Le Deal du moment : -55%
Friteuse sans huile – PHILIPS – Airfryer ...
Voir le deal
49.99 €

 i'm only me when i'm with you (weatherburry)

Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptyLun 7 Déc 2020 - 21:08

I'm only me when I'm with you.

Trois ans. Trois ans que son rire n'inondait plus les parois de cette maison. Trois ans que ses affaires ne s'étalaient plus d'une pièce à l'autre, comme s'il avait toujours un peu habité ici, avant même d'avoir eu le temps d'emménager pour de bon. Trois ans qu'il n'investissait plus la cuisine pour lui faire découvrir des spécialités dont James n'avait jamais entendu parler mais auxquelles il goûtait toujours volontiers quand il le fixait avec ses yeux bruns et lui souriait comme s'il ne voyait plus que par lui. Trois ans, qu'Alessandro n'était plus de ce monde et que chaque journée consistait à ravaler l'immense chagrin que cette idée répandait en lui. Pour certains, trois ans passaient comme un fragment de seconde, quand pour d'autres c'était comme si une page s'était lentement mais sûrement tournée. Pour James, le temps n'avait fait que rendre un peu plus évident le fait de prétendre qu'il tenait debout sans plus vaciller et pouvait voir le soleil se lever sans plus songer à combien son monde avait perdu de sa saveur. Il était passé maître dans l'art de prétendre un tas de choses, à vrai dire, et chaque fin d'année il se perfectionnait encore un peu plus. Quand décembre pointait le bout de son nez et que le téléphone sonnait un nombre incalculable de fois, que beaucoup de monde trouvait alors le temps d'avoir une pensée pour lui, pour Gina, pour Alessandro surtout, au milieu d'une vie agitée et bien remplie. Des attentions toujours appréciées, quand bien même James n'avait jamais été à l'aise à l'idée d'inspirer la moindre compassion à qui que ce soit. Il y avait aussi les courriers, les voisins qui sonnaient à la porte et lui rappelaient quel souvenir impérissable Alessandro avait pu laisser même à ceux qui ne l'avaient côtoyé que brièvement. C'était l'anniversaire de sa mort, du soir de l'accident, et si d'ordinaire il se complaisait parfaitement dans cette solitude, cette période était toujours plus éprouvante qu'il n'aimait le montrer. Brisbane s'apprêtait à célébrer les fêtes de Noël. Lui voyait simplement s'achever une année de plus depuis le soir où cette maison s'était vidée d'une partie de son âme. Noël, depuis, n'était plus qu'un détail.

Mais un détail qui représentait malgré tout une montagne de boulot, alors qu'à l'approche des défilés de janvier et alors que les boutiques Weatherton se paraient à cette période de leurs plus beaux atours, nombreuses étaient les soirées que James passait à travailler. Ses collaborateurs avaient reçu la consigne claire de le contacter au moindre doute et c'est ainsi que la valse des appels avait repris. Au moins, cette fois, il pouvait répondre sans sentir son cœur se tordre au fond de sa poitrine. Le boulot, c'était encore ce avec quoi il était le plus à l'aise et son salon était rapidement devenu un deuxième atelier pour lui. Des papiers, croquis et planches tendances traînaient habituellement un peu partout lorsqu'il travaillait sur une nouvelle collection et qu'il devait toujours s'assurer de tout avoir à portée de main – y compris lorsqu'une idée le frappait au beau milieu de la nuit et qu'il n'était plus capable de refermer l’œil avant de l'avoir notée. Rarement dérangé chez lui car connu pour limiter ses interactions lorsqu'il quittait l'enceinte de son atelier pour offrir à quelques personnes triées sur le volet l'accès à son intimité, il ne profitait la plupart du temps que de la compagnie de son chat. Shady était un compagnon fidèle et pourtant aussi solitaire que lui, ainsi se complétaient-ils l'un-l'autre. Le chat au pelage noir se blottissait souvent contre lui lorsqu'il dessinait et son ronronnement le berçait à chaque fois. Ce soir, Shady s'était endormi sur ses genoux pendant que James répondait à une série de mails et son maître aurait fini par suivre son exemple et par aller se coucher lui aussi. Mais c'était sans compter sur cette visite nocturne et le tintement de la sonnette qui les fit sursauter. James releva la tête, fronça les sourcils et décida d'aller voir. Si c'était sa voisine, il avait trente secondes avant qu'elle ne l'appelle sur son portable pour lui indiquer qu'elle était devant la porte – des fois qu'il ait été (encore, comme c'est étrange) entrain de se doucher lorsqu'elle avait sonné. Mais la silhouette qui apparut sur son pallier fut bien différente et découvrir les grands yeux et la chevelure blonde de Birdie dessina sur ses traits une légère surprise. « Birdie ? T'as une idée de l'heure qu'il est ? » Une entrée en matière qui n'étonnerait pas la jeune femme, qui saurait comme toujours voir plus loin que l'apparente perplexité qu'il affichait. Il était content de la voir, évidemment, et le sourire qui trouva place sur ses lèvres le lui indiquerait mieux qu'il n'aurait su le faire. Il était pudique, James, mais Birdie savait mieux que quiconque qu'il se protégeait. « Tout va bien ? » Il n'aurait pas pu poursuivre sans lui poser la question, alors qu'au-delà de l'heure tardive le blond notait surtout qu'elle avait fait le déplacement jusqu'à chez lui alors qu'elle se remettait encore d'une balle perdue. Il s'était beaucoup inquiété pour elle, et elle le savait. Pourtant, il n'y avait bien qu'à un petit bout de femme comme Birdie que ce genre de choses pouvaient arriver, n'est-ce pas ? « Tu profites du fait d'être dans les bonnes grâces de Shady pour débarquer à l'improviste, c'est bas. » Son chat était connu pour réserver un accueil glacial à ceux qui avaient le malheur de passer cette porte, mais Birdie comptait parmi les rares personnes qu'il ait immédiatement adopté. Même Alessandro n'avait pas su si rapidement conquérir le cœur de l'animal malgré ses efforts. « C'est du vin que j'aperçois ? » Il demanda, l'air de rien. Bien sûr que c'en était et il reconnaissait là la finesse de Birdie : le vin, ça marchait à tous les coups.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptyLun 14 Déc 2020 - 18:05


(outfit) Noël et ses illuminations. Noël et son air féérique. L’ambiance est à la fête, l’atmosphère est resplendissant et Birdie s’émerveille à chaque fois de cette période qui est, à son grand désarroi, la seule où les couleurs sont de rigueur. Il y a du rouge et du vert à foison mais quelques impétueux s’autorisent à du bleu, du violet ou du jaune ici et là. La petite blonde adore Noël. C’est le moment où elle peut entrer dans le plus grand mensonge de l’humanité, en rajouter des tonnes et des couches, et voir les enfants s’en émerveiller. Même elle, qui a gardé son âme de gamine intrépide, se retrouve toujours à voir avec émotions les illuminations du City Hall organisées tous les ans. L’odeur de vin chaud lui titille les narines et il suffit que son esprit divague un instant avant qu’elle se rappelle ; la tête tourne vers le stand, curieuse de savoir si le vin en question est vendu en bouteille. Par bonheur, il l’est. Parfait, elle aura bien besoin pour sa visite impromptue. Et puisqu’elle est là, autant profiter d’un verre frais de vin chaud (ha ha) ? La bouteille d’une main, le verre de l’autre, Birdie se fraye un chemin entre les corps mouvants, l’esprit bien trop guilleret pour songer une seule fois à envoyer chier ceux qui lui rentraient dedans. Sa destination bien ancrée en tête, ses prunelles céruléennes naviguent de stand en stand, prenant des idées ici et là pour ses futurs cadeaux – parce que Birdie est peut–être volatile, égoïste et guère fidèle en amitié mais son cercle le plus proche est choyé comme jamais. Ce qui veut dire qu’ils auront chacun leur petit cadeau, spécialement créé pour eux. Qu’ils aiment ou non, Birdie s’en fiche. Elle aura au moins la satisfaction de ne pas avoir échoué de son côté – parce qu’elle n’échoue jamais pour Noël de toute façon.

Il n’y a plus de verre accroché entre ses doigts quand elle arrive à Logan City mais la bouteille y est toujours, et toujours bien fermé – excusez du peu. Ses pieds ont mal, ne s’habiteront–ils jamais à ces pauvres chaussures qu’elle tente de leur foutre ?, mais ses rétines brillent encore des scintillements qu’elle a pu voir. La gamine qui joue toujours avec les couleurs et qui est toujours attirée par le brillant, l’étincelant – vraiment, ça devrait être Noël tous les jours. Les gens auraient peut–être un peu plus le sourire si c’était le cas – même si ce n’est qu’une façade, qu’éphémère, qu’apparence. Cela serait mieux que rien.

En parlant de sourire, c’est bien ce que Birdie compte faire alors qu’elle sonne – une, deux, trois fois avant d’appuyer en continu parce qu’on ne sait jamais, dans la plénitude du soir, on ne pourrait ne rien entendre, hein. « Birdie ? T'as une idée de l'heure qu'il est ? » La forme gracieuse d’un James surpris – vraiment, James ? – apparait dans le cadre de la porte et en guise de réponse, Birdie hausse les épaules. « L'heure est une notion abstraite créée pour imposer des normes. » Autrement dit, non, elle n'a aucune idée de l'heure et, encore pire, elle s'en fiche royalement. Elle a juste conscience que la nuit est tombée il y a un moment déjà. Si elle a une montre à son poignet, c’est uniquement parce qu’elle s’accorde avec sa tenue. Il y a des chances que la pile ne fonctionne plus ou qu’elle ne soit plus à l’heure depuis longtemps. Que des détails qui passent au–dessus de la tête de la Cadburn – et qui devrait aussi passer au–dessus de celle du Weatherton si les détails sautent assez haut, parce qu’il est grand, James, au cas où personne ne l’aurait pas remarqué. « Tout va bien ? » Il finit par sourire, le grand blond, et Birdie imite son sourire, penchant la tête sur le côté. « Pourquoi est–ce que ça irait mal ? C’est Noël, évidemment que tout va bien ! Tu devrais sortir de ton antre plus souvent, Dracula, tu verrais que c’est spectaculaire ce qu’il peut se passer dans le monde. » Non loin d’elle l’idée que James se terre mais, hey, elle n’est pas non plus stupide. Elle sait ce que le mois de décembre représente pour lui – c’est à moitié la raison de sa présence chez lui. A cette heure–ci. Et il est bien trop pâle - alors que c'est l'été. « Je crois avoir vu l’œil de judas de ta voisine bouger. Elle te surveille ? » Elle s’était penchée, un murmure au cas où la voisine en question les espionnait réellement. On n’est jamais trop prudent.

« Tu profites du fait d'être dans les bonnes grâces de Shady pour débarquer à l'improviste, c'est bas. » Une main sur la poitrine, l’air outré plaqué au visage. « C’est ce que tu penses de moi ? » Avant que la petite blonde ne lâche un rire clinquant tout en se faufilant sous le bras de James pour s’inviter elle–même chez lui – elle n’a pas fait tout ce trajet pour rien, ses pieds ne seraient pas d’accord. « Les animaux ont toujours de bons instincts. » Et ils savent que Birdie est une alliée fidèle. Shady n’est pas dans son champ de vision mais il est clair que Birdie partira à sa recherche s’il ne se déclare pas dans les dix minutes à venir. « Et j’aime bien veiller à ce qu’on prenne soin de ces petites bestioles. » rajoute–t–elle avec un air malicieux. Comme Malachi avec sa jolie araignée. Birdie est une tante bienveillante, après tout.

« C'est du vin que j'aperçois ? » Là, la Cadburn lève la tête au ciel, poussant un long mais faux soupir d’agacement, exagéré à l’extrême, tapant du pied par terre. « James, Jamie James, mon bel étalon obscur, est–ce que tu pourrais laisser ton œil de lynx dans ton atelier et m’octroyer l’effet de surprise ? J’allais sortir le grand rôle de la moue suppliante, avec une petite voix terriblement agaçante te suppliaaaant de me pardonner de te déranger aussi tard avant de dévoiler mon arme secrète. » Evidemment qu’elle ne demandera pas pardon. James le sait, Birdie vient à toute heure et surtout celles les moins adéquates. Mais qu’est–ce qu’il a de différent de venir à minuit plutôt que midi ? Si ce n’est que le soleil est couché ? Absolument rien. « T’as tout gâché. Je sais même pas si tu le mérite pour provoquer un tel désastre. » Et pour bien appuyer son propos, elle se laisse tomber dans le canapé, l’air dépité comme jamais. Assurément qu’elle a raté sa vocation de comédienne.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptyMar 5 Jan 2021 - 3:58

I'm only me when I'm with you.

Bien sûr que la frêle silhouette qui se tenait sur son palier était celle de Birdie. Il n'y avait que la jeune femme pour sonner à sa porte à cette heure et la seule raison pour laquelle les traits de James imprimèrent une légère surprise, c'est qu'il n'avait pas réalisé lui-même qu'il était si tard. Absorbé par la préparation de son prochain défilé, perdu entre un millier d'obligations professionnelles dont il était convaincu qu'elles ne pourraient pas attendre le lendemain matin, le blond avait perdu la notion du temps. Heureusement, si quelqu'un le connaissait au point de déceler une lueur d'enthousiasme dans son regard même lorsqu'il paraissait comme ici faussement pris de court, c'était bien Birdie. Birdie qui n'était pas sans savoir qu'il ne recevait pas souvent de la visite, moins encore à la nuit tombée. Et qui probablement avait pensé qu'il apprécierait d'être entouré en cette période toujours plus difficile que les autres. Et c'est vrai, le simple fait de la voir répandit une chaleur réconfortante au fond de sa poitrine. Qu'elle n'ait sans doute pas voulu le laisser seul, en proie à des pensées toujours plus sombres à cette époque de l'année, ça lui ressemblait bien. Tout comme de se moquer de l'heure qu'il pouvait être parce qu'après tout, il n'était pas plus occupé à vingt-trois heures qu'il ne l'aurait été plusieurs heures plus tôt. Elle le savait, Birdie, qu'il n'avait personne dans sa vie depuis Alessandro. Que personne d'autre que lui, et ceux que comme la blonde il considérait comme ses plus proches amis, n'avaient depuis foulé le sol de sa chambre. Son lit était froid depuis déjà trois ans, et certaines nuits il lui arrivait encore d'enserrer l'oreiller à coté du sien pour entretenir l'illusion qu'il était moins seul qu'il ne l'était réellement. Et si Birdie avait l'habitude qu'il prenne de ses nouvelles chaque fois qu'elle lui rendait visite, cette fois c'était un peu plus particulier et son inquiétude à lui bien réelle. Ironique, quand on savait que Birdie avait l'air plus en forme après avoir reçu une balle perdue que lui ne l'était en se privant de sommeil chaque nuit depuis que son boulot était tout ce qui lui permettait de garder un semblant de contrôle.

Elle évoqua Noël et sa magie, et bien sûr lui tira un sourire qu'elle était l'une des rares à savoir lui inspirer. « C'était donc pour ça, les décorations au centre-ville. Je me demandais ce qui rendait tout le monde si gai ces temps-ci. » Noël, donc. Et bien sûr, il entrait volontiers dans son jeu parce que c'était bien plus simple que de reconnaître qu'il avait tendance à passer le plus clair de son temps entre son atelier et son chez-lui, n'accordant réellement d'importance aux fêtes que lorsqu'il dînait avec son père pour le réveillon. Le reste du temps, c'était surtout associé à des souvenirs pénibles qu'il s'épargnait bien volontiers. « Tu sais que les filles à l'atelier m'ont obligé à installer un sapin ? » Comme chaque année, en réalité, et qui mieux que Birdie pour savoir qu'en s'y prenant de la bonne manière, on finissait parfois par obtenir de lui qu'il cède (presque) de bon cœur. « J'avais imposé deux conditions : que les couleurs soient discrètes et assorties. » Car pourquoi faire fun quand on pouvait faire sobre ? Il se désespérait lui-même, et désespérerait sans doute Birdie. « Et qu'il n'y ait surtout pas de guirlande lumineuse. Je te laisse imaginer la première chose qu'elles ont ajouté. » Des tas de lumières, bien sûr, parce qu'elles le connaissaient maintenant toutes assez pour savoir qu'une fois qu'elles les auraient mises, il n'aurait pas le cœur à leur demander de les enlever. James n'était pas toujours aussi fermé qu'on pouvait le croire, et personne à Weatherton ne se souciait plus de voir ses employées heureuses que lui. Alors il n'avait rien dit, mettant ça sur le compte des fêtes. Quant à sa voisine, il s'étonnait presque qu'elle n'ait pas déjà débarqué et profité qu'il ait de la visite pour le coincer. « J'ai peut être accidentellement roulé sur une des décorations qu'elle met chaque année dans son jardin. Pour ma défense, elle dépassait sur le trottoir. » Un rictus fendit ses lèvres et James haussa les épaules. Sa voisine n'avait souvent que faire de déborder sur le bitume ou les terrains des autres, et ça quand les bicyclettes de ses enfants ne traînaient pas un peu partout. C'était un quartier familial ici, après tout, et si James prenait toujours cet air agacé lorsqu'il y songeait c'est en partie parce que sa solitude y était plus pesante que n'importe où ailleurs.

Shady, lui, n'attendrait sûrement pas avant de réserver un accueil chaleureux à Birdie, et pour une fois ça n'était pas seulement une manière ironique de qualifier le (très) relatif enthousiasme dont l'animal faisait souvent preuve avec ses visiteurs. La jeune femme avait réussi la prouesse de se faire apprécier de son chat, et du point de vue de James c'était la preuve qu'on ne résistait jamais à la personnalité d'une fille comme Birdie. Lui était bien la dernière personne qu'on imaginerait sensible à son aura lumineuse, et pourtant. « Je sais que vous êtes de mèche et qu'il te fait signe que la voie est libre pour éviter que je passe toute mes soirées sur l'ordinateur. » Son regard se plissa avec malice, il n'y avait bien que Birdie pour le faire plaisanter aussi naturellement à une heure où il avait généralement encore la tête dans le boulot. Non pas qu'il soit d'une compagnie beaucoup plus amusante le reste du temps, cela dit. « Et il ne met jamais autant de temps à faire sa toilette lorsqu'il y a que lui et moi. » D'ailleurs, l'animal avait filé dès que la sonnette avait retenti et il y avait fort à parier qu'il réserve à Birdie une entrée fracassante d'ici quelques minutes. Le blond, lui, n'était sûrement pas d'une compagnie suffisamment excitante aux yeux de son chat, qui faisait moins de manières d'habitude. Finalement, l’œil affûté du styliste ne mit qu'une demi-seconde à apercevoir la bouteille de vin planquée derrière le dos de Birdie, et pour sa défense il avait un vrai radar pour ce genre de choses. Le coin de ses lèvres se retroussa dans une esquisse mutine : Birdie était faussement outrée et son coté théâtral était toujours du plus bel effet au milieu des meubles rétro de son salon. « Navré, tu me connais, il y a deux choses que je remarque au premier coup d’œil : les fashion faux pas et les bouteilles de vin. » Et si Birdie arrivait rarement les mains vides chaque fois qu'elle passait cette porte, elle avait en revanche un goût certain pour choisir et assortir ses tenues. Certes, son style vestimentaire allait toujours de légèrement coloré à complètement acidulé mais c'était précisément ce contraste entre leurs deux garde-robes qui faisait un mélange des plus séduisants aux yeux du blond. Birdie était la lumière, la couleur, et cette maison en avait toujours besoin. « Mais je suis presque offensé que tu penses devoir venir les mains pleines pour te faire pardonner. J'ai si mauvaise réputation que ça, ou ça n'est pas uniquement une visite de courtoisie ? » Oh, c'en était forcément une avec Birdie. Mais son regard se plut à sonder le sien avec curiosité comme s'il ne savait pas déjà ce qui avait pu l'amener à venir le trouver à cette heure – outre l'envie de lui tenir compagnie. Après tout, son salon était comme un deuxième atelier et ça la jeune femme le savait mieux que quiconque. « Tu sais que je te connais comme si je t'avais fait. Et comme le charmant voisin du coin de la rue est en déplacement, je sais que c'est pas dans l'espoir de l'apercevoir que tu es venue. » La malice au fond de son regard, il n'y avait que Birdie qui sache la lui inspirer depuis le décès d'Alessandro. Et c'est aussi parce qu'elle savait qu'il fallait mettre ces allusions-là sur le compte de son second degré qu'il se permettait avec elle de dresser le portrait avantageux de ce voisin. « Il est hétéro, à propos. Et non, c'est pas du tout une déception. » Il balaya cette simple idée d'un geste de la main et lui glissa un regard en coin. Elle avait ses chances et pas lui et c'était très, très bien comme ça. Il se sentait peut être seul dans cette grande maison, mais pas au point de fantasmer sur le premier voisin esthétiquement attrayant. Il avait vu mieux, en plus de ça.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptySam 16 Jan 2021 - 18:57


James fait le détaché, celui qui n’en a rien à faire de Noël, qui n’a même pas la prétention de le cacher. Il pourrait essayer de jouer le jeu, de se donner un minimum d’enthousiasme. Birdie est persuadée qu’on peut finir par s’y faire si on s’en donne un minimum de volonté. Faire preuve de force, dire non à son destin, à ses idéaux, à son mal–être intérieur. Il y a chez James une mélancolie au fond des yeux qu’elle discerne à chaque fois, qu’elle n’évoque quasiment pas mais qu’elle sait qui rôde. Le fond de la cabosse du grand Dracula des temps moderne reste meurtri par un souvenir des plus douloureux, qu’elle ne peut que comprendre, que partager, mais sans jamais le dire. Sa présence se suffit pour montrer que même si elle ne formule pas les mots, elle est là. Elle comprend, elle n’oublie pas, elle est prête à lui remettre le fardeau sur les épaules de façon droite – à défaut de ne pas vouloir le prendre sur les siennes. Elle a sa propre croix à porter, elle ne prétendra jamais pouvoir prendre celles des autres en plus. Elle peut soutenir mais pas dédouaner.

« Tu sais que les filles à l'atelier m'ont obligé à installer un sapin ? » « Evidemment. » « J'avais imposé deux conditions : que les couleurs soient discrètes et assorties. » « T'as pas fait ça. » « Et qu'il n'y ait surtout pas de guirlande lumineuse. Je te laisse imaginer la première chose qu'elles ont ajouté. » « Je vais tomber dans les pommes, là. » Birdie a les yeux qui papillonnent rapidement, sa main cherchant le bras de James pour ne pas qu’elle vrille. Une réaction disproportionnée sûrement mais qui lui va si bien, surtout quand on connait son amour pour tout ce qui n’est pas discret et le lumineux. Toutes les conditions de James lui donnent le palpitant, sa main libre rejoignant sa poitrine pour être bien sûre qu’elle n’est pas en train de défaillir. « J’ai envie de leur offrir une montagnes de cookies, de bonbons et de chocolats à tes filles. Tu ne peux pas demander des conditions pareilles, James. C’est marqué dans le règlement de Noël que les lumières et les couleurs sont o b l i g a t o i r e s. » Oui, Birdie a le manuel dans sa tête. On ne touche pas à Noël, c’est sacré comme période, le seul moment où la petite blonde peut faire encore plus d’excès de fantaisie sans que personne n’est rien à redire. La voisine a l’air d’être une petite commère bien gênante et le cerveau de Birdie est à deux neurones pour lâcher un plan diabolique pour une petite revanche. Mais ce n’est pas le moment alors elle se contente de faire un sourire qui répond au rictus de James, ne croyant pas à la thèse de l’accident, le haussement d’épaules du jeune homme le lui confirmant ce fait encore plus.

« Je sais que vous êtes de mèche et qu'il te fait signe que la voie est libre pour éviter que je passe toute mes soirées sur l'ordinateur. Et il ne met jamais autant de temps à faire sa toilette lorsqu'il y a que lui et moi. » En parlant du ‘‘il’’, le voilà qui montre le bout de sa fourrure noire en se plantant dans leurs pattes, hésitant sûrement entre l’ignorance pour mieux se faire remarquer et l’envie d’aller se frotter aux chevilles à sa portée. Birdie ne lui laisse pas vraiment le choix qu’elle lâche une exclamation en s’accroupissant au sol, la main qui se tend déjà au milieu des oreilles de l’animal. « Aw, tu te fais tout propre pour moi, Shadynounet ? » Le même Shady qui lui sent la main avant de lever sa croupe pour y passer son dos tout entier, s’étirant en même temps les pattes, l’air de rien. « Oui oui, c’est ça, fais celui qui n’est pas intéressant. J’en ai vu d’autres, mon beau, c’est pas toi qui va me résister. » Si seulement les animaux pouvaient parler. Shady serait sûrement de ceux qui insulteraient la terre entière, un humain absolument insupportable et chiant. Mais comme c’est un chat, son capital sympathie est forcément redressé.

James évoque les deux sujets qui est susceptible de taper ses jolis yeux et Birdie arque un sourcil. « Pour un styliste, c’est bien de repérer les fashion faux pas. Tant que c’est pas sur moi parce que même un faux pas me va à merveille. » Après tout, tout est dans l’attitude, non ? Même quelque chose de moche peut être beau si l’attitude fonctionne. Et Birdie n’en manque pas. Ne pas avoir de retenu sur ce qu’elle peut porter, sur son apparence face au monde est un critère qu’elle est bien heureuse de posséder. Le monde peut la voir ainsi comme elle veut qu’il la voit. Elle n’a pas à se cacher ou être jouer les faux semblants. « Par contre, le deuxième point, mieux vaut ne pas le clamer trop fort car ça te fait passer pour un alcoolique. Ce qui n’est pas une étiquette que tu veux qu’on te colle. » On ne devient pas alcoolique quand on est un radar à bouteilles. Quoique. Mais James n’est pas un accro à l’éthanol, juste au travail. Qui prend de la place quand on voit son appartement, le salon particulièrement, où elle a les prunelles qui brillent devant tout ce qui est recouvre le sol et certains meubles. Les propos qui suivent du jeune homme la font un peu plus rire alors qu’elle s’approche de la table pour déposer la bouteille Maintenant qu’il l’a vu, ça ne sert plus à rien de la cacher. Il a vraiment tout ruiné. « Comment tu sais qu’il est et en déplacement et hétéro si ce n’est pas une déception ? Tu l’as espionné, toi aussi ? » Un sourire se forme sur ses lippes, ôtant son sac de son épaule. Elle sait que James ne doit pas ignorer pourquoi elle est là mais il est toujours bon de prendre les choses de l’autre sens. Du bon côté. « Au passage, t’as une réputation affreuse. On m’a envoyé pour tâter le terrain mais je crois que tu ne pourras pas échapper à Noël à ton entreprise. C’est une de tes petites mains qui me l’a dit. » Elle exagère, comme toujours, le petit oiseau. Mais il y a une part de vérité ; le jeune homme n’échappera pas aux fêtes et Birdie y fera attention. Il a cependant de la chance de pouvoir la distraire avec tout ce qui se présente sous ses yeux. « On pourrait presque croire que t’as dévalisé ton atelier là–bas pour t’isoler ici. C’est pas le cas, hein ? » Parce que l’isolement est hors de question, surtout dans le contexte du mois de décembre que James peut vivre depuis plusieurs années maintenant.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptyDim 24 Jan 2021 - 20:24

I'm only me when I'm with you.

Un léger éclair de malice passa dans son regard dès l'instant où Birdie se fendit d'une réaction à la hauteur de ce qu'il lui connaissait habituellement. Évidemment qu'elle était offusquée, quand bien même elle le connaissait assez pour savoir que sa rigidité au sujet des fêtes de Noël n'avait rien de surprenante. Birdie était justement là pour contre-balancer ce détail, elle dont la personnalité était bien plus flamboyante et les goûts beaucoup moins classiques que les siens. Mettre en doute l'utilité des guirlandes lumineuses à cette époque était blasphème aux oreilles de la jeune femme, et James n'en attendait pas moins de sa part : aurait sûrement été déçu de ne pas avoir droit à un sermon en règles. Et comme chaque fois que les réactions de Birdie se voulaient légèrement excessives, un sourire teinté d'amusement gagna même les lèvres du blond. Ça lui était toujours facile de se détendre en sa présence, à tel point qu'il en viendrait presque certaines fois à nourrir l'envie de l'avoir sous son toit en permanence. Tout du moins, jusqu'à ce qu'il se rappelle combien une cohabitation risquerait aussi de faire des étincelles. James tenait bien trop à leur amitié pour prendre le risque que Birdie l'ait dans les pattes au quotidien et finisse par trouver le caractère (pourtant loin d'être un cadeau) de Shady d'une douceur extrême en comparaison. « Je savais que j'avais à faire à une experte mais un règlement, Birdie, vraiment ? S'il existe je l'enfreins sûrement depuis toujours. J'ai à peine trouvé le temps de décorer cette maison, c'est pourtant pas faute d'avoir de la place. » Le temps ou l'envie, surtout, ça n'était pas à Birdie qu'il irait faire croire qu'il avait juste manqué d'un peu de temps pour accrocher trois guirlandes et décorer un sapin. Cette maison gagnerait pourtant à être égayée mais James peinait comme chaque année à se mettre dans l'ambiance. Birdie le savait, et là où la compagnie de la jeune femme lui était toujours d'un grand réconfort c'est qu'elle s'empressait de le pousser dans ses retranchements. « Et puis, dois-je te rappeler que je bosse dans un atelier de couture, pas dans une galerie marchande ? Si les filles s'extasiaient tous les jours sur les décorations, c'est notre productivité qui s'effondrerait. » Le travail, toujours le travail. James s'y raccrochait tellement qu'il ne savait pas ce qu'était une journée où il ne nourrissait pas ce genre de préoccupations. « Tu veux vraiment me voir mettre la clé sous la porte et traîner chez moi du soir au matin avec un peignoir immonde et une barbe de trois jours ? » James garda un air parfaitement sérieux, aussi grotesque soit cette idée quand on le connaissait aussi bien que Birdie. Soutenant son regard, il retint le léger sourire menaçant d'étirer ses lèvres et secoua la tête. « Je suis sûr que non, alors tu vois, je me dois d'instaurer certaines règles. » Et s'il était doué pour une chose, c'était pour se trouver mille excuses pour être aussi inflexible quand il était question de son atelier. Le pire, c'est qu'il estimait ses collaboratrices et qu'il ne comptait pas les empêcher de travailler dans l'esprit des fêtes – c'était bien pour ça qu'il avait cédé à installer un sapin, après tout – d'autant plus que si lui n'était pas plus entouré à cette période, elles avaient toutes une famille à gâter. James se surprenait donc à les libérer plus tôt pendant les fêtes, assouplissant leurs horaires de travail lorsque c'était possible. C'était simplement un accord tacite entre elles et lui, il ne tenait pas à passer pour un patron trop conciliant.

Shady, lui, ne manqua pas de faire une entrée remarquée lorsque la tentation fut trop grande de parader devant Birdie comme il en avait pris l'habitude. La plupart de ses visiteurs finissaient avec l'avant-bras griffé de s'être risqué à envahir l'espace vital de l'animal, mais Birdie avait gagné des points aux yeux du félin dès sa première visite. Cette relation d'un genre particulier attendrissait un James plus habitué à faire fuir ceux qui passaient la porte de cette maison. « Je crois que c'est sa façon de te dire que tu lui as manqué. Tu sais à quel point il peut parfois être contrariant. » Le chat semblait aujourd'hui vouloir se faire désirer et agitait son pelage noir sous le nez de Birdie sans jamais totalement lui prêter attention. « A moins qu'il sente que tu lui as fait des infidélités. S'il sait que tu as passé du temps en compagnie d'autres chats, il va feindre le détachement pour mieux te montrer qu'il n'est pas partageur. » James avait l'habitude, son chat n'aimait pas partager l'affection de son maître avec qui que ce soit d'autre et lorsque sa vie sentimentale n'était pas encore le désert aride qu'elle était devenue, il était courant que Shady s’immisce entre Alessandro et lui. Une facette de l'animal accentuée dès qu'il était question de Birdie : elle était la seule qui sache rendre James profondément insignifiant aux yeux de son propre chat. Une chance qu'il ne soit pas (trop) rancunier.

Chose certaine en tout cas, Birdie n'avait plus à craindre le jugement impitoyable du styliste depuis déjà bien des années. « Évidemment, toi tu rendrais même un ciré glamour. On me parle encore de l'époque où tu défilais pour nous, on n'a jamais plus trouvé personne d'aussi doué que toi pour nous détendre en coulisses. » James se sentait nostalgique d'y repenser, et pas juste parce que c'était à cette occasion qu'un lien particulier s'était noué entre Birdie et lui. Sa personnalité était comme un brin d'air frais pour lui dans ces moments riches en pression et à la longue, le styliste avait noué un attachement sincère pour la jeune femme. « J'aime mieux me voir comme quelqu'un dont on endort plus facilement la méfiance avec une bouteille de bon vin. Une faiblesse que tu as toujours exploité avec subtilité, quel dommage que je te connaisse si bien. » Un sourire mutin au coin des lèvres, James en profita pour faire un peu de rangement autour d'eux. Maintenant qu'il avait de la compagnie, ce bazar le gênait davantage même si Birdie savait mieux que quiconque que c'était comme ça qu'il créait. Au sujet de son voisin hétéro, il se contenta de hausser les épaules d'un air détaché. « Il conduit une grosse voiture qui fait toujours un boucan d'enfer quand il remonte la rue, c'est juste pour ça que je sais en général quand il part et quand il revient. » Il voyait bien le petit sourire sur les lèvres de Birdie, mais il ne s'y était jamais intéressé de cette façon et était sans doute trop difficile pour lorgner sur le premier venu. « Et je l'ai croisé en ville avec sa fiancée, elle portait une robe splendide. Tu vois, je trouve même qu'il l'a très bien choisie. » La fiancée et peut être aussi la robe, en soi ça n'était pas ses affaires et le seul regret qu'il puisse éprouver c'est que la robe en question n'ait pas été créée de sa main. Finalement, James redéposa son regard dans celui de Birdie et arqua un sourcil intrigué. « D'accord, dis-moi qui est ta taupe et je te ferai une contre-proposition bien plus intéressante que ce qu'elle doit t'offrir. » Son ton était solennel, mais uniquement parce que ça lui permettait d'éluder l'idée que Birdie puisse avoir à cœur de lui faire fêter Noël comme il se doit. Il savait qu'il n'y échapperait pas, tout comme il savait qu'à l'atelier il serait toujours en position d'infériorité face à ses employées. Il s'y faisait, parce qu'il les estimait toutes bien plus qu'il n'irait clairement l'avouer. L’œil affûté de Birdie n'avait pas pu ignorer le bazar qui régissait son salon, entre les croquis éparpillés, les patrons et les rouleaux de tissu. « Tu parles de ce foutoir ? C'est juste l'effervescence habituelle des fêtes. Plus de travail, plus de deadlines, il arrive que je rapporte un peu... beaucoup de boulot à la maison. » Il avoua, sachant bien qu'il ne pouvait rien lui cacher. « Tiens, regarde. » James se saisit d'un patron, celui d'une tenue pour femme sur lequel il avait travaillé une partie de la soirée. « On m'a demandé de réaliser un tailleur sur mesure pour une de ces présentatrices en vogue qui animera une émission le 31 au soir. A minuit quand le décompte sera lancé, tout le monde aura les yeux rivés sur ma création. » Ça faisait partie des choses qu'il gérait en plus du reste et Birdie le connaissait, la nuit ne faisait en général que décupler son inspiration, il ne voyait donc pas ces heures supplémentaires comme une contrainte. La laissant prendre ses aises dans son salon, il s'apprêta à rejoindre la cuisine. « Je vais nous chercher deux verres, si pendant ce temps tu voulais à tout hasard jeter un œil dans tout ça, tu as ma permission. » Son petit coup d’œil entendu ne la tromperait pas : ils savaient tous les deux que ce capharnaüm faisait briller les yeux de Birdie et n'était sûrement pas pour rien dans cette visite tardive.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptyDim 31 Jan 2021 - 17:17


Birdie a du mal à le croire et c’est un regard sous–entendu et lourd de reproches dissimulés par derrière qu’elle lui fournit et qu’elle lui offre en guise de réponse. Que James n’ait pas eu le temps est une chose qu’elle peut concevoir – d’autant qu’il n’est pas comme elle, à posséder le luxe de n’avoir rien à faire la moitié de ses journées. Qu’il ait la tête plongée dans le travail n’est pas non plus surprenant quand on le connaissait – chose que Birdie se tarit de penser, après quatre années à le côtoyer, qu’elle avait cerné qu’il est des contours les plus parfaits des bourreaux de travail se dévouant corps, âme et cœur dans son entreprise – au sens propre et littéral. James a le fardeau de la compagnie familiale sur les épaules, une pression que la petite blonde ne pourra jamais connaitre ni comprendre – heureusement pour elle, sachant qu’elle n’est pas de ceux qui apprécient de donner quatre–vingt pourcent de leur temps à une tâche aussi monotone. Mais la Cadburn juge l’excuse un peu trop facile. « Tu aurais pu trouver du temps si tu avais pris la peine de le chercher, j’en suis certaine. » Mais la période des fêtes n’est pas des plus réjouissantes pour le jeune homme, ce qui provoque encore plus l’incompréhension de la petite blonde face au fait qu’il ne cherche pas à apaiser ses tourments autrement que par le travail. « Et tu sais qu’il y a des marques qui font des tenues spécialement pour les fêtes ? Des boules et guirlandes lumineuses sur des manteaux ou des robes, non seulement tout le monde en parlerait mais en plus, tout le monde les verrait. » Impossible de passer à côté de quelque chose d’aussi lumineux et brillant, Birdie en est certaine. Après tout, elle est bien un jour sortie de chez elle enroulée dans une fine guirlande lumineuse et que les regards ont tous été portés sur elle à son passage, hilare, moqueur ou impressionné par l’audace. « Tu veux vraiment me voir mettre la clé sous la porte et traîner chez moi du soir au matin avec un peignoir immonde et une barbe de trois jours ? » Okay, l’image lui brise le cœur et Birdie fait une moue triste en menant sa main vers sa poitrine. « Je suis sûr que non, alors tu vois, je me dois d'instaurer certaines règles. » La petite Cadburn secoue la tête tout en secouant la main. « C’est vraiment moche d’être aussi cruel et radical, James. Même si j’entends là que des excuses pour ne pas y mettre du tien. Heureusement que je suis là, je tombe à pic il faut croire. » Parce qu’il peut être certain qu’il ne va pas ne pas avoir de la décoration chez lui aussi, Birdie est prête à y camper pendant trois jours s’il faut tout retourner et/ou tout acquérir pour amener un brin de fête dans ces lieux noyés par la passion dévorante du propriétaire des lieux – qui se trouve aussi être son travail, ce qui est sûrement un bonheur dans le malheur.

Shady ne résiste pas à l’appel des doigts de Birdie qui ne veulent que se glisser dans son pelage sombre, cette dernière souriant quant aux propos de son maitre. « Aussi contrariant que son propriétaire quand il s’y met, en effet. » Comme si Birdie est un véritable petit ange qui ne veut que le bien d’autrui. Non, si parfois James peut se montrer contrariant, c’est sûrement parce qu’elle aura pousser le bouchon trop loin et franchi des limites non autorisées. Comme si cela a déjà stoppé la jeune femme – absolument pas. « Désolé, mon tout beau, mais je ne suis pas la fidèle des personnes. Forcément que je t’ai trompé et pas qu’avec des chats. Mais t’inquiètes pas, Shady, t’es le plus agaçant des chats. » qu’elle dit avec affection tout en lui gratouillant le dessous du menton.

Birdie se redresse en riant des paroles de James, qui n’a décidément pas la pareille pour la brosser dans le sens du poil. Autant dire que les flatteries ne l’ont jamais gêné, bien au contraire, et encore moins quand il s’agit d’un personnage comme James. « Tu peux m’appeler quand tu veux pour jouer les troubadours des coulisses, tu le sais. Surtout en ce moment, où je me retrouve au chômage technique depuis deux mois à cause de ma balle perdue et tout ça. » Elle a comme un doute, arquant un sourcil et en fronçant l’autre. « T’es au courant de cette péripétie, pas vrai ? » A force, elle finit par ne plus s’avoir à qui elle en a parlé, ou non. Ce n’est pas franchement un secret, Birdie aimant même raconter cette histoire rocambolesque à qui voudrait bien l’écouter – ou pas. « Qui te dit que je ne l’ai pas apporté pour la boire toute seule, cette bouteille, avec juste le simple plaisir de ta compagnie qui me regarde faire, mmh ? » Après tout, elle aurait pu. S’inviter, s’ouvrir la jolie bouteille et porter le goulot à ses lèvres. La maison de James possède un charme non négligeable. Elle sourit, quand elle insinue qu’elle va tout boire et aussi parce que le voisin possède une grosse voiture qui fait du bruit, « j’aurai bien aimé la voir » qu’elle commente, une passion certaine pour les berlines qui ont de la vitesse sous le coffre, avant d’émettre un cri de désespoir quand il parle de la fiancée. « Oh noooon, Weatherty, tu peux pas lâcher une telle bombe comme ça. Tu manques cruellement de tact. » Comme si Birdie avait eu envie de rencontrer ce voisin en premier lieu – peut–être bien, maintenant qu’il l’a évoqué. Fiancée ou non, ce n’est pas ça qui pourrait arrêter la petite blonde. Elle pourrait même les convaincre tous les deux – Birdie est pour la paix des ménages, elle le jure.

« D'accord, dis-moi qui est ta taupe et je te ferai une contre-proposition bien plus intéressante que ce qu'elle doit t'offrir. » La Cadburn est bien des choses. Tenir sa langue fait partie d’une de ces choses – qu’elle pense, en tout cas. Mais son nez a du flair et elle lève un regard suspicieux à James. « J’ai quoi en retour ? » Parce qu’elle sait dans le fond que l’employée trop bavarde ne risque rien avec son boss. Certainement pas pour une histoire à dormir debout que son amie vient de lui sortir et qui n’est évidemment pas le discours tenu par ses petites mains. Petites mains qui doivent bien s’ennuyer de leur tête cérébrale quand elle analyse le bazar qu’est le salon de James. « Habituelle des fêtes ou habituelle de toi ? » Les fêtes sont le moment où il perd le plus la tête dans son travail, ce qui revient sur le tapis cette année à en juger le ‘foutoir’ qu’il admet lui–même. Il lui tend un patron d’une tenue, d’un tailleur pour une présentatrice. Les perles bleutées se penchent sur le croquis, une main allant chercher à tâtons ses lunettes dorées pour améliorer sa vision en berne quand elle veut voir un détail. C’est élégant, évidemment, typiquement Weatherton, mais « ça manque pas un peu de… fête ? » Pour Birdie, il n’y a jamais assez de perle, de brillant, de broderie, de couleurs. Elle ne se juge pas spécialiste en la matière mais c’est un de ses talents dont elle sait qu’elle maitrise. Et James est un des rares – pour ne pas dire le seul – avec qui elle peut exploiter tout et n’importe quoi. Ce n’est pas rien de pouvoir mettre son nez dans les affaires et instruments et matériel d’un véritable directeur artistique d’une maison de couture. Même si la Cadburn reste détachée face à cela, c’est plus l’artiste qu’elle apprécie que combien sa société vaut en bourse – si elle y est, Birdie n’en sait rien, elle n’y comprend rien, à l’économie et aux finances. « Je vais nous chercher deux verres, si pendant ce temps tu voulais à tout hasard jeter un œil dans tout ça, tu as ma permission. » Birdie lève ses yeux du croquis et de ses verres, toute souriante. « Permission ou non, j’aurai foutu mon nez dans tout ça, Weatherty. » Il la connait depuis ce temps. Elle aura le temps de se faire quelque chose de nouveau, de piquer et dépiquer les idées de James, de critiquer ou d’apprécier, de râler ou de convaincre avec lui pendant des heures. Elle pourra aussi prendre tout ce qu’il ne veut pas, tout ce qu’elle jugera qu’il ne saura pas utiliser à leur juste valeur (oui oui). Mais surtout, surtout, elle restera le temps qu’il faut pour s’assurer que James et Shady est une maison qui respire les fêtes de façon positive, autant que de savoir que son ami aura eu le moral remonté, même pour quelques heures.



Dernière édition par Birdie Cadburry le Jeu 25 Fév 2021 - 20:47, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptySam 20 Fév 2021 - 1:22

I'm only me when I'm with you.

Il n'y a rien qu'il puisse véritablement cacher à Birdie, et surtout pas son manque d'enthousiasme criant pour les fêtes de fin d'année. Une réalité qu'il cachait généralement derrière l'excuse de manquer de temps pour décorer cet endroit et y faire ressortir l'esprit de Noël, mais si ça pouvait prendre avec ses voisins, la jeune femme en revanche le connaissait trop bien pour ça. Aussi occupé soit-il à l'atelier, même un homme comme lui pourrait dégager du temps pour sortir, avoir des hobbies et, par la même occasion, faire que cette maison ne soit pas la seule habitation de la rue à ne pas scintiller de mille feux le soir de Noël. Il lui suffirait de déléguer un peu plus, de donner plus de responsabilités à ses employées plutôt que d'alourdir sa propre charge de travail. C'était donc lui, et uniquement lui, qui n'y mettait pas de la bonne volonté. « J'admets, j'en ai pas vraiment fait une priorité ces dernières semaines. » Pour ne pas dire qu'il avait consciemment ignoré tout ce qui se rattachait aux fêtes pour plonger à corps perdu dans le travail. Oui, il avait sciemment choisi de regarder ailleurs pour ne pas se confronter aux souvenirs que cette période savait toujours raviver chez lui. « Seigneur, Birdie. Tu me vois, dessiner des robes ornées de petits rennes rouges et de guirlandes qui clignotent ? » James reprit dans un mélange de surprise et de sidération, le tout saupoudré d'une théâtralité qui n'étonnerait probablement pas la blonde. C'est vrai, il en rajoutait toujours un peu. « J'aurais l'impression de donner raison à ceux qui me reprochent déjà mes quelques paris risqués pour faire de Weatherton une marque plus audacieuse. » Il avait bien fallu moderniser l'image de la marque lorsqu'il avait accédé à la direction artistique de Weatherton, l'idée étant de séduire toujours plus de clientèle et de s'ouvrir à de nouveaux marchés. James était un créateur qui avait toujours aimé surprendre, pour autant l'image de ses mannequins enrubannées dans du papier cadeau le plongeait dans une profonde torpeur. Et elle le savait, Birdie, qu'il prenait toujours son air le plus outré mais qu'en réalité, il s'ennuierait profondément si elle n'était pas là pour confronter sa vision de la mode à la sienne. C'est précisément cette touche de folie qui aurait manqué à sa vie si Birdie n'avait pas été là, tout comme personne à part elle ne le poussait jamais aussi loin dans ses retranchements tout en obtenant des résultats. « Sauf si t'avais dans l'idée de me traîner dans la jardinerie la plus proche pour aller acheter un sapin, parce qu'à cette heure-ci tout est sûrement fermé. Mais c'était pas du tout dans tes projets de toute façon, hm ? » James plissa les yeux d'un air faussement suspicieux. Et de nouveau, le destin semblait lui offrir une excuse toute trouvée sur un plateau d'argent : les commerces avaient pour la plupart déjà tombé le rideau, ils avaient donc peu de chance de dégoter un sapin de Noël à cette heure-ci. Et contrairement aux décorations qui traînaient dans un coin de son grenier, ça n'était pas exactement le genre de choses qu'il gardait année après année par nostalgie dirons-nous.

Et si Shady et son maître avaient beaucoup en commun, le caractère difficile de l'animal n'était effectivement pas sans rappeler celui du styliste, bien que ce ne soit pas la raison première au fait qu'il ait été attendri par le félin. « Moi qui me pensais unique. » Un sourire mutin fendit le coin de ses lèvres et James observa la jeune femme aux petits soins avec son chat qui, ils le savaient tous les deux, était bien plus jaloux et désireux d'avoir toute l'attention de la blonde que de son Maître, justement. « Si tu le vois glisser sa tête dans ton sac à mains, c'est sûrement qu'il voudra sentir le parfum de la trahison sur tes effets personnels comme un ex jaloux. » Ce n'est pas qu'il pensait son chat capable de vouloir traquer la concurrence, c'est qu'il n'attendait pas autre chose du félin au tempérament de feu. Tout ce que James espérait, c'était que rien dans ce sac à mains ne permettrait à son chat de remonter jusqu'aux rencontres de Birdie et leurs animaux de compagnie, il suffisait déjà parfois de passer le seuil de cette maison pour se retrouver confronté aux griffes acérées de l'animal. Il était très affectueux, au fond, mais plus méfiant encore que pouvait l'être son Maître.

Se remémorer le bon vieux temps avec Birdie était toujours agréable et un parfum de nostalgie flottait dans l'air chaque fois qu'il repensait à l'époque où la jeune femme défilait pour lui. C'est à cette occasion qu'ils avaient sympathisé, après tout, et qu'il soit prêt à le reconnaître ou non cette rencontre avait changé beaucoup de choses pour lui. « Je devrais me vexer que tu aies tellement d'amis que tu saches même plus si tu m'as parlé ou non de ta mésaventure ? » Un sourire d'une douceur surprenante fendit ses lèvres et James resta une seconde silencieux, à l'observer. « Je suis au courant, oui. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles je pense que t'as rien à faire à l'autre bout de la ville à cette heure-ci, mais c'est pas comme si tu risquais de m'écouter de toute façon. » Birdie était têtue, peu importe l'énergie qu'il pourrait déployer à tenter de lui faire entendre raison, il était peu probable qu'elle décide de rentrer chez elle pour aller se reposer. Il la connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'elle ne tenait pas en place et que ce qui aurait cloué n'importe qui au fond de son lit n'avait pour eu aucun effet sur son énergie débordante, bien au contraire. « Le chômage technique, c'est peut être pas plus mal pour commencer. Je sais que venant de moi ça peut sembler ironique, mais t'as besoin de te remettre en douceur. » Et si ça pouvait effectivement prêter à sourire quand on savait qu'il avait refusé d'être arrêté plus d'une journée par semaine après la mort d'Alessandro, ces propos cachaient en réalité un aveu sous-entendu. Il pourrait lui dire qu'il avait eu peur pour elle, peur de perdre encore quelqu'un qui comptait pour lui, mais tout au fond de lui James pressentait que Birdie le savait déjà. Alors il secoua la tête, l'air incrédule, et reprit. « Tu me connais bien trop pour penser qu'une bouteille de vin peut survivre à mon passage, t'aurais pas pris le risque de me mettre ça sous le nez. » C'était bien connu qu'il avait un faible pour le vin et que ses invités les plus consciencieux pensaient toujours à en apporter avec eux. C'est pour ça qu'il avait tout de suite su que Birdie n'était pas venue les mains vides, pour ça aussi qu'ils avaient pris l'habitude de boire ensemble avec les années. Pour profiter, pour oublier parfois. En ce moment, ça ne pourrait pas leur faire de mal à elle comme à lui. L'intérêt de Birdie pour la cylindrée de son voisin parut presque touchante mais déjà, James fut de nouveau placé face à l'évidence qu'il manquait de diplomatie. « Je t'ai pourtant épargné le moment où il l'a emmené dîner dans un restaurant bas-de-gamme, je voulais pas complètement tuer le mythe. » C'était chose faite maintenant et ainsi Birdie comprendrait qu'elle n'y perdait pas grand chose, de toute façon, ce fameux voisin portant sur sa figure qu'il serait de nouveau célibataire avant la fin du mois. « Non pas que ce soit une surprise. S'il avait eu du goût, c'est une de mes robes qu'elle aurait eu sur le dos. » Et autant dire qu'en avançant cet argument, il était d'une totale objectivité.

Birdie, en tout cas, était dure en affaires quand il fallait dénoncer la taupe qui l'avait si bien renseignée au sein de l'atelier. Ce qui n'avait rien d'une idée sérieuse puisque Birdie n'avait probablement pas eu de contacts avec les filles depuis des mois, si ce n'est plus. « Tes conditions seront les miennes, Bird. » Il assura de son ton flegmatique, l'air de vouloir la tester pour voir jusqu'où elle pousserait ses exigences. Birdie connaissait ses forces et ses faiblesses, elle savait ce sur quoi il était inflexible ou beaucoup plus souple, elle avait pour ainsi dire tenu deux rôles qui lui permettaient de savoir où étaient exactement ses limites : celui de modèle d'abord, puis celui d'amie. Ce bazar, lui, n'était que le prolongement de ce qu'on pouvait trouver dans son atelier après une longue journée de travail et d'inspiration. A ceci près qu'ici, il était seul et s'habituait à ce désordre presque réconfortant. « On oublie souvent de dire que vivre seul a de nombreux avantages. L'un d'eux, c'est de pouvoir transformer ce salon en chantier sans essuyer aucune réflexion. » Alors oui, c'était très caractéristique de sa personne de s'étaler autant. Et oui, c'était une manière qu'il avait trouvé de remplir le vide qui régissait ces lieux depuis trois ans. Parce que c'était plus facile que d'avouer qu'il se sentait seul, certains soirs, dans cette maison parfois trop grande pour lui. S'il était bien forcé de quitter l'atelier à la fin de la journée, c'était pour mieux replonger dans le travail en trouvant toujours une excuse pour finaliser un croquis ou une planche tendance. « Hum, pour une fois tu m'entendras pas dire le contraire, ça manque d'un petit quelque chose. » Sous ses yeux, son dessin semblait prendre vie en trois dimensions tandis qu'il s'imaginait sa cliente se mouvoir dans ces tissus parfaitement ajustés. Le tombé était élégant, le choix de matière optimal, et James savait déjà comment lui proposer d'accessoiriser cette tenue pour que tout le monde en la voyant le soir du réveillon ne pense qu'à une chose : que son styliste avait fait des merveilles. « Si j'ajoute des broderies au niveau des épaulettes et une ceinture assortie pour marquer la taille, elle aura pas besoin de bijoux pour faire sensation. Et elle brillera de mille feux dans les plans serrés comme dans les plans larges. » Parce que les détails seront intégrés au tailleur et qu'il aura fait en sorte que de près comme de loin, on ne remarque qu'elle. James sollicitait l'avis de Birdie comme il solliciterait celui d'une de ses employées parce qu'un passionné tel que lui aimait confronter ses idées au regard d'une autre passionnée. Il n'y avait pas de compétition, juste un amour commun pour la création et si quelqu'un était capable de l'orienter dans la bonne direction quand l'idée était plus que jamais de marquer les esprits, c'était Birdie. Il le savait, tout ce qui se trouvait dans cette pièce faisait briller le regard de la jeune femme et c'est la raison pour laquelle il s'éclipsa un instant, non sans lui avoir donné la permission – qu'elle avait déjà en réalité – de fouiller et de se servir dans ce joyeux bazar. Un sourire entendu pour toute réponse, il disparut dans la cuisine et n'en revint qu'après une ou deux minutes avec deux verres remplis de ce vin auquel il lui tardait de goûter. « Alors, est-ce qu'il va falloir que je te prête un sac pour transporter toutes tes trouvailles ? » Il demanda à son retour dans le salon. « Tu sais, t'aurais pas à fouiller là-dedans si tu venais régulièrement coudre ici. Avec ton matériel, tes idées, ton brin de folie. » Ils pourraient échanger des conseils dans le feu de l'action – pour ne pas dire critiquer leurs choix respectifs, bien qu'en toute amitié – et finalement faire de ce salon un atelier commun, qui de temps en temps se remplirait d'un peu plus de vie. « Tu pourrais t'assurer que je dîne bien tous les soirs et que j'ajoute assez de strass et de volants à mes créations, surtout. » Après tout, n'était-ce pas Birdie qui disait vouloir répandre un peu de joie dans cet endroit ? James ne faisait qu'aller dans son sens, ça n'avait rien à voir avec une quelconque solitude, bien sûr.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptySam 6 Mar 2021 - 14:46


James émet la théorie banale de ‘pas le temps, pas prioritaire, inintéressant’, ce qui ne surprend aucunement Birdie mais qui la choque quand même. Tous les ans pourtant, c’est la même rengaine, le même discours, les mêmes échanges. Quatre ans que cela dure et ils semblent partis pour au moins les quatre prochaines autres, à part si l’un ou l’autre n’est plus dans le coin, soit pour se terrer soit pour aller secouer les puces. Revoir James mettre un peu de piquant dans ses fêtes de fin d’année serait un signe vers le progrès, vers le mieux, vers le positif. On peut dire beaucoup de choses sur Birdie - de très mauvaises langues diront qu’elle est chiante, bornée, têtue, agaçante voire complètement folle - mais elle n’aime pas voir des ondes négatives perturbées l’ordre des choses. En tant que sa petite voix interne, nous proclamons là un refus simple de sa part de voir la réalité de la vie, que derrière son sourire lumineux et sa visible extravagance il y a des failles bien plus profondes qui se creusent. La Cadburn est (trop) douée pour cacher, camoufler, jouer à l’ingénue, duper son monde et, pire, donner des leçons alors qu’elle-même ne les respecte pas. Elle aussi a perdu un être cher dans un accident de voiture - à croire qu’elle porte une malédiction quelque part dans son karma - et tous les ans, elle y repense et elle continue à en avoir mal. Seulement, si certains consomment leur malheur, leurs peines et leurs souffrances dans l’alcool, les contenus illicites ou le travail - n’est-ce pas, James ? - Birdie maintient sa couverture de lumière qui scintillent si fort et si brillamment qu’au final, on ne voit que ce qu’elle souhaite. Fourbe, vous avez dit ? « Seigneur, Birdie. Tu me vois, dessiner des robes ornées de petits rennes rouges et de guirlandes qui clignotent ? » Les yeux roulant dans leurs orbites, les prunelles qui se lèvent au ciel ensuite et c’est la réaction d’une grande tragédienne qui se poursuit parce que James en rajoute aussi, qu’il accentue le trait autant qu’elle et qu’il suffit vraiment d’un rien pour lancer Birdie sur un terrain où elle court et fonce. “Au moins de la broderie, des perles, des accessoires! Forcément, ça serait plus sobre avec toi mais tu réussirai certainement à faire une merveille avec. Vois ça comme un challenge. A part si t’es pas cap ou que tu te sens pas assez bon.” Le sourcil blond qui s’arque avec application, le petit air qui porte déjà les traits enfantin d’un ‘chiche ou pas chiche’ qui a beaucoup trop rythmé la gamine que fut la petite blonde - et qui a continué dans sa vie d’adulte, évidemment. James est doué mais il ne dépasse jamais ses limites, il reste toujours dans sa petite zone confortable et ce n’est pas désespérant et ennuyant à la longue, Jaaaaames ? « J'aurais l'impression de donner raison à ceux qui me reprochent déjà mes quelques paris risqués pour faire de Weatherton une marque plus audacieuse. » Birdie croise ses bras, bien décidée à lui faire entendre que sa raison est la meilleure du monde et qu’il devrait l’écouter elle et non pas le monde entier - non, vraiment, James, tu n’es pas obligé de l’écouter, personne ne t’en voudra. Même pas Birdie parce qu’elle a l’habitude. “Et les paris ont porté leur fruit, non ?” C’est l’essence même pour repousser ses limites, vaincre son quotidien et apporter un peu de nouveauté dans sa vie. Parce que pour l’instant, la petite blonde a surtout la sensation que James s’enlise dans un profond train de vie dont il va bien devoir sortir un jour ou l’autre - le plus il attendra, le moins il arrivera à s’en défaire. Elle ne peut qu’essayer de jeter ses bras en avant pour l’aider - raison numéro une de sa présence. Même si le malin Dracula qu’il est lui balance que pour les sapins, clairement, ce n’est pas la peine d’y penser à cette heure-ci. “Dammit.” Une dent qui vient mordre une lèvre dans un geste contrarié, la moue qui suit le mouvement. “J’aurai pu en prendre un dans mon quartier natal. On a une forêt tout autour, je suis sûre que j’aurai trouvé mon bonheur. T’as de la chance pour le sapin mais je compte bien fouiller partout pour trouver au moins trois malheureuses décorations - le reste, on peut aussi improviser. Après tout, nous sommes des créateurs, n’est-ce pas ?” Dont elle est fière, la gamine, avec son sourire brillant qui détend ses traits aussi rapidement qu’un jour d’éclipse.

« Moi qui me pensais unique. »
Si seulement. Mais non.” Birdie s’en moque, ses lippes s’étirant un peu plus. « Si tu le vois glisser sa tête dans ton sac à mains, c'est sûrement qu'il voudra sentir le parfum de la trahison sur tes effets personnels comme un ex jaloux. » Là, c’est le rire qui prend place et qui résonne contre les parois de la maison, Shady jetant un regard étrange vers elle, la grande créature blonde qui fait bien trop de bruit contrairement à eux. “Tant qu’il ne marque pas son territoire dedans, il peut aller sentir ce qu’il veut.” Elle lui fait deux gratouilles sur la tête avant que Shady ne décrète de se diriger vers l’amas de tissus pour aller s’y rouler et déposer ses poils noirs dessus - nous sommes sûrs que James appréciera la participation de sa bestiole (ou pas, chacun son avis).

Birdie qui se redresse est Birdie qui fait une moue toute triste à James alors que ce dernier doute visiblement de l’amitié, l’intérêt et l’importance qu’il a. “Si par ‘amis’, tu entends le facteur, les réceptionnistes, les collègues, le laveur de vitre ou encore le vétérinaire, alors oui, j’ai pu oublier, mon Dracula des îles.” Parce que Birdie a bien sûr raconté son histoire à tout le monde, et surtout ceux qui n’en avaient pas grand chose à faire - même si les sourcils écarquillés d’étonnement quand elle leur parle de ‘psychopathe’ et de ‘balle perdue’ ne la fatigueront pas de sitôt. « Je suis au courant, oui. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles je pense que t'as rien à faire à l'autre bout de la ville à cette heure-ci, mais c'est pas comme si tu risquais de m'écouter de toute façon. » Au moins, James ne doute pas d’elle - pas qu’elle doutait qu’il pouvait en douter. De toute façon, Birdie a une cicatrice qu’elle aborde comme une véritable blessure de guerre en guise de preuve pour prouver ses propos. “C’était en août. J’ai peut-être failli perdre mon bras mais regarde, elle s’amuse à le baisser, monter, baisser, monter, il fonctionne parfaitement bien! Je suis restée presque un mois à l’hôpital pour cette connerie, je me suis assez reposée pour une vie entière au moins.” Et sûrement les deux d’après, quand on connaît le débordement que peut-être la cadette Cadburn. “Va dire ça à mon binôme. Pas sûre qu’elle soit du même avis que toi.” Lexie a bien fait comprendre que Birdie n’a pas intérêt à attendre un mois de plus avec ses grandes jérémiades sinon, elle commençait une campagne active contre elle pour la faire virer. “Je crois qu’elle a juste hâte que je déguerpisse le plancher. C’est vraiment moche, la jalousie. Le pire des personnes peut en ressortir.” Il n’y a peut-être pas que cela, il y a autre chose que Birdie n’a pas encore réussi à découvrir mais la patience est mère de vertue, parfois. “Mais James Wheatherton qui me dit ça, je n’aurai jamais pu le croire. C’est qu’il y a encore une âme qui bat derrière cette armure de glace.” Elle en rajoute une couche alors que l’âme de James est si présente qu’elle est la raison même pour laquelle il s’enferme tous les ans pendant la même période. Elle a été meurtrie, salie, entachée par une ombre sombre et elle se recueille comme elle le peut ; c’est naturel, c’est normal, le temps doit faire son œuvre. Mais Birdie considère que le temps peut passer beaucoup plus vite si on ne le voit pas passer, justement.

Venir les mains vides n’est pas poli mais ce n’est vraiment pas cela qui a poussé Birdie à acheter cette jolie bouteille. Jugeant que le vin va adoucir les traits de James, apaiser un peu son aura sûrement bien trop tumultueuse, rendre volubile ses neurones en souffrance, il y a une chance pour que cela lui redonne un petit coup de fouet. “Pourtant, j’aurai pu oser. J’aurai pu mettre la bouteille en gage contre une pièce de fête. Te montrer ce que tu peux perdre si tu ne joues pas le jeu.” Petit menton remonté, les lippes retroussées d’une satisfaction sans limite de ses propos, et encore plus envers son idée. Elle aurait dû commencer par là, à vrai dire. Peut-être que James serait plus motivé pour faire ce qu’elle lui défie. Mémo pour la prochaine fois ; parce que maintenant ne semble pas être adéquate pour cela. Surtout que Birdie se lèche déjà les lèvres de les tremper dans le liquide, le gosier assoiffé d’avoir fait la moitié de la ville. « Je t'ai pourtant épargné le moment où il l'a emmené dîner dans un restaurant bas-de-gamme, je voulais pas complètement tuer le mythe. » Elle balance sa main, drapée de nouveau dans une théâtralité brutale de l’effrontée choquée de la première heure. “Mes rêves sont anéantis.” avant qu’il ajoute, « Non pas que ce soit une surprise. S'il avait eu du goût, c'est une de mes robes qu'elle aurait eu sur le dos. » Birdie glousse, elle ricane, elle secoue la tête. “Le contraire m’aurait surprise.” Tu es très objectif, James, évidemment.

« Tes conditions seront les miennes, Bird. » Les paupières qui vacillent, la bouche qui se zippe, bougeant à droite, à gauche, des recoins que l’on retient de tirer pour ne pas étaler sa future victoire devant une exigence stupide qu’elle va bien finir par trouver - la petite princesse qui réussit toujours à trouver le moyen qu’on cède à ses caprices, même quand elle ne demandait rien à la base. Son éducation a été ponctuée de “oui tu peux” et dénuée de “non, ne fais pas ça” - à part de la part de son aînée, ce qui fait que Birdie n’a jamais tenu compte de ces propos. Beaucoup trop de libre arbitre et James est une nouvelle preuve vivante qu’on lui laisse vraiment trop de liberté. “Participer à ton prochain show. Collaborer avec toi pour faire quelque chose et défiler dedans parce qu’il n’y aura pas meilleur modèle que moi pour cela.” Les conditions sont plus qu’honorables à son sens. Est-ce qu’elle jette en pâture ses fidèles collègues pour avoir un dû bien supérieur ? Totalement et sans scrupule. Ce n’est pas comme si James virera la personne le lendemain - non pas que ce soit le problème de Birdie à ce stade. « On oublie souvent de dire que vivre seul a de nombreux avantages. L'un d'eux, c'est de pouvoir transformer ce salon en chantier sans essuyer aucune réflexion. » La petite blonde ne peut qu’approuver tout en réfutant de tels propos. “Je n’ai jamais vécu seule mais mes colocataires m’ont toujours détesté pour le bazar que je laissais. Mais on a jamais assez de place. Même si j’envie ton champ de bataille.” Les proportions sont folles et Birdie ne peut que jalouser l’espace qu’il a pour s’étaler de toute sa guise. D’autres proportions attirent aussi son œil et ce sont celles posées et dessinées sur la feuille de brouillon que James vient de lui tendre. Elle penche la tête en écoutant ce qu’il veut ajouter et elle sourit doucement parce que c’est là que le professionnel qu’il est, celui qui aime ça ressort. Il pense même aux plans serrés et aux plans larges, alors que Birdie est coincée sur l’éclairage, sur l’effet. “De la borderie juste sur les épaulettes ? Est-ce que ça ne va pas faire trop militaire ? Couleur dorée, argentée ? Pourquoi pas le col, plutôt ? S’il est un peu plus plongeant, ça pourrait être joli.” James a intérêt à applaudir que Birdie reste relativement sobre dans ses propositions. Elle n’ignore pas comment peut être le personnel d’ABC - et encore moins Elizabeth, la patronne toujours tirée à dix épingles au moins et qui n’accepte pas le moindre écart. Elle va certainement adorer et c’est bien pour cela que Birdie n’aurait sûrement pas vu les choses de cette façon.

« Alors, est-ce qu'il va falloir que je te prête un sac pour transporter toutes tes trouvailles ? » La tête qui se redresse après avoir essayé de déloger un chat noir qui prenait trop ses aises dans une jolie chute de tissu mauve translucide qui donne l’impression de toucher de l’eau. “Tu penses bien. J’ai encore oublié de prendre plus grand, à croire que j’en fais exprès.” Vraiment pas, James, croix de bras croix de fer si j'mens, j'vais en enfer - qu’elle est amusante, elle va y aller pour plein d’autres raisons avant celle-là, clairement. « Tu sais, t'aurais pas à fouiller là-dedans si tu venais régulièrement coudre ici. Avec ton matériel, tes idées, ton brin de folie. » Elle a perdu un peu de son oisiveté, le petit oiseau. Que se passe-t-il, le vampire t’a pompé ton éclat ? Elle est plutôt surprise, on dirait. « Tu pourrais t'assurer que je dîne bien tous les soirs et que j'ajoute assez de strass et de volants à mes créations, surtout. » Les petits yeux bleus qui pétillent à travers les grands verres de sa monture dorée, les remontant d’un doigt sur son nez alors que l’autre main attrape un verre qui se tend vers elle. “Oui, surtout pour tout ça, c’est important, après tout, de se nourrir et d’avoir un œil extérieur.” Elle est presque émue, la gamine. Touchée, même, alors qu’elle porte le verre à ses lèvres pour y camoufler son petit sourire de coin - le cœur gros parce que la portée masquée de la demande de James n’est pas sans rappeler la raison même pour laquelle Birdie n’aime pas vivre seule. “J’imagine que je peux trainer un peu dans vos pattes à Shady et toi, de temps en temps, juste pour veiller.” De temps en temps peut prendre des proportions assez énormes avec Birdie, qui se voit déjà faire de la nage dans le seul élément qu’elle apprécie d’en faire ; un océan de tissu, de chute, de taffetas, de voile et de soie. Le bonheur absolu.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) EmptyJeu 18 Mar 2021 - 2:04

I'm only me when I'm with you.

Birdie avait raison et si ça lui coûtait autant de l'admettre, c'est parce que James avait toujours une fierté plus mal placée quand il était question de son travail que de n'importe quoi d'autre. Bien sûr qu'il gagnerait à suivre ses conseils qu'il savait toujours bons, et bien sûr qu'il rechignait à le faire parce que ça touchait ici aux fêtes de fin d'année. Il déployait une énergie considérable à prétendre que ça ne lui retournait pas l'estomac chaque fois qu'il voyait approcher la date d'anniversaire de la disparition d'Alessandro, donnant l'impression qu'il avait fait bien du chemin en trois ans quand ça n'était pas toujours l'impression qu'il avait lui-même dès que cette période approchait. Les fêtes de fin d'année réveillaient leur lot de souvenirs, et si James n'avait encore jamais consenti à s'inspirer de cette ambiance pour créer c'est uniquement parce qu'il n'était pas certain qu'il apprécierait de reposer continuellement les yeux sur des dessins qui lui rappelleraient pourquoi une partie de lui maudissait cette fête. Mais Birdie ne pensait pas à mal, loin de là. Et si quelqu'un pouvait lui sortir ces idées de la tête, c'était bien elle qui savait aussi bien comment parler à son âme de créateur que titiller son esprit joueur. « Est-ce que tu me provoques en espérant que ça me donnera envie de te contredire ? Parce que si c'est le cas... » James revêtit son expression la plus sérieuse. « Ça marche parfaitement bien, félicitations. » Et étira ce petit sourire en coin qu'on lui connaissait chaque fois qu'il éprouvait l'irrépressible besoin de prouver qu'aucun défi était hors de sa portée quand il était question de couture. Il n'en serait pas là aujourd'hui s'il ne s'était pas accroché chaque fois qu'on avait mis sa réussite sur le compte d'un nom un peu trop commode pour briller dans la mode, surtout quand on aspirait à prendre la relève familiale. Son patronyme n'avait toujours été qu'une raison de plus pour lui de se battre contre les préjugés auxquels il s'était confronté et de se réaliser seul, surtout. Alors oui, Birdie était là aussi dans le vrai lorsqu'elle soulignait combien ses prises de risques en avaient valu la peine. James avait construit sa réputation de créateur sur des paris risqués mais gagnants. « Oui, mais même des créateurs au sommet de leur carrière se sont déjà vautrés en se pensant invincibles. J'en sais quelque chose, j'étais toujours aux premières loges pour sabrer le champagne. » Ainsi il ne pourrait sûrement pas en vouloir à ses concurrents de fêter ses échecs s'il se montrait un peu trop gourmand et téméraire – qui sait si certains ne buvaient pas déjà à sa santé depuis que Weatherton subissait une légère perte de vitesse, heureusement enrayée depuis quelques semaines par l'arrivée d'Archie dans l'entreprise. « Quel dommage. » Cette fois encore, son ton exagérément concerné ne tromperait pas Birdie sur le fait qu'il soit en réalité plus soulagé que l'inverse de ne pas être traîné à l'autre bout de la ville pour aller récupérer un sapin. « Il y a deux-trois vieilleries à l'étage, dans des cartons que mon père a tenu à me céder quand j'ai emménagé ici. Ça risque d'être un peu désuet, mais on trouvera le moyen de rafraîchir tout ça. » Ils le savaient mieux que quiconque, après tout, on faisait le plus souvent du neuf à partir du vieux et James n'aurait jamais façonné son style s'il n'avait pas passé sa vie à se nourrir des créations de son grand-père. Les vestiges dont il parlait ici avaient pour beaucoup une valeur sentimentale et familiale, c'est peut être la raison pour laquelle il fourrait rarement son nez dans ces cartons.

L'attention portée à Shady ravit comme chaque fois l'animal, qui non content de tourner autour du sac à main de Birdie paradait aussi sous leur nez avec le besoin de s'assurer qu'aucun mal ne serait dit sur lui au cours des prochaines minutes. James prit sur lui pour ne pas hausser le ton lorsque son chat partit s'enrouler dans plusieurs mètres de tissus heureusement moins délicats qu'ils n'y paraissaient. Et parce que l'animal et son maître avaient définitivement plus en commun que James ne consentirait jamais à l'avouer, ce fut à son tour d'éprouver le besoin d'être conforté dans l'importance qu'il avait aux yeux de son amie. Ce n'était pas comme s'il ignorait pourtant combien Birdie était entourée, et qu'il fallait probablement qu'elle aime la compagnie des trouble-fêtes pour vouloir passer sa soirée en ces lieux. Non pas qu'il s'en plaigne, cependant, le fait qu'il ne soit pas toujours capable d'exprimer ce que représentait pour lui ces moments passés avec elle ne voulait pas dire qu'il ne les chérissait pas, au contraire. « Et la prochaine étape, c'est évidemment de contacter un studio de Cinéma pour leur proposer de faire un film de ton histoire. Oh, ne mens pas, je suis sûr que tu y as pensé. » Et ça l'amusait d'imaginer Birdie raconter partout qu'elle avait survécu à une balle perdue, quand dédramatiser était exactement ce qu'il avait lui-même tendance à faire lorsqu'il pouvait éviter d'affronter la réalité en face. Ce genre d’événements seraient traumatisants pour n'importe qui, mais en ça ils se ressemblaient bien trop pour ne pas se comprendre, quand bien même James ne pouvait pas complètement s'empêcher de s'inquiéter. Birdie était loin d'être le genre de fille à qui on pouvait demander de rester sagement couchée dans un lit d’hôpital à se remettre, et c'est bien pour ça qu'il se devait de s'assurer qu'elle se ménageait plus qu'il ne l'aurait probablement lui-même fait à sa place. Fais ce que je dis, pas ce que je fais... « Comme si tu t'étais vraiment reposée dans cette chambre d’hôpital. Je serais pas surpris d'apprendre que tu faisais tourner le personnel en bourrique pour avoir des bonbons à la place de leurs infames yaourts au citron. » Il fallait reconnaître que ça lui ressemblerait bien, raison pour laquelle les lèvres du styliste s'étaient parées d'un sourire amusé. Oh oui, à la fin c'était probablement les médecins qui avaient fini épuisés et il n'allait pas prétendre qu'il n'aurait pas donné cher pour voir la tornade Birdie révolutionner tout l’hôpital. « C'est ce que font les gens médiocres, ils jalousent. » James haussa les épaules, à peu près certain qu'il y avait une bonne raison pour que Birdie lui parle régulièrement de cette collègue qui semblait prête à lui piquer sa place. Il en avait connu des gens envieux, des personnes pour qui ceux qui réussissaient devenaient des cibles à abattre. L'ombre d'un sourire perça son masque d'imperméabilité et James leva les yeux au ciel, pas surpris que Birdie s'engouffre dans la brèche qu'il avait ouvert sous son nez. « Je compte sur toi pour le répéter mot pour mot à mon biographe quand je serai plus de ce monde et que tu seras la dernière à pouvoir témoigner du fait que j'étais pas qu'un cœur de pierre. » Parce qu'évidemment, dans ce scénario c'était Birdie qui lui survivait et s'assurait que le monde se rappelait aussi de lui comme d'un homme juste et inspiré. James comptait naturellement laisser ses créations assurer sa réputation une fois dans la tombe mais la jeune femme faisait partie des personnes à savoir quel genre d'homme il était dans l'intimité, à savoir un homme secret mais plus affectueux qu'en apparences.

Bien sûr, apporter une bouteille de vin était toujours le gage d'être bien reçu de celui qui assumait volontiers son (léger) penchant pour les bonnes bouteilles, et James n'aurait pas hésité une seconde à prendre son air le plus outré si Birdie avait voulu la garder pour elle seule. Car si elle avait bien raison sur un point, c'était sur le fait qu'elle connaissait ses petites faiblesses et trouverait plus d'un moyen de faire pression sur lui si elle était du genre fourbe – et elle l'était, ils le savaient tous les deux. « Mais je sais que tout au fond de toi ça t'aurait brisé le cœur de jouer ainsi avec mes sentiments. Ne le nies pas, Bird, je sais que tu résistes jamais à mes yeux tristes. » Des yeux tristes qu'en réalité il montrait rarement mais que, bien sûr, il s'empressa d'adopter pour lui donner un petit aperçu du gouffre de douleur (oui, au moins) dans lequel elle l'aurait précipité si elle avait usé de ce stratagème pour obtenir de lui qu'il suive ses précieux conseils. Non pas qu'il n'en ait pas déjà l'intention, mais il avait toujours eu tendance à se faire un peu désirer. James se contenta finalement de hausser les épaules, peu enclin à évoquer davantage ce voisin qui de toute évidence n'avait de goûts assurés ni pour les restaurants où il choisissait d'emmener ses conquêtes, ni pour les robes qu'il choisissait de leur offrir – il était bien sûr d'une objectivité imparable sur ce point, comme le petit sourire amusé de Birdie le souligna subtilement.

Offrir à Birdie de se plier à ses conditions quelles qu'elles soient était évidemment l'assurance que la jeune femme en profiterait pour obtenir de lui ce qu'il n'accorderait à personne d'autre, une chance qu'elle soit depuis toujours dans ses bonnes grâces et ne lui ait encore jamais donné de raison de le regretter – sauf quand elle arrivait en retard à ses défilés, mais James préférait mettre ça sur le compte de la fougue de la jeunesse. Qu'elle soit de deux ans plus âgée que lui n'était qu'un détail, oui. « Si je comprends bien, t'es entrain de me proposer de m'assister à la direction artistique de mon prochain défilé. » Un poste que James n'offrait jamais facilement, lui qui avait toujours une vision très carrée de ce qu'il voulait pour la mise en scène et les tableaux dans lesquels apparaîtraient ses créations. Ça n'était pas pour rien s'il déléguait toujours si peu. « J'admets que ton brin de folie pourrait m'être précieux, si tu arrives à gérer ton temps pour être à la fois sur le podium et en coulisses. Mais si y'a bien quelqu'un à qui un défi risque pas de faire peur, c'est toi. » Et elle le verrait à son sourire entendu, qu'il avait toute confiance en elle pour l’épater. S'il est vrai que Birdie le connaissait mieux que beaucoup de personnes, l'inverse était vrai et l'insubordination dont la jeune femme pouvait parfois faire preuve ne saurait faire oublier ses nombreuses qualités. Birdie était une passionnée, quelqu'un qui fourmillait d'idées et pour ça, James était convaincu qu'elle pourrait être une alliée de choc, à l'essai, lors de son prochain show. Birdie disait envier son bazar et James laissa son regard balayer le salon en songeant qu'il ne pourrait pas éternellement en faire la continuité de son atelier, où il passait bien assez de temps comme ça sur ses heures de travail. C'était la période qui voulait ça, ses soirées lui servaient volontiers à avancer sur des commandes et comme bien souvent dans ces cas-là, les conseils de Birdie éclairaient son regard et lui faisaient voir les choses sous une perspective différente, bienvenue dans ce cas précis. « Un col plus plongeant brodé au fil d'or pour apporter juste ce qu'il faut de relief au tailleur, avec un discret rappel au bas des manches. Oui, je crois qu'on tient quelque chose si on met nos idées en commun. » Il visualisait le rendu comme s'il avait déjà le modèle sous les yeux, imaginant quels détails souligner pour parfaire la silhouette de la présentatrice. « Je modifierai les dessins et je te les enverrai pour que tu me donnes ton avis. » Ce qui, dans le langage de James, revenait à dire qu'il lui accordait une confiance rare et aimait l'idée de l'impliquer dans le processus de création. Il passerait encore des jours sur ces dessins mais sentait se rapprocher le moment où il serait enfin pleinement satisfait de sa proposition.

« Mais ça, ce serait pas du tout ton genre. » Son regard raccrocha le sien avec un soupçon de malice, moment que le styliste choisit pour lui faire une proposition qui le titillait sans doute depuis un bout de temps. Les visites nocturnes de Birdie et son enthousiasme débordant chaque fois qu'elle reposait les yeux sur cet immense bric-à-brac de tissus mettait toujours un peu de gaieté dans cette maison qui en avait bien besoin. Alors il ne le nierait pas, ça lui ferait plaisir de l'accueillir encore un peu plus souvent, sa lumière étant une source d'inspiration comme il en avait rarement connu. Mais plus important encore, elle faisait partie des rares personnes à voir plus qu'un tas de tissus en désordre lorsqu'elle regardait à travers ce salon. Birdie voyait plus loin, elle voyait une liste infinie de possibilités et c'était ce regard toujours ouvert sur tout qui le captivait et faisait d'elle la meilleure compagnie qu'il puisse avoir lorsqu'il créait. « Et j'imagine que l'idée sera pas pour déplaire non plus à Shady. » Après tout, personne dans ce salon n'ignorait plus que l'animal ne sortait jamais aussi rapidement de sa cachette que lorsque Birdie leur rendait visite. D'un tempérament variant avec ses autres invités, son chat réservait en revanche à la blonde un accueil chaleureux chaque fois qu'elle passait le pas de la porte. « J'ai omis de préciser que cette proposition s'accompagnait de la possibilité de commander une pizza. Ça passe très bien avec le vin. » Et l'once d'un sourire fendit le coin de ses lèvres lorsque James songea qu'Alessandro aurait probablement appuyé cette affirmation s'il avait été là. « A garder à distance des rouleaux de tissus et surtout, surtout, de mes dessins bien sûr. » Mais elle savait déjà tout ça, Birdie, tout comme elle savait qu'ils étaient probablement un peu dérangés pour penser qu'une pizza se fondrait dans ce tableau fait de soie, flanelle et dentelles variées. What could possibly go wrong?
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty
Message(#)i'm only me when i'm with you (weatherburry) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

i'm only me when i'm with you (weatherburry)