence donc a expliquer brièvement ce qu’elle attend de Moana vendredi soir. Rien de bien compliqué en somme, Isaac aura mangé, il faudra simplement le coucher et veiller sur lui. Elle lui montre aussi quelque trucs pour le calmer facilement lors d’une crise de pleurs. « Ce ne sera rien de bien compliqué, c’est un bébé calme la plupart du temps. » A ces mots, Isaac en profite pour la faire mentir en poussant un cri énorme. « Voilà. Ce genre de petite crise sont assez rares, mais je crois que monsieur a envie de se faire remarquer. » Elle rigole et berce le petit tranquillement le temps qu’il se calme. Une fois fait, elle l’installe dans son couffin et elle reporte son attention sur Moana. « J’imagine que tu as l’habitude de garder des enfants ? Le fait qu’il soit encore si petit ne te dérange pas ? » Elle se doutait qu’un nourrisson pouvait être impressionnant lorsqu’on n’y était pas habitué. Elle même avait eu beaucoup de mal au début, effrayée de manipuler un être si petit et si fragile. Tout en repensant au début de sa maternité, elle ne peut s’empêcher de se demander ce que la jeune femme pense d’elle. Elles ont presque le même âge et elle se doute qu’elle a rarement dû voir des mères de vingt ans comme elle. Elle ne lui donne pas l’air d’être dans le jugement, mais Jade ne peut s’empêcher de se questionner. Que pouvait-elle bien penser de sa situation ? De la pitié ? Du dégoût ? Elle ne le saurait jamais car, qu’elle le pense ou non, elle n’avait pas l’air d’être du genre à émettre un jugement sur la vie des gens. Jade la jalousait un peu aussi. Elle aurait aimé pouvoir seulement s’occuper d’enfant de temps à autre et profiter de sa vie d’étudiante. N’avoir à se soucier que de ses notes d’examens et des garçons avec qui elle sortait. La vie en avait décidé autrement. Elle n’avait pas d’autres choix que de faire avec. Évidemment elle aimait son fils plus que tout et ne voyait désormais plus son monde sans lui, mais elle l’aurait aimé l’avoir ne serait que cinq ans plus tard. Et avec un père aussi, pourquoi pas. Elle ressert un peu de thé à Moana. « Tu étudies quelles matières à l’université ? » Elle cherche dans ses souvenirs mais elle ne se souvient pas l’avoir aperçue sur le campus. Non pas que Jade y passe énormément de temps, au contraire. Isaac avait certes l'âge d'aller à la crèche mais il était aussi dans l'âge où les poussées de fièvre survenaient tous les quatre matins, elle était donc souvent obligée de rater les cours pour rester auprès de lui. La perspective de la soirée de vendredi lui faisait un bien fou. Moana était une aubaine et lui permettrait de passer une soirée plus ou moins normale.
@Moana Brooktoutes mes excuses pour le retard, j'espère que tu ne m'en veux pas
Moana l’observe servir le thé, avec l’enfant dans les bras… prête à proposer son aide si besoin. Gérer plusieurs choses à la fois avec un petit qui demande de l’attention ça ne doit pas être… simple. Elle ne dit rien pour le moment, ne préférant pas trop s’imposer d’un coup comme ça. Ça serait presque comme la critiquer d’un côté. Mais de l’autre ça doit pas être très simple de s’occuper d’un enfant en bas âge quand on est si jeune et seule. La petite polynésienne n’a pas vu l’ombre d’une présence masculine ici alors elle suppose que Jade doit être une jeune mère célibataire. Peut-être qu’elle pourrait poser la question un peu plus tard, si elles deviennent plus proches parce qu’elle serait amenée à garder le petit Isaac de façon plus récurrente par exemple. Elle entend déjà sa sœur aînée Heïana lui faire une réprimande pour les pensées qu’elle a actuellement qui sont tous sauf appropriées. C’est vrai après tout, pourquoi Moana serait obligée de porter un jugement sur ce qui ne la regarde pas ? Ceci dit ça ne l’empêche pas d’être grand sourire et d’inspirer la confiance comme lui avait enseigné sa grande sœur qui elle a vraiment l’habitude des enfants puisqu’elle est sage-femme. « Il me semble effectivement que tu m’avais rapidement parlé de mes missions. Ca va, ce n’est pas compliqué je devrais m’en sortir. » fit-elle avant d’être coupée par le petit. « Même pour gérer une crise, j’ai des tips. » ajouta ensuite la polynésienne. Le réveil de la force, incarné par le cri d’Isaac, la fit sourire. C’est typique des enfants en bas âge pour se faire remarquer quand on parle d’eux ou juste… pour communiquer à leur façon. Rien de bien méchant en somme, suffit juste de ruser parfois pour le calmer. « Isaac ne parle pas encore je suppose enfin… c’est une question très bête désolée. » Voilà, elle n’avait pas réfléchi avant de parler. Après parfois, certains enfants peuvent être très précoces donc bon elle aura peut-être pas l’air si bête que ça avec sa question. Mais bon le petit devait avoir quoi, six mois d’après ses rapides calculs ? C’était peut-être un peu trop tôt pour le coup… La polynésienne enchaîne rapidement sur la réponse à une autre question de Jade pour éviter que cette question… gênante pèse au-dessus de leurs têtes durant le reste de ce petit entretien. « Je n'ai effectivement pas l’habitude de garder des bébés de moins d’un an mais j’ai une sœur aînée qui travaille comme sage-femme alors ça aide un peu en plus d’avoir de l’expérience personnelle évidemment. » compléta Moana. En Polynésie elle en faisait pas des masses du baby-sitting, c’était presque occasionnel. Mais depuis son arrivée à Brisbane c’était toutes les semaines depuis bientôt six mois alors ça lui avait forgé de l’expérience. « Je suis pas encore étudiante à l’université. En fait, je viens d’une île française où la rentrée est décalée de celle en Australie. J’avais terminé mon lycée en juin alors qu’ici c’était le milieu d’année donc ça aurait été compliqué. » expliqua Moana avant de continuer. « Mais en février, je serai en licence de sciences politiques. Et toi, tu fais quoi comme études, métier ? »
Jade profite que le petit se soit endormi dans son couffin pour se détendre un peu. Elle souffle doucement sur sa tasse de thé et en prend une petite gorgée. Il fallait avouer que s’occuper d’un bébé à plein temps était une activité plus que chronophage. Pouvoir imaginer s’octroyer une soirée sans son fils était jusque-là impensable. C’était sans compter sur la délicieuse idée de Connor. La perspective de confier son bébé à Moana l’angoissait un peu aussi, mais la jeune femme en face d’elle lui inspirait confiance. Elle est souriante, douce et semble vouloir faire les choses correctement. Elle pose en effet beaucoup de questions à Jade, ce qui n’est pas pour lui déplaire. « Oui tu n’as pas à t’en faire. C’est principalement de la présence, au cas où. Tu pourras évidemment faire comme chez toi dans l’appart, ne te gènes pas. » Jade lui sourit. Elle est ravie de voir que Moana a déjà sa petite expérience avec les enfants et qu’une crise de pleurs ne lui fera pas peur.
Elle ne peut s’empêcher de se remémorer les premiers moments avec Isaac. Elle avait d’ailleurs appelé Connor à la rescousse pour l’aider à calmer le bébé qui ne s’arrêtait pas de pleurer depuis une heure. Il n’y connaissait pas grand-chose non plus, mais à deux ils avaient fini par endormir Isaac à grand renfort de berceuse, de câlins et de biberons. Désormais, elle n’avait plus besoin d’aide et gérer les émotions du petit lui était de plus en plus simple. La belle polynésienne lui demande s' il parle mais se reprend aussitôt, trouvant sa question idiote. Jade ne peut s’empêcher de rire gentiment. « Non, il ne parle pas encore, heureusement d’ailleurs. Mais t’inquiète, c’est pas stupide. Si tu savais le nombre de choses que je ne savais pas avant d’avoir un bébé. » Elle aussi s’était sentie stupide à plusieurs reprises, sans personne pour lui expliquer, elle avait plusieurs fois mis des couches à l’envers ou servis des biberons froids. Elle découvrait petit à petit toutes ces petites choses au fur et à mesure.
Lorsque Moana évoque le métier de sa sœur, Jade lui demande, intéressée « Oh, elle travaille dans quel hôpital ? » C’était un métier qu’elle trouvait magnifique, surtout depuis son accouchement. Les sages-femmes avaient tellement été gentilles et surtout, elles avaient été d’une précieuse. La sœur de Moana avait peut-être été l’une d’elle. Quoi que, la coïncidence serait bien trop énorme, mais ça l'amusait de le penser. « C’est pour ça que je ne t’ai jamais vue sur le campus ! Wow, ça doit être fou de vivre sur une île ! Ça ne te manque pas ? » L’esprit de Jade vagabonde et elle s’imagine alors en maillot de bain sur une plage de sable blanc déserte, sous les cocotiers avec les lézards pour seule compagnie. Bien évidemment, la vie à Brisbane était douce, mais cela restait la ville avec son bruit et son agitation.
La polynésienne lui apprend qu’elle va bientôt commencer à étudier les sciences politiques. « Si tu veux, on pourra déjeuner ensemble une fois que tu auras fait ta rentrée. Tu connais déjà du monde ici ? » lui demande-t-elle. Après tout, elle pourrait très bien s’entendre, Moana semblait être une fille simple et Jade avait grand besoin de copines pour se changer les idées. Peut-être que ce baby-sitting déboucherait sur une amitié. Seul l’avenir leur dira. « Qu’est ce que tu aimes faire de ton temps libre ? Tu as des passions, des hobbies ? »
« Oh euh je voudrais pas trop m’imposer non plus. » répondit Moana en souriant mais en étant un peu gênée tout de même par la proposition. On lui avait appris à être comme ça, à rester à sa place. Elle ne se sentirait pas à l’aise de se balader partout dans l’appartement de la jeune femme alors qu’elle la connaît à peine. Elle fera juste les endroits qui lui sont utiles c’est tout. Puis elle restera convenablement assise dans le canapé ou autour de la table avec ses activités lorsqu’Isaac dormira et a toujours être prête à intervenir si besoin. « Enfin la mienne était une question très bête pour le coup. J’ai pas fait le calcul dans ma tête avant de parler. » ni tourné sa langue sept fois dans sa bouche comme le dit le dicton. Vraiment à force, elle va finir par avoir des problèmes si elle ne le fait pas. Mais bon, ce n’est pas pour aujourd’hui que ça arrivera. « Oh oui je suppose que ça doit être très difficile. » Elle se stoppa avant de dire une bêtise, alias préciser quand on est seule. Non ce n’est pas le moment de braquer la jeune femme alors qu’elles semblent bien parties pour une chouette discussion. « Tous les livres et articles ne sont que de la théorie qui est bien différente de la pratique. C’est comme tout. » continua la polynésienne. C’est sûrement aussi pour ça que les exercices sur le terrain ont une place importante dans les formations qui touchent aux enfants, parce qu’il y a que ça de vrai. « A celui de Brisbane, le Saint Vincent hopital depuis juin de cette année du coup. » Avant elles étaient en Polynésie et sa sœur était encore aux études un peu. « Elle s’appelle Heïana si ça te dit quelque chose. » Moana a un grand sourire aux lèvres quand Jade apprend le fait qu’elle vient de Polynésie. La jeune fille est vraiment fière de ses origines et c’est vrai que ça lui donne un certain sentiment de fierté quand elle voit une réaction comme celle-ci. « C’est vrai qu’on est bien là-bas, on se sent proche de la nature et c’est un peu comme le paradis. » N’importe qui rêverait d’être à Tahiti toute une année, voir le reste de sa vie. « Un peu pour le moment parce que j’y suis restée huit ans quand même et que j’ai presque toutes mes amies là-bas. Mais je suis contente d’être revenue à Brisbane quand même. » parce qu’elle est plus proche de Romeo son petit-ami et qu’ils peuvent se voir plus souvent normalement. Elle soupire ensuite d’un mélange de nostalgie et d’agacement parce qu’elle a de l’eau dans cave. Elle a pas du bien maitriser la sécheuse et ça lui fait presque un pantacourt maintenant. Dommage c'était son jean favori en plus ! “Merci de ta proposition, avec plaisir.” C’est toujours sympa de connaître du monde quand on arrive dans un nouvel établissement et d’autant plus quand il est grand. “A l’université non mais ici oui. J'y ai habité auparavant déjà donc je connais déjà un peu de monde." Moana aborde encore un huge sourire au moment de parler de ses loisirs. “La musique, j’aime chanter, jouer, composer. Sinon j’aime aussi danser, coudre, faire du shoping bref un tas d’activités.” Mais la musique c’est la number one. “Et toi ?”
Jade est désormais rassurée : Moana semble être une fille sérieuse et elle écoute ses conseils d’une oreille attentive. Il ne fait aucun doute qu’elle pourra très bien s’occuper d’Isaac pour une soirée. Elle la trouvait aussi très drôle, à ne pas vouloir gêner, se faire discrète. Elle semblait presque s’excuser d’être là, c’était assez touchant à voir. Les deux jeunes femme discutent de la complexité de s’occuper d’enfants, notamment lorsque l’on en a jamais eu avant. Encore une fois, la polynésienne fait toujours très attention aux mots qu’elle emploie. Jade, amusée, ne peut s’empêcher de compléter sa phrase : « C’est difficile quand on est seule ! Tu peux le dire oui, je ne me vexerais pas. » lui dit-elle avec un sourire aux lèvres. Etre maman n’était pas évident, encore moins lorsqu’on était seul et aussi jeune. Jade avait appris à faire avec, tout simplement.
La discussion tourne alors autour de la soeur de Moana, qui est sage-femme. « Au vu des dates, je ne pense pas qu’elle travaillait déjà lorsque j’ai accouché d’Isaac. » dit-elle en secouant la tête. La coïncidence aurait été bien trop grosse pour être vraie. Moana lui informe qu’elle vivait à Tahiti avant de revenir à Brisbane, ce que la jolie blonde trouve exceptionnelle. Elle se met à rêver du cadre de vie auquel la jeune femme a pu gouter avant de venir ici et elle ne peut s’empêcher de l’envier un peu aussi. Quel rêve ce serait.
Lorsque Moana lui informe qu’elle est à Brisbane depuis peu, Jade ne peut s’empêcher de lui proposer de se voir. Ce que Moana accepte avec plaisir. « Cool ! » s’exclame la jolie blonde. « Il y a un petit restaurant super sympa à côté du campus, je t’y emmènerais. » Elle était ravie d’envisager de revoir Moana, cette fois ci dans un cadre plus détendu. La jeune femme semblait être très sympathique et elle ne doutait pas du fait qu’elle pourrait devenir amies.
Jade lui demande ce qu’elle aime faire dans la vie, Moana lui parle de ses passions. Jade est agréablement surprise de savoir que la polynésienne est musicienne. « Tu pourras chanter des chansons à Isaac, il adore ça ! Et moi aussi, j’aimerais bien t’entendre un jour ! » Elle reprend une gorgée de thé lorsque son fils se remet à chouiner. Elle se lève pour le prendre dans ses bras lorsque Moana lui retourne la question. « Hmm… Malheureusement avec le petit je n’ai pas vraiment le temps de faire tout ce que je voudrais. » confesse t-elle. « Mais j’aime beaucoup les comédies musicales et aller au restaurant. » finit-elle par dire. Rien de très excitant, certes, mais le quotidien de la jeune femme était rythmé entre ses cours et la garde de son fils, elle n’avait ni les moyens ni le temps de pratiquer un sport ou une tout autre activité.
Moana lui indique qu’elle doit s’en aller, Jade la remercie rapidement. « En tout cas, c’est très gentil à toi d’être venue ! » lui dit-elle en la prenant dans ses bras. « Je te dis à vendredi du coup. » Les deux jeunes femmes échangent un sourire et Jade observe la polynésienne s’en aller dans le couloir avant de refermer la porte derrière elle.