the past is something hard to forget-- @Mia McKullan
☽ 10 novembre 2020 Journée de travail basique pour la jeune femme, sauf que cette fois-ci, elle s'était levée ce matin sous la grisaille. Le temps était changeant ces derniers jours, c'était désagréable pour les australiens qui n'avaient pas l'habitude de ça. Bon, elle n'en fit pas une montagne, elle savait qu'elle passerait la journée à l'hôpital et qu'elle ne verrait pas le soleil de toute façon. Elle avait repris la garde au service pédiatrique de bonne heure ce matin, avait fait ses rondes et la prochaine intervention n'était pas avant seize heures cet après midi, elle avait tout le temps de s'occuper de ses recherches. Elle était en binôme avec un titulaire aujourd'hui sur un cas difficile, un cas dont ils s'occupaient déjà depuis plusieurs années. La brunette prenait toujours les choses à coeur, n'importe quelle intervention, n'importe quel enfant, Joy faisait toujours tout pour faire la différence. Elle ne voulait pas que des gens vivent ce qu'elle avait vécu avec Tom, parti trop tôt. Elle se l'était promis. Oh, elle avait bien changé depuis l'époque du lycée, elle n'était plus si désinvolte, insouciante et pénible. La brunette, malgré son caractère bien trempé, était maintenant plus discrète et posée. Elle n'aimait pas se faire remarquer, elle en avait déjà assez bavé pour vouloir se faire remarquer. Pourtant, c'était dans ce même hôpital, encore quelques mois auparavant, que tout le monde la pointait du doigt suite à sa relation houleuse avec l'un des chirurgiens très reconnus. Il était parti depuis, et ça avait continué à beaucoup parler, accusant Joy de l'avoir fait partir alors qu'il était l'un des meilleurs de son domaine. Mais encore une fois, Joy n'avait pas cherché à se justifier, elle savait aussi ce qu'elle valait et pourquoi elle était ici.
La matinée était vite passée, elle avait même eu le temps d'aller manger aux alentours de 13h. Elle revenait de la caféteria et passait donc dans le hall d'entrée. Elle s'était pris un café à emporter, elle en aurait besoin pour son après midi qui n'allait pas être courte... Oui, elle avait cette opération à seize heures et elle devait être prête. Elle parlait à une collègue infirmière qui se retira, elle n'était pas dans son service aujourd'hui. Elles se saluèrent, et alors qu'elle prenait la direction du service pédiatrique une femme devant elle fit tomber un dossier. Probablement son dossier médical suite à une visite à l'hôpital, Joy passa devant elle pour venir lui ramasser, elle se redressa et tomba nez à nez avec... Mia. Joy qui allait lui adresser un large sourire, fut un instant figé, tout autant que la blonde qui semblait toute aussi surprise. « Mia... » dit-elle, stupéfaite. Mia, c'était une longue histoire. Les deux jeunes femmes se connaissaient depuis presque quinze ans et pourtant, elles ne s'étaient probablement jamais recroisées depuis leur dix sept ans, âge où Joy s'est faite internée et période avec qui elle avait perdu tout contact avec le groupe, excepté Sinead. Des rancoeurs, des quiproquos, des vacheries, tout ceci était encore dans les cicatrices des deux jeunes femmes, et même si à l'heure d'aujourd'hui, Joy avait grandi et par la force des choses avait également oublié toute cette période sombre qu'elle avait pu partager de près ou de loin avec la blonde, il subsistait cet air froid entre elles. « Tiens. » finit-elle par ajouter en lui tendant son dossier. « J'ai entendu pour ton accident de surf, j'espère que tu as pu t'en remettre sans séquelles. » L'interne restait droite comme un piquet, impassible mais pas sans coeur. Adam lui avait dit pour son accident, d'ailleurs elle avait été au courant le jour même étant donné qu'ils s'étaient croisés ce jour-là, le jour de l'admission de Mia. Elle n'avait jamais vraiment redemandé à Adam à propos de Mia mais elle s'était renseignée par ses collègues et avait fini par savoir que l'australienne s'en était sortie. Elles n'étaient pas amies, mais Joy n'était pas mauvaise au point de lui souhaiter du mal. Elle ne savait pas quoi dire de plus pour éviter ce silence long, c'était donc la seule chose qu'elle avait su dire sur ce moment là... Elle ne savait pas comment Mia réagirait, les deux étaient prises de court par cette situation peu probable. Joy n'avait pas fait attention et dans son élan de bonne action, elle n'avait pas fait attention à l'identité de la jeune femme devant elle...
10 novembre 2020. Une semaine que je n’ai plus mes béquilles. J’ai pu reprendre pleinement le travail, retrouver le plaisir de sortir de chez moi sans que cela soit un calvaire. Une sensation de liberté que je ne pensais plus possible après avoir passé un mois dans mon canapé, ayant l’obligation de ne pas bouger afin de guérir de mes blessures liées à l’accident. Un mois qui m’a semblé interminable, difficile au vue du temps que j’ai eu pour ressasser tout ce qui s’était passé dans ma vie ces derniers temps. Tout s’était enchaîné très vite : la rupture avec Alec, d’où en a découlé un rapprochement avec Adam. Le retour de mon père et la confirmation que Jax était bel et bien mon frère… Et pour clôturer le tout, évidemment, mon accident de surf. Le genre de période que vous préféreriez rayer de votre vie, oublier… Mais impossible lorsque vous avez tout le loisir d’y penser, de refaire tout le cheminement dans votre tête, de vous demander et si… Inutile mis à part pour vous rendre encore plus fou.
Assisse dans cette salle d’attente, après passé plusieurs radios, j’entends mon nom. J’entre alors dans la salle d’examen où le médecin qui m’a suivi tout le long est là. Il observe avec attention les photographies et me confirme que tout va pour le mieux. Il me conseille de continuer mes séances de kiné pour être sûr de ne pas me blesser à nouveau, et que le surf, si je le souhaite, n’est plus contre indiquer « Enfin, restez vigilante tout de même » me lance-t-il sur le ton de l’humour. Je souris alors, un sourire un peu forcé car je sais que je vais être incapable de me confronter à nouveau à l’océan. Parce que j’ai eu peur, parce que mes pensées m’ont joué un tour qui a failli me couter la vie. Je ressors alors de son cabinet, me précipitant un peu pour retourner au Brisbane Times travaillé. Je cherche frénétiquement mes clés de voiture dans mon sac mais je fais malencontreusement tomber le dossier que je tenais dans mes mains par terre « shit ». Je râle, comme toujours alors que quelqu’un s’empresse pour venir m’aider. Un geste honorable auquel je compte répondre par un merci, jusqu’à que je relève le regard sur elle. « Mia… ». Joy Petterson. Une personne que je ne porte pas spécialement dans mon cœur. Une rancœur qui date de l’adolescence, quand elle menaçait Wim de tout balancer à Noâm et tous les autres sur le dérapage entre lui et moi. Juste par plaisir. J’ai alors gardé cette image d’elle depuis. Une image qui date de l’adolescence, un peu moins de quinze ans auparavant. Depuis, je l’ai entraperçu lors du décès de Chloé, la femme d’Adam il y a deux ans. Je n’ai jamais pris la peine de retourner vers elle alors qu’elle est proche de mon meilleur ami. Et comme cette image d’elle est ancrée à moi, peut-être à tort, je ne peux m’empêcher de voir son amitié avec le jeune homme comme mauvaise. Parce que je n’ai pas envie qu’elle s’amuse de lui ou qu’elle puisse s’immiscer dans notre amitié. « Tiens ». Je suis tout autant surprise qu’elle, comme figée sur place. J’attrape le dossier qu’elle me tend et murmure un « Merci » par politesse. C’est clairement la dernière personne que j’ai envie de voir aujourd’hui, et pourtant, je me retrouve un peu coincé. « J’ai entendu pour ton accident de surf, j’espère que tu as pu t’en remettre sans séquelles ». Je me doute alors que c’est par Adam, puisque ces derniers ont passé pas mal de temps ensemble au vue de leurs réseaux sociaux respectifs. « Je vais bien oui ». Mon ton est sec, mon visage fermé et dénué d’émotions. Un silence un peu pesant s’installe entre nous. Je n’ai pas forcément envie de jouer les focus avec elle, lui demander comment elle va ou ce qu’elle devient depuis le temps. Ça ne me ressemble pas. « Je resterai bien pour faire la conversation mais je dois retourner au boulot… On se recroisera sûrement vu que tu passes pas mal de temps avec Adam ». C’est plus fort que moi, ça sort malgré tout, donnant l’impression que je suis jalouse de voir qu’Adam passe du temps avec elle depuis notre rupture. Rupture d’une relation qui n’avait même pas de nom.
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☽ 10 novembre 2020 Joy ne voyait jamais ses journées, ou soirées passer quand elle était à son travail. Elle aimait tellement ce qu'elle faisait qu'elle ne regardait jamais l'heure, on devait même parfois la reprendre pour qu'elle s'en aille. Elle avait trouvé une voie qui lui correspondait, même si elle avait mis bien longtemps avant de se trouver. Sa jeunesse n'avait pas été toute rose mais aujourd'hui elle n'avait aucun regret. Tout ce qu'elle avait vécu l'avait aujourd'hui mené ici et elle savait que son frère, de là haut, était fier d'elle. Marcher dans cet hôpital, cette blouse blanche sur le dos, avec cette mission de faire toujours mieux de jour en jour lui convenait parfaitement. Elle se sentait à l'aise ici malgré ces derniers mois difficiles avec certains collègues, les gens avaient fini par passer à autre chose, et elle aussi. Aujourd'hui, elle marchait dans ses couloirs sans sentir les regards sur elle, et ça lui faisait du bien. D'ailleurs, ce jour-là elle sortait de la caféteria après avoir mangé avec une collègue. Si elle s'était attendue à croiser la personne qu'elle allait voir, elle n'aurait probablement pris le même chemin pour se rendre à son service. Mais c'était trop tard, elle était maintenant devant elle, devant cette femme qui semblait faire partie intégrante de l'un de ses plus proches amis. Mia.
Plus de dix ans qu'elles ne s'étaient proprement adressées la parole. Joy était passée à autre chose, cette période de sa vie semblait être une autre vie. Il était loin le temps où elle jouait les pestes parce qu'elle n'était pas satisfaite. Le temps où elle prenait de la drogue car elle était malheureuse, le temps où elle était désespérément en quête d'approbation des autres, le temps où elle buvait pour oublier... Le temps où elle fuguait son propre domicile familial... Tout ça était bien derrière elle, à part peut être le dernier point... En effet, elle n'avait pas reparlé à sa mère depuis des années alors qu'on vivait dans la même ville, et que Lya insistait toujours un peu trop pour qu'elles se croisent. Joy n'arrivait pas à lui pardonner, c'était bien trop ancré en elle, la petite fille blessée, sentie abandonnée par ses propres parents. Tout ceci était enfoui bien au fond d'elle, et elle s'interdisait d'y penser, c'était beaucoup trop douloureux. Pourtant quand elle voyait Mia en face d'elle, elle avait l'impression de redevenir cette fille paumée. « Je vais bien oui » Elles étaient deux statues, l'une face à l'autre, probablement avec une avalanche de souvenirs qui refaisait surface, mais Joy pensait aussi à comment était Adam quand il était venu à l'hôpital et qu'il lui avait appris qu'elle était passée près de la mort. Joy se rappela de cet accident, et par politesse, (aussi probablement pour montrer qu'elle était passée au dessus de tout ça, de leur passé en commun), demanda si elle s'en était bien remise. Elle semblait aller bien mais elle semblait aussi très contrariée de tomber sur Joy. La brune ressentit cette rancoeur dans sa voix, dans son regard mais elle tentait de ne pas le prendre en compte, elle qui faisait très facilement attention à ce que l'on pouvait penser d'elle. « Je resterai bien pour faire la conversation mais je dois retourner au boulot… On se recroisera sûrement vu que tu passes pas mal de temps avec Adam » La première partie de sa phrase sonnait comme un gros mensonge, Joy le sentit mais ne réagit que lorsqu'elle termina sa phrase pour venir tacler la brune avec une remarque sur Adam. L'interne fronça les sourcils, perplexe. Elle n'était pas sûre de comment interpréter cette remarque. « Et ça pose un problème ? » finit-elle par rétorquer sans vraiment réfléchir, mais la manière dont la blonde lui avait parlé l'avait piqué droit dans le coeur. Cela avait été plus fort qu'elle, et maintenant elle avait piqué sa curiosité. Qu'est ce que ça pouvait bien faire que Joy voit Adam? Ils étaient amis après tout, depuis plus de deux ans maintenant, ils avaient fini par devenir amis. Mia ne semblait pas apprécier les derniers rapprochement entre les deux, mais si elle avait un problème qu'elle le dise clairement. Joy tenait fermement son gobelet de café, fixant la blonde pour une réponse qu'elle se doutait aller être aussi piquante que ses premières paroles. Elles ne parlaient pas de leur passé commun mais toutes les deux savaient très bien ce qu'il en était.
Joy faisait partie de ces vieux souvenirs que l’on préférait oublier. Car la période à laquelle je l’avais connu était une période à laquelle je n’avais plus envie de penser. Une période où j’ai vrillé du fait du départ de mon père et où j’ai voulu en quelque sorte le faire payer à ma mère. Fête, alcool et même drogue ont fait partie de mon quasi quotidien pendant un an… Un an durant lequel je suis aussi sorti avec un mec de trois ans mon ainé, que j’ai aimé, qui a été mon premier amour, ma première fois. Pourtant, cette année-là, du fait de l’alcool et de la drogue présente dans mon organisme, et parce que, malgré tout, il y avait une attirance, j’ai dérapé avec Wim, alors que j’étais folle amoureuse de Noâm. Très peu était au courant de cette histoire. Jill l’était, elle n’a jamais rien dit mais aurait pu vendre la mèche tellement elle était attirée par mon petit ami de l’époque. Puis il y avait Joy. Joy, la cousine de Wim, une nana que je n’ai jamais vraiment aimée surtout lorsqu’elle a commencé à nous menacer de tout raconter. Car elle était amie avec Noâm également, ce que j’avoue aussi, je n’appréciais que moyennement. Depuis ce jour, je l’ai encore plus détesté et je l’ai toujours vu comme une personne malsaine. Je n’étais pas en reste à l’époque avec mon comportement, mais elle d’autant plus. Le temps a fait que nous nous sommes perdues de vue et qu’il n’y a pas vraiment eu depuis de moment où nous avons pu reprendre contact ou renouer. Alors, gardant cette image d’elle négative, quand je la croise dans ces couloirs en ce début d’après-midi, ce n’est pas une réjouissance…
Parce qu’elle est amie avec Adam et que le fait de la voir proche de lui m’a toujours un peu agacé. Encore plus aujourd’hui quand on sait ce qu’il s’est passé entre lui et moi. Un weekend où les choses ont changé, où nous sommes devenus plus que de simples meilleurs amis. Aucun mot n’avait été posé sur cette relation. Du bon temps passé ensemble où après ce weekend où tout a commencé nous n’avons plus réussi à nous séparer l’un de l’autre. Tout était excuse pour se voir, sans jamais nous dévoiler au reste du monde. Une relation restait secrète donc… et peut-être pour le mieux quand on sait comment elle s’est terminée : aussi rapidement qu’elle avait débuté. Comme une prise de conscience après mon accident où ce jour-là, en plus de m’avoir vu dans ce lit d’hôpital allongé, lui rappelant de mauvais souvenirs, je lui ai dit qu’on devait tout arrêter lui et moi. Cela a créé un fossé entre nous, une distance pendant quelques semaines qui a été très difficile à supporter. Parce qu’avant tout, Adam et moi sommes proches depuis toujours et que quelques jours sans se voir ou se parler n’est tout bonnement pas envisageable. Alors quand j’ai pu voir sur ses réseaux sociaux des photos de Joy, avec qui il semblait passer du bon temps, et de même pour elle… Cela m’a fait un pincement au cœur. Peut-être une certaine jalousie, peut-être la peur que du fait de ce qu’il s’était passé, il puisse me « remplacer ». Et puis, malgré tout, il avait été mien pendant quelques jours et, même si je ne veux pas me l’avouer, je n’avais pas envie de le voir avec une autre, surtout si peu de temps après notre rupture, si on peut la qualifier ainsi en sachant que cette relation était sans étiquette. Une jalousie mal placée quand on savait les raisons qui m’ont poussé à renoncer à cette relation avec lui… « Et ça pose un problème ? ». Je m’apprête à tourner les talons alors qu’elle me pose cette question. Cela me fige sur place et un certain énervement commence à se manifester en moi. Je lui fais à nouveau face et lance un « Strictement aucun » plus que faux. Je marque un temps de silence et soupire alors « Tu sais très bien comme moi qu’on n’est pas fait pour s’entendre toutes les deux. Et forcément, de te voir si proche d’Adam m’agace ». Je ne lui en donne pas les raisons car elle n’a pas besoin de les connaitre. « J’ai très bien vu que vous étiez devenue proche depuis mon accident. J’espère juste que tu ne vas pas te servir de lui ou lui faire un sale coup comme tu aurais été capable de le faire quand on était ado ».
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☽ 10 novembre 2020 Mia était une partie intégrante de son passé, quelque chose que Joy avait enfermé dans un placard à double tour. Elle avait mis une année entière pour se retourner définitivement de son passé de fêtarde inconsciente. Et même si encore aujourd'hui, elle en voulait à sa mère de l'avoir internée, elle ne pouvait pas dire que ça ne lui avait pas été bénéfique... En une année, elle avait appris à canaliser sa colère, à vider son sac à une inconnue au Bac +10 et avait finalement trouvé sa voie. Aujourd'hui, elle travaillait dans cet hôpital et apprenait tous les jours un peu plus dans le domaine qui l'intéressait. Elle espérait rendre son frère fier, et n'en doutait pas lorsqu'elle arrivait à sauver des vies de jeunes enfants. C'était probablement un mal pour un bien, mais il était clair qu'en tombant nez à nez avec Mia, elle avait l'impression de parler à son passé. Les deux jeunes femmes n'avaient pas eu l'occasion de se revoir, de se reparler, de briser la glace et de remettre les pendules à zéro. Bien que Joy était passée à autre chose, elle sentait bien que la blonde était remplie de rancoeurs...
Joy se demandait pourquoi Mia était piquée ainsi. Elle se demandait quel était le problème... Après tout, les jeunes femmes savaient qu'elles avaient quelques connaissances à commun, Adam, les Bradford, notamment... Il y avait aussi Danika et son cousin, Wim. Mais elles avaient toujours fait en sorte de garder leur distance. Joy n'avait jamais cherché à régler ses différends avec elle, elle n'avait jamais eu la tête à ça mais il semblait que toutes ces années n'avaient rien arrangé. « Strictement aucun » Joy voulait se montrer polie mais elle sentait bien que la surfeuse n'avait pas l'air de vouloir coopérer. La brune n'était pas du genre à insister, elle allait la laisser partir mais apparemment, Mia avait des choses à mettre au clair. « Tu sais très bien comme moi qu’on n’est pas fait pour s’entendre toutes les deux. Et forcément, de te voir si proche d’Adam m’agace. » Joy fronçait les sourcils, elle ne comprenait pas trop en quoi ça pouvait plus la déranger maintenant plutôt qu'avant. Après tout, Adam et Joy s'étaient rapprochés lorsque Chloé était décédée et que Sinead était partie dans la même vague... Ensuite, Joy avait fait sa fausse couche et tous ses malheurs avaient finalement créé une belle amitié entre le pompier et l'interne. « Pourquoi ça t'agace ? Ca fait des années qu'on est amis avec Adam. » dit-elle, perplexe. Peut-être que l'interne se voilait aussi la face, pensant que c'était toujours pareil entre eux, que rien avait changé alors qu'elle sentait au fond d'elle même que leur lien s'était d'autant plus intensifié ces derniers temps... Elle ne saurait expliquer pourquoi... « J’ai très bien vu que vous étiez devenue proche depuis mon accident. J’espère juste que tu ne vas pas te servir de lui ou lui faire un sale coup comme tu aurais été capable de le faire quand on était ado » Joy l'écoutait, et elle était étonnée de voir que Mia prenait autant à coeur tout ça. Elle finit par lever les yeux au ciel en écoutant ce qu'elle avait à dire. « Dis-moi, Mia... Tu es toujours cette même adolescente de seize ans fêtarde, droguée et infidèle ? ...» Elle la fixait du regard. « Parce que si c'est le cas, je me sens désolée pour toi. De mon côté, j'ai mûri, j'ai grandi, j'ai appris de mes erreurs. Adam est assez grand pour savoir à qui il peut faire confiance. Tu ne crois pas ? » finit-elle par dire, elle regardait Mia comme le fantôme de son passé qui venait lui demander des comptes mais si la blonde n'avait pas grandi en plus de dix ans, ce n'était pas le cas de Joy. Joy avait changé, évolué, et personne ne pouvait lui parler comme si elle avait encore seize ans, encore moins Mia qui n'était rien à ses yeux.
Il en faut peu pour que ma colère refasse surface. Elle était dirigée contre Joy à ce moment même alors qu’elle se tenait devant moi. Pourtant, cette colère ne faisait que sommeiller, n’étant jamais très loin surtout ces derniers temps. Parce que bien trop de choses s’accumulait. Alors peut-être qu’injustement je la dirige contre elle. Mais le fait qu’elle côtoie Adam, qu’il se soit rapproché encore plus à la seconde où lui et moi ça a été terminé ne me laisse pas indifférente. Cette relation que nous n’avons su définir, sur laquelle nous n’avons jamais posé de mot et sur laquelle nous n’en poserons jamais n’a pas été rien pour autant à mes yeux. Oui, je l’ai arrêté parce qu’elle a débuté pour de mauvaises raisons, parce que j’ai cette impression de m’être réfugié dans les bras d’Adam uniquement pour me consoler. C’était injuste, il ne méritait pas ça. Pas lui. Pas quand on connaissait Adam, qu’on savait à quel point il était loyal et respectueux. Il est certain que cette relation nous a fait nous attacher un peu plus l’un à l’autre. Mais mon esprit et mon cœur est clairement ailleurs. Alors, j’ai préféré l’épargner, en le libérant d’une relation qui n’aurait pas été parfaite, pour lui qui ne mérite que ça à mes yeux. « Pourquoi ça t’agace ? Ca fait des années qu’on est amis avec Adam ». Elle a raison au fond et je le sais. Ils ont toujours été amis. Alors oui, je pourrais lui balancer que c’est parce qu’Adam et moi avons été plus pendant ces deux petites semaines de septembre. Mais déjà que j’ai gardé cette relation secrète aux yeux de mes plus proches amis, ce n’est certainement pas à elle que je vais l’avouer. Un silence s’installe, je ne réponds pas. Parce qu’il n’y a rien à répondre si ce n’est la vérité et je n’y compte pas.
Mais mes mots peuvent laisser penser que ce rapprochement récent entre eux me dérange. Je menace même Joy en lui disant qu’elle n’a pas intérêt à se jouer de lui, parce que pour moi elle est toujours la même personne qu’à notre adolescence. « Dis-moi, Mia… Tu es toujours cette même adolescente de seize ans fêtarde, droguée et infidèle ?... Parce que si c’est le cas, je me sens désolée pour toi. De mon côté, j’ai mûri, j’ai grandi, j’ai appris de mes erreurs. Adam est assez grand pour savoir à qui il peut faire confiance. Tu ne crois pas ? ». Là, il n’en faut pas plus pour me faire exploser. « Tu ne sais rien sur moi Joy, strictement rien ». J’ai fait un pas de plus vers elle, elle touche à une corde sensible, surtout lorsqu’elle me qualifie d’infidèle. Moi qui ne connais que des déceptions en amour, elle ose me balancer à la gueule l’unique erreur que j’ai pu faire plus jeune. Et puis cette prétention qu’elle affiche en me disant qu’elle, contrairement à moi, a changé me fait rire… « Oh bravo, peut-être veux-tu qu’on te remette une médaille pour ça ? Vaut mieux tard que jamais tu me diras, vu à quel point tu étais un déchet ». C’est petit, je le sais, je l’attaque à mon tour, finalement je ne fais pas mieux qu’elle. « Quant à Adam, c’est mon meilleur ami et je le connais mieux que personne. Et je sais qu’il peut facilement s’attacher, y croire et être déçu… Je suis bien placée pour le savoir ». Et malheureusement, sur ce coup, oui j’étais bien placée parce que c’est exactement ce que je lui ai fait subir. « Et je ne compte pas le ramasser à la petite cuillère après ton passage ». Elle est avertie et même si mes mots n’auront aucune incidence, il faut que je le dise.
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☽ 10 novembre 2020 Si Joy finissait par être au courant de ce qui était passé entre Adam et Mia, probablement qu'elle ferait une croix sur Adam. Elle ne voulait pas d'un homme qui fricote avec ses meilleures amies. Elle était déjà au courant pour Dylane, et ça la mettait mal à l'aise de s'imaginer quoique ce soit entre elle et Adam quand elle savait qu'il avait déjà tenté quelque chose avec une de ses plus proches amies. Joy était du genre à ... ne pas du tout avoir confiance en elle et elle ne risquerait pas d'entacher une amitié pour un homme, encore moins un homme qui était en priorité son ami. Adam avait été là dans ses moments les plus durs, et elle avait tenté de faire de même pour lui. Elle ne savait pas à quoi ils jouaient tous les deux ces derniers temps, mais ils s'entendaient bien et passaient de plus en plus de temps ensemble. Joy n'avouerait jamais ressentir quoique ce soit pour son ami mais cette relation semblait déranger Mia. Sans vraiment comprendre pourquoi, Joy se demandait pourquoi Mia en était agacée maintenant en particulier... Après tout, Joy et Adam étaient amis depuis un moment maintenant, et autant l'une que l'autre savait qu'elles avaient cet ami en commun... Elles n'avaient jamais eu l'occasion de se croiser pour autant, et ce n'était pas plus mal quand on voyait le froid glacial entre les deux jeunes femmes. Apparemment, le passé pouvait être une cicatrice qui ne se refermait jamais...
Quand elle lui demandait pourquoi elle en était agacée, la blonde ne sut trop quoi répondre, Joy fronçait les sourcils, perplexe. Elle n'aimait pas les suppositions et le jugement que portait la blonde sur elle sans vraiment savoir. Mia ne l'avait jamais vraiment connue, et encore moins maintenant qu'elles ne fréquentaient aucunement. Pourtant, elle émettait un jugement en se basant sur le passé de Joy. « Tu ne sais rien sur moi Joy, strictement rien » Joy ne put s'empêcher d'émettre un rire étonné en l'entendant dire ça alors que c'était elle-même qui avait lancé les hostilités en lui disant qu'elle espérait que Joy ne lui fasse pas un "sale coup" comme à l'époque. Au final, Joy n'avait jamais rien dit car elle s'en fichait pas mal de ce que Mia pouvait faire de son cul. A l'époque, c'était plus son cousin qu'elle voulait ennuyer car Wim était très doué pour lui faire des crasses aussi. « Comme tu ne sais rien de moi non plus, Mia. » répondit-elle sèchement, pour lui faire comprendre que Joy s'était permise de dire ça car Mia s'était aussi permise de lui faire une réflexion sur son passé. . « Oh bravo, peut-être veux-tu qu’on te remette une médaille pour ça ? Vaut mieux tard que jamais tu me diras, vu à quel point tu étais un déchet. » Joy n'avait pas envie de rentrer dans ce jeu, elle soupirait, exaspérée. « Quant à Adam, c’est mon meilleur ami et je le connais mieux que personne. Et je sais qu’il peut facilement s’attacher, y croire et être déçu… Je suis bien placée pour le savoir » La brune l'écoutait, droit dans les yeux, elle ne lâchait pas son café des mains. Elle était vraiment déçue de la blonde, elle qui pensait qu'elle aurait grandi et serait enfin passée à autre chose après toutes ces années. « Adam est mon ami aussi tu sais, je ne sais pas ce que tu insinues mais sois claire, va droit au but, ou ne dis rien. Pourquoi serais-tu bien placée pour le savoir plus qu'une autre ? » Joy ne comprenait pas vraiment où la blonde voulait en venir. Déjà que Joy était plus que perdue quant au comportement à adopter avec le pompier, le fait que Mia lui dise tout ça ne l'encourageait pas du tout à continuer sur ce chemin là... La brunette se disait qu'en effet, Mia avait peut être raison, cela serait beaucoup trop compliqué cette histoire. « Et je ne compte pas le ramasser à la petite cuillère après ton passage » Mia fut claire cette fois-ci, et Joy comprit enfin qu'elle sous-entendait que Joy et Adam étaient en train de devenir un couple ? Jusque-là, Joy ne se l'était jamais avoué, se voilant très certainement la face... Mais l'entendre dire ça lui fit quelque chose au coeur, elle ne saurait dire quoi exactement... « Que crois-tu qui se passe entre Adam et moi, Mia ? » demanda-t-elle, bien curieuse de savoir quel film elle s'était imaginée... « Tu as l'air plus au courant que moi... Alors vas-y je t'écoute. Par la même occasion, tu me diras aussi pourquoi tu devrais le ramasser à la petite cuillère... Parce que moi je l'ai déjà fait il n'y a pas si longtemps que ça quand il est sorti de ta chambre d'hôpital. » dit-elle clairement, sans lâcher le regard. Joy s'était toujours dit qu'il se passait quelque chose entre eux, sans savoir pourquoi elle les trouvait très proche et Joy n'avait aucun problème avec ça, Adam était son ami et il faisait bien ce qu'il voulait. Mais il était vrai que depuis cet accident, depuis ce jour-là, quelque chose avait changé entre eux et que c'était elle, Joy, qui avait ramassé Adam à la petite cuillère, comme elle le disait si bien... Pourquoi ? Joy s'était finalement dit qu'il avait eu un choc émotionnel en voyant son amie dans cet état, elle avait préféré s'arrêter là au niveau des suppositions...
« Comme tu ne sais rien de moi non plus, Mia ». Non je ne sais rien d’elle et finalement, je ne veux rien savoir. Parce qu’en plus de cette rancœur qui perdure, de cette jalousie du fait de son rapprochement avec Adam, la jeune femme qui se tient devant moi ne me donne pas plus envie de la connaitre que ça. Parce que je reconnais quand même mes torts, je reconnais aussi que je suis très hostile face à elle, injustement mais je suis incapable de me calmer, d’apaiser les choses. Par fierté sûrement, du fait qu’elle soit aussi le cadet de mes soucis actuellement. Et qu’il est plus facile de passer cette colère prisonnière en moi sur elle que sur quelqu’un d’autre qui le mériterait sûrement davantage… « Et je pense que c’est mieux ainsi ». Cette phrase sonne comme un avertissement, une façon de lui dire que quoi qu’il en soit, quoi qu’il arrive, je ne veux pas en savoir plus sur elle, ni qu’elle en sache plus sur moi. Et ainsi fermer la porte d’une éventuelle possibilité que les choses puissent s’arranger entre nous.
Elle pique, je pique à mon tour et là aussi, nous sommes finalement happées dans une sorte de spirale infernale qui ne se refermera pas si nous continuons chacune notre tour sur ce chemin. Un chemin glissant qui pouvait aussi nous mener à des mots plus haut que l’autre mais surtout m’amener à avouer qu’il y avait eu plus entre Adam et moi. « Adam est mon ami aussi tu sais, je ne sais pas ce que tu insinues mais sois claire, va droit au but, ou ne dis rien. Pourquoi serais-tu bien placée pour le savoir plus qu’une autre ? » Mon regard s’assombrit parce qu’elle touche au sujet que je veux éviter, parce que je ne l’estime pas assez de confiance pour lui en faire part. Pas elle quand personne n’est au courant pour nous deux. « Parce que je le connais depuis plus longtemps et que j’ai toujours été là pour lui quand il est tombé sur les mauvaises personnes ». En disant cela, c’est à moi que je fais référence. Parce qu’Adam n’a eu qu’une femme dans sa vie, Chloé, qui était parfaite pour lui. Quant à Dylane, je n’émettrais jamais ce jugement sur elle, les deux n’étaient tout simplement pas en phase et ils se sont faits du mal mutuellement. Non la mauvaise personne c’était moi mais là encore, elle ne pouvait pas le savoir et ne le saurai jamais. « Que crois-tu qui se passe entre Adam et moi, Mia ? ». J’hausse les épaules et lâche un « J’en sais rien, ce qui se passe entre vous ça vous regarde », qui sonne faux et pourtant, j’essaye de rester crédible et montrer mon indifférence totale. « Tu as l’air plus au courant que moi… Alors vas-y je t’écoute. Par la même occasion, tu me diras aussi pourquoi tu devrais le ramasser à la petite cuillère… Parce que moi je l’ai déjà fait il n’y a pas si longtemps que ça quand il est sorti de ta chambre d’hôpital ». Je me retrouve subitement figée par ces derniers mots. Mon regard la fixe, je ne réagis pas tout de suite. Parce que je comprends alors qu’Adam était au plus mal après que je lui ai dit que nous devrions en rester là lui et moi, et rester ami. Je m’en veux de l’avoir fait souffrir à ce point et je m’en veux toujours même si les choses s’arrangent progressivement entre nous. Mais là, Joy touche à une corde sensible. Et si sur le coup, mon regard s’est attristé, il redevient soudainement noir à son égard « Et toi, tu insinues quoi là Petterson ? Tu estimes qu’il aurait dû ressortir de cette chambre, tout joyeux après que sa meilleure amie ait eu un accident ? ». Je la toise de nouveau du regard, la méprisant pour ce qu’elle venait de me mettre sous le nez : le fait que j’ai pu blesser Adam, à un point où il a trouvé finalement refuge auprès d’elle. A qui devais-je m’en prendre ? Qu’à moi-même. Et en même temps, comment lui reprocher quand j’avais fait la même chose, même pire, après ma rupture avec Alec… « Adam est tout pour moi comme je suis tout pour lui. Alors ne cherche pas plus loin ! ». Et sur ces derniers mots, je décide de tourner les talons, car je n’ai pas envie de m’éterniser davantage dans cette discussion qui ne mènera à rien.
the past is something hard to forget-- @Mia McKullan
☽ 10 novembre 2020 Les deux femmes ne s'étaient pas parlées depuis plus d'une décennie. Il était clair que ni l'une ni l'autre n'aurait la prétention de dire qu'elle connaissait l'autre. Pourtant, Mia commençait déjà à suggérer de rester loin d'Adam si elle comptait avoir le même comportement que lorsqu'elle avait 15 ans. Joy était un peu exaspérée par ce genre de commentaires mais si elle se permettait de juger alors la brune n'allait pas se gêner. Elle lui précisa tout de même qu'elle ne la connaissait pas non plus donc tous ses commentaires étaient caducs. « Et je pense que c’est mieux ainsi » Au moins, elles étaient d'accords sur une chose. Même si avant cette conversation, Joy aurait pu croire que les deux étaient passées au dessus de tout ça, maintenant elle pouvait confirmer qu'elle aussi ne voulait pas entendre parler de la blonde. Joy s'était inquiétée pour la blonde, elle s'était renseignée auprès de ses collègues pour savoir si en effet, elle était sortie d'affaires. Puis, elle avait pris des nouvelles d'Adam, tout ça en s'inquiétait pour la jeune femme, mais vu comment elle se montrait aujourd'hui envers elle, Joy en avait fini avec sa gentillesse. Elle voulait rester sur cette fade relation d'adolescentes infâmes, très bien, Joy ne ferait pas d'efforts non plus.
Elle ne savait pas pourquoi la blonde prenait cet air supérieur avec elle quand elle parlait d'Adam. Comme si Joy n'avait pas le droit d'être ami avec le pompier. Depuis quand ? Après tout, ils se connaissaient depuis quelques années et elle aussi avait été là pour lui quand il avait perdu Chloe. « Parce que je le connais depuis plus longtemps et que j’ai toujours été là pour lui quand il est tombé sur les mauvaises personnes » Elle fronçait les sourcils la brune, un peu perplexe. Elle ne comprenait pas cette soudaine crise de jalousie.« Tu fais un très bon chien de garde Mia, mais je pense qu'Adam est assez grand pour gérer ses fréquentations. » dit-elle amèrement, c'était Joy qu'elle appelait "mauvaise personne" ? Non mais, elle n'arrivait pas à croire qu'une personne pouvait si peu mûrir... Après tout, ça faisait des années qu'elles ne s'étaient pas vues, elle avait même réussi à renouer des liens avec son cousin, et impossible de trouver des atomes crochues avec la femme face à elle. Elle se demandait bien en quoi Mia pouvait s'intéresser à sa relation avec Adam. « J’en sais rien, ce qui se passe entre vous ça vous regarde » La brune sourit, elle se contredisait toute seule, c'était magnifique. « Au moins, on est enfin d'accord sur une chose. » Il était clair que quoiqu'ils se passaient entre eux, ça les regardait et Mia n'avait aucun mot à dire à moins que Joy n'était pas au courant de tout, qu'elle n'avait sûrement pas toutes les pièces du puzzle entre les mains, et là c'était différent. Mais pour l'instant avec ce qu'elle savait, elle ne donnait pas la possibilité à Mia de donner son avis. Elle pouvait le donner à son meilleur ami si elle le souhaitait, mais clairement pas à Joy.
Joy sentit qu'elle touchait un point sensible lorsqu'elle parla de son entrée à l'hôpital, il y a déjà plusieurs semaines de ça. Pourtant, c'était vrai, Joy n'avait jamais creusé la conversation, et s'était juste contentée de changer les idées du pompier, mais il était clair qu'Adam était sorti complètement déboussolé de cette chambre d'hôpital. Mia resta figée quelques secondes, venait-elle d'apprendre quelque chose là ? « Et toi, tu insinues quoi là Petterson ? Tu estimes qu’il aurait dû ressortir de cette chambre, tout joyeux après que sa meilleure amie ait eu un accident ? Joy croisait les bras, elle sentait son café refroidir entre ses mains et ça l'énervait d'autant plus. Mia prenait son air hautain, osant même l'appeler par son nom de famille, mais elle était qui en fait ? « J'insinue que ce n'était pas un simple meilleur ami qui sortait de cette chambre, je me trompe ? » osa-t-elle dire, puisque Mia ne semblait pas avoir de filtres, Joy n'allait pas s'en priver non plus. Au moins, elle lâchait tout et Mia pourrait rebondir comme elle le souhaitait sur ses insinuations. Joy avait besoin d'extérioriser tout ça, elle ne pensait pas que de telles retrouvailles avec la blonde pouvaient arriver. Elle se rendit compte qu'elles n'étaient vraiment pas faites pour s'entendre. Mais surtout, Joy se rendit compte que Mia était jalouse de sa relation avec Adam et ça ne faisait qu'embrouiller les pensées de la brune. Pourquoi Mia le prenait tant à coeur ? « « Adam est tout pour moi comme je suis tout pour lui. Alors ne cherche pas plus loin ! » Elle lâchait cette bombe, et tourna les talons pour partir. Elle finit par la suivre pour la stopper en se mettant devant elle. « Tu ne peux pas dire ça et partir. Je t'ai dit sois claire ou ferme la ! » lâcha-t-elle, le regard grave. « Vous êtes ensemble, c'est ça que tu me dis là ? Je préfère le savoir, au moins ça sera clair pour tout le monde, et ainsi je pourrais comprendre ta jalousie démesurée. » finit-elle par dire clairement, au moins elle mettait des mots concrets au lieu de continuer sur des insinuations. Cela expliquerait beaucoup de choses et Joy saurait se mettre en retrait, elle n'est pas du genre briseuse de couple. Elle tomberait de dix étages c'est clair mais au moins elle serait à quoi s'en tenir et arrêterait de jouer à ce jeu du chat et la souris avec Adam.
« Tu fais un très bon chien de garde Mia, mais je pense qu’Adam est assez grand pour gérer ses fréquentations ». Mon regard s’assombrit quand elle ose me qualifier de la sorte, davantage qu’il ne pouvait l’être déjà. Je pourrais bondir, entrer dans une colère noire mais je décide de ne pas lui donner ce plaisir. Parce que j’ai l’impression de tourner en rond avec elle et que de toute façon, ce n’est pas aujourd’hui que les choses pourront s’arranger entre nous. Peut-être a-t-elle pris pour elle le terme de mauvaises personnes, peut-être qu’au fond oui je l’assimilais à une mauvaise fréquentation pour Adam… du fait de ma jalousie de ce rapprochement entre les deux et de cette image que j’ai gardée d’elle malgré tout depuis toutes ces années. Alors oui, je nie, je prétends au final que ce qui se passe entre eux m’est égal et ne me regarde pas, afin de ne pas la mettre sur la voie de la vérité « au moins, on est enfin d’accord sur une chose ». Son sourire sur son visage est insupportable à voir mais là encore, je ne réponds rien…
Sans le savoir, elle m’apprend qu’après la visite d’Adam dans ma chambre d’hôpital, le jour de mon accident, mon meilleur ami et elle ont passé du temps ensemble. Surtout, elle ose me dire que c’est elle qui l’a ramassé à la petite cuillère ce jour-là, car visiblement, Adam était au plus mal. En même temps, comment pouvais-je en être étonnée quand je savais très bien ce qui s’était passé dans cette chambre d’hôpital ? Annonçant à Adam que nous devions arrêter cette relation particulière entre nous car elle avait commencé pour de mauvaises raisons. Et qu’en aucun cas, je voulais le faire souffrir parce que je souffrais en retour. Pourtant, je reste figée quelques secondes et la remarque de Joy m’agace, car elle appuie là où ça fait mal. Encore plus quand elle continue dans ce sens « J’insinue que ce n’était pas un simple meilleur ami qui sortait de cette chambre, je me trompe ? ». « Tu délires complet ma pauvre », je lance alors du tac au tac, laissant échapper un rire. Je mentais évidemment, elle avait visé juste mais elle ne l’entendrait jamais de ma bouche. C’est la dernière personne en qui je pouvais avoir confiance. Alors je lui fais comprendre qu’Adam est tout pour moi comme je suis tout pour lui, la mettant en garde sur sa volonté de chercher plus loin à comprendre notre relation. Parce qu’il n’y avait de toute façon plus rien à comprendre, plus rien à penser autre que notre relation de meilleurs amis. Je tourne alors les talons parce que je n’ai tout simplement plus envie de poursuivre cette conversation qui ne mènera à rien. Pourtant, la brune en décide autrement et se met en travers de mon chemin pour me stopper « Tu ne peux pas dire ça et partir. Je t’ai dit sois claire ou ferme la ! ». Mes sourcils s’haussent alors qu’elle ose me parler de la sorte, montrant aussi qu’il n’y avait pas que moi qui était jalouse dans l’histoire « Je n’ai pas de compte à te rendre ! ». Pourtant, ça ne l’arrête pas pour autant, elle poursuit « Vous êtes ensemble, c’est ça que tu me dis là ? Je préfère le savoir, au moins ça sera clair pour tout le monde, et ainsi je pourrais comprendre ta jalousie démesurée ». Je lève les yeux au ciel, plante mon regard dans le sien en lançant un « Au revoir Joy » avant de la contourner et de m’éloigner d’elle afin de quitter définitivement l’hôpital.
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10 novembre 2020. Une semaine que je n’ai plus mes béquilles. J’ai pu reprendre pleinement le travail, retrouver le plaisir de sortir de chez moi sans que cela soit un calvaire. Une sensation de liberté que je ne pensais plus possible après avoir passé un mois dans mon canapé, ayant l’obligation de ne pas bouger afin de guérir de mes blessures liées à l’accident. Un mois qui m’a semblé interminable, difficile au vue du temps que j’ai eu pour ressasser tout ce qui s’était passé dans ma vie ces derniers temps. Tout s’était enchaîné très vite : la rupture avec Alec, d’où en a découlé un rapprochement avec Adam. Le retour de mon père et la confirmation que Jax était bel et bien mon frère… Et pour clôturer le tout, évidemment, mon accident de surf. Le genre de période que vous préféreriez rayer de votre vie, oublier… Mais impossible lorsque vous avez tout le loisir d’y penser, de refaire tout le cheminement dans votre tête, de vous demander et si… Inutile mis à part pour vous rendre encore plus fou.