| | | (#)Jeu 26 Nov 2020 - 0:53 | |
| Je suis complétement stressée parce que j’ai aucune idée de ce que je suis entrain de faire, aucune idée de si c’est une bonne idée ! Je sais pas comment Greg va le prendre, je sais pas si il va m’en vouloir, si il va être content, s’il va flipper. Je suis sur les nerfs depuis trois jours, depuis que j’ai confirmé ce rendez-vous. Une aubaine que Matt m’avait trouvée, il avait entendu parler de ce fond de commerce qui allait être en vente et qui devait trouver preneur, sauf que c’était une exclusivité, que personne n’avait encore l’information et qu’il avait négocié dur pour qu’il y ait que moi sur le coup, au moins dans un premier temps. Matt m’avait donné toute son énergie pour que ça s’passe bien, il était persuadé que ça allait bien s’passer et j’espérais pouvoir en dire autant. L’idée c’était de racheter tout le mobilier, de racheter la trésorerie et de garder le seul serveur embauché pour ce bar. Ensuite, suffisait de payer le loyer au proprio tous les mois, de changer la déco, de faire un concept sympa : de se lancer quoi. A force d’entendre Greg se plaindre, rêver de son bar et de pas se lancer, j’me suis dis que c’était l’occasion rêver de lui permettre de se rendre compte que c’était juste là, qu’il avait qu’à signer un papier et qu’on pourrait lancer la machine, que j’serai là en soutien s’il avait besoin et que changer de taf, tout laisser derrière lui, c’était aussi possible ! Il en avait marre, il voulait changer d’vie et j’voulais pas paraitre prétentieuse, mais j’suis sûre que c’était le moment ou jamais. Je lui ai donné rendez-vous à l’adresse, j’lui ai demandé de m’attendre devant et il avait aucune idée de ce qu’on allait faire, j’crois que j’aurai du lui en parler, j’en suis sûre même. Il est pas du genre à aimer ce type de surprise, il va se sentir pris en otage, pris au dépourvu et il va m’en vouloir jusqu’à la fin d’notre vie… eh merde ! Sauf que là, j’suis devant et qu’il est à deux mètres de moi et qu’il ne comprend rien. Il est si expressif que ça en fait peur ! J’m’approche de lui pour l’embrasser parce que ça allait me donner du courage, c’est sûr ! « Ta passée une bonne journée ? » digne d’une vraie innocente, tiens. J’l’entends déjà me dire de pas tourner autour du pot et de me demander ce qu’on faisait ici… |
| | | | (#)Jeu 26 Nov 2020 - 19:09 | |
| Elle m’avait envoyé un message avec une adresse pour que je la rejoigne là-bas. J’aurais pu me dire que c’était une surprise comme elle bien les faire, un rendez-vous en amoureux organisé, mais quand j’avais regardé les photos sur google map, ça me renvoyait sur un bar qui semblait être fermé 5 jours sur 7. Et aujourd’hui, c’était un jour où il était fermé. Je me suis demandé si c’était une erreur de sa part, mais j’avais fini par accepter d’y aller à l’aveugle, sans savoir ce qui allait m’attendre. Après tout, peut-être que c’est plus simple de se retrouver là-bas avant de se rendre ailleurs, je sais pas moi. Je me suis fait tout beau, au cas où, et j’arrive sur les lieux avant elle. Autour, il y a quelques autres bars, des restaurants familiaux, un magasin de fleurs et un vendeur de BD. Qu’est-ce qu’elle a encore préparé ? Noa tarde pas à arriver, je la vois s’avancer vers moi, un sourire tracé sur les lèvres. Mais pas le type de sourire que j’ai l’habitude de voir, non, là, elle a l’air stressée. Comme lors de nos premiers rendez-vous. « Ta passée une bonne journée ? » Elle m’embrasse, et je lui rends son baiser, ne la laisse pas s’échapper et emprisonne ses hanches de mes mains. Je hausse les épaules. « Mouais. » Pas des plus palpitantes, mais l’affaire sur laquelle j’étais n'impliquait pas des viols sur des cadavres d'enfants cette fois-ci, c'est toujours ça. « J’avais hâte de te retrouver. » Putain c’que t’es niais, Greg. « Tu m’expliques ce qu’on fait là ? » que je lui demande, parce que je vois bien qu’elle essaie de détourner mon attention avec ses airs d’innocente. « Qu’est-ce que tu mijotes encore ? » J’aurais pas été aussi sceptique si elle était pas aussi crispée, et j’avoue ne pas être serein à 100% dans la situation. |
| | | | (#)Jeu 26 Nov 2020 - 21:59 | |
| Bon, visiblement, sa journée avait pas été terrible et il se cachait même pas pour me faire penser le contraire. Ca me réconfortait un peu dans mon idée de le faire venir ici. Si seulement ça pouvait juste faire germer une idée, faire grandir son envie de tout plaquer, histoire qu’il soit un peu plus épanouie, au moins dans sa vie professionnelle. Parce que je sais qu’il adore son métier mais psychologiquement, ca l’bouffe un peu plus à chaque nouvelle enquête. Déjà moi, quand il m’en parle vite fait, sans rentrer dans les détails – confidentialité, oblige – ca m’fou l’cafard à chaque fois, alors d’être dedans tous les jours… faut une sacrée distance et un sacré mental. Je lui faisais confiance pour l’avoir, il avait une carapace énorme Greg, mais j’suis sûre qu’à force, la carapace elle tien à plus grand-chose. J’ai pas envie de voir ça le jour où il explosera. « J’avais hâte de te retrouver. » mon sourire crispé laisse place à un sourire plus sincère et chaleureux et j’suis sûre que de l’extérieur, on peut voir une petite étincelle au coin d’mon œil. Il s’démerde plutôt bien pour m’faire chavirer à chaque fois. « Tu m’expliques ce qu’on fait là ? » Ok, bon retour à la réalité, oui, pourquoi on était là ? Faire les boutiques ? Hm, plus tard. Aller manger un bout ? Ca aussi, plus tard. J’regarde vite fait le bar avec son rideau fermé juste derrière nous. « Qu’est-ce que tu mijotes encore ? » Ok, j’suis grillée à mille kilomètres. J’hausse les épaules, me mords la lèvre à peine discrètement et remarque un mec qui s’approche de nous, regardant ce même rideau de fer abaissé. « hm, j’crois que c’est pour nous. » j’me détache un peu de Greg et m’adresse à l’homme qui est à un mètre de nous. « John, c’est ça ? » il hoche la tête et me tend le bras. « Noa, je suppose ? » « Exacte et voici Greg. » j’me tourne vers lui, les laissant se serrer la main à leur tour. « On peut commencer la visite alors. » nous voilà dans l’vif du sujet. « Viens… » que je lance à Greg pendant que John ouvre le rideau en insérant une clé dans un boitier juste à côté. « Moussa pourra pas venir, mais il m’a bien briefer, on va faire le tour du propriétaire. Vous verrez, c’est un beau bijoux qu’il laisse là… » On peut enfin entrer dans le bar et j’avoue que même si c’est compliqué de se projeter parce que tout est encore dans son jus, assez vieillot, on voit quand même le potentiel. « Vous voulez ouvrir un bar, c’est ça ? » j’ai même pas l’temps d’introduire et d’expliquer quoi que ce soit à Greg, il me prend un peu au dépourvu. « On se renseigne, juste… » je me renseigne, Greg sait pas ce qui lui arrive. « C’est un projet vague, rien de bien concret, mais qui sait, si c’est un coup de cœur… » j’adresse un regard inquiet vers Greg, toujours avec mon sourire stressé. « Vous avez déjà un pied dans l’métier ? » qu’il lance en s’adressant directement à Greg.
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| | | | (#)Jeu 3 Déc 2020 - 11:53 | |
| Elle jette un coup d’œil derrière moi quand je lui demande ce qu’on fout là. Je me retourne à mon tour. Donc c’est bel et bien le bar qu’elle visait depuis le début. Elle comptait vraiment nous faire passer la soirée dans ce trou miteux ? Fermé qui plus est. Elle hausse les épaule quand je lui demande plus de précision, avant de me prendre de court en s’adressant à un homme qui est visiblement « là pour nous ». Je les regarde se présenter, dans le flou total. Qu’est-ce qu’on fout là ? C’est pas un prêtre qui est venu nous marier dans cette ruelle j’espère ? Parce que je compte pas me marier avec Noa. Enfin, je compte pas me marier tout court, en fait. A moins que ce soit un trafiquant de substances illicites ? Qu’est-ce qu’elle comprend pas dans « je suis flic, reste dans la légalité stp » ? Le John en question me tend la main. Je la dévisage avant de lui offrir une poignée ferme : si c’est vraiment un dealer, il faut qu’il comprenne que c’est moi le patron. Mais bon, après tout, il a pas la gueule d’un mec qui vend de la beuh. Il a l’air plutôt propre sur lui, pas de capuche ni de langage de rue. « Moussa pourra pas venir, mais il m’a bien briefer, on va faire le tour du propriétaire. Vous verrez, c’est un beau bijoux qu’il laisse là… » Mais tour du propriétaire de quoi ? Noa m’invite à suivre notre cher monsieur inconnu du nom de John, et je comprends toujours pas où on va, ni pourquoi, jusqu’à ce qu’on entre dans le bar. « Vous voulez ouvrir un bar, c’est ça ? » Q U O I ? Mon regard se braque sur Noa. « On se renseigne, juste… » Q U O I ? Ah oui, bien sûr, on se renseigne juste là. On se renseigne de quoi ? Est-ce qu’elle m’a sincèrement ramené ici pour me mettre au pied du mur ? Pour que j’achète ce vieux truc pourri pour ouvrir mon bar à saucisson ? « C’est un projet vague, rien de bien concret, mais qui sait, si c’est un coup de cœur… » Ah bah ça, oui, c’est un projet bien vague, très vague même, hyper vague. J’en parlais pour rire, pas sérieusement. Je comprends de mieux en mieux ce qu’il se passe, mais je m’en réjouis pas pour autant.
« Vous avez déjà un pied dans l’métier ? »
Ma tête se tourne tout doucement vers John, avant de fusiller Noa du regard à nouveau. « Vous voulez bien nous excuser un instant ? » que je demande au gars sans vraiment attendre sa permission : je fais un signe de tête à la brune pour lui faire comprendre que j’ai besoin de lui parler en privé. Je sors en premier, et j’entends ses pas qui me suivent. Quand on est dehors, qu’on a laissé John tout seul (et sans doute perdu lui aussi de se retrouver face à un client qui sait pas ce qu’il fout là), je m’exprime enfin : « Tu peux m’expliquer ce que tu fous, là ? T’as vraiment demandé à ce qu’on visite ce local pourrave sans m’en parler avant ? » Je suis quand même le principal concerné dans l’affaire, non ? Alors pourquoi est-ce que je suis pas au courant ? Je suis pas contre une petite surprise de temps en temps, mais là, c’est du foutage de gueule. « Si je parlais d’ouvrir un bar à saucisson, y’a jamais rien eu de sérieux. » Elle comprend pas l’humour ou quoi ? Ah oui bien sûr Greg, et toutes ces fois où t’étais au bout du rouleau à cause de tes enquêtes, ne nous fait pas croire que t’as jamais vraiment songé à quitter les flics ? Tu le pensais vraiment : t’en avais marre et tu voulais tout plaquer. C’est fou ce que tu peux être borné. Sans m’en rendre compte, j’avais commencé à hausser la voix. Putain. Elle accumule. Elle sait que je déteste me donner en public comme ça. « Je sais franchement pas quoi te dire Noa, je sais pas ce que j’ai pu dire pour que tu penses que je voulais vraiment tout lâcher. » Olala mais Greg, réveille-toi bon sang, elle essaie juste de t’aider à ouvrir les yeux sur ta condition. |
| | | | (#)Sam 5 Déc 2020 - 0:56 | |
| J’étais pas sûre de moi mais je le suis de moins en moins à mesure que Greg me jete des regards où il me dit clairement qu’il a envie d’me tuer sur place. Je sais pas à quoi je pensais en me disant que ça pourrait lui permettre de prendre une décision en étant dos au mur. Et puis, ça n’engageait à rien cette visite, c’était juste pour voir, se faire une idée, laisser germer le projet, y a rien qui l’obligeait à accepter de prendre ce local. L’agent qui nous fait visiter semble pas comprendre ce qu’il se passe et même moi, là, j’sais plus. « Vous voulez bien nous excuser un instant ? » encore un regard qui m’donne envie de fuir loin d’ici. Greg me fais signe de le suivre dehors et j’ai l’impression d’être une gamine qui va s’faire gronder. Ça loupe pas. « Tu peux m’expliquer ce que tu fous, là ? T’as vraiment demandé à ce qu’on visite ce local pourrave sans m’en parler avant ? » c’est pas si terrible que ça… il exagère. « Si je parlais d’ouvrir un bar à saucisson, y’a jamais rien eu de sérieux. » si y avait eu que ça… mais ca fait des mois que j’l’entends se plaindre d’être fatigué, d’en avoir assez et de vraiment commencer à subir son travail tant il est difficile à supporter. Les mauvaises nouvelles, les enquêtes sordides, les enfants morts, les parents tarés… « Je sais franchement pas quoi te dire Noa, je sais pas ce que j’ai pu dire pour que tu penses que je voulais vraiment tout lâcher. » j’fais pas la fière, j’suis partagée entre deux sentiments, je sais pas si j’m’en veux, si j’culpabilise d’avoir pensé que c’était une bonne idée ou si j’lui en veux à lui de vraiment envoyer d’un revers de manche cette proposition. « T’es pas obligé de signer quoi que ce soit. » j’hausse les épaules, agacée en fait. « T’es pas non plus obligé de prendre ce ton. » qu’il redescende, j’suis pas sa collègue sur qui il peut passer ses nerfs. « T’es pas obligé de rester non plus. » Je lui tourne le dos, finis par rentrer à nouveau à l’intérieur, qu’il fasse ce qu’il veut. Par respect pour l’agent, j’allais finir la visite et lui dire qu’on était finalement pas intéressé. Et Greg allait repartir avec sa queue entre les jambes dès demain pour aller passer encore une journée de merde à son taf sans projet concret pour l’avenir. Quelle ambition. « On peut poursuivre, il se sent pas très bien, il a besoin de prendre l’air. On va faire sans lui. » et moi je passe clairement pour une con, parce que j’suis pas crédible pour un sous. J’ai vraiment la tête de la nana qui est un peu vénère et qui vient d’se faire passer un savon aussi. « On peut reporter si vous voulez… » s’il voulait pas dire annuler même. Je secoue la tête. « Je veux voir la suite. » histoire de pas perdre pied, même si finalement, on savait tous qu’on perdait notre temps là. |
| | | | (#)Mar 15 Déc 2020 - 17:28 | |
| Je déteste me donner en public, mais Noa a tout gagné ce soir. Je me sens complètement trahi, humilié. De quoi j’ai eu l’air devant l’autre mec ? A balbutier et à pas savoir où me mettre ? Elle sait pourtant bien que ce genre de surprise, c’est absolument pas ce qui me fait plaisir ? « T’es pas obligé de signer quoi que ce soit. » Et elle hausse les épaules de son air désabusé. Je m’impatiente, clairement je m’impatiente. « T’es pas non plus obligé de prendre ce ton. » Oh putain là v’là qui se prend pour ma mère. Je m’éloigne volontairement physiquement d’elle pour calmer mes nerfs, respirer un coup alors que ma main frotte nerveusement le haut de mon crâne. « T’es pas obligé de rester non plus. » Et elle se barre sans que j’ai rien eu le temps de répondre. Ben ouais, c’est ça, je suis pas obligé de rester, non. Je la regarde rentrer et faire comme si de rien n’était auprès de l’agent, me laissant seul dans la rue. Je compte pas retourner à l’intérieur de toute façon, de quoi j’aurais l’air ? Alors je tourne le dos, moi aussi. Je me barre, moi aussi. Mais tes pas ne te guident pas jusqu’à chez toi, hein Greg. Tes jambes suivent ton inconscient, au fond, t’as quand même envie d’explorer un peu plus le quartier pour savoir si ça pourrait coller. Au fond, t’as pas envie de te projeter, t’es effrayé à l’idée d’ouvrir ton propre truc, mais t’as besoin de quitter ton job. Il te détruit et tu le sais. Alors si tu finis par flâner dans les ruelles, te dire que ce quartier est mignon, quand même, qu’il a du potentiel et que t’auras des clients pour sûr, c’est bien pour une raison, tu penses pas ? Au bout de deux heures de marche, la nuit commence à tomber et mon estomac se met à gronder. Je regarde ma montre : il est 21h. Noa a dû en finir depuis quelques temps avec l’agent, et je me demande si elle rentrée à la maison, ou si elle est sortie voir des potes pour se détendre après cette dispute. Dans tous les cas, il faut que je rentre. Pour Doowap bien sûr, absolument pas pour vérifier que la brune est chez nous et qu’elle me fait plus la gueule. Elle doit sans doute encore me faire la gueule, d’ailleurs. Je finis par me diriger vers mon loft, mon cœur qui s’emballe de plus en plus au fur et à mesure que je me rapproche. On dirait un gosse qui va se faire engueuler, putain. Elle cherchait juste à bien faire, Noa, mais j’ai toujours du mal à saisir pourquoi elle ne m’en a pas parlé avant. Parce que t’allais te défiler, jamais te pointer ou refuser catégoriquement, ducon. Là, t’as été forcé. T’as pas aimé, mais ça t’a un peu ouvert les yeux quand même, non ? Je prends les marches pour retarder encore plus l’échéance, et, une fois que je me retrouve devant ma porte, j’inspire un grand coup avant d’insérer mes clés dans la serrure. Je pousse doucement ma porte, Doowap m’accueille très bien, comme d’habitude, mais ce n’est pas lui que je cherche. « Noa ? » Pourvu qu’elle ne soit pas là… |
| | | | (#)Mer 16 Déc 2020 - 18:32 | |
| J’me retrouve solo à l’interieur et j’ai l’espoir quand même qu’il finisse par venir nous rejoindre et qu’on fasse cette visite tous les deux. Mais quand on change de pièce, j’comprends que j’vais aller jusqu’au bout toute seule et qu’il est surement déjà partie loin. Franchement, je sais pas si j’dois chialer sur place, parce que j’suis vraiment énervée, contre lui, contre moi… J’finis par regarder l’agent qui a pas l’air convaincue du sens de cette visite non plus. « J’suis désolée, j’vous fais perdre votre temps… » il m’adressa un sourire de compassion et m’avoua qu’effectivement, il avait bien compris que ce n’était pas pour moi qu’on était là. J’avais eu droit à un petit bonne chance avant qu’on ne se quitte réellement et de rentrer à la maison. A la maison… franchement, dans ces cas là, j’me demande si c’était une bonne idée de venir m’installer chez Greg alors qu’on est ensemble depuis peu de temps finalement – même si j’ai cette impression de le connaitre depuis toujours et qu’il a toujours été présent dans ma vie – mais j’regrette de ne pas pouvoir rentrer chez moi et rien que chez moi. Mais en même temps, j’ai toujours une clé de mon ancien appart et Jane me laisserait squatter le canapé. Nan. Faut que j’assume… on est pas ensemble pour uniquement les bons moments et s’faire des calins sous la couette quand tout s’passe bien. Si j’ai accepté de m’installer chez lui, c’est aussi pour ce genre de confrontation, parce que je sais qu’on va être confronté et même si ca dure pas longtemps, faut passer par là. Ca partait franchement d’un bon sentiment et c’était comme s’il avait pris une lettre que je lui avais dédiée, écrite avec le cœur, et qu’il l’avait juste déchiré devant moi avant même de l’avoir lu. Il avait laissé aucune chance à ce projet, tué dans l’œuf. J’étais persuadée de tomber sur lui en rentrant, j’avais fais quelques pas timide dans le loft, tendant l’oreille pour voir s’il n’était pas entrain de se détendre sous la douche ou en train de grignoter devant sa télé mais c’était d’un calme… Greg n’était pas dans cet appartement, c’était sûr. Par contre, Doowap arriva dans un tel raffut, il glissa même devant mes pieds, sa truffe avait trouvé refuse dans l’ourlet de mon pantalon. « T’as la dalle toi… » sa gamelle était vide, j’avais pris le temps de lui donner ses croquettes et son eau et pour la promenade, ce serait pour plus tard. « Il est où ton maitre… » que j’lui demande comme s’il allait m’répondre… mais il était plus occupé à croquer dans ses croquettes qu’à m’écouter. Hors de question que je lui adresse un sms et même si, j’avoue que de voir le temps passer sans le voir revenir pouvait un peu m’inquiéter… aller, encore une petite demie heure et je ferai peut être un effort… et finalement, épuisée par ces émotions, j’avais fini par m’assoupir sur le canapé. « Noa ? » la voix de Greg me sortie directement de mon sommeil – pas très profond ceci dit- j’avais presque sursauter avant de me redresser, remettant mes cheveux qui étaient en pagaille. J’ignore l’heure qu’il était, mais j’étais au moins rassurée d’une chose : il était rentré. « J’suis là. » dommage ? je reste assise, pas trop motivée à lui faire le comité d’accueil en trombe. J’ai dormi, mal dormi, pas assez sans doute, toujours un peu agacée d’ailleurs et j’crois que j’ai un peu rêvé de saucisson et de Greg qui riait fort en se foutant de moi. Bon, j’suis doublement agacée j’crois. |
| | | | (#)Mar 16 Fév 2021 - 14:57 | |
| En rentrant dans l'appartement, je me rends compte que la lumière de la cuisine est allumée, et que la télé fait office de fond sonore. Bon, Noa est bien rentrée. Je sais pas si je dois m'en réjouir ou pas : si elle est là, c'est qu'elle fait plus la gueule, si ? Parce que tu crois que tu vas pouvoir t'en tirer sans explications ni excuses ? Tu crois que ça va couler comme ça, qu'elle va accepter chacun de tes mots durs et chacune de tes intonations rabaissantes à chaque fois que tu te sens insécure ? C'est pas toi qui voulais une relation saine entre adulte ? Il va peut-être falloir parler mon coco, il serait peut-être temps.
« J’suis là. »
Sa voix endormie répond finalement à mon faible appel à voix haute, et confirme davantage sa présence. Oui parce qu'après tout, elle aurait pu rentrer nourrir Doowap puis repartir. Je suppose qu'elle est dans le salon, et je me dirige alors là-bas. Elle est effectivement assise sur le canapé, à m'attendre comme une proviseur attendrait un élève qui a déconné et qu'elle a convoqué. C'est qu'elle en imposerait presque, la brune, malgré ses cheveux éparpillés et ses yeux bouffis. Elle a pleuré, ou elle vient de se réveiller ? Par pitié, qu'on ne me dise pas qu'elle a chialé. Elle est quand même pas aussi sensible ? C'est pas comme si je l'avais insultée non plus. « Je suis rentré. » Sans blague. T'as pas trouvé mieux comme amorce ? Et moi qui pensais qu'elle faisait plus la gueule, je me suis visiblement trompé : sourcils froncés, regard fermé, bras croisés, elle attend clairement des excuses. Oh, ça va, je vais pas m'excuser tous les jours non plus. Doowap vient me soutenir en frottant sa tête contre ma main pour avoir des caresses. Merci Doo. Enfin merci, il s'est vite barré pour aller réclamer des câlins auprès de sa nouvelle maîtresse, et j'ai plus vraiment d'autre choix que d'aller m'asseoir à côté d'elle. Nos corps sont si proches, mais si éloignés à la fois. Il fait bien chaud et bien froid en même temps tout à coup. Et sinon, au lieu de sortir des phrases philosophiques à deux sous dans ta tête, tu comptes parler un jour, Greg, ou tu souhaites rester dans le silence pendant les prochaines minutes encore ? Pas besoin de répondre, tout le monde connaît la réponse. Demande-toi juste si le comportement que t'adoptes, là tout de suite maintenant, est adapté. Non, n'est-ce pas ? Bon, alors, tu sais ce qu'il te reste à faire. « Il était comment le local, du coup ? » Ouais, fais comme si rien ne s'était passé, comme si elle avait pas dû garder la face en face de l'agent parce que t'avais pas pu te retenir d'agir comme un gosse. |
| | | | (#)Ven 12 Mar 2021 - 19:37 | |
| La porte qui claque en fond sonore quand j’précise que j’suis là. Est-ce que ma réponse lui a donné envie de repartir ou est-ce qu’il a juste refermé la porte derrière lui sans faire attention à sa force de bourrin ? Franchement, il a plutôt intérêt à ce que ce soit le deuxième scénario et qu’il vienne montrer sa tête pour que j’capte dans son regard si il a pu s’calmer ou pas. Pas facile de composer avec un sal caractère comme lui et en même temps, j’crois que depuis l’début, j’avais tous les indices pour me dire que ça serait pas toujours simple avec lui. Qu’il avait quand même son caractère et qu’il avait pas l’habitude – ou plus – de partager sa vie. Greg, j’rappelle quand même que c’est celui qui m’a plus calculé pendant un mois parce qu’il avait la tête trop prise par son taf (peut être qu’un jour j’aurai la vraie version d’l’histoire, mais j’vais m’contenter de croire à ça). J’ai bien vu, son attitude, la fois où on est sortie ensemble et qu’un mec s’est montré un peu trop entreprenant avec moi, j’ai bien vu sa façon de jouer le coq viril, sa façon d’essayer d’marquer son territoire, et c’est marrant, parce que ça pourrait être typiquement le genre d’attitude que j’pourrais critiquer chez l’mec d’une copine. Typiquement les raisons pour lesquelles j’pourrais dire que c’est un con. Alors que ça a juste fait partie des choses qui ont fait que petit à petit, j’ai eu d’en savoir encore plus, petit à petit j’voulais toujours plus. J’savais que ce serait pas facile quand il est revenu de ROA – et en fait, j’me dis que si déjà ça, on avait réussi à le laisser derrière nous, qu’est ce qui pouvait bien nous arriver ? J’sais pas. On s’engueule, on s’prend la tête pour des conneries, ça dure jamais longtemps et je pense que si on se réconcilie si rapidement, à chaque fois, c’est surtout grâce à lui. Parce qu’il revient plus facilement que moi, parce qu’il s’excuse davantage et qu’il fait souvent le premier pas. Et je sais combien c’est des efforts pour lui. Et finalement, ces moments-là, ils sont pas représentatifs de ce qu’on est. Son ombre apparait dans le salon, et j’me retourne tout juste pour le regarder et tenter de déceler un truc dans ses yeux. Il est pas fier : tant mieux. Il comprend vite. J’espère que c’est pas grillé que j’viens d’me réveiller, j’espère que j’ai pas de marque rouge sur la joue et que mes cheveux sont pas trop en désordre, dans l’doute, j’repasse rapidement mes mains dans ma tignasse. J’ai bien envie d’lui demander comment s’est passé sa promenade, s’il a eu le temps de prendre l’air, d’aller voir les premières décos de Noel dans les magasins, si tout va bien pour lui. « Il était comment le local, du coup ? » ah. Bah ça, c’est la meilleure. J’fais quoi ? Sarcasme ? Ou je calme le jeu. « Quel local ? » parce que j’me souviens pas avoir visiter un local. « J’ai annulé, tu comprends que la visite c’était pas pour moi. » bon, aller, reste tranquille, je vois bien qu’il fait encore un pas, c’est pas le moment de reculer. J’suis tendue, je jette un œil vers la tête et souffle avant de me laisser retomber au fond du canapé. « J’étais persuadée que c’était une bonne idée. » que je lâche, l’agacement laissant place à la déception. « J’me suis pris un mur et c’était violent… » sa façon d’me parler, qu’il s’en aille sans rien dire de plus. « J’voulais pas te mettre au pied du mur et j’voulais pas non plus te forcer à quoi que ce soit… j’me suis juste dis que c’était une occasion qui n’engageait à rien… » et on passerait sans doute à côté de cette belle occasion du coup. Je pense que c’était mort pour envisager quoi que ce soit dans ce bar. Mais bon, Greg avait été très clair, il ne voulait rien savoir, il n’avait pas l’intention de quitter son boulot… mouais. J’me redresse à nouveau pour tendre ma main vers lui et la poser sur sa cuisse, mon pouce le caresse, signe que je baisse ma garde et d’un nouveau pas vers lui à mon tour. « J’te vois tous les jours après tes journées de taf et tous les jours t’as un peu plus de ride sous les yeux, tu sais. » peut être que l’excuse des rides le feront davantage réagir, qui sait…
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| | | | (#)Sam 13 Mar 2021 - 17:17 | |
| « Quel local ? » Évidemment qu'elle est vexée Noa, qu'elle répond que sur son ton sarcastique parce que je l'ai saoulé avec mon comportement. Mais c'est pas elle qui m'avait reproché de mal lui parler ? Elle adopte exactement la même attitude que moi, là. Je bronche pas, serre ma mâchoire pour éviter de faire une quelconque remarque qui pourrait envenimer les choses. Comme si elles l'étaient pas déjà...« J’ai annulé, tu comprends que la visite c’était pas pour moi. » Serrer les mâchoires ne suffit pas, et j'arrive pas à retenir le souffle exaspéré qui sort. Sans blague. Bien sûr que le local était pour moi, et c'est bien ça le problème. Elle soupire à son tour (dis donc, on pourrait se faire une conversation de soupirs), et s'éloigne un peu plus de moi quand elle laisse son corps retomber pour aller caler son dos sur le dossier. Moi, j'ai toujours mes coudes sur mes genoux alors que ma main qui pend caresse distraitement Doowap. J'ajoute rien. Je vois pas ce que je pourrais ajouter en fait, je lui ai déjà fait comprendre que ça ne m'avait pas plu, ce qu'elle avait fait. Mais bon, t'as quand même passé 2h dans le quartier à te dire que ça pourrait être pas mal quand même, alors arrête de faire le fier, bon sang Greg, t'étais si bien parti. Il te suffit vraiment d'un rien pour te braquer et retourner camper sur tes positions radicales et irrationnelles, hein? « J’étais persuadée que c’était une bonne idée.J’me suis pris un mur et c’était violent… » J'avoue qu'elle me fait un peu de peine, quand même. Parce que je sais très bien qu'au fond, ça partait d'une bonne intention, que si elle m'en avait pas parlé avant, c'est parce qu'elle savait que j'allais trouver n'importe autre raison pour réagir aussi négativement parce que je flippais que ce projet puisse se concrétiser un jour. Alors, comme un ado qui sait pas demander pardon, je me laisse retomber dans le canapé à mon tour, et tourne la tête vers elle de façon à pouvoir la regarder. Elle a l'air toute déçue, tant par mon comportement que par la réaction. « J’voulais pas te mettre au pied du mur et j’voulais pas non plus te forcer à quoi que ce soit… j’me suis juste dis que c’était une occasion qui n’engageait à rien… » Ouais enfin à rien, c'était pas anodin quand même cette visite. Sa main se dirige vers ma cuisse, elle rétablit le contact physique, ok, c'est bientôt la fin de la mauvaises passe mon vieux, tiens le coup et foire pas tout, parce que vous allez être obligés de tout recommencer de zéro apres, et franchement, j'en ai aucun envie. « J’te vois tous les jours après tes journées de taf et tous les jours t’as un peu plus de ride sous les yeux, tu sais. » Je déglutis bruyamment, baisse les yeux vers son pouce qui caresse affectueusement ma cuisse. La dernière grosse enquête m'avait vraiment foutu au plus bas. J'en avais vu, des affaires sordides, mais dès que ça touchait aux enfants, j'étais tout de suite plus sensible. Des femmes séquestrées, violées une fois mortes, c'est une chose. Une chose qui revient chaque année depuis la nuit des temps d'ailleurs, mais des enfants ? Pourquoi s'en prendre à des êtres aussi innocents ? Pourquoi ne pas se poser de questions quand les pulsions sexuelles se tournent vers eux ? Pourquoi agir, et aussi violemment que possible en plus, comme un animal affamé qui ne laisse que quelques vieux os sur son passage ? Rien que d'y penser, j'ai le coeur qui se serre à nouveau. La main de Noa se fait plus lourde sur ma cuisse, comme si elle avait ressenti que je ressassais l'enquête d'il y a 3 mois et qu'elle voulait me signifier que tout allait bien se passer. Non, tout ne va pas bien se passer. Des pédophiles, on en trouve encore pléthore, ils se baladent parmi nous et on sait pas s'ils vont pas agir rapidement. J'ai pourtant envie d'arrêter tout ça, de les condamner, mais elle a raison, j'ai plus la force, j'y ai laissé trop de ma personne. Ma mâchoire se resserre à nouveau. Ouais c'est bon, t'as le droit de chialer hein, Greg. T'as le droit de lâcher toute la pression que t'accumules. C'est pas parce que tu laisses couler deux-trois larmes que t'es une tapette. tu te convaincs que ton footing quotidien te suffit à te défouler entièrement, mais tu sais bien que t'arrives pas à tout évacuer. Je sens les larmes bloquées dans ma gorge, la main de Noa, sa voix douce, sa présence, sa patience, c'est trop pour moi. Je ravale ce qui menace de couler sur mes joues et pose ma main tremblante sur la sienne. "Merci, de ton soutien, de ton écoute, d'être encore là" que j'essaie de faire passer dans ce geste, sans qu'aucun son ne parvienne à sortir. Elle a peut-être raison Noa, peut-être que je devrais tout lâcher, tout recommencer de zéro, mais ça voudrait dire abandonner les victimes d'aujourd'hui et de demain, abandonner l'équipe et les formations en cours, abandonner tous ceux qui compte sur moi. « Je sais pas si j'en suis capable, Noa. » que je parviens finalement à souffler, les sanglots dans ma voix. Et c'est le début de la fin, cette phrase. Parce que j'avoue être impuissant, j'avoue ne plus rien contrôler, et là, je suis complètement à nu devant elle. Je lâche finalement sa main pour me recroqueviller un peu plus sur moi-même, je reprends ma position de défense en calant mes coudes sur mes cuisses et en fourrant ma tête dans mes mains. Je frotte mon visage, ma barbe, mon crâne, mes paupières, dans l'espoir de pouvoir retenir encore un peu plus mes émotions, mais j'y arrive pas, j'y arrive plus. |
| | | | (#)Dim 21 Mar 2021 - 12:33 | |
| C’est long ce silence, j’ai pourtant tenté de calmer le jeu. Mon humeur a changé en deux secondes, comprenant - un peu – pourquoi il avait pas trop apprécié la surprise. Acceptant que je m’étais totalement planté – cependant, j’avais encore un peu de mal à avaler vraiment sa réaction et la façon dont il m’avait parlé et sa fuite digne d’un grand bandit qui joue au chat et à la souris avec les cow boys, mais bon… En soit, j’avais fait le pas et mon geste était sincère. Je suis surprise quand sa main tremble sur la mienne, là pour le coup, je m’attendais pas non plus à ce qu’il réagisse ainsi à présent. Mes yeux se posent sur son visage alors qu’il a l’air encore fuyant, j’essaie de comprendre davantage sa communication non verbale, il dit rien Greg mais là, j’ai l’impression qu’il se passe milles choses dans sa tête, qu’il est en combat avec lui-même et c’est toujours les mêmes choses. Bien sûre qu’il tient à son travail, bien sûre qu’il est sans doute fait pour ça, mais à quel prix ? C’est devenu trop lourd à porter tout ça et je l’admire déjà tant pour ses années à se donner corps et âme pour son métier qu’il défend dur comme fer. J’ai compris à quel point la justice était importante à ses yeux, à quel point il y croyait, à quel point il se sentait vivre à travers ses missions. Mais j’suis persuadée que lâcher prise ne pourrait que lui faire du bien. C’est pas trahir qui il est de faire une pause, de s’arrêter, chacun son tour comme on dit. Laisser la place à d’autres qui sont plus blindés que lui. Jusqu’à ce qu’à leur tour aussi, ils soient capables de céder leur place. « Je sais pas si j'en suis capable, Noa. » qu’il fini par lâcher et le son de sa voix que je reconnais à peine. Son mal-être est criant et j’en ai une boule au ventre. Sa main quitte la mienne et il se referme complètement. Je sais pas si c’est pour me repousser, si c’est pour se protéger, si c’est parce qu’il veut pas se montrer sous un jour plus fébrile. Et vraiment, quand ce sont des larmes que je vois couler sur ses joues, timides larmes mais quand même, j’me sens mal pour lui. J’reste, un moment, silencieuse, en fait, j’me sens con, parce que je m’y attendais pas et j’me sens triste aussi. Je me décale pour m’approcher de lui, laissant très peu d’espace entre nous, voir plus du tout. J’ai l’impression que le seul soutien que j’peux lui apporter, c’est d’être juste là pour lui, d’être à ses côtés et de le laisser exprimer ce qui doit sortir. Je sais pas depuis combien de temps Greg se sent mal dans ses pompes au taf, mais je ne peux que me rendre compte de l’évolution de jour en jour. Mon menton vient se nicher dans son cou, mes bras l’enlacent et mon souffle chaud qui se cogne contre sa peau. « J’suis là… » je glisse, humble, délicate en me demandant si c’était pas trop prétentieux de me dire que ma simple présence suffirait à ce qu’il aille mieux. « J’voulais pas te brusquer… » ca sonne comme des excuses, c’était maladroit, de faire ça comme ça. Son travail, c’est sa vie et c’est pas en allant visiter un vieux local derrière un rideau fermer que tout allait basculer. Mon front poser contre sa tempe, je laisse un baiser s’échapper sur sa barbe. J’ai l’cœur qui déraille, déstabilisée de le voir perdre pied. Il doit pas être fier, lui qui aime rappeler tant de fois, même si c’est sur le ton de l’humour, que c’est un homme et les hommes, c’est viril, c’est fort, ça pleure pas. Je le savais plus sensible qu’il ne pouvait l’admettre mais j’étais pas certaine qu’il se connaisse comme ça non plus. Surement que si… quand même. « Prend le temps qu’il te faut et t’auras toujours toute mon admiration… peu importe c’que tu fais. » j’essuie une larme qui roule sur sa joue et me décale avant de tourner doucement son visage vers le mien. « Je suis désolée… » fallait quand même que j’lui dise et je pouvais pas me contenter de demis mots, mon but c’était pas de le faire pleurer, qu’il se sente mal. Mes lèvres se déposent doucement sur les sienne, comme un pansement pour l’aider à aller mieux. « Je t’aime. » et c’est juste ça, je l’aime alors j’en fais sans doute trop, j’en fais sans doute des tonnes encore et toujours… Mes yeux sont brillants eux aussi et j’crois que ça fait beaucoup pour une petite journée comme aujourd’hui. |
| | | | (#)Mar 23 Mar 2021 - 16:29 | |
| Mes mains tremblantes n’arrivent plus à tenir en place sur mon visage, elles s’agitent dans tout les sens alors que j’essaie encore de garder un semblant de dignité face à Noa. J’ai chaud et froid en même temps, j’arrive plus à retenir les larmes qui coulent désormais sur mes joues, timides mais bien réelles. J’ai plus aucun contrôle sur cette respiration saccadée, sur cette sensation de suffoquer : j’ai l’impression que j’arriverai plus jamais à faire rentrer de l’air dans mes poumons. J’expire exagérément, je souffle fort, j’essaie d’évacuer ce qui me comprime si fort le cœur, mais à l’inverse, j’inspire à peine. Laisse-toi aller, Greg. Ma mâchoire se détend, laisse un son caverneux sortir, alors que mes mains s’agrippent à mon crâne, que mes doigts affolés pressent mes tempes pour tenter de me calmer. Et quand Noa me serre contre elle, approche doucement ses lèvres près de mon cou, souffle sa chaleur contre ma peau, mon cœur se réchauffe alors que ma peau frissonne. « J’suis là… » Sa voix douce, bienveillante, m’apaise et m’agace à la fois. Comment pourrait-elle être là avec moi alors qu’elle ne sait pas ce que je ressens ? Elle ne connaît rien de la culpabilité que j’éprouve face aux familles démunies qui ne demandent qu’à retrouver ceux qu’ils aiment, face à ces atroces photos mettant en scène toutes les victimes et qui me donnent des hauts le cœur, face à tout ce poids que j’ai sur les épaules : ne pas les décevoir, donner des réponses, punir le méchant. Et pourtant, malgré cette contrariété, j’ai aucune envie qu’elle me lâche. Je ne demande rien d’autre que ce qu’elle fait actuellement : qu’elle reste tout près de moi, qu’elle me dise que tout va bien se passer et que je vais m’en sortir. J’ai jamais eu besoin de personne pour me souffler que j’étais le meilleur, mais là, j’ai affreusement besoin de son soutien. « Prend le temps qu’il te faut et t’auras toujours toute mon admiration… peu importe c’que tu fais. » Et elle finit par le dire, Noa, comme si elle lisait dans mes pensées, comme si elle savait de quoi j’avais besoin présentement. Un faible sourire passe furtivement sur mes lèvres, et elle vient m’essuyer une larme avant de me forcer à tourner la tête vers elle pour que je la vois s’excuser. C’est pas sa faute, à Noa, dis-lui Greg, que c’est pas sa faute. Dis-lui qu’elle a raison, qu’elle a toujours raison, que ce rendez-vous t’a fait ouvrir les yeux, que tu vas quitter ton boulot, que tu vas tout faire pour la rendre fière de t’avoir fait confiance. Dis-lui bon sang ! « Arrête, t’as rien fait de mal… » C’est bien Greg, ouvre-toi, accepte de lui confier tes peurs, accepte de montrer un peu plus de toi. Ses lèvres déposent un baiser sur les miennes, un baiser tout doux, un baiser d’amour, un baiser qui veut dire qu’elle ne me lâchera pas, jamais. « Je t’aime. » Mon cœur s’emballe, mes yeux se ferment, mon front se colle contre le sien. « Je t’aime aussi », que je souffle timidement tout bas. Et c’est peut-être l’émotion, c’est peut-être la situation, c’est peut-être parce que je suis complètement à nu devant elle, mais je le pense vraiment. Je l’aime. Les yeux toujours fermés, j’ajoute un « Merci » avant de l’embrasser à nouveau, de me tourner complètement vers elle et de l’allonger sur le canapé. L’envie a pris le pas sur la colère, les émotions m’ont entièrement retourné et j’ai besoin de le lui montrer, là, maintenant. |
| | | | (#)Mar 23 Mar 2021 - 16:45 | |
| Si j’avais su comment ça tournerai… je crois que définitivement, les surprises, fallait arrêter. J’ai l’impression d’être allée trop loin, je comprends pas le sens de ses larmes, je sais pas si c’est vraiment lié à ça, si c’est si dur que ça, c’est surement pire que c’que j’pensais alors. C’est vrai qu’il entre jamais trop dans les détails, mais je sais que c’est très difficile au quotidien, qu’il voit des choses que peu pourrait supporter et il a beau dire c’qu’il veut Greg, mais il a un cœur plus gros que lui et même s’il le cache derrière milles stratégies foireuses. Il se grille souvent tout seul. Et sans doute qu’à force de tout garder pour lui, là, la soupape a exploser. Autant il peut m’énerver quand il joue au mec trop sûre de lui, autant, j’me retrouve totalement déstabilisée devant lui à ce moment-là. Ma seule façon de lui répondre c’est d’être à ses côtés et lui prouver par a+b que c’est pas dans mes projets d’le laisser affronter ça seul, peu importe ce qu’il attend de moi finalement… S’il me demande de juste être là, j’serai là, s’il me demande de l’écouter, j’l’écouterai, s’il me demande de faire comme si de rien n’était, ma foi… je m’y plierai. « Arrête, t’as rien fait de mal… » mais je peux pas m’empêcher de culpabiliser de l’avoir mis dans cet état non plus… « Je t’aime aussi » oh wow. Là on va de surprises en surprises. J’étais pas à mes premiers mots, à mes premiers sentiments dévoilés à Greg, en terme de communication, on peut dire que j’me site quelques level au dessus de lui, que c’était plus simple pour moi de m’exprimer en tout point, qu’à sa manière il le faisait mais c’était plus subtile, non verbale, des regards, des gestes, des signes. S’il ne m’avait encore jamais dit qu’il m’aimait, j’aimais espérer qu’il le pense quand même, j’imagine qu’il aurait pris la peine de mettre fin à notre relation si ca n’avait pas été réciproque, j’aimais pensé qu’il n’était pas du genre à me laisser m’emballer sans être capable d’éprouver la même chose que moi. J’voulais lui faire confiance à propos de ça, j’voulais lui laisser l’temps qu’il faudrait, j’étais patiente, parce qu’il savait y faire quand même. Chacun des baisers qu’il me rendait en retour de mes paroles valaient sans doute milles mots, le regard qu’il pose sur moi à tout instant est d’égal à trois je t’aime – j’aime bien m’dire ça effectivement – le désire, l’envie permanente, ses sourires et ses yeux qui disparaissent sous ses paupières quand ses lèvres s’étirent un peu trop. Greg et ses sentiments enfuient, moins profond qu’il ne le désire surement. Plus à fleur de peau que jamais, à découvert, je crois qu’il me fait bien moins culpabiliser tellement il est bon d’entendre ces mots souffler de ses lèvres. Il m’arrache un sourire, entre satisfaction, bonheur palpable, surprise, émotion. Mon cœur qui a fait un bond dans ma poitrine, mes mains qui deviennent moites, mes yeux qui s’illuminent, du mal à déglutir, et ces foutus papillons, comme on dit. J’crois que finalement, pour ressentir tout ça, j’regrette rien de cette journée. Absolument rien. « Merci » Merci de je ne sais quoi, mais moi aussi j’ai envie d’lui dire merci là, de savoir me combler comme il le fait… Ses lèvres qui rejoignent les miennes, j’le laisse reprendre contrôle sur la situation, contrôle sur moi… j'ai bien envie qu'il me le dise à nouveau, mais il fallait savoir se contenter de choses rare, de s'en satisfaire, j'allais garder ce moment bien graver et surtout, ne jamais l'oublier. Et maintenant, simplement profiter... |
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