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 all we need is five minutes (willer #33)

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Message(#)all we need is five minutes (willer #33) EmptyDim 6 Déc 2020 - 5:38

Tout sonnait comme le pire des plans du monde. Mais j’y suis allée, all in, belle idiote qui n’apprend rien apparemment et certainement pas ce soir en plus du reste. Si j’avais été de ceux et celles dans la salle, j’aurais fort probablement pris un p’tit deux secondes de rien du tout juste pour passer derrière ma silhouette et me foutre la plus violente des claques derrière la tête en finissant par me tirer par le collet hors d’ici. Hors de l’immense pièce avec une scène centrale, hors de la salle qu’ils ont décorée comme si c’était un truc vraiment important qui allait se jouer ce soir. C’est important, le truc qui se joue ce soir. Ce sont les prix littéraires qui sont décernés, ce sont nos Oscars à nous, les gens (pédants) d’arts et de lettres. Et même si je m’en moque depuis la seconde où Sophie m’a dit que mon bouquin s’était taillé une place dans les nommés, n’en reste qu’après deux coupes de champagne troquées à Saül qui s’est octroyé le rôle de decoy sans que personne s’étonne, l’espèce de stupide frénésie de la soirée a fini par m’accrocher un sourire aux lèvres.

Je gagnerai pas, j’en veux pas de leur trophée qui a l’air d’être en forme phallique quand tu le mets dans le bon angle de lumière. J’en veux pas de leur discours de merde tout bien préparé pour lécher mes baskets alors que je les ai remplacées ce soir pour des escarpins qui font de mes petits orteils leurs chouchous en classe de boucherie. J’en veux pas, de leur main d’applaudissements, la même qu’ils réservent de la plus hypocrite des manières pour faire genre si les caméras nous filment, on va avoir l’air d’être des bons joueurs, de perdre avec classe, grâce et dignité. Personne aime perdre - et finalement, moi non plus.

Il est au bar à probablement et avec toute logique menacer de mort quelconque serveur que ce soit que s’il s’approche de moi avec le moindre millilitre d’alcool ce sera synonyme de sa mort aussi louche que drastique. Moi pendant ce temps-là, je jubile de les voir tous être stressés d’entendre que la cérémonie va commencer dans une dizaine de minutes, au point où les sourires sont presque aussi faux que le sont leurs doigts qui se triturent les uns les autres. Les conversations sont nulles, les rires sont forcés, Sophie est la seule qui est chill comme moi parce qu’apparemment c’est bien sûr qu’on gagnera pas. Nous, on est là que pour les hors-d'œuvres de riche dont on se remplit les joues. Elle, elle a l’air de serrer des mains aussi, de faire des deals et autres ententes. Je sais pas si c’est pour moi ou si c’est pour un autre de ses auteurs, rien à battre en vrai quand c’est bel et bien du tartare de thon qui me passe sous le nez et auquel je cède presque à la seconde. C’est du poisson cru et c’est la mort aux yeux du mari le plus suffoquant du monde qui apparemment est aussi le mien de mari. Et j’ai le goût, j’ai foutument le goût mais - mais. Il est venu ce soir, tout portait à croire qu’il ne viendrait pas, mais il est là. Autant en profiter le temps que ça dure.

« Tu l’as payé combien pour pas qu’il - » m’approche à plus de deux mètres aurait été la fin logique de ma phrase, quand je m'immisce aux côtés de Saül toujours appuyé au comptoir du bar du soir. Yep, ma phrase n’aurait certainement pas fini sur un « - tu sens ce que je sentais à quinze ans quand j’ai découvert l’existence des Jägerbomb. T’as bu quoi comme ça?  » s’il puait pas l’alcool à ce point. Du coup, le bar open est devenu sa nouvelle religion lui qui finalement boit mes rations en plus des siennes, c’est ça?
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Message(#)all we need is five minutes (willer #33) EmptyLun 7 Déc 2020 - 2:22

Il n’est pas arrivé en retard et c’est déjà ça.

Sa cravate est bien nouée, il fait bien, propre sur lui. Pas un cheveux de travers, montre au poignet - pas celle qui les unit, qui trône en solitaire sur la table de nuit depuis des jours, oubliée et délaissée. Cravate noire, costume noir, chaussures noires. Très formel, dans sa tenue d’homme d’affaires, il ne vient pas au bras d’Ariane puisque cette dernière virevolte dans la pièce, éclairée par tous les halos de lumière des environs. Elle rayonne et Saül a cessé de la contempler depuis qu’il s’est installé au bar - depuis le début, en fait. Il n’a serré que quelques mains, les yeux déjà fiévreux d’avoir enfilé trop de verres avant de venir. Rien ne l’arrête plus, maintenant qu’il vit sur la réserve. Les comptes bloqués sont plus nombreux que les comptes sur lesquels il peut s’appuyer, maintenant que le divorce est bien avancé - presque achevé, en fait.

C’est lui qu’on achève, lui qu’on presse jusqu’à la dernière petite pièce, jusqu’au dernier petit billet. Accoudé au comptoir, il compte - et c’est fastidieux - les lieux qu’il a perdu dans tout ce bordel. Il y a la maison ici, bien qu’Elise l’accepte désormais un peu mieux sous ce toit de malheur. Merci à Cosimo de se dévouer pour mettre un peu de drame - vous en voulez encore ? - à la fête. Il y a les appartements en bord de mer, les chalets sous la neige, les derniers morceaux qui leur appartenaient au Canada. Et puis, le joyau de la couronne, Grenade. Elle compte pour trois mais Saül a déjà perdu le compte. Ses doigts se referment sur le verre et voilà qu’il en termine le contenu. Tous sont au champagne, lorsque lui tourne au whisky depuis quelques - trop - longues minutes déjà. Où est Ariane, point de lumière dans la foule ? Sans doute en train de serrer des mains, elle aussi. A son tour, un peu. On ne confie que très peu cette responsabilité à Saül, depuis qu’il est occupé avec son divorce. Anja dit qu’il ne fait pas bonne figure, qu’il n’est pas assez “au top” pour les dîners avec les clients. Elle gère tout, avec les autres, tandis que Saül fait ses siestes sur le canapé du bureau. La fatigue pouvait justifier le tout, avant. C’est plutôt l’alcool qui l’aide à dormir, désormais, lorsque l’environnement devient trop obsédant. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ses affaires sont parfaitement rangées. Cet aspect là de sa personnalité ne s’est pas dégradé, dernière bouteille - vide ? - à la mer sur l’océan de soucis. A la bouche, Saül n’a que trois mots : tout va s’arranger.

Ariane et Saül n’ont plus que de rares moments de calme. Point trop de disputes non plus. Pour se confronter, de toute façon, il faudrait déjà que l’italien soit présent sous le même toit qu’elle. Ces derniers jours, il ne l’a croisé qu’une fois un matin, en rentrant d’une nuit passée à dépenser l’argent qui reste sur un compte en banque jusque là oublié.

« - tu sens ce que je sentais à quinze ans quand j’ai découvert l’existence des Jägerbomb. T’as bu quoi comme ça?  » « Tu pues l’arrogance et je dis rien, moi. » Le verre est vide. Un tapotement sur la table et un coup d’oeil au préposé au bar plus tard et un autre vient le remplacer - plein. Les prunelles de Saül se posent enfin dans celles de sa femme - ha oui, sa femme, la resplendissante, Saül s’est promis d’être là pour cette cérémonie dont il a complètement oublié l’intitulé - à qui il lève son verre. « Je bois à ta victoire, fais pas cette tête. T’es superbe. » Comme toujours. Qu’est-ce qu’elle fait avec lui, le minable tiré à quatre épingles qui ne trompe personne dans son costume ? Il n’y a bien que ça pour sauver les apparences. « C’est bon, t’as gagné, on rentre ? » Là pour elle, seulement à moitié. S’il s’écoutait, il serait probablement déjà dans l'ascenseur à se tirer loin de ces gens qui se congratulent entre eux. Il n’y a personne pour remarquer sa présence et c’est difficile, de regarder briller l’auteure de loin. Quelqu’un est clairement descendu - correction : s’est cassé la gueule - de son piédestal. Quand l’instant d’après, Saül s’avance maladroitement pour embrasser Ariane et manque de se vautrer, c’est un rire qui le prend au ventre. « Ils ont lu ton bouquin les gens là ? Ils peuvent sérieusement en juger ? Remarque, je l’ai pas lu non plus, heureusement que je suis pas du jury. »

Il n’est pas arrivé en retard et correction : sa présence, on s’en passerait.
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Message(#)all we need is five minutes (willer #33) EmptyLun 7 Déc 2020 - 15:16

« Tu pues l’arrogance et je dis rien, moi. »
« C’est trop d’honneurs.  »

Il a l’air d’être habillé pour aller à un enterrement. Si y’a un moment j’aurais été la première à en rire, à pointer du doigt toutes les fois où il grogne et où il râle, là par contre ce sont des doigts bien moins joueurs qui dégagent le verre de devant les siennes de mains, empotées. Il pue et je suis arrogante, je pense qu’on a fait le tour des salutations d’usage. C’était une belle soirée où il était (enfin) présent, jusqu’à ce qu’il ouvre sa gueule apparemment. « Je bois à ta victoire, fais pas cette tête. T’es superbe. » « Si t’écoutais tu saurais que rien n’est annoncé encore. Tu bois à quoi alors?  » je déteste jouer à l’adulte quand il en réclame les lettres de noblesse à chaque jour qui passe. Je déteste être la grande personne mature qui lui approche le pichet d’eau avant qu’il ne manque de le reverser deux fois et deux autres sur une des copies de mon livre que j’avais traînée pour lui en bonne petite conne idéaliste que j’ai pu être pendant une seconde top chrono. Je déteste surtout son regard vitreux et l’automatisme de regarder sous ses narines à défaut de le croire si je lui demandais combien de lignes il s’est fait comme un raté dans les toilettes du vignoble de merde où on est tous entassés.

« C’est bon, t’as gagné, on rentre ? »  c’est pas un vignoble de merde. C’en est un tout à côté d'un hôtel avec un penthouse et avec un immeuble d’en face, un hôtel auquel on est venus une fois et d’autres avant ça. Mais cette fois-là c’était celle de la montre et c’était celle de la nuit en entier, des fraises et de la truffe, de la première page d’un menu complètement pathétique et du saut en parachute bouclé entre deux critiques improbables. « Personne te demande de rester.  » à nouveau, l'endroit reprend son statut de merdier ambulant. Je lui ai demandé de venir mais à choisir, je suis persuadée que jamais il ne voudrait rester.

C’est ça, de grandir avec la phobie qu’ils partent tous. Ça donne le droit - du moins, dans ma tête à moi - de les repousser tous autant qu’ils sont. À défaut d’être assez patiente pour attendre que les gens me prouvent que j’ai tort et qu’ils ont raison, c’est vers l’opposé que je file à la vitesse de l’éclair, prête à le pousser dans ses retranchements autant qu’à faire pareil lorsque je vois sa silhouette désarticulée se battre contre la vie en elle-même rien que pour descendre du banc sur lequel il était vautré. « Ils ont lu ton bouquin les gens là ? Ils peuvent sérieusement en juger ? Remarque, je l’ai pas lu non plus, heureusement que je suis pas du jury. » ouais, il l’a pas lu. Et ouais, heureusement qu’il en fait pas partie. « T’es venu, t’as vu, dégage.  » son baiser se perd dans le vide, mes mots claquent comme mes escarpins qui laissent l’écho de mes pas sur le plancher vernis suggérer que c’est certainement pas ce soir que des semaines à accumuler autant d’insultes que de questions vont finir par en venir à une fin. Vaut mieux qu’on garde ça pour ailleurs, vaut mieux pour lui qu’il ne gâche rien - de plus. La montre n’est certainement plus à mon poignet ni au sien depuis plusieurs jours déjà.

« Ariane, Saül, ça va commencer!  » oh Sophie, c’est presque terminé. « Me touche pas.  » que j’anticipe, la tête qui tourne vers lui et son haleine qui le précède. « C’est bon sur l’arrogance, là? Ah oui, c’est vrai, tu dis rien.  » autant jouer sur ses mots à défaut qu’il n’ait même pas été assez loyal pour lire les miens. Ils parlaient de lui, plusieurs fois plutôt qu’une. Le papier fait un super bois d’allumage paraît-il.


NDLR:
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Message(#)all we need is five minutes (willer #33) EmptyLun 7 Déc 2020 - 17:13

« Si t’écoutais tu saurais que rien n’est annoncé encore. Tu bois à quoi alors?  »
« A ma victoire à moi, du coup. J’ai gagné un appartement à Moscou, tu sais ? »

Un logement pourri - enfin, pourri comme on l’entend pour lui - et pas de souvenirs, c’est un appartement où il n’a pas beaucoup mis les pieds. Il ne vaut pas grand chose de toute façon, mais c’est la seule chose dont Elise n’a pas voulu. Elle avait flairé la mauvaise prise et Saül ne s’est pas battu pour avoir quoi que ce soit d’autre de toute façon. Tout ce qu’il voulait, c’était Grenade. Cela, elle l’a pris, l’a arraché sans lui laisser d’autre choix que de lâcher prise. Saül est un instant perdu dans ses pensées alors que Ariane le détaille des ses yeux, l’inquisitrice - c’est son habit pour ce soir, l’inquisitrice. Le verre d’eau qu’il porte maladroitement à ses lèvres n’est pas salvateur, ne le rafraîchit pas assez. « Personne te demande de rester.  » « C’est facile, de me jeter quand t’as plus besoin de moi pour briller, hein ? Je suis pas ta pauvre petite marche d’escalier que t’écartes quand t’en veux plus. L’autre escabeau, là - » Jet, l’escabeau Jet. « - il t’apportait pas assez hein ? C’est pour ça que t’es là, avec moi et pas avec lui ? » Il n’apportait rien du tout d’ailleurs et Saül le méprise sans honte. Il a bien envie de lui casser les dents dix fois par jours, ce soir là tout particulièrement. La colère gronde dans ses veines, soudain. La pièce est étouffante, quand Saül se met enfin à prendre conscience des doutes qui guettent depuis des mois à propos des raisons qui font qu’il est là où il est : auprès d’elle.

Et elle esquive, Ariane. Elle s’échappe. « T’es venu, t’as vu, dégage.  » « Je suis pas ton escabeau, va te faire voir. » La colère est remplacée par son grand sourire mauvais. C’est presque une discussion qu’il aurait pu avoir avec Elise, comme une drôle d’habitude qu’ils avaient autrefois. C’est probablement cela qui fait sourire Saül, les habitudes. Cette vie là, l’italien avait juré de la mettre derrière lui. Quelqu’un a la mémoire courte, dira-t-on. « Ariane, Saül, ça va commencer!  » Oh Sophie, elle compte Saül dans ses plans. Ce dernier se dépêche de rejoindre Ariane, le regard un peu vitreux à défaut d’être ennuyé. Sa main parvient presque à saisir celle de son épouse, dans un geste aussi maladroit que désespéré. « Me touche pas. » Un rire et un seul pour absorber le choc. Le ton de sa voix est différent des fois où ils se disputaient pour rire, à propos de rien et à propos de tout - mais surtout à propos de l'assaisonnement de la sauce salade. « Fais gaffe madame Parker, t’as les chevilles qui enflent. » Ce qu’il la trouve arrogante, dans son habit de lumière, tout centre d’attention qu’elle est pour le monde environnant. Il voudrait leur crever les yeux, à tous. Le regard qu’il envoie à un type assis sur un siège de derrière est sans équivoque. « C’est bon sur l’arrogance, là? Ah oui, c’est vrai, tu dis rien. » « T’es presque pire que Elise. »

Le couple rejoint les sièges qui leur sont attribués. Sophie est à gauche d’Ariane, Saül à droite de cette dernière. Un parfait petit valet relégué au second plan, tout ce qu’il déteste assurément. Son voisin de droite ne fait que bavasser, probablement un grand éditeur qui souhaiterait s’entretenir avec Ariane - dont Saül à réquisitionné la main dans un geste brusque, grotesque. « Ouais, elle est géniale, hein. Vous devriez la voir, quand elle écrit. Elle est meilleure avec de la neige dans le nez, c’est plus productif. » Lui n’a rien pris depuis leur dernière fois ensemble. Il a probablement un petit sachet dans la poche depuis, comme une gâchette chargée, un détonateur. Rien sans elle, jamais, mais depuis qu’ils ne font plus autant qu’un, ce n’est pas l’envie qui manque. A côté de Saül, l’homme rit nerveusement. Sa femme - peut-être ? - s’est penchée en avant pour faire de même, sans oublier de lancer à Ariane un regard étonné. « On va avoir un gamin. Enfin, elle, hein, parce que j’ai aucune idée s’il est de moi. Apparemment, elle préfère les artistes. » Grand silence et même Sophie n’intervient pas pour temporiser, probablement trop choquée pour essayer de s’interposer. Les doigts de Saül broient ceux d’Ariane et le voilà lancé, alors que son interlocuteur s’est tassé dans son siège. L’homme d’affaires est probablement le seul à ne pas se rendre compte que son taux d’alcool dans le sang transparaît très bien à son débit de parole et aux décibels qui grimpent alors que la cérémonie commence. « C’est quoi son nom, à l’autre ? Jet ? C’est même pas un prénom. » Ses yeux luisants de jalousie retrouvent ceux d’Ariane.

T’es venu - oh Ariane, il se prenait pour un conquérant.
t’as vu - oh Ariane, il a tout emporté avec lui.
dégage. - « Y’avait un risque, finalement, tu vois. T’es contente ? » Dis moi qu’il y a un risque.
« Tu peux pas dire que je pense pas à toi. » C’est ici, c’est maintenant.

mon kokoro en panique:
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Message(#)all we need is five minutes (willer #33) EmptyLun 7 Déc 2020 - 18:17

« A ma victoire à moi, du coup. J’ai gagné un appartement à Moscou, tu sais ? » comment tu voudrais que je le sache. Je sais plus rien, et il est le roi du silence. C’est tout bon, c’est tout compris, même si mon air impassible s’en contrefout. Au moins y’en a un de nous deux qui ne fait pas de scène - encore. « C’est facile, de me jeter quand t’as plus besoin de moi pour briller, hein ? Je suis pas ta pauvre petite marche d’escalier que t’écartes quand t’en veux plus. L’autre escabeau, là - » mon sourcil se hausse, le nom de l’autre qui ne franchira pas encore mes lèvres pour qu’il me le reproche la seconde d’après. Des types comme lui, j’en ai vus des dizaines. Qui se mettent dans ce genre d’état pour des conneries, pour des détails, pour du manque de confiance en soi. J’ai écrit à propos de ces gars-là pendant des années, j’ai répondu à leurs femmes esseulées pendant des heures sur le podcast. Pour être réduite à le vivre, en live? Il ressort Etish des limbes, lui qui n’est même plus dans mes parages pour être dans celles d’Elise désormais.

Oh, donc il est jaloux par procuration d’elle, c’est ça? « - il t’apportait pas assez hein ? C’est pour ça que t’es là, avec moi et pas avec lui ? » « C’est pas si facile que ça de te jeter regarde t’es encore là.  » j’ai pas de temps à perdre avec la constatation rapide et efficace qu’il porte parfaitement l’étoffe d’un raté aujourd’hui. Certains gens sont attendus, ici.

« Je suis pas ton escabeau, va te faire voir. »
« Charmant.  »
« Fais gaffe madame Parker, t’as les chevilles qui enflent. »
« Fais gaffe monsieur Williams, y'a des objets coupants à proximité.  »
« T’es presque pire que Elise. »
« T’arrives presque à me faire oublier Jet.  »

Il me l’a fait oublier, entièrement. Jet avec qui j’ai trompé l’entièreté de tous les gars qui sont entrés dans ma vie rien que pour que je les chasse du revers, parce que justement, ils n’étaient pas Jet. Saül a été le seul pour qui j’ai tourné le dos à 20 ans - oh, l’ironie - d’histoire en dents de scie rien que parce qu’il était pas comme personne, pas comme Jet, plus fort encore que qui que ce soit. C’était un champion, un roi, un conquérant, un territorialiste. Et maintenant, il est passé maître dans l’art de vouloir n’être plus rien.

Plus rien et lourd, accessoirement. Il parle et il chuchote, j’ai envie de gober l’entièreté de la bouteille de vin sur la table posée de la plus chiante des façons sous mes yeux rien que pour qu’il ferme sa gueule et panique pour le bébé, pour moi, pour je sais pas quoi. Son attention est sur d’autres maintenant, tant mieux. « Ouais, elle est géniale, hein. Vous devriez la voir, quand elle écrit. Elle est meilleure avec de la neige dans le nez, c’est plus productif. » ou tant pis, c’est selon. La coke me dérange pas. Qu’il en parle, qu’il l'évente je serai la nouvelle Bukowski et j’écrirais à sa mort avec plaisir. « On va avoir un gamin. Enfin, elle, hein, parce que j’ai aucune idée s’il est de moi. Apparemment, elle préfère les artistes. » j’écrirai*. Saül le pathétique qui cherche mon attention, ma tête que je tourne vers Sophie dès lors qu’il n’est pas prêt pour la suite. Fatalement, je m’y suis préparée depuis le premier jour en me disant que jamais ça n’irait plus loin que des fraises volées et un verre à 300 balles. Jamais - oh Ariane. Quelle conne t’as fait.

« Il sait pas. Tu fermes ta gueule.  » pour Paris. Il sait pas qu’on m’a proposé d’y retourner, que je voulais qu’il vienne, qu’on en fasse une retraite à deux, le temps dont on avait besoin.
« T’es sûre?  » pour le bébé, pour Saül, pour ce qui va suivre ; ce qu’il y a de bien avec Sophie, c’est que ses questions en sont ouvertes et c’est qu’elle comprend parfaitement le reste.
« Certaine.  » mes arguments n’ont pas besoin d’être expliqués. On aura tout le vol, elle et moi et personne d’autre, pour en discuter.
« C’est quoi son nom, à l’autre ? Jet ? C’est même pas un prénom. » oh ta gueule.

« Demande à ta femme elle a l’air d’autant connaitre son vrai prénom que moi.  » c’est bas, ça, même pour moi. Elle a rien demandé Elise, m’enfin, elle a tout demandé et elle a tout eu, mais ça, elle l’a jamais voulu. Elle mérite bien mieux que de le lire dans mes mots et elle mérite bien plus que d’être au centre d’une dispute qui est entièrement sa faute à lui mais le voilà qui décide que ce soir est le meilleur moment pour être un lâche de première qui assume rien et s’assume encore moins.

Elle est pas la raison, lui l’est. « Y’avait un risque, finalement, tu vois. T’es contente ? » alors on en est là. « Tu peux pas dire que je pense pas à toi. » fuck you Saül.

Devant, ça s’avance et ça commence. Le micro tinte et le présentateur s’affaire à lire des noms et à donner du temps d’antenne aux partenaires de la soirée quand à notre table c’est moi qui pique le temps d’antenne que Saül utilisait piètrement jusqu’à maintenant.

« Okay voici ce qu’on va faire.  » ma silhouette se tourne, le monde extérieur n’existe plus et ce que ça veut dire pour lui, c’est qu’il est le seul dans mon viseur. Le pauvre. « Tu vas partir parce que t’as eu un appel du boulot, un autre, rien que pour montrer à quel point t'es un homme d’affaires important à qui tout réussit, aka comment t'as absolument aucune créativité pour t’inventer des alibis qui justifient que tu vas te péter le dos à dormir dans ton bureau à défaut que je te pète la gueule si tu tentes de rentrer ce soir ou demain ou les jours d’après.  » à travers mes mots, mes doigts ont sorti avec la plus grande des délicatesses son portable de la poche de son veston, sans jamais le toucher lui, que le tissu. « Retourne rien foutre d’autre que de la laisser avoir tout ce que t’étais censé te battre pour. Va perdre au poker et te faire croire que contrôler la vie de tes pions signifie quelque chose même si t’as lâché les rênes de la tienne y’a des semaines déjà.  » la plus grande des délicatesses qu’on oublie quand le dit appareil est lancé à sa gueule et que je détourne la mienne de lui. He’s out, il aurait toujours dû l’être. « J’ai du travail, moi.  »

on l'avait fait au dé en mode yolo vu que le reste du RP était plutôt en mode chaos:
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