Trois semaines plus tôt, il a fêté son trentième anniversaire. La veille, Matt s’est marié. Les deux n’ont sûrement aucun rapport mais il ne peut pas s’arrêter de lier une information à l’autre, estimant que si son frère s’est marié et est semble-t-il heureux, alors il est officiellement le dernier McGrath qui ne sait pas s’y prendre à ce propos. Ginny aussi est heureuse. Pas mariée, mais heureuse. Il en est de même pour Jill. Elle, elle ne le lui dira jamais de cette manière mais il le comprend et le voit sur son visage de démon. Ils sont tous heureux, ils sont tous réussi. Sauf lui, la parfaite petite exception confirmant donc la règle. Il est arrivé d’Angleterre pour bouleverser leurs vies et leurs quotidiens et finalement il est le seul à fausse toutes les statistiques de la famille ; il est l’avorton même pas capable de suivre le rythme imposé par ses aînés. Loin de lui l’idée de leur en vouloir pour quoi que ce soit et bien au contraire, il leur souhaite à tous de nager dans le bonheur pour longtemps encore, mais à son tour il ne sait que nager dans l’alcool.

Puisque sortir au DBD serait tout bonnement impensable, l’anglais préfère faire travailler la concurrence pour une fois et se rend donc au Canvas, par défaut et avec peu d’entrain. Cela ne l’empêche pas de cacher tout ce qu’il peut bien ressentir, par ailleurs, puisqu’il a un éternel sourire entouré de ses fossettes pour faire face à tous les aléas de la vie. Il sourit en passant la porte, il sourit en passant sa commande. Il sourit en entendant les conversations anodines d’autrui - lesquelles il ne devrait pas écouter, certes, mais hey, il reste humain. Au delà de ça, il reste surtout une personne incapable de montrer la moindre de ses fêlures en public, de peur qu’elles soient finalement étirées, empirées. Utilisées.

Le noisette de ses yeux se déporte sur tout le bar alors qu’il ne sait pas même ce qu’il cherche. Il ne veut pas repartir avec qui que ce soit à son bras, c’est au moins une certitude. Il ne veut pas non plus parler de lui, cela va de soi. Il ne veut pas récupérer une épave parce qu’il n’aura pas les épaules pour cela. Il a besoin de boire et de faire semblant de parler de sujets qui le méritent, voilà tout. Pour ce rôle, n’importe quelle approche lui semble être la bonne (ou la moins pire (pas si pire ?)) et c’est donc la raison pour laquelle il ne prend pas même la peine de bouger de son tabouret pour s’amuser de la commande de son voisin. Il est un enfant avec tout, Swann, et l’entendre commander un soda à cette heure de la soirée suffit à le faire rire doucement. “Vraiment ?” Il ose, un sourire au coin des lèvres, un ton tout sauf accusateur au bout de ses mêmes lèvres. “C’est le moment de dire que t’es un influenceur et que tu fais ça parce que Coca-Cola te sponsorise.” Il est trop doux et le voilà déjà qui lui invente des excuses assez grosses pour qu’elles puissent éclipser la vérité. L’homme est seul et lui aussi et autant de temps que cela durera, cela ne coûte rien d’essayer de faire un peu la discussion. Au moins, il l’a déjà fait sourire. "Après ça, vous n'avez pas le droit de dire que ce sont les Anglais qui ont des goûts douteux." Ce sont les Australiens qui font cuire tout et n'importe quoi sur leurs barbecues, après tout.

Bientôt deux mois qu'il est ici. Deux mois qu'il est rentré dans cette ville qu'il aime tant. Sa ville qui lui a horriblement manqué pendant cinq ans. Pourtant, il ne se sent pas aussi bien qu'il l'espérait. Sûrement qu'il a mis trop d'attente dans son retour ici et que la déception est plus grande qu'il ne le montre. Son père ne lui parle toujours pas, Adriel refuse de le voir, Ava lui a raccroché au nez. Des petits événements qui, une fois mis bout à bout, le démoralise. Il a fait de gros efforts, il a changé, il n'est plus le même, mais personne ne veut le voir. Personne ne veut le croire. Cette image de drogué alcoolique lui colle à la peau et il a la sensation qu'il ne pourra jamais l'enlever. Au fond, s'il replongeait, peut-être qu'il pourrait enfin attirer l'attention de tout le monde. Il y pense parfois. Souvent en réalité ces derniers jours. Il sait que c'est normal d'avoir des moments de doute, ces moments où la moindre petite parole de travers pourrait lui faire ouvrir une bière. Ou se planter une aiguille dans le bras. Pour retrouver la sensation d'avant, pour réussir à oublier le temps de quelques instants cette vie bien moins heureuse que voulu.

Alors ce soir, il sort encore dans un bar de la ville. Il a choisi le Canvas, sans vraiment de raisons, juste car il teste tous les bars de Brisbane. Ou plutôt, tous les Coca. Parce qu'il ne boit pas, il ne flanche pas. Mais il se retrouve quand même assis au comptoir de ce bar le regard fixé sur toutes les bouteilles d'alcool. Sûrement qu'il aime se torturer le brun, tester toujours plus ces limites. Ce que c'est stupide de se retrouver seul dans un bar, l'esprit torturé, sans pouvoir consommer d'alcool. Mais s'il craquait, qui le saurait ? Il pourrait le cacher, ne rien dire à personne et juste profiter de cette soirée. Comme une pause méritée après trois ans à tenir fièrement. Une seule soirée de décadence. Mais il est sorti de ses pensées qui deviennent de plus en plus sombres par une voix inconnue. "Vraiment ?" Les sourcils froncés, il relève les yeux vers cette personne, sans comprendre ce qui se passe. "C'est le moment de dire que t'es un influenceur et que tu fais ça parce que Coca-Cola te sponsorise." Un sourire s'affiche sur les lèvres de Maxence. Un sourire franc qu'il ne pensait pas pouvoir avoir ce soir. Un sauveur inattendu alors que cette envie de céder devenait de plus en plus forte. « Je suis déçu que ma couverture soit détruite si vite. » C'est toujours surprenant pour les autres de le voir avec un coca dans les mains. Personne ne vient dans un bar pour payer un verre de coca qui serait moins cher chez soi. Il le comprend et il ne peut pas en vouloir aux gens de ne pas comprendre. "Après ça, vous n'avez pas le droit de dire que ce sont les Anglais qui ont des goûts douteux." Un touriste en Australie ? Peut-être bien. Une chose est sûr, il ne l'avait encore jamais vu dans ce bar ou un autre. Il n'a jamais été du genre à juger les goûts culinaires des autres pays, sûrement car il n'a jamais eu l'occasion de voyager pour goûter de lui-même les spécialités de chacun. « Je suis pas un expert de vos spécialités, mais vous avez la gelée. » Sûrement l'une des rares choses qu'il connaît de l’Angleterre. Autant dire qu'il n'a pas un niveau très élevé sur le domaine. « Il faut avouer que ça ne donne pas envie quand même. » Pourtant il n'est pas difficile avec la nourriture. Il aime tout et il ne dit jamais non pour goûter de nouvelles choses. Mais ça, rien que l'aspect ne lui donne absolument pas envie.

Swann est doux et avenant et il a même appris à faire la discussion à des murs pendant les soirées où il avait trop bu - et sans doute un peu testé d’autres choses -, alors parler à un être humain fait de chair et de sang qui a la possibilité de pouvoir lui répondre est d’une facilité sans nom. Il a l’air de juger mais il n’en serait rien, pourtant. Bien placé pour savoir que les mots ont bien plus d’impact sur les Hommes que ces derniers ne veulent bien l’avouer, il essaye toujours de rester à la place qui est la sienne et à espérer qu’un simple sourire orné de fossettes agisse comme un cataplasme suffisant. « Je suis déçu que ma couverture soit détruite si vite. » L’inconnue joue aisément le jeu, rendant l’anglais heureux que sa blague ait été bien reçue. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour personne, cependant, parce qu’il ne risque toujours pas de remettre son humour bancal en doute.

Il relève l’étonnement du brun lorsqu’il lui annonce être anglais mais ne le soulève pas. Il pensait être spotted au moindre mot sortant de sa bouche mais de savoir que son accent puisse finalement se mêler à ceux des australiens n’aurait rien de mal, et bien au contraire. Se fondre dans la masse est tout ce dont il rêve et à ainsi lui parler pour qu’aucun ne soit une âme isolée est une partie du processus. Personne ne vient dans un bar pour rester seul - le canapé du salon est là pour ça. « Je suis pas un expert de vos spécialités, mais vous avez la gelée. » Touché. La fierté nationale est aussi tout ce que tous les étrangers du monde détestent, tant et si bien qu’il a appris que ce qu’il prenait pour un compliment il y a quelques années encore est en réalité le pire reproche qui soit. “Tu vas prendre peur si je te fais la liste de nos spécialités.” Il avance en rigolant, pourtant plutôt bien sérieux. Apparemment, même au sein du Commonwealth les pays ne mangent pas tous la même chose et le sien apparaît éternellement comme le mouton noir de la bande. « Il faut avouer que ça ne donne pas envie quand même. » Swann sourit sans se forcer, réellement amusé des remarques du jeune homme, lesquelles sonnent presque enfantines. Il a l’air de préparer le terrain pour mieux en arriver au fameux “non j’ai pas trop faim” pour ainsi refuser le plat proposé. “On a tout misé sur La Reine. Pour le reste, il a fallu improviser.” Et il parle de sa chère Elisabeth II dès qu’il en a l’occasion, Swann, c’en est presque affolant. Rory connaît désormais sa biographie par cœur et s’ils avaient adopté un animal à un moment donné, il aurait insisté pour le nommer comme l’un des Corgie de la tête couronnée. Non pas qu’il soit fanatique, simplement patriote. Promis, il avait l’air moins fou en Angleterre. “Personne n’a jamais été attaqué par une bouteille à ma connaissance, tu sais, t’es pas obligé de les dévisager comme ça.” Il reprend, son sourire un peu moins prononcé, alors qu’il pointe les étagères pleines de boissons d’un simple coup de la tête. Swann s’en moque bien qu’il commande du soda, de l’alcool ou bien du sang de chèvre, ce ne sont pas ses affaires et il ne s’en mêlera pas non plus. “Swann. Quand tu voudras parler de l’inconnu qui t’a tapé la discut’ à l’improviste.” Vieux-jeu, il lui tend même la main pour le saluer comme il se doit.

Quand il y pense, c'est la deuxième fois depuis qu'il est rentré qu'un inconnu vient l'aborder dans un bar. Est-ce qu'il intrigue, seul assis au comptoir, un verre de coca à la main ? Est-ce qu'il a une tête de personne gentille qui donne envie de lui parler ? Il en sait rien le brun. Mais ça ne le dérange pas de faire de nouvelles rencontres, même si c'est seulement le temps de quelques heures. Peut-être qu'il ne reverra plus jamais cette personne après ça. Il le pense encore plus quand il apprend qu'il est anglais, se disant tout de suite qu'il est un touriste en Australie. D'autant plus qu'il a l'air d'être aussi seul que lui ce soir. “Tu vas prendre peur si je te fais la liste de nos spécialités.” Ca le fait rire de l'entendre dire ça. Il sait que les spécialités d'Australie ne sont pas les plus appréciés non plus. Chaque pays à ses petites habitudes qui rebutent les autres. « Tu veux me faire peur pour que je n'aille jamais dans ton pays ? » Qu'il lui demande en souriant. Il en faudrait bien plus pour effrayer Maxence. Ce n'est pas de la simple nourriture qui l'empêchera d'aller quelque part. Mais voyager ne fait pas réellement parti de ces plans à l'heure actuelle même s'il espère pouvoir le faire un jour. Ca reste toujours un projet quelque part dans un coin de sa tête. Les rêves permettent d'avancer dans la vie, toujours plus loin, pour tenter de les atteindre. “On a tout misé sur La Reine. Pour le reste, il a fallu improviser.” Le brun se met à rire à ses mots. Il se demande s'il est un réel fervent de la Reine, s'il est attaché à elle comme ils ont l'air de tous l'être dans son pays. Ca a toujours intrigué Maxence toute cette effervescence autour de cette chère Reine. Sûrement parce qu'il ne peut pas le comprendre. « Je dois avouer que le coup de la Reine, c'est bien joué. Je ne peux que m'incliner. » Il va jusqu'à mimer ces mots, s'inclinant légèrement face à lui, un sourire aux lèvres. Quand il va mal, il tente toujours de le cacher par l'humour. Parce qu'il n'a pas envie de montrer à un inconnu qu'au fond de lui, tout s'effondre. Que tout ça n'est qu'une façade pour paraître être une autre personne. Mais son regard a l'air de le trahir malgré lui, il s'en rend vite compte. “Personne n’a jamais été attaqué par une bouteille à ma connaissance, tu sais, t’es pas obligé de les dévisager comme ça.” Il ne peut pas s'empêcher de fixer ces bouteilles. Son regard reste attiré par tout cet alcool à porter de main qu'il se retient de commander. Soit cet inconnu est très observateur, soit il ne se rend même pas compte qu'il est loin d'être discret. « Je suis barman, déformation professionnelle. » Qu'il tente le plus naturellement du monde. Est-ce que c'est crédible ? Il en a aucune idée, il n'a juste rien trouvé de mieux à dire pour se justifier. Bien qu'il n'avait aucune raison de se justifier, il s'est senti obligé de le faire. “Swann. Quand tu voudras parler de l’inconnu qui t’a tapé la discut’ à l’improviste.” Il tourne la tête en sa direction, se rendant compte qu'il lui tend la main, ce qui le fait sourire une nouvelle fois. « Maxence, l'homme étrange au coca dans un bar. » Qu'il répond en lui serrant la main. C'est bien pour cette raison qu'il est venu vers lui, qu'il lui a parlé. Il va finir par croire qu'en étant plus alcoolique, il a plus de facilité à parler avec les autres. Tout du moins, à tenir une vraie discussion dont il va pouvoir se souvenir le lendemain. « Dis-moi, t'es de passage ici ? » Ca l'intrigue, il allait bien finir par poser directement la question. Peut-être aussi pour savoir s'il risque de le recroiser dans Brisbane ou non.

La discussion est simple et quand bien même ils ne risquent pas de refaire le monde, même armés de Coca, il n’en reste pas moins que Swann ne peut nier être simplement heureux de passer quelques instants en sa compagnie. Rien ne paye de mine mais il pense qu’ils sont bien mieux à se raconter des banalités sur leur vie plutôt qu’à ruminer chacun dans leur coin en silence. L’inconnu se fait aisément le reflet de lui-même et autant dire que c’est sûrement tout sauf une bonne nouvelle ou un compliment pour lui. Après tout, l’anglais a rompu avec une personne qu’il aimait et continue encore sincèrement d’aimer et il ne peut purger cette peine puisqu’il ne peut en parler à personne. Il essaye donc de trouver des substituts comme il le peut et si pour cela il faut retrouver des habitudes oubliées lorsqu’il a quitté Londres il y a trois ans de cela, alors soit. « Tu veux me faire peur pour que je n'aille jamais dans ton pays ? » Il lui sourit, alors le blond en fait de même en retour, sans même avoir à y penser. Il n’est pas du genre à broyer du noir - pas en public, en tout cas - et il sait bien qu’un sourire ne coûte rien mais peut parfois apporter bien plus qu’on ne le pense. “Mon plan a été découvert, mince.” Cela va de soi qu’il ne voudrait pas dire à personne de ne pas visiter l’Angleterre, mais si cela peut lui donner l’occasion de place une énième blague de plus qui n’en a que le nom alors il ne se fait prier pour le faire de bon cœur.

L’Angleterre, donc. Parler de la Mère Patrie ne ramène jamais de bons souvenirs en lui mais puisqu’il a lancé le sujet de lui-même, Swann ne fait rien pour le dérouter non plus. Après tout, cela n’est l’histoire que de quelques minutes tout au plus, il est bien capable de le supporter. « Je dois avouer que le coup de la Reine, c'est bien joué. Je ne peux que m'incliner. » Sa référence est presque parfaite et pour peu l’anglais de souche en serait jaloux. Heureusement qu’il rigole bien avant d’avoir le temps d’afficher une mine outrée, laquelle n’aurait de toute façon pas été crédible. “Avoue t’as pris des cours au siècle dernier pour faire ça.” A son tour de se moquer un peu trop rapidement de son collègue d’un soir. C’est facile, c’est bas, et surtout ça a pour but d’être amusant et de lui dérober un sourire de plus. Il les a faciles, c’est au moins ça. Ce sont des qualités que Swann sait reconnaître rapidement et surtout apprécier.

« Je suis barman, déformation professionnelle. » - “Vraiment ? Au temps pour moi.” Swann ne cherche pas à démêler le vrai du faux et s’il souhaite lui faire croire qu’il est barman alors il croira qu’il est barman. Il ne cherchera pas à le mettre face à ses mensonges ce soir. Il ne le connaît pas le moins du monde, après tout, et ce serait horriblement mal venu de sa part que de vouloir redresser tous les êtres en mauvaise posture du pays. Qu’il s’occupe de lui-même serait déjà un bon début et rien que pour ça, il a encore beaucoup de travail devant lui. « Maxence, l'homme étrange au coca dans un bar. » Il lui sert la main chaleureusement, bien que ça aussi, ça appartienne au siècle dernier. Plus encore dans les bars où chacun préfère les embrassades et autres accolades, observer des personnes se serrer la main est tout sauf naturel. Parfois, pourtant, il aime bien ses habitudes de vieux-jeu un peu dépassé par tout ce qu’il se passe aujourd’hui. “Ça sonnerait bien dans n’importe quelle situation, j’en suis certain.” Du CV au profil Tinder, il est certain que “Maxence, l’homme étrange au coca dans un bar” pourrait haranguer les foules sans aucun mal. « Dis-moi, t'es de passage ici ? » Swann secoue doucement la tête tout en buvant quelques gorgées de son verre, ses lèvres posées sur la paille à laquelle il s’accroche telle une bouée de secours - comme quoi, il lui en faut vraiment peu. “Je suis venu habiter ici il y a trois ans. Mais ouais, j’arrive toujours pas à me débarrasser de l’accent.” Il ne prend pas mal le fait qu’on le prenne encore et toujours pour un touriste, bien au contraire. Cela n’a rien de négatif à ses yeux, et s’il devenait un peu plus utopique encore il pourrait dire qu’après tout, les deux pays appartiennent au Commonwealth et ne font qu’un. Presque. Bon ok, l’important c’est d’y croire - et de participer, mais ça tout le monde le sait. “Tu le prends mal si je te dis que tu n’as pas l’air d’être du coin, toi non plus ?” Ou pas à sa place, en tout cas. Du pareil au même, non ?

Au fond, si Maxence se retrouve régulièrement seul dans des bars, c'est peut-être pour qu'un inconnu lui fasse oublier sa vie le temps d'une discussion. Une discussion banale qui le sort de ses pensées et l'empêche de continuer à voir la vie en noir. Parce qu'il n'ose pas parler à sa famille ni même à ses amis de ce qu'il ressent. Il a peur qu'ils soient bien trop inquiets, qu'ils se remettent tous de nouveau sur son dos à le juger et le surveiller comme un enfant de quatre ans. Il préfère éviter ça et continuer de laisser ses pensées se bousculer, peu importe ce que ça pourrait lui coûter dans le futur. “Mon plan a été découvert, mince.” Le brun rit légèrement à ses mots, attrapant son coca pour en boire une gorgée. Cet inconnu lui fait du bien sans même le vouloir. On ne peut pas dire qu'ils ont une conversation qui va changer le monde mais Maxence n'en demande pas plus. Ils discutent de l'Angleterre, un pays qu'il connaît très peu au final et auquel il ne s'est jamais intéressé. Le brun taquine, en toute sympathie, se rendant bien compte qu'il avait l'air comme lui sur ce point-là. Il faut croire qu'ils ont tous les deux besoins de rire et de parler de sujet léger ce soir. Il se risque même à tenter une révérence, peut-être risquer face à un anglais qui a l'air bien attaché à son pays et ses traditions. Heureusement pour lui, il arrive à le faire rire. “Avoue t’as pris des cours au siècle dernier pour faire ça.” Il ne perd pas son sourire Maxence, amusé de la situation. « Exact. J'ai attendu des années ce moment pour impressionner un anglais. » Autant continuer sur sa lancée. Il ne lui en faut pas beaucoup de toute façon. Rien que de voir la personne à ses côtés être réceptive lui suffit.

Pensant être discret en regardant toutes ses bouteilles face à lui, il se tente à dire qu'il est barman comme pour éviter des questions qui pourraient être désagréables. “Vraiment ? Au temps pour moi.” Ca a l'air d'avoir fonctionné. Ou alors c'est de la simple politesse et il ne cherche pas à mieux comprendre, ce qui lui convient aussi totalement. Il ne poussera pas dans ce sujet de discussion, simplement car il a toujours peur du regard des autres. Peut-être que c'est idiot mais il a souvent l'impression que le regard des inconnus changent quand ils comprennent ce qu'il a été. Ca a beau appartenir au passé ça le rattrape toujours d'une manière ou une autre, qu'il le veuille ou non. Les présentations faites, il lui sert la main comme dans l'ancien temps. Cet inconnu qui commence doucement à ne plus l'être au fil des minutes qui passent et des discussions qui continuent. “Ça sonnerait bien dans n’importe quelle situation, j’en suis certain.” Un nouveau rire sort d'entre ses lèvres, se disant que ça va finir par être son nouveau surnom officiel. Absolument toutes les personnes qui le connaissent s'amuse de ça alors il n'est pas étonné qu'un inconnu le fasse aussi. Décidant de s'intéresser à lui pour découvrir s'il est un touriste ou non, il tourne légèrement son regard vers Swann. "Je suis venu habiter ici il y a trois ans. Mais ouais, j'arrive toujours pas à me débarrasser de l'accent." Raté. Il aurait pu le comprendre de lui-même cependant, il ne ressemblait pas à un touriste ne sachant pas exactement ce qu'il fait ici. D'autant plus que les touristes sont rarement seuls quand ils viennent ici. « C'est pas dérangeant je trouve. Ce n'est pas un accent désagréable à entendre. » Encore et toujours des banalités, même s'il le pense réellement. Ce serait dommage de perdre la dernière petite chose qui le rattache à son pays d'origine.

“Tu le prends mal si je te dis que tu n’as pas l’air d’être du coin, toi non plus ?” On pourrait dire qu'il perd son sourire le brun, ses yeux concentrés sur son verre de coca, qu'il préfère ne pas relever vers Swann. Comme si son regard pouvait trahir toutes ses pensées. « Je ne le prends pas mal, non. Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » Où est-ce qu'il a fauté ? Qu'est-ce qui le trahit ? Pourquoi tout le monde a l'air de pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert ? A croire qu'il le fait exprès car il a envie de parler. Qu'il en a besoin bien plus qu'il ne veut l'admettre. « En réalité tu as raison. Je n'ai rien à faire ici. » Il ne devrait pas aller dans des bars, il le sait. Encore moins seul, encore moins quand il n'est pas au plus haut niveau de son bonheur. Mais c'est une mauvaise habitude dont il a du mal à se débarrasser. Avant, dès qu'il allait mal, la solution de facilité se résumer à aller dans un bar pour boire à outrance jusqu'à oublier. Maintenant, il ne sait même pas pourquoi il y va. « Dis-moi, Swann, tu penses qu'il est possible de changer la personne qu'on a toujours été ? » Qu'il demande en relevant enfin les yeux vers lui. Est-ce qu'il le test pour savoir sa façon de pensée ? Sans aucun doute.

Le sourire en berne du brun trahit le fait que Swann semble avoir visé juste. Les raisons pourraient être différentes sur des milliers de points et l’anglais n’a aucune idée de laquelle serait la plus proche de la réalité. Maxence n’a pas l’air d’appartenir à ce genre de lieu et à ses yeux ce n’est en rien un reproche, pourtant une part de lui sait déjà qu’il vient d’appuyer sur un point sensible bien malgré lui. Il en a lui aussi bien trop en retour pour l’avoir fait intentionnellement, il ne sait que trop bien quel est le sentiment ressenti lorsqu’on est dos au mur et qu’on sent l’étau se refermer sur soi et le souffle venir à manquer. « Je ne le prends pas mal, non. Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » Lui répondre qu’il a l’air d’observer un miroir lorsqu’il pose ses yeux sur lui ne serait pas une bonne réponse. En réalité, ce serait tout sauf une bonne réponse, surtout alors qu’il aurait l’air d’être un creep en plus du reste. Non, vraiment, il vaut mieux se contenter de la version soft mais non moins véridique. “Je sais pas. C’était une intuition.” Il y a de ça aussi, et il a l’air de ne pas avoir visé bien loin de la vérité.

Maxence n’a pas besoin de bien longtemps avant de répondre à la question rhétorique de l’anglais, lequel le laisse parler sans faire le moindre bruit ni même tenter de l’interrompre. « En réalité tu as raison. Je n'ai rien à faire ici. » Son propre sourire se veut bien moins immense et il se confond peu à peu avec les meubles et le comptoir pour ne pas se faire remarquer. Il hoche même doucement de la tête, comme s’il pouvait comprendre ce que le brun est en train de lui dire alors qu’il n’est pas dans sa tête et qu’il ne le connaît même absolument pas. “Ce n’est pas ce que je voulais dire.” Se reprendre sur ses mots est la première chose qu’il fait, bien plus par habitude qu’autre chose. Il veut lui faire comprendre qu’il n’est pas en train de le chasser d’ici et que quiconque aurait le droit d’y venir. Il ne se prend pas pour quelqu’un de supérieur, c’est aussi ce qu’il souhaite de rectifier maladroitement. “Pourquoi tu penses ça ?” Pourquoi est ce qu’il ne pense pas être à sa place ? Pourquoi est-ce que cela a l’air d’être aussi important pour lui ?

« Dis-moi, Swann, tu penses qu'il est possible de changer la personne qu'on a toujours été ? »

La question lui aurait généralement demandé de longues heures de réflexion, le tout pour qu’il finisse par utiliser des mots éternellement maladroits et des tournures de phrases qui l’auraient été tout autant. Puisqu’il n’a pas autant de temps devant lui, il passe donc directement à la partie maladroite de l’équation. “Je suis un partisan du “si on veut on peut”. Et j’ai foi en les gens.” S’il blâme Maxence alors il serait forcé de blâmer tout le monde pour les mêmes problèmes, ce qui lui semble tout bonnement impensable. Rory est sali dans les journaux qui le présentent comme une personne qu’il n’a jamais été, alors observer le problème d’un angle différent a quelque chose d’ironique - en plus d’être bien évidemment douloureux. “Même ceux que je ne connais pas.” Cette fois-ci il reprend doucement son sourire dans le but de rassurer l’inconnu. Il ne sait pas si cela a l’effet escompté mais il tente de tout son coeur que ce soit le cas. “Peu importe ce que tu veux changer, t’as l’air d’en avoir vraiment envie. C’est tout ce qui compte.” Il espère simplement ne pas être en train de parler à un pédophile ou un tueur en série, parce que là vraiment il s’en voudrait de dire de telles choses. Pour tous les autres problèmes qui peuvent exister, pourtant, il reste persuadé que chacun a le pouvoir de changer qui il est.

Il n'est plus aussi à l'aise qu'au début Maxence. Presque gêné quand il comprend que ça se voit qu'il n'est pas à sa place. Même si en réalité, c'est assez flagrant. Seul dans un bar sans au moins un verre d'alcool entre les mains, c'est étrange. S'il buvait, ça passerait mieux, les personnes autour de lui se poseraient sûrement moins de questions. Alors qu'avec son coca, il ne passe pas inaperçu au milieu des fêtards. “Je sais pas. C’était une intuition.” Une très bonne intuition dans ce cas-là. Ses doigts glissent sur son verre, son regard le fixant alors qu'il se perd dans ses pensées. Pour le moment, il n'ose pas réellement relever les yeux vers Swann. Il a déjà peur de pouvoir voir dans ses yeux que son regard sur lui a changé. Comme s'il avait tout compris, que la vérité l'avait frappé directement rien qu'à ses mots. Et il n'a pas envie de ça. Il regrette presque la discussion tout en légèreté et banalité qu'ils avaient encore il y a seulement quelques minutes. C'était bien plus simple pour lui à gérer.

Alors il se contente de répondre, d'avouer, presque plus pour lui-même que pour Swann. Même après trois ans à tenir, il sait qu'il n'a rien à faire ici. Ce n'est pas une bonne idée de tenter le diable quand on peut l'éviter. Se jeter dans la gueule du loup est stupide. “Ce n’est pas ce que je voulais dire.” Il affiche un sourire, comprenant très bien ce qu'il veut dire. Il pourrait lui dire une nouvelle fois qu'il ne le prend pas mal, que ce n'est pas grave de penser ça mais il ne dit rien. Préférant se demander s'il doit continuer de rester assis devant ce comptoir ou finir son verre et quitter les lieux le plus rapidement possible. “Pourquoi tu penses ça ?” C'est trop tôt. Trop tôt pour les confidences, trop tôt pour avouer la totalité de ce qui le tracasse. Pourtant, il n'est qu'un inconnu au milieu des autres. Une personne qu'il a peu de chance de revoir un jour tant la ville de Brisbane est immense. Mais rien n'est impossible alors il reste prudent. « Disons simplement que je ne viens pas ici pour les bonnes raisons. » Seulement par défi. Parce qu'il n'a pas d'autres endroits où aller. Que les bars ont toujours été son refuge pendant des années quand il allait mal. Cette solution de facilité à tous ces problèmes. Bien que maintenant les bars font plutôt parties intégrantes de ses problèmes.

Ses yeux se relèvent finalement vers Swann alors qu'il attend patiemment sa réponse. Une question loin d'être anodine pour lui, qui lui permettra de juger sa réponse et sa façon de pensée. “Je suis un partisan du “si on veut on peut”. Et j’ai foi en les gens.” Est-ce qu'il est du genre à toujours voir le positif chez les autres ? Maxence essaye d'être comme ça depuis quelque temps déjà. Il tente de toujours s'accrocher à toutes les petites choses positives qui l'entourent en espérant que ça suffira. “Même ceux que je ne connais pas.” Le sourire de Swann est contagieux et rassurant. Il a bien compris qu'il dit ça pour qu'il soit moins sur la réserve avec lui. Au fond, il a peut-être ses secrets lui aussi. Tout le monde a un passé plus ou moins joyeux et glorieux. De quel clan fait partie Swann ? “Peu importe ce que tu veux changer, t’as l’air d’en avoir vraiment envie. C’est tout ce qui compte.” Là, il ne peut s'empêcher de rire légèrement. Certainement car il a entendu cette phrase bien trop souvent. Tout est dans le mental, tout peut changer si on le décide réellement. « Au fond, je sais que t'as raison. Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça ne peut pas être aussi facile. » Même si les choses changent, qu'il change, ça n'efface pas le passé. C'est sûrement le plus grand problème de Maxence qui se rattache toujours à celui qu'il a été. Cet homme qui a fait souffrir tous ses proches sans même s'en rendre compte. « Tout du moins, changer c'est faisable. Mais ça ne retire pas son passé et les mauvaises choses qu'on a pu faire. » Il a besoin d'être pardonné pour avancer. Par ses parents, son frère, Ava. Ca va être un long combat, ça ne se fera pas du jour au lendemain mais il a l'intention d'y arriver. Son attention retourne sur Swann alors qu'il se rend compte qu'il doit être un peu perdu. Et réfléchir à ce qu'il a pu faire, s'imaginant peut-être des choses bien plus horribles que la réalité. « Je ne bois pas du coca par plaisir. » Qu'il lance en captant son regard, espérant qu'il comprenne sans qu'il n'ait besoin de le dire clairement.

Swann jette une bouée à la mer sans savoir s’il l’attrapera. Ce n’est pas un test, ce n’est pas un exercice non plus. Il souhaite simplement savoir quel genre de personne il a face à lui, non pour mieux la juger et la cerner ensuite mais simplement pour savoir quel genre de sujet aborder et surtout sous quel angle. Parfois, se censurer n’a rien de négatif. « Disons simplement que je ne viens pas ici pour les bonnes raisons. » Étrangement, même si Swann ne répond rien à cela, il trouve tout de même le temps d’en sourire alors qu’il reprend une gorgée de son verre. Ne pas venir pour de bonnes raisons est une chose mais l’avouer aussi simplement en est une autre. A ses yeux, c’est surtout une marque de courage qu’il sait apprécier à sa juste valeur. Il n’en aurait pas été capable, lui, en tout cas.

La plupart se mettent à rire dès qu’ils laissent Swann et son discours utopiste  se métamorphoser en mots pendant plus de deux minutes. Maxence ne déroge pas à la règle mais cela reste sans que l’anglais n’en vienne à être vexé. « Au fond, je sais que t'as raison. Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça ne peut pas être aussi facile. » A cela la réponse est simple (paradoxalement) et évidente. “Ça ne l’est pas.” Cela ne l’est jamais. Peu importe le sujet et peu importe sa portée, changer ses habitudes ou même se changer soi-même ne peut évidemment pas être facile. Il n’a pas réellement d’exemple à donner mais pour l’avoir à peine expérimenté, il pense comprendre la situation. Cela ne sert à rien de dépeindre une parfaite scène à l’inconnu assis face à lui ; il se rendra compte de la vérité tôt ou tard. « Tout du moins, changer c'est faisable. Mais ça ne retire pas son passé et les mauvaises choses qu'on a pu faire. » Malheureusement, il a raison. Il sait qu’il ne pourra jamais défaire le mal qu’il a fait à Rory et les mots qu’il a eu à son égard, tout comme les films expliquent bien qu’on ne peut ramener personne à la vie. A ses yeux, c’est du pareil au même, c’est tout aussi important. “Ça te permet d’essayer d’aller de l’avant.” Se morfondre sur son sort ne changera rien non plus et l’homme a l’air bien placé pour le savoir, tant et si bien que Swann n’appuie pas ce point non plus. « Je ne bois pas du coca par plaisir. » Le regard de Swann se veut compréhensif lorsqu’il capte le sien et il hoche doucement de la tête en même temps. Dire que c’est un étonnement serait un mensonge par la même occasion, alors l’anglais se passe de tout commentaire. “Depuis combien de temps ?” Il n’y a pas à préciser le fond de sa pensée, il semble évident qu’il lui demande depuis combien de temps il est sobre et non une stupide question anodine. “C’est courageux.” Il est toujours plus facile de sombrer totalement, surtout lorsqu’on ne s’en rend pas compte.

Pourquoi il se confie à un inconnu ? Il n'en sait rien. Ca semble toujours plus simple de parler à une personne qu'on ne reverra sûrement jamais. Même s'il se met à le juger, ça ne sera que le temps de quelques minutes avant qu'ils reprennent tous les deux leur chemin. Mais Swann n'a pas l'air d'être du genre à juger, il cherche plutôt à comprendre ce qui peut se passer dans la tête du brun. “Ça ne l’est pas.” Il hoche doucement la tête, continuant de fixer son coca. Il le sait, ça ne le sera sûrement jamais. Rien ne va disparaître, il ne pourra pas changer ce qu'il a pu être, il peut juste essayer d'être la meilleure version de lui-même maintenant. Il n'y a que ça à faire, même s'il se demande si ça sera assez suffisant. “Ça te permet d’essayer d’aller de l’avant.” Mais pourquoi ? Pourquoi aller de l'avant quand rien ne semble changer ? Ces relations avec les autres sont toujours aussi complexes, tout le monde doute de lui. Au fond, ils pensent tous qu'il va replonger un jour ou l'autre et parfois, il se dit qu'ils ont raisons.

“Depuis combien de temps ?” Il est presque surpris qu'il pose la question. Il a eu droit à plusieurs réactions et en général, on lui demande surtout comment il fait ou bien pourquoi il était comme ça avant. Des questions auxquelles il a souvent du mal à donner des réponses. « Trois ans. » Il a parfois du mal à se dire que ça fait aussi longtemps qu'il tient. Ca relève presque du miracle quand il se rappelle toutes ces années avant de rentrer dans ce centre désintox. Mais au fond de lui, il est fier. Il a réussi et malgré les moments de doute comme ce soir, il a toujours ce verre de coca en main et non une bière. “C’est courageux.” Il hausse les épaules à ses mots en relevant les yeux vers lui. « J'ai pas vraiment eu le choix. » Il ne l'a pas décidé par lui-même. Il n'a eu aucun déclic qui l'a fait changer, il n'y a pas un seul moment où il s'est dit qu'il allait trop loin et qu'il devait arrêter ces conneries. Il a dû être enfermé de force pour enfin comprendre qu'il pouvait être quelqu'un d'autre et que sa vie ne se résumait pas à la drogue et l'alcool. Qu'il n'était pas que ça. Il attrape son verre de coca pour le finir rapidement avant de se lever de son tabouret. « Je vais rentrer, c'est mieux ainsi. Et t'as sûrement mieux à faire que d'écouter un ancien alcoolique désespéré. » Qu'il lance en riant légèrement. Il préfère toujours prendre ça à la rigolade, du mieux qu'il le peut en tout cas. « Merci de ne pas m'avoir jugé. » Il aurait pu, il en avait l'occasion mais ça n'a pas l'air de lui avoir traversé l'esprit. « Peut-être à une prochaine fois. » Brisbane est parfois plus petit qu'on le croit, il en a pris conscience ces derniers temps. Il lui sourit une dernière fois avant de quitter le bar, prêt à rentrer chez lui sobre, une nouvelle fois.