| | |  (#)Jeu 3 Déc 2020 - 22:48 | |
|
 Ghosts
Victoire zigzague entre les étales de légumes et de fromage du marché, il y a du monde et elle prend soin de ne frôler personne. Elle passe tellement de temps à vérifier en se retournant si personne n’est trop près ou s’intéresse trop à elle qu’elle ferait aussi bien de s’installer un rétroviseur sur l’épaule. Mais malgré tout, elle est fière. Il y a quelques mois, jamais elle ne serait allée se fondre dans la foule de l’heure de pointe du marché, plutôt mourir de faim. Elle a enfin l’impression d’avancer dans sa vie Vic, cela fait des mois qu’elle n’a pas touché à une goutte d’alcool, elle a d’ailleurs obtenu son jeton des six mois hier lors de sa réunion hebdomadaire chez les AA. Sa thérapie avec sa nouvelle psy a pris un tournant qu’elle n’aurait pas imaginé et elle a enfin de l’espoir en l’avenir. Bien entendu, elle a encore un long chemin à parcourir mais elle se sent forte et bien entourée. Elle commence même à envisager la solution que lui avait soufflé Byron il y a bien longtemps : poursuivre à nouveau son agresseur mais en Australie, cette fois-ci. Elle y pense, mais ça la terrorise car cela voudrait dire sortir de l’ombre à nouveau et replonger dans ses traumatismes. De toutes façons, sa psy pense que c’est un projet important mais qui doit attendre, elle n’est pas encore prête, pas encore assez forte.
Vic s’arrête au niveau d’un étal de fruits et admire les framboises et les kiwis, ils sont beaux, ce sera parfait pour tester la recette qu’elle a en tête depuis deux jours. Elle fait un signe à la jeune femme en tablier qui s’approche : « Bonjour, je vais vous prendre trois barquettes de framboises et un kilo de kiwi s’il vous plaît. » Et pendant que la maraîchère commence à préparer sa commande, Vic sécurise encore son périmètre d’un regard circulaire. Ses yeux glissent sur des visages, des vêtements, des chariots de courses, puis ils croisent un regard bleu et perçant. Il y a des visages que l’on oublie pas, ces sourcils légèrement froncés, cette barbe et ce sourire, elle aurait pu le reconnaître entre mille. Il n’a pas vraiment changé, pourtant cela fait bien dix ans qu’elle ne l’a pas vu. Elle reste bouche bée un instant en l’observant sans qu’il ne la voit. C’est la voix de la maraîchère qui la reconnecte à l’instant présent alors qu’elle était immergée dans le passé. Elle lui demande si 1,1 kg de kiwi ça lui convient. « Oui, oui... » dit-elle sans vraiment avoir réfléchi à la question puis elle s’éloigne de l’étal sous l’œil médusé de la vendeuse. Elle s’approche doucement de Jax, plus elle est proche plus elle est sûre. Maintenant qu’elle y pense, il lui avait dit être originaire de Brisbane à l’époque.
L’époque où elle était en plein procès contre Riddle et qu’elle avait tenté une mission suicide pour obtenir des aveux du photographe. Elle n’avait aucune preuve, la presse tout comme le système judiciaire lui faisaient bien comprendre qu’elle ne gagnerait pas ce bras de fer si elle ne leur fournissait rien. Alors, elle avait pris son courage à deux mains et avait débarqué dans le studio de Riddle avec son téléphone en mode enregistreur calé dans la poche arrière de son jean. Mais rien ne s’était passé comme prévu, le photographe avait fait sortir tout le monde de la pièce, ils s’étaient retrouvés en tête à tête mais les tentatives de celle qui s’appelait encore Juliette a l’époque furent loin d’être subtiles. Il a fini par détruire son téléphone à grands coups de talons et la plaquer contre le mur, écrasant sa trachée de sa main et l’empêchant de respirer tout en proférant des menaces et lui conseillant de se rétracter, d’abandonner le procès. C’est dans cette position qu’était Vic quand Jax est entré inopinément dans la pièce, elle lui a adressé un regard suppliant à défaut de pouvoir parler. S’il n’était pas entré, Victoire ne sait pas vraiment jusqu’où cette altercation aurait pu aller. Il a été adorable, il a essayé de la rassurer par tous les moyens possibles, l’a raccompagnée chez elle et lui a proposé de témoigner de l’agression au procès. Il a été une des rares personnes qu’elle a accepté de fréquenter pendant cette période, il a été là pour elle et même si son témoignage a peut-être empiré les choses au niveau de l’opinion publique, Vic lui sera éternellement reconnaissante. Il l’a crue et il l’a soutenue, il l’a plusieurs fois gérée en plein bad trip alors qu’elle avait consommé trop d’alcool et de cannabis pour tenter de noyer la dépression.
Puis, il a du quitter New York. Ils avaient dit qu’ils garderaient contact mais Vic a fini par ne plus répondre à personne, pas même à lui. Et plus, le temps passait, plus elle se sentait incapable de l’appeler ou de lui envoyer un simple message. Plus elle se sentait coupable de l’avoir ignoré, plus elle avait honte de revenir vers lui. Et voilà qu’elle retombe sur lui. Dix ans après. Elle est toujours honteuse quand elle se poste devant lui, elle est blanche comme un linge aussi, comme si elle avait vu un fantôme. « Jax ? » demande-t-elle simplement pour s’assurer qu’elle ne fait pas fausse route. Mais non, c’est sûr, c’est lui. « C’est Vi… Juliette… Tu me reconnais ? » Elle est tremblante car le revoir la ramène dix ans en arrière à la pire période de sa vie, mais aussi parce qu’elle est émue de le retrouver. Il a beaucoup compté pour elle même si elle n’a jamais su vraiment lui montrer. « J’arrive pas à le croire… » Qu’il soit là, dix ans après. Ils ne s’étaient pas donnés rendez-vous dans dix ans mais le destin avait décidé de les réunir en chaude matinée Brisbanienne. « Je suis désolée… Je t’ai ghosté, je m’en veux tellement... » bredouille-t-elle en baissant la tête, honteuse.
|
|  | | | | (#)Sam 5 Déc 2020 - 11:43 | |
|
 « Ghosts »
Faire la marché le dimanche matin avec son fils était un plaisir que Jax ne manquerait pour rien au monde. Avec sa mère, il avait très vite appris à bien manger, à consommer des produits frais, locaux et surtout à manger des légumes. Et dès le plus jeune âge de son fils, il avait voulu faire pareil. Lui apprendre le goût des bonnes choses lui avait semblé important et le petit garçon n'était pas difficile lorsqu'il s'agissait de manger. D'ailleurs, la maîtresse avait même fait ses compliments à Jax sur ce point vu que le petit garçon mangeait de temps à autre à la cantine de l'école. Bon, ces ces derniers temps, il était un peu dans une période de rébellion et il ne voulait plus que des pâtes et du ketchup. C'était aussi l'occasion pour le père de famille de montrer à sa progéniture à quoi ressemblait les légumes et que ce n'était pas juste en conserve ou surgelés. Le dimanche après-midi était consacré souvent à un petit peu de cuisine et le petit Virgil mettait avec grand plaisir la main à la patte.
Après un petit déjeuner copieux, une petite douche et l'habillage, les deux garçons étaient prêts pour le départ. Jax n'oublia son petit panier roulant afin de mettre ses achats sans être top encombrer et surtout pour garder une main libre pour tenir son fils. Avec la foule, il pouvait vite le perdre de vue. Ils avaient commencé par prendre des carottes et des courgettes. C'était facilement adaptable dans pleins de recette. Jax avait laissé le choix à son fils entre les poireaux ou le chou. Ils avaient fait un petit détour chez le boucher pour prendre un bon morceau de viande et chez le poissonnier pour prendre un morceau de poisson. Et les deux hommes terminaient toujours par les fruits, leur pêché mignon. « Je veux des pommes » Jax attrapa un kiwi pour l'approcher de son fils. « Tu connais pas encore ça. C'est un kiwi. On va en prendre » Virgil ne semblait pas trop partant par ce fruit tout poilu mais il changerait peut-être d'avis en le goûtant.
Les deux garçons avaient terminé leur achats et ils se dirigeaient vers la sortie lorsqu'une demoiselle se planta devant lui en évoquant son prénom. Il était surpris parce qu'il ne la reconnaissait pas du tout. Il fit un signe de la tête pour montrer qu'il s'appelait bien Jax mais il attendait d'en savoir plus. « Juliette ? » Non vraiment, il ne voyait pas mais vu comme elle semblait surprise de le voir ici, ça devait remonté à quelques temps en arrière. Il réfléchissait mais vraiment il ne voyait pas. Faut dire qu'elle ne ressemblait plus vraiment à la jeune femme sur qui il avait veillé quelques temps et cela remontait à dix ans en arrière. « Je suis désolé mais on se connais d'où ? »
|
| | | | | | (#)Sam 5 Déc 2020 - 12:51 | |
|
Ghosts
Vic n’est pas spécialement physionomiste, elle ne va pas se rappeler de tous les visages croisés dans sa vie, seulement des visages importants. Ceux qui l’ont marquée en bien ou en mal. Alors, il y a de nombreux visages qui la hantent de cette époque où elle vivait et travaillait à New York. En haut de la liste bien entendu se trouve son agresseur, mais derrière lui suivent les visages de policiers, de journalistes, de juges et jurés, d’inconnus dans la rue qui l’ont insultée… Peu de visages de cette époque ont laissé une empreinte positive dans sa mémoire, alors elle les chérie tout particulièrement. La visage de Kate celle qui l’a poussée à se défaire de l’emprise du photographe, le visage de sa mère bien sûr et notamment celui de Jax. Elle avait repensé à lui maintes fois durant ces dix ans, se demandant ce qu’il devenait, le cherchant sur Facebook sans succès. Et là, il se trouve devant ses yeux accompagné d’un enfant qu’elle n’a même pas remarqué, toute concentrée qu’elle était sur son visage à lui. Elle se plante devant lui et il a l’air confus. « Juliette ? » Au vu de son expression faciale, non, il n’a pas l’air de la reconnaître. Vic ne peut s’empêcher de ressentir une profonde déception, pourtant elle le sait qu’elle a changé depuis dix ans, elle a vieilli, pris du poids et son hygiène de vie déplorable a laissé des marques sur son visage pourtant encore séduisant. Elle sait aussi qu’il n’a aucune raison de s’attendre à retomber sur elle, ici et maintenant, après tout ce temps et si loin de New York ou de France. Pourtant elle ne peut s’empêcher de se sentir blessée. Elle ne l’a pas marqué apparemment… Mais c’est de sa faute, elle a arrêté de répondre à ses messages, elle l’a ghosté alors qu’il ne méritait pas ça, alors qu’il s’inquiétait juste pour elle. « Je suis désolé mais on se connais d'où ? » Elle se sent stupide Vic et elle a envie de partir en courant pour se sauver de l’embarras de le voir continuer à ne pas la reconnaître. Mais elle se contente de baisser la tête pour regarder le sol, un peu gênée de devoir lui rappeler les circonstances de leur rencontre. C’est en fixant le sol qu’elle voit son fils, fermement accroché à la grande main de Jax. Elle est surprise comme si elle ne devait pas s’attendre à ce qu’il ait construit quelque chose en dix ans, à ce que sa vie ait changé depuis tout ce temps… Car Vic, elle, n’a fait que du sur place depuis une décennie. « Oh ! C’est ton fils ? Bonjour toi ! » demande-t-elle avant de saluer avec douceur le petit bonhomme. Puis, elle réalise qu’elle n’a pas répondu à sa question et qu’il aimerait probablement savoir qui est cette inconnue qui se permet de s’adresser à sa progéniture. Alors elle relève la tête vers lui et plonge son regard dans le sien, elle espère qu’il reconnaîtra au moins ça, on dit que les yeux sont le reflets de l’âme, alors elle lui ouvre la porte de la sienne. « New York. Il y a dix ans. Juliette Pottier... » Elle n’a pas envie d’en dire plus, cela devrait largement suffire à replacer les choses dans leur contexte.
|
| | | | | | (#)Ven 11 Déc 2020 - 14:53 | |
|
« Ghosts »
Jax n'était pas le plus doué pour se souvenir des gens. Il n'avait pas forcément une bonne mémoire mais en plus, il voyait tellement de monde avec son travail que c'était impossible de resituer toutes ces personnes. Et puis, beaucoup de gens qu'il avait croisé sur les plateaux se souvenaient de lui ou de sa notoriété mais lui ignorait certainement leur prénom. Pourtant, là, il avait l'intuition que c'était différent. D'ailleurs, elle lui donné son prénom, comme si cela devait faire un déclic dans sa tête. Déclic qui ne se produisit pas de suite. Pourtant, il cherchait, il essayait de se rappeler une jeune femme qui s'appelait ainsi et qu'il avait connu sur Brisbane mais cela ne venait pas. Elle remarque alors l'enfant et machinalement Jax le présenta. « Oui, il s'appelle Virgil. Tu dis bonjour ? » Le jeune australien tenait toujours la main de l'enfant dans la sienne. Il y avait du monde et il ne voulait pas que le petit s'égare ou pire encore. « Bonjour madame » Virgil leva le regard sur la demoislle, ignorant qui elle était mais si elle parlait à son père, c'était forcément quelqu'un de gentil. Elle revint planter son regard dans le sien et il fut troublé sans savoir dire pourquoi. Lorsqu'elle donna la ville de leur rencontre et son nom en entier, un sourire s'afficha sur les lèvres de Jax. « Juju ? Bon sang, c'est bien toi ? » Non, il ne l'avait pas oublié. Comment aurait-il pu oublier son regard de desespoir à la fin du procès, comment elle était malheureuse à chaque fois qu'on la traitait de menteuse. « Je suis désolé de pas t'avoir reconnu, ça fait tellement longtemps. Et je m'attendais tellement pas à te voir ici. » Et puis, elle avait changé. Certainement parce qu'elle avait voulu changer de vie après le procès, oublier. Il s'approcha d'elle pour la prendre dans ses bras. « Tu as le temps là pour aller boire un café ? »
|
| | | | | | (#)Mar 15 Déc 2020 - 12:01 | |
|
Ghosts
Victoire réalise la présence de l’enfant et elle s’abaisse un peu pour essayer de croiser son regard, il est adorable et elle en déduit que c’est son fils. « Oui, il s'appelle Virgil. Tu dis bonjour ? » Le petit être humain relève finalement son regard vers la jeune femme et répond très poliment : « Bonjour madame » Elle lui adresse un vrai sourire, ce petit interlude lui fait presque oublier qu’elle vient de tomber sur Jax, un visage du passé qui ravive son lot de souvenirs douloureux. D’ailleurs, elle finit par arrêter d’admirer la progéniture de ce vieil ami pour replonger ses yeux dans ceux du cascadeur. Elle pourrait partir, dire qu’elle s’est trompée, s’il l’a oubliée c’est peut-être qu’il ne veut pas se souvenir tout simplement. Mais elle commence à sortir la tête de l’eau Vic et elle a l’impression que l’avoir retrouvé comme ça sur le marché est un signe du destin. Alors elle lui rafraîchit la mémoire, le lieu, la temporalité, son nom complet, ça devrait suffire à lui parler, du moins elle l’espère. Et oui, il se souvient tout d’un coup, elle le voit dans son regard, puis dans son sourire. « Juju ? Bon sang, c'est bien toi ? » Juju, waow, cela fait une éternité que personne ne l’a appelée comme ça. Mais étrangement, cela ne la dérange pas, elle sent toute la tendresse du monde dans ces deux syllabes. Et elle retrouve le sourire sans faille de Jax qui l’a tant aidée à cette époque où elle avait oublié elle-même comment sourire. « Et oui... » répond-t-elle en lui offrant un sourire également, moins solaire que le sien mais traduisant son soulagement qu’il n’ait pas l’air fâché qu’elle ait arrêté de répondre à ses messages des années auparavant. « Je suis désolé de pas t'avoir reconnu, ça fait tellement longtemps. Et je m'attendais tellement pas à te voir ici. » Elle enfonce ses mains dans ses poches comme pour se donner une contenance et secoue la tête doucement pour signifier qu’elle ne lui en veut pas. « T’inquiète pas… J’ai beaucoup changé... » Physiquement, déjà elle a vieilli mais aussi mentalement, il s’est passé beaucoup de choses depuis qu’elle l’a vu pour la dernière fois et les soucis ont laissé des traces sur sa peau autrefois jeune et lisse. « Toi par contre, j’ai l’impression que t’as pas vieilli ! » note-t-elle avec l’air amusé, il doit probablement avoir une bien meilleure hygiène de vie qu’elle surtout s’il est toujours aussi sportif. Puis soudain, sans qu’elle le voit venir, les bras de Jax s’enroulent autour d’elle dans une étreinte qu’elle n’est pas sûre d’apprécier. Elle se raidit un peu d’abord, par réflexe. Il y en a eu de nombreuses à l’époque, elle avait pleuré tant de fois dans ses bras. Mais elle avait perdu l’habitude et développé une véritable phobie du contact masculin, bien qu’elle se soigne. D’ailleurs, cela se voit, elle supporte l’étreinte et ne le repousse pas, elle réussit même à se détendre au bout de quelques secondes et à recevoir cette marque de tendresse. « Tu as le temps là pour aller boire un café ? » « Oui, attends une seconde ! » Elle en profite pour se défaire doucement de cette accolade de retrouvailles et aller payer et récupérer les fruits qu’elle a demandé à la maraîchère. Elle s’excuse d’ailleurs de l’avoir ainsi zappée et revient vers Jax avec un sac en papier contenant ses achats.
Ils se trouvent une buvette du marché et s’installent à une table après avoir commandé des cafés et une boisson plus adaptée pour le petit Virgil. « Bon, tu racontes quoi de beau ? Tu es toujours cascadeur ? » En tous cas si ça n’est pas le cas, il n’a pas arrêté de s’entretenir, elle peut voir que sa musculature est toujours d’actualité à travers ses vêtements. « Et ce pitchoune ? Raconte ! Tu es marié ? » dit-elle en désignant du regard le fils de Jax. Elle veut tout savoir et plus elle fera parler Jax, plus tard elle devra fournir son propre bilan des dix années passées et il n’y a rien de glorieux à raconter. Il va falloir qu’elle lui dise aussi qu’elle a changé de nom.
|
| | | | | | (#)Dim 20 Déc 2020 - 10:22 | |
|
« Ghosts »
Jax ne sentit pas vraiment que son étreinte ne plaisait pas à la demoiselle. Elle ne semble pas lui en vouloir de ne pas l'avoir reconnu et elle le complimente même. Il ne peut s'empêcher de se sentir gêné. « Pourtant j'ai pris quelques rides. Tu dis cela pour me flatter » Cela faisait quoi ? Presque une dizaine d'années qu'ils ne s'étaient pas vu et si Jax s'entretenait avec son métier, il avait malgré tout pris de l'âge et tout ce qui va avec. Elle accepta de venir boire un verre avec lui mais elle devait payer ses provisions. Pendant que Juliette s'éloignait pour payer ses courses, Jax se baissa à la hauteur de son fils pour lui expliquer le changement de programme. « Virgil, la dame, c'est une amie de papa, donc on va aller boire un verre à côté. Tu sera sage, d'accord » Il avait vraiment envie de savoir comment allait la demoiselle et ce qu'elle faisait ici sans être interrompu par les caprices de l'enfant. Celui-ci commença de suite à montrer qu'il n'était pas forcément partant. « Mais j'ai faim » L'adulte plongea une main dans son panier. « Tu pourra manger une pomme si tu veux » Le sourire de l'enfant semblait montrer qu'il abdiquait. Juliette les rejoignit aussitôt. Ils se dirigèrent vers la buvette pour passer la commande tandis que Jax donnait, comme promis, la pomme à son fils. Puis il tourna son attention vers la demoiselle. C'est elle qui commença à poser les question, comme si elle ne voulait pas trop parler d'elle. Cela ne dérangeait pas Jax. « Toujours et j'ai même plutôt bien percé. J'ai doublé deux fois un personnage de Marvel. Actuellement, je tourne une série médiévale sur Brisbane. » Tout le monde qui connaissait un peu Jax savait que son métier était quelque chose d'important dans sa vie. Pas aussi important que son fils mais presque. D'ailleurs, Juliette le connaissait plutôt bien vu qu'elle évoqua le petit Virgil. « Non, pas marié. Je suis papa célibataire » Il déposa un regard attendri sur son fils. « Je t'expliquerai plus tard » Non pas qu'il n'avait pas envie de lui en parler mais plutôt qu'il préférait ne pas parler de cela devant son fils. « Et toi alors, qu'est ce que tu fais en Australie ? »
|
| | | | | | (#)Mar 29 Déc 2020 - 22:49 | |
|
Ghosts
Ils sont installés à une petite table tous les trois, on pourrait presque croire qu’il s’agit d’une famille. Le papa, la maman et leur fils. Mais il n’en est rien, il s’agit simplement de fantômes du passé qui se sont retrouvés par hasard. L’enfant n’est que le témoin du temps qui a passé, de la vie qui a continué au moins pour l’un d’eux pendant ces dix ans de séparation. Les mains entourées autour de sa tasse fumante, Vic demande à Jax s’il est toujours dans le milieu des cascades. « Toujours et j'ai même plutôt bien percé. J'ai doublé deux fois un personnage de Marvel. Actuellement, je tourne une série médiévale sur Brisbane. » Elle est impressionnée, elle a vu tous les Marvel plusieurs fois, ça faisait partie de ces films qu’elle regardait en levant beaucoup trop le coude dans ces soirées de déprime. « Waow ! Félicitations, c’est top ça. Tu as doublé qui dans les Marvel ? » ne peut-elle s’empêcher de demander avec curiosité. Elle essaye de deviner quel personnage il aurait pu doubler, il faut un minimum de ressemblance avec l’acteur pour devenir sa doublure.
Puis, elle le questionna sur son adorable fils, il faut dire qu’elle a manqué de nombreuses choses de sa vie en dix ans alors elle veut tout savoir. Elle lui demande s’il est marié, peut-être qu’elle aurait dû s’abstenir. « Non, pas marié. Je suis papa célibataire » « Ah... Désolée... » dit-elle parce qu’elle ne sait pas quoi dire d’autre, elle se sent bête d’avoir posé cette question et suit le regard attendri du père sur son fils. Est-ce que sa mère est morte ? « Je t'expliquerai plus tard » Mince, sa mère est peut-être morte, ou en tous cas ça n’a pas bien fini entre eux, elle a mis les pieds dans le plat visiblement. Elle jette un regard désolé vers Jax mais il enchaîne comme si de rien n’était : « Et toi alors, qu'est ce que tu fais en Australie ? » Elle ne peut s’empêcher de s’arrêter de respirer lorsqu’il lui pose cette question légitime mais qui est très abrupte pour la Française. Elle commence à répondre en fixant ses doigts qui triturent la petite cuillère destinée à remuer le café : « Euh… Ça fait un peu plus de deux ans que je suis là… J’ai… changé de vie depuis tout ça... » Il ne peut pas savoir à quel point à vrai dire. Elle relève les yeux vers lui et jette un œil à l’enfant qui est occupé à regarder le chiot des gens qui sont assis à la table à côté. Visiblement il ne prête aucune attention à leur conversation, mais elle baisse tout de même d’un ton quand elle ajoute : « Je suis pâtissière maintenant, et j’ai changé de nom, personne ne connaît mon passé ici... » Ou presque. Elle est toujours incognito, quelques personnes savent qu’elle a vécu des agressions sexuelles et qu’il y a eu un procès. Une personne connait son ancienne identité mais ça reste un grand secret. « Je m’appelle Victoire Laclos maintenant, c’est le nom de ma mère... » Elle ne veut pas que l’enfant les entende mais elle ne veut que personne ne surprenne leur conversation, elle a toujours peur que quelqu’un comprenne qui elle est et rameute les journalistes jusqu’à sa porte. Son affaire est encore d’actualité, Riddle a eu d’autres accusations et s’en est encore sorti indemne, mais l’opinion sur lui a changée et elle sait que la presse serait ravie de pouvoir l’interviewer et encenser son courage alors qu’à l’époque ils l’ont traînée dans la boue. « Tout le monde m’appelle Vic... » Mais voilà, elle n’a pas beaucoup plus de nouvelles à donner, pas de mariage, pas de grande histoire d’amour, ni même une amourette, pas d’enfants, rien que sa nouvelle carrière de pâtissière et sa dépression interminable, ses excès et son désespoir, rien qu’elle ne compte lui raconter là autour d’un café et devant son fils.
|
| | | | | | (#)Sam 2 Jan 2021 - 20:26 | |
|
« Ghosts »
Lorsqu'il évoquait les Marvel, cela faisait toujours le même effet. C'était une grosse production qui avait eu un succès dans de nombreux pays et l'Australie ne dérogeait pas à la règle. Aussi forcément, rencontrer quelqu'un qui avait bosser dessus et qui avait pu côtoyer de près Robert Downey junior ou encore Chris Evans, c'était pas tous les jours. Autant souvent, il évitait de parler trop de cela mais avec Juliette, c'était différent. Il l'appréciait beaucoup, ils avaient même créer un lien lorsqu'il était à New York. « Oeil de faucon. Je sais, comme ça on a l'impression qu'on se ressemble pas des masses, mais tu serais surprise de voir les miracles des effets spéciaux. » Au départ, il avait fait un essai pour Thor mais apparemment, il avait pas été assez convaincant. Dommage, il aurait pu faire encore plus de films mais du coup, on l'avait tout de même pris pour jouer dans deux des avengers. Et il en était fier. Et d'ailleurs, il n'était pas le seul à l'être et en général, Virgil ne manquait pas de glisser un petit mot sur son super-héros de père. Mais là, il semblait trop occupé à manger sa pomme et à regarder le petit chien de ceux de la table d'à côté.
Elle s'excusa d'avoir été indiscrète mais lui s'en fichait pas mal. Il n'avait aucune honte à dire que la mère de Virgil avait voulu l'abandonner mais que lui avait pris ses responsabilités et que depuis, il l'avait presque pas vu. Mais il ne voulait pas en parler devant Virgil. Il était trop petit pour comprendre. Déjà que souvent, il posait des questions sur sa mère et que Jax tentait à chaque fois de le rassurer comme il pouvait. « T'as pas à l'être ne t'inquiète pas. » Et puis, ce fut à son tour de parler, d'évoquer son changement de vie, changement de ville, changement de prénom. Il préféra ne pas l'interrompre et juste l'écouter. Il savait que cela pouvait être compliqué pour elle d'évoquer cela et il préféra la laisser faire. « Victoire ? C'est très joli ! » Et il trouvait que cela la représentait bien. Il avait vu dans quel état elle était lorsque l'histoire avait éclaté et le procès avait eu lieu. Et le prénom de Victoire avait une certaine signification. Il devrait certainement s'habituer un peu s'ils étaient amené à se revoir. Ce qu'il espérait vivement mais il ne l'obligerait jamais. « Pâtissière, tu sais que tu as deux gourmands en face de toi ! » Et du coup, il préférait utiliser l'humour et changer un peu de sujet. Jax savait à peu près cuisiner mais il n'était pas très doué pour la patisserie, hormis les choses simples bien sûr. Par contre, il n'hésitait pas à s'arrêter dans une boulangerie pour prendre un petit encas. « Tu travailles où ? »
|
| | | | | | (#)Lun 4 Jan 2021 - 20:18 | |
|
Ghosts
Victoire est heureuse de savoir que Jax a réussi dans la vie, que sa carrière de cascadeur est toujours d’actualité dix ans après et qu’il a même participé à des blockbusters comme les films Marvel. Elle est franchement impressionnée et essaye de deviner de qui il a incarné la doublure. « Oeil de faucon. Je sais, comme ça on a l'impression qu'on se ressemble pas des masses, mais tu serais surprise de voir les miracles des effets spéciaux. » Elle le scrute en pensant à l’acteur qui interprète le fameux Hawkeye, ce n’est pas le plus connu des personnages de Marvel, il n’a pas encore eu son film dédié. « Va falloir que je revois les Avengers ! Dès qu’Oeil de Faucon va faire une pirouette, je saurais que c’est toi... » annonce-t-elle avec un air amusé. En réalité, il n’est pas sûr qu’elle le fasse, ces films lui rappellent trop une certaine période de sa vie qui n’est pas si lointaine et qui était rythmée par les beuveries en solo devant sa télé. La sobriété nouvelle de Vic réside dans un fragile équilibre et elle évite de reprendre ses vieilles habitudes de binge watching pour ne pas se déclencher des envies irrépressibles de boire. C’est déjà un miracle inespéré qu’elle ait tenu aussi longtemps et elle redoute une rechute dont elle ne pourrait plus jamais sortir.
Puis ils parlent de la mère du petit Virgil et Vic s’excuse d’avoir été indiscrète en voyant que la situation n’est pas toute rose. Elle n’en saura pas plus tout de suite, Jax n’a pas l’air affecté donc il ne doit y avoir rien de vraiment grave, mais il ne veut visiblement pas aborder le sujet devant son fils et c’est tout naturel. La Française se met donc à parler d’elle et à donner sa nouvelle identité à Jax : Victoire la pâtissière. Ce changement de vie n’a pas été facile mais à chaque fois qu’elle se présente ainsi elle apprécie fortement d’avoir sauté le pas. Il n’y a pas de comparaison, elle ne regrette pas d’avoir abandonné derrière Juliette, la mannequin, ou ancienne mannequin, ou la fausse victime, la menteuse… « Victoire ? C'est très joli ! » Elle lui adresse un léger sourire : « Merci… J’en avais besoin d’une... » Oui, après le procès, la dépression, le retour des paparazzis à l’époque de Me Too et le décès de sa mère, elle avait besoin d’une victoire et elle s’était dit que si elle l’incarnait par son prénom, peut-être que cela changerait sa vie. Mais dans le fond, elle était encore Juliette et elle traînait toutes les casseroles qui vont avec. La seule chose qui a vraiment changé c’est son anonymat et c’est déjà beaucoup. « Pâtissière, tu sais que tu as deux gourmands en face de toi ! » S’ils se mettent à parler de pâtisserie, elle va tout de suite se sentir plus à l’aise, elle a trouvé sa vocation avec ce métier, c’est même une véritable passion. « Oh oui ? Eh bien, vous avez bien mérité un énorme gâteau tous les deux... » dit-elle en regardant surtout le petit garçon qui mange une pomme bien plus saine que les gourmandises que prépare Vic, mais il faut savoir faire des écarts, non ? Elle se retourne vers Jax : « … Tu sais, pour te remercier d’avoir été là à l’époque. Et pour m’excuser aussi… Vous aimez quoi ? Le chocolat ? Le praliné ? Noisettes, amandes ? Les fruits ? Les mousses… ? » Elle aurait pu continuer comme ça longtemps, mais elle se rend compte qu’elle s’emporte comme à chaque fois qu’il est question de son métier, donc elle s’interrompt pour les laisser répondre. « Tu travailles où ? » Elle fouille dans la poche de sa veste et en sort un carte de la pâtisserie, elle en a toujours sur elle, toujours prête à parler de ce qu’elle fait et à rameuter de nouveaux clients. Elle lui tend en explicitant : « Les Fleurs du Mal, une pâtisserie française à Spring Hill. C’est pas donné, mais ça vaut le coup pour un petit plaisir de temps en temps... » Elle est fière comme s’il s’agissait de sa propre pâtisserie, pourtant, elle est loin d’avoir les moyens d’ouvrir sa propre boutique, mais en attendant les propriétaires des Fleurs du Mal lui laissent quasiment carte blanche, c’est elle la cheffe dans les cuisines et c’est déjà un bonheur de tous les instants d’avoir autant de libertés. Elle confie à Jax : « J’ai vécu quelques périodes… compliquées. » Pour ne pas dire que sa vie entière a été compliquée depuis qu’elle est devenue mannequin à l’âge de quinze ans. « La pâtisserie, ça m’a sauvée… Bon, ça m’a fait prendre quelques kilos aussi... » essaye-t-elle de dédramatiser en se rendant compte que la conversation devient probablement un peu trop grave pour des retrouvailles.
Elle scrute le visage doux de cet ancien ami perdu de vue, de celui qu’elle a connu en pleine tourmente. Elle se demande quelle pourrait être leur relation à présent, loin des paparazzis, maintenant qu’elle commence enfin à sortir la tête de l’eau. Est-ce qu’ils pourraient redevenir amis, est-ce qu’ils pourraient être proches ou est-ce que ce ne sera que ce café de retrouvailles et silence radio derrière ? Après tout, ils n’ont peut-être pas beaucoup plus à se dire que ces banalités qu’ils échangent depuis quelques minutes… Peu importe, elle est heureuse d’être tombée sur lui, il a compté pour elle et le voir heureux avec son fils ça lui réchauffe le cœur. « Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir de te revoir… C’est un peu bizarre aussi... » Ça fait tellement longtemps qu’on ne l’avait pas appelée Juliette, qu’elle n’avait pas fait face aux fantômes de son passé en chair et en os. « C’est bizarre juste parce que, je parle plus de toute cette période, c’est presque comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre. » Ce quelqu’un d’autre c’est Juliette. Mais Juliette est toujours là et ses traumatismes sont ceux de Victoire, alors elle peut dire ce qu’elle veut mais ce n’est pas vrai, elle n’est pas détachée des évènements comme elle veut le faire croire à Jax. Elle a beau s’efforcer à refouler tout cela au fond d’elle, c’est bien souvent sans succès, sinon elle n’aurait pas à tant à lutter contre elle-même au quotidien.
|
| | | | | | (#)Mar 12 Jan 2021 - 20:11 | |
|
« Ghosts »
Jax était vraiment fier de ce qu'il avait réussi à accomplir pour l'instant en tant que cascadeur. Il se souvenait de ce stage à New York où il avait enfin commencé à être dans la cour des grands. Son talent mais surtout son envie d'apprendre, son envie de se dépasser avait attirer l'oeil. C'était comme cela qu'il avait obtenu le rôle dans les avengers. Mais il ne comptait pas s'arrêter là. Il avait fait une petite pause avec l'arrivée de son fils et cette série qu'il tournait depuis déjà deux ans sur Brisbane. Mais maintenant que Virgil était grand, qu'il avait ses marques, qu'il était à l'école, il était temps pour Jax de reprend sa vie professionnelle en main, de recommencer à s'épanouir dans son job. Cela faisait plusieurs semaines qu'il se posait la question. Aujourd'hui, il savait qu'il ne resignerait pas pour une saison supplémentaires. Qu'importe s'il devait se retrouver au chômage quelques temps. Il en profiterait pour continuer de travailler. Il savait qu'il y parviendrait.
Après avoir parlé de lui, il s'intéressait à ce que devenait Juliette. Ou plutôt Victoire. Il était content de voir qu'elle avait un peu réussi à relever la tête, à se remettre un peu de ce qu'elle avait pu vivre. Et il était vraiment ravi pour elle, elle le méritait vraiment. Il risquait d'avoir un peu de mal à l'appeler Victoire à chaque fois mais il ferait l'effort parce qu'il ne voulait pas faire de boulette devant ses amis. Elle continua de parler de son changement d'orientation et elle semblait heureuse dans la pâtisserie. « Tu n'a pas a me remercier. » Il avait juste fait son devoir à l'époque et si encore maintenant, elle ou une autre avait besoin de lui, il serait présent. Surtout s'il s'agissait d'un homme qui manquait de respect. Il avait beaucoup de mal avec cela. « Mais je dis pas non à un gâteau » Virgil avait oublié le petit chien en entendant ce mot magique. « Un gâteau au chocolat ? » Pas la peine de demander ce que l'enfant préférait. En tout cas, elle avait l'air de bien aimé son métier et il était vraiment content pour elle. « C'est pas à côté de chez nous mais on passera te voir avec plaisir ! » Surtout si c'était pour acheter des petites gourmandises. D'ailleurs, le petit garçon semblait un peu s'impatienter et il avait de plus en plus de mal à tenir en place. Jax se pencha vers lui. « Oui Virgil, on va bientôt y aller » Et puis Jax n'avait pas pris de petit jeux pour l'occuper comme il faisait d'habitude.
La demoiselle semblait ravie de le voir et lui aussi, cela se voyait avec son sourire sur son visage. Pourtant, Victoire semblait assez perturber par cela. Peut-être parce que cela lui rappelait trop de souvenirs et il pouvait le comprendre facilement. Mais elle était venu à sa rencontre et c'était bien parce qu'elle en avait envie. Elle aurait pu tourner les talons et ne pas lui adresser la parole. « Tout ce que j'ai espéré les années qui ont suivi c'est que tout aille bien pour toi. Si c'est le cas, j'en suis ravi. »
|
| | | | | | (#)Dim 17 Jan 2021 - 23:51 | |
|
Ghosts
Ces retrouvailles sont un peu étranges et inespérées. Elle se retrouve à parler d’elle avec Jax et à écouter ce qui a changé dans sa vie depuis toutes ces années. Elle a envie de lui prouver qu’elle n’a pas disparu sans donner de nouvelles par ingratitude, qu’elle n’a pas oublié ce qu’il a tenté de faire pour elle et qu’elle lui est vraiment reconnaissante. Elle propose un gâteau, c’est ce qu’elle sait faire de mieux et commence à énumérer tous les types de gâteau qu’elle pourrait faire. « Tu n'as pas a me remercier. » lui assure-t-il mais elle n’est pas d’accord avec cela. « Mais je dis pas non à un gâteau » Et Vic affiche un large sourire, c’est comme ça qu’elle sait faire plaisir aux gens, en faisant des gâteaux et pour Jax et son fils, elle se surpassera. Elle y passera des heures s’il le faut, pour que la recette soit parfaite, que le gâteau soit personnalisé et aussi beau que bon. Son sourire s’élargit quand le petit s’intéresse soudain à la conversation maintenant que ça parle de sucreries : « Un gâteau au chocolat ? » La Française se penche légèrement vers le petit Virgil et lui souffle sur le ton de la confidence : « Je vais vous préparer le meilleur gâteau au chocolat de l’univers, promis juré ! »
Puis elle donne à Jax le nom de la pâtisserie où elle travaille, l’invitant à venir y faire un tour, toujours aussi fier du travail qu’elle y effectue. « C'est pas à côté de chez nous mais on passera te voir avec plaisir ! » Elle acquiesce avec bonheur et lui glisse : « Préviens-moi avant si tu peux, histoire de savoir si je suis de l’équipe du matin ou de l’après-midi ce jour-là… » La pâtisserie fonctionne bien et ils ont embauché une autre pâtissière mais elles se croisent rarement, elles se relaient surtout au poste. Et alors que Victoire commence à s’épancher peut-être un peu trop, évoquant les périodes difficiles, le petit garçon gigote sur sa chaise et attire l’attention de son papa. « Oui Virgil, on va bientôt y aller » lui glisse-t-il et Victoire se sent soudain un peu de trop, un peu trop bavarde et pas à sa place à cette terrasse de café avec ce papa et cet enfant impatient. Elle a été un imprévu sur leur parcours et la voilà qui commence à se confier à lui comme si rien n’avait changé depuis dix ans. Elle s’empresse de finir son café d’une traite : « Je suis désolée de vous retenir avec mon blabla... »
Puis, elle commence à récupérer son sac et à se lever. Elle lui dit encore à quel point elle est contente de l’avoir revu. Il va croire que t’es amoureuse si tu continues, ma vieille!, lui balance la voix dans son crâne. Elle essaye d’expliquer son comportement un peu étrange par ces retrouvailles inattendues, ce passé qui refait surface sans crier gare. « Tout ce que j'ai espéré les années qui ont suivi c'est que tout aille bien pour toi. Si c'est le cas, j'en suis ravi. » Mais ce n’est pas le cas, loin de là, à part la pâtisserie, rien ne va dans sa vie. Elle n’a rien accompli d’épanouissant en dix ans, elle est seule, n’a pas connu l’amour et se traîne des traumatismes à la pelle. Un rictus passe sur son visage pendant une fraction de seconde, peut-être qu’il ne l’a pas vue cette expression fugace qui réfute les paroles qu’elle prononce pourtant : « C’est le cas, merci. » Mensonge, mensonge éhonté, mais elle ne va pas lui raconter son alcoolisme et sa dépression maintenant, devant son fils qui est pressé de partir. Elle ne lui racontera probablement jamais. Elle a envie de fuir à présent, de disparaître avant qu’il ne lise en elle et qu’il réalise qu’elle ne va pas si bien que ça, que ce n’est qu’un masque. « Je vais y aller, j’ai une tarte à préparer... » prétexte-t-elle en soulevant le sachet de papier contenant les fruits achetés plus tôt. Elle s’apprête à s’éloigner comme une voleuse quand elle se souvient de la promesse qu’elle a fait au petit Virgil et à son père par la même occasion. Elle sort son téléphone, le déverrouille et le tend à Jax : « Il me faut ton numéro pour le gâteau… Enfin… Si tu veux... » Elle ne veut pas le forcer à lui donner ses coordonnées, ni qu’il croit que c’est une manière détournée de récupérer son numéro pour ensuite flirter avec lui par sms. Ils ont été proches par le passé mais jamais comme cela, et Vic n’est pas prête à envisager une relation autre qu’amicale avec un homme. D’ailleurs depuis lui, elle n’a pas eu de véritable ami homme pendant toutes ces années, elle s’est éloignée des hommes, les a craint, les a haïs et c’est depuis peu qu’elle parvient à se contrôler peu à peu face à eux. Depuis Kane et leur rendez-vous internet quiproquo. Elle récupère son téléphone et s’éloigne en leur faisant un signe de la main : « A bientôt ! » et elle s’éloigne avec tant d’empressement qu’il est évident qu’elle fuit quelque chose. Elle fuit la version d’elle-même qu’a cru entrevoir Jax, une version d’elle où tout va bien dans sa vie, une version qui n’existera jamais et cette pensée la bouleverse. Elle essuie la larme dès qu’elle coule sur sa joue et commence à penser à sa recette afin de se concentrer sur autre chose que son cœur en charpie et sa vie sans but.
|
| | | | | | | | | |
| |
