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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyJeu 26 Nov 2020 - 5:11



It's Been A While
@Tessa Mulligan+Adriel.
[Flashback. Il y a environ un an, peu de temps après le retour d’Adriel à Brisbane.]

Les quelques semaines qui se sont écoulées depuis mon retour à Brisbane n’ont pas été de tout repos. Comme je ne suis pas vraiment le genre à rien planifier, je suis d’abord revenu chez mes parents en attendant de me trouver un appartement - c’est eux qui l’ont déniché, il est très bien situé, pas loin de chez eux en fait, ce qui plaît bien à ma mère. Ça ne fait que quelques jours que j’y suis emménagé, il y a encore quelques boîtes à défaire mais, comme ça fait des années que je voyage avec peu de bagages, il n’y a pas grand chose. Ma mère a quand même insisté pour que j’amène plus de la moitié de ce qui se trouvait dans ma chambre chez eux, genre mes bandes-dessinées et romans, mes livres de photographie et autres sujets passionnants, ainsi que des CDs, des DVDs, des albums photos, mes consoles, ma guitare. Elle affirme qu’elle avait hâte que j’aie un appartement (c’est mon premier à Brisbane) pour qu’elle puisse tout me refiler, elle affirme qu’elle était tannée de voir ça traîner. Le lendemain de mon déménagement, j’ai adopté Peter le Bengal sur un coup de tête, c’est Erin qui a eu vent qu’une maman Bengal venait d’avoir une portée et elle a pensé qu’un petit compagnon me ferait du bien. Je sais que ça lui fait vraiment plaisir à elle aussi, elle adore les animaux et elle n’en a pas. Peter a tout juste trois mois, il est minuscule, mais il ne manque pas d’énergie. Son moment préféré pour jouer est, bien entendu, quand j’essaie de dormir mais, après avoir monté et descendu les escaliers aussi rapidement qu’un chaton de sa taille est capable de le faire, il vient en général se blottir près de ma tête, sur mon oreiller.

Je suis en train de manger un bol de céréales en scrollant sur mon téléphone lorsque je reçois un message de Tessa, ce qui me fait sourire. Tessa et moi étions ensemble quand on allait à l’université, mais on se connaît depuis beaucoup plus longtemps que ça. Notre amitié de longue date s’est tranquillement transformée en relation amoureuse quand nous nous sommes rendus compte que nous voulions plus l’un pour l’autre. Elle a été la seule fille, vraiment, de qui j’ai été amoureux. En voyage, j’ai eu quelques aventures, mais rien qui ne dure, et ce, par choix. Nous étions bien ensembles, tous les deux, mais nous allions vers des chemins différents et nous avons donc décidé de nous séparer. C’était pour le mieux, mais ce n’est pas pour autant que ça a été facile. Les premiers mois en voyage, elle me manquait constamment. J’étais tellement rendu habitué de toujours traîner avec elle que son absence dans mon quotidien était lourde. Nous avons gardé contact mais, peu à peu, les sms et les appels se sont espacés. Nous parlons encore ensemble une fois de temps à autre, nous nous demandions de nos nouvelles. Elle me demande dans quel pays je suis rendu, s’il y a des trucs bizarres à manger là où je suis (j’aime goûter à tout et nombreuses sont les photos que je lui ai envoyées pour le lui prouver). Je souris malicieusement en ramassant Peter qui est à mes pieds et miaule pour me rejoindre au comptoir; mais je le garde dans mes bras, il se débat en tentant de mettre ses petites pattes sur la surface, je sais que ça lui plairait bien de goûter au lait qu’il y a dans mes céréales. Je le dépose sur le comptoir, mais prends mon bol dans mes mains pour qu’il n’y touche pas. Pas tout de suite, en tout cas, pas avant que j’aie fini de manger. Après quelques échanges de sms, je demande à Tessa ce qu’elle fait et elle me répond presqu’aussitôt qu’elle est dans un petit café de Toowong, près de l’université, celui-là même dans lequel nous aimions bien aller étudier et essayer toutes sortes de pâtisseries et de breuvages. C’est le genre de café dans lequel il y a des tables comme tout café, oui, mais également des fauteuils pour être plus confortables et des étagères tout le long des murs qui offrent des livres qu’on peut échanger contre ceux qu’on apporte de chez soi. L’ambiance est chaleureuse, la musique est chill, et la place est plutôt tranquille. En cinq minutes, je suis hors de chez moi et dans ma voiture en direction du ledit café. Je n’ai pas dit à Tessa que je suis de retour à Brisbane, et c’est par exprès; je veux lui faire la surprise, mais je n’ai pas eu le temps encore depuis mon retour. J’ai hâte, je suis un peu nerveux, il faut dire, à l’idée de la revoir. C’est arrivé que je la vois quand j’étais de passage ici entre deux voyages, mais ça commence à faire loin et là, je suis de retour pour de bon. M’enfin, peut-être pas pour toujours, on verra; mais au moins pour plus longtemps que d’habitude. Je ne me tannerai jamais de voir les quatre coins du monde, mais j’ai envie de me poser un moment, de reprendre mon souffle. Quelques minutes plus tard et je suis arrivé devant le café en question, j’ouvre la porte sans plus attendre et j’entre à l’intérieur en sortant le petit porte-clé en forme de fleur d’hibiscus que j’ai acheté pour elle lors du dernier endroit que j’ai visité, Hawaï. Un Paradis sur Terre, c’est une évidence. Un jour, peut-être, j’y vivrai. Il faut dire que l’Australie n’est pas si pire non plus.

Je repère bien vite Tessa, qui dos à moi, elle est assise sur un des fauteuils un peu plus loin, près d’une fenêtre. Je m’approche d’elle sans bruit, même si, bon, la musique cache facilement le son de mes pas. Je m’arrête derrière elle, me penche légèrement - je peux sentir l’odeur de son shampoing comme ça, ça sent bon, comme d’habitude -, et tends un bras pour balancer doucement le porte-clé devant ses yeux. « Je vois que tu aimes toujours cet endroit », je lance avant de déposer l’objet sur la table devant elle et de la contourner pour m’installer sur le fauteuil en face d’elle. « Surprise », je balance, un grand sourire sur les lèvres. Il y a une assiette de gâteau devant elle et je tends la mains pour en prendre un petit morceau, bien à mon aise, parce que c’est bien le genre de chose que je ne me gêne pas de faire avec elle. Il y avait un temps où on partageait tout, hein, et les vieilles habitudes de s’en vont pas en un claquement de doigts.
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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyMar 1 Déc 2020 - 15:26

It's been a while
Tessa Mulligan ft. @"Adriel Mayers

Une journée pas comme les autres puisque pour une fois, je m’étais décidée à penser un peu à moi, bien trop prise par mon boulot, habituellement. J’étais heureuse d’avoir réussi ma vie professionnelle, concrétisé une bonne partie de mes projets, mais dans tout cela, je m’étais oubliée un peu, je devais bien l’avouer. Il faut dire que j’étais une éternelle insatisfaite concernant mes projets professionnelles, je voulais toujours plus, toujours mieux. J’avais réussi mes études avec brio, j’avais une bonne place dans un cabinet vétérinaire dans lequel tout se passait bien, mais à présent j’avais quelque chose d’autre en tête et je savais que cela ne me quitterait pas tant que je ne l’aurais pas concrétisé. Je comptais, à présent, ouvrir mon propre cabinet, dans l’espoir d’être ma propre patronne. Me lancer dans cette aventure ne m’effrayait pas, au contraire, cela était même plutôt excitant de se lancer dans tous ces projets et je ne doutais absolument pas de ma réussite à venir. J’avais commencé à me renseigner, à faire quelques démarches et même si je savais que cela ne se ferait pas du jour au lendemain, qu’il me faudrait du temps et de la patience, cela ne m’effrayait absolument pas.

En ce jour de congé, j’avais tout de même pris sur moi pour me sortir de tout cela et m’aérer un peu l’esprit, j’étais consciente que cela me ferait le plus grand bien. Après avoir marché quelques dizaines de minute, le sourire aux lèvres et l’esprit ailleurs, je finissais par jeter mon dévolu sur un café que j’avais l’habitude de fréquenter depuis très longtemps maintenant. Je me posais sur un fauteuil et profitais de l’ambiance du lieu, le regard ailleurs. « Qu’est-ce que je vous sers ? » Un léger sursaut m’envahit, je n’avais même pas entendu la serveuse arriver, tant j’étais plongée dans mes pensées. « Pardon, j’avais la tête ailleurs… Un cappuccino et une part de quatre quarts, merci ! » En attendant l’arrivée de ma commande, machinalement, je sortais mon téléphone portable de ma poche, puis, au bout de quelques minutes à traîner sur les réseaux sociaux, sans grand intérêt, je me décidais d’envoyer un message à Adriel.

Adriel était quelqu’un qui avait une importance capitale dans ma vie et c’était loin d’être un hasard. Ancien ami de longue date, il avait été aussi mon seul et unique amour, le seul qui ne m’avait pas menti, le seul pour qui j’avais nourris de réels sentiments, le seul qui avait partagé ma vie plus de quelques semaines. Nous avions été vraiment proches, fusionnels, il connaissait ma famille et malgré quelques disputes parfois, notre relation n’avait jamais dérapé, à tel point que tout le monde nous voyait ensemble pour des dizaines d’années à venir. Pourtant, nos chemins avaient fini par se séparer, d’un commun accord et malgré les sentiments que nous ressentions l’un pour l’autre et pour cause, nous avions des projets de vie différents et nous savions que nous ne pourrions supporter une relation à longue distance. Les aurevoirs avaient été déchirants, j’avais vécu notre séparation comme une véritable peine de cœur, même si je savais que la douleur aurait été d’autant plus forte si nous avions continué à entretenir nos liens. Je m’étais enfermée chez moi un moment, à pleurer toutes les larmes de mon corps, à avoir l’impression qu’on m’avait enlevé une partie de moi-même, mais je n’avais pas eu le choix que d’avancer et de continuer ma vie sans lui, enfin presque sans lui. Nous avions gardé contact bien entendu, un contact presque permanant les premiers mois, puis des appels et des messages qui s’étaient un peu espacés avec le temps. Pour autant, tous les évènements importants de nos vies, nous nous les étions partagés l’un avec l’autre, comme si soudainement, les kilomètres qui nous séparaient n’existaient plus vraiment. Je savais que malgré tout, Adriel resterait une personne qui avait l’une des grandes places dans ma vie et que notre histoire d’amour resterait parmi les meilleurs souvenirs que je garderais au fond de moi. Peut-être, sans doute, que s’il était resté en Australie, nous serions encore ensemble, mais je ne voulais pas vivre dans le regret. Parfois la vie nous réserve quelques surprises, parfois elle nous force à prendre des décisions que nous croyions impensables et puis malgré tout, il faut continuer à suivre son chemin, dans l’espoir que ce dernier finirait tout de même par retrouver celui de la personne à qui nous tenons tant.

Lorsque le jeune homme me demanda, où je me trouvais, un petit sourire vint s’afficher sur mon visage. Il connaissait bien ce café puisque nous y allions très régulièrement ensemble et je ne fus pas surprise de sa question. Après tout, nous avions l’habitude de chercher systématiquement à savoir où l’on se trouvait mutuellement lorsque nous discutions, une façon comme une autre d’avoir l’impression d’être encore un peu ensemble par l’esprit, c’était mieux que rien. Je lui retournais finalement la question, sans avoir de réponse immédiate. Je restais le regard rivé sur mon téléphone pendant quelques minutes avant de le poser, un peu déçue. Sans doute était-il occupé et répondrait-il plus tard. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine inquiétude lorsqu’il ne répondait pas immédiatement, puisqu’il était plutôt réactif habituellement, mais je me rassurais en me disant qu’il avait très probablement une bonne raison et qu’il le ferait plus tard. Je prenais ma tasse pour la porter à mes lèvres et je perdais mon regard dans le vide, pensive. Quelques minutes de silence, les lieux étaient calmes, peut-être trop calmes même. Tout à coup, un objet apparut devant mes yeux, sorti de nulle part, me provoquant un léger sursaut. Je l’observais rapidement lorsqu’une voix retentit de derrière moi, une voix que j’aurais reconnu entre mille. Un sourire radieux éclaira soudainement mon visage et mon rythme cardiaque s’accéléra. Il était là, bel et bien là, je ne rêvais pas. Alors qu’il prenait place sur le fauteuil en face de moi, je lui laissais à peine le temps de s’installer que je me levais et lui sautais dans les bras, en l’étreignant de toutes mes forces. « Tu m’as manqué, si tu savais ! » Je lâchais finalement l’étreinte et prenais le porte clé dans la main, un grand sourire ne quittant pas mes lèvres. « Merci, il est magnifique ! » J’étais totalement sous l’effet de la surprise, ne sachant plus réellement où j’en étais. Adriel avait toujours été adepte de ce genre de surprises, mais cette fois-ci, je m’attendais à tout sauf à cela. « Comment tu as pu garder ça pour toi ? Je n’aurais jamais pu le faire à ta place ! » Lançais-je avec une pointe d’humour. Je reculais et m’asseyait de nouveau sur mon fauteuil, tout en ne le quittant pas des yeux, comme si je craignais qu’il ne parte encore, une nouvelle fois, ou qu’il soit juste le fruit de mon imagination. Je le regardais prendre un bout de mon gâteau sans aucune gêne, d’autant plus heureuse de voir qu’il n’avait pas perdu cette habitude. « Alors te voilà de retour ? Tu comptes rester combien de temps ? » J’avais peur qu’il ne reparte rapidement et je préférais savoir à quoi m’en tenir dès le départ. J’espérais sincèrement qu’il resterait un moment, que je puisse profiter à nouveau de sa présence dans ma vie, même si j’avais continué mon chemin sans lui, je ne m’étais jamais totalement remise de son départ.


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Désolée pour le temps d'attente, j'ai eu un week-end plus chargé que prévu   (tessa+adriel) it's been a while 1017170121 :l:
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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyJeu 17 Déc 2020 - 5:52



It's Been A While
@Tessa Mulligan+Adriel.
[Flashback. Il y a environ un an, peu de temps après le retour d’Adriel à Brisbane.]

Il ne m’en faut pas plus pour prendre mes affaires et sortir lorsque Tessa me dit exactement où elle est. Ce n’est pas anormal que je le lui ai demandé et je sais qu’elle ne se doutera de rien; quand j’étais en voyage, on se le demandait régulièrement, rien que pour avoir des nouvelles de l’autre, rien que pour avoir l’impression d’être ensemble physiquement, au moins un peu. Savoir qu’elle est à ce même café où nous allions tout le temps me fait sourire, c’est rassurant de savoir que ça, ça n’a pas changé. Moins de quinze minutes après avoir reçu son sms, peut-être, je suis déjà au café en question et j’arrive derrière Tessa pour lui faire la surprise. J’ai toujours aimé la surprendre comme ça, c’est pourquoi je ne l’ai pas prévenue de mon retour. Je contourne son fauteuil pour aller me placer dans celui en face du sien et je perds quasi l’équilibre lorsqu’elle me saute dans les bras. Je ris, je passe mes bras autour de ses épaules, la sers fort fort fort. Je ferme les yeux alors qu’elle me dit que je lui ai manqué, la serre un peu plus fort contre moi. « Toi aussi », dis-je, absolument sincère. Tessa et moi, on était vraiment bien ensemble, on traînait constamment ensemble tous les deux, seuls ou avec des amis. On avait notre bulle rien qu’à nous nous. Mais voyager a toujours été mon plus grand rêve, et autant Tessa était, est et sera toujours importante pour moi, je ne pouvais pas ne pas voyager. C’était plus fort que moi. J’en rêvais depuis tellement longtemps. Nous savions tous les deux que ça nous ferait plus de mal d’être aussi longtemps loin de l’autre, alors nous avons décidé qu’il était mieux que nous continuons sur des chemins différents, sans parler du futur ou quoi, juste parce ce que sur le moment, ça nous convenait mieux. Je ne pourrais être plus reconnaissant que nous ayons continué de rester en contact et que cette nouvelle relation ait fonctionné. Notre étreinte se relâche et je lui tends un porte-clé en forme de fleur d’hibiscus; elle le prend, elle sourit, elle rayonne. Ma Tessa rayonne toujours, son sourire m’est familier, réconfortant. Ça fait du bien de le voir en personne après tant de temps. Déjà, ça fait presqu’un an que je ne suis pas revenu à Brisbane. Elle me remercie pour le porte-clé et je me contente de lui sourire en prenant place sur le fauteuil en face d’elle. Je lui ai pris ce porte-clé premièrement parce qu’Hawaï est totalement le genre d’endroit que je sais qu’elle adorerait et que l’hibiscus a une signification particulière, du moins en Amérique du Nord. Cette fleur représente la femme parfaite, et Tessa… eh bien, elle l’est pour moi. Mais je garde cette information pour moi, après tout, ça fait quelques années déjà que nous ne sommes plus ensembles. Mais malgré ça, mon opinion d’elle n’a pas changé, elle est toujours la même pour moi.

Elle me demande comment j’ai pu garder ça pour moi, qu’elle n’aurait jamais pu le faire à ma place. Je souris, amusé, appuyant mes coudes sur mes cuisses et relevant des yeux espiègles sur elle. « Quoi ça, le porte-clé? Il ira bien mieux avec tes clés à toi que les miennes, tu trouves pas? », je dis sur le même ton d’humour qu’elle. Mais bien sûr, je sais qu’elle parle du fait que je ne lui ai pas dit que je revenais, je sais aussi qu’elle n’aurait en effet pas pu me faire la surprise si c’était elle qui revenait de voyage, elle me l’aurait dit bien avant. « Ça a été vraiment difficile, je t’avoue », je réponds finalement. J’ai toujours tout dit à Tessa, sauf quand il s’agit de surprises de ce genre. « Mais bon, tu me connais, j’ai décidé de revenir un peu sur un coup de tête », j’ajoute en haussant les épaules. Mes proches savent très bien, et particulièrement Tessa, pour l’avoir vu à plusieurs reprises, que je suis de nature très spontanée. Je suis mon instinct la majorité du temps, j’y vais au feeling. Je devais au départ seulement revenir à Brisbane pour voir mon entourage et décider d’une prochaine destination, mais dans l’avion, j’ai eu le sentiment que je devais revenir dans ma ville natale de manière plus permanente. Disons, du moins au point de devoir me trouver un appartement. Alors bon, je n’ai pas eu à garder le secret bien longtemps. Je tends la main pour voler une bouchée du gâteau de Tessa, ne la quittant pas des yeux, un peu comme pour la défier du regard de me dire que je ne peux pas. Et aussi parce qu’elle m’a manquée, que son regard rien qu’à elle m’a manqué. Je l’entends me demander combien de temps je reste, je termine ma bouchée et je penche la tête, prends un moment pour répondre, pour faire durer le suspens. « Bel et bien de retour », je commence doucement, un sourire aux lèvres. « Et… je ne sais pas, un moment en tout cas, j’ai trouvé un appartement dans Spring Hill », j’annonce dans un grand sourire. « J’ai même adopté un Bengal », j’ajoute; mon chat est bien la preuve que je compte rester un moment. Même si ça serait vraiment cool de l’amener dans mes voyages un jour. La serveuse s’approche de moi pour prendre ma commande. Je lui demande un grand thé à la menthe, mon préféré, ainsi qu’une autre part de quatre-quart pour partager, et elle part me le préparer. Mes yeux trouvent le cappuccino de Tessa, je souris en passant qu’on se trouvait drôle à nous appeler le yin et le yang des boissons énergisantes, dans le temps. Elle préfère le café, je préfère le thé; je prends un café seulement en me réveillant pour me donner un boost d’énergie, et après je switch au thé. C’était notre petite théorie personnelle, cette opposition de préférences qui nous rendait si compatibles l’un avec l’autre, selon nous. « T’en es où, pour ton cabinet? » je demande en piochant une nouvelle fois dans son gâteau, un sourire aux lèvres. Il y a quelques temps, Tessa m’a partagé qu’elle aimerait bien ouvrir son propre cabinet, ce pour quoi je l’encourage depuis le départ à 1111%. Elle et son amour passionnel pour prendre soin des animaux, je la vois bien travailler pour elle-même. Faire les choses à sa manière ne lui a jamais nuit.
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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyDim 20 Déc 2020 - 15:59

It's been a while
Tessa Mulligan ft. @"Adriel Mayers

Je n’en avais jamais fait part à Adriel, mais je m’étais longtemps posé des questions sur ma vie et en particulier sur mes choix, le concernant. Quand il avait quitté Brisbane, je l’avais très mal vécu, j’avais même songé, à de nombreuses reprises, à tout plaquer pour le rejoindre. Moi, Tessa Mulligan, qui avait toujours eu une vie carrée, qui avait toujours contrôlé, j’avais songé à tout envoyer promener pour une seule personne. Ce n’était pas dans mes habitudes d’avoir de telles pensées, mais Adriel était quelqu’un de particulier et j’avais vite comprit à mes dépends, que cela n’était pas près de changer. Il y avait parfois, des personnes comme lui, qui débarquaient dans votre vie et dont vous étiez incapables de faire ressortir, parce qu’au fond de vous, vous savez que vous n’aurez jamais l’occasion de vous attacher autant à une autre personne. Je lui avais confié que son départ m’avait meurtrie, mais il n’avait probablement pas conscience de l’état dans lequel je m’étais trouvée, les premiers mois, les premières semaines. Si je ne l’avais pas suivi, c’était uniquement la peur qui m’avait retenue, mes projets étaient tout tracés, je savais ce que je voulais professionnellement parlant et il y avait ma famille… Qu’auraient pensé mes parents si je disais que je laissais de côté les plus grandes réussites de ma vie, tout ce dont je m’étais battue avec acharnement, juste pour les beaux yeux d’un garçon ? Ils n’auraient pas compris, personne n’aurait pu le comprendre à part moi, et Adriel peut-être. Je m’étais donc forcée à continuer ma vie à Brisbane, à essayer de faire comme si ma vie continuait normalement, comme je n’étais pas affectée plus que cela du départ d’Adriel. Je m’étais cachée derrière mon sourire, mes réussites professionnelles et encore une fois, j’avais contrôlé ma vie, ou du moins ce qui, aux dires de mes parents, avaient bien plus d’importance que tout le reste. J’avais tenté d’autres histoires avec d’autres hommes, qui s’étaient toujours soldés par des échecs. J’avais cru m’attacher, j’avais cru tomber amoureuse, mais ce n’était pas vraiment de l’amour, juste l’espoir de pouvoir retrouver ce sentiment et vibrer à nouveau comme j’avais vibré le passé. A chaque fois, j’étais tombée de haut, à chaque fois je m’étais relevée, à chaque fois j’avais gardé le sourire et à chaque fois, je n’avais cessé de repenser à Adriel. Si mes études, si ma vie professionnelle avaient toujours été une réussite, avaient toujours été tous tracées, il n’en était pas de même pour ma vie sentimentale, sauf que, malheureusement, j’avais pris ça pour une fatalité et je ne m’étais pas battue pour qu’il en soit autrement.

Si je m’étais rendue dans ce café plutôt qu’un autre, ce n’était absolument pas par hasard. Il n’était pas rare de m’y trouver depuis son départ et en particulier lorsque j’étais seule. Ces lieux étaient chargés de souvenirs positifs et lorsque je m’y trouvais, je ne pouvais m’empêcher de sentir une certaine sérénité que j’avais un peu perdu, une chaleur et un apaisement qui me manquaient beaucoup au quotidien. J’avais l’impression qu’il était un peu là, sans l’être réellement. Le voir ainsi, assit face à moi, comme au bon vieux temps, me donnait l’impression d’avoir été transportée dans un univers parallèle. J’avais encore l’impression que mon imagination me jouait des tours et même lorsque je vivais quelques moments de lucidité, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce qu’il en serait dans quelques jours, quand il aurait de nouveau quitté Brisbane, me ravivant ainsi des souvenirs dont je ne m’étais jamais totalement remise. Il me taquina en faisant comme s’il ne comprenait pas que je ne parlais pas du porte clé, mais du secret de sa venue. Je lui donnais une tape affectueuse sur l’épaule, faisant semblant d’être contrariée. Il m’avoua que cela avait été difficile pour lui de ne pas me vendre la mèche, mais que j’étais consciente qu’il aimait faire les choses sur un coup de tête. J’avais bien eu le temps de remarquer cet aspect de sa personnalité dans le passé et c’était quelque chose que je lui enviais. J’aurais adoré être moins cérébrale et plus fonceuse, j’aurais sûrement pris les bonnes décisions si je n’avais pas passé toute ma vie à réfléchir à mes actes et à leurs conséquences. J’avais finalement risqué la question de demander combien de temps il était de retour, non sans ressentir une certaine appréhension à l’attente de sa réponse. Je m’étais attendue à tout sauf à ce qu’il allait me répondre. « Vraiment ? » Lançais-je, les yeux grands ouverts de surprise, tout en cachant difficilement ma joie. Je me retenais fortement de ne pas lui sauter une nouvelle fois dans les bras, je contenais très difficilement cette envie de contacts physiques avec le jeune homme, même si pourtant, cela semblait encore tellement naturel de ma part. Lui et moi, c’était de l’histoire ancienne, durant ces quelques années j’avais dû me faire une raison et je me le répétais encore dans un coin de ma tête. Nous nous étions séparés parce que c’était la meilleure solution, je l’avais aimé plus que tout au monde, mais nos chemins avaient dû se séparer. La décision avait été très difficile à prendre, mais nous savions l’un comme l’autre qu’une relation à distance n’était pas envisageable pour nous deux. J’avais besoin de l’avoir près de moi, c’étais inimaginable de poursuivre une relation en le voyant une fois par an, cela n’aurait été que souffrances supplémentaires. « J'ai du mal à y croire, je… me préparais déjà à te voir partir dans quelques jours, si tu savais comme ça me fait plaisir… » Je pensais réellement mes paroles, elles étaient d’ailleurs plutôt raisonnées, contrairement à tout ce qui se bousculait à l’intérieur de ma tête. Lorsqu’il m’annonça avoir adopté un bengal, un petit sourire vint à nouveau éclairer mon visage. « J’aurais la chance de l’avoir en tant que petit patient privilégié dans le futur ? » Lorsqu’il me demanda où en étaient mes projets, je prenais à nouveau la parole. « Je bosse toujours dans le cabinet dans lequel j’ai été embauchée après mes études, je suis en plein dans la paperasse pour ma future ouverture de mon propre cabinet… Autant te dire qu’entre le boulot et mes projets, je n’ai pas beaucoup de temps pour moi. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir à jongler entre mon projet et mon boulot, on verra bien. » Je dormais très peu, trop peu, bien trop concentrée sur mon nouvel objectif de vie. Pour le moment, je tenais encore le coup, mais je savais que d’ici quelques mois, je serais très certainement obligée de laisser mon travail de côté pour me concentrer pleinement à mon projet futur, après tout, j’avais beau être coriace, j’avais tout de même besoin de dormir quelques heures, parfois.



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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyLun 21 Déc 2020 - 6:11



It's Been A While
@Tessa Mulligan+Adriel.
[Flashback. Il y a environ un an, peu de temps après le retour d’Adriel à Brisbane.]

Quand j’étais en dernière année de lycée, j’hésitais à m’inscrire à l’université. Après tout, mon grand frère Maxence, celui que j’avais toujours pris comme modèle, n’y avait pas été, et il était heureux, non? Je n’ai jamais eu bien de la facilité à l’école, me concentrer sur les bancs d’école a toujours été pénible pour moi et mes notes n’étaient pas franchement bonnes, ce qui me bloquait beaucoup de programmes à l’université, de toute manière. J’ai quand même fini par m’inscrire, surtout parce que mes parents ont insisté comme si ma vie en dépendait, et que j’ai eu les encouragements de mes proches, dont Tessa. Je me rappelle clairement qu’elle m’a dit que ça ne pouvait pas me pénaliser d’avoir un diplôme de premier cycle d’université en poche et, qu’au pire, on vivrait cette expérience ensemble. J’ai trouvé le programme de journalisme et je n’ai pas pu y accéder sur le coup à cause de mes notes, mais une place s’est libérée et, peu de temps après, j’ai découvert la photographie, qui a changé ma vie, mon choix de carrière. Tessa et moi avons sauté le pas ensemble dans une relation sérieuse; nous nous aimions à la folie, nous passions pratiquement tout notre temps ensemble sans jamais nous lasser de la présence de l’autre. Faire mon programme avec elle à mes côtés, même si elle était dans une autre faculté, a rendu ces quatre ans mémorables. Mais quand j’ai reçu mon diplôme, le besoin de voyager de manière plus sérieuse - plus que durant l’été, par exemple - s’est fait plus fort. Je n’ai jamais été capable de rester en place, j’avais soif d’aventures et de beaux paysages, et j’avais l’art de la photographie à pratiquer maintenant. J’ai bien essayé d’entraîner Tess avec moi, mais j’ai vite compris que son chemin était différent du mien et, ensemble, après en avoir discuté pendant des heures et des heures sur des jours et des jours, nous avons compris que nos chemins devaient se séparer. Il a tout de suite été hors de question que nous arrêtions de nous voir ou de nous parler. Après tout, on se connaît depuis tellement longtemps. Mais notre relation amoureuse, elle, devait s’arrêter là, même si ça nous brisait le coeur. On a tous les deux décidé que ça nous ferait plus de mal de nous voir si peu par année tout en restant ensemble que de nous séparer et de continuer sans attentes. Par la suite, une fois parti, autant j’étais émerveillé de tout ce que je voyais, autant je me suis demandé plusieurs fois si j’avais bien fait de laisser Tessa. Peut-être qu’une relation à longue distance aurait pu fonctionner, finalement? Elle me manquait tellement, même si nous parlions encore quand nous le pouvions.

Depuis je suis de retour à Brisbane pour de bon, j’avais vraiment hâte de la revoir, sans arrière pensée ou quoi, juste pour passer du temps avec elle; après tout, avant d’être un couple, nous étions de bons amis de longue date. Ça, au moins, ça n’a pas changé. On plaisante un peu comme avant, je fais semblant d’avoir compris qu’elle parlait du porte-clé et elle me donne une tape affectueuse sur l’épaule, je dois avouer que c’est bien tentant d’attraper ses doigts au passage pour les serrer dans ma main, un peu comme avant. Il faut que je me surveille parfois avec Tess, il y a des habitudes que j’ai prises quand nous étions un couple et qui ont un peu de mal à s’effacer, mais je juge que je dois les retenir parce que… pour la simple raison que nous avons décidé, ensemble, que nous ne sommes que des amis. Et bon, ça commence à faire un moment que nous ne sommes que des amis, quand même. Nous sommes passés dans une autre étape de notre relation. Je finis par lui avouer que je suis de retour pour vrai, pour y rester au moins de manière plus permanente, même si je me garde bien de le dire directement parce que… parce que je suis moi, tout simplement. Tessa ouvre grand les yeux sous la surprise, elle me questionne et je vois un sourire étirer ses lèvres. Je hoche la tête, un grand sourire sur les lèvres également, puis elle me dit qu’elle a du mal à y croire et qu’elle se préparait déjà à me voir partir dans quelque jours. Elle dit que ça lui fait plaisir. « Je suis content de l’entendre, ça me fait tellement bizarre de penser que je ne vais pas repartir bientôt… » Après tout, ça fait quelques années déjà que mon mode de vie, ma normalité, est d’être pratiquement toujours on the move. « Mais bizarre dans le bon sens », j’ajoute, conscient que ça peut sonner plutôt négatif. « Ça fait du bien de me poser un peu, à vrai dire, même si les dernières semaines n’ont pas été de tout repos. » Avec le déménagement, l’adoption de mon chaton, ma mère qui débarque à l’improviste chez moi pour s’assurer que tout va bien et que je mange une tonne de légumes, je n’ai pas vraiment eu le temps de me poser avant aujourd’hui. « Ça me fait plaisir de te revoir, en tout cas », je laisse tomber finalement dans un sourire. La dernière fois que je l’ai vue, c’est il y a plusieurs mois, et la revoir me donne le sentiment… d’être chez moi.

Je lui partage que j’ai adopté un Bengal, signe que je compte m’installer au moins un moment. Peter est minuscule, il est à peine sevré, et il ne manque pas d’énergie, c’est sûr. Tessa me demande s’il pourra être son petit patient privilégié dans le futur, ce qui me fait sourire, je pense que ce chaton ne manquera pas d’amour, en tout cas. « Il faudra que je partage les rendez-vous entre Erin et toi », je réponds avec une moue d’excuse. Dans un haussement d’épaules, je lui explique: « C’est elle qui a trouvé Peter Quill - mon chat - » Je fronce les sourcils. « … elle s’est donc chargé de l’inscrire à la clinique où elle fait son stage… » Ma voix se perd et, soudain, j’éclate de rire. « Je viens totalement de me rendre compte que j’ai appelé mon chat avec le même prénom que ton frère. » Le Quill est beaucoup plus important que je le prévoyais, pour la distinction, vous voyez. En le choisissant, je n’avais en tête que mon héros de Marvel préféré, je n’avais pas fait le parallèle avec le grand frère de mon ex petite amie.

Je demande à Tessa ce qu’il en est de ses projets d’ouvrir son cabinet, elle m’a parlé il y a quelques temps de ce rêve et je la verrais totalement travailler pour elle-même. Elle m’explique qu’elle bosse toujours dans le même cabinet pour le moment et qu’elle est en plein dans la paperasse pour la future ouverture de sa propre clinique. Je souris en grand, je l’imagine déjà avoir son propre endroit où elle pourrait accueillir des animaux ayant besoin de ses soins. Elle ajoute qu’entre le boulot et ses projets, elle n’a pas beaucoup de temps pour elle. À ce moment, la serveuse arrive avec mon thé à la menthe et la part de quatre-quart, qu’elle dépose sur la petite table entre Tess et moi. Je la remercie, prend un morceau de gâteau et pousse l’assiette en direction de Tessa, si jamais elle veut en prendre. « Je paris que tu ne dors pas beaucoup », je réponds enfin en soulevant un sourcil. Tessa, je la connais bien, le sommeil est probablement un truc qu’elle sacrifie un peu sans le vouloir. Quand nous étions à l’université, ce n’était pas rare qu’elle dorme peu d’heures pour pouvoir bosser encore plus dur en vue des examens qui approchaient. Et ce n’était pas parce qu’elle s’y prenait à la dernière minute, au contraire, mais parce qu’elle était dévouée et qu’elle n’avait pas peur de mettre les efforts nécessaires pour réussir. Ça a toujours été un côté d’elle que j’admire, même si bon, à la fin des semestres, ça lui prenait plusieurs jours pour rattraper le sommeil qu’elle avait perdu. N’empêche, ça m’allait toujours, dormir collé contre elle pendant de longues heures. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais-moi signe, en tout cas - d’accord? » Je veux qu’elle sache qu’elle n’est pas seule, qu’elle peut demander de l’aide si elle en a besoin. « Je te ferai tes photos pour promouvoir ton cabinet ,plus tard, si tu veux. » Et puis, toute occasion pour passer du temps avec elle est bonne, de toute manière.
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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyLun 21 Déc 2020 - 22:59

It's been a while
Tessa Mulligan ft. @Adriel Mayers

Ce qui avait fait que la relation que j’entretenais avec Adriel était si forte, c’était sans nul doute le fait que nous étions aussi différents que semblables. J’avais réussi à convaincre le jeune homme de partir à l’université, d’essayer de prendre son avenir en main, même s’il pensait que ce n’était pas vraiment sa place. Je lui avais expliqué qu’une cause n’était jamais perdue, que dans le pire des cas au moins il aurait essayé et que dans le meilleur des cas, cela lui aurait permis de trouver sa vocation. Il avait tenté et j’étais plutôt fière de voir le chemin qu’il avait parcouru. Il était doué dans son domaine, vraiment doué, grâce à ses efforts, il avait eu la possibilité de vivre de sa passion et il n’y avait rien de plus beau cela, puisque moi-même, j’avais cette chance au quotidien. Quand Adriel avait parfois tendance à baisser trop vite les bras, moi qui étais relativement fonceuse, j’étais toujours là pour le pousser vers l’avant… Et quand moi, je manquais parfois de légèreté, que j’avais tendance à trop réfléchir, à trop me prendre la tête, il me permettait de m’évader un peu. Nous avions passé de très bons moments ensemble, dans ma tête, j’idéalisais peut-être notre histoire, mais je ne gardais que de bons souvenirs en mémoire, je me demandais même si, un jour, j’avais ressenti un quelconque sentiment négatif en présence du jeune homme. Jamais il ne nous était arrivé de nous ennuyer, nous étions pétillants, plein de vie, avec l’avenir devant nous. J’espérais sincèrement retrouver rapidement ce lien qui nous unissait… A une exception près de toute évidence, mais c'était déjà mieux que rien. Adriel faisait partie de ces personnes qui étaient primordiales dans ma vie, qui l’avait marqué à jamais et même s’il avait refait sa vie dans un autre pays, même s’il avait coupé les ponts avec moi pour X raison, il aurait toujours été dans un coin de ma tête. Par chance, il était bel et bien revenu, à mon plus grand plaisir. D’ailleurs, cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien, aussi sereine, que depuis qu’il m’avait fait la surprise de me rejoindre dans ce café. Sa présence m’apaisait, elle m’avait toujours apaisée et ce sentiment d’être dans un univers parallèle avec lui, dans une bulle qui nous isolaient tous les deux du reste du monde, était toujours bel et bien là, malgré le fait que nous ne formions plus un couple, cela ne changeait pas grand-chose en fin de compte. Je ne savais pas ce que l'avenir déciderait, je ne savais pas si le fait de nous fréquenter de nouveau régulièrement allait changer quoique ce soit entre nous, mais tout ce que j’espérais c’est que cette fois, il resterait auprès de moi, pour de bon. C’était sans doute égoïste, mais c’était comme si j’avais besoin de sa présence pour être pleinement moi, pour retrouver la Tessa pétillante, inconsciente et pleine de vie, que j’avais été quelques années auparavant.

Il m’avait affirmé compter poser ses bagages pour un long moment cette fois-ci, si ce n’est définitivement. Je savais qu’Adriel adorait voyager et je me doutais bien qu’il serait amené à le refaire dans le futur, mais s’il pouvait revenir à Brisbane au bout de quelques jours ou quelques semaines, cela m’aurait fortement arrangé. Maintenant que nous étions de nouveau réunis, maintenant que nous allions enfin pouvoir nous voir autant que nous le voudrions, je n’étais pas sûre de supporter qu’il parte une nouvelle fois, je n’étais absolument pas prête à cela. Lorsqu’il m’avait annoncé son départ, quelques années auparavant, je n’avais pourtant pas été étonnée et ne lui en avait absolument pas voulu. Adriel était un passionné, dans tout ce qu’il entreprenait et j’étais mal placée pour le freiner dans ses projets, même s’il fallait que je fasse certains sacrifices, des sacrifices que j’avais encore tendance à regretter par rapport aux choix que je n’avais malheureusement pas eu le courage de faire, quand il le fallait. « Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir, tu n’imagines pas à quel point tu as pu me manquer… » Commençais-je, sur le ton de la confidence. Je lui parlais librement, je savais que je le pouvais, sans aucune ambiguïté et maintenant qu’il était en face de moi, tout me semblait beaucoup plus simple. Lorsqu’il était à l’autre bout du monde, j’essayais de peser mes mots, de faire attention à ce que je lui disais pour éviter de le toucher ou de le faire culpabiliser. Il avait fait le bon choix en partant, même si à cause de cela, je l’avais perdu en quelque sorte, mais d’un autre côté, c’était une expérience que je lui enviais, moi qui n’avais voyagé que très peu au cours de ma vie, avec des parents bien trop pris par le travail, puis, j'avais malheureusement fini par suivre leur trace. Peut-être que le jour où j’ouvrirais mon cabinet, où j’aurais peut-être trouvé un associé et quelques employés, cela me permettrait de me libérer bien plus facilement et de lever le pied, de temps en temps, même pour quelques jours. « Quand tu es parti, je ne te cache pas que ça a été extrêmement difficile pour moi… Mais j’étais heureuse que tu réalises ton rêve et je le suis toujours aujourd’hui… » Commençais-je, un brin de nostalgie présent dans ma voix. « Mais si un jour tu as une autre idée comme ça, il va me falloir du temps pour me préparer psychologiquement, parce que je ne compte pas te laisser repartir aussi facilement. Ou alors, j’irai me cacher dans ta valise. » Peut-être que s’il n’était pas parti à l’époque, que si nous étions restés ensemble et qu’il n’avait pris la décision que maintenant, je l’aurais suivi sans hésiter. J’avais la maturité en plus et sans doute que j’étais également un peu moins influencée par mes parents, c’était juste tombé au mauvais moment, alors que ma carrière prometteuse ne faisait que commencer. Maintenant, je savais ce que je voulais et je n’étais peut-être plus prête à sacrifier autant pour ma carrière (que j’aurais très bien pu exercer autre part dans le monde d’ailleurs).

Nous en venions à parler de ses animaux. Il m’avoua qu’Erin avait déjà inscrit son chat à la clinique dans laquelle elle faisait son stage. Je laissais échapper un petit rire. « On ne va pas se battre, dans ce cas, je le prends une semaine sur deux et la moitié des vacances scolaires, tu crois que ça irait à… Peter ? » Lâchais-je, dans un nouveau rire, alors qu’Adriel m’avoua avoir capté seulement maintenant que son chat avait le même prénom que mon frère. « C’est pas bien grave, c’est plus cool pour un chat comme prénom je trouve… Par contre, ça risque d’être un peu perturbant pour moi, au pire je lui trouverai un surnom. » Rajoutais-je, grandement amusée par la situation.

Il m’affirma être certain que je ne dormais pas beaucoup, je haussais un sourcil, l’air innocent. « Moi ? Voyons Adri, je pensais que tu me connaissais, tu sais que ce n’est ABSOLUMENT pas mon genre ! » Lâchais-je, non sans ironie. Il m’avait assez côtoyée pendant mes études pour savoir que c’était dans mes habitudes d’enchaîner les nuits très courtes. Il m’avait vu dans des états bien pire que celui dans lequel je me trouvais à cet instant. Lorsqu’il me demanda de lui faire signe si j’avais besoin de quoique ce soit, mon sourire s’agrandit. Dans une envie irrépressible d’affection, face à sa bouille à bisous, je me levais pour lui en déposer un doucement sur la joue, en guise de remerciement. « Merci, c’est adorable de ta part. Je le ferai, à condition que toi aussi, tu n’hésites pas à me demander de l’aide, si tu en as besoin pour quoique ce soit. Je serais même prête à t’aider à cacher un cadavre s’il le fallait… Mais si on pouvait éviter d’aller en prison, ça m’arrangerait pas mal aussi. » On s’était toujours promis d’être là l’un pour l’autre quoi qu’il adviendrait de notre relation et ce qui était en train de se passer était bien la preuve formelle que notre petit pacte était toujours d’actualité. Adriel pouvait bien m’appeler au milieu de la nuit juste parce qu’il se sent seul, j’étais largement capable de le rejoindre pour lui tenir aussitôt compagnie. D’ailleurs, cela ne m’aurait pas déplu de pouvoir passer, de ce fait, encore plus de temps avec le jeune homme. Je reprenais ma place et le regardais, attendrie par sa proposition. « C’est vraiment adorable, je t’avoue que je ne refuserai pas une pareille proposition, surtout de la part d’un photographe aussi talentueux. » J’étais réellement consciente de la chance que j’avais de pouvoir à nouveau avoir le jeune homme auprès de moi, je savais déjà que désormais, il faudrait que je prenne énormément sur moi pour ne pas trouver sans cesse des raisons de l’appeler et lui demander de me rejoindre, après tout, toutes les occasions étaient bonnes à prendre.



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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyMer 23 Déc 2020 - 21:12



It's Been A While
@Tessa Mulligan+Adriel.
[Flashback. Il y a environ un an, peu de temps après le retour d’Adriel à Brisbane.]

Lorsque j’avais décidé que je m’installerais à Brisbane pour un moment, ça a avait été comme une révélation qui ne faisait que du sens. À ce point-là, j’avais visité la majorité des pays qui m’avait été possible de visiter et, bien que je pouvais facilement monter une liste de ceux que je voudrais revoir sans hésiter, mon instinct me disait qu’il était grand temps que je me pose un peu le temps de souffler, de faire grandir davantage mon entreprise en solo et que j’avais bien envie d’avoir un toit permanent jusqu’à temps que je me lasse de la stabilité, de toute manière. J’avais toujours plutôt fonctionné à l’instinct et cette fois-ci n’était pas différente. Au cours de ces dernières années, surtout dans les premiers temps, il m’était arrivé d’essayer d’imaginer ce que Tessa et moi serions devenus si je n’étais pas parti. Serions-nous encore ensemble? Mes souvenirs de nous deux me laissaient bien présager que oui, mais je n’avais maintenant plus aucun moyen de le savoir. Et même s’il était facile pour la culpabilité de s’insérer en moi, je tentais de ne pas trop la laisser entrer parce que, bien que j’aimais bien me rappeler les bons souvenirs du passé, je tentais de ne pas laisser les aspects plus négatifs (comme ma rupture avec Tessa ou la culpabilité d’être parti) m’habiter. J’avais tendance à vivre plus dans le moment présent et à éviter délibérément de penser trop loin en arrière ou en avant. J’admis à Tessa que ça me faisait plaisir de la revoir et elle me répondit qu’à elle aussi, et que je lui avais beaucoup manqué. Je me penchai un peu plus sur mes genoux pour poser ma main sur la sienne et la serrer un peu, avant de la retirer pour lui voler un nouveau morceau de gâteau dans un sourire espiègle. Elle aussi, elle m’avait vraiment manquée. Nous nous étions connus il y avait fort longtemps, quand nous étions plus jeunes, et même si notre relation amoureuse n’avait duré que le temps de l’université, ça m’avait fait tout drôle de ne pas la voir régulièrement. Tessa m’expliqua alors que, lorsque j’étais parti, ça avait été extrêmement difficile pour elle. Mon sourire retomba, bien sûr que je n’avais jamais eu l’intention de lui faire de mal. Quand j’avais pris la décision officielle de partir, je n’avais pas eu l’intention de quitter Tess ou quoi, j’avais d’abord tenté de la convaincre de me suivre et, même quand j’avais réalisé qu’elle resterait à Brisbane, je me disais qu’on pourrait faire fonctionner une relation à distance. Elle aussi, au départ, y songeait. Sauf qu’à force d’en parler, nous en étions venus à la conclusion que c’était mieux que nous nous séparions, que ça nous ferait moins mal à long terme puisque je refusais de poser une date de retour sur mes voyages. Tessa affirma qu’elle était heureuse que je réalise mon rêve et qu’elle l’était toujours aujourd’hui - elle coupa sa phrase un instant, mais je sentais qu’il y avait une suite et je me contentai de hocher doucement la tête pour l’encourager à poursuivre et aussi parce que je savais qu’elle le pensait réellement. Elle me connaissait depuis si longtemps et ce rêve avait commencé à germer en moi au moins au lycée, si ce n’était pas avant. Puis, elle poursuivit en disant que si l’envie de repartir comme je l’avais fait dans le passé me reprenait, qu’il lui faudrait du temps pour la préparer psychologiquement et qu’elle ne comptait pas me laisser partir aussi facilement. Un rire nerveux s’échappa d’entre mes lèvres lorsqu’elle suggéra de se cacher dans ma valise. Je demeurai silencieux un instant, contemplant l’idée de partir de nouveau et qu’elle soit, cette fois-ci, à mes côtés. Nombreux étaient les endroits où je m’étais dit que ce serait exactement le genre de place que Tessa adorerait. Si je lui demandais de nouveau de m’accompagner, accepterait-elle? Mais ça ne me servirait à rien de connaître la réponse maintenant puisque je comptais rester un bout de temps en Australie et que j’allais avoir la chance de la voir plus souvent. « Si tu décides de m’accompagner un jour, Tess, je te promets de te payer un billet pour que tu sois confortablement assise à côté de moi et non dans ma valise », répondis-je, laissant mon sourire revenir sur mes lèvres. « Je suis désolé de… t’avoir fait sentir comme ça », ajoutai-je doucement. Je savais qu’elle était compréhensive et qu’elle devait se douter que mon départ avait aussi un lien avec ma famille, même si je n’avais jamais énoncé le lien tout haut. Mes parents pouvaient se montrer un peu étouffant, surtout ma mère, considérant que j’étais son petit dernier et que l’un de mes frères avait causé bien des soucis à la famille. Et lui, justement… Max, de qui j’étais le plus proche en grandissant, de qui j’avais coupé les ponts quand il s’était enfoncé un peu plus dans le monde de la drogue avec mon amie Ava. J’avais besoin de changement, de m’éloigner un peu de ma famille pendant quelques temps. « Promis que… j’essaierai de te prévenir à l’avance », dis-je en plissant les yeux, parce qu’elle savait tout aussi bien que moi que je prévoyais rarement d’avance. « Mais ce serait mieux que tu m’accompagnes un jour, tu sais, je crois que certains endroits dans le monde te plairaient particulièrement », ajoutai-je. « Pas obligé d’être pour longtemps, ça peut être que des vacances… » Je savais que le mode de vie nomade que j’avais vécu dans les dernières années n’était pas pour tous, mais il y avait toujours la possibilité de vacances.

Je n’avais Peter le Bengal que depuis quelques jours et, déjà, il était déjà un de mes sujets de conversation préférés. J’avouai à Tessa qu’Erin avait déjà enregistré mon chat à sa clinique vétérinaire et qu’elles allaient donc devoir se partager Peter pour les rendez-vous. Tess rit de son rire que j’avais toujours aimé et trouvé mignon, qui sonnait comme une douce musique à mes oreilles. Il m’arrivait de chercher des trucs drôles à dire rien que pour l’entendre. Mais ce fut mon tour de rire lorsqu’elle dit qu’elle le prendrait une semaine sur deux et la moitié des vacances scolaires. Et moi, dans tout ça? fût ma première pensée. Ça m’apprendrait à être proche d’amoureuses d’animaux. « Ça lui conviendrait, je crois, tant que je peux le voir autant que je veux », dis-je dans un petit sourire. Je me rendis compte que j’avais appelé mon chat comme son frère et je lui jurai ne pas l’avoir réalisé avant. Elle me dit que ce n’était pas grave, que c’était plutôt cool comme prénom de chat, mais que ça allait être un peu perturbant et, qu’au pire, elle lui trouverait un surnom. « Là on parle d’un surnom pour ton frère, hein… » voulus-je m’assurer pour plaisanter. J’aimais bien son frère, j’étais un peu abasourdi que je n’aie pas fait le lien pour le prénom avant. « Ou appelle-le Peter Quill au complet si tu préfères - mon chat, pas ton frère », dis-je finalement. Je sentais que ça allait vraiment devenir une série de blagues entre nous, cette histoire de noms.

Lorsqu’elle me parla de l’avancement de sa clinique, je lui fis remarquer qu’elle ne dormait sans doute pas beaucoup. Tessa fit semblant de rien, affichant un air innocent sur son beau visage et affirmant que ce n’était pas ABSOLUMENT pas son genre. Je roulai des yeux, amusé. « Non, non, bien sûr que non… » laissai-je échapper dans un petit rire. À moins qu’elle n’ait drastiquement changé dans les dernières années, je voulais bien me vanter de la connaître plutôt bien. Je lui assurai qu’elle pouvait se tourner vers moi si elle en avait besoin, pour quoi que ce soit, et d’abord en guise de réponse j’eus le droit à un bisou sur la joue et, du même coup, à son parfum si familier que je reconnaîtrais d’entre mille et qui me monta à la tête. Alors qu’elle reprenait place sur son fauteuil, ma main se posa délicatement là où elle avait déposé le bisou et mon regard se fixa dans le sien. « C’est parce que je suis, adorable, tu le sais », plaisantai-je. Mais j’avais été sincère en lui proposant mon aide. Elle ajouta qu’elle le ferait si je promettais de lui demander à mon tour son aide si j’en avais besoin, et je grimaçai lorsqu’elle dit être prête à m’aider à cacher un cadavre s’il le fallait. « Ça m’arrangerait aussi, de pas aller en prison », répondis-je dans un rire. « J’essaie de ne pas m’offenser en entendant que je pourrais peut-être être le genre à avoir un cadavre entre les mains… mais merci. » Ça faisait du bien de savoir qu’on pouvait compter l’un sur l’autre, même si nous n’étions plus ensemble ensemble. Ça remontait à loin, c’était une promesse que nous avions faite il y avait fort longtemps et, malgré toutes nos petites péripéties, elle tenait toujours. J’ajoutai finalement que je pourrais même lui faire les photos pour sa clinique le moment venu. Tess dit qu’elle ne pourrait refuser une pareille proposition et, lorsqu’elle me complimenta, je détournai brièvement le regard, gêné. « Deal, je pourrai te faire tes photos, alors », concluai-je. Toute occasion était bonne pour passer du temps avec elle et j’avais hâte qu’elle réalise son rêve.

La conversation avec Tessa prit bien vite le rythme de celles qu’on avait avant que je ne parte en voyage, nous avions tant de choses à nous raconter, mais en même temps si peu parce que nous nous tenions au courant fréquemment quand je n’étais pas à Brisbane. Ça ne nous empêchait quand même pas de trouver toutes sortes de choses à nous dire, toujours. Puis, vint le moment de rentrer et je serrai Tessa très fort dans mes bras, trouvant un peu surréaliste de me dire que je pourrais la voir librement autant de fois que nous le voudrions dans les prochains mois, les prochaines semaines, les prochains jours. « Promets-moi que tu viendras faire un tour chez moi - pour rencontrer Peter Quill, bien entendu », dis-je finalement avec un sourire avant de m’éloigner tranquillement. Je repartis chez moi le coeur léger.  
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Message(#)(tessa+adriel) it's been a while EmptyMer 30 Déc 2020 - 16:18

It's been a while
Tessa Mulligan ft. @Adriel Mayers

Pendant longtemps, j’avais douté du fait qu'Adriel finirait par revenir à Brisbane, du moins plus de quelques jours. Il avait vu tant de pays, tant d’endroits où il aurait pu décider de poser ses valises, c’était pour moi inespéré que de le voir, face à moi, à cet instant précis. J’avais toujours cette impression d’avoir été brusquement projetée dans un univers parallèle, ou d’être en plein rêve, avant de me prendre un brusque retour à la réalité en pleine figure. Je lui enviais le sentiment de liberté qu’il avait dû éprouver lorsqu’il posait ses bagages dans l’endroit qu’il avait choisi, sans savoir quand il partirait, sans aucun billet de retour. Parfois, j’avais cette fâcheuse habitude de manquer de légèreté, une légèreté qu’Adriel avait réussi à m’apporter lorsque nous étions en couple. Pendant la période où nous étions ensemble, il avait apporté beaucoup à mon existence, sans même s’en rendre compte, probablement. A ses côtés, j’avais changé, en bien, j’avais réussi à moins me prendre la tête, à me laisser porter par des sentiments que je n’avais jamais eu la chance d’éprouver une autre fois au cours de mon existence. Pendant un temps, avant que la vie ne nous sépare, j’avais même réussi à voir mon avenir différemment, en quelques sortes. Au lieu d’être trop focalisée sur ma réussite professionnelle, je me surprenais, parfois, à nous voir tous les deux, dans une jolie maison, peut-être même avec une ribambelle d’enfants, dans un futur lointain. J’avais réussi à me dire enfin, qu’il n’y avait pas que mon travail dans la vie, tout aussi prenant et épanouissant qu’il pouvait être. J’avais été épanouie comme jamais, dans les bras d’Adriel, certainement bien plus que mon métier ne le ferait jamais. Et puis, il y avait eu le retour à la réalité et cette vie que rien ni personne ne pouvait contrôler. Lorsqu’Adriel était parti, je m’étais de nouveau bien trop focalisée sur mon boulot, oubliant un peu trop tout le reste, oubliant aussi que je pouvais être pleinement heureuse d’une toute autre façon. C’était comme si l’on avait enlevé une partie de moi-même, comme si j’étais repassée en pilote automatique, après avoir trop vite oublié que je pouvais exister différemment qu’en brillant par mes réussites. Jamais je n’aurais pu en vouloir à Adriel, mais au fond de moi, je ne pouvais parfois m’empêcher de penser à ce que je serais devenue, à ce que nous serions devenus, si ce fameux nous existait encore à ce jour, autrement que par une profonde affection que je ressentais encore pour lui. C’est ainsi que le jeune homme m’affirma, me promit même de me payer un billet pour que je puisse l’accompagner. Je restais un instant sans voix, à le regarder avec un sourire rêveur. J’étais heureuse, heureuse de constater qu’après tout ce temps, il semblait encore autant m’apprécier que c’était le cas de mon côté. Si nous n’avions pas pu sauver notre couple, par chance, notre amitié, elle, semblait toujours aussi intacte, voir encore plus profonde. « Ca me fait plaisir, merci… Dans ce cas, je te promets que cette fois, je ne laisserais plus mon avenir professionnel décider pour moi… » J’étais consciente de l’erreur que j’avais pu faire en prenant la décision de ne pas le suivre, même si c’était la solution la plus raisonnable que j’aurais pu prendre. Parfois, j’en avais marre d’être trop raisonnable et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’en prenant cette décision, j’avais perdu bien plus que ce que j’avais gagné, au bout du compte. Il s’excusa de m’avoir fait ressentir ça, peinée, je lui attrapais l’une de ses mains chaudes pour la serrer un peu dans la mienne, pas trop longtemps, juste le temps de retrouver ce contact physique qui m’avait manqué bien trop longtemps. Je le regardais alors dans les yeux, retrouvant peu à peu mon sérieux. « J’ai été aussi malheureuse de te perdre qu’heureuse de te voir réaliser ton rêve. C’est moi qui ai prit de mauvaises décisions, toi tu as fait ce que tu avais à faire. » Je pensais réellement mes propos, dans tous les cas, jamais je n’aurais accepté qu’il fasse une croix sur ses rêves pour moi. Nous étions jeunes et plein d’ambitions, j’avais voulu être là pour le faire avancer, pas pour le contraindre à faire une croix sur ce dont il avait toujours rêvé. S’il avait fallu que je m’oublie un peu pour lui permettre d’être heureux, c’était tout ce qui m’importait. Il me promit alors d’essayer de me prévenir à l’avance. Une promesse qui me fit sourire puisqu’elle n’avait rien d’étonnant de la bouche du jeune homme. Il avait toujours été du genre à prendre ses décisions sur des coups de tête et c’était cela aussi qui faisait que je l’aimais autant. Avec lui, il n’y avait jamais eu de routine, c’était quelque chose de très appréciable. « Tu essaieras oui. » Lâchais-je, dans un petit rire amusé. « Je crois que, contrairement à il y a quelques années, je suis prête à laisser un peu mon travail de côté pour me sortir un peu de mon quotidien… » Commençais-je, tout en lâchant sa main, non sans lui lancer un regard complice. « Du coup, si tu te penses apte à me supporter quotidiennement pendant une période, j’accepte ta proposition avec plaisir. » Lorsque j’aurais ouvert mon propre cabinet, je me préparais déjà à passer la main de temps en temps, histoire de me libérer un peu. Si je trouvais des personnes de confiance avec qui travailler, j’aurais beaucoup plus de facilités à pouvoir m’absenter pour partir avec Adriel. Après tout, nous n’avions qu’une vie et je ne voulais pas avoir de regrets.

Nous en venions à parler de son chat, qu’il avait eu la bonne idée d’appeler du même nom que mon frère. A croire qu’il avait fait exprès, histoire de trouver un sujet de plaisanterie aux ressources inépuisables. « Ou alors, je lui donne un surnom, si ça se trouve il finira par ne plus se reconnaître sous son vrai nom et ça serait marrant. » Commençais-je avec un petit sourire taquin. « Je peux l’appeler Chat, par exemple, c’est super original. »

Adriel me connaissait assez pour savoir que, quand j’avais du travail ou des projets, j’étais capable de me contenter de deux-trois heure de sommeil par nuit et être à l’attaque dès le réveil. Les années durant lesquelles j’avais le moins dormi étaient bel et bien celles de mes études, je m’étais mis une pression folle pour exceller de manière impressionnante dans absolument toutes les matières et autant dire que je m’étais donné les moyens d’y arriver. J’avais enchainé en lui disant que pour lui, j’étais même capable de l’aider à planquer un cadavre, une réplique qui sembla le surprendre. Je haussais alors les épaules. « Un accident, ça peut arriver, on ne sait jamais. » J’avais tenté de paraître le plus sérieux du monde alors qu’au fond de moi, je savais bien que s’il y avait une personne qui n’était pas le genre à se mettre dans le pétrin, c’était bien Adriel.

Lorsqu’il me demanda de lui promettre de venir chez lui, je lui souriais doucement, avant de répondre, avec aplomb : « Bien sûr que oui, je passerai voir Chat et je viendrai te voir aussi, tu en auras tellement marre à force que tu finiras par me mettre à la porte. » Rajoutais-je, avec humour, en reprenant avec sérieux : « Maintenant que je t’ai retrouvé, je ne compte pas te laisser ressortir de ma vie aussi facilement. » Je pensais réellement mes paroles, j’avais trop souffert la première fois, hors de question de le vivre une seconde fois. C’est ainsi que les minutes filèrent à une vitesse impressionnante, à discuter de tout et de rien, devant des boissons chaudes et de bons gâteaux. Lorsque vint le moment de nous quitter, à contrecœur, je me promis de ne plus passer une journée sans prendre de ses nouvelles, maintenant que j’avais l’occasion de revenir dans sa vie, même si ce n’était plus tout à fait comme avant, je ne comptais pas le laisser tomber, pour rien au monde.




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