@"JILL MCGRATH-FITZGERALD" & FINNLEY COVERDALE ⊹⊹⊹ should i stay or should i go now? if i go there will be trouble and if i stay it will be double, so come on and let me know.

Ça va te sembler bizarre, mais est-ce que tu peux confier les petits à quelqu’un pour quelques jours ?

J’ai besoin de changer d’air et je me suis dit que peut-être, toi aussi.

Je sais que c’est pas raisonnable, alors au besoin, un ‘’non’’ fera l’affaire plutôt qu’une visite surprise pour m’en coller une.  

(SUR LA ROUTE). Les messages sont partis depuis le canapé d’Aaron qu’il occupe depuis près d’une semaine, à ressasser sans-cesse sa dernière conversation avec Lou, son manque cruel d’arguments qui fut invalidé par ces quelques taches de sang sur ses chaussures. Elle aurait pu nier qu’il l’aurait crue – trop aveuglé par ses sentiments qu’il a découvert à sens unique ; mais elle ne l’a pas fait, le laissant en proie à ce doute insupportable qui s’est concrétisé lorsqu’il a baissé les yeux sur ses talons, lorsqu’il a compris qu’elle n’a pas à ouvrir la bouche pour lui offrir les réponses qu’il exigeait. Il aurait pu en demander d’autres, il aurait pu creuser la surface pour obtenir les détails, mais de la même manière qu’il n’a pas voulu voir que Lou lui cachait des choses du temps de leur relation, il n’a pas voulu savoir quelles étaient exactement ces choses. Finalement, l’inconnu lui convient très bien, car jamais rien de ce qu’il peut imaginer ne serait probablement assez représentatif de la nouvelle réalité de Lou dans laquelle la seule place qu’il peut occuper est celle de dommage collatéral. Il l’a été pour elle, il l’a été pour ses sœurs ; en fin de compte le rouquin prend conscience qu’il ne représente rien de plus qu’un caillou dans les ambitions des autres, qu’on jette dès que la possibilité est donnée. Et il a hésité des jours durant quant à ce qu’il pourrait faire pour réagir, pour ne pas accepter ce statut que d’autres décident pour lui. Une façon d’essayer de reprendre les choses en mains, de se donner un pouvoir qu’il n’a plus. Confronter Lou une seconde fois est inutile et ne ferait que raviver des plaies encore trop douloureuses quant à ses sentiments qu’il ne peut oublier d’un claquement de doigts. Se prendre en mains n’est pas une solution adéquate de par le fait qu’il possède désormais la plus belle des excuses pour boire sans retenue, sans se soucier de son état autant que des autres. L’excuse est facile ; autant s’en saisir. Se confier n’est pas non plus une perspective envisagée de par l’inévitable dénonciation des activités de Lou qui en découleraient : et si cela peut paraître évident, Finn se surprend encore à vouloir protéger celle qui a partagé sa vie et qui était, avant ses mensonges, parvenue à adoucir son quotidien. Et si désormais il n’existe plus rien d’autre que de l’amertume, ce n’est pas pour autant qu’il se sent légitime à pointer du doigt ses agissements. C’est encore bien trop réel, bien trop cliché, pour qu’il accepte tout ce qu’il vient d’apprendre.

Alors à défaut, il a pensé à Jill, à ce code qu’ils ont échangé à l’hôpital après la naissance de ses enfants : l’un pouvait venir sauver l’autre. Et s’il pensait qu’il serait le plus sollicité, le fait est qu’actuellement, c’est bien lui qui a besoin d’être sauvé par sa meilleure amie. Malgré son nouveau rôle, il a mis la bienséance de côté pour lui faire cette proposition, s’imaginant qu’au fond, elle en a autant besoin que lui. Elle a accepté et il n’a pas fallu plus de quelques heures pour que son sac soit fait, que Wernicke soit confié aux bons soins d’Aaron (en suppliant le chien de ne pas claquer durant son absence) et que sa voiture, autant que Jill, deviennent ses meilleures alliées pour les jours à venir. Il l’a récupérée devant chez elle, ne s’est même pas assuré une dernière fois que cette idée ne lui causerait aucun souci avec Bailey ; pour une fois il a décidé d’être égoïste, tout comme Lou et de ne penser qu’à lui. Après tout, ça a réussi à la jeune femme et il veut comprendre le sens de tout ceci.

Il annonce la couleur d’entrée de jeu ; les premières heures se passeront sûrement dans un silence assourdissant, la volonté de fuir Brisbane bien plus importante que celle de se confier à Jill. Il connait suffisamment cette dernière pour savoir qu’elle pourrait négocier ou s’en plaindre ; mais il lui offre un regard digne des siens lorsqu’elle s’y essaie. La musique est le seul bruit qu’ils entendent sur des kilomètres, jusqu’à ce qu’ils soient contraints de s’arrêter sur une aire d’autoroute, l’essence venant à manquer autant que l’appétit qui tend à augmenter. Il paie le casse-croute de pacotille avant qu’ils ne squattent une table bancale non loin de la voiture et qu’il se décide enfin à cesser de jouer au roi du silence. Il aurait tant de choses à dire, mais il ne sait pas par où commencer, alors à défaut c’est l’évidence qui s’échappe d’entre ses lèvres. « Je la déteste. » Et elle comprendra sûrement l’évidence, elle comprend toujours tout avant lui, Jill, de toute manière.

Elle a reçu des messages de Finn. Des messages étranges et elle n’a pas pu les ignorer. Il va mal, elle le sent, et elle ne le laissera pas tomber. Elle n’a pas eu besoin de répondre, quelques minutes après il était chez elle et il venait la récupérer pour partir vers un endroit inconnu. Elle ne sait pas où elle va, mais, cette fois, elle a laissé un mot à Bailey, et elle lui enverra des messages dès qu’elle le pourra. Elle a préparé son sac sans trop réfléchir. Elle n’a aucune indication, et pourtant, elle le suit sans même poser plus de questions. Il se tait et elle ne le forcera pas à parler. Elle sait à quel point ça peut être compliqué de parler quand rien ne va. Elle a passé des heures à rester silencieuse quand elle avait fuit avec Louisa.

Les kilomètres s’égrainent et le silence reste pesant. Il y a du monde sur la route mais Jill s’intéresse bien moins à ce qu’il se passe sur la route que dans la tête de Finnley. Elle se demande ce qui le met dans cet état. Elle ne veut pas le forcer et pourtant son regard doit être pesant. Il n’est pas du genre à fuire de cette manière le roux, et cela fait des années qu’ils n’ont pas voyagé de cette manière. Les choses s’arrangent entre Jill et Bailey ces derniers temps, et elle tente d’accepter les bébés et de s’en occuper comme une vraie mère se doit de le faire. Mais pour rien au monde elle n’aurait abandonné son meilleur ami dans un tel moment de détresse. Elle le connait depuis des années, et elle comme lui savent qu’ils peuvent se faire confiance à tout moment. Qu’ils sont capables de tout abandonner pendant un temps pour aider l’autre à aller mieux.

Ils s’arrêtent et Jill met de l’essence pendant que Finn se décide à aller chercher à manger. Elle le rejoint rapidement, soupire et finit par capter son regard quand il commence à parler. « Je la déteste. » “C’est donc à cause d’une elle.” Et elle ne peut pas s’empêcher de déjà se mettre à la détester de tout son coeur. “On doit l’éliminer de la surface de la Terre ?” Elle est à moitié sérieuse.

« C’est donc à cause d’une elle. » « C’est à cause de Lou. » Il confirme, affirme, ou corrige, il ne sait pas réellement tandis que le simple fait de prononcer ce prénom à voix haute lui provoque une grimace. Trois lettres qui n’ont plus aucun sens mises ensemble, un prénom qu’il voudrait oublier et une affection qui transparait encore malgré lui qu’il aimerait brûler pour s’en débarrasser alors qu’elle lui colle encore à la peau. Si Finnley n’a jamais été très ouvert quant à sa vie privée, Jill est l’une des rares qui puisse se vanter d’avoir été mise au courant de cette relation, avant même les propres sœurs du rouquin. Une relation qu’il n’a jamais vraiment officialisée pendant longtemps, lui-même ne sachant pas comment se positionner quant à celle-ci et qu’il a fini par évoquer lorsqu’il avait la certitude que son affection était partagée par celle qu’il avait appris à appeler petite amie et qu’il appréciait de présenter ainsi. Mais tout ceci appartient désormais à un passé encore trop frais pour être véritablement considéré comme tel. « On doit l’éliminer de la surface de la Terre ? » Un sourire cynique s’affiche sur ses lèvres tandis qu’il daigne accorder un regard à Jill. « J’aimerais te dire oui, mais je t’en sais capable. » À défaut de la surface de la terre, il voudrait au moins qu’elle soit éliminée de son cœur ; et c’est très certainement la mort la plus difficile à donner, celle à laquelle Jill ne peut que l’encourager à défaut de participer activement. Le simple fait qu’elle ait accepté de le suivre dans ce voyage imprévu, insensé et imposé est une manière pour elle de l’encourager à faire son deuil – même si elle n’en a probablement pas conscience. Il avait seulement besoin de partir avec quelqu’un de confiance, sans réellement savoir pourquoi. Et il ne cherche pas vraiment à le savoir, en réalité, alors que plus rien n’a vraiment de sens. « Elle s’est bien foutue de moi. » Il anticipe le moment où il devra justifier cette fuite autant que sur ses sentiments désormais (presque) négatifs. Ces quelques mots suffisent à résumer une situation qui ne semble pas pouvoir l’être tant elle est irréaliste. « Je sais même pas par où commencer. » Il soupire en affichant un sourire las. « Tout ce qui s’est passé ces derniers jours est digne d’un film. » Il ne devrait pas en parler, il ne devrait pas compromettre celle qu’il aime de cette façon, mais n’a-t-elle pas compromis toute leur relation sans le moindre égard pour lui ? Elle l’a bercé d’illusions et de mensonges, il ne tient qu’à lui de remettre les compteurs à zéro en faisant preuve d’une sincérité à toute épreuve. « La seule fille pour laquelle j’ai eu des sentiments est une baronne de la drogue, c’est pas formidable ? » Et cette fois-ci, c’est un rire nerveux qui s’échappe d’entre ses lèvres, bientôt suivi d’un soupir las et d’un regard dépité ; oui, il espère encore qu’un abruti sortira d’entre les buissons pour crier « coupez » et que sa vie reprenne son cours. Elle n’était pas bien réussite, certes, mais il l’aurait appréciée à sa juste valeur s’il avait su qu’elle pouvait être bien pire et ce, par la faute d’une seule personne qui était pourtant celle qui l’aidait à trouver un semblant de bonheur au milieu de cette morosité quotidienne.

« C’est à cause de Lou. » Les dents de Jill se serrent. Elle déteste quand les gens font mal à ceux qu’elle aime. “Ca m’étonne pas.” Elle ne garde pas tout ça pour elle alors qu’elle le devrait peut-être. Elle ne connait pas l’histoire de Lou, mais elle n’a jamais fait confiance aux copines de Finn. Il est trop fragile, trop gentil pour pouvoir être heureux avec ce genre de personnes. « J’aimerais te dire oui, mais je t’en sais capable. » Elle sourit, un sourire carnassier. “J’ai déjà plusieurs plans du meurtre parfait en tête.” Elle hausse les épaules comme si c’était la chose la plus normale de tous les temps. Elle voit qu’il va mal, et elle serait prête à tout pour que ça s’arrête. Il ne mérite pas ça, la seule chose qu’il mérite Finn, c’est d’être heureux et d’être aimé.

Elle n’a pas posé de question et pourtant il répond par lui-même. « Elle s’est bien foutue de moi. » Elle ne dit rien, il a enfin décidé de parler alors elle ne compte pas l’interrompre. « Je sais même pas par où commencer. » Elle l’observe, il est complètement perdu et elle se demande s’il va vraiment lui parler de tout ou s’il va d’abord s’effondrer devant ses yeux. « Tout ce qui s’est passé ces derniers jours est digne d’un film. » Elle fronce les sourcils, de plus en plus curieuse de ce qu’il a pu se passer dans sa vie à lui ces derniers jours. « La seule fille pour laquelle j’ai eu des sentiments est une baronne de la drogue, c’est pas formidable ? » Elle hausse les sourcils, se disant qu’il est sûrement en train de rire. Il ne rit pas du tout. “Alors toi t’as le don pour te mettre dans la merde.” Elle le regarde, comment est ce qu’il a pu se mettre dans un merdier pareil ? Il est en danger, et elle espère qu’il le sait. “Tu t’en doutais pas ?”

“Ca m’étonne pas.” Le sourire pincé sur ses lèvres traduit de ce douloureux constat qu’il partage avec elle ; bien sûr que ça n’étonne personne, pas même lui. Il n’avait jamais fait de plans sur la comète concernant sa relation avec Lou, conscient que celle-ci pouvait éclater à tout moment, ayant déjà été mise à rude épreuve par les disparitions inexpliquées de la jeune femme (et qui prennent désormais sens) ainsi que tous les cachoteries qu’elle masquait par des battements de cils. Mais le fait de ne pas s’imaginer finir sa vie avec la jeune femme et de prendre les choses comme elles venaient ne l’avait jamais empêché de savoir que si l’un des deux brisait le cœur de l’autre, ce ne serait probablement pas lui – et il avait raison. Et sans même parler de ses sentiments, avec le recul il lui semble évident que les choses n’auraient pas pu mieux se finir : ils étaient trop différents pour poursuivre leur chemin ensemble ; un jour ou l’autre les deux lignes parallèles se seraient séparées pour mieux exister. Il n’avait seulement jamais prévu que les choses dégénéreraient à ce point et qu’il se retrouverait à prier pour que l’on se moque ouvertement de lui, qu’il soit la victime d’une caméra caché un peu trop persistante. Mais les jours passent et rien ne vient confirmer cette hypothèse, l’obligeant à admettre que cette Raelyn avait raison sur toute la ligne. Mais comment accepter une vérité qui n’a aucun sens ? « Tu me les raconteras, ça me permettra de les vivre par procuration. » Il glisse avec un sourire, admettant toute l’étendue de ses sentiments contradictoires à l’égard de la jeune femme. Hier, il l’aimait encore ; aujourd’hui, il ne veut que la détester. C’est le sentiment qui prédomine et s’il ne peut pas mentir en prétendant que l’amour qu’il lui porte a disparu en quelques jours, il devient de plus en plus masqué par la rancœur et cette haine qu’il ne pensait même pas être en mesure de ressentir.

Il ne pensait pas non plus se retrouver à révéler la raison derrière cette séparation brutale, il s’imaginait encore naïvement être capable de garder la vérité pour lui par simple désir de la préserver, mais plus il l’évoque, plus il se rend compte que cela a toujours été à sens unique : est-ce qu’elle l’a préservé, lui, lorsqu’il s’est retrouvé à l’hôpital par sa faute ? S’est-elle excusée qu’il ait été un dommage collatéral de ses ambitions criminelles ? Non et il se doute qu’il n’obtiendra jamais le moindre pardon de sa part – pas que cela puisse changer quelque chose, ceci dit, mais il aurait au moins compris qu’il avait compté pour elle. La réflexion de Jill a le don de le faire rire, nerveusement, alors qu’il hausse les épaules. « Et dire qu’on a toujours cru que c’était ton truc à toi. » Elle s’est retrouvée dans la merde un bon nombre de fois, Jill, sans pour autant que ça n’en arrive à ce stade. Il est temps pour elle de rendre sa couronne, même s’il aurait préféré s’en passer. « Pas du tout. » Vraiment ? « Je me doutais qu’elle avait des activités pas forcément nettes, mais j’aurais jamais imaginé ça. » Non, c’est du domaine de l’irréaliste et ça aurait dû le rester. « Et pour être honnête, je n’en sais pas beaucoup plus. » Il admet, en haussant les épaules. « Une femme est venue me rendre visite à l’hôpital pour me dire que tout était de la faute de Lou. » Ce tout, cette agression qui restera impunie, il l’a très vite compris et qui devra le rester s’il tient à rester en vie. « Qu’elle était à la tête d’un gros réseau et qu’elle s’était fait les mauvais ennemis. » Le mot est faible, quand on voit ce dont ils sont capables. « Et quand je lui en ai parlé... Elle n’a pas nié, elle ne s’est pas excusée et ne m’a pas retenu. » Il n’a pas essayé de le faire non plus ; mais il semblerait qu’il n’était pas réellement celui qui avait des choses à se faire pardonner. « Alors, j’imagine que tout est vrai et que nous deux, ça ne signifiait quelque chose qu’à mes yeux. » Et il est tombé de haut, Finn, sur tous les plans. Il ne peut pas empêcher un nouveau rire de se saisir de sa gorge, tant tout ceci n’a pas le moindre sens. Lou a la tête d’un gang, baronne de la drogue et menace à éliminer du haut de sa taille de lilliputienne. Il n’a jamais été assez naïf pour considérer que Brisbane est une ville sûre et sans danger, sans face cachée, mais il ne pensait pas y être confronté d’aussi près. Les clichés qui entourent cette illégalité sont nombreux, mais aucun n’explique comment réagir lorsqu’on est un dommage collatéral de ceci, lorsque la personne que vous aimez est la responsable d’autant de dégâts autour d’elle. Se ranger de son côté et accepter de mettre ses valeurs de côté ? La dénoncer et risquer des représailles plus graves encore que celles qu’il a déjà subies ? Fermer les yeux et tenter de se persuader que tout ceci n’est que dans sa tête ? « Dis-moi au moins que tu arrives à recoller les morceaux avec Bailey pour contrebalancer tout ça. » Il finit par dire, la nécessité de penser à autre chose autant que l’intérêt sincère quant au quotidien de sa meilleure amie.

@Jill McGrath-Fitzgerald

Elle ne s’attendait pas à de telles nouvelles. Elle ne pensait pas qu’il l’embarquait pour quelque chose comme ça. Elle savait que c’était à cause d’une fille, d’une peine de coeur. Elle sait reconnaître ce genre de choses la McGrath, surtout après tant d’années à ses côtés. Elle n’a pas parlé, et elle l’a laissé venir à elle, il avait besoin de parler, et c’est exactement pour ça qu’ils sont partis tous les deux. « Tu me les raconteras, ça me permettra de les vivre par procuration. » “T’as jamais été drôle.” Elle lève les yeux au ciel, elle tente de détendre l’atmosphère, de le faire rire. Il veut tenter d’oublier, et elle ne peut que le comprendre.

Comment est ce qu’elle aurait pu deviner que la copine de Finnley était un baron de la drogue ? Il mérite mieux, tellement mieux. « Et dire qu’on a toujours cru que c’était ton truc à toi. » Elle pouffe de rire. C’est la réalité, elle avait toujours été celle qui l’embarquait dans les mauvais coups. “J’ai toujours eu une mauvaise influence sur toi.” Elle continue de lui sourire avant de se concentrer à nouveau sur ses histoires. Les choses qui lui brisent le coeur. « Pas du tout. » Comment est ce que c’est possible ? Comment il a bien pu ne se rendre compte de rien ? « Je me doutais qu’elle avait des activités pas forcément nettes, mais j’aurais jamais imaginé ça. » “L’amour rend aveugle ou elle a vraiment tout fait pour le cacher ?” Elle fronce les sourcils, elle n’a jamais eu l’occasion de rencontrer cette fameuse Lou, et il faut dire qu’elle n’en a pas vraiment envie. « Et pour être honnête, je n’en sais pas beaucoup plus. Une femme est venue me rendre visite à l’hôpital pour me dire que tout était de la faute de Lou. Qu’elle était à la tête d’un gros réseau et qu’elle s’était fait les mauvais ennemis. Et quand je lui en ai parlé... Elle n’a pas nié, elle ne s’est pas excusée et ne m’a pas retenu. » Elle l’écoute, elle ne peut pas le blâmer de n’avoir rien vu, peut-être qu’elle-même ne s’es serait pas rendu compte. “Elle en vaut pas la peine, elle te mérite pas Finn.” Jill tente de croiser son regard, il faut qu’il la croit. C’est un homme génial qui est incapable de s’en rendre compte.

« Alors, j’imagine que tout est vrai et que nous deux, ça ne signifiait quelque chose qu’à mes yeux. » “Tu peux pas compter sur des personnes comme ça.” Elle sait de quoi elle parle, parce qu’elle connait ces personnes là, elle les a pratiqué pendant de longues années. « Dis-moi au moins que tu arrives à recoller les morceaux avec Bailey pour contrebalancer tout ça. » Elle pince les lèvres, il ne s’est encore rien passé entre eux. Elle ne sait pas où ils en sont, et pourtant, elle sait qu’elle veut être avec lui. “Je sais pas si ça ira mieux un jour.” Mais elle fait tout pour. “Mais j’ai envie qu’on se laisse une nouvelle chance.”

“T’as jamais été drôle.” Il hausse les épaules, Finn, esquissant une moue presque désolée à l’idée qu’elle le réalise plus d’une quinzaine d’années après leur rencontre, tout en sachant pertinemment qu’elle essaie surtout de détendre l’atmosphère. Et s’il n’a jamais été hilarant, il a été drôle, Finn, fut un temps où ses préoccupations ne se résumaient pas à tenter de s’en sortir financièrement en ayant une petite sœur à charge, ou lorsqu’il n’était pas trop préoccupé par le fait que sa petite amie puisse être à la tête d’un gang. Lorsqu’il vivait encore à Canberra, lorsque son père était encore en vie, quand Sianna était à ses côtés, il était différent de celui qu’il est devenu. Jamais le clown de la bande, mais jamais réticent à s’essayer à une plaisanterie pour montrer qu’il n’était pas que le type réservé au fond de la classe. Les choses ont bien changé et le constat se veut d’ailleurs amer, suffisamment pour qu’il ne réponde pas à Jill, malgré qu’il apprécie sa tentative de détendre l’atmosphère. Si elle savait à quel point il regrette la tournure qu’ont pris les choses, pas uniquement avec Lou, mais de manière générale, il serait assurément nommé casseur d’ambiance de l’année, un rôle qu’il préfère éviter.

Et c’est bien depuis son arrivée dans cette ville qu’il semble devenir un expert en mauvais coups, mais est-ce réellement sa faute ? Concernant Lou, il pense être en mesure de se dédouaner ; peut-être qu’il a été trop conciliant, mais les mensonges qui ont mené à leur perte ne sont pas de son fait. Pourtant, une telle situation n’aurait pas dû lui arriver à lui, des deux c’est bien Jill qui aurait été la candidate parfaite pour s’amouracher de la mauvaise personne, même si le palmarès de Finnley n’a pas à rougir du sien en matière de mauvais choix sentimentaux. “J’ai toujours eu une mauvaise influence sur toi.” « La pire. » Il s’amuse avec un léger sourire, celui-ci disparaissant bien vite quand ils en reviennent au sujet de ses préoccupations. “L’amour rend aveugle ou elle a vraiment tout fait pour le cacher ?” Bonne question, à la réponse évidente – selon lui : « Les deux. » Il a été aveugle, c’est une certitude. Avec le recul, il réalise qu’il aurait dû la confronter plus régulièrement sur ses absences et ses silences et qu’il aurait dû cesser de céder lorsqu’elle le menaçait de disparaître, lorsqu’elle minaudait pour attirer sa sympathie. Mais Finn a eu le malheur de s’épanouir dans cette relation, de quoi le convaincre de fermer les yeux plus de raison, là où il n’aurait certainement pas fait pour tout le monde. “Elle en vaut pas la peine, elle te mérite pas Finn.” Hochant la tête comme pour confirmer ses propos, il reste muet. Peut-être est-ce l’inverse aussi, car malgré les mensonges, il ne peut nier que Lou a été là quand d’autres ne l’étaient pas et pour ça ; il n’est pas sûr qu’il puisse prendre l’avantage quant à savoir qui était le good guy de leur couple. Mais il est certain qu’il peut s’imaginer ne pas être le bad guy en fonction de la gravité des mensonges cachés durant leur relation. “Tu peux pas compter sur des personnes comme ça.” « Je sais. » C’est ce qui l’a convaincu de ne pas céder à son impulsion de lui donner une seconde chance, conscient que la confiance qu’il pouvait avoir en Lou a été brisée et qu’il serait bien difficile de la reconstruire. Impossible même, car à aucun moment il ne s’imagine capable de lui faire confiance, désormais.

Si son couple a fini dans un mur, son seul espoir de fin heureuse réside dans celui formé par Jill et Bailey qui, aux dernières nouvelles, connaissait quelques turbulences. “Je sais pas si ça ira mieux un jour.” Il lui le souhaite, en tout cas. “Mais j’ai envie qu’on se laisse une nouvelle chance.” « J’espère que vous y arriverez. » Il est sincère, conscient que Bailey a toujours été un repère dans la vie de Jill, le seul qui est resté avec les années, le seul qu’elle aime aussi sincèrement. « Il y est disposé, lui ? » Il questionne, un peu hésitant, par crainte que Jill prenne mal une question qui, finalement, vise surtout à mettre l’accent sur son couple à elle que sur la déchéance du sien. « Je suis désolé, Jill. » Qu’il finit par souligner, un sourire gêné sur les lèvres. « C’était pas une bonne idée de t’appeler à l’aide alors que t’as tes propres soucis à régler avec Bailey. » Si l’idée lui a traversé l’esprit au moment d’envoyer le message, il l’a très vite reléguée aux oubliettes par égoïsme. S’il satisfaisait au moment de quitter la ville, le naturel se rappelle à lui et son inquiétude pour les autres domine ; il ne voudrait pas que Jill mette en danger son propre couple par égard pour lui. Au-delà des excuses, par la même occasion il lui offre une porte de secours, dans l’hypothèse où elle reviendrait sur sa décision pour être auprès du père de ses enfants.

@Jill McGrath-Fitzgerald

Finn ne va pas bien, et il a de quoi. Sa vie a toujours été un bordel sans fin, c’est sûrement pour ça qu’ils s’entendent aussi bien tous les deux. Elle est là pour lui, elle n’a pas le choix. Ils ont toujours été là l’un pour l’autre, et ça n’est pas près de se terminer. Ils s’assoient et ils discutent sans jamais aborder le vif du sujet, elle tente l’humour, ça fonctionne toujours, même si elle se rend compte qu’il est difficile de relativiser la situation de Finn. Elle ne veut pas qu'il s'apitoie sur son sort, il a besoin de changer d’air, et c’est pour ça qu’elle est là.

« La pire. » Elle ne s’est jamais vantée d’avoir une bonne influence sur qui que ce soit, bien au contraire. Jill a toujours été du genre à embarquer tous ses amis dans les problèmes. Elle a changé, mais elle apprécie aborder le passé avec le jeune homme. Ils ont passé de bons moments, et ça a l’air de l’aider à se changer les idées “T’as toujours adoré ça.” Et elle hausse les épaules en riant, même si rien n’est drôle dans toute cette situation. La vie de Finn est compliquée, la McGrath ne pouvait pas s’imaginer à quel point.

Il a été avec une cheffe de gang, bien évidemment il n’en savait rien. « Les deux. » Elle hoche la tête, qu’est ce qu’elle peut bien lui dire ? Elle ne peut pas lui remonter le moral après ça, la pilule est bien trop compliquée à avaler. Elle est une oreille attentive, et c’est ce dont il a besoin. Elle connait ce monde, elle sait à quel point c’est dangereux et compliqué. Elle ne veut pas de ça pour son ami, elle ne veut pas qu’il soit en danger. « Je sais. » Il n’est pas très bavard. “Tu peux compter sur moi, pour tout, tu le sais…” C’est lui qui lui a envoyé un message pour qu’elle parte avec lui. C’est qu’il avait vraiment besoin, alors elle est là et elle ne le laissera pas tant qu’il ne sera pas prêt.

Il change de sujet et parle de Jill, de ses histoires de couple. « J’espère que vous y arriverez. » “J’espère aussi.” Plus le temps passe plus elle se rend compte qu’il est indispensable à sa vie. « Il y est disposé, lui ? » “J’en sais rien, il a vraiment pas apprécié que je m’en aille… peut-être qu’il me pardonnera pas…” Elle a fait des erreurs, et elle doit les assumer, même si ça la briserait complètement de le perdre. « Je suis désolé, Jill. » Elle fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi il peut bien parler. « C’était pas une bonne idée de t’appeler à l’aide alors que t’as tes propres soucis à régler avec Bailey. » Elle secoue la tête et se rapproche pour s’asseoir juste à côté de lui. “Qu’est ce que tu racontes ?” Elle le bouscule par l’épaule. “T’excuses jamais pour ça.” Elle capte son regard pour qu’il puisse comprendre à quel point elle est sincère. “Je suis toujours là, quoi qu’il arrive, dès que t’en as besoin.”