Cela commence à faire quelques semaines que je ne vais pas bien et que les choses s’enchaînent un peu. Ca a d’abord commencé par de la fatigue inhabituel, des maux de tête de plus en plus fréquent entrainant même des nausées de temps en temps, et puis ca a été la perte de poids inexpliqués et les malaises. Les choses se sont enchaîné sans que je ne m’inquiète, ou du moins, sans que je ne veuille m’inquiéter. J’ai tenté d’ignorer le plus longtemps possible les symptômes, de les mettre de côté en me disant que mon rythme de vie devenait simplement trop intense malgré les années qui passent, mais même en ralentissant, ca n’a pas arrangé les choses. Je passe mon temps à m’endormir devant la télévision en pleine après midi quand je ne bosse pas, je n’arrive plus à tenir en soirée et j’ai l’impression que mon lit et devenu mon meilleur ami. Bien sûr @Mia McKullan, ma meilleure amie avec qui je vis en colocation, a fini par se rendre compte de quelque chose et elle a insisté pour m’emmener chez le médecin, mais j’ai refusé. Ce n’est qu’au bout de quelques jours que j’ai finis par la laisser faire et c’est pour cela que je me trouve dans l’endroit que je déteste le plus au monde. Ma meilleure amie m’a amené aux urgences, et une fois qu’ils m’ont annoncé vouloir me garder le temps d’examens, Mia a semblé encore plus inquiète. J’ai fini par la pousser à rentrer à l’appartement pour se reposer, en lui précisant que de toute façon je ne vais nulle part.

Allongé sur un lit d’hôpital, je suis donc en train de dessiner dans mon carnet de croquis. J’ai besoin de m’occuper l’esprit, de ne pas penser à ce que tout cela pourrait signifier parce que dans le fond, je m’en doute. Je reconnais ses symptômes, je sais parfaitement ce qu’ils peuvent signifier parce que je les aie déjà eus il y a des années, mais je refuse d’y croire. Je ne veux pas me lancer dans ce genre de traitement encore une fois. Je n’ai aucune envie de devoir passer les deux prochaines années de ma vie à passer la moitié de mon temps ici. Lorsque ca frappe à la porte je suis surpris, personne a par Mia ne sais que je suis là. « Entrez. » Une femme blonde apparaît alors dans l’ouverture de la porte et je reconnais tout de suite Katherine. « Salut. » Je lui adresse un léger sourire, me rappelant alors qu’elle bosse ici. Cela fait un moment que je n’ai pas vu la blonde, celle que j’avais enfermée dans une chambre avec mon ami… ex ami, Nino. « J'ai vu ton nom sur l'un des dossiers d'admission aux urgences. » Evidement qu’elle a vu mon nom passer. « Est ce que ça va ? » Faut-elle vraiment qu’elle pose la question alors que je suis sur un lit d’hôpital. « Je pense que la réponse est évidente, non ? » Je lui réponds un peu sèchement. L’environnement de l’hôpital ne me rend pas le plus aimable. Je soupire et viens me pincer le nez. « Désolé, c’est juste… » Mais je ne finis par ma phrase et ferme mon carnet de croquis. « T’es venu m’annoncer une mauvaise nouvelle ou me dire que je peux rentrer chez moi ? »

Je déteste les hôpitaux. Je déteste ces murs bien trop blancs et cette odeur de javel ou de chlore. Cela me rappelle tant de mauvais souvenirs du début de mon adolescence. Ce n’est pas ici que j’ai été traité pour ma leucémie parce que je n’étais pas encore adulte, mais tout se ressemble tellement. Je n’ai qu’une envie c’est de sortir d’ici, de rentrer chez moi et de me foutre sous ma couette pour dormir jusqu’à demain, mais malheureusement, je sais que ce n’est pas encore possible, j’ai promis à Mia. Cela fait plusieurs semaines que je ne suis pas au mieux de ma forme et que malgré mon rythme de vie similaire depuis des années, mon corps ne semble plus arriver à suivre. Cela fait un moment que je commence à reconnaître les symptômes que j’ai, les maux de têtes, la fièvre qui va et vient, la fatigue, les bleus qui apparaissent sans raisons, les nausées, la perte de poids inexpliqués, mais je n’ai pas envie d’y croire. Je n’ai pas envie de vivre la même chose que ce que j’ai vécu il y a des années, alors j’ai repoussé ce passage sur ce lit trop blanc. Cela me met sur les nerfs d’être là, et il n’en faut d’ailleurs pas beaucoup pour que je ne devienne pas super agréable quand Katherine débarque dans ma chambre. Cela fait des mois que je n’ai pas vu la blonde, peut être même plus que cela, après tout… On ne se connaît pas vraiment. C’est pour cela que je suis surpris qu’elle soit là, devant mon lit d’hôpital.

Je lui demande rapidement si elle est là pour m’annoncer la mauvaise nouvelle, celle que je devine et qui va sûrement bientôt tomber. « Ni l'un ni l'autre. » Je fronce les sourcils. Alors pourquoi est-elle là ? « En fait .. Je ne sais pas trop pourquoi je suis venue. » Ce n’est surement pas Nino qui l’envoie, vu que l’on ne s’est pas parlé depuis des semaines et qu’il serait surement le dernier à vouloir me voir. Et puis, personne ne sait que je suis là, à part Mia. « Je crois que je voulais seulement m'assurer que tu n'ai besoin de rien. Du coup .. Tu veux que je te ramène un truc à manger ou boire ? Tu veux que je prévienne quelqu'un que tu es là ? Tu veux que je descende à l'accueil pour demander qu'on t'active la télé ? » Je souris légèrement en l’entendant débiter tout cela d’un coup. J’ai un peu l’impression de sentir de la pitié dans sa voix, mais je n’y prête pas attention parce qu’à vrai dire, je suis affamé. Je n’ai pas réussi à garder les derniers repas que j’ai mangés dans mon estomac parce que je ne me sentais pas bien ces derniers jours. « Personne à prévenir et pour la télé, j’ai mon PC. Mais par contre je dirais pas non à un burrito, de chez Guzman et Gomez, avec des nachos et pleins de guacamole. » Je lui fais un immense sourire, un peu comme pour l’acheter. « Y en a un à deux rues d’ici. » J’attrape mon sac et fouille dedans pour attraper mon portable monnaie et en sortant un billet de 20$. « Si ca te dérange pas et que tu as le temps bien sur… Mais vu que tu proposes. J’ai la dale. »

Lorsque Katherine vient me rendre visite, je me demande si elle sait que je ne suis plus vraiment ami avec Nino. Je me demande si elle sait comment les choses se sont finis avec lui, et le fait qu’il m’a traité très ouvertement de PD en apprenant que j’aime aussi bien les hommes que les femmes. Mais même si elle le sait, elle ne semble pas vraiment s’en soucier parce qu’elle est quand même venue me voir. Je me demande si elle en sait plus sur ce qu’il se passe avec moi, je me doute qu’elle se doute aussi bien que moi de ce que j’ai, mais n’était pas pressé de savoir la vérité, je n’insiste pas. Je préfère lui passer commander quand elle me propose de m’amener quelque chose à manger. Cela fait des semaines que j’ai du mal à manger, du mal à garder mon estomac plein suivant les jours, mais visiblement ce que m’ont donné les médecins aident beaucoup avec les nausées et je suis affamé. Je lui tends alors un billet de vingt dollars, ce qui devrait suffire et lui passe commande. « Je vais te chercher ça. » Je lui adresse un sourire, en fait bien content qu’elle accepte d’aller m’acheter tout ca. « Tu ne veux rien boire ? » « Un coca, s’te plait. » Je lui réponds. « A tout de suite. » Et elle quitte la chambre.

Pendant qu’elle n’est pas là, j’en profite pour envoyer quelques SMS et redonner quelques coups de crayons dans mon carnet de dessins. L’avantage c’est que vu l’heure qu’il est, elle ne devrait pas avoir à faire trop la queue. Et effectivement ce n’est qu’une petite demi-heure plus tard qu’elle revient avec le sachet dans les mains. « Monsieur est servi ! » « Hmm, merci beaucoup ! » Je lui dis en déballant ce qu’elle vient de m’amener et prenant rapidement une bouchée. Je crois que j’avais même encore plus faim que ce que je pensais. « Bon .. Peut être qu'il vaut mieux que je te laisse maintenant si tu n'as besoin de rien d'autres. » Il faut avouer que l’idée de me retrouver seul à nouveau dans cette chambre d’hopital ne me ravie pas vraiment. « Je peux te ramener un vrai petit déjeuner demain matin si tu veux. » « C’est gentil, mais ca ira tu sais. » Je lui adresse un sourire. « Dis… Comment va Lucia ? » Parce qu’en temps normal j’ai des nouvelles de la petite par Nino, mais vu que nous ne sommes plus vraiment en contact, je demande à sa mère. « Ca fait un moment que j’l’ai pas vu. » J’avoue avec un petite sourire avant de tendre ma barquette de nachos vers Katherine pour qu’elle en prenne une. « Elle a du bien grandir. » Je ne suis pas un grand fan de gamin, mais il y a toujours des exceptions.

Lorsque je demande à Katherine d’aller me chercher à manger, je dois bien avouer que je ne pense pas au fait qu’elle doit sûrement avoir envie de rentrer chez elle. Je ne sais pas trop combien d’heures elle bosse par jour ici, ni même si elle est pressée pour rentrer, mais j’en oublie qu’elle a sûrement sa fille qui l’attend chez elle. Je n’y pense pas, pas parce que je me veux égoïste, mais plutôt parce que cela ne me vient pas en tête tout de suite. Alors lorsqu’elle revient les mains pleines et que mon ventre se manifeste bruyamment, je la remercie. C’est presque la bouche pleine, bien plus affamé que je ne le pensais que je fais signe à Katherine de se servir de Nachos si elle veut. « C’est gentil, mais ca ira tu sais. » J’hausse les épaules et prends une nouvelle bouchée de mon burrito. Elle me propose ensuite de revenir pour le petit-déjeuner et je lui réponds que ce n’est pas la peine. La nourriture de l’hôpital n’est pas bonne certes, mais j’espère bien pouvoir sortir d’ici assez rapidement tout de même. J’espère cela avant que ma mère n’apprenne la nouvelle, avant qu’elle ne commence à s’inquiéter. « Ok. Comme tu veux. » Je lui adresse un sourire.

Un peu curieux, mais pensant surtout à Nino, je demande alors des nouvelles de Lucia. Je ne connais pas beaucoup la petite, je ne l’ai vu que quelques fois avec son père, avant qu’il ne veuille plus me parler. Un pincement au cœur. Oui, ce souvenir est définitivement encore douloureux. Il faut croire que je ne connaissais pas aussi bien l’italien que je le pensais. « Elle se porte comme un charme. » Me répond la blonde et je lui adresse un sourire. Au moins une bonne nouvelle. Je ne suis pas très doué avec les gosses, en général ils m’aiment bien mais je ne sais pas trop y faire. Il n’y a qu’avec mon filleul que c’est différent. « Ca grandit beaucoup trop vite ces petites choses. Tu veux voir ?! » Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle fouille dans son téléphone pour en sortir une photo de la petite blondinette dans des couettes. Elle doit être une mère formidable Kate, ca se voit à la manière dont ces yeux s’illuminent lorsqu’elle parle de Lucia. « Ce sont ses premiers pas. Et là, sa première tentative de course. » Je souris un peu en regardant les photos et vidéos qu’elle me montre. Elle est gaga et cela me fait sourire. « Oh et là, Lucia a tenté de se déshabiller toute seule. C'est pas la première fois parce que je m'y attendais pas mais là c'est l'une des premières fois qu'elle a dit maman. » Elle a l’air fière, vraiment fière et cela me fait penser à Kayleigh, ma cousine lorsqu’elle a eu son fils qui a aujourd’hui neuf ans. « Si jamais tu veux la voir ça peut se faire, tu sais. » « Je suis pas sur que Nino soit d’accord. » Je lui réponds. Pas sur que l’italien veuille un ‘PD’ près de sa fille. « On ne se parle plus vraiment. Il faut croire qu’il est fermé d’esprit. » J’ajoute simplement en voyant le regard interrogateur de Katherine. Je mets des nachos dans ma bouche. « Tu ne devrais pas aller retrouver ta fille d’ailleurs ? »

Je suis bien content de pouvoir enfin manger quelque chose sans me mettre à vomir tout de suite après. Depuis le temps que je voulais des nachos et puis, il faut surtout que je reprenne un peu de poids. Avec cette foutue maladie je commence vraiment à devenir bien trop maigre à mon gout. Katherine quand à elle semble bien s’installer à côté de moi et, aussi bizarre que cela puisse paraître venant de moi, la compagnie n’est vraiment pas désagréable. Je lui demande un peu des nouvelles de Lucia, sa petite tête blonde et la fière maman qu’elle est commence à me montrer des tonnes de photos de la petite, ce qui me fait un peut sourire. Mais à parler de la gamine, nous en venons aussi à parler de Nino, et je ne veux pas m’étendre sur son sujet. « Comment...» Mais elle n’insiste pas, comprenant visiblement que je n’ai pas envie d’en parler. « Il n'a pas besoin d'être au courant que t'as vu Lucia, tu sais. » Je relève la tête vers elle et lui adresse un léger sourire. « On verra. » Je réponds simplement. Parlant de la petite, je me demande d’ailleurs ce que Katherine fait encore avec moi alors qu’elle devrait être avec sa fille. La famille c’est sacrée et jamais je pourrais demander à Kat de rester alors que sa fille doit sûrement avoir envie de voir sa mère. « Oui, tu as raison... C'est ce que je devrais faire. » « Alors file. » Je lui dis. « Je m'en vais mais donne moi ton numéro avant. » J’hoche la tête et saisis le téléphone qu’elle me tend. J’y rentre mon numéro avant de lui redonner l’objet. « Je ne bosse pas demain mais si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas. » J’hoche une nouvelle fois la tête. J’ai toujours cette sensation bizarre quand je vois Katherine, cette sensation que l’on se connaît plus que simplement grâce à Nino, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. « A la prochaine ? » « Oui, en espérant que ca ne soit pas ici la prochaine fois… » je lui répond alors qu’elle se lève pour quitter la chambre.

- FINI -