Pendant longtemps nous avons fêté Noël en famille. C'était une tradition, quelque chose à laquelle nous nous raccrochions tous. Même lorsque j'étais à l'autre bout du monde, embarqué pour une mission de plusieurs mois avec la Navy, nous avons toujours réussi à nous réunir, ne serait-ce que le temps que les différentes connexions internet étaient coopérantes. Et depuis que je suis de retour à plein temps à Brisbane, nous avons à nouveau reprit ces traditions, les remettant au goût du jour, jusqu'au jour où mon père a découvert que je vivais une relation homosexuelle et que ça lui a paru tellement inconcevable, qu'il m'a renié. Depuis, je ne suis apparu à plus aucun repas de famille auquel il était présent et cela vaut aussi pour Noël. J'en ai passé un avec Myrddin en Angleterre, l'autre avec Myrddin et sa famille et l'année dernière je suis allé en Irlande pour essayé de récupéré mon mari.  Il était donc à nouveau grand temps que je pense un peu plus à mes frères et ma sœur et j'ai décidé que cette année la fête se fera chez moi, dans ma nouvelle maison. En Septembre, peu avant mon passage de grade, j'ai signé le contrat d'achat, me retrouvant à nouveau propriétaire, trois ans après avoir quitté ma maison de Logan City. Et puis, il y un peu plus d'un mois j'ai quitté mon Duplex de Toowong pour m'installer définitivement ici. Je me suis rapidement habitué au nouvel environnement, mes enfants ont très vite reprit leur marques.

C'est donc là, assit sur le rebord de la piscine, les pieds dans l'eau et le regard rivé sur mes enfants qui s'amusent joyeusement dans la partie pataugeoire, que je me trouve actuellement. A gauche, Sam est entrain de préparer le BBQ qui ne devrait pas tardé à être prêt et devant moi, dans l'eau, James essaie de rattraper Alex qui nage devant lui. Tout est beau, tout est magique, tout est joyeux et tout cela ne peut qu'annoncer une superbe soirée, non ?

C'est toutefois l'aboiement d'Oliver qui me sort de mes pensées et c'est en voyant le jeune golden retriever entrer en trombe dans la demeure et traverser le salon en faisant le plus de bruit possible, que je me rends compte que quelqu'un a sonné à la porte. Souriant, je me redresse et fait un signe à Sam que je m'en occupe. Attrapant une serviette, je me sèche rapidement les pieds puis entre à mon tour dans le salon. Avisant Oliver qui observe la porte, queue frétillante et jappant joyeusement, je me dirige vers lui et ouvre la porte pour faire face à Ezra qu'on ne voit que difficilement derrière tous ces cadeaux.  « Oh !» m'exclamais-je, surpris  «MON DIEU ! SAM ! JAMES ! VITES ! VENEZ ! » hurlais-je à l'attention de mes frères.  « Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?» demande Sam hâtivement en me rejoignant  «C'est Ezra... » dis-je sur un ton faussement effrayé  «Il ...il est arrivé AVANT Kate ! » Sam inspire vivement l'air alors que je plaque ma main sur ma bouche, faignant un peur bleue  « C'est fouuuu !» ce disant, je décide quand même de m'avancer vers le pauvre Ezra qui n'a pas bouger et lui retire quelques charges des bras  «Vient entre. Tu mérite une bière pour cet exploit ! » assurais-je  «James est dehors avec Alex, Clara et Arthur. » que j'explique alors que je désigne le chemin à Ezra.

Si Kate lui aurait mis un couteau sous la gorge pour l’obliger à passer cette fête de Noel avec elle, ça aurait eu exactement le même effet. La blonde avait bien caché son jeu, en acceptant la proposition de l’italien – même si ce n’était rien de très officiel encore – il ne s’était pas attendu à ce qu’elle utilise le chantage en veux-tu en voilà, comme elle commençait déjà à le faire. Forcément, l’italien n’avait alors pas eu d’autre choix que d’accepter de participer à ce moment en famille chez les Beauregard. Si on lui demandait, il allait dire qu’il le faisait pour sa fille, pour pouvoir passer du temps avec elle. Mais en réalité, Noel, il s’en fou, il a jamais fêté cette fête. L’esprit de Noel, clairement, il connait pas. Pas l’habitude d’être couvert de cadeau un 25 décembre, et autant dire que la solidarité, l’amour, la générosité, c’était pas si répandue que ça à Scampia. Heureusement qu’elle l’avait pas obligé à l’suivre à la messe de minuit non plus. « Merci d'être venu. » il avait failli s’étouffer en entendant ce remerciement, comme si franchement, elle lui avait laissé le choix. « Il faut que je t'avoue un truc. Plutôt deux en fait. » il s’attendait à tout maintenant, venant d’elle. Il la regarda, l’air suspicieux, se demandant ce qu’elle pourrait bien lui dire. « Ils ne sont pas au courant pour le mariage. » ah, c’était presque un soulagement de sa part. « Il sont pas obligé d’savoir. » ouais, parce que, déjà qu’il était pas hyper emballé mais si en plus elle compte annoncer ça au repas entre la dinde et le fromage, l’italien avait prévu autre chose que de mourir un soir de Noel. « Ils ne savent pas non plus que tu viens avec nous aujourd'hui. » Ah, là c’est encore différent. « C’est une blague… » il allait surement mourir bien avant la dinde alors. « Pourquoi t’as rien dit ? » lui qui pensait – étrangement – avoir été invité d’une certaine manière… Mais là, il peut plus faire marche arrière parce qu’elle le met devant le fait accomplis quand la porte s’ouvre. Il sait même pas c’est qui celui qui ouvre, parce qu’il a plutôt l’habitude de voir Ezra ou l’autre… Thomas à l’association Beauregard. « C'est toi Nino .. » il se contente de lui serrer la main et de pas trop faire le malin parce qu’il est quand même un peu plus carré que lui, celui là. Il a même pas une bouteille de vin sous l’coude pour faire passer la pilule. « Bonne chance. » et là, l’italien était censé se sentir à l’aise ? Bordel, qu’est ce qu’il faisait là… il regrettait déjà cette fameuse demande en mariage. « Ça va aller .. » il la deteste.
Voilà qu’une gamine s’approche d’eux, Nino la voit un peu comme un Guizmo qui cherche à venir se nourrir juste après minuit et qui est prête à se transformer en gremlins à tout moment. Il se méfit toujours des mômes, sauf de Lucia. « C'est ton amoureux ? » peut être que si Kate avait été sincère avec ses hôtes, ils n’auraient pas besoin de vivre ce moment gênant. « Non. Mais c'est Nino le papa de Lucia. Et Nino .. » il regarda la gamine avec un sourire vraiment forcé. « Je te présente Clara. C'est la fille de Thomas. » L’italien fronçait les sourcils et regarda Katherine. A ce moment précis, il ne comprenait pas comment Thomas pouvait avoir une fille alors qu’il aurait parié qu’il était gay… « Salut Clara. » il secoua la tête, toujours avec ce gros point d’interrogation dans l’crane.
L’italien ne quittait pas la blonde d’une semelle, il était son ombre et se demandait vraiment si Ezra allait passer sa soirée à lui rentrer dedans comme il avait l’habitude de faire à chaque fois qu’ils se croisaient. De gré ou de force, souvent de force. « Salut tout le monde ! » Sam avait déjà annoncé à toute la famille qu’un invité surprise était là, Nino trouvait presque du réconfort à revoir son grand chef, James. Il pouvait espérer qu’au moins, avec sa sagesse, tout l’monde se tiendrait ce soir. « Salut… » il leva la main, bêtement, il ne se sentait pas du tout à sa place et en voyant que tout l’monde était plutôt bien sapé, il tira sur sa chemise qu’il avait chopé à 5 dollars dans une friperie. « Katherine a vraiment insisté pour que j’sois là. » qu’il se senti obligé de lâcher pour justifier de sa présence alors qu'il se doutait qu'il n'était pas le bienvenue.

Une blague de mauvais goût, mais une blague quand même ! C'est si facile d'embêter Ezra, encore plus lorsqu'il est stressé. Je le remarque bien lorsqu'il soupire que je ne suis pas marrant, ce qui me fait juste lever les yeux au ciel  «Oh ça va » tempérais-je la situation en secouant la tête  « Déstresse, c'est noël» j'hausse les épaules alors que je suis rejoins par Sam avec qui je retire quelques paquets des bras de notre frère qui se dirige rapidement vers le jardin.

S'ensuit une joyeuse ronde où, bières en main, je reprends une discussion avec James et Sam tandis qu'Ezra s'amuse avec son neveu avant que la sonnette ne retentisse à nouveau. C'est Sam qui décide d'aller ouvrir, suivit par Clara qui est partie accueillir sa marraine. La suite, elle, se passe assez rapidement. Il y a les cris de joies de ma fille, puis une voix, qui n'appartient ni à Sam ni à la mini Beauregard, retentit avant qu'Ezra ne recrache toute sa gorgé de bière par la bouche et les narines, aspergeant le pauvre Arthur au passage. J'observe mon plus jeune frère un instant, un sourcil arqué, l'interrogeant silencieusement du regard avant de me tourner.

Et c'est là que j’aperçois Nino Marchetti. Je ne le connais que de vue, n'ayant jamais réellement ressentie l'envie ou le besoin d'apprendre à le connaître d'avantage. Ce qui, en soit, est vraiment idiot et totalement illogique étant donné que c'est le père de ma filleule. Cela dit, lui et Kate ne sont pas ensemble, donc ce n'est pas non plus une obligation, que de connaître celui qui fut une erreur dans la vie de ma sœur ? Toutefois, je n'ai, malgré tout, jamais rien eu contre cet homme, Certes, il n'a pas très bien gérer son coup lorsqu'il a couché avec Kate, mais celle-ci était totalement consentante et pour faire un enfant il faut bien deux personnes. Il y a donc deux responsables dans cette équation et Nino ne mérite pas de porter tout le blâme. Et puis de toute manière, qui y a-t-il a blâmer ? Kate est heureuse avec Lucia, celle-ci est adorable et se développe comme chaque bébé devrait se développer, tout est donc parfait. Non ?

Je fini par me détourner de l'italien simplement pour attraper une bière que je décapsule avant de me diriger vers Nino et Kate  « Bienvenue dans la famille» déclarais-je presque solennellement en lui tendant la bouteille. Une façon pour moi pour lui signifier qu'il est le bienvenu, que ce soit seulement pour la soirée ou pour le reste de sa vie. Du coup de l’œil je vois bien qu'Ezra est encore plus tendu lorsqu'il tend la main vers le père de Lucia et, encore une fois, je roule des yeux  «Bon, tu vas te détendre ou pas ? » le réprimandais-je avec amusement  «C'est pas comme si Papa était là pour lui ...nous faire la misère  » je secoue doucement la tête puis adresse un sourire à Nino  « T'inquiète pas, tu ne risques pas rencontrer le paternel de si tôt» le rassurais-je  « il est bien trop occupé à rester avec ses œillères dans sa tour d'ivoire à Sydney» c'est une réelle amertume qui s'invite dans mon ton alors que j'évoque mon père. Puis, dans un haussement d'épaule, j'indique à Arthur de me rejoindre avant de disparaître avec lui dans la salle de bain.

« Bienvenue au Noël chez les Beauregard. » L’italien avait encore du mal à détecter les traces de cynisme dans la voix d’Ezra, mais il se doutait qu’il faisait avant tout bonne figure pour cette soirée qui se devait être magique pour tous. Et ce, même pour Nino. Lui qui n’avait jamais apprécié cette fête, il n’allait pas en garder un meilleur souvenir cette année. Forcé et trainé ici ,il n’avait pas eu d’autre choix que d’accepter l’invitation – si on peut dire ça comme ça- de Katherine. Et puisqu’il fallait être dans les faux semblant ce soir, il se contenterait de serrer cette poigné de main à Ezra, sans faire d’histoire, sans pour autant répondre quoi que ce soit à son bienvenu. « Bienvenue dans la famille» l’italien pris volontiers cette canette que Thomas lui tendait et fit un signe de la tête en guise de merci : pour le bienvenu, lui aussi, bien qu’il se serait passé d’avoir autre chose à faire avec les Beauregard que ce contrat de travail qui devait simplement les lier. Maintenant, et ce depuis presque deux ans, c’était bien plus que ça. Une gamine et même s’il avait du mal à l’avouer, c’était bien de leur sang qui coulait dans les veines de Lucia.
« T'inquiète pas, tu ne risques pas rencontrer le paternel de si tôt» ça avait le mérite d’être rassurant pour lui, ne pas avoir à se justifier avec le grand père de sa fille. Le seul qu’elle aurait d’ailleurs puisque l’italien n’avait en aucun cas l’intention de faire rencontrer Lucia et son père. Il était n’avait plus aucun contact avec lui depuis qu’il n’était plus en Italie. Non seulement, ce serait dangereux pour lui, mais surtout, il n’en avait aucune envie. Et moins son père en savait sur son sujet, mieux il se porterait. « il est bien trop occupé à rester avec ses œillères dans sa tour d'ivoire à Sydney» d’ailleurs, le paternel Beauregard était-il son grand boss ? Il n’en avait aucune idée et tant qu’il n’avait pas affaire à lui, tant mieux. Qu’il ne soit pas présent ce soir lui mettait une petite pression de moins sur les épaules. « Je ne suis de toute façon pas la chair de son sang et comme ça a plus d'importance pour lui que le fait de m'avoir élevé pendant trente ans, il n'aurait en aucun cas le droit de se mêler de nos vies, de notre relation ou encore de l'éducation qu'on donne à Lucia. Donc c'est clair que tu n'as en aucun cas besoin de t'inquiéter de te retrouver face à lui. » Ca avait le mérite d’être clair. Katherine démontrait une fois de plus à l’italien sa force de caractère et surtout, elle lui prouvait un peu plus chaque jour qu’il avait peut être fait une connerie en lui faisant cette demande en mariage. Il redoutait vraiment de savoir de quoi elle était capable. Pour le moment, il préférait se dire que ce n’était qu’une histoire de quelques mois et quand il aura une bonne fois pour toute sa nationalité Australienne, elle ne redeviendra que cette femme avec qui il a eu Lucia. Et ce même si il savait très bien que s’il voulait continuer à voir sa fille, il devrait prendre sur lui et dire amen à bien nombreuses de ses requêtes.
« Bon ben maintenant que ça c'est dit on va tâcher de passer une bonne soirée hein ! » En tout cas, l’ambiance était posée : et si les Beauregard n’était pas cette famille si parfaite qu’il s’était imaginée ? Chacun ses démons. La blonde s’échappa avec Ezra, laissant l’italien avec deux autres de leur frère. James qu’il connaissait bien et c’était sans doute la seule personne qu’il ne redoutait pas ici. Concernant le deuxième, inconnu au bataillon. Etait-ce le moment de faire remarquer à James que son absence de l’association Beauregard se faisait remarquer ? Que sa remplaçante, Noa Jacobs n’était pas à sa hauteur ? Mauvaise stratégie ? Le savait-il sans doute déjà ? L’italien se résignerait à ne pas aborder le sujet du taf ce soir, ce n’était finalement pas le lieu.
« Eh dis donc Mademoiselle ! » attira l’attention de l’italien et se tourna vers Katherine qui s’adressait visiblement à Lucia, ayant un atrait certain pour les boissons gazeuses -ou alcoolisées. « Je vais finir par croire que tu lui fais vraiment boire de la bière lorsqu'elle est avec toi. » comme un air de fierté dans les yeux de son père, il préférait de nouveau de pas faire de remarque et ne pas raconter la dernière anecdote en date où Lucia avait bien failli gouter au verre de whisky de son père la dernière fois qu’il l’avait en garde. Heureusement, Adèle s’en était aperçu avait qu’elle n’ai le temps de vraiment tremper ses lèvres dans son verre. La brune avait fait une remontrance à l’italien qui veillait à ce que ses verres ne lui soient plus accessible depuis. « Je m’en occupe. » il devait bien se rendre utile et montrer qu’il n’était pas totalement ce genre de père à côté de la plaque. Nino s’empara de sa fille qui en profitait pour lui faire un câlin de deux secondes avant de s’en prendre à ses cheveux qui devaient lui paraitre trop long ces derniers temps. « Eh, doucement. » parce qu’elle avait d’la poigne la gamine.
S’adressant ensuite à Thomas, seul repère qu’il avait trouvé dans les parages. « Y a des gobelets dans l’coin ? » ou un verre. Un truc. « J’ai l’impression que c’est tendu, j’me trompe ? »


désoléééée