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 Enemies shaking hands. [Jarchie]

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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyMar 1 Déc 2020 - 23:01

Enemies shaking hands.

« Oh, vous savez, les affaires vont plutôt bien. » Ricane Archie, fier, en serrant soigneusement le nœud de sa cravate qui semblait de plus en plus lousse. « Une entreprise de café. C’est surprenant, pas vrai ? Il faut croire que j’ai le flair pour trouver les perles rares. » Il tend le bras pour atteindre un verre de Martini qui passait par là sur un plateau de service. Les questions fusent et les yeux des trois autres actionnaires sont brillants de jalousie ou de fascination. À ce genre de soirée, Archie est plutôt connu. Rares sont les jeunes qui misent sur la bonne entreprise du premier coup et encore plus rares sont ceux qui arrivent à entreposer un million de pièces dans leur compte en banque à seulement vingt-six ans. Trois années ont passé depuis qu’il a hurlé de joie dans son salon vide, fêtant avec lui-même son succès, et pas une fois il a loupé une occasion de faire du profit. Même si le garçon a tendance à vanter son succès, il s’empêche toutefois de révéler les vrais chiffres qu’il peut lire en consultant son banquier. S’il apprécie les applaudissements, il n’est toutefois pas complètement con ; il sait que certaines personnes ne lui veulent pas du bien et les yeux ne sont pas tous brillants dans la grande salle, ce soir. Il note certains regards noirs mais ne se laisse jamais intimider, préférant répondre avec un énorme sourire plein de dents blanches. On ne peut pas lui faire peur, à Archie, parce qu’il connait tous les trucs, toutes les méthodes, toutes les astuces pour faire trembler même le plus grand des géants. Il a lui-même rabaissé les gens différents dans sa vie et il connait toutes les insultes, même celles qui n’ont pas de définition dans le dictionnaire. Et, au fond de lui, il comprend que la source de la colère est avant tout la jalousie. « Continuez sans moi, je vais faire un tour. » Annonce l’actionnaire après avoir bu une gorgée de sa boisson alcoolisée. « Ce fut un plaisir de discuter avec vous. Gardez bien l’œil ouvert ce soir, mais ne soyez pas étonnés si les meilleures entreprises vous glissent entre les doigts. » L’air confiant, il tourne les talons dans un mouvement contrôlé, ses semelles glissent sur le tapis, et il termine en soulevant son verre : « Elles glisseront pour tomber dans mes mains. » Certains ricanent, d’autres font claquer leur langue contre leur palet : « Tu as une grande gueule, tu le sais ça, Kwanteen ? » Oui, il le sait, et ça ne l’empêche pas de se diriger vers la salle de bains en compagnie de son énorme sourire hautain.

Devant le miroir, il s’assure d’être seul. Les portes des cabinets sont ouvertes, il vérifie à deux reprises. Il humidifie légèrement ses mains pour replacer quelques mèches de cheveux rebelles, un vrai travail d’artisan. Il se penche maladroitement au-dessous du robinet pour s’hydrater un peu, connaissant les effets de l’alcool s’ils sont consommés sans entracte. « Monsieur Kwanteen ? » La voix d’un homme bien plus âgé que lui le fait sursauter ; il s’accroche au comptoir par réflexe. Il pivote vivement la tête en direction de la porte qui vient de s’ouvrir, brimant son semblant d’intimité. Il a envie de souffler un juron mais son professionnalisme est exemplaire lors de ce genre d’événement. « Vous m’avez fait peur. » Il souffle finalement en coupant le jet d’eau qui l’a empêché d’entendre le son du battant se frotter contre le sol lors de son ouverture. « Vous savez que la soirée se déroule dans la grande salle et non dans les toilettes ? » Il continue en essuyant ses mains avec une serviette propre imbibée d’un parfum de lavande. « Oui, je m’en excuse. Vous étiez occupé avec d’autres hommes et je ne trouvais pas l’opportunité de vous aborder. » Les deux mains de l’étranger sont jointes devant lui, comme s’il quémandait le pardon. « Je comprends. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » Il joue l’innocent mais il sait très bien ce que cet homme est venu faire. Il n’est pas le premier à l’approcher, ce soir, et il a été déçu des propositions jusqu’à présent. Il faut dire qu’un projet de chaussettes pour animaux de compagnie ne l’a pas vraiment enthousiasmé, même s’il n’a pas pu s’empêcher de garder une paire dans le but de la glisser aux pattes de Bucky lorsqu’il rentrera chez lui. Ce sera une sorte de prix de consolation, de le voir lutter contre ces chaussettes en courant dans la maison et en se roulant au sol comme si le feu dévorait sa fourrure. « Voilà. Mon fils et moi avons repris l'entreprise familiale… »

À peine quelques secondes plus tard, les deux hommes quittent la salle de bains sous la demande d’Archie qui ne souhaitait pas parler affaires en compagnie du vrombissement de la tuyauterie. Les bases sont établies et il faut dire que l’actionnaire ne semble pas particulièrement convaincu. La mode, ça n’a jamais été son truc. Le café, il en consomme tous les matins, au moins, et il peut distinguer les bonnes des mauvaises graines. « Et où se cache votre fils, alors ? » Il demande une dizaine de minutes plus tard, souhaitant gagner du temps avant de refuser sa demande. Il doit au moins faire l’effort de serrer la main de tout le monde pour ne pas ruiner son image devant les futurs collègues. « J’espère qu’il est venu. » S’ils font vivre l’entreprise ensemble, ce serait la moindre des choses. « Oh oui, le voilà. » Il soulève la main pour désigner un garçon qui se dirige vers eux, le dos droit, des boucles parfaites encadrant son visage tout aussi parfait. Aussitôt qu’il découvre son identité, ses sourcils se froncent. Il cache son sourire avec son verre de Martini, boit une longue gorgée, puis tend une main ferme en direction du fils qu’il a aussitôt reconnu. Ses traits sont inoubliables. Pourtant, Archie joue le jeu pour se divertir un peu. « Enchanté. Archie Kwanteen. Mais j’imagine que je n’avais pas besoin de me présenter. » Parce qu’il est le saint Graal aux yeux des entrepreneurs (en toute modestie), mais surtout parce qu’ils se sont côtoyés durant leur scolarité. Étrangement, il se souvient très bien de son nom et il n’a pas besoin qu’on le lui rappelle. « Votre père m’a parlé de votre entreprise mais j’aimerais entendre le pitch une seconde fois, dans vos propres mots. Si vous travaillez ensemble sur la marque, ce serait normal que vous puissiez tous les deux la présenter. » Il veut l’entendre, le tester. S’assurer qu’il possède le même charisme que son père. Ses yeux sont pleins de malice alors qu’il ne les décroche pas de ceux de James comme s’il lui proposait un duel.
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyJeu 3 Déc 2020 - 18:52

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Ce genre de soirées représentaient généralement tout ce qui faisait horreur à James. Beaucoup de monde, d'agitation et de poignées de mains hypocrites. Mais ce qui lui déplaisait le plus, c'était leur enjeu et cette impression désagréable qu'il avait de devoir se vendre au plus offrant pour s'éviter de couler. Il n'était pas un chef d'entreprise, il laissait le plus souvent son père s'occuper seul de ces histoires d'argent et en temps normal les affaires se portaient suffisamment bien pour qu'il n'ait même jamais à s'en soucier. Dans son atelier, affairé à concevoir les pièces qui feraient les futurs succès de Weatherton, il n'avait pour ainsi dire ni le temps ni l'envie de se mêler de ce genre de choses et arquait en général un sourcil incrédule lorsque son père lui parlait chiffres. Mais ce soir, c'était différent. Weatherton ne se portait plus aussi bien, et les derniers chiffres laissaient présager un virage que ni son père ni lui n'avaient tellement voulu voir arriver. Face à l'évidence qu'ils ne se maintiendraient pas à flot s'ils ne redressaient pas la barre maintenant, cette soirée leur était apparue comme une aubaine de sensibiliser un ou deux actionnaire(s) à leur cause. Ils avaient tout à gagner à le faire et rien à perdre en théorie, si ce n'est leur dignité à laquelle James n'avait pas renoncé si facilement. Il trouvait ça humiliant, de devoir alpaguer un de ces jeunes hommes pleins aux as pour faire perdurer un héritage qui valait bien plus à ses yeux que tout l'argent qu'ils seraient prêts à y mettre. Mais si la rumeur se répandait que Weatherton n'était plus aussi rentable, c'est plus d'un de leurs partenaires qui prendraient peur et précipiteraient leur chute. Il s'était donc laissé convaincre de l'accompagner à cette soirée, désireux de lui apporter son soutien. Un homme de son âge, seul avec une entreprise à sauver, ça impressionnerait moins que s'ils étaient deux pour défendre leur affaire. Il n'était pas un chef d'entreprise, non, mais il savait combien une première impression était primordiale.

« Je te laisse une minute, je reviens. » Son père s'éclipsa sans qu'il n'ait même le temps de se demander où il se rendait avec tant de hâte, mais il lui sembla qu'il prit la direction des toilettes et songea qu'ils n'avaient pas besoin d'être deux. Un homme passa près de lui avec un plateau et il se saisit d'un verre tout en observant l'assemblée avec une certaine curiosité. Il laisserait le choix à son père de s'y prendre comme il le voudrait, mais les autres entrepreneurs ne perdaient pas de temps à admirer la vue et il était d'avis qu'il leur faudrait aussi prendre les choses en main s'ils voulaient pouvoir repartir d'ici l'esprit plus serein. James ne comptait pas tenir la jambe de ces actionnaires jusqu'au milieu de la nuit, plus tôt il pourrait rentrer et retrouver le calme de son chez-lui, mieux il se porterait. « James ? » Une voix s'éleva dans son dos et l'incita à se retourner, reconnaissant aussitôt le PDG d'une grande marque de parfums rencontré quelques mois plus tôt. La crise n'épargnait personne. « Quelle surprise de vous trouver ici, j'ignorais que Weatherton se trouvait aussi dans une situation délicate. Votre père ne m'a rien dit, la dernière fois que nous nous sommes parlés. » Car quelle autre raison aurait-il d'être ici, si ça n'était pas le cas ? On ne venait pas à ce genre de soirées pour les petits-fours, personne ne s'y afficherait à moins d'avoir besoin d'y faire affaires. « Une situation temporaire. J'ai toute confiance en mon père pour continuer à diriger l'entreprise avec succès, tout ça n'est qu'un fâcheux contre-temps. » Et l'homme en face de lui ne pourrait pas le contredire, il était de toute évidence dans la même situation et ne pourrait soupçonner un confrère de mauvaise gestion sans jeter le discrédit sur sa propre manière de diriger. « Quel dommage en tout cas que ma femme ne soit pas là. Elle raffole de votre dernière collection. » Un sourire presque imperceptible étira ses lèvres. Quel dommage, en effet, d'être passé à coté d'une conversation plus palpitante que celles qui se tenaient ici.

Son père réapparut finalement et si James s'apprêta à venir aux nouvelles, il fut freiné dans son élan par l'apparition d'une silhouette qu'il ne s'attendait pas à voir emboîter le pas à Weatherton senior. Ses sourcils froncés se firent le miroir de ceux du brun en face de lui, dont les traits étaient si semblables au souvenir qu'il en avait gardé qu'il se figea une seconde pour les dévisager. Ses lèvres rehaussées d'un petit sourire suffisant, ses yeux d'un bleu intense, et cette confiance déroutante qu'il affichait toujours. Archie n'avait pas changé, et ça ne devrait pas le surprendre qu'il se retrouve aujourd'hui du coté de ceux qui avaient le pouvoir de sauver une entreprise ou de la regarder couler. Ça lui allait bien, et sans doute même qu'il en aurait été impressionné si sa présence dans cette salle – et aux cotés de son père – n'avait pas quelque chose d'irritant. James comprit d'entrée de jeu qu'il ferait semblant de rien, ce qui tombait bien puisque son père n'avait jamais eu vent d'aucun des échanges qu'ils avaient eu durant leur scolarité. La rancœur n'avait pas sa place ici, alors qu'il était question de ce pour quoi son père et son grand-père avant lui s'étaient battus toute une partie de leur vie. Alors James prit sur lui à son tour, serrant sa main sans une hésitation. « En effet, votre nom est sur beaucoup de lèvres ce soir. » Et c'était sans aucun doute le cas, mais pas la vraie raison pour laquelle lui n'avait pas eu besoin qu'il l'énonce pour s'en rappeler parfaitement. Son père penserait qu'il avait juste bien fait ses devoirs, en réalité Archie Kwanteen n'était pas le genre d'homme qui vous laissait l'oublier, en témoignait son regard brillant sans doute à l'idée qu'il se souvienne de lui. « James Weatherton, enchanté. » Il souffla pour la forme, et parce qu'Archie ne renvoyait pas l'image d'un homme s'intéressant suffisamment à la mode pour savoir théoriquement à qui il avait à faire. Son père ne se douterait de rien, et James était suffisamment malin pour savoir qu'ils avaient tout intérêt à ce qu'Archie ne leur fausse pas compagnie maintenant. « Bien. » Il avait visiblement en tête de voir ce qu'il valait, et James n'avait jamais été du genre à refuser un défi. Son regard soutint le sien et il ne l'en décrocha pas au moment de souffler. « Mon grand-père avait vingt-huit ans lorsqu'il a créé Weatherton. Au départ c'était juste un nom, un style. Il n'y avait ni internet, ni les réseaux sociaux pour faire connaître la marque. Il n'avait qu'un tout petit atelier, où ils étaient moins d'une dizaine à réaliser des vêtements sur-mesure, à la main. Des couturières, un brodeur, un plisseur, un plumassier, et mon grand-père. Il a ouvert sa première boutique, puis plusieurs autres. En cinquante ans il a travaillé dur pour que l'entreprise devienne ce qu'elle est et son ascension a été fulgurante. » Une success-story dont il ne pourrait pas être plus fier, lui qui dès son emménagement en Australie avait dès lors baigné dans cet univers dont il n'avait plus jamais voulu s'éloigner ensuite. « Aujourd'hui Weatherton offre toujours le même savoir-faire, les tâches les plus minutieuses de la réalisation de nos créations sont toujours réalisées à la main. Mais elle détient vingt boutiques et emploie trois-cent cinquante personnes à travers le pays. Autant d'emplois qui seront menacés si nos finances continuent de se dégrader. » Rien que dans son atelier, James travaillait au quotidien avec une trentaine de personnes avec qui il avait noué un lien particulier. « Dans le milieu, il est courant qu'on confie les rennes d'une Maison comme la notre à un créateur extérieur. Ça a été le cas lorsque mon grand-père a tiré sa révérence et que plusieurs créateurs se sont succédé pour perpétuer son héritage. Mais Weatherton c'est avant tout une affaire familiale, j'ai toujours pensé que si quelqu'un devait l'incarner ça devait être l'un des nôtres. Alors j'ai tout fait pour être un jour digne de cet héritage et il y a trois ans je suis devenu le plus jeune créateur en poste que l'entreprise ait jamais compté. » Depuis son grand-père, donc, et ça n'était pas anodin pour lui qui avait toujours pris ses aînés pour modèles, du coté de sa famille paternelle du moins. « Chez Weatherton, on veut que ceux qui portent nos créations se sentent libres d'être eux-mêmes et de refléter ce qui leur plaît. La plupart de mes collections illustrent la confiance en soi et le droit de se battre pour imposer ses propres règles. Tout ce que je créé a vocation à attirer l'attention et marquer les esprits, parce que je veux que ceux qui le portent se sentent spéciaux. » On lui reprochait parfois de ne porter presque que du noir, mais ses créations, elles, reflétaient ce qu'il avait toujours été et ce besoin qu'il avait toujours eu d'imposer sa différence. Et ça n'était pas un hasard si son regard replongea dans celui d'Archie à ce moment précis, tandis qu'il porta son verre à ses lèvres. « Mais je suis que directeur artistique, je suis sûr que notre chargée de communication vous ferait un pitch plus percutant. Je pourrais l'appeler, mais vous nous faites déjà profiter de votre précieux temps et je ne voudrais pas en abuser. Vous êtes une véritable coqueluche à ce genre de soirées, non ? » Un sourire entendu fendit le coin de ses lèvres et son père, lui, ne perçut rien du petit jeu qui s'était initié. James aurait donné n'importe quoi pour s'en débarrasser un peu plus tôt, et pourtant à cet instant il serait infiniment frustré de le voir repartir d'où il était venu.
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyVen 4 Déc 2020 - 2:13

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Les surprises ne cesseraient pas de s’accumuler, ce soir. D’abord, Archie a été interrompu dans la salle de bains, la tête à l’envers et le cou cassé pour atteindre le jet d’eau du robinet et, maintenant, il se voit transporté quinze ans en arrière, quand lui et James délimitaient la cour de récréation grâce à leur simple silhouette espacée d’une centaine de mètres. Les choses ont bien changé depuis le temps. Le petit bouclé est devenu le grand bouclé et, si Archie se laissait facilement intimider, il aurait probablement humecté ses lèvres nerveusement à la vue de son avantage de cinq centimètres. Pourtant, ce sourire collé au milieu de son visage est permanent et rien ni personne ne pourra atténuer sa courbe.

Dans ce genre de soirée mondaine, Archie tente de soigner son image devant les entrepreneurs. S’il se fiche complètement de sa mauvaise réputation chez ses confrères, il ne pourrait pas se permettre de faire mauvaise impression devant des potentiels clients. Même si rares sont les mains qu’il serre en général, il ne peut pas louper l’occasion de glisser une entreprise fructueuse dans sa poche. Malheureusement pour les Weatherton, le jeune actionnaire ne se voit pas miser sur une entreprise qui a fait ses preuves dans le passé mais qui commence à manquer de public. À ses oreilles, ça ne veut dire qu’une seule chose : les vêtements que conçoit la marque sont démodés et ne suivent pas l’évolution des goûts. Archie ne se gênera pas pour demander à voir quelques pièces s’il n’oublie pas d’y penser. « En effet, votre nom est sur beaucoup de lèvres ce soir. » S’il y a une chose qui a changé chez le plus vieux, c’est le ton de sa voix bien plus solennel qu’il ne l’était. Le frimeur prend plaisir à dénoter son élocution parfaite comme s’il était juge dans un concours de diction. La main de James dans la sienne, il ne se retient pas pour la serrer fortement – sans lui faire mal – pour lui rappeler qu’il est le chef de la meute de loups, ici. Ses vieilles habitudes ne se sont pas estompées malgré les années qui séparent les deux garçons de leur dernière rencontre. Les fausses présentations faites, l’actionnaire d’attend pas une seconde pour lancer la compétition. D’un ton parfait, soigné, pour impressionner papa Weatherton, il propose – exige – à James de lui parler de cette fameuse marque de vêtements dans ses propres mots. Il a besoin de l’entendre à nouveau comme s’il était nostalgique de l’époque où ses avions en papier atterrissaient toujours en plein milieu du front du pédé – un surnom insultant qu’il ne pourrait plus utiliser aujourd’hui, connaissant sa connotation négative. Jamais il ne pourrait s’afficher comme un homophobe, aujourd’hui. Sa carrière se fracasserait aussi fort que les dents d’un boxeur qui aurait oublié son protecteur bucco-dentaire.

Le discours de James est long mais, étrangement, le regard d’Archie se teinte d’un intérêt notable. Sa première impression n’était pas mauvaise : il sait manier les mots et la ponctuation avec perfection. Certes, son ton est un peu austère et ne serait pas particulièrement adapté pour la lecture d’un conte à un enfant qui serait rapidement ennuyé. Pourtant, l’actionnaire se sent transporté par cette histoire qu’il raconte et il doit se secouer les puces lorsque qu’il est à nouveau interrogé. Il cache son malaise derrière un ricanement et il porte son verre à ses lèvres pour se laisser le temps de retomber sur Terre avant de prendre la parole. « Nul besoin de contacter votre chargée de communication. » Il pose son regard sur le père de James afin de lui offrir un sourire ravissant. « Votre fils a bien fait ses devoirs, vous pouvez être fier. » Parce qu’il ne pourrait pas complimenter James en le regardant dans le blanc des yeux. Il vaut mieux passer par l’intermédiaire qui exerce la fonction de paternel. « L’histoire de votre marque est charmante, certes. » Il continue, les yeux toujours aussi brillants de fourberie. « C’est à se demander pourquoi vous avez besoin d’argent, aujourd’hui. C'est bien de l'argent, que vous voulez, je me trompe ? » Il observe les deux hommes un après l’autre, interrogateur, attendant une réaction, mais il décide de les aider : « Pourquoi la marque n’est plus rentable ? Marketing démodé ? Clients absents ? » Il marque une pause et plonge ses yeux bleus dans ceux de James. « Manque de talent ? » Il ne peut pas s’empêcher de la poser, cette question. Il a été élevé dans les stéréotypes, Archie, et il ne se laisserait jamais tenter par une chemise imaginée par le très cher directeur artistique qui se trouve devant lui si ses goûts en matière de mode n’ont pas changé depuis son adolescence. Il se souvient bien ces morceaux de tissu immondes qu’il portait à l’école et qui lui rapportaient rires et moqueries. « J’aimerais voir votre catalogue. Vous en avez un ? Version papier ou électronique, peu importe. » Il demande à l’intention des deux hommes en fixant toutefois le plus jeune afin d’obtenir une réponse de sa part. Il n’est pas emballé à l’idée d’investir dans une compagnie de ce genre mais il veut au moins profiter de la soirée comme il se doit puisqu’il a l’intention de quitter par la suite sans avoir conclu aucun marché ni signé aucun contrat. Il n'y a rien de plus agréable que d'agacer celui qui a subi ses moqueries pendant trop longtemps.               
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyLun 7 Déc 2020 - 17:48

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Ça n'aurait jamais du être autre chose qu'une soirée où il aurait à parler chiffres avec des actionnaires pour la plupart moindrement intéressés par l'idée d'investir dans autre chose qu'une start-up basée sur la high-tech. Ça n'aurait jamais du être autre chose qu'un mauvais moment à passer avant d'entrevoir une délivrance, lorsqu'ils auraient réussi (parce qu'il n'avait jamais été question d'échouer) à convaincre l'un d'eux de croire en ce que son grand-père avait bâti une cinquantaine d'années plus tôt. Mais la silhouette d'Archie avait à peine accroché son regard que James avait compris que ce genre de soirées aussi, avait ses imprévus. Il ne saurait plus dire depuis combien de temps il ne s'était pas tenu face à lui, à observer la fierté et la condescendance derrière chacun de ses traits. Mais ça faisait un bout de temps et le gamin qui prenait plaisir à l'humilier dans la cour de récré était devenu un homme. Ses yeux s'étaient plantés dans les siens sans plus s'en détacher, tentant d'y lire combien lui non plus n'aurait pas parié que leurs routes se recroiseraient ce soir. L'espace d'un instant, cette soirée ferait presque office de soirée d'anciens élèves et même la conversation que son père avait pris soin d'initier sans se douter de quoi que ce soit faisait illusion. A ce genre d'occasions, on comparait sa vie et ses réussites à celles des autres et ici, Archie était même en position de force. C'était lui l'actionnaire, celui qui poussait décider de sortir une liasse de billets de la doublure de sa veste. C'était lui que les entrepreneurs s'arrachaient et vers qui son père avait été attiré comme s'il était la solution à tous ses problèmes. James ne pouvait ni le décevoir ni laisser paraître quoi que ce soit qui lui indiquerait qu'Archie et lui se connaissaient, ça inquiéterait le chef d'entreprise qu'il était et ça briserait le cœur du père qui s'était toujours convaincu qu'il s'était toujours plu, à Brisbane, que pour lui tout avait toujours été facile. Leur poignée de mains, leurs regards et la façon dont son fin sourire répondait au sien, rien ne laissait filtrer autre chose que leur volonté de faire passer les affaires en premier. Ainsi James ne perdit pas une seconde pour relever le défi implicitement lancé par le jeune homme. Son discours n'avait rien de préparé et ça n'aurait de toute façon pas été nécessaire, il vivait Weatherton depuis son adolescence. Il avait entendu son grand-père lui conter ses débuts un millier de fois, avait observé son père à l’œuvre à la tête de l'entreprise familiale. Personne ne connaissait mieux son histoire que lui, et James crut l'espace d'un instant lire le début d'un intérêt dans le regard si bleu d'Archie. Une idée qui aurait pu le satisfaire, si ce bref échange entre le jeune homme et son père n'avait pas fait naître en lui un brin d'agacement. « James a toujours été un garçon sérieux et dévoué à sa famille. Pour ses vingt-deux ans, on lui a proposé de partir à Rome au Palazzo Gabrielli-Mignanelli pour suivre un stage de plusieurs mois au sein des ateliers Valentino. Mais il a préféré rester ici, avec moi. » Le regard de James s'écarquilla à peine, pourtant son père le prenait de court et cette anecdote n'avait rien à faire dans une conversation telle que celle-ci. « Je doute que ça intéresse... » Archie. « Monsieur Kwanteen. » Et il serait le dernier à se plaindre qu'ils se focalisent sur l'aspect professionnel de cet échange, n'ayant nul besoin qu'on lui rappelle qu'il s'était toujours senti le devoir de rester près de son père, un homme que son travail avait en partie isolé et qui n'avait jamais refait sa vie. James ne prétendrait jamais ne pas éprouver de regrets, c'était juste la bonne chose à faire à ce moment-là et les plus philosophes ajouteraient que de toute façon, l'Italie était venue à lui lorsqu'il avait fait la rencontre d'Alessandro. Les plus réalistes, eux, diraient que le bonheur fut de courte durée.

Son regard retrouva celui d'Archie, dont le scepticisme se devina avant même qu'il n'ait reprit la parole. C'était évident, qu'il noterait tout les mauvais points avant de noter le travail d'une vie. Qu'il ne donnerait pas cher d'eux maintenant qu'il pouvait juger qu'ils partaient de loin, avaient connu le succès et voyaient maintenant ce même succès décliner. C'était le boulot qui voulait ça, et pourtant James nota la pointe de malice au fond de ses yeux. Ça l'amusait, bien sûr, de pouvoir jouer de sa position pour leur rappeler qui avait besoin de l'autre, dans cette histoire. Et si une partie de lui trouvait l'idée insupportable, une autre devait reconnaître qu'il était convaincant, incontestablement doué dans ce qu'il faisait. Pour peu, il admirerait presque cette audace qu'il lui connaissait depuis bien avant qu'ils ne portent l'un et l'autre un costume et sirote un verre de vin. Son père fut tenté de répondre, il le vit dans son regard, mais personne ne ferait ici semblant d'ignorer que l'argent était au cœur de cette discussion. Ainsi les lèvres de James demeurèrent scellées, jusqu'à ce que la suite lui arrache un rictus un brin amer, aussitôt réprimé. « Si c'était une question de talent, Weatherton serait dans cette situation depuis déjà plusieurs années. » Il trancha à l'attention d'Archie. Il espérait probablement le provoquer et c'était sa manière d'y répondre, son sang froid toujours intact mais son égo égratigné par ce sous-entendu. « Lorsque j'ai été nommé styliste responsable de collections de Haute Couture, j'ai voulu moderniser la marque et casser les codes, et ça a payé. » La curiosité des grands noms de la mode ne s'était pas faite attendre, leurs défilés avaient rencontré le succès et leurs collections avaient fait parler d'elles. « Mais j'étais déjà conscient qu'à notre époque, le marché de la mode est dominé par le prêt-à-porter et les prix de plus en plus combatifs d'enseignes pour qui vendre beaucoup compte plus que vendre quelque chose d'unique. » Des enseignes qui ne représentaient pas sa vision de la mode, celle qui se voulait créative, originale, dominée par l'envie de marquer les esprits et de faire encore parler d'elle dans vingt ou trente ans. Il pourrait faire de simples t-shirts et s'assurer d'avoir toujours quelque chose à vendre, mais il préférait créer. « Aujourd'hui les temps sont devenus durs pour tous ceux qui essaient de proposer autre chose que ce qui se trouve partout. Parce que ça coûte plus cher, que ça demande plus de main d’œuvre et que beaucoup préfèrent placer leur argent dans ce qui a déjà fait ses preuves un million de fois. » Cette fois, c'est son regard qui soutint celui d'Archie tandis qu'il ajouta. « La plupart des actionnaires dans cette pièce diraient sûrement « oui » les yeux fermés si le PDG d'H&M se présentait devant eux. Parce que peu de gens ont aujourd'hui le goût de risque et beaucoup se fichent bien d'investir dans ce qui a du sens ou non. » Le coin de ses lèvres se retroussa d'un air entendu. C'était peut être bien lui qui, ce coup-ci, cherchait à provoquer une réaction chez le jeune homme, à piquer une partie de lui dont il cherchait à savoir à quel point elle pouvait être aventureuse. C'est vrai, sur le papier il était facile d'avoir une vision pessimiste de l'avenir de Weatherton, pourtant James croyait fermement qu'avec la bonne impulsion, la marque saurait retrouver ce qui avait fait son succès. C'était un défi, c'est vrai, mais Archie n'avait pas l'air de quelqu'un que les défis effrayaient. « J'ai justement apporté ma tablette avec moi. » Il reprit, comme une manière de sous-entendre que pour quelqu'un qu'Archie semblait vouloir enterrer et sa marque avec, il était un créateur à la pointe qui maniait les outils d'aujourd'hui sans jamais trahir le savoir-faire qu'il défendait. Un téléphone aurait fait l'affaire, mais la mode était une question de détails dont il fallait pouvoir juger précisément. « Vous y trouverez le catalogue de nos dernières collections et ceux des plus anciennes. Certaines ont fait l'objet d'une exposition à la National Gallery of Victoria, à Melbourne. Les photos y sont jointes. » Son regard raccrocha une seconde celui de son père, qui s'il ne lui disait rien semblait approuver et c'était là le plus important. Archie, lui, avait sous les yeux de quoi se faire une idée de ce que valait exactement Weatherton. De leur style tantôt élégant, raffiné, créatif, audacieux ou sensuel. La tablette passa de ses mains à celles de l'actionnaire. « Je vous laisse juger si tout repose bel et bien sur un manque de talent. » Son regard clair ne le tromperait pas : il n'avait pas envie qu'on lui lance des fleurs, simplement qu'on reconnaisse qu'il y avait plus d'idée dans ces catalogues que dans beaucoup de boutiques de ce pays. Archie n'avait pas besoin d'être pleinement convaincu, mais s'il devait lui-même lui parler de chacune de ces créations pour qu'il éprouve la curiosité de dépasser ses a prioris et de s'intéresser de plus près à ce qu'ils faisaient, il n'hésiterait pas.
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyLun 7 Déc 2020 - 18:58

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Le spectacle est commencé, les rideaux se sont ouverts pour révéler deux chiens qui attendent que l’autre fasse un premier mouvement pour en faire un second. Ils sont alertes, lucides, et pas le moindre coup de vent n’arrive à faire tressaillir l’un de leurs poils. Ils connaissent déjà la forme et la couleur des iris de l’autre mais ils continuent de les dévorer comme si, de cette façon, ils pourraient gagner le duel de regard. Tous les deux savent qu’ils sont dans une position à la fois fragile et risquée ; l’un risque de perdre sa chance de faire refleurir son entreprise et l’autre ne peut se permettre de noircir son image en public. Les dialogues qui devraient être crus sont camouflés par de jolies tournures de phrase et Archie n’est pas surpris de réaliser que son ennemi depuis toujours n’a fait que polir sa langue au fil des années. Il a toujours été un bon parleur, comme lui, mais tous les deux étaient faits pour se confronter comme l’eau et le feu. S’ils auraient pu devenir bien plus en mettant de côté leurs différences, l’intimidateur n’a jamais réussi à voir au-delà des préjugés durement forgés dans sa tête, ceux qui sont nés d’une éducation conservatrice. La seule fois où il a osé présenter le véritable garçon qu’il est devant ses parents, il a été verbalement corrigé. Quant à James, il continuait de se trimbaler dans ses habits trop serrés et ses jolies bottines soigneusement cirées. C’était injuste. Dès le début, Archie a bien compris que le pédé ne représentait que la part sombre de lui-même, celle qu’il ne devait jamais dévoiler aux yeux du monde, parce qu’il est un homme, un vrai, et ce sera avec les mots d’un homme, un vrai, qu’il s’exprimera ce soit en face du fantôme de son passé et de son père. « James a toujours été un garçon sérieux et dévoué à sa famille. Pour ses vingt-deux ans, on lui a proposé de partir à Rome au Palazzo Gabrielli-Mignanelli pour suivre un stage de plusieurs mois au sein des ateliers Valentino. Mais il a préféré rester ici, avec moi. » Le sourire de l’actionnaire s’envenime. C’est le genre d’anecdote qu’il apprécie entendre parce qu’il lui permet de comprendre le personnage devant lui, celui qu’il n’a pas vu depuis trop longtemps. Il a l’impression que son nom à lui est trop connu dans le milieu entrepreneurial et que, pour cette raison, James a une longueur d’avance sur lui. Il veut rééquilibrer la bataille alors son regard s’adoucie faussement alors qu’il hoche la tête en accordant un peu trop d’intérêt au père Weatherton. Il espère peut-être entendre d’autres histoires de famille. Pourtant, James s’oppose poliment, jugeant qu’Archie n’est pas là pour cette raison. « Oh, ne vous inquiétez pas monsieur Weatherton. J’apprécie ce genre d’anecdotes. Elles me rappellent que nous sommes tous humains, tous vulnérables. » Il soulève son verre pour trinquer avec lui-même et ne libère pas le jeune homme de son regard venimeux en avalant une gorgée de sa consommation. C’est James qui est vulnérable, pas lui, et il veut lui rappeler qu’il a toujours été plus bas placé que lui. Malheureusement, ce n’est pas le genre de leçon qu’il peut formuler à voix haute devant un homme qu’il tente de charmer ; son père, il doit apprécier l’actionnaire, ne voir que le bon en lui et sa compassion quand il refusera de glisser un chèque dans la poche de leur marque.

Malgré tout, il ne peut pas donner son verdict avant d’avoir évalué l’entreprise comme il le fait avec toutes les autres. Ça lui fait mal de l’admettre mais leur marque mérite d’obtenir la même attention que toutes les autres qui sont venues lui serrer la main ce soir – surtout, il veut paraître comme un homme juste. Alors il s’informe, interroge la famille quant aux raisons de la chute de leur profit. Pour le plus grand plaisir d’Archie, c’est son camarade de classe qui prend la parole et, il faut le dire, il s’y prend plutôt bien. La bataille sera féroce. « Si c'était une question de talent, Weatherton serait dans cette situation depuis déjà plusieurs années. » Le ton de sa voix est austère et Archie y décèle un soupçon de rancœur. Il ne pourrait pas le nier : il a insinué qu’il n’était pas assez talentueux pour faire vivre la marque à travers ses doigts de styliste. Évidemment, il l’a fait pour le faire réagir et sa réaction lui plaît particulièrement alors qu’il se lance dans l’énumération des raisons pour lesquelles l’entreprise familiale se noie de plus en plus. « Nous vivons dans une réalité capitaliste, après tout. » Il se permet de mentionner avant qu’il n’apporte l’hypothèse selon laquelle tous les actionnaires présents dans cette salle s’arracheraient le PDG d’une grande marque connue de vêtements. « N’importe quel actionnaire qui possède des parts dans le secteur de la mode, certes. Mais je ne suis pas l’un d’eux. Je préférerais que vous ne me catégorisiez pas sans me connaître, monsieur Weatherton. Il en faudra plus pour me convaincre de sortir de ma zone de confort. » Il jette un coup d’œil autour d’eux, jouant la carte du désintérêt. « Je réalise que certains de mes confrères mettent le grappin sur des entreprises plus jeunes, plus fraîches, et je commence à craindre de perdre mon temps. » Du coin de l’œil, il remarque l’embarras du père de James et il esquisse un sourire derrière sa coupe de vin. Comme c’est amusant. La dernière chance est offerte et, aussitôt, James mentionne la tablette qu’il a apportée avec lui. « Vous y trouverez le catalogue de nos dernières collections et ceux des plus anciennes. Certaines ont fait l'objet d'une exposition à la National Gallery of Victoria, à Melbourne. Les photos y sont jointes. » Il hoche vaguement de la tête et profite du passage d’une serveuse pour poser sa coupe vide sur le plateau qu’elle transporte. Une fois ses mains libérées, il attrape l’objet électronique que James lui tend. Ses lèvres se pincent immédiatement lorsqu’il pose ses yeux sur une première robe, puis un premier ensemble chic, mais il dissimule sa surprise derrière un voile impassible. Merde. Ce n’est pas horrible. Ce n’est effectivement pas un manque de talent – bon, ça, il ne l’admettra jamais à voix haute. Ce serait aussi d’admettre sa défaite. « Je vois. » Il finit par marmonner après avoir feuilleté quelques secondes les pages digitales. Jamais il ne pourrait complimenter son travail alors il opte pour la critique et, il faut le dire, trouver le moindre défaut est difficile. « Votre site internet est démodé. Vous avez un web designer ? Qui a moins de cinquante ans, évidemment. » Et il soulève la main en direction du père Weatherton pour excuser son offense vis-à-vis de son âge plus avancé : « Vous avez besoin d’attirer le public jeune. C’est celui-là qui vous permettra d’écraser la compétition. H&M et compagnie, comme l’a mentionné votre fils si futé. Je ne vous propose pas de lancer une collection pour les gamins mais je peux vous assurer qu’aucun jeune adulte dans cette salle ne se sentirait interpelé par ce site. »                
           
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyVen 11 Déc 2020 - 0:38

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Il ne leur avait fallu qu'une minute pour trouver l'un en l'autre le parfait adversaire pour le petit jeu qui s'initiait ici, sous le regard de son père qui ne devinait rien de ce que cachaient ces regards échangés, ces mots jamais teintés d'innocence, cachant leur volonté commune de se défier sans jamais donner l'impression de le faire. Archie maniait parfaitement l'exercice et elle semblait maintenant loin, la brute de la cour de récré qui s'assurait de l'humilier lorsque sa tenue ou n'importe quel autre détail de sa présence venait à lui déplaire. Dans son costume parfaitement ajusté, si plein d'assurance et de belles paroles, il était dans son élément et le regard du styliste s'arrêtait plus souvent qu'il n'en avait conscience sur ce qui faisait d'Archie le centre d'attraction d'une partie des invités. Il respirait la réussite et l'ambition, et le temps qu'il leur accordait ici était sans nul doute aussi précieux que la montre qui trônait à son poignet. Probablement qu'il voyait briller de nombreux yeux lorsqu'il agitait ses billets sous le nez d'entrepreneurs aussi impressionnables que pour certains désespérés de lui faire la meilleure des impressions. Mais ça n'était pas son apparente richesse qui captivait ici le regard de James. Son bagout et le charisme qu'il affichait sans avoir même besoin de grossir le trait, c'était ce qui rendait cette rencontre étonnamment stimulante à ses yeux. C'était la différence entre son père et lui, on n'achetait pas l'intérêt de James avec de l'argent, dans le milieu de la mode ça n'était jamais ce qui manquait. Son père qui se fendit d'une anecdote dont il se serait bien passé et qui eut l'air de satisfaire le jeune homme en face de lui. Il le voyait sur le visage d'Archie, que l'idée que son père puisse être assez charmé par sa présence pour partager ce genre d'histoires avec lui l'amusait. Beaucoup moins James, dont les sourcils se froncèrent. S'il le pensait vulnérable après cette confession, il valait mieux que son père s'abstienne d'évoquer des sujets plus sensibles, James détesterait être pris de court une deuxième fois. « Ce genre de soirées aussi vous rappellent que nous sommes tous humains et vulnérables ? » Son regard clair accrocha celui de l'actionnaire tandis qu'il porta son verre à ses lèvres, celles-ci ayant juste le temps de s'étirer dans un fin sourire sarcastique. « Je plaisante, je suis sûr que vous avez déjà du redonner de l'espoir à beaucoup de gens. » Son père semblait avoir retenu sa respiration tout du long et parut soulagé lorsque son rire se fit l'écho des paroles de son fils. Lui qui était si désireux de marquer des points auprès d'Archie ne lui pardonnerait pas de gâcher leurs chances d'obtenir quelque chose du jeune homme, et bien que réticent à cette idée James ne voulait pas plus décevoir les espoirs de son père que se montrer impoli. S'amuser à titiller l'actionnaire sans jamais laisser clairement paraître ses intention, tout en ne lâchant qu'à peine son regard, était par contre un jeu qui l'amusait beaucoup.

Il fut piqué, c'est vrai, qu'Archie sous-entende que le déclin de Weatherton pouvait être la conséquence d'un manque de talent. Il était le créateur principal de l'entreprise, ça sous-entendait que les créations qui demain seraient exposées sur les podiums et feraient la réputation de la marque sortiraient de son atelier. Remettre en question sa capacité à mettre son imagination et son énergie au service de cette marque, c'était remettre en question sa légitimité à faire perdurer l'héritage des Weatherton et la pire critique qu'il puisse essuyer. De son point de vue, il y avait bien plus qu'une seule explication à la crise que traversait l'entreprise depuis près d'un an et une partie d'entre elles avaient directement à voir avec la concurrence de marques plus attractives sur le papier, quand bien même elles contribuaient à ce que tout le monde finisse par porter la même chose que son voisin. Ça n'avait pas d'importance, et notamment aux yeux de ceux qui n'hésitaient jamais à enchérir davantage ces enseignes. Archie avait raison, c'était la société qui voulait ça et une partie de James se sentit presque coupable de l'avoir aussitôt rangé dans la même case que ceux qui baisaient les pieds des plus grandes fortunes de ce monde, quand bien même c'était de bonne guerre. Il se retint pourtant de lever les yeux au ciel, songeant que c'aurait été déplacé s'il ne connaissait rien de lui mais qu'au contraire, il n'oubliait pas qu'au milieu de ce petit jeu il en savait beaucoup sur son compte. Son père, lui, parut réellement embarrassé. « Oh, je suis sûr que ce n'est pas ce que mon fils voulait dire. Nous vous sommes tous les deux très reconnaissants du temps que vous nous accordez, Archie, n'est-ce pas James ? » Son regard croisa celui de Weatherton senior et il ne lui fut plus possible de prétendre que tout ça ne concernait qu'Archie et lui. « Oui, très reconnaissants. Veuillez excuser la passion dont je peux parfois faire preuve quand il est question de mon boulot. » Et si ça lui écorchait à moitié la bouche de donner raison à son père, ça n'en était pas moins en partie vrai. Il défendrait cette entreprise et tout ce qu'elle symbolisait jusqu'à son dernier souffle, et il était reconnaissant à Archie d'agir avec son père comme avec n'importe quel potentiel client. Même s'il ne le faisait certainement pas pour eux mais bien parce qu'au même titre que pour James, tout ça devait avoir quelque chose de grisant à ses yeux. Comme ce qui passa dans le regard du blond lorsqu'il retrouva longuement le sien, une manière de sous-entendre qu'il posait les armes pour mieux les reprendre ensuite. Et qu'il ne comptait pas montrer de lui autre chose qu'une facette minutieuse et professionnelle, malgré tout, peut être parce qu'il y voyait là l'occasion de le détromper. Les catalogues de leurs dernières collections étaient la meilleure vitrine qu'il puisse offrir pour lui donner une vue d'ensemble de ce que la marque faisait de mieux. Créer l'unique. Rien d'éphémère, rien qui se démoderait d'ici deux ans. Archie ne semblait guère impressionné mais resta silencieux assez longtemps pour que James se surprenne à tenter de deviner ce qu'il pouvait bien penser. De ses créations, du fait qu'il ait fait carrière dans ce qu'il dénigrait il y a de ça des années. Ce devait être dérisoire aux yeux d'un homme comme Archie, toutes ces pièces qui avaient une histoire, mais ça représentait tout pour lui. Ainsi fut-il au moins soulagé que sa première remarque concerne l'aspect du site. « L'équipe en charge de notre site internet est tout à fait compétente et aucun problème ne nous a jamais été signalé par nos clients. Mais si vous pensez qu'il ne rend pas justice à nos créations, il est évident qu'on en tiendra compte. » Archie Kwanteen n'était sûrement pas plus expert que lui, mais James reconnaissait justement volontiers que c'était loin d'être la partie qu'il maîtrisait le mieux. Lui, il créait, c'est tout. « Bon sang, j'ai bien peur d'être de la vieille école et de ne pas comprendre grand chose à ces histoires de sites. Je crois que je vais plutôt aller me resservir un verre, serrer la main à quelques vieux amis et vous laisser discuter entre gens du même âge. » Ses yeux attrapèrent ceux de son père tandis que celui-ci se fendit d'un dernier sourire encourageant avant de s'éloigner pour aller rejoindre un groupe d'hommes d'affaires. Le silence reprit ses droits un instant, le temps pour James de digérer cet abandon en bonne et due forme. Le voilà seul avec Archie, à présent, comme au bon vieux temps. « C'est le moment où tu cesses de faire semblant de t'intéresser à notre marque, je suppose ? Il reviendra pas avant plusieurs minutes, tu peux laisser tomber les grands sourires. » Il souffla, comme s'il n'était pas déjà assez clair que son père était la seule chose qui permettait à cette supercherie de tenir debout. A présent qu'il s'était éloigné, Archie pouvait souffler un coup. Merveilleux, n'est-ce pas ? « A moins que tu tiennes à me faire part de tes conseils pour faire tomber tous ces jeunes amoureux de notre site ? » Son regard balaya la salle pour constater qu'en effet, les (presque) trentenaires étaient en minorité ce soir mais qu'ils n'étaient pas les deux seuls.
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyVen 11 Déc 2020 - 2:16

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Les dés sont lancés et ne s’arrêteront pas de bondir tant qu’il n’y aura pas un gagnant. Archie est certain d’avoir l’avantage depuis le début et c’est probablement le cas ; il est bien celui qui se fait couvrir de compliments depuis le début de la soirée. Même s’il n’est pas stupide et connait l’utilité égoïste de ces compliments, il ne refusera jamais de les accepter avec un grand sourire. Il n’est pas un véritable roi pour tous ces entrepreneurs, il est plutôt une mine d’or encore inexplorée qui renferme plus d’opportunités que tout le reste. Il est le morceau de viande disputé par les hyènes, désiré comme le dernière goutte d’eau douce sur Terre. Il peut se permettre de s’amuser. « Ce genre de soirées aussi vous rappellent que nous sommes tous humains et vulnérables ? » Sourcils froncés, il se contente de fixer James en pensant louper le sens de ses paroles. Il préfère ne rien répondre pour ne pas montrer qu’il se sent comme le pire élève de la classe, celui qui s’est endormi en plein milieu de la leçon de trigonométrie pour se réveiller devant un examen rempli d’angles et de triangles, la bouche entrouverte de stupeur. « Je plaisante, je suis sûr que vous avez déjà du redonner de l'espoir à beaucoup de gens. » Un gloussement faux soulève sa poitrine et il détourne le regard en soupirant : il veut mieux pour lui d’afficher de l’ennui pour détourner l’attention du père Weatherton vers les échecs cumulatifs de son fils. Il est donc heureux de retrouver le visage embarrassé de ce dernier. Qu’est-ce qu’il aimerait assister à leur confrontation une fois qu’il refusera de leur refiler un chèque généreux. Pourquoi ne pas fragiliser leur relation si lui n’a jamais eu de vraies interactions avec son propre père ? C’est un juste rendu des choses.

« Oh, je suis sûr que ce n'est pas ce que mon fils voulait dire. Nous vous sommes tous les deux très reconnaissants du temps que vous nous accordez, Archie, n'est-ce pas James ? » Ses deux interlocuteurs sont de plus en plus ébranlés, fragiles, pour son plus grand plaisir – à moins que ce ne soit le père qui se mette à sentir les sueurs froides dans son dos. Devant les excuses du jeune, il se contente de faire claquer sa langue contre son palet : « Il faut apprendre à séparer la passion des affaires. Plusieurs actionnaires seraient déjà partis s’ils se trouvaient à ma place mais je souhaite vous donner une dernière chance. » Et il hausse un sourcil en plongeant ses yeux bleus abysses dans ceux de James, plutôt bleus ciels. Leurs regards, ensemble, forment l’horizon vertical qui surplombe la mer. Le dernier avertissement posé, il demande finalement à voir les créations du jeune artiste. Le retournement de situation surprend bien plus Archie que les deux autres témoins. Devant l’arsenal de vêtements qui défile devant ses yeux en parallèle avec les mouvements de son doigt sur l’écran, il reste silencieux un peu trop longtemps. Loin de lui l’envie de donner raison à James parce que, en même temps, il perdrait son avantage, son assurance. Malgré tout, le talent est indéniable et, si n’importe quel passant dans la rue féliciterait volontiers la collection extravagante du styliste, Archie reste aussi dur que le roc et décide de plutôt commenter la banalité du site internet. Aussitôt, James défend son équipe et cette réaction protectrice ne surprend pas l’actionnaire qui roule discrètement des yeux, sans que le plus vieux du trio ne puisse voir. Lèvres pincées, il offre un sourire à peine naturel à ce dernier lorsqu’il propose de laisser les deux jeunes graines ensemble. « Vous avez bien raison. Profitez de la soirée, votre fils s’occupe de tout. » Et il le salue solennellement d’un signe de la tête avant qu’il ne disparaisse à travers la foule de moins en moins condensée.        

Son sourire faux se transforme immédiatement lorsqu’il se retrouve seul à seul avec le garçon qu’il a traumatisé pendant trop d’années. Ce dernier retire immédiatement son masque, au plus grand plaisir d’Archie qui ricane en enfonçant ses mains dans ses poches. « On laisse déjà tomber les vouvoiements ? Faites attention, monsieur Weatherton, on pourrait croire que nous sommes déjà familiers. Je ne tiens pas à salir davantage mon image, ce soir. » Il prend une pause, esquisse un sourire moqueur, puis renchérit : « Mais je suppose que ça vous fait plaisir, à vous, d’être en ma compagnie devant cette foule. Après tout, je ne pense pas que vous refuseriez que votre nom accompagne le mien sur les lèvres de tous ces gens. » Il laisse son regard parcourir les dizaines de silhouettes qui les entourent et il ne peut que remarquer cette curiosité maladive dans la pupille de tous les entrepreneurs qui n’ont pas eu le courage d’approcher l’actionnaire de renom avant que ne le fassent les représentants de la marque de mode vestimentaire. S’il y a quelque chose qui lui prend aux tripes et qui a l’effet d’une drogue dans sa cervelle, c’est bien ce sentiment de supériorité qu’il le chauffe lors de ces événements mondains. Ça le rend extatique, parfois irraisonnable, et toujours condescendant. « Il n’y a qu’un seul conseil que je peux vous donner. » Il continue, lui faisant comprendre qu’il ne cessera pas de le vouvoyer de sitôt. Il veut instaurer une distance entre eux par le biais de la formalité. « Ne me contredisez pas lorsque je mentionne une faille à votre entreprise. Ce n’est pas moi qui suis venu chercher des fonds. Votre père serait déçu d’apprendre que je refuse de me joindre à vous à cause de l’arrogance de son fils, celui envers lequel il a confiance pour reprendre les rennes de cette marque mourante. » Il s’approche de James, la tête bien haute sur ses épaules, ne se laissant pas intimider par les quelques centimètres de plus du jeune homme. Dans ce genre de situation, il n’est pas question de taille mais bien de succès. Il y a la fourmi et il y a le fourmilier. « Cependant… » Il continue, plissant ses paupières pour réfléchir quelques secondes à la formulation à utiliser pour ne pas ruiner son image brute éternelle. « Je ne déteste pas vos créations. Félicitations. » Cette tentative de sincérité lui brûle la gorge et il glisse sa main dans sa poche pour en sortir un paquet de clopes déjà entamé. Il glisse un bâtonnet blanc entre ses lèvres et fait craquer son briquet en-dessous sans jamais laisser James se déroger de son regard glacial. Une fois la première latte tirée, il la souffle devant lui, juste sous le nez de James. Ses prochains mots sont murmurés. « T’as fait bien du chemin depuis notre dernière rencontre, pédé. Je veux assister à l’un de vos meetings. Impressionne-moi, fais-moi regretter de ne pas t’avoir recroisé plus tôt. » Jamais il ne cesse de le défier du regard, sachant pertinemment qu’il vient de lui offrir la plus belle chance de sa vie. Après tout, il est le seul actionnaire présent dans cette grande salle qui peut assurément redonner un souffle de vie à leur marque. Il est celui qui peut proposer les plus grandes offres, les plus alléchantes, celles qui tripleraient son salaire et son succès.    
             
       
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyMar 15 Déc 2020 - 4:34

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Il ne l'avouerait pas facilement et encore moins face à l'actionnaire, mais lorsque James avait accepté d'accompagner son père à cette soirée il redoutait profondément de passer trois heures à serrer des mains et tenir des conversations interminables avec des gens totalement ignorants de ce que sa famille avait bâti avec Weatherton. Pour ça, cet échange était aussi inattendu qu'il était divertissant depuis l'instant où ses yeux s'étaient plantés dans ceux d'Archie et qu'il avait compris que ni le brun ni lui ne lâcherait le morceau avant d'avoir eu le dessus sur son adversaire. Archie était en position de force et il en jouait allégrement sous le regard tantôt agacé tantôt fasciné du styliste, qui de son coté cachait des attaques prétendument inoffensives derrière des traits d'esprit sûrement aussi peu appréciés d'Archie que de son propre père lorsqu'il flirtait tout à fait consciemment avec le danger. James était James et là où son père et lui avaient toujours été très différents, c'est qu'on ne le verrait jamais s'agenouiller devant quelqu'un pour obtenir quelque chose de sa part. Il détesterait la seule idée d'accepter l'argent d'un inconnu (ou plus dérangeant encore, de quelqu'un qui n'avait justement rien d'un inconnu) si ça n'était pas pour préserver ce à quoi il tenait le plus. Il voulait convaincre Archie, lui donner foi en Weatherton et l'envie d'investir dans l'entreprise, mais il comptait y arriver autrement qu'en le complimentant toute la soirée ou en lui promettant de couvrir sa mère, ses sœurs, sa grande-tante et sa coiffeuse de créations Weatherton s'il consentait à faire un bout de chemin avec eux. Il pourrait le faire, mais son père était bien plus soucieux de le flatter que James, dont le regard plongea longuement dans celui de l'actionnaire, mais pas pour solliciter sa pitié. « Et je vous assure que vous ne regretterez pas de l'avoir fait. » Il assura sans ciller, comme une promesse ou bien une garantie que le temps qu'il leur accordait ce soir ne serait pas perdu s'il décidait au bout du compte d'investir dans l'entreprise. Après tout, les hommes comme Archie devenaient un peu plus riches à chaque fois qu'ils plaçaient de l'argent quelque part et Weatherton ne ferait pas exception, pas avec les idées que James avait pour la moderniser plus encore à l'avenir. C'est justement avec l'espoir qu'il saurait voir le potentiel qu'offrait la marque que le blond étudia les réactions d'Archie une fois celui-ci en position de juger son travail. Il n'était ni bavard ni expressif, mais James n'en attendait pas moins de lui et si une critique avait du filtrer entre les lèvres du brun, sans doute qu'il y aurait déjà eu droit. Alors il accueillit sa remarque sur leur site avec un peu plus de détachement qu'il ne l'aurait fait au sujet de ses créations et défendit simplement le travail de ses collaborateurs en n'excluant pas totalement l'idée de tenir compte des conseils de l'actionnaire. Un moment choisi par son père pour les laisser seuls, ce que James ne manquerait pas de lui reprocher à la fin de la soirée. Mais pour l'heure, elle n'était pas finie.

Seul face à l'actionnaire, James prit des libertés qui déplurent à son interlocuteur et eut un léger rire moqueur à l'idée qu'il semble accorder tellement d'importance à la façon dont on le percevait. A croire que l'admiration brillant dans les yeux de son père une seconde plus tôt ne lui avait pas suffi. « Peu de gens dans cette salle peuvent pourtant se vanter de m'avoir connu du temps où je dessinais mes premiers modèles entre deux cours au lycée. » Peu, même personne. Le vouvoiement paraissait tout de suite légèrement formel quand on connaissait leur passif, mais soit, il savait aussi aller dans le sens des autres quand c'était dans son intérêt. « Mais je suppose qu'il vaut mieux laisser le passé à sa place, au risque sinon qu'une anecdote m'échappe et vienne salir cette image à laquelle vous tenez tant. » A tout hasard, un de ces moments où Archie l'humiliait avec son groupe d'amis parce que ce qu'il portait n'était pas à son goût. James haussa les épaules, peu enclin au scandale et encore moins lorsqu'il risquait d'éclabousser Weatherton. Cependant, c'était sa manière de lui rappeler qu'il avait l'avantage, oui, mais que rien de ce qu'il pourrait un jour raconter sur son compte ne ferait jamais à sa réputation le tort que lui pourrait causer à la sienne si tout le milieu était mis au courant de ce qu'il prenait plaisir à faire à l'adolescence. Si James avait voulu parler, il l'aurait fait devant son père et suffisamment fort pour que personne dans cette salle n'ignore rien de leur conversation, mais il s'était tût. Parce que les différents d'hier n'avaient aucune raison d’entacher les affaires d'aujourd'hui, que de toute manière il s'était construit en niant farouchement combien ce genre d'attaques l'avaient façonné et marqué malgré lui. Il était le dernier à vouloir être vu en victime, ça n'était pas sans raison qu'il avait ravalé son chagrin au décès d'Alessandro et qu'il gardait la face quelles que soient les circonstances. Pour ça Archie avait de la chance, ils tenaient aussi peu l'un que l'autre à ce que ces vieilles histoires se sachent. A son conseil, le styliste secoua la tête et souffla. « Mon père est quelqu'un de bien, c'est un bon professionnel et un patron dévoué. J'ose espérer que l'attention qu'il a reçu ce soir n'était pas seulement vouée à entretenir ce petit jeu de dupe avec moi. » Son regard se reposa dans le sien. Il savait bien qu'Archie savait manier les mots, qu'il savait charmer n'importe qui grâce à eux et que tout le monde l'adorait à ce genre de soirées. Son père le premier. « Il a l'air de vous apprécier, Monsieur Kwanteen. Pour une raison qui m'échappe. » Il ne nierait pas que l'idée lui déplaisait, que son ego souffrait de voir son père dérouler le tapis rouge à un homme comme Archie qui n'avait sans doute que peu de considération pour eux. Mais l'actionnaire avait raison sur un point, il ne prendrait pas le risque de décevoir son père et c'est la raison pour laquelle il prenait malgré tout sur lui depuis le début de cet échange. Archie reprit la parole et si son regard ne trahit naturellement aucune surprise, James était bel et bien pris de court et mit peut être bien quelques secondes de trop à réagir. « Eh bien, vous connaissez l'adresse de notre site à présent. » Au cas où il voudrait prendre le temps d'admirer leurs créations plus en détails, ce que James ne pensait pas sérieusement possible mais c'était bien plus simple que de montrer que les compliments – même ceux qu'on déguisait – ne le laissaient jamais complètement indifférent. Venant d'Archie cette idée était d'autant plus inattendue qu'elle avait aussi d'autant plus d'effet sur sa personne, mais ça James n'irait jamais le trahir en esquissant un quelconque sourire. De toute façon, la suite l'en aurait dissuadé bien assez vite, tandis qu'il leva cette fois les yeux au ciel d'un air agacé. « , je retrouve le Archie que j'ai connu. » Le Archie mesquin et insultant, celui qui tranchait avec le joli costume dans lequel le jeune homme paradait au milieu de la foule. « C'est d'accord. » Il finit pourtant par ajouter, toujours dans la seule idée de le rallier à leur cause parce que c'était bien la seule chose qu'il voulait voir importer ici. « J'ai justement une réunion avec mon équipe lundi matin. On y parlera de nos prochaines collections et des prochaines dates clés. » Entre autres choses qui intéresseraient assurément Archie. « Assure-toi d'être prêt à entendre parler jupons et bouts de tissus pendant deux heures avant de pousser la porte de mon atelier, je ne voudrais pas que ce vocabulaire écorche les oreilles d'un homme aussi viril que toi. » Son regard ne décrocha pas du sien tandis qu'un fin sourire sarcastique étira la ligne de ses lèvres, bientôt cachées par son verre. « Je dois t'envoyer l'adresse ou tu sauras trouver ? » Leur site était en lui-même une mine d'informations, mais il n'y aurait sans doute rien d'étonnant à ce qu'un actionnaire et un client échangent leurs numéros.
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Message(#)Enemies shaking hands. [Jarchie] EmptyJeu 17 Déc 2020 - 1:57

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C’est étrange ; le temps passe, les années défilent aussi rapidement que tombe la pluie mais les choses ne changent pas vraiment. James a toujours été plus grand qu’Archie et il le surpasse encore de trois ou quatre centimètres. Ses boucles sont toujours aussi bouclées, sa silhouette toujours aussi haute et frêle, son apparence toujours aussi soignée. Adolescent, il avait cette même réserve qui lui donnait un air légèrement perdu, mais il ne l’était pas vraiment. C’est qu’il réfléchit longtemps, le plus vieux, et la moindre ponctuation dans ses phrases est calculée au millimètre près. Ça a toujours agacé Archie qui n’a jamais vraiment réussi à le déstabiliser et à le faire tomber plus bas que lui. Ils se trouvaient sur la même marche de l’échelle et il avait beau frapper, serrer les dents, tricher, tromper, il n’arrivait pas à lui faire mal. Du moins, sa gestuelle ne témoignait d’aucun affaiblissement.

C’est peut-être pour cette raison qu’il a réussi à se convaincre que James était le parfait ennemi.

« Peu de gens dans cette salle peuvent pourtant se vanter de m'avoir connu du temps où je dessinais mes premiers modèles entre deux cours au lycée. » Passant sa main dans sa barbe pour dissimuler un sourire derrière sa paume, il hausse mollement les épaules. Maintenant que le père Weatherton leur a faussé compagnie, il pourrait se permettre d’employer des mots qu’il aurait autrement évités. Il a envie de le faire. D’insulter son amour pour la mode, un métier habituellement confié aux femmes, de se moquer de ses premières esquisses comme il l’a fait dans le passé, encouragé par sa bande de potes qui lui donnait l’impression d’être le roi du monde. Mais il ne souffle pas un mot parce que ce n’est pas la place pour le faire. Et parce que son instinct lui souffle de belles promesses pour le futur de la marque de son ennemi de la cour de récréation. Le profit sera toujours plus important que le plaisir que lui prodiguerait le simple fait de réutiliser des insultes du passé. « Mais je suppose qu'il vaut mieux laisser le passé à sa place, au risque sinon qu'une anecdote m'échappe et vienne salir cette image à laquelle vous tenez tant. » Et James semble d’accord avec lui. Même si son ton est sarcastique, il arrive à entendre sa véritable pensée derrière celui-ci. Ils n’ont pas intérêt à charger leurs armes. Archie serait le seul perdant si Brisbane venait à apprendre qu’il était le genre d’homme à trouver plaisir dans la souffrance des autres. Il n’a jamais été parfait, mais ses défauts seront toujours cachés là où personne ne pourra les trouver. « Mon père est quelqu'un de bien, c'est un bon professionnel et un patron dévoué. J'ose espérer que l'attention qu'il a reçu ce soir n'était pas seulement vouée à entretenir ce petit jeu de dupe avec moi. » Il se mord le bout de la langue, contrôlant de peine un rictus amusé. Il est vrai que la présence de James l’a poussé à nourrir la conversation plus longtemps. Il n’aurait probablement pas accordé autant d’intérêt à n’importe quel autre styliste désirant coudre bretelles de soie et boutons d’or. Comme il l’a déjà mentionné à voix haute, le domaine de la mode vestimentaire n’est pas le sien. « Il a l'air de vous apprécier, Monsieur Kwanteen. Pour une raison qui m'échappe. » Légèrement surpris, il hausse un sourcil et se contente de répondre, le ton toujours aussi hautain. « La plupart des entrepreneurs font semblant de m’apprécier, ici, jusqu’à ce que je leur refuse un prêt. Mais il s’agit là de votre père et vous le connaissez plus que quiconque. Vous pensez qu’il m’apprécie réellement, alors. » Parce qu’il saurait dire si son intérêt était faux, acté. Il pourrait lire les mensonges à travers ses mots.

Et Archie ne ment pas, lui, lorsqu’il admet que les créations de James ne l’ont pas déplu. Une image vaut mille mots, comme on dit, et cette marque vaut peut-être les quelques millions qu’elle mérite. Il connait effectivement l’adresse de leur site dorénavant, comme lui rappelle le styliste, et il note dans le coin de son crâne d’aller l’explorer plus en profondeur une fois de retour chez lui sur l’écran de son ordinateur fixe. Souhaitant simplement ne pas le regretter, Archie finit par céder : il offre à son ancien camarade de classe une chance de l’impressionner pour de bon lors d’une réunion officielle. « J'ai justement une réunion avec mon équipe lundi matin. On y parlera de nos prochaines collections et des prochaines dates clés. » Il hoche vaguement la tête en sortant son téléphone de sa poche pour noter la date dans son agenda virtuel. Le prochain avertissement de James lui arrache un sourire tandis qu’il le prépare à se noyer dans un vocabulaire de styliste qu’il ne connait pas et qui ne captera probablement pas son intérêt. Jupons et bout de tissus, alors. Il ne peut déjà plus attendre. « Je dois t'envoyer l'adresse ou tu sauras trouver ? » Il redresse la tête et ricane : « Tu serais déçu si je me perdais, il vaut mieux que tu ne me laisses pas chercher seul. » Il sort de la poche de son veston une petite carte rigide et rectangulaire sur laquelle sont inscrites ses coordonnées. Il la tend à James. Quand ses doigts d’artiste s’enroulent autour de celle-ci, un gloussement soulève sa poitrine : il faut dire qu’il est tout aussi surpris que la foule autour de lui de refiler son numéro à boucle d’or. La partie est commencée.            
 
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