I'll keep on moving on
Pot de départ du DBD

« Bonne nouvelle : j’ai trouvé le cadeau parfait pour Matt dans le cinq mille trois cents quatre-vingt-septième magasin de cuisine ! » Téléphone accroché à mon oreille, Swann a l’autre bout du fil, je quitte l’appartement, le sien ou le nôtre, c’est un détail ça maintenant, avec les bras chargé d’un lourd carton rempli de tasse en porcelaine. « Tu penses que tu seras au café vers quelle heure ? » Je suis pour ma part déjà en route et, puisque nous rentrerons tous les deux avec sa voiture mais que je n’en possède pas, j’attache le carton dans le panier de mon vélo avant de terminer la conversation, de lui répéter environ dix ou onze fois que je l’aime et de raccrocher pour enfourcher la bicyclette.

Il avait raison Swann. Evidemment que Matt a tenu à m’organiser un pot de départ, évidemment que je n’ai pas eu le droit de choisir les chansons du karaoké et - je n’en suis pas encore certaine - mais il y a aussi de fortes chances pour qu’il ait décidé de donner aux cocktails des noms en mon honneur juste pour ce soir. Mes sentiments sont mitigés : bien sûr, je suis touchée et ravie de compter assez pour que personne n’ait envisagé de faire l’impasse sur une fête en mon honneur pour mon départ, cela me prouve encore une fois qu’en moins d’un an je me suis fait une petite place dans cette grande famille qu’est le DBD. Mais d’un autre côté, je n’aime pas l’idée d’acter mon départ aussi officiellement puisque j’aurais bel et bien l’impression que tout est fini et qu’une page se tourne. J’aurais préféré partir discrètement puisque je n’ai pas l’intention d’aller bien loin : Swann et moi continuerons évidemment à passer le plus clair de notre temps libre au café puisqu’il a déjà à mes yeux une allure de deuxième maison. Ou troisième je ne sais plus. Nous n’avons pas encore annoncé notre intention d’emménager ensemble, je n’en ai pas parlé à Scarlett et il n’en a pas parlé à sa famille non plus, de ce que j’en sais en tout cas. Mais puisque depuis deux mois je dors plus souvent chez lui que dans ma chambre dans la colocation que je loue avec Scarlett, n’était-ce pas la suite logique ?

Quelques coups de pédales plus tard, j’attache mon vélo devant le Death Before Decaf et avant de relever la tête vers la vitrine. Deklan me tombe dessus sans que je n’ai le temps de tenter d’apercevoir l’intérieur du bar, et quand je tente de jeter des coups d'œil, et fait rempart de son corps pour m’en empêcher. « T’es en avance ! Matt a dit de pas te laisser rentrer avant dix huit heures. » Je jette un coup d’oeil à ma montre avant de lever les yeux au ciel. « S’il est pas prêt maintenant, il sera pas plus prêt dans deux minutes. » Puisqu’il chipotte vu l’heure. « Allez bouge de là Dek, en plus j’ai pas eu le temps d’emballer ça à l’appart je voulais le faire ici. » J’attrape mon carton entre mes bras, pensant naïvement pouvoir rentrer discrètement sans que personne ne me voit pour filer à l’arrière du café emballer les tasses que j’offre au boss et aux employés pour mon départ. « Pas touche ! C’est une surprise. » Je contourne le jeune homme en souriant, avant de me diriger vers la porte d’entrée que je pousse le plus doucement possible.


@Swann McGrath
@Matt McGrath
@Lily McGrath
@Charlie Villanelle
@Scarlett Warren
@Jill McGrath-Fitzgerald
& qui veut finalement

« T’es en avance ! Matt a dit de pas te laisser rentrer avant dix huit heures. » - “Deeek pousse toi t’es lourd.” Il est d’un côté du bar et Charlie de l’autre, parce qu’elle a réussi à passer entre les mailles du filets en arrivant en fin de matinée plutôt qu’en fin d’après midi, comme convenu avec tout le monde. Elle aurait pu dire qu’elle avait mal compris l’heure convenue mais ce serait un mensonge évident ; tout le monde sait qu’elle aurait passé sa journée au DBD peu importe qu’ils aient un pot de départ à fêter ou non. La soirée n’est qu’une raison de plus, finalement, et cela lui a permis de se mettre sur son 31.

Deklan ne bouge pas alors même Lucia commence à oser hausser le ton face à lui, ce que la blonde sait apprécier à sa juste valeur en souriant bêtement derrière le comptoir. « S’il est pas prêt maintenant, il sera pas plus prêt dans deux minutes. Allez bouge de là Dek, en plus j’ai pas eu le temps d’emballer ça à l’appart je voulais le faire ici. » Ce à quoi elle ajoute à son tour une fois de plus : “Allez Dek laisse la passer, tu sais bien que personne n'obéit jamais à Matt de toute façon.” Personne ne suit ses ordres d’aucune manière que ce soit, c’est la règle d’or qu’on apprend bien rapidement en arrivant au DBD. Il a une certaine autorité sur les nouvelles recrues mais bien rapidement tout se perd à force d’habitude pour que plus personne ne sache finalement différencier le patron de l’ami.

Charlie sort de son carré VIP pour venir accueillir son amie et la délester du carton qui semble contenir la Huitième Merveille du monde - pas moins. Dek n’a pas bougé de sa place mais la blonde lui ouvre la porte d’entrée lorsqu’elle l’entend se cogner à chaque coin possible. Si le brun décide de bouder, après tout, cela n’est en rien leur problème à elles. « Pas touche ! C’est une surprise. » Le comptoir est vidé pour lui laisser de la place et une fois les bras de l’ancienne serveuse libérés, Charlie prend le temps de la saluer en venant rapidement la prendre entre ses bras. Elle a l’impression de la voir pour la dernière fois alors que tout le monde sait que tout ne va pas autant changer qu’il n’y paraît et qu’ils continueront tous à se voir autant à chaque jour qui passe. “Ça casse ? Si ça casse, faut le ranger dans l’arrière boutique. Ici, t’es sûr quelqu’un va finir par faire une connerie avec.” Quelqu’un de bourré ou non, peu importe, ils sont tous aussi maladroits les uns que les uns. Ils font une belle brochette de serveurs de pacotilles - et Charlie le pense parce qu’elle n’a justement jamais été serveuse mais bel et bien la meilleure acolyte barmaid de Dek. “Si tu lui dis que t’as un cadeau pour lui il va peut être oublier que tu pars et il pleurera moins.” Elle se moque facilement mais au fond son coeur aussi est pincé à l’idée de voir la Whitemore s’en aller.

Spoiler:

“Ça casse ? Si ça casse, faut le ranger dans l’arrière boutique. Ici, t’es sûr quelqu’un va finir par faire une connerie avec.” Charles joue les adultes et moi je joue les enfants, quand à son geste s’ajoute le mien qui vient de suite lui piquer son dû des mains. Faut m’occuper, faut que je vois tout ce qui se fait et que je capte tout autant, faut qu’on me poste là où y’a l’action et là où on me claquera l’arrière de la tête pour m’occuper autrement qu’à ressasser tous les moments où Lucia bossait encore ici. Les chansons qu’elle se tuait à mettre au karaoke quand je les lui retirais de suite, les cocktails qu’elle testait par ma faute parce qu’elle avait perdu au jeu des paris à savoir qui de nous deux connaissait mieux les répliques de Twilight que l'autre. No wonder que je gagnais toujours. “Si tu lui dis que t’as un cadeau pour lui il va peut être oublier que tu pars et il pleurera moins.” j’ai entendu que mes lèvres articulent muettement, même si c’est fucking évident et que l’immense sourire que j’ajoute au tableau ne me rend que plus facilement chiant au possible.

C’est connu, que j’aime pas quand les gens partent d’ici. Qu’à chaque fois je tente des tas de négociations, de contre-offres et de compromis en espérant que cette fois-là sera la bonne et que dans une illumination la personne de l’autre côté réalise à quel point c’est facile de bosser au DBD. « Faire une connerie avec quoi? » que ma voix sifflote, que mon air niais renchérit. Quand Lucia, Deklan et Charlie se rapprochent un peu plus, c'est la saison des allergies all over et même si je tente de faire comme si de rien n’était, comme si le reste de l’après-midi n’était pas calculé à la seconde et comme si c’était juste un autre quart de travail normal, y’a rien de normal à la clé. « Et j’pleure pas je suis un homme. » je précise, le trémolo dans la gorge et le coin des yeux brillants. Quelle lourdeur, d’être le seul de la famille qui vit facilement le fait de verser des larmes quand je partage mon ADN avec trois robots capables de se foutre des masques immuables au visage en un claquement de doigts. « Ah ouais non égalité blablabla mais mes yeux sont rouges c’est juste à cause du pollen. » j’ai fait des recherches, je sais très facilement quelles sont les causes des irritations oculaires et des larmes de crocodile. Elles sont toutes notées dans mon téléphone et seront dégainées dès qu’il le faudra, si c’est ce que ça prend pour que j’ai l’air du (ex)patron fier qu’elle vole de ses propres ailes – ce que je suis, promis juré. Juste, j’ai besoin d’un peu de temps pour m’adapter.

« LILY! » et de ma femme pour distraire la populace pendant que je renifle de la moins gracieuse des manières.