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 fluctuat nec mergitur (wyriane #3)

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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyDim 6 Déc - 22:35

Pas une fois, je me suis imposé. Si depuis son départ mes instincts de grand frère sont en alerte maximale, je lui ai malgré tout laissé tout l’espace dont elle avait besoin même si cela voulait dire partir à l’autre bout du monde. Allant à l’encontre de tout ce que me dictait mon esprit, j’ai rongé mon frein sans jamais envoyer plus d’un message si pas de réponse, sans jamais prendre son téléphone pour une sonnette en enchaînant les appels. J’aurais pu aller voir son baby daddy et lui refaire le portrait, mais je l’ai croisé un soir, fait comme un coin dans une soirée mondaine. J’ai eu assez pitié pour le laisser s’écraser face contre bitume sans jamais broncher. L’envie de lui refaire le portrait façon cubisme subsiste, il paiera pour ses erreurs, un jour ou l’autre, mais pas maintenant. Pendant quelques jours – deux semaines presque trois en réalité – j’ai su me tenir à l’écart, j’ai su laisser Jet partir à ma place pour me plonger dans le travail et prétendre que tout allait bien. Le manège a trop duré.

Ariane est ma petite sœur, si l’on devait me donner un seul rôle sur cette Terre, c’est de la protéger.

Le vol fut affreusement long. L’atterrissage à Paris presque brutal. Ma valise perdue par la compagnie aérienne, la blague de trop. Bien entendu, j’ai hurlé dans mon français rouillé. Bien sûr que cela n’a rien changé. On est en France, les gens seront toujours plus blasés que toi, c’est la base. Après un énième flot d’insulte, me voilà coincé entre une bande d’étudiants bien trop matinal et une mamie qui ne cesse de me faire les yeux doux, le tout dans un RER bondé qui pue la transpiration et manque cruellement de joie de vivre. Il fait bon d’être de retour en France.

Sachets pleins de croissants encore chauds à la main, je frappe à la porte de la chambre d’hôtel. En coup de vent, j’ai croisé Jet qui fumait sa clope matinale, je lui ai filé un billet pour qu’il nous oublie quelques heures. Je lui confie ma sœur les yeux fermés, mais c’est elle que j’ai besoin de retrouver. « Si t’ouvre pas tout de suite, je bouffe tous les croissants. »

Allé bordel, tu m’as manqué.

@ariane parker :l: :l:
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptySam 19 Déc - 20:08

Il fait chier et il prend toutes les couvertures, il est l’enfer et il fait exprès et je pourrais le mordre, je le fais finalement. Les marques sur sa nuque et sur ses épaules, sur sa mâchoire et sur ses bras, j’ai peine à capter si elles viennent des derniers jours ou si elles sont là depuis des années, n’en reste que Jet est un merdeux de connard d’égoïste de chieur, et que s’il continue de sourire comme ça les yeux fermés c’est dans ses côtes que mes coudes vont finir par cogner. Ça lui ferait du bien, de perdre une dent ou deux, ça serait juste un joli rappel de jamais vraiment baisser sa garde avec moi ni maintenant ni jamais.

Jet va fumer sa clope du matin, Wyatt râle sur l’écran de mon portable. Alors il est vraiment venu. Pas que j’en doutais, pas que je voulais l’éviter non plus. C’était qu’une question de temps avant que la royauté des Parker ne viennent faire amende honorable en terre et lieu de pèlerinage. Yele est sûrement pas avec l’aîné et ça me fait chier, qu’il se détestent au point où faudra qu’ils prennent des vols séparés question de pas s’entretuer au-dessus d’un océan ou d’un autre. Connerie.

Évidemment qu’il veut faire à sa tête, mon frère ou le gars que je déteste autant que j’aime en l’instant. On a Jet et sa voiture de bourgeois louée pour la semaine, je peux le faire chier Etish, à l’envoyer dans les pires heures de pointe et dans les pires embouteillages avec rien que pour aller chercher ma chair et mon sang à l’aéroport international. Mais non, vaut mieux pour Wyatt et son caractère de l’enfer de se laisser le plus d’occasions possibles de cumuler sa rage envers les taxis et les transports en commun, ici. Quand il toque à la porte – la défonce ouais – c’est en jeans, t-shirt et veste sur les épaules que je l’accueille. Pas la moindre envie de rester cloîtrée quand il est en ville, lui avec qui j’ai trop peu parcouru les rues de Paris du temps où maman nous y ramenait encore tous les ans.

« Si t’ouvre pas tout de suite, je bouffe tous les croissants. »
« Blablabla ta gueule toi aussi tu m’as manqué. »

Oh qu’il devait s’ennuyer de moi pour apporter son poids en croissants. Une bouchée plus tard, j’ai des miettes au coin des lèvres et les clés de la chambre entre les doigts.
« On bouge, t’arrives juste à temps pour une fois. » il est en retard comme personne, je le lui reprocherai des dizaines de fois entre ici et là-bas, mais pour l’heure c’est la tradition qui prime.

À chaque Noël, quand on venait voir grand-maman à Paris, maman nous amenait voir un film de Noël, dans le même petit cinéma de quartier au Marais. C’était toujours un classique français au possible, on s’installait tout en arrière de la salle, elle savait que Wyatt et moi on parlerait pendant la moitié du film et qu’on s’endormirait pour la seconde. Ma main pince la peau de la paume de mon frère, l’entraîne vers l’ascenceur puis vers la rue, puis vers le premier taxi du bord. La chorégraphie est calculée, autant que le majeur que j’envoie à Jet toujours en train de cloper devant l’hôtel. On part et on file au cinéma donc, on a une tradition à tenir et ouais, si vous voulez savoir, Wyatt aussi, il m’a manqué. Mais si vous me demandez, je vais devoir vous tuer.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyDim 20 Déc - 15:13

« Blablabla ta gueule toi aussi tu m’as manqué. » Elle ouvre la porte pour mieux chiper le sachet d’entre mes mains, sourire malicieux au bord des lèvres, des miettes déjà plein son tee-shirt. « Qui a dit que tu m’avais manqué ? » Mensonge éhonté, mais bien plus intéressant à distiller que la stricte vérité. « Y a plus tes papiers qui traînent et tes sales pattes dans ma bouffe. C’est le paradis ! » Ou l’enfer. L’appartement est cruellement vide sans elle, ce n’est pas comme si j’y passais tout mon temps. La taverne de l’ours ne fonctionne que lorsqu’elle est dans les parages pour me filer un coup de pied au cul. J’ai probablement plus dormi dans le lit d’inconnue que dans le mien depuis des semaines. Pas besoin de lui en faire le commentaire. « Je suis là pour le vin et les femmes. » Surtout les femmes cela va sans dire et si ma sœur est la première sur ma liste, elle n’a pas besoin d’en faire tout un épilogue. Elle était là, le pèlerinage annuel n’ayant encore eu lieu, il faut dire que l’occasion se présentait à mes bras.

Elle sautille dans tous les sens, avale deux croissants en deux bouchées, juste assez pour me laisser qu’autant de ses affaires que celles de Jet traînent dans cette chambre. Je pourrais avoir mille et une question, mais elle s’empresse d’attirer mon attention ailleurs. « On bouge, t’arrives juste à temps pour une fois. » Pas la peine de demander, je laisse sa main glisser dans la mienne et son bras me tirer vers l’extérieur. Jet a le droit à deux doigts d’honneur tel le paumé qu’il est sur son bout de trottoir. Dès l’instant où l’on se glisse à l’arrière d’un taxi, je souffle sans jamais lâcher sa main à elle. Juste deux secondes de plus, juste pour serrer un peu ses doigts dans un geste qu’aucun de nous ne relèvera. Juste assez pour pleinement réaliser la présence désormais inévitable de l’habitant qui se cache sous son nombril. « T’as grossi non ?! » Plutôt crever que d’affirmer que ces nouvelles rondeurs lui sied à merveille. Son teint, rosi par la fraîcheur du matin parisien laisse sous-entendre qu’elle trouvait un peu la paix qu’elle cherchait dans cette ville. À la radio, Léa Salamé s’insurge du gouvernement français, le chauffeur de taxi balance environ trois insultes à la seconde et manque de tuer quatre cyclistes avant notre destination finale.

Le cinéma est exactement comme dans mes souvenirs, minuscule et encastré entre des bâtiments haussmanniens. Deux salles, deux films d’une autre époque qui s’instaure dans le patrimoine français. Le choix est cornélien, Mélodie en sous-sol avec Gabin et Delon ou Jules et Jim pour admirer la sublime Jeanne Moreau filmée par Truffaut. « Je te laisse choisir. » C’était son rôle avec maman. J’étais toujours mandaté à autre chose. Descendre les quelques marches pour approcher la confiserie et commander mon poids en sucrerie. Ce n’est plus une vieille dame qui tient l’échoppe, mais un jeune étudiant souriant en train de lire un exemplaire mille fois corné de Balzac. Je lui laisse quelques euros et repars les bras chargés. « Pour toi. » Je pose entre ses mains un minuscule gobelet de pop-corn. « Pas de sucre, pas de sel et surtout pas de caramel. » Du pop-corn rassit en soi ou l’enfer sur terre. « Pour ta ligne, tout ça. » Elle me le fera payer dès la minute où je vais m’endormir en me secouant comme un prunier.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyMer 30 Déc - 4:51

Oh non mais quel enfoiré de connard qui me serre la main comme si on était un frère et une soeur normaux et que ce genre de réconfort était ce qui nous réchauffait le coeur. Je roule des yeux et soupire fort, lui mord la paume et le ferait jusqu’au sang si j'avais pas éclaté de rire en entendant le chauffeur de taxi personnifier le plus pire des clichés parisiens comme il ne s’en fait plus. C’était moins une pour tes muscles et ta chair, Wyatt chéri.

« T’as grossi non ?! »
« Fuck you. »

Ça, c’est cadeau. Bien sûr que j’ai grossi, je porte le gamin d’un type qui est même pas foutu de prendre ses responsabilités comme du monde. Tu penses que je vais me laisser guider par de jolis régimes et autres diètes pour m'assurer que bébé soit aussi en santé que maman? Hell no je me gave de frites, je bois du vin, j’envoie chier le monde clope au bec et je soupire aussi, surtout. Pourquoi je le garde, déjà, cet enfant-là? Il mérite pas d’avoir une mère aussi furieuse contre l’entièreté de l’humanité.

« Je te laisse choisir. » Jules et Jim est un choix gagnant, mes pas nous guident vers l’affiche et vers la salle en un temps record. Wyatt part suffisamment longtemps pour qu’il ne me fasse plus chier, lorsqu’il revient se poser à côté de moi dans les sièges c’est presque encore gagné. « Pour toi. Pas de sucre, pas de sel et surtout pas de caramel. Pour ta ligne, tout ça. » puis il gâche tout avec son pop corn de la tristesse et de la dépression que je lui relance à la gueule. Il pourra pas râler que je fais des taches sur ses fringues, y’a pas de sucre ni de sel ni de caramel, c’est nickel le truc. « C’est toi qui est plus proche de la crise cardiaque que moi. » le vieux grand frère qui joue les sages, à qui je pique son pop corn extra cholestérol sans la moindre culpabilité. Il est chanceux que j’ai oublié de foutre les mignonnettes de whisky encore planquées dans le  mini-bar de ma chambre d’hôtel au fond de mon sac. Et pour être sûre de bien le faire rager, je sors la carte joker le sourire aux lèvres, l’oeil brillant. « Yele fait quoi? » oh qu’il me hait quand je prends des nouvelles du gamin et pas de lui.

« Tu dis rien sur Jet. » mes yeux sont rivés à l’écran, je mâche plus fort que les crédits et probablement que la salle en entier en ragera.
« Ni sur Saül. » encore heureux, on semble être que nous deux et c’est pas pour m’en plaindre. On est souvent l’enfer quand on est au cinéma ou à la libraire, Wyatt et moi. Vous mettez deux grandes gueules aux caractères aussi explosifs l’un que l’autre ensemble dans un endroit où ils peuvent se pavaner avec leurs opinions bien tranchées, c’est pire que de tirer des cocktails Molotov à tous vents.
« Ni sur le film c’est un chef-d'œuvre. » qu’il ose juste et je lui arrache la langue.

« Et surtout pas sur ça. » ça, c’est ma main, la conne, la traître, la suppliante, qui finit par s’enlacer avec la sienne dans la pénombre.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyLun 4 Jan - 19:53

Elle vibre d’une rage sans nom, frémis au moindre sursaut dans ma voix. L’hôtel n’est qu’une façade, l’excuse par millier pour ne pas encore se décider. À savoir si Jet n’est que le pantin ou la raison toute entière de cette fuite vers la mère patrie. Elle gronde en silence ma petite sœur qui jure être si forte, mais qui ne m’a jamais paru aussi fébrile, autant sur le fil. Je lui concède tout dès l’instant où nos pieds foule à nouveau le parvis d’une rue parisienne. Son programme, sa destination. Le choix du film ne lui évoque pas l’ombre d’une hésitation. Alors ce sera Jules et Jim. Annonce précurseur de l’immense merde dans laquelle c’est empêtrer ou simple question de perpétuer la tradition qui voulait que maman ne regarde jamais autre chose qu’un film de Truffaut ? Le doute plane, mais jamais elle ne me laisse l’occasion de questionner, de fureter plus loin. Pour la forme, certains diront pour la tradition, je vais emplir mes poches de sucreries, autant de munition pour la faire taire que pour apaiser sa jambe que je vois battre la mesure depuis l’entrée de la salle. Les sièges en velours sont plongés dans un calme ambiant, une vieille chanson de Piaf s’échappe des haut-parleurs. Bien sûr, elle a pris le siège parfaitement centré au milieu. Bien sûr, elle a déjà étalé ses affaires sur les trois sièges de chaque côté. Le périmètre imposé pour le pauvre fou qui oserait nous approcher.

« C’est toi qui est plus proche de la crise cardiaque que moi. » En trois secondes, le popcorn a atterri dans mes cheveux et sur mon col. « Choisis moi une mort un plus dramatique la prochaine fois. » En rien, cela ne donne matière à écrire la crise cardiaque. C’est autant banal que futile, ce n’est pas ce qui inspire l’artiste. C’est complètement con surtout et on n’évoquera plus jamais mon âge vieillissant à la minute, merci. « Yele fait quoi? » La connasse. Elle tape dans le mille pour une simple histoire de pop corn. Elle est autant affreuse qu’elle m’avait manqué cette peste. « Probablement en train de lécher le cul de Fitzgerald. » Je ne sais pas ce qu’il peut bien foutre et je m’en tape. « Y avait plus de place dans l’avion. » Pas assez pour Yele et son ego, c’est certain. Elle sait. Bien sûr qu’elle sait que l’on aurait été incapable d’endurer 36h de vol ensemble. On l’aime la rouquine, mais parfois il faut savoir reconnaître que l’amour à ses limites.

Les crédits se lancent, la bande crépite dans le projecteur, l’ambiance est lancée et c’est ma langue qui ne cesse de me démanger. « Tu dis rien sur Jet. » « L’avait une sale tête le con. » Oh qu’elle avait compris en un regard tout ce qui se tramait dans un coin. Elle couche les conditions entre nous, elle le grave sur le velours du siège avec ses ongles. « Ni sur Saül. » Mon regard s’assombrit, mais mes lèvres se scellent en une fine ligne invisible. Elle impose et je ne saurais la contrer alors que je viens tout juste de la retrouver, alors qu’elle offerte la tradition sur un plateau. « Ni sur le film, c’est un chef-d'œuvre. » Alors je ne dis rien, hausse les épaules, piques quelques grains de maïs soufflé dans le pot entre ses cuisses.

« Et surtout pas sur ça. » Les lumières s’éteignent à l’instant où ses doigts trouvent les miens. Si la pression de sa paume gelée se fait plus forte, je n’en relève rien, regard rivé sur l’écran. Nos souffles se mêlent à la musique d’introduction et mon corps se penche vers le sien. « Alors interdiction de dire quoique ce soit sur ça. » Et pour une seconde qui se transforme en une minute, mes lèvres viennent se posent sur sa tempe, illustre signe d’une complicité d’enfant, quand le grand frère protégeait la petite sœur. Il ne reste que le film et cette promesse de toujours être à ses côtés, qu’importe où elle partira, qu’importe si elle ne veut parler de rien. Je serais là, je l’avais juré, il y a de cela trente années. « Tu voudrais publier avec moi ? » Regard rivé sur l’écran, je jette hors du nid l’idée qui a germé depuis, la distraction la plus simpliste, mais la plus authentique. Tout ce qu’elle voudra pour ne pas penser, tout ce que je pourrais pour ne pas juger.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyLun 11 Jan - 2:07

Foutu grand frère de merde qui pense arriver ici et s’assurer une belle scène de tendresse avec sa petite soeur larguée, enragée, déménagée sur un coup de tête et pour une durée indéterminée à l’autre bout du monde. Foutu grand frère qui a raison. « Alors interdiction de dire quoique ce soit sur ça. » je sais ce qu’il va faire. Je le sais et si d’ordinaire j’aurais crié, mordu, griffé et/ou toutes ces réponses, les voilà mes paupières qui se ferment à la seconde où Wyatt dépose ses lèvres piquantes de la barbe de mille jours  de ses joues qu’il rase jamais vraiment sur mon front. « Ew. » ma voix est enrouée parce que j’ai pas parlé depuis longtemps et pas par l’émotion lol vous me prenez pour qui. Okay et si mes doigts se referment sur les siens c’est juste pour faire craquer ses vieux os un peu plus. « Quoi c’est un son pas un mot get your facts straight. » dis-le encore une fois Ariane, qu’on te croit.

« Tu voudrais publier avec moi ? » on est à deux toux et trois soupirs de se faire dire de la fermer, du coup j’allonge mes jambes sur le siège face à moi et me prépare déjà de ma main libre à tirer soda et popcorn sur la tête de qui que ce soit nous ragera dessus en temps et en heures. « On s’entretuerait avant la fin. » et contre toutes attentes, c’est pas du tout une mauvaise chose. Deux Parker de moins sur cette Terre ça ferait probablement un joli ménage et surtout ça permettrait à la paix dans le monde de probablement avoir une chance. N’en reste que pour la seule option que Yele reste sur la planète et défende l’honneur de notre nom je suis prête à parier que jamais Wyatt serait prêt à le tolérer.

À l’écran c’est ma scène préférée, probablement parce que c’est la seule dont je me rappelle et qu’après je finissais toujours par m’endormir sur l’épaule de Wyatt en bavant. « Quand tu veux. » pour écrire, et pour apparaître comme un éléphant dans une boutique de porcelaine ici aussi, accessoirement. « On écrit sur quoi? » surtout pas sur la grande perche blonde qui se tourne vers nous et à qui je lance mon Converse à la gueule finalement, faute de réflexe.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyMer 27 Jan - 21:17

Mes lèvres effleurent à peine sa peau que déjà, j’attends le coup de griffe, le souffle d’exaspération ou la remarque cinglante, mais rien ne vient. Le temps de réaction est anormalement long et tout me laisse comprendre que j’ai bien fait de venir m’imposer un peu. Oh, elle ne dira rien même sous la torture. Je devrais me contenter de ce qu’elle m’offre là, dans sa main qui verrouille la mienne sur l’accoudoir du siège. C’est déjà beaucoup, c’est tous les signaux et messages dont j’avais besoin. Peut-être que mon séjour durera un temps de plus, peut-être que je vais lui donner toutes les raisons du monde pour m’élire pire frangin de la décennie. On verra bien. « Ew. » Et là voilà, sa réaction de gamine révoltée. « Quoi c’est un son pas un mot get your facts straight. » Qu’elle jure sans jamais délier ses doigts des miens. « C’est beau de se bercer d’illusions. » Et quand la pression se fait plus intense au point d’en faire craquer mon index, je laisse un rire bien trop sonore pour l’ambiance qui nous entoure. Malgré les faiblesses évidentes, il n’est jamais loin le tyran qui a pris possession de ma sœur dès la naissance.

Cauchemar pour nous, la salle s'est remplie durant le générique de début. On est désormais dix de trop et la moyenne d’âge frôle l’enrôlement à la maison de retraite. Tout autant de gens qui n’auront pas la patience de supporter les deux cons qui échangent en anglais dans ce qui semble être le plus petit cinéma de Paris. En somme l’endroit parfait pour lancer une conversation entre deux scènes importantes. « On s’entretuerait avant la fin. » « Justement. » Aussi dingue que cela puisse paraître aux yeux des autres, c’est ce que je recherche. Une maison d’édition ne sera là que pour mettre la pression sur une date. Un agent te poussera à écrire plus même si c’est de la merde. Quant à Ariane, elle saura toujours pousser jusqu’à la limite, celle qui me donnera l’envie nécessaire de lui prouver par cent fois qu’elle a tort.

Elle laisse passer sa scène avant de reprendre encore plus fort. « Quand tu veux. » Le vieux dernier nous à lancer un concours de soupir comme si cela allait nous attendrir. Qu’il essaye encore le pauvre, il est mal tombé. « On écrit sur quoi? » « J’sais pas encore. » Oh qu’elle va me haïr de lancer une coquille vide. Mais pas autant qu’elle rage sur la blonde qui vient de se tourner. La basket valse et j’affiche mon plus sourire de circonstance. « Faut pas lui en vouloir elle a des problèmes. » Je mime un tic non contrôlé assortie de mes yeux de chien battu pour forcer la blonde à s’excuser. La seconde d’après, on s’enfonce un peu plus dans nos sièges comme quand on était gamin et que l’on complotait sur la suite du film. « Je vais dire un truc, je vais le dire une fois alors écoute bien. » Parce que les compliments n’ont jamais été d’augure chez nous et que merde, faudrait pas qu’elle en profite de trop la gamine. « Toutes les ratures que t’as fait sur mon projet. Tous tes commentaires de merde, ça m’a fait écrire. » Elle avait réveillé un truc que je ne saurais expliquer. Ça me fait tellement chier, mais faut bien l’avouer. Je lui offre sur un plateau le droit de me maltraiter. Faut savoir souffrir pour son art.

paroles en italique = français fluctuat nec mergitur (wyriane #3) 3922047296
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptySam 30 Jan - 23:44

« On écrit sur quoi? »
« J’sais pas encore. »

Oh ta gueule Wyatt, tu te moques de moi ou? Et c’est sa faute, à mon idiot d’aîné, si je lance mon soulier à la conne à l’avant, si j'y pense à deux fois à sacrifier le popcorn sur la gueule du vieux qui grogne tout autant. Je brûlerais le cinéma en entier juste pour prouver mon point, celui qui oscille entre “t’es qu’un connard de paresseux qui se bouge pas à écrire” et un “j’sais que t’as une idée t’es juste trouillard au point où tu pisserais dans ton jeans de juste penser me la dire.” Dans ces eaux-là. « Faut pas lui en vouloir elle a des problèmes. » et lui il en aura s’il ignore mes regards noirs au détriment des coups de coude que je perds dans ses côtes. Femme enceinte, pas blesser de tatoué sur mon sourire frôlant de hauts niveaux de condescendance.

« Je vais dire un truc, je vais le dire une fois alors écoute bien. » je baille en m’assurant d’avoir planté au préalable mes iris bien profondément dans les siens. Autant chieuse que je peux l’être, n’en reste que j’écoute, bien sûr que j’écoute. Quand il prend cet air-là et cette voix-là, qu’est-ce que je suis censée foutre d’autre de toute façon?  « Toutes les ratures que t’as fait sur mon projet. Tous tes commentaires de merde, ça m’a fait écrire. » « À quel point ça te fait chier de me dire ça? » pas la moindre pause, pas le moindre répit. Il ne voudrait pas que je prenne le temps d’analyser pour de vrai ce qu’il a dit - on va écrire ensemble, on va s’entretuer, et c’est ça le but. « Sur dix? » ça commence déjà comme vous l’avez vu.

Arrêt sur image, le rideau tombe, j’en ai rien à faire que nos tons dérangent le monde en entier alors que la conversation est probablement plus importante aujourd’hui que jamais auparavant. « Je le savais mais ça sert à rien de le répéter encore et encore. » ça sert à tout et je ne me gênerai pas le moins du monde pour le faire autant de fois qu’il m’en donnera l’occasion - ou pas. Surtout pas. « J’ai écrit un truc, nouveau. »  il me parle de ses notes et de ses textes, l’équilibre éphémère entre nous deux périra pas par ma faute quand je sors les papiers de mon sac. Les lui foutant sur les cuisses, c’est la lampe de poche de mon portable qui donnera une énième raison aux rageurs de rager. « Dis si y’a quelque chose qu’on peut prendre pour aller avec tes mots à toi. » qu’il fouille, qu’il passe la gratte, qu’il dépèce au peigne fin. J’ai fait dans le narratif, j’ai fait dans l’échantillonnage de presque quinze ans de messages textes envoyés à tous les stades possibles d’une relation. J’ai fait dans une trame éclectique qu’il pourrait recoller à coup de cynisme et de romantisme noir dont lui seul a le secret. J’ai fait ça, et là, c’est à lui de le faire aussi.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyDim 31 Jan - 22:14

« À quel point ça te fait chier de me dire ça? Sur dix? »
« Un million. »

Des milliers en plus tant ce n’est pas une habitude d’admettre qu’elle a su frapper fort. Tant s’est ingérable de devoir en arriver à ce qu’elle rature mon travail pour déclencher quelque chose. Pourtant, ce fut l’impulsion nécessaire, le petit truc en plus qui a provoqué l’envie de reprendre. Ce n’est toujours pas prolifique, tout s’enchaîne à tâtons, au point d’aller fouiller dans un passé gravé dans des carnets que je jurais oublier, mais c’est là. Petite flamme qui titille l’imagination et démange jusque entre mes doigts. Ce serait déclaré une guerre qu’entamer un travail à deux, c’est pourtant tout ce que j’ai trouvé pour me stimuler. Si elle hurle, si elle me cherche, c’est quelque chose qui s’agitera en plus. Elle seule s’est grappillée les indices, elle seule, c’est me provoquer comme personne. L’idée est folle, mais elle est se tient juste là, entre nous.

« Je le savais, mais ça sert à rien de le répéter encore et encore. » Dieu qu’elle va s’en vanter pour le reste de notre existence. Elle a redonné le goût à son idiot de frangin. C’est une médaille, une victoire sur un tableau de chasse. Cela a le don de nous faire oublier le lieu qui nous entoure, la blonde qui souffle encore et le vieux qui finira par nous étriper à un moment. « J’ai écrit un truc, nouveau. » Grand bien m’en fasse. Pas le temps d’expulser le sarcasme que je me retrouve avec des papiers sur les genoux. Son œuvre, semblerait-il alors qu’elle l’éclair de son téléphone. « Dis si y’a quelque chose qu’on peut prendre pour aller avec tes mots à toi. » La trame est juste entre mes doigts, éclair d’élan de romantisme collecté aux fils des années. Son œuvre à elle, qu’elle accorde de partager avec moi, quoiqu’il en coûte. « Je fais pas dans le romantisme. » Bien sûr que je râle, pour la forme, alors qu’elle m’offre tout sur un plateau d’argent. Mes doigts font glisser les feuilles, les unes après les autres, mes yeux repère déjà quelques phrases que je pourrais agrémenter, qui pourrait prendre une envolée. « J’ai quelque chose aussi. » que je murmure bien plus doucement. Elle n’est pas avec moi, abandonner dans mon sac à dos laissé à l’hôtel, mais c’est avec ma sœur que je dois en parler. « Ca a jamais été aussi personnel. » Sans que pourtant jamais cela ne se devine entre les pages. C’est l’œuvre d’un temps de vie, des années à oublier comme à chérir. « C’est ton avis que je voudrais. » Pas celui d’un quelconque relecteur enfin… « Et le numéro de ton éditeur. » Parce que ça, elle ne le savait pas, mais Jules se doit d’être partagé, j’en ferais un combat s’il le faut.
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Message(#)fluctuat nec mergitur (wyriane #3) EmptyMar 16 Fév - 22:56

Il fait genre il contrôle tout Wyatt, mais il est aussi perdu que moi, aussi perdu que l’univers en entier. Il est pas venu à Paris juste pour sa petite sœur, il est pas là juste pour cocher sur sa longue liste de raisons du pourquoi du comment il prend son rôle à cœur. On est pareils tous les deux, on est pareils au point où je sais que s’il est là, y’a un peu de family business, mais y’a aussi son lot de merde qu’il a laissé en Australie le plus lâchement du monde à taper du pied sans donner le moindre signe de vie. Pareils.

« Je fais pas dans le romantisme. »
« J’ai pas eu le mémo que c’était mon cas non plus. »

Ouais, trouve des excuses Wyatt, on a pas encore fait assez chier les gens dans la salle ça serait le moment de leur rappeler qu’on existe encore un p’tit peu encore. Mes paupières battent la mesure, mon majeur monte pile à la scène où l’écran est illuminé et la pièce un peu plus avec. « J’ai quelque chose aussi. » une autre insulte, un autre geste puéril? Une claque derrière ma tête pour que je puisse faire pareil derrière la sienne ? « Ca a jamais été aussi personnel. » ça a surtout jamais été aussi peu là, quand j’en comprends que ses affaires sont à l’hôtel et que ce sera pas ici que je pourrai décréter si c’est vraiment personnel son truc ou s’il est juste vraiment en train de devenir aussi lourd que nostalgiquement sentimental avec les années. « C’est ton avis que je voudrais. » qu’il me dise l’inverse n’aurait juste fait que lui déferler une vague plus forte encore de mon avis et rien que le mien, hurlé au creux de ses oreilles. Il s’est sauvé les fesses le frère, à la perfection. « Et le numéro de ton éditeur. » ouais bon ben qu’il prenne son mal en patience parce qu'avant que je partage Boyd avec lui va falloir au moins qu’il m’ait écrit un chapitre qui sera pas un condensé de ressasser son malheur en rond dans sa tête. On verra, selon son manuscrit, s’il prend assez ça au sérieux ou s’il est encore en mode peine d’amour d'avec sa conne. Tough love : il aura mon éditeur sur un plateau en temps et en heure que s’il prouve qu’il a arrêté de prendre sa passion pour un hobby, et qu’il est prêt à la voir comme un métier.

« Ta gueule tu vas manquer le film. » oh et si il se demande, ça veut dire oui, bien sûr, t'en fais pas, j’t’aime, mais ça veut aussi dire ta gueule tu vas manquer le film. L’un va pas sans l’autre.
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