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 i wish we never learned to fly | willer #34

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Message(#)i wish we never learned to fly | willer #34 EmptyLun 7 Déc 2020 - 18:43

Le réveil est compliqué, sur ce canapé qu’il ne connaît que trop bien. Comment n’est-il pas mort en essayant de monter les marches ? Il était caisse, Saül, en rentrant dans son bureau. Il le sait parce que sa tête cogne comme si on y avait organisé une fête surprise. Il le sait aussi parce que sa cravate fait un drôle de noeud autour de ses doigts et qu’il s’est probablement endormi comme ça. Son costume est déchiré au niveau du genoux droit. Il est trop tôt pour que ses idées soient complètement claires mais des bribes de la soirée lui reviennent déjà. Affreuse soirée, pleine de mots de travers et de regards mauvais. Ariane. Le prix. Les invités. Dans l’occipital de l’italien, ça cogne dur.

Un médicament plus tard, Saül saute dans la douche. Il a encore les clefs de la maison qu’il partageait avec Elise. Il est trop tôt, elle dort peut-être. Il reste à Saül quelques affaires ici, sous ce toit plein de souvenirs. En passant récupérer des vêtements propres, il s’interroge sur la disparition d’un tableau et d’un autre. L’instant d’après, Saül est dans un taxi. Son prochain arrêt est pour le fleuriste, auquel il prend un immense bouquet qui occupe toute la place du siège à sa droite. L’arrêt suivant est pour le supermarché où Saül prend une boîte de fraises. Il n’y a personne pour l’en empêcher, cette fois-ci.

Les clefs tournent dans la serrure de la porte d’entrée. L’immeuble est calme, si tôt le matin. L’appartement aussi. Trop calme, en fait. Lorsqu’il s’avance dans l’appartement, Saül ne remarque pas qu’il n’est plus occupé par les affaires d’Ariane. Où est son ordinateur ? Où sont ses manteaux ? L’homme d’affaires contemple un instant le silence. « Ariane ? » Elle ne voudra peut-être pas le voir. Dans la chambre, personne non plus. La couverture est jetée sur le lit. « Ariane ? » Deuxième appel, plus désespéré que le premier, plus enroué aussi. Saül a laissé le bouquet et les fraises sur la table du salon. Il passe dans la cuisine, où il règne un silence pareil à celui de la chambre. La douche n’est pas occupée non plus, pas plus que le bureau où ne subsistent plus que ses affaires à lui. Il faut se rendre à l’évidence. Ariane est partie.

Saül cherche partout, la boule au ventre. Partout et aussi dans les contacts de son épouse, qu’il appelle en boucle. Les contacts se résument en fait à Sophie, que Saül harcèle de messages et d’appels dans le taxi qui l’emmène nul part. Lorsque enfin tombe comme un couperet le nom de la destination - Paris - Saül fait filer le taxi en direction de l’aéroport.

Les noms des halls se succèdent alors que Saül cherche désespérement le vol qui partira bientôt pour la ville lumière. L’avion a peut-être déjà décollé, peut-être est-elle déjà loin. Ariane n’est nul part et partout à la fois, où Saül croit pouvoir la saisir de justesse, avant qu’elle ne disparaisse pour de bon. Lorsque ses yeux se posent enfin sur l’auteure, Saül n’est bon qu’à la rejoindre en courant. Avant qu’elle ne passe la porte d’embarquement, l’italien s’approche, essoufflé de s’être tant pressé à travers l’aéroport. « Pars pas. Ariane, pars pas. » Il n’ose la toucher, se ravise avant de poser une main sur son épaule, lui barre pourtant la route en secouant la tête. La soirée d’hier est terriblement floue mais Saül sait qu’elle s’en ira sans lui aujourd’hui et probablement pour de bon, elle qui transporte dans sa grande valise toute la vie qu’elle avait laissé à leur appartement, désormais réduit à l’état de coquille vide. « Pars pas. » Il le mérite pourtant, qu’elle file loin. Le minuscule appartement qu’ils partagent depuis peu sera trop grand, pour lui.

:(((:
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Message(#)i wish we never learned to fly | willer #34 EmptyLun 7 Déc 2020 - 19:04

Le réveil était compliqué, fort probablement parce que j’ai pas dormi de la nuit. L’appartement était tantôt trop grand tantôt trop petit, tantôt silencieux et tantôt plongé dans le pire des vacarmes pour qui que ce soit vivant à côté, ou au-dessous. Il nargue sur le coin de la table, le prix. L’espèce de statuette en forme de j’sais pas quoi censé souligner j’sais pas quoi non plus, elle qui fout rien pour aider au labeur que je me suis imposé comme la chose la plus logique à faire avant tout le reste. Fallait que je fasse les valises de toute façon, fallait que je me prépare à partir de toute manière.

Le billet à son nom est déchiré en autant de morceaux que d’insultes que je lui aurais hurlé à la gueule s’il m’avait fait l’affront de rentrer ici, après. La montre, la montre, a rejoint le désastre dans la corbeille la seconde d’après. Quand je l’ai poussé de la salle jusque sur le trottoir bordant le vignoble, quand mes paumes l’ont rageusement jeté au sol sur le bitume qui a éraflé et sa peau de merdeux et ses fringues de raté, le message était clair et passé. Y’a eu des photographes ou pas, rien à battre de ça. La seule chose que j’ai battue c’est la mesure alors que mes pas se sont guidés d’eux-mêmes vers le premier taxi du bord.

Ce sera Paris, un aller, pas de retour. Ce sera un direct vers les racines à défaut de trouver quoi que ce soit qui y ressemble, ironiquement, à La Serre. Ce sera toute seule aussi, Sophie qui est pas joignable un temps, qui me confirme qu’elle vient me rejoindre la semaine prochaine dès que j’arrive à tomber sur autre chose que sa foutue boîte vocale pleine de merde. Brisbane se réveille quand mes valises, mes sacs et l’entièreté de mes affaires restantes trouvent place dans les divers chariots entre les couloirs des bagages et celles de la sécurité. On m’enrage juste à vivre, ici. On m’enrage à me dire d’aller d’un côté et de m’enregistrer de l’autre. On me fait grogner et montrer les crocs de parts et d’autres dès lors que tout me donne l’impression d’exister rien que pour me ralentir. Ses mots et sa main sur mon épaule me font chier à un niveau presque aussi pire que celui de réaliser que c’est lui, qui est là.

« Pars pas. Ariane, pars pas. » que c’est lui qui supplie.
« Pars pas. » que c’est lui qui a tout gâché sans que jamais je ne l’empêche de le faire, presque passée maître à l’art de l’y encourager.

Certains appelleraient ça de l’auto-sabotage, d’autres se hisseraient sur la pointe des pieds pour l’embrasser et lui promettre que non, je partirai pas, que j’en ai pas envie. Foutaise. Je pars et c’est tout, pas de demande et pas de peut-être, pas de pourquoi et certainement pas de changements de plan.

Une valise passe sur la pesée, le total apparaît à l’écran, la suivante suit mécaniquement quand la proposée aux cartes d’embarquement attend autant que lui que je parle et que j’en finisse aussi, accessoirement.

« C’est terminé Saül. » ma main détache chacun de ses doigts de l’endroit où ils sont trop ancrés à mon goût, les retire de là un à un en me félicitant d’être assez fatiguée, assez exténuée plutôt ouais, pour ne même pas avoir seulement la force de les casser. Quel honneur qu’il a, pour la grande finale. « C’est tellement terminé qu’on a besoin d’un autre mot pour dire à quel point ça l’est. » un pas derrière, un autre avec. La dernière valise qu’on scanne, le numéro de ma porte qu’ils estampillent sur mon billet. Ce sera Paris, un aller, pas de retour.

it's not me it's you:
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Message(#)i wish we never learned to fly | willer #34 EmptyLun 7 Déc 2020 - 21:35

Peut-être qu’il ne manque que des excuses, mais Saül en a trop donné ces derniers temps sans même y mettre les mots justes. Ariane s’en va. Ariane a posé ses valises loin de lui et elle s’échappe, alors qu’il la suit sans arrêter de la supplier du regard. Un chien battu, c’est ce à quoi il se réduit et probablement qu’on se moquerait bien de lui, tout de suite, lui qui n’a pas pour habitude de se traîner aux pieds de qui que ce soit. « C’est terminé Saül. » « On peut rentrer pour en discuter. Chez nous. » Les mots qu’elle prononce ne rentrent tout simplement pas dans sa tête, ne passent pas la barrière "compréhension" de son cerveau. Saül secoue la tête quand elle se débarrasse aisément du contact de ses mains. Autour d’eux, les gens commencent à lancer des regards indiscrets, que l’italien ne remarque pas vraiment. Se mettre dans l'embarras, ce n’est pas non plus dans son habitude. Il recréer pourtant une parfaite scène de film, clichée à souhait et dont Ariane et lui auraient pu rire. Seulement voilà, Ariane ne rit pas, pas du tout. Lui non plus d’ailleurs.

« C’est tellement terminé qu’on a besoin d’un autre mot pour dire à quel point ça l’est. » « Ariane regarde moi. » Elle recule, encore, lorsque lui passera bientôt le cordon de sécurité pour la rejoindre. « Je suis désolé pour hier. » Il est désolé pour tout le temps qu’ils ont passé ensemble, l’idiot. Il ne parviendra à se flageller avec cette constatation que lorsqu’elle sera partie - mais elle ne va pas partir, pas vrai ? - et ce depuis longtemps. Pour l’heure, Saül tend la main, paume vers le ciel, tenté d’attraper son bras alors qu’elle recule encore. Il n’a pas bougé vers elle, pourtant, pupilles fermement accrochées à celle de son épouse. Terminé, elle a dit terminé. Terminé jusqu’à où, terminé jusqu’à quand ? La motion est-elle applicable tout de suite ? Le peu d’espoir que Saül est capable de formuler vient par le "reste" qu’il voudrait lui hurler. « Tu ne peux pas partir. Tu ne peux pas me laisser. » Le revoilà, le Saül blessé, l’homme d’affaires qui énonce ses phrases comme s’il énonçait des faits scientifiques en conférence.

Tout cela a-t-il un jour été stable ? L’italien aurait-il dû un peu plus se méfier des engagements pris en en brisant d’autres, qui paraissaient plus importants ces vingt dernières années ? Elle ne peut pas le laisser, pas alors qu’il a pourtant l’impression de voir l’illusoire lumière au bout du tunnel. Le divorce est presque signé, même si la maladie du père Williams remet en cause un certain nombre de codes qui étaient jusque là abandonnés. Si elle part, Saül sait déjà qu’il ne remettra pas les pieds chez eux, à la Serre. Il n’a nul part où aller, en somme, si elle part. Ariane en revanche, elle sait où elle va. « Et le bébé ? » Ca ne paraît plus depuis des semaines, mais cette donnée là est dans la tête de Saül depuis qu’il sait. La lueur est étouffée par tout le reste et surtout par son mauvais sens des priorités mais il en crève, Saül, de ne pas vivre cette parentalité là - presque, dirons-nous - avec celle qui partage sa vie. Ce partage là aussi est tout relatif depuis longtemps. Il n’y a que lui qui croyait véritablement pouvoir se partager entre tous sans y arriver une seule seconde. C’est plutôt le contraire, en fait.

On sonne l’embarquement d’un vol pour Paris. « Pars pas. » Elle est déjà partie et lui aussi, depuis des semaines. C’était rentré dans les habitudes et au final, c’est ce mot là, cher à leurs yeux, qui les a probablement fauché en plein vol.

haha:
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Message(#)i wish we never learned to fly | willer #34 EmptyLun 7 Déc 2020 - 22:12

On ne va pas rentrer.
Y’a rien dont on va discuter.

Il a perdu sa chance de le faire bien avant sa débandade de la veille et tous les dommages collatéraux qu’il représente. Il a perdu toute attention et toute écoute de ma part quand à chaque fois où je tentais de parler il esquivait, à chaque moment il a préféré me montrer son dos bien plus que d’assumer mes mots. Connard, connard, il est trop tard.

« Ariane regarde moi. » sinon quoi?
« Je suis désolé pour hier. » et les jours d’avant, on en fait quoi?

On en fait rien, parce qu’on n’est plus un on, déjà, et parce qu’il n’y a plus grand chose à sauver. Sa main que je détache de mon épaule sans jamais forcer, mes soupirs ne se cassent même plus sur mon palais tant des forces, je n’en ai plus. Il me fatigue, et c’est ça l’ironie, sachant à quel point il aurait tué toutes les variables qui m’épuisaient bien avant cette scène-là, et toutes les autres d’avant, encore plus que celles d’après. Les gens vont et viennent de chaque côté de nos silhouettes bloquées, c’est la plus à chier des métaphores possibles montrant à quel point on stagne. À quel point on fout plus rien de bon l’un et l’autre et l’un pour l’autre depuis trop longtemps. On s’est amusés, Saül et moi. Jusqu’à ce que ce soit fini. Ça n’aurait jamais dû commencer.

À force de le répéter Ariane, tu vas peut-être finir par y croire.
Un peu.
Pas beaucoup.
Assez.

« Tu ne peux pas partir. Tu ne peux pas me laisser. » j’aurais pu rire. Rire fort et à sa gueule, le gifler avec. J’aurais pu rouler des yeux à m’en fouler le nerf optique, lui crever les siens d’yeux, rien que pour qu’il ne voit pas la suite. Saül ne bouge pas alors je bouge pour deux, je fais tout pour deux - trois - depuis tellement de temps déjà. D’ailleurs. « Et le bébé ? » l’excuse, l’alibi. La famille qui serait établie sur le fait qu’il y avait un enfant au milieu. Le bébé-sauveur, la pauvre petite créature larguée entre deux idiots d’imbéciles incapables de s’aimer maintenant comme sûrement ils l’ignoraient depuis tant de temps. C’était qu’un jeu, mais il y a des semaines qu’on n’a plus joué, qu’on n’a plus gagné ensemble.

Et le bébé? « Il était là toutes les autres semaines, avant. Mais t’en avais rien à foutre de lui comme de moi. » aujourd’hui il agit ainsi parce que je pars. Aujourd’hui, il réagit comme ça parce que c’est la seule chose à faire. Demain les habitudes reprendront et demain ce sera juste une confirmation de plus que j’aurais dû partir. Alors je pars. « Pars pas. » je pars, j’ai dit.

Je pars, tout juste après avoir ébouriffé une dernière fois ses cheveux, ses mèches encore humides d’une douche qui n’a probablement pas décollé le voile gommé d’hier. Pas suffisamment pour qu’il voit à quel point on se fait du mal, à quel point qu’il supplie et s’excuse ne repousse que d’une fraction de secondes de plus l’échéance. Il ne voudrait pas que je reste, s’il était conscient, s’il voyait les choses pour ce qu’elles sont. Ça allait, ça allait bien, trop, et puis maintenant, rien ne va plus.

Mon seul regret, c’est qu’il n’ait pas une cravate à défaire en plus de ses cheveux qui partent désormais dans tous les sens. Le reste, je regrette pas, j’assume. « On a qu’à dire que c’était aujourd’hui. La date marquée à l’agenda. »

j'ai pas d'âme:
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