Contre toutes attentes, Charlie garde encore des souvenirs plutôt clairs de la soirée de la veille. Elle se souvient de la sortie au bar (qui n’était pas le Death Before Decaf’, étrangement), elle se souvient de son sourire à lui, elle se souvient de sa douceur et ensuite, elle n’a plus besoin de se souvenir de quoi que ce soit. Le nom des cocktails qu’elle a pris n’a aucune importance et l’heure à laquelle ils ont finalement décidé de changer d’endroit pour finir chez elle importe encore moins. A un moment, elle sait avoir fait la liste des films qu’elle connaît de lui. A un autre, elle se souvient que ça n’avait très rapidement plus aucune importance quand ils n’étaient plus que deux à se perdre dans ses draps. Ses intentions premières n’ont pas survécu bien longtemps alors que, entre ses bras, elle se sentait finalement bien plus à l’aise qu’elle n’aurait jamais cru cela possible. Son mal de crâne n'entache pas les images qu’elle garde en mémoire ou les sensations qui en découlent encore au petit matin, maintenant que la lumière les aveugle puisqu’hier personne n’a à aucun moment pensé à fermer les volets. La blonde réfugie sa tête sous les draps et s’étonne à sourire bêtement maintenant qu’elle se souvient de la personne à ses côtés. Ses cheveux traînent sur l’oreiller ; elle se retourne en sa direction une simple seconde sans que cela ne signifie quoi que ce soit.

L’instant d’après, la jeune femme enfile un long tee-shirt pour faire au moins semblant de. Ses pas sont discrets sur le parquet ; si ça avait été Léo, elle aurait commencé à jouer le rythme de We will rock you à l’aise de spatules en bois et de poêles. Pour Rory, elle estime qu’il a bien le droit à quelques minutes de repos de plus. Le fait est que, finalement, ils sont impossibles à comparer et au fond d’elle elle ne le sait que trop bien. Hope lui fait la fête de l’autre côté de la porte, elle lui parle en murmurant comme s’il était un très bon ami à qui elle se devait de toujours résumer tout ce qu’il se passe dans sa vie. Le Golden est au moins toujours heureux de la voir et c’est ce qui la rend moindrement heureuse chaque matin et elle le lui rend par une caresse entre les oreilles.

Ses pas se pressent vers la cuisine, ses mains s’activent à sortir tout et n’importe quoi du frigo simplement pour qu’elle ait de quoi s’occuper en attendant de ne plus être seule. La musique jouée se résume éternellement à Queen et un de leurs milliers d’albums ; mais promis juré ce n’est pas assez fort pour déranger qui que ce soit si ce n’est peut être Hope qui pourrait être lassé de ses goûts musicaux absolument pas variés. Elle danse à peine et fait du sur-place, cogne les poeles entre elles, manque de briser ses œufs par deux fois, confond le sel et le poivre - mais promis juré, tout n’est pas si terrible que ça pourrait en avoir l’air. Disons simplement qu’elle n’a rien à envier à aucun épisode biblique.

Lorsque Hope se désintéresse d’elle pour accueillir Rory pour la seconde fois en quelques heures, elle se reprend quelque peu pour esquisser un sourire sincère en sa direction. “J’espère que tu n’as rien contre les coquilles dans tes oeufs.” Son visage est bloqué dans une moue mi-gênée mi-amusée, trahissant son manque total de compétences derrière les fourneaux. Au moins, elle essaye réellement d’y arriver, preuve en est qu’elle lui demande ensuite la manière dont il les préfère - tout en sachant désormais, donc, que les coquilles d'œuf seront incluses dans la formule. “Et que tu as bien dormi. Désolée pour … tout ça.” Les volets ouverts, le chien qui bave sur lui, la gueule de bois sûrement partagée, le petit déjeuner à revoir. Mais promis juré, donc, elle essaye vraiment de s’en sortir au mieux et faire comme si tout était normal et qu’il n’y avait rien de plus logique que de ramener un homme chez elle et ensuite le traiter comme un ami de toujours. “Lui c’est Hope. Je crois qu’il est en train de se proposer pour être ton meilleur ami.” Elle ajoute enfin avec un sourire durable au coin des lèvres, amusée par la scène de son chien un peu trop aimant.

 

i found my thrill.

@CHARLIE VILLANELLE & RORY.

C'est seul qu'il ouvrit un œil entre les draps froissés, sentant pourtant encore le parfum de la blonde s'y diffuser tandis que les souvenirs de la veille lui revenaient un à un. Il avait bu, sans doute plus qu'il ne buvait d'ordinaire, et c'était le signe qu'il passait à ce moment-là un agréable moment en compagnie de la jeune femme. Elle était charmante, Charlie, et avec elle il s'était surpris à perdre la notion du temps bien plus vite qu'il ne l'aurait pensé en entrant dans ce bar hier soir. Il n'avait pas prévu de terminer la soirée chez elle, pas plus qu'elle n'avait sans doute prévu d'y ramener un inconnu avec qui elle avait simplement bu quelques cocktails. Mais à aucun moment Rory n'avait regretté ce qu'ils étaient entrain de faire, de la chaleur procurée par ses étreintes à la douceur de sa peau sous ses doigts. Il avait sans doute bien plus besoin de tout ça qu'il n'aurait osé l'avouer, sur le coup, lorsque ses yeux avaient croisé les siens et qu'ils s'étaient l'instant d'après perdus entre ces draps. Tout comme il n'aurait jamais osé lui avouer qu'il n'avait pas tenu quelqu'un contre lui de cette manière ni même embrassé qui que ce soit depuis des mois. Depuis Swann, et le moment où l'anglais avait franchi le pas de sa porte avec une partie de son cœur dans ses valises. Après ça, Rory avait trouvé plus de réconfort dans la solitude de son lit, subitement devenu bien trop pour lui tout seul, que dans des conquêtes d'un soir qui n'auraient jamais comblé le manque qui s'était immiscé en lui au fil des mois. Seulement il en souffrait aussi bien plus qu'il n'aimait se l'avouer, de sentir cette place glacée à ses cotés lorsqu'il se réveillait le matin et la tâtait comme par réflexe. Le moment où il irait enfin de l'avant et déciderait qu'il pouvait bien retrouver une vie normale sans plus avoir l'impression de trahir qui que ce soit en le faisant, il n'avait pas prévu qu'il aurait lieu hier soir mais il n'avait pas cherché à le repousser pour autant. Ça s'était juste fait de la plus naturelle des façons et Rory n'avait pas lutté contre l'attirance qu'il avait éprouvé. Ça ne voulait rien dire de plus, ce ne serait pas une autre de ces histoires où il finissait par s'attacher beaucoup trop et par souffrir tout autant lorsque son cœur finirait brisé. Non, c'était juste un pas en avant et pour la première fois depuis des mois, c'est avec un sourire sur les lèvres qu'il avait ouvert les yeux. Après les dernières semaines, après tout ce qu'il avait profondément pris à cœur et tous les souvenirs douloureux récemment réveillés, c'était sincèrement inespéré.

C'est après quelques minutes à se mouvoir sous les draps qu'il décida de se lever, d'enfiler ses fringues qui traînaient par là et de prendre une minute pour observer autour de lui comme il n'avait pas pu le faire hier soir. La chambre baignait dans la lumière du matin et lui rappelait presque la sienne, à ceci près qu'il était justement soulagé que ce ne soit pas la sienne. Parce que c'aurait sûrement été encore un peu trop tôt, de lui ouvrir la porte de son loft – de ce qui il y a encore quelques mois était leur chez-eux, à Swann et lui – et de cette chambre qu'il n'avait jamais partagé qu'avec l'anglais. Rory le savait, il aurait mal vécu de s'être rendu compte qu'il n'avait pas été en état de déduire que l'idée n'était pas excellente et que partager l'intimité de quelqu'un d'autre dans ce lit était encore tout sauf naturel à ses yeux. Il n'avait de toute évidence pas assez bu pour que lui proposer de finir la soirée chez lui ait été une option, et c'était plus simple que les choses se soient passées comme ça. Et pas seulement parce que son frigo était souvent presque vide – il revenait tout juste d'un début de tournage de plusieurs semaines – et que Charlie méritait un petit-déjeuner en règles.

C'est justement une odeur familière semblant provenir de la cuisine qui le guida jusqu'à celle-ci, tandis que du Queen résonnait au bout du couloir pour sa plus grande satisfaction. Charlie et lui étaient définitivement faits pour se rencontrer si ça faisait partie des choses dont elle jugeait qu'il n'était jamais trop tôt pour les écouter – la vérité, c'est que Queen se savourait à toute heure de la journée et ça, on n'entendrait jamais Rory dire le contraire. Pour preuve, il s'était mis à bouger les épaules en rythme et c'est un sourire qu'il afficha bientôt au moment de se retrouver face à la jeune femme. Elle cuisinait, et cette histoire de coquille d’œufs l'amusa autant que l'idée qu'elle semble lui proposer de rester petit-déjeuner, elle, lui fit sincèrement plaisir. Rory n'avait plus l'habitude, la dernière fois qu'il avait partagé le lit de quelqu'un sans que ça signifie quoi que ce soit remontait à si longtemps qu'il ne se serait pas formalisé qu'elle tienne à ce qu'il disparaisse le plus vite possible. Alors c'est la mine enthousiaste et dans un sourire qu'il souffla. « Si Queen est compris dans la formule petit-déjeuner, alors je suis prêt à fermer les yeux sur les coquilles. » Son sourire autant que celui de la jeune femme trahissait sans doute le fait qu'il soit peu habitué à avoir ce genre de conversations au réveil avec une jeune femme qu'il ne connaissait pas hier encore, pour autant il se voulait parfaitement sincère et était à cet instant loin de se sentir de trop dans cette cuisine contrairement à ce qu'il aurait pu craindre. Non, elle le mettait à l'aise sans même probablement s'en rendre compte et sa présence avait étrangement tout de naturelle. « Oh non, t'inquiète pas pour ça. Enfin, je veux dire... » Son sourire se teinta d'un soupçon d'embarras, mais uniquement parce qu'il ne voudrait pas qu'elle croit qu'il était gêné par quoi que ce soit ici. « J'ai très bien dormi, et je t'assure que c'est loin d'être ma définition d'un réveil désagréable. » L'odeur des œufs – avec ou sans coquilles, ça avait peu d'importance – la musique qu'il aurait pu choisir lui-même et maintenant... ce chien qui le fixait avec attention et qui avait tout d'adorable. Son sourire se fit plus tendre et Rory ne résista pas à l'envie de s’accroupir pour caresser l'animal qui ne montrait aucun signe d'animosité. Il aimait les chiens et avait toujours secrètement rêvé d'en avoir un, mais dans son loft dont il s'éloignait parfois durant plusieurs jours, ça avait toujours été un peu compliqué. « Il est craquant. J'espère qu'il est pas trop perturbé de voir un visage inconnu. » Il ne semblait pas l'être mais Rory reconnaissait bien volontiers que cette situation avait quelque chose d'inédite et il ne voulait vraiment gêner personne, la jeune femme comme son compagnon à quatre pattes. « Parce que je peux très bien y aller, c'est pas un problème. T'as peut être envie de te préparer sans m'avoir dans les pattes. » Auquel cas, vraiment, il disparaîtrait sans bruit et se ferait le plus petit possible – ou aussi petit qu'il puisse se faire vu sa carrure, en tout cas – au moment d'emprunter la porte. Peu importe à quel point il était à l'aise, ou à quel point il avait besoin de tendresse hier soir, aujourd'hui il ne voulait pas déranger.

Voir Rory arriver en bougeant légèrement sur le rythme de la musique aide Charlie à garder sa bonne humeur et même à sourire davantage encore alors qu’elle étouffe un simple rire. Après tout, elle ne connaît rien de lui et n’avait aucune idée de la façon dont il pourrait réagir. Qu’il se prenne au jeu est pour elle une très bonne nouvelle, surtout alors qu’il semble lui aussi heureux d’entendre ce genre de musique au réveil. L’acteur ressemble à un ami, et elle a l’impression qu’ils ont déjà vécu cet instant une centaine de fois tellement tout lui semble naturel. « Si Queen est compris dans la formule petit-déjeuner, alors je suis prêt à fermer les yeux sur les coquilles. » Tant mieux, parce que l’un et l’autre sont indissociables de son quotidien et Léo, s’il avait été là, aurait pu venir l’assurer à grands coups d’hochements de tête et d’yeux globuleux, comme si elle lui faisait vivre un enfer. Il y a sans doute un peu de ça mais la jeune femme sait aussi que son meilleur ami partage une passion commune pour ce groupe de musique, à défaut d’aimer croquer les coquilles. Non mais vraiment, qu’il est difficile ce garçon. La jeune femme se reprend pourtant rapidement, histoire de ne pas laisser ses pensées divaguer trop longtemps de peur d’en perdre le fil. “Queen est compris dans toutes les formules.” Jouer leurs musiques en boucle chaque jour depuis des années est une part de son quotidien et le simple fait qu’il apprécie ses choix musicaux la ravit. Après tout, elle ignore bien des choses de lui - si ce n’est tout - et elle sait que ce n’est pas parce qu’ils ont passé la nuit ensemble que cela ne change quoi que ce soit à ce fait. « Oh non, t'inquiète pas pour ça. Enfin, je veux dire... J'ai très bien dormi, et je t'assure que c'est loin d'être ma définition d'un réveil désagréable. » Elle se sentait gênée et désolée à l’idée d’avoir pu le réveiller brutalement ou lui faire des frayeurs inutiles alors l’entendre répondre qu’il n’en est rien permet de la rassurer. La jeune femme affiche un sourire entendu et poli. Elle sait bien qu’ils sont bien loin d’être proches mais elle tient au moins à l’idée qu’il se sente à l’aise chez elle, au moins autant qu’il en est le cas pour la blonde. Elle apprécie sa politesse et sa pudeur apparente. Ce n’est pas le genre de caractère qu’elle côtoie généralement dans son entourage alors elle sait l’apprécier à sa juste valeur, laquelle elle juge être plutôt élevée.

On dit souvent des chiens qu’ils savent quelles sont les bonnes et les mauvaises personnes en ce monde et à aucun moment elle n’aurait pu croire qu’Hope voit du mal en l’homme. A vrai dire, elle ne voit jamais le mal en personne, c’est bien vrai, mais surtout pas en lui. A force de faire des erreurs, elle a au moins appris à en reconnaître les signes récurrents - même si elle les ignore tous et les passe sous silence au lieu de les prendre en compte. « Il est craquant. J'espère qu'il est pas trop perturbé de voir un visage inconnu. » Ce n’est sans doute pas le bon moment pour lui avouer qu’il découvre de nouveaux visages plusieurs fois par semaine, n’est-ce pas ? Il ne mérite pas qu’elle sous-entende qu’il n’est qu’un visage sur une longue liste, surtout alors qu’elle ne le considère elle-même pas comme tel. “Je pense qu’il s’en remettra.” Est plutôt la réponse pour laquelle elle opte, préférant se fier à l’air ravi du Golden heureux qu’on s’occupe de lui. Il faut au moins avouer qu’il est aisé de le contenter et c’est une raison parmi bien d’autres pour laquelle elle s’est tellement attachée à l’animal. Ses yeux sont bien trop occupés à veiller de ne pas brûler les œufs pour qu’elle puisse réellement observer la scène derrière elle mais cela ne l’empêche pas de garder un sourire amusé, même face à sa stupide poêle crépitante. « Parce que je peux très bien y aller, c'est pas un problème. T'as peut-être envie de te préparer sans m'avoir dans les pattes. » La réponse de Charlie ne tarde pas parce qu’elle n’est pas à l’aise à l’idée de le voir ainsi douter de la légitimité de sa présence chez elle. Elle a aussi bien trop peur qu’il décide de prendre la poudre d’escampette, parce qu’à défaut de pouvoir anticiper ce qu’il veut, elle peut au moins affirmer que c’est tout ce qu’elle ne souhaite pas. “Si j’avais voulu te virer je l’aurais fait hier soir, Rory.” Elle a beau souffler doucement ces paroles, cela n’a rien de reproches. A ses yeux, ce ne sont que des faits. Si tout ce qu’elle désirait était coucher avec lui, alors elle l’aurait renvoyé dès qu’ils auraient eu terminé, peu importe que ce soit ce à quoi il s’attendait ou non. En réalité, elle était bien trop heureuse et soulagée de ne pas le voir partir pour vouloir planter la graine dans son esprit. Elle a l’intime conviction qu’il est quelqu’un de bien et pour cette raison comme pour beaucoup d’autres, la jeune femme souhaite profiter du temps passé en sa compagnie. Elle apprécie la personnalité qu’elle découvre autant que son corps qu’elle connaît déjà et tout en sachant pertinemment (et désirant) de ne jamais aller plus loin avec lui, elle serait pourtant heureuse d’en apprendre plus à son sujet. Elle ne s’intéresse pas particulièrement au monde du cinéma, à sa popularité ou à son argent. Cela ne la regarde pas et lui importe encore moins. C’est Rory, l’inconnu rencontré au détour d’un bar qui l’intéresse, pas celui dont tout le monde prononce constamment le prénom suivi du nom et de la mention “wikipedia” pour aussitôt glisser dans la section “vie privée” et gagner l’illusion d’avoir des chances avec lui. Okay, ouais, elle a peut-être fait ça avec une bonne centaine de personnalités publiques. Tout le monde le fait, après tout. “Je ne travaille pas aujourd’hui, tu peux rester autant de temps que tu veux. Le silence n’est pas mon bruit préféré, pour être honnête.” Elle déteste le silence autant qu’elle déteste la solitude et aussi parfait Hope puisse-t-il être, il n’est qu’un chien et ne risque pas de lui répondre bien souvent. S’il te plaît, reste sont les mots qui passent à travers ses yeux à défaut de franchir la barrière de ses lèvres. Ses lèvres qu’elle pince doucement sans même s’en rendre compte, marqueur de doute. S’il veut partir elle ne le suppliera de rien (ego oblige) et ne fermera pas la porte à clé avant d’en jeter ladite clé (loi oblige), mais elle ne risque pas de lui montrer la marche à suivre. “Et je me dis que si tu es encore là, c’est que tu me ressembles au moins un peu.” Cette fois-ci, elle prononce ses mots bien plus bas. Ce ne sont que des suppositions, il se peut qu’elle ait faux sur toute la ligne et que s’il est encore là, ce n’est que parce qu’il dormait trop bien entre ses draps. Les œufs flissent de la poêle à son assiette qu’elle dispose sur le comptoir du bar, lui indiquant aussi du bout de la main qu’il peut s’asseoir sur un des grands tabourets disposés là. “L’ibuprofène peut être ajouté au menu, si t’en as besoin.” Bien qu’elle se soit résignée à ne plus consommer de médicament sans que cela lui soit absolument nécessaire, elle possède encore quelques doses qui servent désormais bien plus aux invités éphémères plutôt qu’à elle-même. S’il a le moindre mal de tête, il sera bien heureux de le voir passer le plus rapidement possible. “Tu es en couple ? Ne le prends pas mal mais tu as la tête de quelqu’un qui s’en veut. Ou qui a fait quelque chose de mal.” Les questions vont dans un sens puis dans l’autre sans aucune harmonie ni même préméditation, Charlie finissant toujours par retrouver ses vieilles (et horribles) habitudes qui ont toujours été les siennes. “Désolée, même sobre je pose toujours trop de questions.” Son nez se fronce alors qu’elle se rend compte de la portée sans doute bien trop intime de sa question, alors elle préfère se placer à côté de l’acteur et déjà piquer un peu de nourriture pour la manger au plus vite et se donner une raison de ne plus parler.

 

i found my thrill.

@CHARLIE VILLANELLE & RORY.

S'il n'aurait jamais pensé être aussi à l'aise en se baladant de bon matin chez celle dont il ne connaissait encore que le prénom et le parfum, son naturel n'avait pas mis bien longtemps à revenir au galop. Il suffisait parfois d'un rien pour qu'un endroit lui paraisse familier et ici, c'est vrai, rien que la musique y aidait. Une partie de lui s'était préparée à l'idée qu'il n'aurait peut être pas l'occasion de s'éterniser, après tout Charlie l'avait déjà laissé passer la nuit chez elle et dieu sait que Rory n'aurait pas abusé de son hospitalité. La dernière chose qu'il désirait en ouvrant un œil dans cet appartement ce matin étant de déranger. Et s'il ne pouvait à cet instant s'empêcher de bouger en rythme avec la musique, c'est bien parce que Queen faisait définitivement partie des sons qu'il pouvait se réjouir d'écouter à toute heure de la journée, même avant son premier café. Parce qu'il n'y avait pas de règle quand il s'agissait de Queen, c'était toujours le bon moment. Et si un sourire fleurit sur les lèvres du brun, celui-ci s'étira plus encore lorsque Rory fit la connaissance de l'adorable colocataire de Charlie : Hope. Le chien avait tout d'avenant et le jeune homme, lui, beaucoup d'affection à donner. La scène aurait de quoi surprendre n'importe qui se rappellerait que la blonde et lui n'avaient passé qu'une seule nuit ensemble, mais pour sa défense tous les éléments étaient réunis pour que Rory en oublie même temporairement ce détail. C'était simplement naturel, de caresser ce chien tout en s'assurant de ne pas le perturber. « Il est bien chanceux s'il a droit à ce genre de réveils tous les matins, en tout cas. » Hope était peut être un chien, mais un chien qui avait droit à l'odeur des œufs et au répertoire de Queen, pour ça Rory serait presque tenté de l'envier. Après tout ses réveils à lui étaient rarement aussi festifs, entre le silence de son loft et le fait qu'il n'ait ni compagnon à quatre pattes, ni jolie cuisinière pour égayer ses matins. La dernière chose dont il avait donc envie, à cet instant, c'était de quitter cette bulle rafraîchissante pour retrouver sa solitude. Tant qu'il était ici, il pouvait prétendre que tout était simple. Et pour un peu, il s'intégrerait presque dans le tableau, avec ses boucles décoiffées, ses yeux cernés par la fatigue et ses vêtements froissés de la veille. Pour autant, il ne s'imposerait pas s'il avait la plus petite impression que Charlie désirait retrouver sa tranquillité. Les paroles de la jeune femme, pourtant, le soulagèrent au plus haut point. Car sans qu'il puisse réellement l'expliquer, quelque chose ici faisait qu'il se sentait bien, au point en tout cas que l'idée de rester un peu plus longtemps ait tout d'une bonne nouvelle. « Dans ce cas, je reste. » Une heure, plus si elle le souhaitait. Très sincèrement il n'y pensait même pas, le simple fait que Charlie semble avoir envie d'un peu de compagnie l'incitant à mettre de coté ce genre de problématiques. « Je suis pas attendu moi non plus et je suis de toute façon dispensé de tournage pendant les fêtes. » Il n'avait donc pas à s'assurer d'arriver à l'heure pour tourner ses séquences du matin, d'autant plus que le tournage avait lieu à Los Angeles et qu'il devait loger sur place entre ses permissions. Mais son sourire le lui indiquerait mieux que ses paroles, il restait non pas parce qu'il n'avait rien de mieux à faire mais parce qu'elle le mettait parfaitement à l'aise sans même sûrement s'en rendre compte.

La façon qu'eut bientôt Charlie de reprendre la parole le laissa elle silencieux l'espace d'une seconde, peut être parce que lui aussi avait cru percevoir qu'ils pouvaient avoir ça en commun. Un besoin plus ou moins conscient de combler un vide, un manque, que ce soit comme hier soir en terminant la soirée tous les deux ou ce matin, en partageant ces instants bien plus particuliers encore, bien plus intimes peut être finalement. La seule perspective de retrouver son loft et d'y passer une partie de la journée tout seul, c'est vrai, lui serrait le cœur plus qu'elle ne le rendait impatient. « C'est vrai, je mentirais si je disais que j'étais pressé à l'idée de rentrer chez moi. » Il confia doucement, alors que c'était plutôt l'inverse. Et pas uniquement parce qu'il n'avait pas encore trouvé le temps de faire les courses et que son frigo était tellement vide qu'il n'avait sûrement même pas de quoi préparer des œufs. « Enfin c'est pas l'endroit le problème, c'est juste... que moi non plus le silence c'est pas vraiment ce que je préfère. » Hier soir aussi, la dernière chose qu'il souhaitait c'était de rester seul chez lui à ressasser un millier de choses. « Et l'ibuprofène ne sera sûrement pas de trop, merci. » Là aussi, il mentirait s'il prétendait qu'il ne gardait pas certaines traces de la soirée d'hier et du nombre (pas très raisonnable) de cocktails qu'il avait bu. C'était suffisamment rare pour être noté et la raison pour laquelle sa tête le faisait un peu souffrir ce matin. Des remerciements, il lui en adressa aussi lorsque Charlie lui servit une assiette d’œufs et que le brun s'assit sur l'un des tabourets face au comptoir. Et si un court silence se réinstalla à cet instant dans la cuisine, il fut bientôt brisé par une question que Rory n'attendait pas – et qui pourtant faisait parfaitement sens à cet instant. Après tout ils n'avaient pas eu l'occasion d'évoquer le sujet hier soir, il pourrait très bien avoir quelqu'un dans sa vie et ça pourrait très bien être la raison de son trouble – quand bien même Rory accordait bien trop d'importance à l'honnêteté pour se perdre dans d'autres draps que les siens lorsqu'il partageait la vie de quelqu'un. Il avait passé quatre années auprès de Swann, quatre années où pas une seule seconde il n'avait eu envie d'aller voir ailleurs. Bien au contraire, si le temps avait bien eu un effet sur lui, c'est en décuplant ses sentiments pour l'anglais d'année en année. A partir de là, aller voir ailleurs n'aurait pas eu le moindre sens, et il réalisait maintenant que le sujet était sur le tapis qu'il ne pourrait pas éviter de se confier à son sujet. Non pas qu'il le veuille, Charlie l'accueillait chez elle et méritait pour ça qu'il fasse autre chose qu'éluder la question, c'était simplement un peu particulier à évoquer dans ces circonstances et avec quelqu'un qui ne savait presque rien de lui. «  Je suis pas en couple non, je... » Il soupira, passa une main contre sa nuque. « Je l'ai été, pendant quatre ans. Ça s'est terminé en début d'année et... disons que j'ai encore parfois un peu de mal à aller de l'avant malgré mes efforts. » Parce que quatre ans d'une vie, ça s'inscrivait en vous. Qu'il n'avait pas seulement aimé Swann comme il n'avait jamais aimé personne avant lui, mais qu'ils avaient aussi fait des projets. « Hier soir, c'était la première fois que je passais la nuit avec quelqu'un depuis la fin de cette histoire. C'est sûrement par là que j'aurais du commencer. » Un sourire timide fendit ses lèvres. Il avait le sentiment qu'elle méritait de savoir aussi pour cette partie, qu'après tout elle avait décelé cette culpabilité dans son regard qu'il s'efforçait pourtant de chasser, sachant bien que n'importe qui trouverait ça idiot. « Ça veut pas dire que je regrette ce qui s'est passé. C'est pas le cas. » Et ça il tenait vraiment à ce qu'elle le sache, peu importe qu'il ne sache pas encore tellement comment se sentir à l'idée d'avoir officiellement fait un pas en avant, un vrai. « C'est juste nouveau, ou ça le redevient. » Et comme tout, il lui faudrait se réhabituer à ne plus partager la vie d'une seule personne, peu importe qu'il n'ait pas réellement l'intention d'accumuler les relations d'un soir – même célibataire, ça lui ressemblait peu. « Y'a pas de mal, en tout cas. » Vraiment pas, et c'est peut être parce qu'il trouvait cette franchise rassurante qu'il osa demander. « Et toi, t'as quelqu'un ? J'émettrai aucun jugement, si c'est le cas, je veux juste m'assurer que je risque pas de t'attirer des ennuis en restant un peu. » Sans forcément vivre avec quelqu'un, Charlie pourrait être en couple et risquer de voir sa moitié sonner à la porte pour un prétexte ou un autre. Dans ces cas-là, il vaudrait mieux qu'on ne le surprenne pas chez elle. Il était acteur, il savait comment ces scènes avaient tendance à tourner et ne voulait pas causer de problème.

 

i found my thrill.

@CHARLIE IVYWREATH & RORY.

L'espace d'un instant, et aussi fou que ça puisse paraître, Rory en oublia qu'il petit-déjeunait dans la cuisine d'une jeune femme qu'il ne connaissait pas il y a encore vingt-quatre heures. Et à voir le naturel avec lequel ils initièrent cette conversation, Charlie elle aussi semblait aussi à l'aise que s'ils se connaissaient depuis toujours, ou presque. Rory avait certes l'habitude de mettre ses partenaires à l'aise lorsque les caméras se mettaient à tourner et qu'il fallait donner l'impression d'être amoureux ou de partager une complicité profonde, pour autant ici il n'était pas question d'une scène. Les projecteurs avaient laissé place aux néons de la cuisine, les indications du réalisateur aux aboiements du chien à ses pieds et l'odeur de la jeune femme sur sa peau, elle, était toujours bien réelle. Rory ne jouait aucun rôle et se sentait simplement à sa place. « C'est vrai. Le reste de l'année, tout le monde est assez attaché à son indépendance mais pendant les fêtes, on profite du temps qu'on peut passer en famille. » Il confia, sans vraiment savoir s'il parlait pour la sienne en particulier ou comme une généralité. Probablement un peu des deux, pourtant dieu sait que par bien des aspects sa famille lui avait toujours semblé bien différente des portraits que ses camarades peignaient de la leur, lorsqu'il était adolescent et qu'il avait pris conscience de ce que signifiait le fait de venir d'une famille où la réalité égalait rarement le bonheur régnant sur les photos. « Tu comptes aussi profiter de la tienne, je suppose. » La question lui échappa avant que Rory n'ait le temps de se demander si l'ambiance si décontractée qui régnait dans cette cuisine justifiait qu'il lui retourne la question. Il était un invité chez elle et pour ça Rory avait conscience que d'eux deux, c'est lui qui devait lever un peu du mystère qui l'entourait pour que Charlie en sache au moins un peu plus au sujet de l'homme qui avait passé la nuit chez elle et qu'elle invitait maintenant à se joindre à elle pour le petit-déjeuner. Une proposition qu'il aurait peut être tenu à décliner s'il n'avait pas aussi peu envie de retrouver le silence de son appartement. Et son sourire ne tromperait pas la jeune femme, il lui était reconnaissant de faire ça pour lui, quand bien même elle n'avait sûrement pas conscience de ce que ça signifiait réellement. Et c'était très bien ainsi, la dernière chose dont Rory ait envie étant de lui donner l'impression qu'il restait par dépit plutôt que par envie.

Ainsi, s'il parut un peu plus tendu la seconde d'après, ce ne fut en aucun cas parce que la question de Charlie était malvenue. Ça ne le gênait pas d'y répondre, et Rory savait aussi qu'il lui faudrait s'habituer à parler plus librement de ces choses-là pour avoir une chance de guérir un cœur longtemps éprouvé. C'était simplement toujours un sujet sensible, parce qu'il réveillait des souvenirs pénibles et parce que cette rupture qu'il évoqua à demi-mots n'avait été qu'une des nombreuses blessures que cette année lui avait infligé. La plus profonde et la plus douloureuse de toutes, comme le laissait deviner son sourire pincé et la boule qui lui serrait la gorge. Alors malgré lui, Rory éprouvait le besoin de s'expliquer, d'offrir à Charlie assez d'éléments pour comprendre qu'un garçon qu'en apparences rien ne semblait pouvoir ébranler puisse renfermer un chagrin si profond qu'il s'accompagnait de confessions un peu honteuses. Charlie ne s'attendait probablement pas à ce que le type qu'elle avait ramené hier soir n'ait ni touché ni même embrassé qui que ce soit depuis près de dix mois. Il savait bien qu'il ne lui devait ni excuses ni justifications, mais tout dans le regard de la jeune femme lui indiquait qu'au contraire, elle n'avait pas la moindre intention de le juger. Alors quelque part, il y voyait quelque chose de libérateur et se surprenait à s'ouvrir à elle comme à une amie. C'était l'impression déroutante qu'il nourrissait après quelques minutes à discuter avec elle et la raison pour laquelle son sourire se voulait serein. Sa seule crainte, à présent, c'était que la porte d'entrée puisse potentiellement s'ouvrir sur la silhouette d'un homme qui ne serait pas enchanté de le trouver ici. Il fut donc en partie rassuré lorsqu'elle lui affirma qu'il ne lui créerait aucun ennui en restant plus longtemps. En partie, parce que Rory se concentra bientôt sur ses confessions et comprit en l'écoutant qu'elle tenait bien trop à son indépendance pour vouloir d'une relation amoureuse. Ce qui n'avait rien d'un tort à ses yeux, mais lui faisait malgré tout pressentir que ces certitudes n'étaient pas nées toute seules. « J'avais une grand-mère qui disait toujours « Aimer quelqu'un, c'est avoir quelque chose à perdre. » » La mère de sa mère, qui avait toujours un millier d'anecdotes comme celle-ci, sans forcément qu'à l'époque Rory ait su voir combien elle parlait probablement par expérience. « J'avais jamais vraiment compris à quel point ça pouvait être vrai. C'est lorsque cette histoire-là s'est terminée que j'ai su combien elle avait raison. » Parce qu'avant ça, et même s'il avait déjà éprouvé certains sentiments au préalable, Rory n'avait jamais aimé au point de faire de sa moitié le centre même de son univers. Il n'avait jamais aimé au point de se voir arracher la moitié du cœur lorsqu'il s'était finalement retrouvé seul, avec son chagrin et ses regrets. Il n'avait jamais aimé personne comme il avait aimé Swann, tout simplement. « Parce que cette personne était tout l'inverse d'une prison. » Il souffla, comme un écho aux paroles de la blonde. Un sourire triste passa sur ses lèvres. La dernière chose qu'il voulait, c'était rendre l'atmosphère inconfortable, après tout Charlie ne tenait sûrement pas à ce qu'il lui parle des heures de l'homme qui avait partagé sa vie pendant quatre ans et qui chaque instant l'avait rendu infiniment heureux. Reportant toute son attention sur la jeune femme, il sentit son sourire s'étirer à nouveau à cette anecdote qu'elle partagea avec lui : il ne se serait pas permis de trouver ça amusant s'il n'avait pas senti, à sa façon de la raconter, qu'elle voulait dédramatiser la chose. « C'est drôle, si j'avais du t'imaginer dans un rôle, c'aurait sûrement été dans celui de celle après qui on court. » Et pas l'inverse. Peut être parce que Charlie donnait l'impression de pouvoir avoir qui elle voulait, quand elle voulait, que c'était sûrement aussi cette assurance qui lui avait plu. « Qu'est-ce qu'il y a eu, pour que t'en parles au passé ? » La question fut formulée à demi-mot, comme une manière de lui faire comprendre qu'elle n'était pas forcée d'y répondre et qu'il comprendrait qu'elle ne tienne pas à pousser plus loin le jeu des confidences. Lui, contre toute attente, trouvait ça apaisant. C'était peut être le fait que Charlie et lui se connaissent relativement peu qui aidait à ce qu'il ouvre son cœur. Ou le fait d'avoir gardé tout ça pour lui durant longtemps. « C'est vrai, ça a jamais été mon genre. » De se rapprocher de quelqu'un pour chasser une autre personne de ses pensées. Et il fut troublé, l'espace d'une seconde, qu'elle semble avoir perçu ça chez lui. « Et je suis pas entré dans ce bar hier en me disant que je rencontrerai quelqu'un et que j'essaierai de l'oublier, j'ai juste... passé un an à entretenir le souvenir de ce que j'avais perdu et je voulais faire l'inverse, cette fois. Et me convaincre que j'étais capable d'avancer. » Jamais il ne donnerait à Charlie l'impression qu'il l'avait utilisée pour oublier son ex, ça n'était pas le cas. C'est vrai, il pensait encore beaucoup à Swann et voulait bien la croire lorsqu'elle disait qu'il n'y avait pas de remède miracle. Mais il y avait une chose dont il soit certain, c'est qu'il avait passé cette nuit avec elle parce qu'il en avait envie. Parce qu'après un an à recoller maladroitement les morceaux de son cœur, il avait voulu se laisser une chance d'avancer.

« Merci. » Il souffla dans un sourire sincère, lorsqu'elle laissa entendre qu'elle n'avait pas l'intention d'ébruiter son passage dans son appartement et entre ses draps. Rory ne l'en aurait pas empêché, parce qu'il n'en avait pas honte, mais l'idée qu'elle veuille garder ça pour elle tout en sachant qu'il était connu et que l'anecdote vaudrait son pesant d'or aux yeux de la presse – justement désespérée à l'idée de lui prêter des histoires – lui inspirait une sincère gratitude. « Je crois pas qu'on ait été suivis hier soir, alors personne ne doit savoir que je suis ici. Au cas où tu te demanderais si tu dois emprunter la sortie de secours... » Il fit preuve de légèreté à son tour, le regard pétillant. Rory subissait peut être l'intérêt des journalistes depuis des mois mais il avait aussi appris à surveiller ses arrières. Hier soir, il était encore en état de s'assurer que personne ne les suivrait jusqu'au domicile de Charlie : lui non plus n'avait aucune intention de la mettre dans l'embarras. A sa prochaine question, il se pinça les lèvres. « Avant ça, je crois que j'en avais jamais vraiment eu envie. Parce que j'étais pas prêt, ou parce que personne m'avait jamais vraiment mis à l'aise de cette manière. » Elle comprendrait peut être, à sa manière de la regarder, qu'il avait fait sa rencontre au moment où il en avait probablement le plus besoin. Besoin de quelqu'un qui se moquerait de son statut d'acteur, avec qui il pourrait passer un bon moment sans culpabiliser de rien et qui finalement n'en attendrait pas plus que lui. Charlie l'avait mis à l'aise et c'était encore le cas ce matin. « Et puis, la personne avec qui je suis resté quatre ans... elle est de nouveau en couple. » D'accord, c'est vrai, il ne pouvait pas prétendre que ça n'avait pas joué aussi. « Je le sais depuis à peine quelques semaines, et je crois que j'ai pris conscience que si il avançait, alors je devrais en être capable aussi. » Et tandis que cet aveu réveilla à nouveau plusieurs émotions en lui, Rory ne s'aperçut même pas qu'il lui avait attribué un sexe. A lui, Swann. « Je suis heureux qu'au moins l'un de nous ait retrouvé le bonheur. Mais j'ai peur de jamais revivre quelque chose d'aussi spécial parce que j'aurais pas su tourner la page au bon moment. » Ou de ne jamais revivre quelque chose d'aussi spécial, tout court. Bien sûr que cette crainte il l'avait, qu'après Swann ça lui paraissait difficile d'aimer un jour quelqu'un comme il avait pu l'aimer lui. Et plus difficile encore d'inspirer ces mêmes sentiments quand quatre années d'un amour incommensurable n'avaient rien changé à l'issue de cette histoire. « Je suis désolé, on a jamais établi que la formule petit-déjeuner comprenait aussi une psychanalyse. » Rory s'interrompit dans un rire nerveux. « T'en sais plus sur ma vie amoureuse que ce qu'indique ma bio Wikipédia, j'espère que ça compense un peu ce monologue sur mes déboires amoureux. » Il avait beau s'en amuser, il ne pourrait pas lui en vouloir d'éprouver peu d'intérêt pour la vie amoureuse du type avec qui elle avait passé la nuit, et dieu sait que ça n'était pas habituel chez lui de se confier de la sorte. A vrai dire, c'était sûrement ça, et le fait de n'avoir pas même pu en parler à ses frères et sœurs – à l'exception de la plus jeune – qui lui faisait nourrir le besoin de se confier. Croisant son regard en silence, Rory esquissa un sourire plus doux. Il lui était reconnaissant de lui permettre de rester plus longtemps chez elle, mais plus que tout il se réjouissait d'avoir l'occasion d'apprendre à la connaître un peu. « Tout à l'heure tu as dit que t'avais pas envie d'une vie de couple. J'espère que je viens pas de te vacciner pour de bon des relations à long terme et qu'il y a encore un espoir pour un ou une futur(e) prétendant(e). » Un nouveau sourire, pour lui montrer qu'elle pouvait prendre ça pour de l'humour ou y voir quelque chose d'un peu plus sérieux. Peu importe, il espérait juste ne pas avoir obscurci sa vision de l'amour. « Parfois si on passe quatre ans à courir après quelqu'un, c'est simplement que c'est pas la personne qu'il nous faut. Mais ça veut pas dire qu'elle existe pas quelque part. » Et c'est vrai, il n'était pas un expert en relations sentimentales auprès de qui on voudrait prendre conseil. Mais il savait en revanche à quel point aimer pouvait rendre heureux, à quel point lui ne voudrait pas réécrire une ligne de sa dernière histoire, malgré sa fin. A quel point il continuait d'en valoir la peine aujourd'hui.

L’ambiance est calme et apaisée. Charlie a l’impression de partager un verre et un repas  avec un ami de toujours qui ne connaît paradoxalement rien d’elle, et sans être effrayant, c’est bien tout le contraire. Elle s’est rarement sentie aussi bien depuis de longues semaines et ce ne sont pas les quelques faux pas maladroits de Rory qui ne pourraient changer quoi que ce soit. Désireuse de ne pas le laisser prendre la faute sur lui, la jeune femme préfère simplement passer le sujet de sa propre famille, ne le trouvant pas digne d’intérêt. Elle n’a pas d’histoires larmoyantes à raconter et encore moins d’autres emplies d’espoir, ce ne serait qu’une suite d’événements ennuyants. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas parler d’elle-même, Villanelle se contente plutôt de mieux en choisir les moments. Face aux confessions de l’acteur, elle ne trouve rien d’intéressant à lui répondre, surtout pas alors qu’il utilise sa propre grand-mère comme exemple pour parler de sa dernière relation amoureuse. Éternelle fleur bleue, Charlie ne peut cacher un sourire sincère alors qu’il parle avec beaucoup de nostalgie, quand bien même cette dernière semble embrumée de tristesse. « Parce que cette personne était tout l'inverse d'une prison. » Un jour, elle espère aussi pouvoir trouver cette personne qui sera tout sauf une prison. Pour le moment encore, elle se contente d’être heureuse pour Rory et les instants qu’il a pu vivre, avant que tout ne s’arrête subitement. Elle ne connaît rien de cette histoire mais puisqu’elle n’a jamais été très objective non plus, la voilà qui prend déjà le parti de l’acteur. Si cette histoire n’a pas fonctionné alors la faute repose bien évidemment sur cette personne, peu importe à quel point la blonde en sait peu à son sujet. Son rire doux contraste avec le sourire forcé du brun, elle agit en toute connaissance de cause et préfère ne pas les laisser s’enfoncer dans un pathos trop oppressant. Elle aussi, elle s’est toujours vue dans le rôle de celle après qui on court. Cela a sans doute quelque chose à voir avec le fait que ça a finalement toujours été le cas, ce qui va de pair avec le fait que personne ne lui a jamais rien refusé. “J’ai arrêté de demander quelque chose qu’elle n’a jamais voulu.” Voici donc la seule et unique raison pour laquelle elle parle d’Ariel au passé. Elle a enfin tiré un trait sur une possible relation avec la jolie blonde, pour leur bien à toutes les deux sans doutes. Elle hausse les épaules pour prouver qu’elle n’est aujourd’hui plus autant affectée par cette histoire qu’elle avait pu l’être auparavant.

Il appuie aisément sur des traits de la personnalité de Charlie qu’elle tente maladroitement de ne pas trop laisser en évidence et en retour, elle en fait de même sans réellement chercher à le faire. Quoi qu’elle n’a pas eu à se demander bien longtemps s’il était ou non du genre à terminer ses soirées entre les draps d’inconnus. La réponse à cela semble bien évidente et Rory la lui confirme rapidement. “Même si c’était le cas, je ne te juge pas.” Même s’il n’avait vu en elle qu’un moyen d’oublier le reste le temps d’un soir, elle n’aurait pas eu le droit de le lui reprocher, surtout pas alors qu’elle a elle-même fait la même chose des dizaines de fois auparavant sans jamais oser se remettre en question. Ce n’est qu’une preuve de plus qu’ils n’ont que très peu de choses en commun alors qu’elle, en retour, n’a jamais connu de relation dont il semble parler avec encore tant d’enthousiasme malgré le temps écoulé. Même s’il n’est aujourd’hui plus dans une position aussi satisfaisante, Charlie ne peut s’empêcher de l’envier en partie. Beaucoup voudraient son talent, sa renommée ou sa richesse alors qu’elle, elle ne souhaite que de pouvoir parler de son alter ego avec autant de ferveur. Pour cela faudrait-il encore avoir un alter ego dont elle pourrait parler.

Les remerciements de l’australien sont balayés du revers de la main et même si Charlie ne minimise pas l’importance qu’ont eu ces mots pour Rory, elle ne souhaite en réalité simplement pas qu’il se pense redevable envers elle simplement parce qu’elle a promis de ne rien dire. Elle gardera les lèvres closes d’autant plus alors qu’il ne se veut pas avare en confessions, ajoutant à petites gouttes des précisions sur cette fameuse relation, entre le temps qu’elle aura duré et la personne même avec laquelle il la partageait. Puisqu’elle n’a eu aucun mal à préciser qu’Ariel était une femme sans pour autant dévoiler son identité, elle sera bien la dernière à pouvoir juger le fait qu’il ait été en couple avec un homme. La seule chose qui l’étonne reste que ce genre de détail ait pu être passé sous silence pendant autant de temps - et qu’officiellement, ce soit toujours le cas. “Quand une relation se termine, on a tendance à être nostalgique de ses débuts et à en oublier la fin.” Tout ça pour dire qu’elle comprend ce qu’il peut ressentir, bien que ce soit à moindre échelle. Tout ça pour dire aussi que si l’homme en question est réellement passé à autre chose, alors il mérite d’en faire autant. Il en parle encore avec un profond respect, ce que Charlie ne peut qu’admirer sans être capable d’arriver à en faire de même. A sa place, elle n’aurait été capable que de la détester de tout son cœur, preuve en est que toutes ses anciennes relations sont aujourd’hui rythmées par un profond mépris. “Il serait heureux que tu retrouves le bonheur, toi aussi. Ce n’est pas parce que ça prend un peu plus de temps que c’est impossible.” Ironiquement, elle parle à la place d’un inconnu dont elle ne connaît pas même le prénom. Pourtant, elle utilise les informations qu’on lui a donné par bribes et elle fait au mieux avec ces dernières, pas pour remonter le moral à l’acteur mais bien pour rester au plus proche de la réalité. “La formule psychanalyse est toujours intéressante.” Ce n’est pas le cas, mais elle l’est en sa compagnie. Elle n’a rien à y gagner, rien à y perdre, mais si elle peut utiliser ses maigres connaissances ou son expérience pour aider des personnes au hasard alors elle n’en sera que réellement heureuse. Sa personnalité altruiste a été affectée par les événements des ces derniers mois et autres années.

“J’ai pas envie qu’on me dicte quoi faire, mais ça ne veut pas dire que je ne serai jamais en couple. J’en sais rien, en réalité. Ce n’est plus ma priorité maintenant.” Elle s’est beaucoup inquiétée de cette question jusqu’à l’arrivée des jumeaux dans sa vie mais aujourd’hui, ils sont les premiers dans toutes les catégories et elle ne prend même plus la peine de penser à la possibilité de devenir la compagne de qui que ce soit. Puisqu’il s’est largement ouvert sur sa vie et qu’elle aurait de quoi l’exposer dans les journaux à sensation, elle se sent assez à l’aise pour se confier davantage à son tour. Exposer sa vie est une chose ; le faire avec celle de ses enfants est bien différent. “J’ai deux enfants. Des jumeaux. Ce sont eux dont je m’occupe surtout.” Les confessions ne vont pas assez loin pour qu’elle évoque le fait que leur père ait leur garde alternée. Cela ne change pas son amour pour eux ni même le temps qu’elle leur donne et toute l’attention allant avec. Elle sourit sincèrement pour le mettre en confiance, sans pour autant se laisser aller trop longtemps à des confessions. Elle ne fait que lui rendre la monnaie de sa pièce et lui assurer qu’il ne l’a pas vacciné d’aucune relation à long terme. « Parfois si on passe quatre ans à courir après quelqu'un, c'est simplement que c'est pas la personne qu'il nous faut. Mais ça veut pas dire qu'elle existe pas quelque part. » - “Je te retourne ça. Si vous n’êtes plus ensemble, c’est finalement qu’il devait y avoir une raison. Ça veut aussi dire que tu trouveras quelqu’un autre part.” Charlie reprend ses paroles aussitôt, non pas pour le piéger mais bien pour tenter de l’aider et lui faire ouvrir les yeux. Il n’y a pas besoin de le connaître pour savoir qu’il est une bonne personne, au sens strict du terme, et que par conséquent il mérite pleinement d’accéder au bonheur pour une durée illimitée. "Avoir besoin de plus de temps pour passer à autre chose n'est pas un défaut. Je t'admire pour être capable de prendre autant de recul, en réalité." Alors qu'en retour, Charlie ne sait que tomber follement amoureuse du premier venu pour ensuite le détester de toute son âme et de tout son corps, tout ça sans même en connaître réellement la raison. Elle ne sait pas se retrouver dans le juste milieu de quoi que ce soit, ce n'est définitivement pas fait pour elle. "Je pourrai mettre dans mon CV que je suis conseillère amoureuse de star, est-ce-que ça sonne pas super bien ?" Elle reprend sur un ton bien plus amusé et bien moins cérémonieux, prouvant par la même occasion qu'elle ne pense bien sûr pas ce qu'elle dit et qu'elle n'en fera jamais tout un plat autour de cette discussion ou même de cette soirée. "Tu préfères faire passer ta carrière ou ta vie amoureuse en priorité ?" Elle fronce à peine les sourcils pour marquer le sérieux de cette question pourtant venue de nulle part. "Aucune bonne réponse. Aucun piège. Promis."

 

i found my thrill.

@CHARLIE IVYWREATH & RORY.

Il en prenait conscience à mesure que la présence de Charlie lui inspirait des confessions naturelles, qu'il n'avait pour certaines jamais faites à ses propres frères et sœurs : quelque chose chez la jeune femme le mettait en confiance et ça lui faisait le plus grand bien. De s'ouvrir à quelqu'un qui ne le connaissait pas vingt-quatre heures plus tôt et dans le regard de qui il ne percevait ni jugement ni incompréhension. Rory avait toujours été plus doué pour écouter que pour se confier lui-même, parce que ses proches et les personnes qu'il aimait passeraient toujours bien avant son propre épanouissement et que sa dévotion pour eux ne connaissait aucune limite. Pourtant, il s'autorisait pour une fois à mettre des mots sur des sentiments qu'il n'exprimait pas toujours avec facilité d'ordinaire, parce que Charlie rendait ça facile et qu'à aucun moment il n'envisageait l'idée qu'elle puisse vouloir utiliser ces informations contre lui. Ce n'était pas une crainte qu'il avait le sentiment de devoir nourrir, bien au contraire, il avait peut être tendance à accorder facilement sa confiance mais Charlie, elle, lui en semblait déjà plus que digne. Preuve en était qu'il se confiait à elle sur l'une des pages les plus douloureuses de son histoire, sa rupture avec Swann et cet abîme de peine et de regrets creusé au fond de son cœur dix mois plus tôt. Rory en ferait un secret pendant encore quelques semaines avant de décider d'en parler à ses proches, et en attendant c'était un soulagement pour lui de trouver chez la jeune femme une oreille attentive. Tout comme il voulait qu'elle se sente libre de lui parler, de livrer ce qu'elle avait sur le cœur ou de ne pas le faire et préférer lui laisser le monopole des confidences. Il n'attendrait jamais d'elle qu'elle se confie en retour, tout le monde n'avait pas le même besoin de le faire et sans doute que pour une fois, ça n'était pas un mal qu'il soit celui qui parle. Et parce que lui non plus ne tenait pas à plomber l'ambiance, c'est un sourire qui retrouva le chemin de ses lèvres lorsqu'elle se livra à une confidence qui ne semblait plus rien avoir de douloureuse. « Tu as lâché prise. C'est parfois la meilleure chose à faire. » Là où l'ironie se voulait parfaite, c'est que Charlie pourrait sûrement lui dire la même chose, quand bien même il n'avait jamais nourri d'affection à sens unique. C'est peut être finalement là son problème, ses espoirs étaient toujours entretenus le temps d'une relation, peu importe sa durée, et ne se brisaient qu'au moment où il s'y attentait probablement le moins. Peut être que dans un sens, on souffrait moins de rester seul, de souffrir une bonne fois pour toutes avant d'avoir trop donné, trop aimé, trop cru. Charlie ne serait sûrement pas d'accord, mais elle lui semblait si sereine et indépendante qu'une partie de lui ne pouvait s'empêcher de lui envier ça.

Et il pouvait lire dans son regard qu'à aucun moment elle ne se serait offensée d'avoir été pour lui un moyen d'oublier ses tourments le temps d'une soirée, quand bien même Rory éprouvait le besoin de lui assurer qu'il n'en était rien. Que s'il lui avait fallu plusieurs mois pour éprouver à nouveau l'envie de goûter à cette chaleur qui lui avait manqué bien plus après le départ de Swann qu'à n'importe quel autre moment de sa vie, c'est parce qu'il refusait depuis le départ d'utiliser qui que ce soit pour tenter d'aller mieux. Écumer les bars et enchaîner les aventures ne lui ressemblait pas, mais ça ne l'aurait surtout pas aidé à se sentir mieux. Ça lui avait pris du temps avant de faire ce pas en avant qui signifiait sans doute bien plus qu'il n'en était pour l'instant conscient, tout comme ça lui demandait aujourd'hui du courage de verbaliser une souffrance et une solitude qu'il avait endurées en secret pendant près d'un an, au point de devoir parfois forcer des sourires devant ses proches. Ça aurait rendu les choses moins douloureuses de pouvoir leur en parler, autant de ce vide qu'il avait peu à peu laissé l'engloutir que de Swann lui-même. Toujours avec une douceur infinie, toujours comme de quelqu'un qui comptait infiniment à ses yeux. Rory était paradoxalement la dernière personne au monde à lui en vouloir d'être parti, quand tout ce qu'il savait faire était de s'en vouloir à lui-même de n'avoir pas su le retenir. « Il aura toujours une place particulière dans mon cœur. » Une place qui évoluerait avec le temps, mais une place que Swann ne perdrait jamais parce qu'un bout de lui ferait toujours partie de l’australien. Quatre ans ne s'oubliaient pas et Swann, lui, comptait toujours profondément à ses yeux. S'il n'avait jamais aimé personne comme il l'avait aimé il se prenait à espérer pouvoir un jour penser à lui sans plus éprouver ni douleur ni regrets. Charlie se voulait optimiste ou simplement réaliste, dans un cas comme dans l'autre son discours se voulait rafraîchissant. « Une thérapeute qui vous cuisine des œufs brouillés, c'est mieux que l'image que j'ai toujours eu des psychanalyses. » Son sourire s'étira tandis qu'il porta sa fourchette à ses lèvres. Rory avait déjà consulté, ses parents avaient jugé ça nécessaire après son accident lorsqu'il s'était enfoncé dans une dépression contre laquelle un adolescent n'était jamais armé. Depuis, il avait certains aprioris sur ce genre de thérapies où on lui ferait sûrement remarquer que l'humour avait toujours été pour lui un moyen de tout dédramatiser.

Rory comprenait la vision que Charlie semblait aujourd'hui avoir des relations amoureuses, quand bien même elle pouvait sembler opposée à la sienne sur certains points. « J'ai toujours pensé que ce genre de choses nous tombaient dessus sans qu'on les ait vraiment cherchées, de toute façon. Quelqu'un t'amènera peut être un jour à revoir la liste de tes envies. » La vie serait ennuyeuse si elle n'était pas pleine de surprises, et personne ne se réveillait avec l'intention de faire la rencontre qui changerait la sienne. Ça arrivait, c'est tout, et en ça Charlie n'avait aucune obligation d'attendre que quelqu'un lui fasse changer l'ordre de ses priorités. Si ce quelqu'un était supposé lui ouvrir les yeux, elle n'aurait qu'à se laisser porter le moment venu. Les confessions de la jeune femme lui tirèrent finalement un sourire plus tendre lorsque Rory apprit qu'elle avait deux enfants. Une information qu'il n'avait pas jusqu'ici et qui ne changeait rien à ses yeux, tout comme elle n'aurait rien changé hier soir si elle lui en avait parlé – mais il comprenait qu'elle ne l'ait pas fait, ce détail touchant à une intimité que tout le monde n'irait pas partager avec un inconnu. « Les enfants, c'est la plus belle des priorités. » Traitez-le de naïf, il s'était toujours dit que l'arrivée d'un enfant devait bouleverser la vie de la meilleure façon qui soit, raison pour laquelle il s'imaginait parfois à la tête d'une famille, d'ici quelques années. Il venait d'une famille nombreuse et avait veillé sur sa petite sœur, ça n'avait sans doute rien d'étonnant. « Ils ont quel âge ? » Les enfants de Charlie étaient sans doute encore petits et c'était là la seule information qu'il s'estimait en droit de lui demander. Sa relation avec leur père avait visiblement pris fin et il n'imaginait que mieux qu'elle ait d'aujourd'hui d'autres priorités que celle de se remettre en couple. A vrai dire, ça expliquait peut être aussi qu'elle soit d'aussi bons conseils en ce qui concernait la fin de sa relation avec celui dont il ne prononcerait pas le nom ici pour le protéger. Pas parce qu'il ne faisait pas confiance à Charlie pour garder son identité secrète mais parce que Swann et lui n'avaient décidé que récemment de lever le secret sur leur relation. « Encore aujourd'hui, je peux pas m'empêcher de me reprocher l'issue de notre histoire. Mon boulot me contraint parfois à partir sur des tournages à plusieurs heures d'avion, je peux pas lui en vouloir d'avoir sans doute jugé que c'était trop. » Cette idée était pourtant douloureuse et Rory avait passé les dix derniers mois à ressasser les erreurs qu'il avait pu faire et toutes les fois où il aurait sans doute pu faire plus. Hésitant une seconde, il reprit. « Personne ne savait, pour nous. On en a fait un secret pour plusieurs raisons, et je le regrette pas parce que ça m'a offert quatre belles années avec lui et que j'ai jamais eu besoin de partager mon bonheur avec qui que ce soit d'autre, en réalité. » Ainsi peut être Charlie comprendrait-elle pourquoi les journaux n'avaient jamais fait mention d'aucune relation, encore moins avec un homme. « Mais j'ai aussi conscience qu'on mérite tous les deux de pouvoir vivre une histoire au grand jour, et même si je sais pas encore si je retomberai amoureux je sais au moins que lui peut être heureux et le montrer. C'est ce qui compte pour moi pour l'instant. » Le bonheur de Swann, qui n'avait plus à craindre le regard des autres ni à se retenir de tenir sa main ou de l'embrasser en public. Bien sûr que Rory aurait aimé qu'ils puissent faire tout ça, bien sûr qu'il aurait aimé suffire à apaiser ses craintes et lui faire oublier le reste du monde, mais il chérirait toujours ce qu'ils avaient vécu ensemble et cette histoire que malgré tout il ne voudrait jamais réécrire. Alors il secoua la tête et retrouva un léger sourire lorsque Charlie lui assura qu'il n'y avait rien d'anormal à avoir besoin de temps. Cette idée de conseillère sentimentale de stars, elle, lui tira un rire. « Non seulement ça sonne bien, mais je suis prêt à t'écrire une lettre de recommandation, si jamais tu penses à une reconversion. » C'est au moment où il prononça ses mots qu'il réalisa qu'il n'avait aucune idée de ce que Charlie faisait dans la vie, contrairement à elle qui savait qu'il était acteur. « D'ailleurs je suis certain que là où tu travailles, y'a aussi des gens avec des tas de problèmes sentimentaux. » Pas besoin de côtoyer des personnalités publiques pour dispenser des conseils avisés : il y avait des cœurs brisés aux quatre coins de la ville. Finalement, la question de la jeune femme lui fit reprendre un air plus sérieux, et c'est après une seconde qu'il souffla. « J'ai toujours essayé d'équilibrer les deux, de faire ce que j'aimais sans que ma vie personnelle en pâtisse. Aujourd'hui je sais que mes efforts ont sûrement pas suffi, alors si je rencontrais quelqu'un j'imagine que j'essaierais d'accorder un peu moins de place à mon boulot. » La vérité, c'est qu'il aurait abandonné ses rêves s'il avait du choisir entre Swann et sa carrière et que c'était probablement la raison pour laquelle l'anglais ne l'avait jamais place face à ce choix. Par amour, il serait capable de reconsidérer beaucoup de choses. « Mais c'est sûrement une réponse idiote vu que j'ai jamais su garder qui que ce soit et que mon boulot est aujourd'hui tout ce qui me reste. » Un rire silencieux quitta ses lèvres et Rory tâcha de rendre cet aveu aussi anodin que possible. Sa vie sentimentale n'était pas une franche réussite mais face aux autres il s'efforçait souvent de ne pas montrer combien il souffrait. « Tu pourrais sortir avec quelqu'un de connu ? Je veux dire, supporter l'attention de la presse, ses déplacements et le reste ? » Il n'avait sûrement pas besoin de préciser que ça n'était en rien une invitation à sortir, ils savaient tous les deux ce que cette nuit avait signifié et c'était ce qui rendait cet échange aussi simple et agréable. « Là non plus, y'a ni piège ni mauvaise réponse. » Il précisa dans un sourire. Rory avait inconsciemment toujours cherché à mener une vie aussi simple que possible en parallèle de sa carrière, parce qu'il avait besoin de cloisonner sa vie pour être épanoui à tous les niveaux. Mais il n'était pas naïf pour autant, en dépit de ce qu'il avait à offrir sa notoriété en refroidirait sûrement plus d'un(e) et il ne reprocherait pas une seule seconde à Charlie d'en faire partie.

Charlie a beau ne pas comprendre cette envie de rester pendant des années auprès de la même personne, force est d’avouer qu’elle trouve finalement l’acteur chanceux d’avoir connu une telle relation. Tout ne découle aujourd’hui que de la façon dont il a d’en parler mais c’est bien grâce à ses mots qu’elle sourit doucement, rêveuse. Elle a surtout envie d’oublier ses dernières relations et d’enterrer ses ex ; cela prouve bien qu’aucun d’eux n’était le bon. A défaut de le chercher activement, elle se laisse désormais portée par la vie et ce qu’elle lui apporte, ses deux enfants étant le plus beau des cadeaux. Elle partage leur existence à Rory au bout d’un certain temps, telle une confidence au milieu des siennes. Ils ont tous leur histoire. « Les enfants, c'est la plus belle des priorités. » Ils ne peuvent que s’accorder sur ce point. Elle a eu du mal à en venir à cette idée mais aujourd’hui, la jeune femme ne voudrait changer de point de vue pour rien au monde : elle ferait tout pour eux. « Ils ont quel âge ? » - “Ils ont eu un an il y a quelques semaines.” Et ils apprennent à glisser sur le sol, à attraper ce qui est à leur portée, à former quelques sons. Ils sont de plus en plus alertes, ils comprennent ce qui leur est dit, Siobhan pleure dès qu’elle mange quelque chose d’orange et Aaron commence à faire la même chose par pure mimétisme. Des anecdotes à propos de ses enfants, elle en aurait des milliers à raconter. Pourtant, elle se contente d’un sourire face à l’acteur, puisqu’il n’est pas venue chez elle pour l’entendre parler de ses bambins pendant des heures. Elle n’a pas envie d’être ce genre de personne, de toute façon. En retour, pourtant, elle n’a aucun mal à l’écouter et se transformer le temps d’une discussion en une psychologue de sans doute piètre qualité.

Elle se dit qu’il est sûrement heureux de pouvoir se confier à une personne qui n’est pas proche de lui et qui ne risque pas de le juger non plus. Pour cause : elle ressent la même chose. Rencontré au détour d’une soirée, ils s’entendent assez pour se parler et se comprendre mais sans doute pas au point de réellement continuer à se voir après cette journée. Loin d’en être triste, la jeune femme se contente de se dire que ce n’est que la vie et qu’il n’y a pas de mal à ça. “Tu étais acteur avant. Ton rythme de vie n’est pas une surprise.” Et il est acteur après encore. C’est la seule constante, finalement, et cet homme devait savoir dans quoi il s’embarquait. Il n’avait pas signé de contrat mais l’accord était tacite : le rythme métro-boulot-dodo n’aurait pas été envisageable, et encore moins pour la vie de couple allant avec. D’une voix douce, elle lui fait pourtant doucement comprendre qu’elle ne risque pas de trouver des circonstances atténuantes à son ex. “Je vais te dire quelque chose qu’on déteste entendre mais qui est importante : t’es jeune et tu as la vie devant toi.” Elle déteste quand son oncle le lui répète ou même qui que ce soit d’autre mais c’est en prononçant à son tour ces mots pour Rory qu’elle en comprend enfin toute la portée et les sous-entendus. Il est à peine plus vieux qu’elle et bien qu’elle soit heureuse pour lui qu’il ait déjà pu connaître une histoire aussi importante et significative, elle ne se fait aucun doute à propos du fait qu’il saura trouver le temps et la possibilité d’être heureux à nouveau. Seul, d’abord. Accompagné, ensuite seulement. Charlie assure ses mots d’un sourire plus appuyé et empli de confiance. “Là où je travaille, ce n’est jamais le bon moment ou endroit pour parler de ses problèmes sentimentaux. Je te jure qu’ils paieraient cher pour que j’arrête avec mes questions.” Sans doute aussi parce qu’elle est bien moins délicate avec ses collègues qu’elle l’est avec Rory ; et le fait qu’ils aient passé une nuit ensemble a tout à y voir. Les questions sont différentes et la façon de voir le monde avec. “Pour toi, par contre, je suis certaine que tu trouveras quelqu’un qui arrivera à comprendre ton rythme de vie et à jongler avec.” Même si elle a bien compris qu’il y avait d’autres problèmes inhérents, elle préfère rebondir sur ce que Rory a mis en avant un peu plus tôt. On ne peut pas lui enlever sa langue bien pendue et on ne peut pas le faire pour son optimisme non plus. Déjà, elle a toute une liste de qualités qui pourraient le vanter et aucun défaut qui n’explique que la personne en face ne soit pas capable de s’adapter.

« Mais c'est sûrement une réponse idiote vu que j'ai jamais su garder qui que ce soit et que mon boulot est aujourd'hui tout ce qui me reste. » Ce n’est pas un mal en soi aux yeux de Charlie. Il travaille dur pour ce travail, il s’y donne corps et âme et il l’exerce avec passion : pourquoi Diable est ce qu’il ne devrait pas en faire sa priorité, surtout face à des relations éphémères ? Il n’y a pas de mal à ce que son travail soit toute sa vie ; et elle le pense parce qu’il en est de même pour elle, ça va de soi. L’objectivité n’est pas son fort. “Hope te pardonnerait sans mal ton boulot.” Pourquoi est ce qu’elle veut absolument que tous ses amis adoptent un chien ? Sohan d’abord, maintenant Rory. Il faut qu’elle arrête de chuchoter l’idée à tous ceux qu’elle rencontre, sérieusement, mais avouez quand même qu’un chien serait heureux de recevoir des centaines de caresses différentes sur les plateaux. « Tu pourrais sortir avec quelqu'un de connu ? Je veux dire, supporter l'attention de la presse, ses déplacements et le reste ? » Prise de court, elle arbore une rapide grimace, le temps de se donner la réflexion à propos de la question. Après être sortie avec des ordures, des hommes qui cherchaient une mère et ceux qui voulaient simplement quelqu’un pour les rassurer lorsqu’ils pleuraient, être auprès d’une célébrité ne lui semble pas être un problème. Pas aux premiers abords, en tout cas. “Je ne voudrais pas qu’on parle de moi comme “la femme de”, je pense que c’est ce qui me dérangerait le plus.” Et s’il y a sûrement une seule femme mariée à une célébrité qui y échappe, c’est la Reine d’Angleterre. Charlie ose les épaules avec désinvolture après cet aveu. “Pour le reste, je pense qu’avec quelques conseils et un peu de temps d’adaptation, j’en serais capable.” Il y a tant de choses auxquelles elle pense mais qu’elle ne souhaite pas préciser à Rory, bien au fait que sa célébrité ait joué contre lui dans sa dernière relation. De toutes ces choses, elle refuse surtout de lui préciser que par amour, elle aurait été prête à tout. "Je fais le meilleur pop corn salé du monde. Ça se mange exclusivement devant un film. Deal ?" Il s'est assez tourmenté le coeur et elle a l'impression qu'il ne semble pas vouloir partir dans la seconde non plus. Un film semble être un bon compris et en plus, elle le laisse le choisir. Un jour elle pourra pointer l'écran du cinéma et dire "tu vois, j'ai regardé un film dans mon salon avec cet acteur là" ; et ça, elle en sera sacrément fière.

 

i found my thrill.

@CHARLIE IVYWREATH & RORY.

Un sourire d'une extrême tendresse éclaira le visage de Rory à la mention des enfants de Charlie, eux qu'il ne pouvait maintenant s'empêcher d'imaginer comme les portraits crachés de la jeune femme. La douceur qui transparaissait sur ses traits le confortait dans l'idée que ses enfants étaient sûrement tout pour elle et loin de vouloir se montrer indiscret, Rory n'effleurerait pas le sujet davantage, songeant que ça faisait partie des choses que Charlie ne tenait pas à évoquer avec le premier venu – quand bien même il avait tout sauf l'impression d'être réduit à ça lorsqu'ils échangeaient de la plus naturelle des façons. Il ne désirait simplement pas lui donner l'impression de vouloir s’immiscer davantage dans son intimité sous prétexte qu'elle le laissait rester un peu plus longtemps, il aimait bien mieux respecter sa pudeur. Rory ne posa ainsi pas plus de questions, entendre parler des enfants des autres lui faisant toujours prendre un peu plus conscience de son propre désir d'en avoir, un jour. Il était le plus attentionné des oncles avec les enfants de son frère, à tel point qu'il se proposait souvent de les garder lorsque son frère travaillait – et il travaillait beaucoup, ça n'était pas un constat qui datait d'hier. Dans ces moments-là, Rory parvenait à oublier qu'il aurait peut être fini par fonder sa propre famille si les choses s'étaient passées autrement et s'il leur souriait, c'était toujours de bon cœur. Dans un futur qu'il espérait proche, ce serait probablement Rosalie qui fonderait une famille avec son futur époux et si Rory n'avait que plus de raisons encore de les idéaliser Garrett et elle, ce n'était jamais l'envie qui obscurcissait son regard lorsqu'il voyait ses aînés. Bien au contraire, ils faisaient ou feraient d'excellents parents, tout comme il était déjà prêt à parier que Charlie était une mère aimante pour les siens – qu'il la connaisse depuis quelques heures n'y changeait rien, c'était ce qu'il pressentait au plus profond de lui. Charlie était de toute évidence quelqu'un de bien et elle méritait sans aucun doute d'être heureuse.

Ses conseils, eux, n'avaient pas besoin d'être prodigués par une professionnelle des relations amoureuses pour trouver un écho particulièrement juste en Rory. Ça lui faisait du bien, de pouvoir livrer ce qu'il avait sur le cœur sans se sentir ni jugé ni incompris. Charlie lui prouvait une fois de plus qu'ils pouvaient se connaître depuis peu et pourtant partager sur leurs vécus sans plus s'encombrer de pudeur – Rory, du moins, éprouvait pour une fois le besoin de s'en défaire. Il avait à peine pu mentionner son histoire avec Swann ces derniers mois car rares étaient ceux à qui il avait pu se confier sans crainte, or personne ne devrait garder en lui autant de choses. Son cœur, lui, ne lui avait jamais paru peser aussi léger qu'à cet instant. Non seulement Charlie avait raison mais elle était capable d'un recul qui manquait encore à Rory – ça viendrait, un jour, quand il pourrait évoquer tout ça sans plus que ce soit douloureux. Il voulait y croire, il en avait besoin parce qu'il était le seul qui pouvait décider qu'il avait assez vécu dans le regret. « Si on met de coté que le cap de la trentaine est pour bientôt. » C'est un sourire cette fois amusé qui étira ses lèvres, et qu'il soit capable de s'en amuser était toujours un excellent signe avec Rory. Rares étaient les situations qu'il n'était pas capable de dédramatiser, c'était pour ainsi dire la manière qu'il avait toujours eu d'affronter les situations douloureuses et si depuis un an son sens de l'humour en avait pris un léger coup, il réapprenait peu à peu à rire de tout. Ici, c'était en partie grâce à Charlie qui lui offrait une oreille attentive autant que des conseils précieux. « C'est juste qu'ils ont pas encore conscience de la chance qu'ils ont de t'avoir parmi eux. Heureusement, en attendant qu'ils le réalisent, il existe des types comme moi qui eux ont toujours besoin de conseils. » Elle lui inspirait la plus grande bienveillance et il ne s'en faisait pas le moins du monde pour ses collègues ; s'il lui avait fallu quelques heures pour voir que Charlie gagnait définitivement à être connue, il ne leur faudrait pas bien longtemps pour apprécier de l'entendre poser toutes les questions qui lui passeraient par la tête. « J'espère que tu as raison. J'ai déjà accepté l'idée que ça prendrait un peu de temps avant que je sache à nouveau m'ouvrir autant à quelqu'un, et c'est sûrement pas plus mal quand j'y pense. » Charlie l'avait dit elle-même : il était jeune, la précipitation n'était pas de rigueur quand on avait vécu une relation aussi profonde et passionnelle, et sans doute qu'on ne pourrait pas le blâmer de vouloir penser à lui en premier lieu. Rory n'avait jamais eu un aussi grand besoin de réussite qu'il avait toujours eu besoin d'être aimé, et l'avoir été pendant plusieurs années le confortait encore aujourd'hui dans l'idée qu'il en avait besoin pour être pleinement heureux en dehors des plateaux de tournage. Mais il n'en ferait pas une idée fixe, c'est seul qu'il réapprendrait d'abord à s'aimer lui-même.

C'est à nouveau un air attendri qui adoucit les traits du brun tandis que son regard se posa sur Hope, qui ne leur avait pas faussé compagnie depuis tout à l'heure et qui ne semblait pas le moins du monde perturbé par ce nouveau visage. « Alors c'est qu'il manque sûrement un Hope dans ma vie. » Et en disant ça, Rory réalisait que c'était sûrement vrai et probablement pas un hasard non plus s'il avait envie d'adopter un animal de compagnie depuis plusieurs mois. Un chien, c'est ce dont il rêvait parce qu'il avait toujours été des plus à l'aise avec eux. Son loft était suffisamment grand pour que l'animal n'ait jamais à tourner en rond et même s'il n'avait pas de jardin, ils pourraient sortir se balader autour de sa résidence, ce n'était pas les parcs qui manquaient et Rory allait d'ailleurs souvent y courir. Avec un chien pour répandre un peu de vie dans son loft et mettre un peu de couleurs dans sa vie, pas mal de choses lui apparaîtraient sans doute bien autrement et il le savait, ce genre de compagnie ne pourrait lui faire que du bien. La question qu'il posa à Charlie, elle, ne visait pas le moins du monde à la piéger. Bien au contraire, Rory estimait qu'elle avait gagné le droit de faire entendre son point de vue après avoir été d'aussi bon conseil avec lui. Elle n'aurait peut être aucune envie de recroiser un acteur d'aussi près, mais ses propos étaient déjà rassurants sans qu'elle n'en ait même sûrement conscience. Rory ne cherchait pas à ce qu'on lui dise qu'il était possible de désirer un jour écrire un avenir avec lui malgré son boulot et ses contraintes, mais savoir que c'était une possibilité était loin d'être désagréable. Il préférerait vivre une vie solitaire plutôt que de contraindre qui que ce soit à une relation qui ne saurait pas l'épanouir. « Célèbre ou pas, celui ou celle qui pourra un jour te considérer comme sa femme aura beaucoup de chance. » Et il le pensait, Rory, elle n'aurait qu'à se fier à son sourire pour le voir. Il n'avait pas besoin de la connaître depuis longtemps pour attester que Charlie possédait des qualités qui rendrait n'importe qui chanceux de l'avoir dans sa vie – et Hope n'était pas en reste, le duo avait tout t'attendrissant c'est certain. « Et je dis jamais non à du pop-corn et un film. » Surtout pas en aussi bonne compagnie et alors qu'il n'était jamais trop tôt pour mater un film. Il glissa tout de même, un sourire au coin des lèvres. « Tant que je suis pas dedans, tout ce qu'on pourra choisir me conviendra très bien. » C'était sa seule condition et ce juste parce qu'il évitait en général de revoir les films dans lesquels il apparaissait après les avoir vus une première fois à leur avant-première – quoi qu'il se soit déjà laissé convaincre, ou attendrir plutôt. Mais Charlie l'avait entendu se confier sur ses peines de cœur et rêvait sans doute maintenant autant que lui d'un peu d'évasion. Rory, lui, quitterait son appartement à la fin du visionnage mais en attendant, c'est vrai, il s'y sentait bien.