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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyLun 7 Déc 2020 - 18:18


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@Jamie Keynes & Nathanael Weaver
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S’il y avait bien des choses que Nathanael regrettait à la suite du décès de son épouse, c’était son don pour repérer les gens bien. Elle avait toujours su voir au-delà des apparences et avait appris à son époux à écouter son instinct, chose qu’il fit avec Alfie et qu’il ne regrettait pas pour le moins du monde. Et s’il se mettait à penser à Emily de cette façon, c’était tout simplement car sans elle, la route de Weaver n’aurait jamais croisé celle de Jamie Keynes. Nate se souviendrait toujours de l’engouement de son épouse lorsqu’elle lui avait appris qu’un nouveau rédacteur en chef allait arriver. Et encore plus quand elle rencontra Jamie Keynes qu’elle prit tout naturellement sous son aile. Car elle était comme cela Emily : aimante et bienveillante, voulant que toute personne travaillant dans sa société se sente à sa place et à l’aise. Nate n’avait pas refusé d’inviter l’homme en question autour d’un bon repas dont seule Emily avait le secret. Et il comprit parfaitement pourquoi sa femme appréciait ce dernier : Malgré ses apparences parfois abrutes, il était aisé de discuter avec lui une fois les remparts abaissées et Nathanael avait apprécié partager ces moments avec ce-dernier. Et même si la vie avait décidé de leur retirer la pièce centrale de leur rencontre, Nathanael n’avait pas pour autant couper les ponts avec ce dernier. Même si l’opinion publique était en train de dresser un portrait peu flatteur de Jamie, Nate n’était pas du genre à écouter les qu’en dira-t-on. Il était bien au-dessus de tout cela et il connaissait parfaitement les valeurs de Jamie pour ne pas se laisser aller à croire tout cela si ce dernier ne lui avait pas confirmer. Tout était suffisant pour que Nate face bloc aux côtés de Jamie s’il le lui demandait. Surtout quand Jamie n’avait pas hésité à conseiller et suivre Nathanaël dans ce fou projet qu’était de racheter le club de jazz de Brisbane et de le remettre à neuf.

C’est d’ailleurs en étant enfermé dans son futur bureau comme à son habitude, croulant sous les devis des multiples entreprises qu’il avait mandaté pour la réfection de l’endroit, devis qu’il avait pris la peine d’annoter de ses divers avis, et comparaison faite dans le but de pouvoir négocier par la suite s’il se découvrait un talent dans le sujet. Nate se décida d’écrire à Jamie pour lui proposer de passer sur les lieux. Il lui était assez reconnaissant pour vouloir le faire participer activement dans les choix qui se proposaient à lui. Et aussi car il comptait faire de ce rachat une réussite et que son ami n’ait pas à regretter son investissement. Weaver lui avait envoyé un SMS lui proposant de le rejoindre à 20H et sans même attendre le retour de ce dernier, il était allé chercher de quoi boire un verre comme ils le faisaient souvent. Il avait passé le reste de l’après-midi à ranger les documents, étant d’un naturel organisé – maniaque aux dires des personnes qui avaient travaillé avec lui – et n’avait pas vu l’heure défiler. Ce fût simplement quelques instants avant l’heure proposée qu’il se décida à allumer les spots de chantier, sortant deux verres qu’il déposa sur le haut du piano recouvert et entrouvrit la grille pour laisser Jamie entrer sans difficultés.

Il ne fût pas surpris en apercevant une ombre en approche, une dizaine de minutes en avance, chose qui le fit rire d’ailleurs. Si Nate n’était pas du genre très regardant sur la ponctualité, il avait toujours été étonné de voir à quel point Jay faisait preuve d’une irréprochabilité sur ses heures d’arrivées et le tout malgré un emploi du temps que Nate pensait surchargé. « Jay ! » s’exclama l’ancien professeur en se levant pour venir le saluer comme à son habitude. C’est qu’il était chaleureux le Weaver, et il vint étreindre brièvement Jamie, se reculant pour l’observer de la tête aux pieds comme pour vérifier l’état de forme de son ami, un léger sourire aux lèvres. « Je suis content que tu aies pu te libérer ! » admit Weaver tandis qu’il se décalait du passage pour laisser Jamie entrer un peu plus dans l’établissement. « Fais donc comme chez toi et installe toi là où il n’y a pas de poussières… » riait Nathanael en refermant les grilles au passage. Il avait remarqué que les gens pouvaient faire preuve de curiosité en voyant l’établissement de nouveau occupé, et il ne voulait pas se faire déranger ce soir. « Comment vas-tu ? » demanda-t-il enfin avec bienveillance, en revenant à sa hauteur, conscient que cela faisait bien longtemps que les deux hommes ne s’étaient pas croisés de visu. Et même si Nathanael avait remarqué que ses connaissances avaient pris un peu plus de recul depuis le décès de son épouse comme pour vouloir le protéger et l’épargner des problèmes d’autrui, il n’en restait pas moins un ami à l’écoute, et le bien-être de ceux qui comptaient à ses yeux lui importait autant que le sien.



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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyDim 20 Déc 2020 - 17:36

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On prêtait au Keynes bien des stratagèmes pour redorer sa réputation violemment arrachée à son piédestal il y avait un an de cela. L’ouverture des portes de l’association au nom de son frère décédé était notamment au coeur de cette rumeur qui entachait les précédentes années de travail en amont et désavouait le réel engagement de l’anglais sur la base d’un timing douteux. Et il n’en avait cure, à dire vrai, tant la Fondation l’avait aidé à se trouver une raison de se lever le matin. En revanche, nul investissement ne visait plus à apaiser sa conscience que le chèque qu’il avait signé au nom de Nathanael afin de l’aider à acquérir ce vieux club de jazz, et ainsi se lancer dans un projet rêvé. Et cela n’avait rien à voir, de près ou de loin, avec les remous de la fameuse affaire Mina ; cependant, la tragique année 2017 avait laissé plus d’une blessure à panser. Alors que Jamie se laissait noyer par les tourments de son coeur, ballotté ici et là par un orgueil meurtri et une thérapie sans résultats, allant d’erreurs en mauvaises conduites, cherchant toujours plus de nouveaux moyens de se punir sans cesse, Emily avait quitté ce monde et lui, comme pris de court, avait alors réalisé qu’il n’avait pas accordé une pensée, un moment, à cette douce amie qui avait été son guide dans ses premiers pas à Brisbane tout du long de sa maladie. Six années d’amitié et d’affection auxquelles il n’avait pas fait honneur. Trois supplémentaires pour trouver comment se racheter auprès de Nathanael, laissé derrière. Bien sûr, les choses seraient si faciles s’il suffisait d’une signature sur un rectangle de papier pour alléger sa culpabilité. L’anglais s’était cependant pris d’intérêt pour le projet plus qu’il ne l’aurait pensé de prime abord, et l’investissement s’était mué en de précieuses opportunités de passer du temps avec un homme faisant partie des rares à ne pas l’avoir rejeté.

Forcément, il répondait présent et pile à l’heure à leurs rendez-vous informels à ce sujet. Il avait largement souri en lisant le texto que Nate lui avait envoyé plus tôt et s’était réjoui de la perspective de ce détour avant de prendre la route de ce chez lui à l’atmosphère pesante. Le divorce avec Joanne était lancé et il était peu dire que la démarche s’était accaparée chacune de ses pensées. Un verre n’était pas de refus. Jamie s’avança sur le chantier, prenant garde à l’emplacement de ses pieds à chaque pas après avoir passé la grille, de crainte d’écraser ceci, de trébucher sur cela. Il tapota les épaules de sa veste en lin beige, trempées par la pluie qui battait sans relâche à l’extérieur en cet été australien. Son complice l’attendait près du piano dissimulé sous un drap blanc. L’étreinte qu’ils échangèrent avait quelque chose de revigorant. Elles étaient rares, les personnes sincèrement heureuses de le voir. « Je suis content que tu aies pu te libérer ! - Mon planning n’est plus aussi fourni qu’il a pu l’être autrefois. » il répondit en plaisantant. Cela paraissait si lointain, l’époque où l’anglais était levé aux aurores dans l’espoir de faire tenir deux journées en une, premier arrivé à la rédaction, dernier à quitter les locaux, jonglant entre son travail, ses investissements et son rôle de père sans laisser le silence et le calme prendre leurs aises pendant une minute de son temps. Ce jour, il s’était rendu à la Fondation sur les coups de dix heures, après s’être chargé de Daniel et de Louise tandis que Joanne s’était rendu au musée de bon matin. Il se demandait souvent si cela aurait changé quoi que ce soit à leur relation si cela avait été leur rythme de vie dès le départ. « Fais donc comme chez toi et installe toi là où il n’y a pas de poussières… » Le regard de Jamie glissa sur l’ensemble de la pièce, puis son rire résonna. “Même si je lévitais je ne pourrais pas échapper à la poussière, je crois.” Elle était partout, du sol au plafond, sur chaque meuble, chaque centimètre carré, et les particules brillaient dans l’air sous la lumière des spots de chantier. C’était donc sans se formaliser que le Keynes s’asseyait sur la première surface plane lui tombant sous le postérieur. « Comment vas-tu ? » La question, il la redoutait et l’évitait autant qu’il le pouvait. Jamie avait toujours eu une sainte horreur de s’étaler et gérait les contrariétés en son fort intérieur, quitte à dévorer ses nerfs et faire céder ses épaules sous une pression que lui-même s’imposait. Il n’évoquait pas les détails du divorce avec qui que ce soit, ne souhaitant pas de compassion et redoutant les c’est bien fait. L’impact de cet échec, d’après lui, se lisait aisément sur son visage aux traits las. “Toujours dans l’espoir de jours plus glorieux, répondit-il avec un ersatz de sourire se voulant optimiste, plus que son coeur ne parvenait à l’être vraiment. Et toi ?” En renvoyant la question, Jamie s’empara de la bouteille de vin apportée par Nate et se chargea d’en extraire le bouchon puis de remplir les verres. “Qu’est-ce que tu avais à me montrer ?”
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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyLun 21 Déc 2020 - 18:37


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Nathanaël était d’un naturel joyeux en toute circonstance. Il était rare les fois où il s’était retrouvé amer, perturbé ou avec un sourire absent de son visage. Alors vous vous douterez bien que lorsque l’une des personnes qu’il considère comme l’un de ses amis passe le seuil de son bar, il n’y a rien de plus plaisant pour lui. Peut-être trop expressif contrairement à l’homme qui se tenait face à lui. Mais Nate avait l’habitude d’être parfois « trop » expressif, si seulement le trop plein pouvait se justifier. Il savait qu’un sourire pouvait adoucir les craintes, une simple parole apaiser les mœurs et une étreinte franche, raviver une âme. Alors il donnait sans compter ces petits gestes du quotidien. Tout comme il laissait son rire remplir la pièce quasi-vide de tout meuble en apercevant Jamie s’épousseter d’un revers de la main la veste qu’il portait. « J’aurais peut-être dû te préciser de venir un peu plus décontracté… Fais attention là où tu passes, je ne voudrais pas que ta veste se coince sur un clou qui dépasserait !» fit remarquer Nate d’un clin d’œil en tendant un index en direction de l’homme face à lui, faisant allusion à sa tenue. « Heureusement que je n’envisageais pas de te demander de mettre la main à la pâte ! » rajouta-t-il en continuant de plaisanter, un regard bienveillant posé sur son ami. « Je ne doute pas qu’un jour il finira par se remplir de nouveau si c’est ce que tu souhaites » conclut Nate d’un ton qui se voulait rassurant. Car même si Jamie n’avait jamais poussé la porte de Nate pour s’étaler sur sa situation actuelle, Nathanaël ne pouvait s’empêcher de souhaiter le meilleur à l’homme qui se tenait face à lui, comme tout être humain devrait le faire selon le nouveau propriétaire des lieux.

Weaver se voulait accueillant avec Jamie, malgré l’endroit qui ne payait pas de mine. Après tout, c’était un chantier et Nathanaël – malgré son ignorance sur ce type d’endroit – ne doutait pas que tout lieux en travaux ressemblaient à une espèce de dépotoir où peu importe l’endroit où notre regard pouvait se poser, rien ne semblait ordonné. Il mêla son rire avec celui de Jamie, secouant la tête, presque heureux de voir que ce dernier n’avait pas perdu sa répartie qui avait fait de l’œil à Nate la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. « N’hésite pas, j’ai des plumeaux dans le bureau s’il y a trop de poussières pour toi ! » le taquinait Nate tandis qu’il venait s’asseoir face à lui, attrapant un tabouret qu’il venait faire glisser pour se poser dessus après avoir déposer les verres et la bouteille que Jamie venait d’attraper. Nathanaël observait chaque geste qu’entreprenait Jamie en guise de supplément à la réponse qu’il venait de lui offrir. Il ne s’épanchait que rarement et Nate n’insistait jamais, se contentant de lui offrir un sourire encourageant. « Demain est un autre jour… C’est une phrase quelque peu toute faite, je te l’accorde, mais parfois cela a du bon de s’accrocher à ce genre de banalités » admettait Weaver tandis qu’il se contentait d’hausser les épaules, un sourire plus large « Que veux-tu que je demande de plus, mon projet a vu le jour, et je tente tant bien que mal de le faire avancer un peu plus vite afin de lui rendre cette once de vie qui faisait son charme quelques années auparavant ! » s’exclama avec joie Weaver tandis que ses bras s’écartaient pour venir encadrer l’endroit dont il faisait allusion. « Et si j’y parviens, c’est grâce à toi, alors je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais merci Jamie. » rajouta Weaver avant d’attraper le verre que venait de lui servir Jamie pour le lever dans sa direction, le tout ponctué de son traditionnel sourire.

Il en aurait presque oublié le but premier de cette visite si son ami ne lui avait pas rappelé. Et après avoir pris une première gorgée de son vin, il leva un doigt dans la direction du Keynes comme pour lui demander de patienter un court instant et s’éclipsa brièvement en direction de son bureau pour revenir avec le dossier qu’il avait préalablement préparé. « Si je te dis que je m’en sors mieux avec des thèses à relire que des devis de travaux, tu me promets de ne pas rire ? » demanda Nate alors que lui-même riait de sa situation. Il tendait le dossier à Jamie, se réinstallant face à lui. « Ce sont tous les devis de rénovation avec les différentes propositions que j’ai eues… Sauf que je suis d’un naturel indécis, et que généralement pour tout ce qui était décoration et rénovation chez moi, c’était Emily qui s’en occupait » expliqua Nate sans toutefois laisser paraître la moindre tristesse dans le son de sa voix, puis il reprit. « Et comme j’ai l’impression que les prix sont corrects, j’ai besoin de ton œil d’investisseur vois-tu ? » lui expliqua-t-il dans un large sourire qui se transforma ironique. « Puis je ne doute pas du fait que tu sois un professionnel de la martingale… Donc tu sauras trouver le meilleur rapport qualité/prix dans l’affaire si tu manies aussi bien le tout que les probabilités n’est-ce pas ? » le targua Weaver d’un clin d’œil. « Mais avant que tu ne te noies dans ces papiers, si je t’expliquais les multiples idées que j’avais ? » lui proposa Nate, s’apprêtant à se relever. Parce qu’en réalité, il voulait se montrer totalement transparent avec Jamie et l’argent qu’il lui offrait. Puis surtout, parce qu’il avait besoin des conseils de son ami.



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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyJeu 7 Jan 2021 - 15:46

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« J’aurais peut-être dû te préciser de venir un peu plus décontracté… Fais attention là où tu passes, je ne voudrais pas que ta veste se coince sur un clou qui dépasserait ! » A peine arrivé au coeur du club de jazz, la voix de Nate décrochait un rire à l’anglais qui naviguait entre les câbles et les outils abandonnés ici et là. Son accoutrement n’était pas particulièrement adapté aux lieux mais un crochet par son dressing n’avait pas été prévu pour se changer et Jamie ne se formalisait pas d’une tache ou deux qu’un passage au pressing ne saurait faire disparaître. “Tu sais que j’ai déjà été sur un chantier avant, n’est-ce pas ?” il rétorqua avec un sourire, sans être étonné qu’on ne lui prête pas ce genre d’expérience au premier coup d’oeil. Le Keynes avait bien des airs de ceux qui faisaient faire les choses bien plus que de ceux qui mettaient la main à la pâte. S’il avait en effet endossé le rôle de chef de travaux durant la construction de la Fondation, le brun avait en revanche tenu à effectuer lui-même un certain nombre de travaux sur celui de la maison qu’il avait fait construire pour lui, Joanne et les enfants. La maison qu’ils n'habiteront jamais. S’il le pouvait, Jamie donnerait un coup de main plus manuel au club et ne se contenterait pas d’être un soutien financier dans le projet. Cependant, un local professionnel n’accordait aucune marge d’erreur et ne laissait pas de place aux souhaits de bricolage d’un amateur. Ce n’était pourtant pas le temps qui lui manquait, comme il le soulignait à l’ancien professeur qui ne manqua pas de lui glisser quelques mots d’encouragement bienveillants avant de l’inviter à prendre ses aises -autant que cela était possible. « N’hésite pas, j’ai des plumeaux dans le bureau s’il y a trop de poussières pour toi ! » Jamie arqua un sourcil avec son plus bel air snob importé tout droit du vieux continent. “Je ne sais pas ce qui est le plus offensant, que tu croies que je ne peux pas supporter un peu de poussière ou que tu t’imagines que je pourrais manier un plumeau.” S’il était rare qu’il rechigne à faire quoi que ce soit lui-même, le ménage n’en faisait définitivement pas partie.

Éludant la question concernant son état d’esprit actuel, Jamie l’avait immédiatement retournée à un Nathanael aux bien meilleures augures que les siennes. L’aboutissement de son rêve de rouvrir cet endroit se lisait dans son regard et ce large sourire qui semblait si rarement disparaître de son visage. « Que veux-tu que je demande de plus, mon projet a vu le jour, et je tente tant bien que mal de le faire avancer un peu plus vite afin de lui rendre cette once de vie qui faisait son charme quelques années auparavant ! Et si j’y parviens, c’est grâce à toi, alors je ne sais pas si je te l’ai déjà dit, mais merci Jamie. » Il le lui avait déjà dit. Plus d’une fois. Vraiment un tas de fois. Et la réaction était toujours la même ; le Keynes haussait les épaules, souriait discrètement et faisait comme si de rien n’était. Souvent, une réflexion sarcastique allait de pair avec ce brin de nervosité et d’embarras. “Contente-toi de m’être redevable jusqu’à la fin de tes jours et on sera quittes.” Il s’amusait à jouer le jeu de ce rôle qu’on lui donnait spontanément de prime abord, l’orgueilleux, le mégalo, à coups de grandes phrases dont il ne pensait pas un mot. Lire entre les lignes pour y deviner tout le sens inverse de ses paroles nécessitait de le connaître depuis assez longtemps. Les autres se contentaient de tomber dans le panneau tête la première, et il s’en amusait tout autant.

En servant le vin apporté par Nathanael dans les verres à pied, Jamie s’était rapidement intéressé aux raisons qui avaient poussé celui-ci à faire appel à lui. Les affaires d’abord, le personnel ensuite ; c’était dans cet ordre que l’anglais avait toujours procédé et son affection pour l’ancien professeur ne changeait pas ses habitudes bien ancrées. « Si je te dis que je m’en sors mieux avec des thèses à relire que des devis de travaux, tu me promets de ne pas rire ? » fit-il pour annoncer la couleur, élargissant déjà le sourire sur les lèvres de Jamie. “Je promets d’essayer.” Ceci dit, la force avec laquelle il essayerait ne serait probablement pas suffisante pour épargner à Nate un ricanement ou deux. Il se saisissait du dossier que celui-ci lui tendait, débordant de propositions de tarifs d’une multitude d’entreprises différentes ; il était toujours crucial de faire marcher la concurrence dans ce genre de cas pour espérer obtenir le meilleur prix. « … Et comme j’ai l’impression que les prix sont corrects, j’ai besoin de ton œil d’investisseur vois-tu ? » A première vue, Jamie reconnaissait quelques entreprises auxquelles il avait fait appel pour ses précédents projets, ce qui pouvait s’avérer être un avantage pour Weaver. “Ainsi que de mon charisme légendaire et de mes incroyables capacités de négociation ?” ajoutait le brun en finissant de feuilleter les documents en diagonale. Il était certain de parvenir à obtenir des chiffres plus avantageux pour son ami sans trop d’effort, néanmoins, il n’était pas regardant sur les sommes à dépenser afin de lui permettre d’ouvrir le club tel qu’il se l’imaginait, sans concessions sur ses goûts ou la qualité. « Mais avant que tu ne te noies dans ces papiers, si je t’expliquais les multiples idées que j’avais ? » Suivant le mouvement, Jamie replia le dossier sous son bras et se leva à son tour, prêt pour un tour du propriétaire. “Avec plaisir. Après vous, Professeur Weaver.”
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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyDim 17 Jan 2021 - 0:38


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Nathanaël se souvenait parfaitement de la première fois où il avait rencontré Jamie, ou plutôt où il lui avait ouvert les portes de son domicile. Il était entre autres le supérieur de son épouse, et pourtant, Nathanaël l’avait traité comme s’il connaissait cet homme depuis longtemps. La conversation avait été fluide, la soirée agréable et les choses s’étaient reproduites encore et encore. Alors le taquiner à peine les grilles passées était un comportement tout à fait normal pour Weaver. Et la moindre des choses que l’on pouvait dire, c’est que l’anglais le lui rendait bien. C’était agréable pour Nate d’avoir face à lui quelqu’un aussi vif d’esprit, car il savait pertinemment que les réponses fusaient sans se faire prier, et le rire du professeur venait illustrer l’amusement de ce dernier. Il secoua la tête quelques instants, son sourire ne se décrochant aucunement avant d’hausser les épaules en guise de réponse. « Je ne sais pas de quel chantier tu parles Jay, mais je n’en doute pas, on sent le professionnalisme de l’esquive dans chacun de tes mouvements ! Pour ce qui concerne la poussière, ne te sent pas offensé, mais je t’imagine parfaitement avec un plumeau et un tablier pour les beaux yeux de Louise… On en reparle dans quelques années quand tu m’appelleras en pleine partie de « on joue à faire le ménage papa » parce que tu n'auras pas su dire non. » conclut-il dans un rire bruyant, pendant qu’il observait son ami s’installer à sa guise. C’était quelque chose d’important pour Nathanaël que de savoir que ses amis se sentaient comme chez eux lorsqu’ils étaient chez lui. Et même si pour le coup, Jamie était autant chez lui que chez Weaver entre ces murs, Nathanaël continuait d’en éprouver le besoin. Et même si pour que Jamie se sente bien, cela signifiait que Nate laisse couler quelques comportements qu’il décryptait comme étant des tentatives de dédouanement, il acceptait sans broncher.

Heureusement que Nathanaël avait la capacité à parler pour deux sans que cela ne le dérange, même s’il n’oubliait aucunement chacun des propos ou plutôt des silences de son ami. La chose qu’il n’oubliait pas non plus, c’était de remercier l’anglais qui se contentait d’hausser les épaules et de rendre le sourire à l’ancien professeur. Nathanaël laissa une fraction de seconde le silence se mettre en place, attendant la suite de la réponse de Jay. C’était cela de connaître quelqu’un, on anticipait les réactions, on lisait en lui comme dans un livre ouvert et Nate savait pertinemment que la suite ne tarderait pas. Nate tapa dans ses mains comme s’il venait de gagner un pari avec lui-même et riait face au jeu du Keynes. « C’est un pari dangereux, tu ne sais pas combien de temps il me reste ! » lui fit remarquer Weaver dans un clin d’œil. « Mais je peux comprendre, tu oublies facilement que je suis ton aîné… C’est ça de paraître aussi vieux que moi ! » rétorqua-t-il dans un clin d’œil avant de rentrer dans le vif du sujet. Parce que bien entendu que Weaver appréciait la présence de Jamie, mais s’il n’avait pas eu besoin de son aide, c’est chez lui qu’il aurait invité l’anglais et non dans ce club qui semblait si loin de l’ouverture tant espérée par l’ancien professeur. « Je sais bien qu’essayer n’est pas un terme faisant parti de ton vocabulaire. Il est synonyme de réussir chez toi. » le rassura Nate en lui tendant les documents, son regard braquait sur l’homme qui commençait à peine à ouvrir le porte-document. Weaver avait eu envie de scander un « bon courage », le tout couplé d’une petite tape sur l’épaule, mais s’était contenté de prendre son verre, laissant le silence prendre place pour permettre à Jamie de réfléchir en toute tranquillité. « Je pensais que tu négociais à la hausse toi… Faire baisser les prix, c’est dans tes cordes ? » ironisa Nathanaël après avoir dégluti. « Je t’avouerais que je n’ai même pas eu l’idée de négocier, je me dis que si les artisans ont proposé ces tarifs-là, c’est qu’ils estiment que leur travail coûte cette somme. Je suis peut-être naïf tu me diras, mais j’ose espérer que cela ne privera pas une famille d’un super repas de fête en demandant au paternel de réduire de moitié sa facture » se mit à exagérer Nate en levant les yeux au ciel avant de proposer une visite guidée des lieux à Keynes pour tenter d’éclaircir ses études de devis. Nathanaël attrapa son verre au passage puis s’avança au travers le petit corridor qui donnait sur une seconde salle, bien plus grande que la première.

Weaver s’avança au milieu de la pièce qui était entièrement bâchée et où les murs étaient à moitié détapissé avant de se tourner vers Jamie. « Alors derrière moi, tu auras la scène. Huit mètres par six. Les amplis seront intégrés dans le mur pour gagner en place sur la scène. Puis ils auront toujours possibilités de faire des petites jam session, cela reste l'essence même du jazz ne l'oublions pas. J’avais imaginé des néons rouges sur le derrière de la scène avec des murs en pierre ou en briquettes… » commença à détailler Nate en se tournant face au mur vide de toute décoration, ses mains gesticulant dans tous les sens pour illustrer ses propos. Il se stoppa un court instant, pivotant la tête en direction de Jamie, un léger rictus aux lèvres. « Tu me dis si je vais trop vite ou si je te noie sous les informations à défaut de te noyer dans ton vin… » lui fit remarquer Weaver avant de reprendre. « Le mur sur ta gauche, je voudrais le faire en baie vitrée… Histoire que la rue puisse profiter du spectacle et de la vie du club… Cela pourrait les inciter à venir… Au sol, ce sera carrelage noir, et j’aimerais aussi des banquettes et des tables ovales… Pour le mur de derrière toi… Je veux le faire tomber pour agrandir… Et celui de droite… Et bien j’hésite… » se stoppa Weaver en prenant une grande inspiration. Dire que ce n’était qu’une partie de la visite. Il voulait tellement que cela avance qu’il se retrouvait lui-même dispersé au milieu de toutes ces idées. Il reprit une gorgée de vin, se tournant vers Jay comme si la sentence s’apprêtait à tomber, puis leva un index dans sa direction pour lui indiquer qu’il avait une dernière information à lui communiquer : « Et surtout… Il lui faut un nom à ce club… » C’était là, l’endroit où son imagination pêchait. Et c’était là où finalement, il comptait le plus sur Jamie.




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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyMar 26 Jan 2021 - 12:39

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“Si tu continues de m'enquiquiner, tu vas découvrir à quel point je sais négocier à la hausse.” rétorquait Jamie, un index pas particulièrement menaçant pointé vers Nathanael tandis que son nez, lui, ne s’était pas levé du dossier de devis qu’il scrutait avec un certain sérieux. Cependant, en bon investisseur, il songeait avant tout à la qualité et la pérennité du projet, et n’avait pas l’intention de laisser ces chiffres déjà gonflés d’une marge généreuse peser dans la balance. Parfois, la fidélité et l’influence d’un client pouvait bien coûter quelques pourcentages du prix, et l’anglais n’avait aucune honte à effectuer quelques économies, là où son ami entendait les cloches de sa conscience sonner dans un coin de sa tête. “Je confirme, tu es naïf.” il répondit en haussant les épaules. Il était bien sûr tout à l’honneur de Nate de se soucier du bien être de ces compagnies de construction et de leurs employés à l’approche des fêtes de fin d’année, mais c’était être dupe de ne pas faire le parallèle entre le prix du matériel au coûtant et celui du devis pour comprendre qu’il y avait de la marge pour négocier. Sans oublier que cette différence n’allait pas dans la poche des petites mains. “Tu ne vas priver personne d’un beau réveillon en obtenant dix ou vingt pour cent, alors que pour toi, pour cet endroit, c’est la différence entre des sièges en croûte de cuir et des sièges en pleine fleur. Tu veux que les gens écoutent du bon jazz sur des fauteuils médiocres ? Je ne crois pas.” S’il ne faisait aucun doute que la qualité de la sono serait primordiale qu’importe le prix à mettre, le reste des éléments du club était composé de variables ajustables, de la décoration aux boissons en passant, donc, par les sièges. L’un de ces éléments allait forcément pâtir, à terme, des dépenses au profit d’un autre. Mais pour mieux comprendre la vision de Nathanael, rien ne valait un tour du propriétaire avec un certain sens de l’imagination pour se projeter dans ses ambitions.

L’anglais écoutait avec attention et acquiesça de temps à autre d’un simple signe de tête afin de ne pas interrompre l’ancien anthropologue plongé dans les détails de sa reconversion. Il approuvait les briques, les néons, classiques d’une atmosphère jazzy, mais retint une grimace à la seconde partie des plans de Nate. “Tu devrais oublier la baie vitrée.” conseilla-t-il. C’était son rôle, dans la paire qu’ils faisaient, d’être celui qui gardait la tête froide, et il voyait parfaitement toutes les problématiques soulevées par cette idée. “Ceux qui paient leur consommation pour assister au concert n’ont pas envie que d’autres puissent le voir un bout gratuitement depuis la rue. Ceux de la rue n’entreront pas pour autant, il ne faut pas sous-estimer à quel point les gens sont capables de se contenter de peu quand c’est gratuit. Et enfin, tout ce que ces personnes ne consommeront pas à l'intérieur sera non seulement un manque à gagner pour toi, mais aussi pour ta capacité à payer les artistes.” Sans oublier l’entretien nécessaire et le manque de sécurité pour l’établissement qui ferait monter la facture de l’assurance. La générosité de son ami avait définitivement besoin d’être temporisée dans le cadre d’un business. “Donc pas de baie vitrée.” conclut Jamie, laissant peu de place à la négociation -comme quoi, il savait mener sa barque.

« Et surtout… Il lui faut un nom à ce club… » évoquait Nate avec raison, cela n’ayant encore jamais été acté. Il serait temps, pourtant, s’ils voulaient faire créer un logo et l’appliquer un peu partout dans le club et sur la devanture. Ce n’était pas une chose à déterminer à la légère ; le nom ne pouvait pas être modifié au gré des envies ou selon un degré de lassitude. Il devait être pensé pour coller à l’ambiance des lieux et pour durer. Il devait être accrocheur et facile à retenir. “Des idées ?” Jamie leva un sourcil. Et lui, est-ce qu’il en avait ? Sa légitimité à proposer quoi que ce soit le freinait ; le projet était celui de Nathanael avait toute chose et le nom devait donc lui ressembler, faire honneur à sa reconversion et à l’histoire qu’il partageait avec le club. En réflexion, le brun prit une gorgée de vin. “Pourquoi pas quelque chose de simple ? At Nate’s, jazz club & bar. Ça sonne friendly, personnel, accessible. On sent qu’on a des chances de croiser le propriétaire en venant et qu’il sera là pour vous serrer la main.” Ce qui était certainement vrai, Jamie n’imaginant pas son ami passer sa vie de directeur derrière un bureau et des montagnes de paperasse sans être au contact de la clientèle. Du reste, l’anglais n’était pas particulièrement bon en jeux de mots et autres formes de titres peut-être plus créatives mais potentiellement moins claire et plus sujettes aux différences de goût et de perception de la clientèle. Lui, il s’imaginait bien aller at Nate’s régulièrement.
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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptySam 30 Jan 2021 - 14:58


With a little help from my friends !
@Jamie Keynes & Nathanael Weaver
⋆ ☽ ⋆ ◯ ⋆ ☾ ⋆

Si on regardait les deux hommes, personne n’aurait pu imaginer que malgré les années écoulées, leur amitié n’en serait ressortie que plus forte. Pourtant, malgré leur différence, leurs avis divergents, Nathanaël ne pouvait qu’admettre qu’il admirait l’homme face à lui, qui lui avait accordé sa confiance en finançant son projet. C’était une raison supplémentaire pour eux de se voir plus qu’auparavant, chose qui réchauffait le cœur de Nate lui qui avait pu par le passé mettre de côté ses relations amicales pour pouvoir aider Emily. Il ne s’en excuserait pas, mais son envie de rattraper le temps perdu ne le quittait pas. Alors entendre Jamie, l’index tendu dans sa direction, le menacer faussement, arracha un rire à Nate, retrouvant là, l’ami qu’il appréciait tant. « Le défi me plait… » riposta-t-il avec ironie, tandis qu’il laissait quelques instants à l’homme pour continuer à éplucher le tas de documents. Bien sûr que Nate faisait parti de ceux qui était parfois naïf, rêveur ou utopiste. Le bien-être d’autrui passait souvent bien avant ses propres intérêts sans que cela n’ait pu l’empêcher d’être heureux jusqu’à lors. Pourtant il grimaça en entendant Jay admettre qu’à défaut de vouloir négocier, cela signifiait sacrifier les éléments de son club, son bien, et le confort de ses futurs clients. « A défaut d’être bien assis, ils seront accoudés au comptoir non ? » demanda-t-il à Jamie avant d’hausser les épaules, signe qu’il admettait ses torts. « Tu as raison, je te l’admets… Je veux ce qu’il y a de mieux pour cet endroit et toi pour ton portefeuille. Alors fais ce que tu as à faire dans ton domaine de prédilection, je te fais pleinement confiance. » avoua Nathanaël dans un sourire confiant. Après tout, n’était-ce pas pour cela qu’il voulait l’avis de Jamie sur tous ces documents ?

Et quoi de mieux qu’une visite guidée, commentée avec passion sur tous ces projets qui se chamboulaient dans l’esprit de Weaver. Les choses prenaient vie dans ses idées et son impatience résonnait parfois dans le ton de sa voix. Il avait cette fâcheuse tendance à oublier l’endroit où il se trouvait quand il lui arrivait de commencer ses explications tant il vivait ses paroles. Ce ne fût que le ton de la voix de Jamie qui lui rappela que son ami était à ses côtés, et Weaver se retourna vers lui, l’interrogation dans le regard. « Pas de baie vitrée ? » répéta-t-il comme un enfant à qui on venait de dire non sans aucunes explications. Pourtant il connaissait le Keynes et il n’eut pas longtemps à attendre pour avoir toutes les raisons de ce refus. Weaver croisa les bras contre son torse, observant les murs qui étaient concernés par cette réfection, le regard pensif, tout en hochant la tête par moment quand son opinion rejoignait celle de Jay. « Et la source de lumière naturelle ? Tu l’oublies ou je reste dans un contexte lounge, éclairage tamisé et calfeutré ? » demanda Weaver hésitant. « J’ai compris que tu n’étais pas pour cette idée, mais j’aimerais quand même laisser entrer le jour dans le club. Alors si ce n’est pas ici, ce sera à l’entrée. » rajouta Nathanaël, montrant qu’il n’était pas contre les avis de Keynes sans pour autant mettre de côté ses envies. « Emily adorait les endroits lumineux… Alors oui, tu vas me dire que c’est un club, que ce n’est pas fait pour accueillir toute la lumière du jour, mais je tiens vraiment qu’un point de ce club puisse bénéficier de cela… » expliqua Nathanaël avant de boire une gorgée de vin à son tour, comme pour se donner un élan de courage.

Nathanaël nia d’un signe de tête à l’interrogation de son ami. Il n’était pas comme son épouse, pleine d’imagination et à l’esprit vif quand il s’agissait de trouver un titre accrocheur. C’était aussi pour cela qu’il avait demandé l’avis de Jamie. Parce qu’il savait qu’il partageait cette même qualité avec Emily. « Je ne veux pas que cela sonne rébarbatif ou trop kitsch. Un nom qui donne envie d’entrer et que l’on se souvienne pour donner l’adresse à d’autres personnes. Le bouche à oreille, c’est probablement ma seule chance de faire venir du monde vu la concurrence dans le quartier… » admettait Nathanaël tandis que son sourire s’agrandissait en entendant le nom proposé par Jay. « At Nate’s ? » répéta-t-il plusieurs fois mentalement, avant de rire légèrement. « Tu ne veux pas mettre ton trigramme dedans ? Je suis sûr qu’avec nos deux noms on peut en faire quelque chose… » riait un peu plus Weaver en reprenant son verre qui était maintenant vide, pour son plus grand désespoir. « On retourne de l’autre côté ou tu as besoin de voir d’autres choses ? » demanda Nate en tendant le verre vide en direction de l’anglais pour justifier sa proposition. « Et tu te doutes bien que je serais en train d’écumer chaque soir les rangées de mon club pour m’assurer que tout se passe bien pour chaque personne entrant ici… Sauf si un ami vient me proposer une bonne bouteille et une soirée autre… » dit-il en toute sincérité dans un clin d’œil avant de venir tapoter l’épaule de Jamie en passant à ses côtés, retournant vers son piano, s’installant face au clavier qu’il redressait, le verre posé sur le haut de l’instrument. « Si le club s’appelle At Nate’s, cela doit-il signifier que je vais devoir me présenter une fois au moins sur scène ? Je pourrais m’occuper du logo et de l’enseigne que je ferais poser sur la devanture… » supposa Weaver avant de soupirer longuement, comme si un poids venait de s’enlever de ses épaules pour venir en rajouter un autre. « Je veux que ce club ouvre rapidement Jamie… Parce que j’ai l’impression que le temps qui passe est du temps perdu… Tu peux faire quelque chose aussi à ce sujet pour la livraison des travaux ? » lui demanda-t-il souhaitant fortement que la réponse soit affirmative. « Parce que j’aimerais vraiment que le prochain verre que nous partagerons sera dans un autre contexte. » conclut Weaver en se resservant, son regard se perdant sur son ami, levant son verre. « Trinquons à ce club alors. At Nate’s. » dit il avec joie. Voilà un pas de fait dans la bonne direction.




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Message(#)With a little help from my friends - Jamie#1 EmptyMer 10 Fév 2021 - 12:43

► With a little help from my friends
@Nathanael Weaver & JAMIE KEYNES

Lend me your ears and I'll sing you a song And I'll try not to sing out of key

Il était le premier à voir trop grand, trop excentrique, trop mégalo -il avait bien fait planter un arbre au beau milieu du salon de la maison qu’il avait fait construire après tout. Pourtant Jamie se montrait bien plus raisonnable dans ses conseils à Nathanael. Il n’avait jamais monté de business de ce genre et s’appuyait uniquement sur ce qui lui semblait être du bon sens. Il n’était pas question d’économies dont il ne jugeait pas avoir besoin ; il ne craignait pas d’aligner les chèques pour l’entreprise de son ami. Mais il tenait à ce que le club marche, que cet endroit soit un succès, non seulement pour que l’investissement ne soit pas vain mais pour que Nate ne vive pas une déception. Est-ce que la réussite du projet dépendait de cette baie vitrée dont l’anglais insistait pour tuer l’idée dans l'œuf ? Peut-être pas. Cependant il avait un bon instinct et celui-ci lui disait de ne pas laisser le Weaver foncer dans cette fausse bonne idée. Lèvres pincées, Jamie observait les alentours à la recherche d’un endroit où placer la fameuse source de lumière naturelle à laquelle Nate tenait tant. Un club de ce genre, typiquement, n’en avait pas ; ambiance feutrée, perte de la notion du temps, cela participait au mystère et à l’atmosphère des lieux. « Emily adorait les endroits lumineux… Alors oui, tu vas me dire que c’est un club, que ce n’est pas fait pour accueillir toute la lumière du jour, mais je tiens vraiment qu’un point de ce club puisse bénéficier de cela… » Au bout d’un tour complet sur lui-même à imaginer l’endroit idéal, le brun songea qu’une arche vitrée autour de la porte principale ferait bon effet, d’autant que cela remplirait également la fonction de teasing à laquelle Nate songeait plus tôt. “Va pour l’entrée alors.” approuva-t-il avec un sourire en coin avant de prendre une gorgée de vin.

En terme de nom pour l’établissement, Jamie ne fit pas preuve d’une grande originalité, mais il remplissait les critères de Nathanael à ses yeux ; c’était simple, humble, facile à retenir et à répéter à ses collègues à la machine à café. Dans la bouche de son ami, il lui parut d’autant plus adoptable, comme une évidence, et l’anglais aurait juré voir Nate se laisser séduire par l’idée derrière le petit rire qu’il soufflait. « Tu ne veux pas mettre ton trigramme dedans ? Je suis sûr qu’avec nos deux noms on peut en faire quelque chose… » Jamie grimaça. Les mélanges de noms façon Brangelina étaient ridicules et manquaient cruellement d'élégance. Et puis, associer publiquement son nom à cet endroit était l’assurance d’un échec. Il préférait de loin signer des chèques dans l’ombre. “J’apprécie, mais non merci. Si tu tiens à célébrer ma participation, j’accepte humblement un cocktail à mon nom.” Quelque chose à base de whisky ou de champagne, songeait-il. Ils pourraient également en dédier un à Emily, pétillant et acidulé.
Puisque leur tour du propriétaire prenait fin et que leurs deux verres étaient désormais vides, ils retournèrent sur leurs pas. « Et tu te doutes bien que je serais en train d’écumer chaque soir les rangées de mon club pour m’assurer que tout se passe bien pour chaque personne entrant ici… Sauf si un ami vient me proposer une bonne bouteille et une soirée autre… - Quelle soirée autre ? Je serais ici tous les soirs, j’aurais ma table attitrée, juste là. » Il indiqua un coin tranquille à un bout de la salle, là où il s’imaginait une banquette en angle pour lui seul -ou toute compagnie se joignant à lui-, un petit encart “réservé” éternellement arboré et sa commande habituelle prête à être envoyée au moment où il passerait la porte. Rien que ça.

Ils avaient repris place autour du piano. Jamie les resservit en vin et s’asseya de nouveau sur son petit coin de mobilier dépoussiéré par la précédente trace de son derrière. « Si le club s’appelle At Nate’s, cela doit-il signifier que je vais devoir me présenter une fois au moins sur scène ? -Bien sûr, ça sera ton devoir. Tu pourras en profiter pour introduire les musiciens. Je suis sûr que tu en jetteras sur scène, sous les spots. » Nul besoin d’être du sexe opposé pour affirmer que Nathanael était un bel homme qui faisait déjà naturellement tourner les têtes. Emily faisait bien des jalouses. En se mettant en avant de la sorte, il fidéliserait la clientèle féminine en un claquement de doigts. Un seul de ses rires graves et suaves, et toute la salle serait conquise. Au fond, à le voir, on pouvait penser qu’il était né pour tenir un endroit pareil. « Je pourrais m’occuper du logo et de l’enseigne que je ferais poser sur la devanture… -Tu ne veux pas laisser ça aux soins d’un vrai graphiste professionnel ? Je connais quelqu’un. » Pas que l’anglais doutait des talents de son ami, mais il était anthropologue, pas artiste, et le logo était au moins aussi important que le nom lui-même. Jamie avait fait remettre au goût du jour celui de la Fondation avec une agence à Londres, il avait confiance en leur oeil pour livrer quelque chose d’adéquat pour le club qu’ils pourraient décliner un peu partout. « Je veux que ce club ouvre rapidement Jamie… Parce que j’ai l’impression que le temps qui passe est du temps perdu… Tu peux faire quelque chose aussi à ce sujet pour la livraison des travaux ? Parce que j’aimerais vraiment que le prochain verre que nous partagerons sera dans un autre contexte. » La moue préoccupée de Nate fronça les sourcils du Keynes. Il ne souhaitait pas mettre de pression sur les entreprises de construction en termes de délais. Des travaux effectués sous le joug d’une date de livraison serrée étaient susceptibles d’être bâclés, et une mauvaise finition ne se voyait peut-être pas les premières semaines mais étaient l’assurance d’une nouvelle facture en six mois de temps afin de les retoucher. “Je vais faire au mieux, mais je ne peux rien promettre.” répondit-il, compréhensif et compatissant. Ils devaient également commander les meubles, les décorations, les lumières, la sono… Il suffisait de regarder autour d’eux pour réaliser que tout était à faire avant que la vision de Nathanael prenne vie. « Trinquons à ce club alors. At Nate’s. » Avec un sourire, Jamie fit tinter son verre contre celui de l’australien. Il lui sembla lever de la poussière alentour par ce simple geste. "Ça sonne déjà si bien.”
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