J’ai eu une assez grosse semaine de visites d’appartements, d’espoirs, de déceptions. Je m’accorde un break avant que je pète un cable et décide d’arrêter mes recherches totalement. J’avoue j’ai commencé à regarder les locations et y’a pas mal de trucs qui me plaisent beaucoup. Dommage que je sois hanté par la voix de mon père qui me dit que je ferai mieux d’acheter au lieu de jeter mon argent. Toute ma vie il m’a répété ça et du coup j’ai la sensation que ça va être un sacré palier dans ma vie de posséder une propriété. Un palier aussi dans l’estime de mon père. Comme quoi je suis pas totalement bon à rien. Je sais très bien qu’il ne le pense pas comme ça mais concrètement à côté de Kate, j’ai encore rien entrepris dans ma vie privée. J’ai pas de vie de famille même si c’est pas l’envie qui me manque. J’ai qu’une voiture. C’est le seul truc super cher que je peux annoncer comme mien. C’est le seul truc qui me donne de la liberté surtout. C’est pas rare qu’après mes séances de sport je prenne le large jusqu’à bien plus haut sur la côte pour trouver des plages désertes pour me perdre dans mes pensées. J’ai aussi acheté du matos d’occasion pour le surf. Des trucs bien et pas cher. Je m’y suis mis de plus en plus sérieusement à ce sport et c’est pas mon favoris mais je peux pas m’empêcher de me dire que ça fait super cool comme compétence à avoir. Je suis moi même toujours impressionné quand je vois des gens en faire. J’ai envie de pouvoir faire comme eux. Mais faut de la rigueur et je ne sais pas si une fois que j’aurai repris le travail je saurais me dégager assez de temps pour continuer.
En tout cas aujourd’hui je me fais un break de tout ça. Après mon sport qui est devenu un rituel quotidien tous les matins, j’ai pris la direction d’une brocante qui est à Toowong. J’ai vu l’affiche dans la semaine et quelques disquaires que je suis sur facebook ont noté sur leurs pages qu’ils auraient un emplacement avec de nouvelles sélections. Je me prévois un budget de $50 max à dépenser. Je vais essayer d’être raisonnable. J’ai déjà fait un stand où y’a quelques vinyl qui me tentent mais je veux tout voir avant de me décider et alors que je marche entre les stands pour trouver les autres, je remarque un visage qui m’est pas inconnu. Mon sac de sport sur l’épaule, je suis en short et t-shirt avec une casquette à l’envers sur la tête. Je m’approche d’elle, juste amusé de la revoir dans un coin similaire.« T’es une genre de dénicheuse de perles rares dans les brocantes ? » Je me demande si elle les fait toutes celles qui sont en ville. Je n’ai aucune idée de sa vie mais je suis sûr que y’a un truc dans ce genre là. En tout cas au moins cette fois elle n’a pas fait tomber une grande pile de CDs que j’avais mis de côté. On démarre sur un meilleur pied. J’ai un grand sourire aux lèvres de cette nouvelle rencontre.
Le soleil se projetait dans la chambre d’Hélène. Ou plus précisément sur son visage et même dans ses yeux. Ce qui l’avait réveillé. Un peu énervé cependant. Cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas réussi à dormir. Elle ne savait pas pourquoi mais à chaque fois, elle rêvait de momie et de malédiction. C‘était assez bizarre. C’était peut-être à cause d’Halloween, avec tous ces déguisements elle faisait un amalgame. Bon, au moins, maintenant, elle était réveillée. Hélène était assez tentée de rester dans son lit mais, elle s’y ennuya vite. Rester sur son téléphone à longue durée, ça ne l’intéressait plus. Alors elle se leva.
Elle était en jour de repos et elle voulait profiter pour dormir mais visiblement le soleil ne fut pas du même avis qu’elle. Elle le maudissait. Elle était fatiguée. Mais peut-être qu’écrire des articles l’aidera. C’est ce qu’elle prévoyait de faire. C’est ce que la blonde fit. Le problème fut qu’elle avait les paupières lourdes. Et les avoir quand on parle science, ce n’était pas spécialement bon. Cela peut endormir. D’ordinaire, cela ne le faisait pas à la blonde mais là, il n’y avait rien à faire. Elle était fatiguée et elle s’endormait presque sur place. Hélène se dit donc que quitte à s’endormir, autant être devant la télévision. Surtout qu’elle était toujours en pyjama. Et c’est ce qu’elle fit. La blonde était en train de s’endormir quand elle vit un pub passé, parlant d’une brocante à Brisbane. Cela fit levait la tête d’Hélène. Une brocante, chouette idée. Cela la sortirait et peut-être la réveillerais-t-elle. La blonde sauta de son canapé et dans ses vêtements puis sortit.
La brocante ne se trouva pas trop loin donc Hélène y alla à pied. Elle en profita même pour aller s’acheter un café. Cela allait aider son réveil, en plus de l’air frais. Son café en main, elle marchait dans la brocante regardant les stands. Par mesure de sécurité, elle n’alla pas dans les stands où des vinyles se trouvait. Juste comme ça. Un souvenir bien précis en tête. Mais en parlant du loup ou presque, le voilà en short, sac sur l’épaule. Sa petite remarque fit rigoler la blonde.
- On peut dire ça. Entre deux chutes de CDs.
Hélène prit une gorgée de son café. Décidément aujourd’hui était une journée pleine de surprise. Et enfin, la blonde allait peut-être trouver quelque chose qu’il allait la maintenir éveillé. Le café, la marche de la brocante et à présent, une retrouvaille. C’est sûr, le soleil avait vraiment d’autres projets pour Hélène que de la laisser dormir tranquillement. Mais cela ne l’a gênait plus.
Je l’observe, j’essaie de me souvenir de son prénom. Je ne suis même pas sûr qu’elle me l’avait donné la dernière fois. La situation était pas mal gênante, j’étais plus concentré à me sortir de ce pétrin que retenir son nom. Je ne pense pas qu’elle m’en voudra si jamais ça vient sur le tapis. Je ne pense pas que ça viendra sur le tapis non plus. On va certainement s’échanger quelques phrases sur le beau temps ou les disques qui avaient eu une petite frayeur avant de retourner vaquer à nos occupations chacun de notre côté. - On peut dire ça. Entre deux chutes de CDs. Voilà. Si elle ne l’avait pas fait, ça aurait été moi. Y’a pas beaucoup de sujet sur lesquels on se rejoint à part revenir sur notre passé commun. Je dis ça comme si on avait vécu une histoire plus importante qu’une simple bousculade dans une autre brocante il y a quelques semaines. Ca fait très plaisir de tomber sur des gens qui sont aussi souriant. Est-ce que c’est ma présence qui la rend joyeuse comme ça ? Oui. Oui j’ai bien envie d’y croire. Après tout, son visage s’est éclairé quand elle a vu que c’était moi. Je me pense sûrement bien plus important que ça ne l’est réellement mais je vais me laisser cette illusion. Ca fait du bien.
« Je cherche les stands de vinyles cette fois, y’a moins de chance de briser des pochettes en cartons. » Si elle brise le disque en lui même ce serait la fin du monde par contre. Je ne vais pas émettre cette hypothèse à voix haute parce que je ne veux pas plomber déjà la conversation. Ça me rend triste d’imaginer des vinyles cassés. Je pourrais certainement me mettre à pleurer si je suis réellement témoin d’une scène pareille. Je suis pas mal à fleur de peau en ce moment - toujours - alors il vaut mieux que je reste sur le positif. Je suis assez gênant comme ça sur des conversations de la pluie et du beau temps avec des inconnus, ou presque. « Je vais peut être prendre la direction opposé à la tienne quand même… Par précaution. » Le sourire sur mes lèvres prouve que je plaisante allègrement avec cette phrase là. J’oserai jamais le dire si c’était réellement mes intentions.
La brocante n’était pas bien grande, ni bien fournie mais au moins, elle faisait du bruit avec tout ces passants et ses vendeurs. Cela avec le café d’Hélène, celle-ci arrivait à ne par fermer les yeux et à ne pas penser à son sommeil manquant. La blonde regardait à droite et à gauche, souriant, buvant son café et regardant les différents stands. Cela lui avait ramené des souvenirs. Souvenirs qui finirent presque par prendre vie quand Hélène vit le jeune homme de la dernière fois. Elle ne savait même pas comment il s’appelait. La blonde croit qu’il ne lui a jamais dit.
Il avait commencé à lui parler, commençant la conversation et elle l’avait continué en y plaçant de l’humour. Cela avait marché car le jeune homme n’avait pas fait de grimaces, ni n’était partie en courant. Cela avait fait plaisir à Hélène. Au moins, il ne lui en voulait pas pour la dernière fois. D’ailleurs, il lui informa qu’il allait au stand des vinyles cette fois. Lui aussi avait tenté l’humour et avait réussi. Hélène poussa un petit rire en hochant la tête pour lui donner raison.
- Mais les vinyles sont tout aussi fragiles.
Peut-être qu’elle n’aurait pas dû dire cela car cela ressemblait presque à une menace. Une douce menace, une menace inoffensive mais quand on sait ce qu’elle a déjà faillir faire la dernière fois qu’ils se sont rencontrés tous les deux, ce n’était pas rassurant. Et c’est ce qu’apparemment, son camarade avait l’air de croire car il déclara qu’il allait partir à l’opposé d’elle. En soit, cela fit sourire Hélène car elle savait que c’était une petite blague par rapport à leur passé commun mais en même temps, elle sentit son cœur se serrait. Un peu. La blonde décida de l’ignorer.
- Fais comme tu veux.
Un sourire et une gorgée de café juste après, Hélène tourna le regard vers un stand. C’était un stand de confiserie. Comme quoi, il y avait de tout dans ce genre d’évènement. Peut-être qu’elle allait en prendre, peut-être pas, elle ne savait pas. En tout cas, à part se balader, elle ne savait pas ce qu’elle allait faire. La blonde bougea un peu.
- Je vais surement me balader pour ma part. Je ne sais pas où par contre.
La blonde sourie à sa remarque. En effet, elle ne savait pas où allait, juste qu’elle devait rester éveillé. Et son café n’était pas éternel. Tant pis, attendons la suite. Peut-être que l’homme rigolait sur son chemin.
Je suis soulagé de voir qu’elle prend mes paroles à la rigolade vu le sourire sur ses lèvres. « Mais les vinyles sont tout aussi fragiles. » Je confirme d’un grand oui de la tête. La vérité c’est que je les trouve très précieux car ils sont plus que de simples objets pour moi. Il n’en reste qu’une pochette de Vinyl est bien moins facilement abîmable qu’une boîte en plastique d’un disque laser. Ca me fait quand même bien plaisir qu’elle dise que les vinyl n’en restent pas moins fragile. Elle a un coeur. (oui je vais trop loin je sais). « Fais comme tu veux. » Nouveau sourire sur mes lèvres pour lui faire comprendre que je n’étais pas sérieux. Je suis là entre deux stands, je vais juste continuer ma route dans la même direction.
« Je vais surement me balader pour ma part. Je ne sais pas où par contre. » « Je vais aller par là… »
Je lui montre la direction en face de moi. Je me suis juste arrêté dans ma lancée. Je trouve que ça commence à être un peu gênant. Ca se voit sur le sourire crispé de mes lèvres. Est-ce que je cherche à faire la conversation un peu plus longtemps ? Non. Non j’ai des vinyl à trouver. Noël approche à grands pas et bien sûr je viens pour moi en premier lieu mais je trouve toujours certaines perles qui me font penser à telle ou telle personne de mon entourage. Si ils collectionnent les vinyl c’est bingo. Si ce n’est pas le cas, je me débrouille pour acheter un cadre en plus, afin qu’ils le transforment en un objet de décoration pour leur salon ou autre. « J’ai des cadeaux à m’offrir. » Voilà que je suis encore gênant avec mes phrases. J’ai comme l’impression qu’il faut que je comble le silence comme si j’avais un flingue braqué sur moi. Je suis bête. Alors je décide d’aller à la facilité. Un sourire. Sincère cette fois. Et puis je commence à reprendre mon chemin. « A une prochaine peut être. Dans une autre brocante. » Mon dieu j’ai envie de me facepalm tellement c’est malaisant. J’aurai dû juste lui dire à la prochaine et c’est tout. Nouveau sourire un peu crispé du coup, et j’avance de mon côté, ne sachant pas si c’est aussi la direction qu’elle a décidé de prendre au final.
La brocante était certes petite mais qu’est-ce qu’elle pouvait être bruyante. Enfin, c’était peut-être parce que de base, Hélène a l’habitude de travailler dans un silence minimum et surtout, parce qu’aujourd’hui, elle était fatiguée. Cependant, voir son camarade l’avait un peu réveillé et lui avait fait oublier le bruit aux alentours. Comme si une bulle s’était créée autour d’eux. Ils avaient lancé la discussion sur l’accident de la dernière fois et Hélène avait voulu faire de l’humour sur des vinyles. Peut-être mal perçu car, son camarade semblait vouloir s’éloigner d’elle. Enfin, qui ne le voudrait pas si on retrouvait une personne qui avait failli la première fois qu’on l’a rencontré de faire tomber des objets précieux. Enfin, le jeune homme lui souriait donc, il ne devait pas vraiment lui en vouloir. Hélène se découvrit vouloir l’espérer. C’était nouveau. De plus, il lui montra un chemin. L’endroit où il allait aller. La blonde haussa les épaules.
- Très bien.
Le jeune homme avait l’air d’avoir le sourire crispé mais la française se dit qu’il voulait bien partir sans oser le dire franchement. Après tout, c’était normal, son anniversaire allait bientôt arriver et avec lui, des cadeaux. Et le jeune homme devait surement trouver des cadeaux. Mais il ne connaissait pas la date d’anniversaire d’Hélène alors pourquoi acheter des cadeaux. A cette réflexion, la blonde ouvrit grands les yeux. Noël bien sûr. Noël avant son anniversaire. Cette maudite fête qui lui devait les cadeaux deux en un. Bien sûr. D’ailleurs, propos confirmé avec le propos de son camarade.
- Oui, bien sûr, Noel n’attend pas.
Hélène avait-elle un sourire amer sur le visage ? Oui. Mais elle ne voulait pas que cela se voit. Après tout, Noël était sympathique si on oubliait que justement, on oubliait vite son anniversaire avec ça. Hélène était en pleine réflexion quand le jeune homme déclara devoir y aller. Hélène leva son gobelet comme pour lui dire en revoir. Elle n’allait pas le forcer à rester après tout. Après un moment d’hésitation de la part de son camarade, il s’éloigna et Hélène se retrouva seule. Mais d’un seul coup, elle se sentait toute petite. Elle était dans une brocante et c’était peut-être juste en rapport avec Noel après tout, elle ne savait pas. Elle voulait reprendre son café mais elle découvrit qu’elle l’avait terminé. Un peu triste, elle le jeta dans une poubelle à proximité. Ensuite, elle regarda dans la foule et découvrit qu’elle avait perdu son camarade des yeux. Elle souffla fortement et se mit à avancer dans la même direction que lui. Peut-être qu’avec de la chance, il s’était arrêté à un stand proche et qu’elle pourrait le rattraper. Après tout, discuter avec lui pourrait peut-être lui faire oublier Noël. Enfin, s’il voulait parler avec elle après tout, Hélène n’allait forcer personne. Elle se fit tout de même une réflexion.
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