Le plan de Nino : assurer ses arrières au max. Si il gardait en tête de se marier avec Katherine, sans savoir si elle allait accepter, ce qu’il pouvait aussi faire c’était ravaler sa fierté et aller voir Livia pour lui demander un service. Un gros service aussi énorme que sa demande en mariage. Un service qui lui risquerait gros mais finalement, il y avait peu de chance pour ça… qui se rendrait compte que la lettre qu’elle allait lui écrire (enfin, qu’il lui demanderait d’écrire) serait fausse et sans réelle intention d’aller au bout de la démarche ? Qui allait vérifier que le contrat qu’elle allait faire ( qu’il lui demanderait de faire) serait ne serait pas un vrai contrat de travail ? Qui viendrait embêter une jeune entrepreneuse indépendante, qui avait toujours l’habitude de tenir ses comptes et de faire ses démarches administratives en temps et en heure sans qu’on n’ait jamais de quoi lui reprocher ?
L’italien était sûr de son coup. La jeune femme allait accepter et d’ici la fin de journée, il aurait son papier qui allait lui assurer une chance de plus de pouvoir avoir ses papiers. Même si l’italien s’était bien rangé depuis que sa fille était née (avec quelques frasques notables depuis quand même, rien ne bien grave ceci dit) il n’avait pas perdu ses mauvais reflexes. L’arnaque faisait pleinement parti de lui, trouver des moyens de gruger le système, de contourner les problèmes. Il devait avouer qu’il avait bien flippé, que sans l’idée soufflée par son frère, il se serait résigné à rester ici, juste en se cachant et transpirant en voyant les flics passer à côté de lui. Il aurait imploré le seigneur pour ne pas se faire contrôler, pour que jamais personne ne lui tombe dessus. Pas vu pas pris comme on dit, mais quoi de mieux que de rester serein en ayant une réponse positive à sa demande de naturalisation ?
Devant l’épicerie de Livia, il soufflait et entrait à l’intérieur. Rien n’avait bougé, ou presque, depuis son départ. Même s’il l’avait vite fait remarquer la dernière fois qu’il avait surpris le gamin de la voisine entrain de pisser sur les patates dehors, il n’avait pas pris la peine de rentrer. Mine de rien, son expérience à l’épicerie était pour lui un vrai début dans les contacts social et pour apprendre à dire bonjour à tout le monde, sans exception. Une remarque que lui avait souvent faite Livia, lors de ses premières journées à travailler ici. « Y a quelqu’un ? » l’italien jeta un œil à la caméra qui surplombait l’entrée en faisait un signe de la main, sachant très bien que Livia avait déjà un œil sur l’écran dans l’arrière-boutique.


@Livia Visconti

La journée avait été suffisamment calme pour que Livia renvoie son employé chez lui un peu avance, puisqu’il n’y avait plus lieu d’être de deux alors que l’épicerie était à quelques minutes de fermer. Le dernier client venait de franchir la porte, et après l’avoir salué, la jeune femme avait profité de quelques instants pour filer dans l’arrière boutique. Elle avait quelques vérifications sur les stocks à faire mais gardait une oreille attentive à la moindre personne qui entrerait dans l’épicerie et déclencherait le bip sonore lui indiquant qu’elle se devait de sortir de là. Alors, ce ne fut qu’au moment où il mit le pied dans l’épicerie que Livia reconnut le visage de Nino, tourné vers la caméra de surveillance. Évidemment, lui savait exactement où elle était placée, et le salut qu’il lui adressa de la main - par interposition - semblait signifier qu’il était vraiment là pour elle. Si elle avait été contente de le croiser à l’entrée du magasin quelques mois auparavant, elle n’était pas assez naïve pour ne pas s’être rendu compte qu’il s’agissait sûrement d’un hasard. Heureux ou malheureusement, selon la personne à qui la question était posée. Néanmoins, le fait qu’il se retrouve à nouveau sur le pas de son épicerie signifiait que leur dernière rencontre ne devait pas lui avoir laissé un goût trop amer, puisqu’il avait volontairement franchi la porte.

“Y a quelqu’un?” L’italienne s’empressa de lâcher son stylo et de retirer son tablier pour sortir de la pièce, un sourire discret aux lèvres. “Nino! Je m’attendais pas à te voir.” Et c’était un euphémisme, considérant l’absence totale de contacts entre eux avant qu’ils ne se recroisent par hasard. Alors, en le voyant là devant elle, Livia ne pouvait que se poser mille et une questions sur les raisons de sa présence. “J’allais fermer, mais si t’as besoin de quelque chose je t’attends.” Pourtant, quelque chose lui disait qu’il n’était pas venu pour des haricots en pot, et encore moins pour des patates, d’ailleurs. Le sujet de Nino n’était jamais réellement venu sur le tapis lorsqu’elle avait revu Vitto, et elle n’avait donc aucune idée d’où en était le jeune homme depuis, étant donné le peu d’informations qu’elle avait grappillées lors de leur dernière rencontre - et qui étaient peut-être erronées depuis le temps. “Comment tu vas? Et Lucia?” Si Livia n’osait trop s’aventurer dans ce qu’elle pouvait demander à Nino, mentionner sa fille était en revanche un terrain sur lequel elle ne prenait pas trop de risques - qui pourrait lui reprocher de prendre des nouvelles de l’adorable petite fille, qui semblait être la seule composante de la vie de Nino dont elle avait réellement connaissance.

En demandant s’il y avait quelqu’un dans l’épicerie, Nino se doutait bien de la réponse. C’était juste un moyen supplémentaire de se faire reconnaitre, par le son de sa voix, au cas où elle n’était pas postée derrière les caméras pour regarder ce qu’il se passait dans son épicerie. Mais pour avoir travaillé quelques mois avec Livia, Nino se souvenait encore de ses quelques manies. Même lorsqu’elle travaillait à l’arrière boutique, pour faire ses trucs de comptabilité ou ses responsabilités de grande patronne, elle réussissait toujours à jeter un œil aux écrans pour voir ce qu’il se passe dans sa boutique. Comme un sixième sens, Livia sentait toujours quand quelque chose d’anormale allait se passer.
La voilà qui pointe le bout de son nez, sortant de sa cachette. “Nino! Je m’attendais pas à te voir.” Il faisait toujours cet effet de surprise dès qu’il se pointait quelques part, l’italien. Il n’y avait plus que Maze qui ne s’étonnait de rien, le concernant. Mais si il était ici, ce soir, c’est bien pour une raison précise, et Livia avait bien du s’en douter. “J’allais fermer, mais si t’as besoin de quelque chose je t’attends.” Un sourire s’afficha sur le visage de l’italien, il ne voulait pas croire en cette naïveté de la part de la sœur de son frère. « Tu peux fermer. » qu’il lança, faisant donc comprendre qu’il n’était pas là pour faire ses courses. D’ailleurs, traverser la ville pour acheter des pates aux lentilles corail n’était pas dans ses cordes. “Comment tu vas? Et Lucia?” bon, c’est qu’il se sentait toujours un peu con quand on lui demandait comment allait sa fille. Mais toujours un peu touché, ca finirait par rentrer dans son crâne un jour, qu’il était papa et qu’à présent, même ses proches – ou moins proches – finissaient par le reconnaitre comme tel. « Elle va bien, elle est chez sa mère. » L’italien pris un pot d’une terrine faite par un producteur local, il connaissait pas ce produit, mais se doutait que Livia n’avait pas attendu après lui pour renouveler ses stocks ou vendre de nouveaux produits. « J’ai un truc à te demander. » il reposa la terrine et posa ses yeux sur la brune. « Puisque tu parles de Lucia en plus… » jouer la sensibilité, son meilleur argument. « J’ai reçu une obligation de quitter le territoire parce que mon VISA n’est plus valable. » elle ne verrait sans doute pas pourquoi il était venu jusqu’à elle pour lui faire cette confidence. Elle devait se douter que ce n’était pas pour avoir une oreille attentive qu’il était venu jusqu’ici. « J’voulais savoir si t’accepterait de me faire une lettre d’embauche ou même un contrat… pour prouver que j’ai un taf… ou une attestation comme quoi j’ai bossé ici avant… » d’ailleurs, il devrait faire la demande à tous ceux pour qui il avait bossé jusqu’à présent. « Mais un contrat, ce serait quand même la meilleure solution… »

// changements apportés au personnage en cours de rp //

L’italienne n’avait proposé que par politesse au brun de l’attendre avant de fermer la caisse, mais elle se doutait pourtant depuis qu’elle avait posé les yeux sur lui qu’il n’était vraiment pas là pour faire des courses. Déjà parce qu’elle ne le voyait pas vraiment du genre à se soucier réellement de manger bio, mais encore davantage lorsqu’il s’agissait de son magasin bio à elle, qui devait sûrement créer des émotions ambivalentes chez le jeune homme. “Tu peux fermer.” Sans broncher et puisque c’était ce qu’elle comptait faire en premier lieu, elle hocha la tête avant de se diriger vers la caisse tout en ne manquant pas de lui demander des nouvelles - puisqu’elle en avait si peu, et n’avait pas beaucoup d’occasions de le croiser, pour ne pas dire aucune. “Elle va bien, elle est chez sa mère.” "Ça se passe bien?” Pour la petite, pour Nino, pour eux puisqu’ils n’étaient visiblement plus ensemble. Livia ne voulait pas se montrer trop pressante et même trop curieuse, mais elle avait sincèrement envie de savoir où il en était après tout ce temps - et surtout, elle espérait que sa vie soit un peu plus stable qu’elle ne semblait l’être par le passé. Si seulement elle savait.

“J’ai un truc à te demander.” “Je t’écoute.” Et pourtant, ce n’était pas vraiment du genre de Nino de demander, et encore moins à elle, ce qui eut pour effet de la faire se redresser tout en le fixant dans les yeux, oubliant un instant ce qu’elle était en train de faire. “Puisque tu parles de Lucia en plus… J’ai reçu une obligation de quitter le territoire parce que mon VISA n’est plus valable.” “Merde” qu’elle ne put s’empêcher de lâcher d’un ton embêté, car si Nino ne faisait clairement plus partie de sa vie à l’heure actuelle, cela n’empêchait pas qu’elle saisisse la difficulté d’obtenir un visa de longue durée, pour être passée par là. La différence étant qu’elle s’était mariée, ce qui avait sensiblement facilité son dossier. “T’as jusqu’à quand?” “J’voulais savoir si t’accepterait de me faire une lettre d’embauche ou même un contrat… pour prouver que j’ai un taf… ou une attestation comme quoi j’ai bossé ici avant… Mais un contrat, ce serait quand même la meilleure solution…” Voilà donc où il voulait en venir avec sa demande, qui était suffisamment sérieuse pour justifier qu’il revienne vers elle alors même qu’ils ne se parlaient plus depuis si longtemps. Livia pouvait difficilement lui en vouloir, comprenant bien la situation inextricable dans laquelle il était alors même qu’il avait un enfant désormais, cause qu’elle partageait entièrement. “Je peux te faire une attestation sans problème.” Cela ne l’engageait pas énormément légalement, et ce ne serait que la stricte vérité, puisqu’il avait réellement bossé à l’épicerie. En revanche… “Par contre je comprends pas, tu veux un contrat qui dit que tu bosses ici actuellement?” Et c’était clairement le genre de fraude qu’elle ne souhaitait pas risquer, surtout pour une personne qu’elle aurait aimé apprendre à connaître davantage, mais qui l’avait clairement rejetée par le passé. “T’en as pas un de l’association?” Car c’était bien là où il travaillait, n’est-ce pas? “Je pourrais te faire un contrat que si tu bossais vraiment ici…” Au cas-où il n’ait pas vu le panneau sur la porte d’entrée, un poste était justement vacant - ironie du destin.

"Ça se passe bien?” l’italien n’avait pas tant envie d’étaler sa vie sur un plateau à celle qui avait été sa patronne et qui aujourd’hui est bien plus : la sœur de Vitto. Mais il savait qu’avec le service qu’il comptait lui demander, il n’avait pas la chance de pouvoir ignorer ses questions. Pour autant, il allait être bref, comme il savait faire. « Elle grandit bien, elle est bien entourée. » il parlait pas forcément de lui, il parlait de sa mère et de son environnement. Heureusement que Lucia était pas avec lui à temps plein, parce qu’elle serait à plaindre. Il est à côté de ses pompes, même s’il fait au mieux, il sait que ce sera jamais assez. Parce qu’il a pas le mode d’emploi, qu’il a jamais eu d’exemple et sans doute parce qu’il se cache derrière cette excuse pour pas trop en faire non plus. Et en même temps, il fait déjà bien plus que son paternel n’en a fait pour lui.
Maintenant qu’il avait offert un semblant de réponse à Livia, il pouvait entrer dans le vif du sujet, elle se doutait bien qu’il n’était pas ici par simple visite de courtoisie ou pour prendre simplement de ses nouvelles. Les pieds dans l’plats, pas l’temps de niaiser. “Merde” ouais, c’est l’effet que ça fait, le mot qu’il se répète souvent. C’est toujours la merde. Pas de répit, ou rarement. “T’as jusqu’à quand?” comment dire qu’il était déjà trop tard, que son préavis était passé depuis un moment et qu’il allait sans doute devoir faire des magouilles pour que même ses idées puissent se mettre en place. Dans tous les cas, s’il voulait régulariser sa situation, il allait sans doute devoir quitter tôt ou tard le territoire pour refaire une demande en bonne et due forme pour mettre son plan en place. Mais le souci était qu’il ne savait pas où aller et il lui était impossible de retourner en Italie ou même en Europe. Mais pour l’instant, il devait assurer ses arrières. Livia était un de ses plans. Il exposa sa requête et fini par répondre ensuite à sa question. « J’ai plus l’temps. J’suis plus en situation régulière. » autrement dit, Nino était devenu un sans papier. “Je peux te faire une attestation sans problème.” Déjà une bonne chose, ses muscles s’étaient relâchés une fraction de seconde. “Par contre je comprends pas, tu veux un contrat qui dit que tu bosses ici actuellement?” il hocha la tête, ce serait plus simple, un contrat sans date de fin… “T’en as pas un de l’association?” « J’enchaine les contrats, le mien termine dans trois semaines, pas sûre qu’ils me le renouvèlent si j’ai pas les papiers… » même si, c’était pas sûre qu’ils lui demandent à nouveau, peut être qu’ils allaient faire l’impasse et renouveler sans s’en soucier, comme c’était le cas jusqu’à présent, du moins, c’est ce qu’il pensait. “Je pourrais te faire un contrat que si tu bossais vraiment ici…” un silence marqua la fin de sa phrase, laissant l’italien sceptique à l’idée de signer un vrai contrat dans cette boutique, pas certain de supporter ses propres crises éventuelles de jalousie. La ligne avait été franchie avec Livia et il ne pouvait pas faire un retour en arrière. « J’préfère avoir une bosse qui est pas sur mon dos. » trop de proximité avec Livia. « et qui en saura le moins à propos d’moi. » autrement dit, qui viendra pas mettre son nez dans ses histoires. « Mais j’capte que c’est risqué pour toi. » et c’était sincère, il se rendait bien compte de l’impasse dans laquelle il pourrait la mettre. « j’vais voir autrement. » est-ce qu’il allait vraiment devoir faire sa demande à Katherine ?


désolée
j'me rattrape (a)

“Elle grandit bien, elle est bien entourée.” “Tant mieux.” Livia aurait eu mille et une questions pour Nino, à propos de lui, de Lucia, de Katherine, de tout ce qui constituait finalement sa vie qui lui paraissait si trouble. Il ne lui devait pourtant rien, mais le fait qu’il s’agisse du frère de Vittorio donnait envie à la jeune femme de le connaître davantage, comme s’il était par extension de sa famille également - quand bien même il s’agissait de l’exact inverse pour l’italien, qui la fuyait pour cette raison-même. La blonde se contenta donc de hocher la tête et de sourire, contente d’apprendre que cela se passait bien pour la petite, même si elle se doutait que Nino n’était sûrement pas venu la trouver pour rien. Un des avantages avec lui, c’était qu’il tournait rarement autour du pot et n’avait pas (assez) la langue dans sa poche, ce qui le poussa à lui expliquer rapidement de quoi il en retournait. L’Australie n’était pas connue comme étant un pays particulièrement accueillant pour les sans papiers, et en obtenir relevait parfois d’une complexité administrative qu’elle ne souhaitait à personne - et encore moins à l’italien, malgré tout ce qui était arrivé entre eux. “J’ai plus l’temps. J’suis plus en situation régulière.” “Merde.” Elle n’aimait pas jurer, Livia, et pourtant c’était ce qui lui venait le plus naturellement lorsqu’il s’agissait des affaires de Nino. Par le passé, et encore maintenant - à croire que certaines choses ne changeaient qu’en apparence.

“J’enchaine les contrats, le mien termine dans trois semaines, pas sûre qu’ils me le renouvellent si j’ai pas les papiers…” “Donc ils sont pas au courant…” Son ton n’avait rien d’un reproche, car elle comprenait aisément qu’il ne préfère pas crier sur tous les toits qu’il restait désormais sur le sol australien en toute illégalité. Du moins, elle tentait de le comprendre, car elle avait toujours été du genre préventive et ne se serait jamais laissée aller à en arriver là sans tenter de trouver une solution ou de se résigner, car s'affranchir des règles n’était pas vraiment le genre de la maison. “J’préfère avoir une bosse qui est pas sur mon dos.” “Je…” Elle aurait à la fois voulu lui rappeler qu’il s’agissait justement de son job de vérifier que le magasin tournait au mieux, mais également s’excuser d’avoir été sur son dos pour les mauvaises raisons. “Et qui en saura le moins à propos d’moi.” A cela, malheureusement, elle n’avait pas grand chose à répondre - à part peut-être qu’elle ne le connaissait presque pas, en somme. “Je suis pas sûre d’en savoir beaucoup sur toi… et je confonds pas le boulot et le privé.” Elle l’avait embauché sans savoir qui il était au début, et cela ne changeait rien au fait qu’elle avait réellement besoin d’embaucher à nouveau. “Mais j’capte que c’est risqué pour toi.” “Je suis désolée…” Elle l’était sincèrement, mais ne mettrait pas son entreprise en danger pour un homme qui ne lui accordait pas assez d’importance pour venir la voir sans avoir un service à lui demander. “C’est dommage parce que j’ai vraiment besoin d’aide en ce moment… et toi aussi, visiblement.” Au cas-où il n’ait pas vu l’affiche à l’entrée, même si les mots de l’italien ne donnaient pas beaucoup d’espoir à Livia. “J’vais voir autrement.” “Qu’est-ce qu’il en dit Vittorio?” Il y avait des sujets tabous entre eux - presque tous, en réalité - et Vittorio en faisait très clairement partie, mais la situation exigeait pourtant qu’ils arrivent là à le dépasser. S’ils en étaient capables, du moins.

Spoiler:

Si non avait la capacité d’anticiper quoi que ce soit, ça se saurait et il ne serait sans doute pas dans cette galère aujourd’hui. Sa vie était conditionnée à vivre au jour le jour, sans savoir de quoi serait fait le lendemain et sa mère l’avait bien aidé à voir les choses ainsi. Il n’avait jamais su se projeter en quoi que ce soit et la seule fois où il avait pu imaginer un avenir pour lui, c’est quand il avait voulu demander Giulia, son ex, en mariage et qu’il s’était pris un mur, encore une fois, sans même comprendre pourquoi ni comment elle l’avait trompé. Il avait toujours été insouciant, sans savoir faire de projet, sans se demander où il serait la semaine suivante, encore moins le mois qui arrivait. Impossible pour lui, mais cette fois, il ne devait pas penser seul, cette fois, et depuis deux ans d’ailleurs, il avait Lucia et il n’avait plus le choix. L’anticipation restait son point faible, mais au pied du mur, il était obligé de faire des plans, Vitto lui avait chuchoté quelques idées, lui se contentait d’agir, sans réfléchir davantage. Et puis, il pourrait toujours remettre sur le dos de son frère toutes les conséquences négatives s’il devait en avoir. Les responsabilités ? Connait pas…
“Donc ils sont pas au courant…” bien sûre que non, il ne leur avait pas parlé, parce qu’il était à peu près sure qu’il trouverait une vrai solution en si peu de temps, jusqu’à ce que je temps file plus vite qu’il ne l’avait pensé. Il secoua la tête par la négative, mais sa remarque n’avait rien d’une question, elle le savait déjà.
Hors de question pour l’italien de revenir travailler ici et il gardait encore un comportement hostile envers Livia alors qu’il venait chercher de l’aide auprès d’elle. Quelqu’un pouvait-il lui dire que sa façon de procéder n’allait surement pas l’aider ? “Je suis pas sûre d’en savoir beaucoup sur toi… et je confonds pas le boulot et le privé.” Il avait du mal, lui à différencier son taf et sa vie privée, il avait même rencontré Adèle sur son lieu de travail et ça ne lui posait aucun soucis de flirter autant que possible sous le nez de sa directrice alors qu’elle lui avait rappelé de prendre ses précautions et d’instaurer une distance avec les patients de l’association, mais rien à faire. Aujourd’hui, Nino sortait bel et bien avec la jeune Shephard et il se moquait des pensées et recommandation de la grande bosse. Il compris rapidement que sa demande n’allait pas pouvoir aboutir mais s’il y a encore quelques mois, il aurait pu s’énerver, s’agacer et sans doute envoyer quelques marchandises par terre, il fallait croire qu’il s’était quand même adoucis et se montrait compréhensif. “C’est dommage parce que j’ai vraiment besoin d’aide en ce moment… et toi aussi, visiblement.” Il eut un moment d’hésitation quand même mais c’était aussi la fierté et l’égo de l’italien qui s’exprimait. S’il était partie une fois, ce n’était pas pour revenir la queue entre les jambes. Nino, ce genre de personne qui souhaite le beurre et l’argent du beurre… Résigné, il allait s’en aller. “Qu’est-ce qu’il en dit Vittorio?” « Que j’ai encore la solution d’me marier. Avec la mère de Lucia. C’est une solution aussi. J’crois que j’vais lui d’dmander. » et lui se demandait s’il fallait vraiment qu’il parle de ses plans à tout l’monde. « Ca reste entre nous. » qu’il se sent obligé de préciser, pas qu’il lui faisait pas confiance, mais sa méfiance prenait toujours le dessus.

Nino n’avait jamais été du genre expansif, et si Livia ne pouvait pas le lui reprocher car elle connaissait si peu de lui et de son histoire - qui, au demeurant, semblait moins bien heureuse que la sienne - elle avait pourtant envie de lui rappeler que ce n’était pas en se montrant presque mutique qu’il lui donnait envie de se plier en quatre pour l’aider. Peut-être que s’il s’y était pris autrement, l’italienne aurait reconsidéré les choses - mais finalement, il valait sans doute mieux qu’il ne se montre pas trop insistant, car Livia aurait beaucoup de mal à se mettre en situation irrégulière, même pour aider Nino. Un instant, elle eut peur que son refus déclenche une colère chez lui, étant donné les souvenirs qu’il lui avait laissés. A ses yeux, le brun était quelqu’un de sanguin qui agissait de manière bien plus impulsive que réfléchie, et cela lui fit craindre une réaction disproportionnée alors qu’elle ne faisait là que protéger son business qui avait une valeur inconsidérable à ses yeux. Contre toute attente, le visage de Nino resta certes fermé, mais il n’eut pas de réaction que Livia aurait pu qualifier d’injuste - car après tout, il venait lui demander un service là où il n’avait pas cru bon de garder contact avec elle pendant si longtemps.

Elle crut voir une lueur d’hésitation dans son regard alors qu’elle mentionnait le poste vacant mais il ne releva pas la proposition - à croire que l’unique et brève expérience qu’il avait eu ici avait suffit à le vacciner pour de bon, assez pour qu’il n’ait pas envie de revenir même pour obtenir son visa. L’idée pinça un peu le cœur de l’italienne qui mettait pourtant tout en œuvre pour que ses employés se sentent bien à l’épicerie, mais elle savait pertinemment que son historique avec Nino était bien plus complexe qu’une histoire de boulot seulement. Il y avait Vittorio au milieu - celui-là même qui était sûrement le mieux placé pour aider son frère, et surtout l’un de ceux qui voulaient très probablement le voir rester. “Que j’ai encore la solution d’me marier. Avec la mère de Lucia. C’est une solution aussi. J’crois que j’vais lui d’dmander. Ça reste entre nous.” “Evidemment.” Nino pouvait lui reprocher beaucoup de choses s’il le voulait, mais pas celui d’être malhonnête et du genre à trahir - au contraire, si elle lui donnait sa parole que cela ne sortirait pas de la pièce, alors cela ne sortirait pas. Si elle ne pouvait pas l’aider, se taire sur les plans qu’il lui confiait était la moindre des choses. “J’imagine que vous êtes restés en bons termes alors.” Cela faisait des semaines qu’elle aurait aimé en savoir plus sur Lucia, sur sa mère, et pourtant elle n’avait pas osé poser trop de questions à Nino la dernière fois qu’il s’était croisés. Visiblement, il ne pouvait que bien s’entendre avec la mère de la petite, si le mariage était une option. “Si je peux quand même faire une lettre ou faire quelque chose pour aider, n’hésite pas.” L’italienne voyait bien que le brun était à deux doigts de tourner les talons puisque sa demande avait été rejetée, mais cela n’empêchait pas qu’elle espère sincèrement pouvoir l’aider, de la manière la plus honnête possible.

Lui qui avait dit à Vitto qu’il n’en parlerait pas, Livia était la première personne qui serait donc dans la confidence. Ce plan bancale qu’ils avaient monté, mais il fallait surtout l’aval de l’intéressée : Katherine. Et ça c’était pas gagné. Elle n’avait aucun intérêt à accepter cette demande, qui pouvait lui faire risquer gros. L’italien préférait ne pas trop savoir quels seraient les risques encourus par la blonde si l’immigration se rendait compte de ce manège. Mais pour l’instant, il ne préférait pas y penser. Il avait misé sur cette lettre, une fausse embauche de la part de Livia, mais elle ne ferait rien qui la mettrait à défaut et si elle devait faire une lettre, celle-ci serait vraie et avec une véritable embauche derrière. Impossible pour l’italien. Cependant, il était quand même touché du geste, même s’il ne le dirait pas. Et d’ailleurs, c’est peut-être pour cette raison qu’il glissa à l’oreille de Livia, que le mariage serait une option sérieuse à explorer.
“Evidemment.” Il comprit qu’elle venait de donner sa parole. Il lui en suffisait de peu à l’italien, mais à partir de maintenant, il avait l’impression d’un espèce de pacte avec Livia. Un pacte de confiance qu’il ne faudrait jamais brisé. Si elle en parlait à quelqu’un, tout serai foutu en l’air et il ne la considèrerait plus jamais. Lui qui revenait de loin, finalement, lui qui lui avait mis bien des maux sur le dos. Il l’avait pris pour responsable de la fuite de Vitto d’Italie pour venir ici, il l’avait pris pour responsable de la distance qu’il y avait eu avec son frère. Sans jamais se remettre lui-même en question, sans jamais se dire que si Vitto l’avait laissé seul en Italie, c’était aussi et surtout en partie de sa faute. Nino avait emporté son ami avec lui, leur ami, si Vince était encore branché à des machines aujourd’hui, Vitto l’en portait le premier responsable. Mais le Marchetti refusait de l’entendre. Cependant, il ne mettait plus toute la faute sur ce seul bout de femme. Et maintenant qu’il y avait une femme qui semblait être intelligente dans leur entourage proche, autant en profiter…
“J’imagine que vous êtes restés en bons termes alors.” Un sourire peu confiant apparu sur son visage. « C’est pas c’que j’dirai. » enfin, il pouvait pas pour autant dire qu’ils étaient en mauvais terme, on dirait une relation cordiale et imposée par la seule présence de leur fille. « Ca pourrait être pire. » et malgré tout ce que Nino pouvait dire à propos de Katherine, elle restait très patiente envers lui, elle se montrait juste exigeante et inquiète pour sa fille, quoi de plus normal ? “Si je peux quand même faire une lettre ou faire quelque chose pour aider, n’hésite pas.” Il hocha une dernière fois la tête, mais s’il avait estimé avec fait un pacte avec elle aujourd’hui, ce n’était toujours pas pour revenir travailler ici. Ceci dit, il appréciait qu’elle lui rappelle. « Ca ira, j’te remercie. » Il avait déjà un pas à l’extérieur de la boutique. « Je comprends, tu sais. » qu’il lança avant de disparaitre, comme s’il voulait lui dire qu’il lui en voulait pas, de pas s’mouiller pour lui.