J’ai l’impression de revenir sur une scène de crime. Sur les lieux où la fin de notre relation a été établie. Je devrais le détester ce refuge. A vrai dire j’en déteste les murs, je déteste cette pièce où elle m’a annoncé que tout était terminé, mais il y a toujours eu quelque chose d’apaisant dans ce lieu.  Je ne suis pas venu depuis la dernière fois. Je n’ai pas vu Molly depuis que j’ai débarqué bourré dans son appartement à lui cracher mon venin après avoir appris pour elle et Dorian. Et cela fait des semaines que les mots que j’ai prononcés me hante. Que je les regrette tous plus les un que les autres mais ceux que je regrette le plus sont sans doute ceux où j’ai crié que je ne l’ai jamais aimée.

Je suis passé à son appartement hier, c’est son Léo qui m’a ouvert qui m’a annoncé qu’elle a déménagé il y a un moment déjà. J’ai tenté de l’appeler mais elle n’a pas répondu.  Je n’ai plus qu’aucune idée de l’endroit où elle habite. C’est pour ça que je suis ici, à son lieu de travail encore une fois. Et comme la dernière fois où je suis venu, je n’ai aucune envie d’y mettre les pieds, aucune envie de la voir et pourtant envie de la voir, contradiction toujours présente quand je pense à Molly.

Qu’est ce je fous là ? Je n’ai rien à faire là. Pas après ce que je lui ai dit, pas après la manière dont je me suis comporté.  Mais j’ai besoin d’effacer la culpabilité que je ressens, j’ai besoin de reprendre les mots que j’ai prononcé, j’ai besoin aussi de la voir. A croire qu’il aura fallu une véritable rupture pour que je m’inquiète enfin pour elle. Ironie quand tu nous tiens

Je la trouve facilement derrière le refuge. Je la regarde un long moment dans le jardin à jouer avec les chiens, un léger sourire aux lèvres alors que je suis adossé au mur, du moins jusqu’à ce qu’elle se tourne vers moi et me remarque enfin. Mon sourire disparaît automatiquement et je m’approche avant de lui dire doucement « T’as déménagé. » Mon regard la fuit, incapable de s’ancrer dans le sien, mes mains sont dans mes poches, j’ai les mains moites et la bouche pâteuse. Des semaines que je l’ai pas vue. Je lui dis doucement les mains levées dans les airs comme si elle pointait une arme vers moi. « J’ai pas bu, pas cette fois. Promis. » Et c’est vrai, mais pourtant je le regrette déjà tant je me bats avec l’envie de fuir en courant.

@Molly Ivywreath  

Je reste de plus en plus longtemps au refuge depuis notre engueulade avec Léo et mon déménagement. Je n’avais plus ma place dans son appartement. Et j’ai trouvé un grand appartement au-dessus du refuge qui serait parfait pour y vivre à temps complet. Mais j’ai encore beaucoup de papiers à faire alors le seul refuge que j’ai trouvé, c’est l’appartement de Kieran qui n’est pas non plus très loin du refuge. Il me dépanne, et je commence à l’apprécier comme colocataire.

Je reste tard ce soir, et je joue avec les chiens dans le jardin. Je les regarde, je lance la balle et je me mets même à courir avec eux de temps en temps. Moi aussi j’ai besoin de me défouler. Je souris, je m’amuse et je profite de ce moment jusqu’à ce que mon regard croise celui de Pete. J’arrête de sourire et lui aussi. Je pince les lèvres et le regarde, je me demande pourquoi il est là encore. Il risque de me hurler une nouvelle fois et je ne suis pas sûre de pouvoir le supporter de nouveau. « T’as déménagé. » Je hoche la tête et fronce les sourcils. “Comment tu sais ça ?” Je ne pensais pas qu’il chercherait à me revoir après cette engueulade, après ce moment où il m’a dit qu’il ne m’avait jamais aimé. Après cette fois où il m’a brisé le coeur encore une fois même si j’avais déjà l’impression qu’il était en miettes.

Il s’approche de moi et je recule de quelques pas avant qu’il ne lève les mains au ciel. « J’ai pas bu, pas cette fois. Promis. » Il me fait sourire malgré moi mais je reste loin. “T’aurais pas dû venir.” Il m’a blessé comme il ne l’avait encore jamais fait, et je n’ai pas envie de subir encore une fois toute sa rage. J’ai besoin de temps, je lui ai déjà plusieurs fois. Je croise les bras sur ma poitrine et mon regard descend sur les chiens qui ne comprennent pas pourquoi je me suis arrêtée de bouger et qui courent donc jusqu’à Pete qui est seulement quelques mètres plus loin. “Pourquoi t’es là ?”

« Comment tu sais ça ? »  Ses sourcils se froncent et je me doute qu’elle ne pensait pas que je la chercherais de nouveau, pas après notre dernière dispute. Pas après les mots si violemment prononcés. Je t’ai jamais aimé. Ca raisonne encore dans mon esprit, comme si la fin de notre relation m’avait laissé un goût amer dans la bouche dont je n’arrive pas à me débarrasser.  J’évite son regard, baissant les yeux vers le sol. « Je suis allé chez toi…et t’y étais pas. Léo m’a dit que t’avais déménagé. » Je ne peux pas lui reprocher de ne pas me l’avoir dit mais j’aurais presque envie de le faire car j’avais paniqué en ayant aucune idée de où elle avait bien pu partir.  « J’ai essayé de t’appeler, t’as pas répondu. » Je souffle, plantant mes prunelles hésitantes dans les siennes.

Je m’approche, mes mains levées dans un signe de paix et son mouvement de recul me serre le cœur, preuve que je l’ai trop blessée au point que ma présence physique près de la sienne en devient trop dure à supporter. «  T’aurais pas dû venir. » « Je sais. » Évidemment qu’après tout ce que j’ai dit elle n’a plus aucune envie de voir mon visage. Je sors une cigarette de mon paquet de clope et je l’allume nerveusement. Je caresse de ma main libre les chiens qui s’approchent vers moi.  « Pourquoi t’es là ? » C’est une bonne question. Peut-être parce qu’une fois la colère passée, une fois que la gueule de bois ait tout ravagé, j’ai réalisé les mots que je lui avais adressé. J’ai réalisé les horreurs que je lui ai balancé à la figure quand encore en août je lui jurais que je l’aimais et que je voulais des enfants avec elle. Ca me semble loin maintenant. Je me force à la regarder. « Je voulais m’excuser. » Je soupire, me racle la gorge, parle un peu plus fort.

« Je suis désolé Molly… Je…J’aurais pas dû dire ça. J’aurais pas dû venir bourré chez toi. » Peu importe toute la colère que m’inspirait la relation entre Dorian et Moly, j’étais allé trop loin et j’avais besoin de tenter d’effacer cette nuit où j’avais pris le soin de détruire les restes de notre relation.

@Molly Ivywreath  

Je ne m’attendais pas à le voir. J’ai du mal à respirer et je me demande s’il va de nouveau me hurler dessus. Je pince les lèvres et continue de donner le plus d’attention possible aux chiens qui me courent après. « Je suis allé chez toi…et t’y étais pas. Léo m’a dit que t’avais déménagé. » Je déglutis, je n’ai pas parlé avec Léo depuis plusieurs jours. Rien ne va vraiment bien dans ma vie ces derniers temps, et pourtant, je continue de garder la tête hors de l’eau et de sourire comme je le fais toujours. Je le regarde peu, je ne sais toujours pas pourquoi il est là alors je me fais des dizaines de films. « J’ai essayé de t’appeler, t’as pas répondu. » Je pince à nouveau les lèvres. “Je sais.” J’ai lutté parce que j’avais besoin de temps, et j’ai même fini par bloquer son numéro de téléphone pendant une durée indéterminée.

« Je sais. » Au moins, j’en suis consciente et lui aussi. Ca c’est une avancée dans cette relation étrange. J’ai commencé à comprendre qu’il fallait qu’on s’éloigne et qu’on se laisse vivre nos vies respectives. Il a l’air de le comprendre aussi, en tout cas, il est bien moins hostile que quelques jours auparavant. « Je voulais m’excuser. » Je fronce les sourcils, ce n’est pas lui de dire des choses pareilles alors je reste choquée pendant quelques secondes. Il va me dire quelque chose pour me blesser, c’est toujours ce qu’il finit par faire quand j’ai l’impression que tout va bien se passer. « Je suis désolé Molly… Je…J’aurais pas dû dire ça. J’aurais pas dû venir bourré chez toi. » Je hoche la tête et croise mes bras sur ma poitrine. “T’as vraiment été affreux.” Il a l’air de la savoir. Il n’aurait pas fait tout ce chemin sinon. Il ne m’aurait pas vraiment cherché si cette démarche n’était pas totalement sincère. “Tu sais que j’ai jamais voulu te faire du mal.” Et ça je le répète encore une fois, pour qu’il soit bien conscient qu’il sera toujours important dans ma vie et que je ne veux pas le perdre même si on a besoin de temps avant de se retrouver, comme de vieux amis. Parce que c’est ce que je veux vraiment, qu’on finisse par créer un nouveau lien, bien plus plaisant que celui qui nous unissait auparavant.

. « Je sais. » Pas d’explications. Pas d’excuses.  Elle ne se justifie pas. Je me doute qu’elle a bloqué mon numéro et je ne dis rien, mes yeux se posant sur le sol plutôt que sur elle.  J’ai envie de lui demander où elle habite, ce qui s’est passé avec Léo, où ça en est avec Dorian, j’ai envie de lui demander tellement de choses mais pire que tout j’ai envie de lui demander quand est ce qu’elle va me pardonner. Alors que je sais pourtant que cette fois elle ne pardonnera pas.  Je ne suis jamais revenu, pas comme ça, pas avec la sensation d’avoir déjà perdu, parce que par le passé il fallait d’un rien pour qu’elle me pardonne et que j’en avais encore moins quelque chose à faire. « Tu me diras où tu habites maintenant ? » Je souffle tout doucement. Elle aurait toutes les raisons de ne pas le faire.

Elle me demande pourquoi je suis là et je m’excuse, parce que je suis allé trop loin je le sais,  parce que malgré toutes mes conneries elle ne mérite pas ça Molly et je regrette mon attitude malgré toute la colère que j’ai encore en moins, malgré le sentiment d’abandon qu’elle me laisse au fond de la gorge.

« T’as vraiment été affreux. » Je grimace, tirant sur ma cigarette nerveusement. Je ne peux m’empêcher de me demander si cette fois ça me tient tellement à cœur de m’excuser parce qu’elle ne m’a pas pardonné ? Est-ce une nouvelle manifestation de mon égoïsme, ou la réelle envie d’admettre mes tords ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais c’est qu’elle me manque.  « Tu sais que j’ai jamais voulu te faire du mal. »

Je relève mon regard vers elle, le plantant enfin dans le sien et un sourire triste tire mes traits. Je ris un peu nerveusement. « J’aimerais pouvoir dire pareil Mo’. Mais on sait tous les deux que ça fait trop longtemps que je te fais du mal pour pouvoir prétendre ne l’avoir jamais voulu. » C’est bien la première fois que je suis aussi honnête avec elle. Pourtant les paroles sont aussi dures à prononcer qu’à entendre.


@Molly Ivywreath  

« Tu me diras où tu habites maintenant ? » Je capte son regard alors qu’il ne parle pas fort. Je retiens l’information, plus on avance et plus je me demande si je peux vraiment lui faire confiance. “Pour l’instant je vis dans l’appartement d’un ami, j’ai pas encore de chez moi.” Kieran m’a accueilli tellement rapidement que je ne sais même pas quand ni comment je vais pouvoir le remercier comme il le mérite vraiment. “Je te dirai peut-être plus tard.” Parce que je ne veux pas qu’il débarque comme une furie dans un appartement qui n’est pas le mien, qu’il se mette à m’insulter et me dire qu’il ne m’a jamais aimé alors que je ne suis pas seule chez moi. Je ne supporterai pas encore une telle conversation.

Je laisse les mots sortir et les chiens se rapprocher de Pete. Il a été affreux, et je sais très bien qu’il cherchait à me blesser. Il y a quelques mois encore, je lui aurais trouvé des centaines d’excuses. Mais pas aujourd’hui. Cette fois, je dois voir notre relation et notre lien tel qu’il est. J’étais la seule à l’aimer, la seule à vraiment vouloir plus, et je ne ferai plus l’erreur de le laisser écraser mon coeur sans rien dire pour l’arrêter. Je n’ai jamais voulu lui faire de mal, et je veux qu’il soit au courant. Je veux qu’il le sache, parce que jamais je n’oserais lui faire le quart de ce qu’il a bien pu me faire subir pendant toutes ces années. Et pourtant, pour rien au monde je ne voudrais oublier ces années et tout ce qu’on a vécu. Il m’aura fallu du temps, peut-être un peu trop. Mais j’ai enfin réussi à me rendre compte que j’avais le droit de penser à moi, de vouloir être heureuse et créer la vie que j’ai toujours voulu. J’aurais aimé qu’il soit le père de mes enfants, le mari que j’aurais vraiment choisi, mais ça ne sera pas le cas. Pas tant qu’il est comme ça et qu’il ne me respecte pas comme moi je le respecte et je l’aime. « J’aimerais pouvoir dire pareil Mo’. Mais on sait tous les deux que ça fait trop longtemps que je te fais du mal pour pouvoir prétendre ne l’avoir jamais voulu. »”Et ça fait trop longtemps que j’accepte que tu le fasses pour pouvoir prétendre que je n’aimais pas ça.” Peut-être que grâce à lui je me sentais vivante, peut-être qu’il apportait du piquant, ou qu’il me rappelait sans arrêt ce sentiment d’abandon que j’ai dû vivre petite et que j’ai décidé d’oublier avec le temps. Peut-être qu’il était le rappel de tout ça, du fait de ne pas être assez importante pour être aimé autant que je pouvais l’aimer lui. Mes bras restent croisés sur ma poitrine mais je ne recule plus. Je le regarde, et je sais que je vais tenir quoi qu’il fasse. “C’était pas bon nous deux. On a tout fait mal…” Et ça me rend terriblement triste. “Tu crois qu’on pourra être ami un jour ?” Parce que ça me briserait le coeur qu’il décide de réellement sortir complètement de ma vie.

« Pour l’instant je vis dans l’appartement d’un ami, j’ai pas encore de chez moi. » «  Ca se passait plus bien avec Léo ? » Je demande bien malgré moi, parce que je veux comprendre ce qui a changé, pourquoi elle est partie de cet appartement.   J’ai le sentiment qu’au fond, c’est à cause de moi. « Je te le dirais peut être plus tard. » De nouveau mon regard la fuit. Parce que je sais pertinemment pourquoi elle ne veut pas me dire où elle habite. Elle ne veut plus de moi dans sa vie. Elle a eu beau dire le contraire, je me doute qu’elle ne veut plus jamais revivre la nuit où j’ai débarqué dans son appartement prêt à en découdre.  « D’accord. » Je dis doucement, pour montrer que j’accepte sa décision malgré mon cœur qui a envie de crier que j’ai besoin de savoir où elle habitude, que j’ai besoin de pouvoir la trouver, que j’ai besoin d’elle.

Au moins les chiens de ce refuge n’ont pas l’air de se rendre compte de mes conneries et c’est tant mieux. J’ai au moins un ami en ces lieux.  Je ne l’ai jamais vue comme ça Molly. Forte et digne, fermée à toute possibilité de retour en arrière.  Je vois trop de rêves brisés dans ces yeux, et je repense à ce qu’on aurait pu être, à ce qu’on aurait dû être. Je repense à mes promesses d’enfants, je repense à un futur que j’ai l’impression de lui avoir volé, de nous avoir volé.  Je tire sur ma clope pour tenter de calmer mes nerfs. Et pour la première fois je suis honnête.

”Et ça fait trop longtemps que j’accepte que tu le fasses pour pouvoir prétendre que je n’aimais pas ça.” Je ne dis rien parce qu’elle n’aurait jamais eu à accepter quoique ce soit si je m’étais mieux comporter.  J’ai beau le réaliser je ne sais pas si je serais un jour capable de changer. Je n’ai jamais supporté les contraintes. Je ne me suis jamais vraiment laissé attacher à quique ce soit.  Et je me dis quelque part qu’on a tous les deux étés un peu cassés dès le départ, tentant de s’accrocher l’un à l’autre. “C’était pas bon nous deux. On a tout fait mal…” « Tu as rien fait de mal Molly. » Je murmure incapable de la regarder, fuyant toujours. « C’est moi qui ait trop joué avec toi. J’aurais dû arrêter de revenir si c’était pour continuer à faire des conneries. » Je soupire et un léger rire secoue mes épaules. « Le problème c’est que j’en avais pas envie. » Parce qu’elle avait toujours été là Molly. Point fixe dans ma vie malgré tous mes jeux.


“Tu crois qu’on pourra être ami un jour ?” Je n’en sais rien. On a jamais été amis je réalise. On s’est aimé, j’ai joué, on a perdu. Mais on a jamais été amis. Et c’est peut être pour ça finalement que je l’ai toujours mal traitée. Ca et mon égoïsme.  « J’en sais rien. » Je ne sais pas si j’y envie d’être son ami, je ne sais pas si j’en suis capable. Je me force à la regarder dans les yeux de nouveau. « Comment tu peux encore avoir envie d’être mon amie Molly ? »  Je suis incapable de comprendre sa capacité à pardonner, à voir le bon et à être prête à me vouloir de nouveau dans sa vie.



@Molly Ivywreath  

Je ne sais pas quoi faire. Une personne normale aurait sûrement cherché à l’obliger à partir du refuge, à tout faire pour qu’il ne revienne jamais vers moi. Et pourtant, je refuse qu’il sorte de ma vie de cette manière. Il n’a pas besoin d’être abandonné, et je ne le ferai pas s’il me laisse rester avec mes propres conditions. « Ca se passait plus bien avec Léo ? » Je n’ai pas vraiment envie de lui parler des drames de ma vie. Je pince les lèvres, je secoue la tête. Rien n’allait avec Léo, et c’est seulement maintenant que je m’en rends compte encore. “On est marié alors qu’on ne s’aime pas. Est ce que ça pourrait être pire ?” Je suis terriblement triste, pour absolument tout ce qui se passe autour de moi. C’est comme si le monde cherchait à me faire toucher le fond, et ça me fait mal. Mais je garde mon sourire de façade, celui qui est toujours planté sur mon visage. « D’accord. » Il ne me force pas, il ne crie pas. Je soupire de soulagement et hoche la tête. Peut-être qu’il la saura un jour, ça ne tient qu’à lui et à comment tout ce lien avancera.

On revient sur notre histoire quelques minutes, parce que cette fois il n’est ni en rogne ni bourré. Je me sens un peu plus en confiance, et on pourrait faire la liste de tout ce qui n’allait pas pendant toutes ces années. « Tu as rien fait de mal Molly. » “T’es pas le seul fautif.” On était deux à toujours revenir l’un vers l’autre, et j’ai accepté bien trop de choses par amour. Et finalement, c’est aussi à cause de moi qu’on a jamais pu avancer de la bonne manière. Ca me rend encore plus triste, parce que, lorsque j’étais dans cet état, c’était dans ses bras que j’aimais aller me blottir pour rentrer dans notre bulle et nous éloigner du monde. « C’est moi qui ait trop joué avec toi. J’aurais dû arrêter de revenir si c’était pour continuer à faire des conneries. » Je retiens quelques mots entre mes lèvres, et les larmes qui menacent de rouler sur mes joues tant je ne connais plus la réponse à cette question. « Le problème c’est que j’en avais pas envie. » “C’est que j’ai jamais été la bonne personne pour toi.” Et j’aurais tellement aimé l’être. J’aurais tellement aimé lui suffire et le combler. Lui donner envie de rester avec moi et ne jamais s’éloigner trop loin. “Est ce que tu m’as aimé ?” Dis moi que je n’étais pas la seule à ressentir quelque chose, dis moi que je n’étais pas seule pendant toutes ces années. Je ne connais plus la réponse, même s’il m’a dit je t’aime plus d’une fois, j’ai du mal à savoir si ce nous était vraiment réel.

J’aimerais ne pas le perdre de vue, parce qu’il est important pour moi, et que je ne veux pas qu’il s’effondre par ma faute. « J’en sais rien. » Et c’est ce que je craignais. Finalement, c’est lui qui ne voudra plus me voir, ça a toujours été lui celui qui partait vraiment, et ça va continuer comme ça. Je hoche la tête, si je veux qu’il s’adapte à mes demandes je me dois de m’adapter aux siennes. « Comment tu peux encore avoir envie d’être mon amie Molly ? » Je soupire et je m’assois contre le mur, à même le sol. Je regarde une seconde dans le vide avant de me tourner vers lui de nouveau. “J’en sais rien… tu resteras toujours important pour moi… t’es mon premier amour, mon premier tout en réalité.” Je souris parce que pour rien au monde je n'oublierais tout ce qu’il a pu m’apporter. “On a réussi à s’aider quand ça allait.” Tout n’a pas toujours été négatif. “J’aimerais juste pouvoir garder le lien positif qu’on avait de temps en temps.” Sans l’amour, sans le sexe, juste nous deux qui pouvions parler de ce qui nous chagriner ou ce qui nous rendait heureux. “J’ai pas envie qu’on s’abandonne…” Ma voix n’est pas très forte et mes yeux ont quitté les siens pour se retrouver sur mes doigts avec lesquels je joue depuis de longues minutes. Il est traumatisé par l’abandon autant que je le suis désormais, et je ne suis pas sûre de connaître une autre personne capable de vraiment comprendre ce sentiment qui me ronge depuis des mois maintenant. Malgré le sourire, malgré les je vais bien, mon monde s’effrite et moi avec.

“On est marié alors qu’on ne s’aime pas. Est ce que ça pourrait être pire ?”  Elle a l’air si triste Molly et pourtant elle sourit et tout sonne faux et je me reconnais trop bien dans ce sourire, celui où tout va bien alors que tout va mal.  Elle méritait un beau mariage Molly. Elle méritait qu’on l’aime, elle méritait le monde qu’elle voulait.  Est-ce que j’aurais été capable de lui demander de m’épouser à force de toujours revenir vers elle ? Peut-être. Sûrement. Et je l’aurais fait pour toutes les mauvaises raisons. Par habitude. Par solitude. Elle aurait été tout aussi malheureuse avec moi, parce que j’aurais tout fait foirer. Encore et encore.  Alors je ne dis rien et je reste loin, alors que j’ai envie de la serrer contre moi et de me rappeler nos bons moments.

« T’es pas le seul fautif. » Je secoue la tête, parce que je n’ai pas envie qu’elle pense qu’elle est responsable du désastre de notre relation, parce que c’est faux. Elle a supporté tellement de mes conneries, elle a pardonné tellement de choses.  Elle m’a ouvert son cœur en grand et moi je n’ai fait que le piétiner encore et encore. « C’est que j’ai jamais été la bonne personne pour toi. » J’aurais aimé qu’elle le soit la bonne personne. « Je suis pas sûr que quiconque le soit. » Car pour ça il aurait déjà fallu que je change.

« Est-ce que tu m’as aimé ? » Je relève mon regard vers elle cette fois parce que je sais pertinemment les  derniers mots que je lui ai balancé à la figure. Je t’ai jamais aimé Molly.  J’ai envie de lui dire alors, que je ne serais jamais revenu vers elle encore et encore si une part de moi ne l’avait pas aimé. Car je suis de ceux qui se lassent vite, qui sont à la recherche du désir et de la nouveauté, qui papillonnent sans rester. Elle ne m’avait peut-être pas fait rester mais elle m’avait fait revenir encore et encore. Peut-être qu’il y avait eu le plaisir du jeu, de la voir craquer à chaque fois et me pardonner peu importe mes actions, mais je savais que je ne serais jamais revenu encore et encore si je ne l’avais pas aimé malgré tout. Pourtant j’hausse doucement les épaules. « Quelle importance quand je t’ai mal aimé Molly ? » Parce que j’ai beau avoir envie de lui crier que je l’aime, ça n’est pas suffisant. Rien n’est suffisant.

Je ne comprends pas comment elle peut encore vouloir que je fasse partie de sa vie, après tout ça.  Je ne suis pas sûr d’être capable d’être son ami. Pas sûr d’arrêter un jour d’avoir envie de l’embrasser ou de caresser sa peau, pas sûr que je supporterais de la voir avec qui que ce soit d’autre. Et encore moins Dorian. Elle va s’assoir contre le mur.  « J’en sais rien… tu resteras toujours important pour moi… t’es mon premier amour, mon premier tout en réalité. »  J’aimerais lui dire qu’elle a été le mien mais ça serait lui mentir, parce que la première personne que j’ai aimé c’est Jill et ça restera Jill peu importe à quel point j’aimerais penser le contraire. « On a réussi à s’aider quand ça allait. » Je souris à mon tour, parce qu’il n’y pas eu que des mauvais moments, il y en a eu beaucoup de beaux et il y avait ce sentiment qu’elle avait su créer en moi, celui de vouloir changer parfois.  « J’aimerais juste pouvoir garder le lien positif qu’on avait de temps en temps. J’ai pas envie qu’on s’abandonne… » Elle ne me regarde plus Molly et pourtant s’il y a bien quelqu’un qui peut comprendre ce sentiment c’est moi.  Alors lentement je vais m’asseoir à côté d’elle, gardant pourtant une certaine distance. « Je sais pas si on pourra devenir amis Molly. Je sais pas si j’en ai envie. Je sais pas si je pourrais. » Je souffle sans la regarder caressant le chien qui est venu se coller contre moi. « Mais j’ai pas envie qu’on s’abandonne non plus. »  Parce que si le nous ne pouvait plus exister, le lien, le elle et moi resterait toujours présent.




@Molly Ivywreath  

Je souris, je ne veux pas m’effondrer et c’est ce qui pourrait arriver si je recommence à pleurer encore une fois. Je ne peux plus pleurer, ni me faire du mal. C’est pour ça que j’ai déménagé, que j’ai officiellement tout arrêté avec Pete, et aussi certainement pour ça qu’on est au bord du divorce avec Léo. Est ce qu’on a déjà réellement été marié ? Est ce qu’on a vraiment déjà été 2 contre le reste du monde ? Est ce qu’il a déjà ressenti des sentiments pour moi ? Des sentiments de ceux qu’on doit ressentir quand on a envie de passer sa vie avec quelqu’un. Les sentiments que j’ai ressenti pendant des années pour Pete. Je n’étais pas la bonne personne pour lui, et il n’était pas la bonne pour moi. Je m’en rends compte, et il a l’air de l’accepter. « Je suis pas sûr que quiconque le soit. » Je capte son regard une seconde et je m’assois contre le mur alors que le soleil commence à se coucher. “Perd pas espoir.” Il y a quelqu’un pour lui quelque part, même si ça me terrifie et me blesse de l’imaginer avec quelqu’un d’autre, je me dois de l’accepter. “J’essaie de pas perdre espoir non plus.” Même si toutes mes histoires d’amour ont toutes été vouées à l’échec, je me suis toujours promis de ne pas voir constamment le mauvais côté des choses, ce n’est pas dans ma nature. Un jour je trouverai quelqu’un, je tomberai encore plus amoureuse et je fonderai ma propre famille.

J’ai juste besoin d’être rassurée, de me dire que je n’ai pas fait tout ça pour rien. Que quelque part dans son coeur j’ai déjà eu de l’importance. Mais il ne répond pas, ou alors si, il répond, et je comprends qu’il ne m’a vraiment jamais aimé. Je n’étais qu’un jeu, depuis toujours. Je ne sens même plus mon coeur se briser tant il est déjà en mille morceaux, mais je n’ose plus relever le regard vers lui. « Quelle importance quand je t’ai mal aimé Molly ? » “Aucune importance…” Je n’aime pas mentir, et pourtant je n’ai pas envie qu’on continue de parler de ça. Je n’ai pas envie qu’il me fasse la liste de toutes les raisons pour lesquelles il n’a jamais réussi à m’aimer comme je l’ai fait. “C’est du passé.” Et je le répéterai jusqu’à ce que ça ne me fasse plus un pincement au coeur.

Je n’ai pas envie de le laisser tomber, je n’ai pas non plus envie qu’il me dise qu’il ne veut plus jamais me voir. J’ai besoin de lui dans ma vie sans vraiment pouvoir l’accepter. « Je sais pas si on pourra devenir amis Molly. Je sais pas si j’en ai envie. Je sais pas si je pourrais. » Il ne m’a pas aimé, il ne me veut pas comme amie, et je me demande une seconde si j’ai seulement un peu d’importance pour lui. “Si tu veux plus qu’on soit dans la vie l’un de l’autre, il ne faut plus qu’on se voit à partir d’aujourd’hui. J’en peux plus des allers-retours et des faux espoirs je veux juste que tu comprennes ça Pete. Je veux plus de mensonges, t’as plus aucune raison de me mentir maintenant.” Et je pense que c’est comme ça que pourrait naître une belle amitié. Dans l’idée de dire qu’on se doit d’être honnête. « Mais j’ai pas envie qu’on s’abandonne non plus. » Un soupir de soulagement s’échappe d’entre mes lèvres. Il ne veut pas qu’on s’abandonne et c’est le plus important au fond. Un chien se pose entre nous deux et ma main glisse sur le berger australien qui semble comprendre qu’on est triste tous les deux. “J’accepte tes excuses…” Parce que c’était pour ça qu’il était venu au départ.

Il y a des sourires  qui donnent envie de pleurer. Et c’était le sourire de Molly. Celui que je connaissais par cœur. Celui qu’elle avait quand elle voulait prétendre que tout aller bien et que plus aucune larme ne coulerait de ses yeux. Alors que son cœur est en morceau et que j’en suis responsable encore une fois.

« Perd pas espoir. » Elle ne comprend pas que ce n’est pas une question d’espoir, que ce n’est pas une question de trouver la bonne personne. Parce que je suis persuadé qu’elle était la bonne personne. Mais que ça ne sera jamais assez. Je ne suis pas de ceux qui restent. Parce que rien n’est suffisant. Parce que je ne serais jamais satisfait. Je suis incapable de changer même pour elle.  « J’essaie de ne pas perdre espoir non plus. » Je fais un pas en avant alors, comme si j’aurais voulu la prendre dans mes bras. Mais je me retiens, ne l’approchant finalement pas. « Tu mérites tellement mieux que tout ça Molly. » Je souffle et j’aurais aimé pourvoir changer et lui offrir tout ce qu’elle mérite. J’aimerais qu’on l’aime autant qu’elle aime, j’aimerais qu’on la chérisse et qu’on lui offre le bonheur et pourtant je sais que je ne serais jamais cette personne-là.

Je n’aurais pas dû dire ça. J’aurais dû lui dire la vérité, avouer qu’évidemment que je l’avais aimé. Mais cela semble perdre de son importance à mes yeux, quand les dernières paroles que je lui ai craché à la figure est que je ne l’ai jamais aimée. Elle ne me regarde pas. « Aucune importance…C’est du passé. » Et c’est à mon cœur de se briser un peu plus parce que ça ne peut pas être du passé, parce que ça n’a jamais été du passé, peu importe le nombre de fois où notre couple s’est brisé. Je ne dis rien et c’est à mon tour de ne pas la regarder. Ce n’est pas du passé, pas pour moi, c’est le présent, c’est une histoire qui a duré pour la majorité de ma vie adulte et je n’ai pas envie qu’elle s’arrête.

« Si tu veux plus qu’on soit dans la vie l’un de l’autre, il ne faut plus qu’on se voit à partir d’aujourd’hui. J’en peux plus des allers-retours et des faux espoirs je veux juste que tu comprennes ça Pete. Je veux plus de mensonges, t’as plus aucune raison de me mentir maintenant.” Je déglutis car je ne peux pas imaginer ne plus jamais la voir, pas quand j’ai passé tellement d’heures à ses côtés. Mais pour l’a première fois je comprends. C’est la première fois qu’elle s’exprime ainsi et ça continue de me surprendre, elle n’a jamais été aussi résolue. Je réalise que je n’imagine pas ma vie sans elle,  que si être son ami m’est insupportable, l’idée de ne plus jamais la voir l’est encore plus.  « C’est pas ce que je veux. Ne plus jamais te voir. C’est pas ce que je veux Molly. Je…Je veux que tu sois dans ma vie. » Pire, j’en ai besoin.  Le chien se pose entre nous deux et je caresse doucement l’animal, ma main glissant inconsciemment vers celle de Molly. « Je suis désolé Molly pour tout. J’aurais aimé que ce soit différent. » Je soupire et mes doigts effleurent les siens. « J’accepte tes excuses.. » J’hoche la tête lentement, un soulagement apaisant mes muscles tendus. Je reste un long moment à  ses côtés sans rien dire. Et lorsqu’enfin on se relève je souffle « Je vais y aller. Je… » Je t’aime. Pardonne moi. Les mots ne sortent pas, pas cette fois, elle ne mérite pas ça. « Sois heureuse Molly » Parce que pour la première fois je réalise que c’est tout ce que je souhaite pour elle.






@Molly Ivywreath