favorite time of the year
Lucia Whitemore & @Swann McGrath  

« DEBOUT RÉVEILLE TOI C’EST NOËL ! » Le réveil est violent, ce n'est pas vraiment noël, mais tout comme à savoir le 1er décembre et je ne tiens plus. La période des fêtes est sans conteste mon moment préféré de l’année, décembre le mois que j’attends pendant les onze autres. Je la prépare approximativement dès début novembre en commençant mes listes d’idées cadeau dans mes sempiternel cahier de note, en partant à la recherche du parfait calendrier de l’avant avec uniquement du chocolat au lait - pas de noir c’est trop amer et pas assez sucré - en courant les boutiques pour trouver les meilleures décorations de noël pour la maison et le sapin et en refléchissant à la taille que je voudrais qu’il fasse. « On va chercher un sapin cette semaine ? » Vu mon degré d’hésitation, comprendre aujourd’hui. « Tu veux que j’aille te chercher les calendriers Milka ? » J’arrête de m’agiter pour laisser mon corps retomber près du siens, pour coller à nouveau mes pieds froids contre ses jambes et pour nicher mon visage dans le creu de son cou. « Si tu dis oui, je prépare des chocolats chauds avec de la guimauve pour le petit déjeuner. » S’il dit non aussi, parce que j’en ai terriblement envie et que maintenant que je l’ai dit à voix haute, je ne parviendrai pas à me sortir l’idée de la tête.

Si je tiens autant à ce que les fêtes soient parfaites, c’est parce qu’elles seront également les premières que nous passerons ensemble et ça compte à mes yeux. Je me demande si les McGrath ont des traditions auxquelles ils ne pourra pas couper ou si, pour l’occasion, je pourrais en profiter pour le présenter officiellement à mes parents. Noël en famille, c’est un devoir chez les Whitemore et le fait que j’en rate non pas un mais deux à cause de Lawrence a déjà été perçu comme une déclaration de guerre : je ne peux pas le rater cette année et j’espère que Swann m’accompagnera, je veux leur prouver que mon nouveau petit ami n’a rien à voir avec l’ancien. Je veux leur prouver qu’à ses côtés je pourrais être moi et pas une pâle copie de moi, qu’à ses côtés je suis plus épanouie que je l’ai été avec n’importe quoi. Et s’il souhaite passer le réveillon de noël en famille, j’espère au moins qu’on pourra au moins passer le trente et un ensemble, tous les deux ou avec sa famille. « Tu sais que le marché de noël commence aujourd’hui ? » Et c’est parti pour des yeux de chaton pour l’attendrir, quand bien même tout le monde sait que cela ne sert pas à grand-chose et qu’il dira oui dans tous les cas.

favorite time of the year
Lucia Whitemore & @Swann McGrath

Si Noël a une signification toute particulière pour moi cette année, plus que les autres, c’est autant parce qu’il signe un nouveau départ avec ma famille que dans ma vie amoureuse. Hannah et moi communiquons, Hannah et moi retrouvons timidement quelques fragments de notre complicité d’antan et, en ce qui concerne les affaires du cœur, il n’a pas battu aussi fort et aussi bien depuis des années. Même quand j’étais éperdument amoureuse de Lawrence, tout était compliqué et je ne savais plus à la fin ce que j’avais le droit de ressentir ou non. Avec Swann, les choses sont simples et dans le sens le plus noble du terme. Quand j’ai envie de l’embrasser, je l’embrasse, quand j’ai envie de passer ma main dans son dos en public aussi et quand j’ai envie d’être aussi bizarre et excitée pour un rien que je suis capable de l’être, il ne me donne jamais l’impression de n’être qu’une idiote. Swann m’aime comme je suis, et finalement ça veut tout dire et ça faisait longtemps qu’on ne m’avait pas aimée pour ce que j’étais, et pas une image améliorée et aliénée de moi-même. « Si je dis non, tu me tues en m’étouffant ou en m’étranglant plutôt ? » J’enroule mes doigts autour de son cou et je pose mon front contre le sien. « Je vais plutôt partir sur le supplice des chatouilles jusqu’à ce que tu craques. » Peu de chance que ça ne fonctionne pas. « Si je te lâche pas, tu pourras jamais aller acheter de sapin ou manger de chocolat de ta vie. » Il remonte la couverture sur nous et je l’aide à nous faire disparaître entrièrement. « Me lâche pas. » que je souffle contre sa peau. « C’est pas si pressé tant qu’on le fait quand même aujourd’hui. Oups, j’avais dit cette semaine ? » Un air espiègle illumine mes traits puisque je l’avais de toute façon déjà décidé : ce sera aujourd’hui.

« Vraiment ? Je crois que j’ai dû passer entre tes trois rappels par jour depuis quinze jours, mince. »
« Ah ah ah très drôle Swann McGrath. »

Et venant de moi, il n’y a que peu d’ironie et de sarcasme puisque mon sourire s’étire réellement jusqu’à ce que j’éclate de rire. « Je l’ai pas dit tant que ça. » Je hausse les épaules, moi-même convaincue de l’énormité que j’avance. « C’est juste que t’oublies tout. Regarde, quand on a regardé Harry Potter et la coupe de feu l’autre jour t’avais oublié que Cédric mourrait à la fin. » Et qui oublie ce genre de chose ? Mon raisonnement se tient et j’estime avoir démontré par A+B que le harceler à propos du marché de noël était justifié. « Ca veut dire qu’on peut avoir un chocolat ce matin et ce soir quand on ira y faire un tour, alors. » « Ça veut dire qu’on peut avoir un chocolat ce matin et ce soir ET des churros au marché de noël. » J’aurais dû me douter que de parler à son estomac était le meilleur des arguments. « Tu préfères ouvrir en premier le calendrier Milka ou celui que je t’ai préparé ? » Mes yeux s’écarquillent et mon visage se teint de surprise. Au diable ”me lâche pas” je soulève la couette et je me redresse en position assise en moins de temps qu’il ne lui en a fallu pour dire celui que j’ai préparé et si je retiens un hurlement c’est parce que ma main se pose devant ma bouche. « Tu m’as préparé un calendrier ? Il est où ? Tu l’as caché où ? Je veux celui-là en premier sans hésitation ! Je peux ouvrir toutes les cases d’un coup ? » Et comme ça, je tombe un peu plus amoureuse alors que je n’imaginais même pas ça possible.

« Je vais plutôt partir sur le supplice des chatouilles jusqu’à ce que tu craques. » “Sorcière.”

Il la taquine aisément sur l’engouement démesuré qu’elle a à propos de Noël. En réalité, bien loin de trouver quoi que ce soit à lui reprocher à ce sujet, il la trouve au contraire bien plus mignonne encore lorsque ses yeux brillent dès qu’il est question de chocolat chaud, de films à l’eau de rose, de Neige et d’esprit de Noël. « C’est juste que t’oublies tout. Regarde, quand on a regardé Harry Potter et la coupe de feu l’autre jour t’avais oublié que Cédric mourrait à la fin. » L’anglais réagit démesurément à son tour, formant un immense ‘O’ de sa bouche pour tenter d’être crédible dans le rôle du petit-ami vexé et outré. Spoiler : c’est encore loin d’être le cas. “Ouais, c’est ça, vas-y, je t’en prie, enfonce le couteau dans la plaie.” Ses yeux ont beau rouler, tout le monde peut lire en lui comme dans un livre ouvert et comprendre qu’il n’y a aucun sérieux dans ses paroles. Pour sa défense, néanmoins, il préfère encore sa version des faits dans laquelle Cédric vit encore et est heureux, même s’il n’a pas gagné la Coupe de Feu - parce que c’est Harry qui l’a et qu’il n’y a eu aucun incident dans cette même version là. Autant dire qu’il refuse encore de parler du sort réservé à la mère de Bambi et que, finalement, établir avec Lucia les plans de la sem - journée n’est pas une si horrible chose qu’il le laisse penser.

Le programme, donc.« Ça veut dire qu’on peut avoir un chocolat ce matin et ce soir ET des churros au marché de noël. » Rien qu’à l’idée de pouvoir manger autant de sucre et de chocolat sans avoir à être regardé bizarrement par ses pairs le remplit quelque peu de joie. Et par quelque peu, bien sûr, il faut comprendre “immensément”. “Je vois. Intéressant.” Ses paroles minimisent tout ce qu’il pense mais autant dire qu’une fois de plus, il n’a rien de crédible. Sans doute est-il trop occupé à sourire comme un imbécile pour se concentrer sur son pitoyable jeu d’acteur de petit-ami plombeur d’ambiance.

En réalité, il réfrénait ses ardeurs pour mieux pouvoir jouer de l’effet de surprise ensuite et observer son visage se colorer de joie à l’instant où il fait allusion à un Calendrier de l’Avent fait main, par ses soins, rien que pour elle. Il rigole de ses cheveux qui volent en même temps que la couverture alors que ses mains s’ancrent plutôt autour de ses cuisses qu’il caresse finalement à peine. « Tu m’as préparé un calendrier ? Il est où ? Tu l’as caché où ? Je veux celui-là en premier sans hésitation ! Je peux ouvrir toutes les cases d’un coup ? » Elle ressemble véritablement à une enfant en train de déballer ses cadeaux de Noël et il pense simplement qu’il l’aime et qu’il est incroyablement chanceux d’avoir un jour croisé son chemin pour se rendre compte que des personnes telles qu’elles existaient. “Ouais mais je sais pas si tu le veux vraiment, il s’appelle “Credic Diggory est toujours en vie”, alors peut être que ça n’en vaut pas le coup.” Il est toujours chiant à reparler des mêmes sujets, encore et encore, et de les tourner dans tous les sens. Fort heureusement que son sourire prouve le peu de sérieux qu’il met dans ses mots, lesquels il vient ponctuer en venant embrasser Lucia alors qu’il se redresse sur le lit, gardant ses mains autour d’elle pour ne pas qu’elle perde l’équilibre. “Il est sous le lit. Ouais, je sais, on manque vraiment de place.” Et que personne ne vienne dire que c’est la faute aux cinq gamelles de Pancake parce qu’il en a déjà retiré une pour la bonne cause. “Si tu ouvres des cases en avance, je le saurais et ça se payera dans d’horribles souffrances de supplices de chatouilles.” Le dernier cadeau n’étant de toute façon pas encore présent, elle ne pourrait pas réellement ouvrir toutes les cases. Et quand bien même, il lui fait assez confiance pour que ce ne soit pas le cas, il n’a pas à y penser à deux fois. Le plus dur aura surtout été de préparer les papiers cadeaux puisqu’il est loin d’être doué dans ce domaine - on dira qu’il y a mis tout son amour, pourtant.

Une fois qu’elle a trouvé le paquet avec le numéro 1 de flanqué dessus, il accepte enfin de lui laisser un peu d’air et d’arrêter d’insister pour la garder près de lui. Ses genoux remontés contre son torse, il y a posé sa tête et se contente désormais de sourire face à la scène qui se déroule devant lui. “C’est un pull. Et c’est une couverture aussi. Plus aucune excuse pour que t’aies les pieds froids.” Et dit comme ça, il ne vend pas du rêve, mais il sait qu’elle saura apprécier le premier présent.

j'ai craqué regarde comment ça a l'air TOUT DOUX

favorite time of the year
Lucia Whitemore & @Swann McGrath

« Sorcière. »
« T’es juste jaloux parce que t’as pas de super pouvoir toi. »

Je lui tire la langue comme une enfant de cinq ans avant de venir enlacer sa taille de mes bras. Nous avons l’un comme l’autre des boulots prenants et, si arrêter de travailler au café m’a libéré du temps, j’aime toujours autant ces rares matinées où nous avons le loisir de ne rien faire de plus que traîner au lit jusqu’à ce que nos estomacs respectifs nous forcent à poser un pied sur le parquet froid pour aller les remplir. Là dessus, nous nous sommes bien trouvés. « Ouais, c’est ça, vas-y, je t’en prie, enfonce le couteau dans la plaie. » Je hausse les épaules d’un air innocent : je peux laisser passer pleins de choses, mais j’ai été bien trop attendrie par sa sincère surprise et ses yeux brillants (il peut prétendre le contraire je l’ai vu) pour oublier cette scène : je la préfère gravée dans ma mémoire. « Je te ferai un résumé à l’avance quand on lancera le prochain pour pas que tu sois trop pris de court par une autre scène. » Manquerait plus qu’on se retrouve dans la même situation à la mort de Sirius : non, je me dois de l’y préparer.

Cette jolie parenthèse pleine de douceur prend fin à l’instant où il prononce les mots celui que je t’ai préparé et je bondis de joie, avec ma tête (et mes cheveux) du matin et, si je me contrôle, je suis à deux doigts de sauter sur le lit comme une enfant réveillant ses parents le matin de noël. « Ouais mais je sais pas si tu le veux vraiment, il s’appelle "Cédric Diggory est toujours en vie”, alors peut être que ça n’en vaut pas le coup. » « Gnia gnia gnia. » Pleine de reconnaissance, je dépose un baiser sur ses lèvres et ébouriffe ses cheveux en me reculant. « Bien sûr que je le veux. Mais mon cadeau de pré-noël va être ridicule à côté maintenant, c’est malin. » Est-ce bien nécessaire de préciser qu’en trois ans de relation, jamais mon ex n’avait eu ce genre d’attention pour moi ? Qu’avec lui tout semblait si compliqué mais qu’avec Swann je découvre l’amour tel qu’il devrait être ? Naturel, fort et tendre ? « Il est sous le l...» Il n’a même pas le temps de terminer sa phrase que, déjà, je me suis tirée au bord du lit et penchée pour observer le dessous. Sans sa main en barrière derrière mes cuisses je serais certainement tombée et, alors que je me redresse avec un énorme paquet sur lequel il est écrit le chiffre 1 je ressemble certainement un peu plus à une folle que l’instant précédent, faute d’avoir gardé la tête en bas le temp de localiser le bon cadeau. «  Ouais, je sais, on manque vraiment de place. Si tu ouvres des cases en avance, je le saurais et ça se payera dans d’horribles souffrances de supplices de chatouilles.  » « C’est moi qui ai de super pouvoir, inverse pas les rôles. » Je suis incapable de résister au supplice en question également mais, passons. « C’est vrai qu’on est un peu à l’étroit. » Mais j’ai grandi avec trois sœurs et la notion d’espace personnel n’était déjà qu’un précepte lointain à l’époque. « J’imagine même pas quand Pancakes sera là. » Une piqûre de rappel à propos de notre chien n’est jamais de trop, et je lui adresse un immense sourire en déchirant le papier cadeau. « C’est un pull. Et c’est une couverture aussi. Plus aucune excuse pour que t’aies les pieds froids. » « C’est beaucoup trop chouette. Mais c’est pas un plaid de pied que je sache. » Je lui tire la langue avant de passer le tas de tissu au-dessus de ma tête pour l’enfiler. « Merci merci merci. » Le dernier merci se perd dans un baiser, il est étouffé par ses lèvres contre les miennes et, si je sors du lit, ce n’est que le temps de récupérer le paquet un peu plus petit que j’ai préparé pour lui. « J’en ai pas 24, mais j’ai préparé ça. » J’espère que le pyjama est à sa taille mais j’ai scrupuleusement fouillé ses tiroirs pour m’en assurer. Pendant qu’il l’ouvre, je ne peux m’empêcher de rougir. « Je sais que c’est pas très conventionnel de s’offrir un cadeau aussi, mais j’ai pris le même pour moi, je me suis dit que ça serait drôle. » Je me suis surtout dit que ce serait romantique mais je l’assume mal.


ALLEZ REGARDE COMME IL VONT ÊTRE MIGNONS

« Bien sûr que je le veux. Mais mon cadeau de pré-noël va être ridicule à côté maintenant, c’est malin. » Elle pourrait lui offrir tout l’or du monde comme rien du tout que l’anglais ne trouverait pas le moyen de lui en vouloir d’aucune façon. Aussi cliché cela puisse-t-il être, c’est elle son cadeau de (pré-)Noël qui rend les fêtes de fin d’année bien plus belles que tout ce qu’il avait aurait pu imaginer. Il ne demande rien d’autre que de pouvoir continuer à se réveiller à ses côtés et l’entendre débattre pendant des heures au téléphone de la parfaite teinte de rose pastel pour son travail. “J’ai un cadeau de pré-Noël ?” Est finalement tout ce dont il s’étonne, le plus naturellement du monde. Ses yeux s’agrandissent un peu et sa bouche devient plus ronde, à lui qui ressemble désormais à un enfant qui n’avait aucune idée qu’il allait recevoir un cadeau supplémentaire lors de ce mois-ci. Après tout, ils n’avaient jamais parlé de s’offrir autre chose que lors de Noël.

Sans crier gare, Lucia devient soudainement surexcitée et manque de tomber du lit alors qu’elle cherche le bon numéro de l’avent sous ce dernier. Il la retient autant qu’il le peut, déjà largement hilare de toute la situation. Jouer le sauveur de ces dames alors qu’il la retient en la tenant par les cuisses n’a cependant rien pour le gêner, il faut bien être honnête, et il se permet aussi de faire émerger dans son esprit l’idée selon laquelle l’appartement n’avait jamais été prévu pour accueillir deux personnes et encore moins trois - et on ne parle pas de bébé humain, là, mais bien d’un Pancake très vivace (non ce n’est pas un nom de code non plus). « C’est vrai qu’on est un peu à l’étroit. » Swann est toujours le dernier à bien vouloir prendre des initiatives et changer sa routine mais s’il s’agit de laisser à Lucia la place qu’elle mérite, tant pour ranger tous ses colorants alimentaires dans la cuisine que ses habits dans la chambre (le dressing ?) alors il est prêt à prendre sur lui et faire de nombreux efforts.

Le cadeau rapidement déballé, voilà que Swann se réjouit déjà du visage sincèrement heureux de sa petite-amie. « C’est beaucoup trop chouette. Mais c’est pas un plaid de pied que je sache. » Pourtant ils ne sont que le premier décembre et il se peut très fortement que d’autres cadeaux sous le sapin (lit) puissent être aussi utiles qu’un plaid. « Merci merci merci. » Chaque baiser lui est rendu amoureusement, les mains du blond éternellement posées contre ses joues. Il tente même pendant une seconde de la retenir avec lui mais se résout bien malgré lui à la laisser fuir - et le fait que ce soit pour lui donner un cadeau a beaucoup à voir avec sa faible combativité. « J’en ai pas 24, mais j’ai préparé ça. Je sais que c’est pas très conventionnel de s’offrir un cadeau aussi, mais j’ai pris le même pour moi, je me suis dit que ça serait drôle. » L’attention de Swann vole sur le paquet pendant un temps, lequel il ouvre avec toute la minutie du monde, simplement par habitude. Un sourire est pendu à ses lèvres tout du long et il ne fait que s’agrandir encore lorsqu’elle explique ce qu’est le cadeau dont Swann peinait à comprendre les formes imprimées sur le tissu. Une fois chose faite, il se perd momentanément dans un rire simple et franc, pourtant réellement touché à son tour par l’attention. “C’est bien parfois, de ne pas être conventionnel.” Il annonce tel un prophète, étalant le pyjama sur le lit pour voir quelles en sont ses formes et à quel point il est cliché. Après avoir laissé tomber le papier cadeau sur le sol, Swann glisse une main dans le dos de Lucia pour la ramener un peu plus près de lui et l’embrasser doucement. Les rôles s’échangent désormais alors que c’est à son tour de la remercier de l’attention. “Merci. Merci beaucoup.” Pour tout.

Ses bras continuent de se placer autour de Lucia pour qu’il finisse par l’entraîner avec lui dans sa chute entre les coussins du lit et les draps dérangés. Elle sent le neuf et il manque de se coincer ses doigts dans l’étiquette du cadeau un bon millier de fois. Ce seront des problèmes pour futurs Swann et Lucia alors que ceux du présent ont de biens plus importants problèmes à régler : “C’est un piège pour faire une photo et la poster sur ton Instagram, c’est ça hein ?” Il commence à savoir ce que c’est que de vivre avec une fille qui s’arrête tous les dix mètres dans la rue pour prendre beaucoup (trop) de choses en photo simplement parce qu’elle les trouve jolies. En retour, l’Instagram du blond se compose presque uniquement d’elle et de nourriture, ce qui démontre bien qu’il se contente d’aimer relativement peu de choses dans la vie - mais quelles choses. “Si jamais on se trouve un appartement plus grand, on pourra aussi prendre un sapin plus grand.” Serait-il en train de chercher des arguments alors qu’il pourrait tout simplement dire “est ce que tu voudrais qu’on se trouve une maison ensemble” ? Oui, bien sûr. Ce ne serait pas lui, sinon. Il cache ses propositions tout en cherchant à se frayer un chemin jusqu’au cou soigneusement protégé de la jeune femme. “Mais on verra ça plus tard, pas vrai ? Ça te dit d’aller manger en ville avant de choisir le sapin ?” Parler de sapin de Noël puis de nourriture lui semble être le parfait compromis pour se préparer à passer un mois parfait.  “J’imagine qu’on va aussi être obligés d’acheter la décoration à mettre dessus.” Et elle pourra débattre avec elle même des couleurs du thème de cette année sans qu’il ne s’en lasse un seul instant, c’est promis. Ce n’est qu’à ce moment qu’il se permettra de la laisser s’en aller du piège formé par ses bras.

favorite time of the year
Lucia Whitemore & @Swann McGrath

Evidemment qu’il a un cadeau de pré-noël, puisque c’est une sorte de tradition me concernant (Pourquoi profiter une seule fois de noël alors qu’il s’agit du meilleur jour de l’année ? Hérésie) et évidemment qu’il s’agit de quelque chose de cheesy et de dégoulinant à souhait. Le sujet de la taille de l’appartement est propulsé sur le devant de la scène avant d’être tout aussi rapidement balayé : me concernant l’idée de me plaindre ne me viendrait pas et je n’imagine pas qu’il soit possible de mieux, que quelque chose me rende plus heureuse encore que je ne le suis depuis qu’il m’a proposé d’emménager ensemble. Je n’ai pas besoin d’une immense maison, je n’ai pas besoin d’escalier en marbre ou de mur en pierre, je n’ai pas besoin d’un dressing de la taille d’une chambre ou d’une salle de bain avec double vasque, je n’aspire à rien de tout ça tant que je suis avec lui.

Le sujet est balayé donc et le fameux cadeau embarrassant ouvert et découvert. Moi, j’espère simplement que le jour où il me trouvera vraiment trop fleur bleue n’est pas encore arrivé et qu’il fondra en posant les yeux sur les imprimés en tout point identiques sur nos deux pyjamas. « C’est bien parfois, de ne pas être conventionnel. » Il aime, il aime pas ? Ses doigts quittent le tissu pour se glisser dans mon dos et m’attirer à lui, avant qu’il ne scelle nos lèvres en un baiser. Ma main caresse doucement sa joue et, lorsque nos lèvres se séparent, je pose ma tête sur son épaule. « Merci. Merci beaucoup. » C’est moi qui ai envie de le remercier tous les jours que dieu fait de faire partie de ma vie, et mon hésitation sur la bonne façon de le formuler me vaut d’être prise de court et renversé sur le lit, quand bien même il ne me viendrait pas à l’idée de m’en plaindre. Mon nez frôle le sien et un sourire amusé étire mes lèvres.

« C’est un piège pour faire une photo et la poster sur ton Instagram, c’est ça hein ? »
« C’est pas un piège, mais je mettrai quand même une photo sur instagram. T’as de la chance que soit pas conventionnel d’aller au marché de noël en pyjama, ça attendra qu’on rentre. »

Si on rentre, puisque je n’exclus pas la possibilité qu’on se perde entre les étals en bois du marché. Je n’exclus pas non plus celle que nous fassions une overdose de chocolat, de guimauve et de thé à la cannelle avant d’avoir le temps de remettre un pied dans l’appartement. « Si jamais on se trouve un appartement plus grand, on pourra aussi prendre un sapin plus grand. » Je suis peut-être naïve et innocente, mais cette remarque là je la saisis au vol en en prenant l’entière mesure. Je n’étais pas certaine lorsqu’il a parlé du manque de place, je le suis presque entièrement à présent : elles ne sont pas anodines ses allusions. « Mais on verra ça plus tard, pas vrai ? Ça te dit d’aller manger en ville avant de choisir le sapin ? » Ses lèvres glissent dans mon cou et je comprends qu’il est mal à l’aise à l’idée d’aborder les questions les plus sérieuses : je prends un peu plus confiance en moi à ses côtés chaque jour et je suis peu à peu de plus en plus certaine d’arriver à le cerner : il ne joue pas Swann, il ne se cache pas et c’est ce que j’aime chez lui. « C’est vrai qu’on pourrait mettre un sapin immense si on trouvait plus grand... » Mon regard, encore perdu dans le vide il y a quelques secondes, se fiche dans le sien. « On pourrait même en prendre un en pot et le planter après noël si on a un jardin. » Me voilà partie pour rêver et plus rien ne pourra m’arrêter. « Pancake adorerait un jardin. » Personne ne sait ce que Pancake adorerait puisque le chien qui aura le privilège de porter ce nom n’a même pas été choisi. « Ou pas de jardin, c’est pas obligé, mais imagine si on trouvait un appartement avec un petit bout d’extérieur ? » J’ai peur qu’il s’imagine que ça y est, je rêve déjà à la villa avec piscine, plusieurs hectares et des écuries quand j’aime déjà parfaitement le nid que nous nous sommes faits : je ne cherche qu’à continuer à le construire petit à petit. « On peut même manger au marché de noël. En fait, on doit même manger au marché de noël, c’est une sorte de tradition. » Les européens ne respectent donc rien ? Moi, je sens déjà le fumet des plats que l’on vend dans ce genre d’endroit. « J’imagine qu’on va aussi être obligés d’acheter la décoration à mettre dessus. » Mes bras glissent autour de sa taille et dans le bras de son dos quand les siens m’emprisonnent de la même façon. « Bien sûr qu’on est obligé, c’est le premier achat obligatoire quand on prend un appartement ensemble les décorations de noël. » Noël est une affaire sérieuse, au cas où il ne l’aurait pas encore compris. « On est obligé de le faire pour celui-là et on sera obligé de le refaire l’an prochain pour l’autre, qu’il ait un jardin ou pas. » Je plisse mes lèvres en un sourire timide et mes joues se teintent de rouge. Il a fait le premier pas, à moi de lui faire comprendre que sa proposition c’est exactement tout ce à quoi j’aspire.

Ils mettront un sapin ou dix, ils auront un jardin, Pancake sera heureux. Tout va déjà très bien et tout ne pourra qu’aller mieux ensuite parce que ce n’est qu’ainsi qu’ils peuvent envisager leur futur ensemble : parfaitement parfait. Le blond embrasse sa petite-amie à chaque nouvelle proposition qu’elle fait, non pas pour la déranger mais bien pour lui montrer son accord à sa manière. Après tout, beaucoup de ses idées ont rapport à la nourriture et il ne faut pas beaucoup de temps pour comprendre qu’il s’agit du Talon d’Achille du McGrath et qu’il ne peut y résister. A Noël, qui plus est, tout a meilleur goût. « Bien sûr qu’on est obligé, c’est le premier achat obligatoire quand on prend un appartement ensemble les décorations de noël. On est obligé de le faire pour celui-là et on sera obligé de le refaire l’an prochain pour l’autre, qu’il ait un jardin ou pas. » S’ils sont obligés, alors l’anglais ne tentera pas de s’y opposer, bien au contraire. Lucia a compris ses sous entendus et elle les relance avec l’éternelle douceur qui la caractérise et qui fait sourire le blond encore davantage. Ils achèteront de nouvelles décorations de Noël chaque année s’il ne suffit que de ça pour rendre la Whitemore heureuse ; il serait bien le dernier à mettre un frein contre de tels sentiments. “Il faut qu’il ait un jardin pour y faire des barbecues.” Ce n’est pas une coutume très répandue en Grande Bretagne, pour ne pas dire pas du tout, mais il sait bien toute l’importance que la viande grillée a dans ce pays et pour la famille même de Lucia. Des anecdotes de ces journées ensoleillées et heureuses, il en a déjà entendues des dizaines et il s’est promis d’être là en personne pour vivre les prochaines et ne surtout rien manquer de tout le temps qu’il pourra passer aux côtés de la blonde. “Je t’aime.” S’il y a bien une chose qu’il ne se lassera jamais de répéter, ce sont bien ces quelques mots. Il se doute d’autant plus que Lucia serait bien la dernière à s’en plaindre, raison pour laquelle il gagne quelques précieuses secondes à se prélasser à ses côtés dans leur lit, jouant avec ses cheveux et l’embrassant dans le cou dès qu’il en a l’occasion. “Mais si t’es pas prête dans soixante secondes, c’est moi qui prendrai la première gaufre qu’on commandera.” Ses bras la relâchent soudainement alors que son sourire ne faiblit pas et qu’il se contente d’enfiler des habits au hasard et de passer une main dans ses cheveux pour les coiffer. Le marché de Noël n’attend pas, elle l’a dit elle-même, et Swann a d’autant plus hâte de déjà pouvoir la serrer contre lui à nouveau - et manger, parce qu’il commence vraiment à avoir faim puisque cela fait au moins dix minutes qu’il n’a même pas senti l’ombre d’un doux fumet.

La journée toute entière se place sous l’esprit de Noël, les achats compulsifs en tout genre et les déclarations d’amour à tout va qui pourtant ne perdent jamais en sincérité. Quelques mois plus tôt, il n’aurait jamais pensé pouvoir être aussi heureux en cette période si spéciale. Pour rien au monde il ne voudrait remettre en question certains de ses choix récents, surtout pas celui de faire une place à Lucia à ses côtés puisqu’elle est définitivement la meilleure chose qui lui soit arrivée de toute cette année et il compte bien le lui rendre autant que possible.