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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyMer 9 Déc 2020 - 17:00



Something just like this ft @Edward Rhodes
Son travail à l’hôpital et ses travaux lui prenaient le plus clair de son temps, mais s’il y avait bien une chose à laquelle Hannah tenait, c’était bien celui qu’elle passait au sein de l’association Beauregard. Cet endroit lui permettait de trouver un certain équilibre et de rencontrer des patients différents de ceux qu’elle pouvait croiser au St Vincent. En effet, plus le temps passait et plus la brunette remarquait que la psychiatrie à l’hôpital manquait du côté humain qu’elle aimait tant et qu’elle liait à ce métier au même titre que la médecine pure. Mais le manque de temps l’obligeait à ajuster des traitements sur simple base d’un dossier et les entretiens se faisaient de plus en plus rares, ce qui l’éprouvait et la forçait parfois à se remettre en question sur ce qu’elle voulait vraiment. La jeune femme n’était plus très loin d’obtenir ce diplôme pour lequel elle travaillait d’arrache-pied depuis tant d’années et si une part d’elle s’interrogeait encore sur son avenir, elle mettrait son indécision de côté au moins jusqu’à ce que le graal lui soit remis en main propre. En attendant, l’association lui apportait ce qu’elle ne retrouvait pas à l’hôpital et c’était pour cette raison qu’elle mettait un point d’honneur à y passer le plus de temps possible, d’autant que beaucoup comptaient sur elle là-bas. La jeune femme y fit son entrée sur les coups de dix heures du matin, saluant Noa au passage avant de se diriger vers le petit bureau qui lui avait été donné à son arrivée quelques années auparavant. Elle jeta un coup d’œil à son agenda et constata qu’elle n’avait pas de consultation avant le début de l’après-midi, ce qui lui laissait une avance confortable pour rattraper tout ce qu’elle avait pu rater depuis la dernière fois. C’est d’ailleurs à cette tâche qu’elle s’attela durant une bonne heure avant de ressentir le besoin de prendre un café afin de pallier la fatigue qui se faisait déjà sentir alors qu’il n’était même pas encore midi. Dans un soupir, elle se releva et se dirigea vers la machine, jetant un œil vers le bureau de Noa et en constatant qu’il était désormais vide. La jeune femme avait probablement une ou l’autre réunion quelque part d’autre, son rôle de directrice étant de plus en plus prenant. La brunette fit la moue car elle aurait aimé glaner quelques minutes de son temps afin de discuter d’autre chose que de leurs patients, mais dans le fond, cela lui faisait plaisir de voir que son amie s’épanouissait autant dans sa fonction. Passant une main fatiguée sur son visage, elle tourna les talons pour retourner à son bureau tout en jetant un rapide coup d’œil à son téléphone qui venait de vibrer. Il fût trop tard lorsqu’elle releva les yeux pour croiser le regard d’Edward et les deux collègues se télescopèrent, envoyant le liquide brûlant valser dans tous les sens, mais majoritairement sur la blouse du brun. Horrifiée, Hannah resta immobile un instant avant de froncer les sourcils en réalisant que le jeune homme était ici et non pas là-bas, dans cet hôpital où ils travaillaient pourtant tous les deux. « Je suis désolée. » Commença-t-elle en regardant partout autour d’elle, à la recherche de quoique ce soit pouvant l’aider à éponger le désastre vestimentaire, avant de déclarer forfait et de lui faire signe de la suivre. « Viens, je dois avoir de quoi nettoyer ça dans mon bureau. » Elle n’attendit pas la moindre réponse et se dirigea vers la porte où l’on pouvait voir son nom écrit en toutes lettres, ouvrant les différentes armoires à la recherche d’une serviette pour atténuer les dégâts. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Lui demanda-t-elle enfin en lui tendant ce qu’elle avait trouvé – un pauvre tissu qui ne servirait malheureusement pas à grand-chose.  

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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyJeu 10 Déc 2020 - 19:52



Something just like this ft @Hannah Whitemore
Il n’a pas feuilleté les petites annonces dans l’espoir de trouver de laver cette conscience que sa mère met à mal depuis son retour sur Brisbane. Il n’a pas épluché le journal des médecins en quête d’une organisation qui traiterait de la question du cancer. Non, l’association Beauregard, il l’a choisie. Il s’est présenté dans les bureaux avec la fierté d’un pape et bien plus conquérant qu’un empereur ottoman. Il a proposé ses services gracieusement, considérant qu’ils avaient l’un et l’autre à s’apporter. Lui, il pourra pratiquer, peut-être même envoyer à l’hôpital des patients qui auraient besoin de chirurgie. Il pourrait apprendre, presque autant que durant son internat. Il pourra participer à la recherche à son échelle et il s’en galvanise. A chaque fois qu’il attrape sa veste qui traîne souvent sur la chaise - au grand damn de sa femme par ailleurs- il se sent utile, bien plus qu’à hôpital où il lui arrive plus souvent d’observer que d’agir. Bien sûr, il est conscient de ses limites. Il n’a pas non plus l’insolence de traverser les couloirs en sifflotant avec arrogance alors que dans les couloirs se pressent des gens malades, malheureux et apeurés. Au contraire, il arrive que certains patients l’ébranlent. Il remue en lui des émotions qu’il sait n’avoir jamais révoquée. Il reconnaît sa mère dans toutes les épouses accompagnant leur mari qui s’entendent dire qu’il n’en a plus pour longtemps. La même question lui vient alors : ont-ils des enfants ? Ces deux personnes ont-ils construit une famille ? Y’aura-t-il des orphelins des suites de cette longue maladie et de ce diagnostic une fois qu’il est tombé ? De manière générale, il intervient comme second avis et il est rare qu’ils contredisent ses confrères. Or, il l’admet sans honte lorsqu’il rentre chez lui : ce sont les dommages collatéraux qui l’attristent, principalement lorsqu’ils ont moins de dix ans. Est-ce parce qu’il a été confronté à la réalité de ses angoisses qu’il n’a pas regardé devant lui tandis qu’il foulait le carrelage pour rejoindre la salle de repos ? Etait-il aveugle au monde qui l’entoure tant le désarroi du gosse face à lui ? Celui que ses parents, tout à leur souffrance, ont oublié jusqu’à sa présence ? Celui qui s’est effondré en silence, sans témoin, parce qu’il n’en a rien montré ? Celui qui sera le grand oublié de la psychologie parce qu’il est réputé résilient mais qui doit être effrayé à l’idée d’évoluer sans son père ? Il s’est revu en ce gosse. Il se souvient avoir adressé quelques étonnants remerciements à l’adresse d’Ellie Rhode : au moins a-t-elle évité à sa portée de se retrouver dans le bureau d’un médecin somme toute intimidant dans son uniforme. En conclusion, rien de surprenant à ce qu’il soit distrait, bien trop que pour remarquer la bouille de celle qui semble destinée à être sa collègue - qu’importe où il travaille - beaucoup trop pour qu’ils évitent la catastrophe. Il n’a pas eu le temps d’empêcher la collision et, en conséquence, d’éviter d’être détrempé de café, détrempé et brûlé : le liquide était brûlant. « Non ! Mais, ça va, ça arrive.» a-t-il lancé, non pas qu’il soit mal à l’aise qu’elle se confonde en excuses, mais parce qu’il se persuade qu’elle attend de lui qu’il les lui retourne et que ça n’arrivera pas. Il refuse catégoriquement de confesser qu’il était à des kilomètres de là, pas devant elle. Si leur relation s’est quelque peu éclaircie après ses confidences au sujet de sa mère, ils ne sont pas amis. Il ne sont rien de plus que des vagues connaissances assujetties au même job. « Et, c’est pas la peine je t’assure. J’en ai d’autres. » Il a secoué la main, mais là encore, il n’aurait aucune envie à ce qu’elle substitue ses compétences aux siennes. Dommage qu’elle ne lui ait pas laissé d’autres choix que de le suivre : l’arrogante ne l’a pas écoutée. Il est donc resté sur le seuil de la porte à l’observer s’agiter dans son armoire et il a soupiré. « Je te dis que c’est pas la peine, Whitemore. Et puis, qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ? » De ce misérable carré de tissu aux motifs enfantins ? « J’étais venu pour jouer une partie d’échec, ça te surprend ? Qu’est-ce que tu crois que je fais là ? » a-t-il soufflé, plus amusé qu’agacé. Il la taquine : c’est de bonne guerre.  [/size]

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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyLun 14 Déc 2020 - 15:10



Something just like this ft @Edward Rhodes
La brunette ne pouvait pas masquer la surprise qui s’était emparée d’elle lorsque son regard avait croisé celui d’Edward alors qu’elle était à mille lieux de s’attendre à le voir à cet endroit précis. L’association Beauregard était son refuge depuis quelques années et il était rare qu’elle croise qui que ce soit de l’hôpital – une situation qui ne lui déplaisait pas tant que ça. Cet endroit était un peu un refuge pour la brunette qui y voyait le moyen de pratiquer son travail de façon différente, dans un contexte bien moins austère que celui du St Vincent et sans les différentes histoires qui pouvaient s’y dérouler. Elle n’avait rien contre le médecin – surtout depuis leur dernière conversation qui avait permis de lever les quelques tensions qui régnaient entre eux – mais le voir ici l’étonnait et la sortait de sa petite zone de confort habituelle. La brunette aurait volontiers posé un tas de questions pour apaiser sa curiosité, mais c’était sans compter la collision qui avait précédé leur échange de regards et qui avait eu pour conséquence un étalage de café brûlant – sur lui, en majorité. Hannah se confondit en excuses et l’attira immédiatement avec elle en direction de son bureau, espérant trouver de quoi essuyer un peu les dégâts. « Non ! Mais, ça va, ça arrive. » Cela lui arrivait même un peu trop souvent d’ailleurs, mais il était évident qu’elle ne lui avouerait pas sa maladresse lorsqu’il s’agissait des cafés qu’elle s’évertuait à renverser, où qu’elle soit. « Et, c’est pas la peine je t’assure. J’en ai d’autres. » « Ne dis pas de bêtises. » Lança-t-elle sans même se retourner, levant les yeux au ciel face à sa propre distraction. Leurs rapports s’étaient peut-être légèrement améliorés, mais nul doute qu’un épisode tel que celui-ci ne viendrait à assombrir à nouveau la relation professionnelle qu’était la leur. Au prix d’une recherche plus ou moins éclairée, Hannah ne trouva qu’un vulgaire morceau de tissu qui n’aurait même pas suffit à éponger les pattes d’un chihuahua. Mais soit, c’était déjà mieux que rien. « Je te dis que c’est pas la peine, Whitemore. Et puis, qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ? » Elle pencha la tête sur le côté en observant l’espèce de chiffon avant d’éclater de rire face à l’absurdité de la situation et de remettre le linge à sa place. « Vraiment, je suis désolée. Je te dois une chemise neuve. » Et elle le pensait, la brune, fidèle à ses principes. « J’étais venu pour jouer une partie d’échec, ça te surprend ? Qu’est-ce que tu crois que je fais là ? » Ah. Apparemment, Edward avait accepté de laisser tomber sa mauvaise humeur habituelle – celle à laquelle elle avait droit, en général – pour se permettre de lancer une note d’humour ; c’était nouveau. « Je n’en sais rien, c’est la première fois que je te vois ici. Permets-moi d’être curieuse. » Argua la jeune femme se laissant aller contre son bureau tout en croisant les bras, cherchant à comprendre si sa présence ici était due à une visite spécifique ou s’il prévoyait de rester dans les parages pour de bon – elle ignorait évidemment que seuls leurs horaires les avaient empêchés de se croiser auparavant. « Tu… travailles ici ? Aussi ? » La brunette s’avançait, mais une partie d’elle soupçonnait que cela soit le cas ; après tout, il travaillait bien au service oncologie à l’hôpital. Le fait qu’il couple ses heures avec l’association était même moins surprenant que son cas à elle, finalement.  

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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyJeu 17 Déc 2020 - 18:27



Something just like this ft @Hannah Whitemore
Qu’est-ce qui ressemble à une bêtise ? Qu’il refuse son aide pour essuyer les malheureuses taches de café sur sa blouse ? Elle en est déjà maculée. Au mieux, elle épongera le liquide, mais pas assez pour qu’elle paraisse propre comme un sou neuf. Aussi l’a-t-il observée, perplexe devant l’insistance d’Hannah. Sauf qu’il n’a pipé mot. Il est tout à ce gosse qui a réveillé en lui des souvenirs douloureux. Certes, il les atténuent. Il se dit que, finalement, il a de la chance qu’Ellie soit pétrie d’espoir à l'époque. Ce n'est qu’après la mort de son époux qu’il est devenu une arme à doubles tranchants, un poignard qui s’est enfoncé nettement dans son cœur et que la fulgurance du cancer d’Alex Rhodes - il est partie trop vite - a tourné dans la plaie.  Il n’a jamais cessé d’ailleurs. Mais, sur l’heure, ce n’est ce qui tracasse Edward. Il ne pense pas à sa mère, mais à ce gosse qui, dans son bureau, vient de prendre dix ans de maturité dans la figure sans s’en rendre compte. A qui en voudra-t-il d’avoir été le parent pauvre dans cette épreuve ? Qui détestera-t-il d’avoir été l’oublié ? Le négligé ? L’ignoré dans sa souffrance parce qu’il s’épuisera à la taire pour ne pas être un problème ? Pour se cantonner à ce rôle de souci secondaire ? Ses résultats scolaires s’en ressentiront ou deviendra-t-il un bourreau de travail, histoire de ne pas être une déception ou un tracas de plus ? Se nourrira-t-il d’ambition ? Vivra-t-il dans le déni ? A quels membres de la famille Rhodes s'appariera-t-il, ce môme ? C’est le morceau de tissu grâce auquel la psychiatre espérait nettoyer les preuves de son méfait qui le tira de ses réflexions. Quant au rire de Whitemore, il contribua à l’éloigner du gamin pour lequel, sur l’instant, il ne pouvait rien faire, tout du moins, pas dans l’état actuel des choses.   « Non. Ma chemise n’a rien. Regarde...» a-t-il tenté en ouvrant son uniforme. Il révéla qu’il avait sous-estimé les dégâts, oubliant par la même occasion que le liquide bouillant lui avait fait mal. Plus tard, il jetterait un oeil sur sa peau nue et appliquerait, si nécessaire, un baume pour adoucir toute douleur résiduelle. Pour le moment, ce n’est pas nécessaire et il reporta son attention sur la brunette, pourtant intelligente, que la surprise rendrait presque naïve.   « Pourtant, ce n’est pas la première fois que je viens, mais en général, j’ai beaucoup de monde. Aujourd’hui, c’est assez calme.» Ce crabe de maladie ne fait pas moins de victimes pourtant. Sans doute est-ce l’approche des fêtes de fin d’années qui, grâce à son ambiance significative, éloigne les familles frappées par cette sournoise pathologie de ses conséquences.   « Puisque, oui, je travaille ici, tout comme toi d’ailleurs. Pourquoi ? » Quel a été sa motivation à allouer de son temps à une association ?   « C’est à cause du combat ? C’est personnel ou ?» Sa phrase demeura en suspens de peur d’être trop intrusif. Peut-être a-t-elle perdu un proche elle-aussi. Peut-être est-ce simplement par bonté d’âme ? A moins qu’elle ne prépare simplement une thèse en lien avec le deuil ? Ce serait étonnant, mais somme toute intéressant. Dès lors, il ne l’influence pas : il se borne au silence durant quelques secondes.   « Tu as pas obligé de me répondre bien sûr. » Le cas échéant, si elle lui retournait la question, il serait forcé d’être honnête et n’en sait-elle pas trop sur lui ? Bien plus que l’inverse ? N’est-il pas temps d’équilibre cette relation, qu’elle quitte le cadre du professionnel ? N’ont-ils pas assez de points communs pour qu’elle bascule lentement, mais sûrement, vers une amitié agréable ? Rassurante dans cet univers hospitalier où ils côtoient les frustrations et la douleur des autres ?


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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptySam 19 Déc 2020 - 16:27



Something just like this ft @Edward Rhodes
La brune n’avait même pas réfléchi une seconde avant de l’attirer jusqu’à son bureau, déterminée à faire partir cette tâche d’une façon ou d’une autre. Il fallait bien avouer qu’à chaque fois qu’elle se retrouvait dans la même pièce que le Rhodes, les choses ne tournaient jamais de la façon dont elles étaient supposées le faire. Lorsqu’ils travaillaient sur le même cas, ils se disputaient jusqu’à ce que l’autre finisse par quitter la table, énervé. Lorsqu’il venait lui demander un avis, elle faisait preuve de trop d’honnêteté sur une situation personnelle qui, même si elle l’ignorait, finit de mettre le médecin dans tous ses états. Et à présent, une simple rencontre en terrain neutre se termine avec un étalage de café sur la chemise du brun. Autant dire que quoiqu’il se passe, le duo était destiné à démarrer du mauvais pied. Fort heureusement, Edward ne semblait pas lui en vouloir et lui conseilla de ranger son misérable bout de tissu, persuadé – à juste titre, sans doute – que cela ne parviendrait pas à effacer les dégâts. « Non. Ma chemise n’a rien. Regarde...» Il écarta quelque peu sa blouse de médecin pour lui montrer ce qu’il estimait n’être rien, mais qui justifiait complètement qu’elle lui offre une chemise neuve à la prochaine rencontre – tout en espérant qu’elle ne soit pas aussi chaotique. « Ce n’est pas ce que j’appelle rien, Tu n’es pas brûlé au moins ? » Il ne manquerait plus que ça, mais après tout il était autant médecin qu’elle et par conséquent, en parfaite capacité de s’occuper de lui-même sans qu’elle n’ait à intervenir. Laissant tomber son air atterré, la jeune femme préféra se concentrer sur ce qui l’intriguait réellement, à savoir la présence d’Edward dans le bâtiment. « Pourtant, ce n’est pas la première fois que je viens, mais en général, j’ai beaucoup de monde. Aujourd’hui, c’est assez calme.» Hannah n’aurait su en juger puisqu’elle venait pratiquement d’arriver aujourd’hui, mais il était vrai qu’elle n’entendait pas l’effervescence habituelle qui régnait dans les couloirs de l’association. « On a des emplois du temps assez chargés, ça ne m’étonne pas qu’on ne se soit pas croisés avant. » De son côté, les rendez-vous étaient planifiés à l’avance et lorsqu’elle avait du temps, la brune allait observer les comportements en thérapie de groupe afin de vérifier que personne n’était trop en détresse. Prendre la parole devant d’autres malades fonctionnait chez certains, mais beaucoup gardaient leur douleur et leur peur à l’intérieur, ce qui les empêchait d’avancer et de soulager le poids qu’ils avaient sur les épaules. « Puisque, oui, je travaille ici, tout comme toi d’ailleurs. Pourquoi ? » Pourquoi ? Il semblait sincèrement étonné de la voir ici et pourtant, quoi de plus anodin qu’une psychiatre pour épauler les patients qui venaient ici ? Sa question révélait-elle une simple curiosité ou une réelle de la voir ici, elle, Hannah Whitemore ? « C’est à cause du combat ? C’est personnel ou ?» Ou ? Elle hésita, la brune, se demandant ce qui le rendait aussi précautionneux sur un sujet qu’elle jugeait pourtant simple. Mais peut-être qu’amener la sphère personnelle dans leur conversation signifiait que lui-même était là pour ça ? Toujours dans l’analyse, la brunette l’observait tout en cherchant à comprendre ce que lui pouvait bien faire ici. Le terme combat n’était pas anodin et avait piqué sa curiosité, une nouvelle fois. « Tu as pas obligé de me répondre bien sûr. » Mais elle allait répondre, la brune, parce qu’il était probablement temps qu’ils laissent tomber cette légère distance qu’ils maintenaient face à l’autre alors qu’elle était intimement persuadée qu’ils se ressemblaient énormément, dans le fond. « Ca n’a rien de personnel, ça me donne juste l’impression de faire quelque chose de… significatif. Ici, j’ai la sensation de vraiment aider. » La brune savait que son travail à l’hôpital était tout aussi important, mais c’était très différent et la satisfaction qu’elle en retirait n’était pas la même. « J’ai connu l’association grâce à Ezra et Noa est une amie proche. » Ajouta-t-elle dans un petit sourire, supposant que ces noms lui seraient familiers s'il évoluait dans l'association depuis quelques temps déjà. Même si Ezra ne travaillait pas ici, il se montrait assez présent durant les évènements organisés et puis après tout, il portait le même nom que celui qui trônait en majuscules sur le bâtiment. Et quant à Noa, elle était devenue la directrice et par conséquent, il avait forcément atterri dans son bureau à un moment ou à un autre. « Et pour toi ? » Elle releva un oeil interrogateur vers lui, persuadée que son histoire serait un tant soi peu différente de la sienne. « Tu n’es pas obligé de me répondre, bien sûr. » Elle haussa un sourcil amusé, reprenant ses paroles pour lui faire comprendre qu’elle ne se vexerait pas s’il préférait garder ses raisons pour lui.  

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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyLun 28 Déc 2020 - 15:13



Something just like this ft @Hannah Whitemore
Lui serait-elle pas apparue plus mal à l’aise qu’à l’accoutumée, sans doute aurait-il admis que sous sa chemise, sa peau lui semblait plus sensible. Il aurait adoré lui faire ravaler un quelconque sourire suffisant, celui qu’elle a affiché fièrement cette unique fois où ils ont travaillé sur un cas commun. Or, pour l’heure, elle n’en fait pas l’étalage. Au contraire, il jurerait qu’elle regrette ne pas être une autruche, auquel cas elle aurait creusé un trou et enfoncé sa tête à l’intérieur jusqu’à ce qu’il ne quitte son bureau. Est-ce amusant ? Somme toute. Toutefois, il n’en joue pas, l’oncologue. Il ne jubile pas non plus. Il est bien trop tracassé par le gosse rencontré plus tôt pour avoir envie de taquiner Hannah Whitemore sur ses faiblesses. A défaut, il se laisse prendre au piège de la curiosité de cette curieuse interlocutrice. Elle s’étonne de sa présence, il s’en effaré et, naturellement, les questions tombent questions aussi tranchantes que des couperets puisqu’elles sortent du cadre de la futilité. Il ne s’agit pas de comprendre ce qu’ils font là - ça, c’est évident : ils font leu job - mais de saisir quelles ont été leur motivation à offrir de leur temps à l’association Beauregard. Ed a ouvert la marche et, s’il s’est assuré de ne pas lui forcer la main, il n’a caché ni son intérêt ni son émotion face à l’aveu de la jeune femme. Evidemment, l’émoi n’est pas ébranlant. Il n’a pas vocation à le secouer comme s’il était le grand manitou des recherches en cours en ces murs. En revanche, elle lui permet de revoir son jugement sur la psychiatre. De suite, elle lui paraît moins froide, moins individualiste. « Aider tes amis ? » a-t-il poursuivi, interpellé par l’évocation des personnages influents au cœur de ce combat. « Ou aider ceux qui sont frappés par la maladie ? » Ceux qui ne savent pas s’offrir des soins ou qui, de temps à autre, sont complètement démunis face à la paperasse, face aux lexiques du métier que les plus pompeux des médecins utilisent à tort et à travers sans jamais les vulgariser. La question ne mérite-t-elle pas d’être posée au même titre que la précédente qui lui est fatalement retournée ? Edward esquissa un sourire doux-amer. La maladie de son père est un sujet tabou. Elle l’était bien avant sa démonstration autour de sa mère et de sa dépression. Aujourd’hui, maintenant qu’il a été contraint d’admettre son implication dans le dossier qu’il lui a confié, il est frileux, le médecin. Il n’est pas convaincu d’avoir envie de s’ouvrir. Elle, elle ne le fait jamais. Pourquoi devrait-elle en apprendre plus sur lui quand il ne sait rien d’elle ? Et, a priori, pourquoi est-ce important ? Pourquoi a-t-il besoin de respecter un principe d’équité ? Est-ce pour garder l’illusion qu’elle ne détient pas du pouvoir sur cette étrange relation ? Cherche-t-il à se prémunir d’une basse attaque en cas de conflit ? Il l’ignore. A contrario, il est convaincu d’un fait : c’est trop facile. « Je sais que je ne suis pas obligé, mais quelque chose me dit qu’au vu de tes relations, si tu avais vraiment envie de savoir, tu le saurais. Je ne vois pas l’intérêt d’en faire un secret. » a-t-il conclu en haussant les épaules, s’avançant plus allant dans l’antre de la psychiatre. « Tu vas essayer de psychanalyser après ? » A défaut, s’inquiète-t-elle par politesse ? Pour faire la “conversation” ? « Quand je t’aurai dit pourquoi je suis là, on s’entend ? » Vais-je devenir une sorte de cas d’étude ? Une occasion d’aiguiser ses talents ? « Je crois que tu vas le faire. Tu as l’air passionnée par ton boulot. Il t’a aidé ? A te relever d’un truc pas cool ? » A-t-elle embrassé cette carrière avec au corps les mêmes stimuli que lui ? « Mon père avait un cancer. Il l’a déclaré quand j’étais tout petit. C’est la raison pour laquelle je veux devenir oncologue, même si je déchante un peu. Je réalise que c’est pas vraiment la spécialité qu’il me faut si je veux changer les choses.» La chirurgie, ça c’est pragmatique. Enlever une tumeur d’un corps, ça aide, d’autant plus que celle de son papa n’était pas opérable d’après les médecins de l’époque.


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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyMer 30 Déc 2020 - 11:42



Something just like this ft @Edward Rhodes
Une fois la surprise passée, Hannah s’attarda davantage sur le visage du brun qui semblait assombri, bien plus que d’ordinaire. Était-il lui aussi perdu dans ses pensées au moment où elle l’avait bousculé ? Elle l’espérait, cela lui enlèverait une partie de la responsabilité – même si sa réputation en termes de maladresse n’était plus à refaire. C’était bien pour cela qu’elle ne s’était jamais destinée à une branche telle que la chirurgie, là où le moindre geste mal placé pouvait s’avérer fatal. Non, Hannah avait toujours été bien plus à l’aise avec ses livres et ses théories sur l’esprit humain qu’elle ne se lassait pas d’analyser, aussi bien dans son milieu professionnel que personnel. Il s’agissait là d’un aspect de sa personnalité qui énervait ses proches, mais il lui était impossible de s’en empêcher. Depuis toujours, sa famille avait été sa première source d’apprentissage – et quelle source. A présent, il lui était plus facile de camoufler ses observations, mais elle n’arrêtait jamais. La jeune femme voulu l’interroger sur ce qui semblait le tracasser, mais quelque chose lui disait qu’il n’aimerait peut-être pas en parler. Après tout, ils avaient eu leur lot de discussion intense depuis leur dernière entrevue au sujet de la mère du médecin et Hannah préféra donc se concentrer sur une conversation un peu plus légère, à commencer par sa présence au sein de l’association. Elle qui pensait connaître la plupart des bénévoles, Edward lui prouvait le contraire par sa simple apparition dans ces couloirs, ce qui souleva la curiosité de la brunette. « Aider tes amis ? Ou aider ceux qui sont frappés par la maladie ? » « J’ai connu Noa après avoir commencé à travailler ici, et Ezra et moi n’étions pas assez proches pour que j’aie une quelconque envie de l’aider en arrivant ici. » Plaisanta-t-elle en haussant un sourcil avant de reprendre une mine légèrement plus sérieuse, sentant au fond d’elle que le sujet était sensible pour son interlocuteur. « J’ai choisi ce métier pour aider et apporter mon soutien à ceux qui en ont le plus besoin. Et il me semble qu’ici, je suis au bon endroit pour ça. » Elle esquissa un sourire avant de lui retourner la question, sa curiosité n’ayant pas encore été étanchée, précisant tout de même qu’il n’était pas obligé de répondre – et ce même si elle espérait bien qu’il le fasse. « Je sais que je ne suis pas obligé, mais quelque chose me dit qu’au vu de tes relations, si tu avais vraiment envie de savoir, tu le saurais. Je ne vois pas l’intérêt d’en faire un secret. » Le sourire de la jeune femme s’étira davantage, laissant ainsi planer le doute sur la faisabilité de cette idée. Dans les faits, elle ne se serait jamais permise de fouiller là où il ne voulait pas qu’on s’approche, mais le brun se montrait suffisamment intriguant que pour lui faire considérer l’option. « Tu vas essayer de psychanalyser après ? Quand je t’aurai dit pourquoi je suis là, on s’entend ? Je crois que tu vas le faire. Tu as l’air passionnée par ton boulot. Il t’a aidé ? A te relever d’un truc pas cool ? » Le fait qu’il s’interroge sur la suite signifiait que sa présence en ces lieux n’était pas dénuée de sens, mais pourquoi s’attendait-il à ce qu’elle se lance dans une psychanalyse à la suite de ses confessions ? « Tu aimerais que je te psychanalyse ? » Lui demanda-t-elle sans se départir de son air amusé, s’interrogeant de plus en plus sur ses motivations. « J’ai toujours voulu faire ça, mais ça ne m’a malheureusement pas aidé, non. Tu sais ce qu’on dit, ce sont les cordonniers qui sont toujours les plus mal chaussés. » L’ironie de sa voix était palpable, même si son ton était dénué d’agressivité. La mort d’Ella avait creusé un trou dans son cœur et les années ne parvenaient pas à effacer la douleur sourde liée à sa perte. Elle l’atténuait, tout au plus. Le sujet était toujours difficile à aborder, et le mystère entourant Diana ne l’aidait pas à tourner cette page ouverte depuis plus de dix ans. « Mon père avait un cancer. Il l’a déclaré quand j’étais tout petit. C’est la raison pour laquelle je veux devenir oncologue, même si je déchante un peu. Je réalise que c’est pas vraiment la spécialité qu’il me faut si je veux changer les choses.» Sa réponse ne surprit pas la jeune femme qui se contenta d’un hochement de tête plein de compassion, à peine étonnée qu’il ait choisi sa vocation sur base d’une tragédie telle que la mort d’un parent. Il n’était pas le premier à se lancer à corps perdu dans une voie ayant fait défaut à la personne concernée. « Je suis désolée. » Commença-t-elle en plissant légèrement les lèvres. Sa perte datait d’il y a longtemps, mais elle l’avait suffisamment affecté que pour dédier sa vie entière à une spécialité aussi dure que celle de l’oncologie. « Tu penses te rediriger ? Je t’avoue que j’ai parfois tendance à penser la même chose quand je suis à l’hôpital. » Lança-t-elle ensuite, lui montrant par la même qu’elle comprenait exactement ce qu’il ressentait en cet instant. L’hôpital était avant tout un endroit où ses patients prenaient des traitements et la brune réalisait peu à peu qu’elle s’éloignait de la psychanalyse pour n’embrasser que le côté médical de son métier – un fait qui la tiraillait de plus en plus.  

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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptySam 20 Fév 2021 - 19:19



Something just like this ft @Hannah Whitemore
Elles n’ont pas vocation à la mettre mal à l’aise ses questions. Il ne s 'agit pas non plus d'un piège tendu ayant pour but de mettre en lumière la vilénie de la psychiatre. Elles ne sont que les fruits tombés de la branche de la curiosité, celle qui caractérise Edward dès lors qu’il sort du cadre de la méfiance. Certes, il n’avait pas prévu de mettre un pied en dehors de ses habitudes, mais n’a-t-il pas parlé à Hannah de sa mère et des tracas dont elle est à l’origine ? A partir de là, quel secret pourrait-il encore conservé jalousement si ce n’est ses problèmes de couple ? La mort prématurée de son père ? Et sous quel prétexte puisque la psychiatre est de bonne composition ? Quelle excuse invoquer étant donné qu’elle se prête elle-même au jeu de la justification ? Rien ne l’obligeait à satisfaire l’indiscretion de Ed sur sa présence au sein de l’association de Beauregard, sur ses motivations ou sur son investissement vis-à-vis de cette dernière. Pourtant, elle s’exécute, si bien que l’oncologue se redresse et s’autorise un pas en avant tant littéralement que littérairement. Pour cause, elle va plus loin que ce qu’il espérait : elle se confie. Elle livre sans fard la raison de son choix de carrière et, bien malgré elle, malgré lui également, elle active la mécanique des aveux. Il parle du plus grand drame de son exixtence, le médecin. Il met des mots sur ce qui a rythmé sa vie jusqu’ici. Sans doute a-t-il été mu par le sourire aussi rare qu’avenant offert sur l’heure par Hannah. Peut-être, c’est vrai, mais quelle différence cela peut-il bien faire ? Il sent en lui un vent étrange lui souffler dans le dos, une brise nouvelle aussi chaude qu’un mistral. Il le traduit aussitôt par la certitude qu’il ne regrettera pas cette confidence : elle aura été trop naturelle, presque spontanée, voire légitime. L’humour a ce pouvoir sur les gens. Il est capable de délier les langues et, si, au préalable, il lui a répondu un « Non. Merci. Sans façon. Pas de psychanalyse pour moi.» enrobé d’un ton enjoué, la vérité nue l’aurait privé de son agréable grimace. Il aurait alors admis qu’à une époque, il en aurait eu besoin, un peu comme ce gosse qu’il vient de renvoyer chez lui avec une mauvaise nouvelle pour tenir sa main droite et sa mère agrippée à la gauche. Il aurait concédé qu’aujourd’hui, quoique ça lui serait nécessaire, ça lui fait surtout terriblement peur d’être analysé par une professionnelle. Il n’est rien à exhumer de la terre glabre du déni sans souffrance. Dès lors, il élude pour ne s’attarder que sur les faits : le cancer et la perte d’Alexander Rhodes, son sentiment d’inutilité qui lui a collé à la peau et qui lui en fait une deuxième de plus en plus souvent ces derniers moments. « Désolé pour quoi ? Mon père ? » a-t-il cependant répliqué avec détachement, une main balayant l’air, le repoussant au loin comme s’il était vicié. Ce regard qu’elle lui lance et qu’elle couple à une grimace d’embarras, il ne les connaît que trop bien. Il devine aisément ce qu’ils recèlent en compassion et, bien qu’il en soit touché, il refuse de s’appesantir sur des émotions qu’il croie révolue. Certes, il se ment. Le gosse tapi dans l’ombre de son deuil mal achevé chouine un peu d’ailleurs. Mais, il me musèle au profit de la force adulte forgée dans l’atelier de la résilience. « Faut pas. L’eau a coulé sous les ponts pour moi.» Il s’est construit avec l’image idéalisée de l’absent et il se convainc encore que c’est suffisant. Songer ou assumer le contraire, c’est accepter ses erreurs dans leur globalité et une seule est déjà bien assez douloureuse pour lui. « De plus en plus, je me dis que je suis pas à ma place. Et je me dis aussi que je dois le faire tant qu’il est temps, mais je ne veux pas me précipiter, je...» Hésitant, il a épousseté d’une main mal assurée son jeans avant de poursuivre. « En fait, gaver de chimio les malades pour parfois peu de résultat, c'est demander aux familles d’ouvrir une pochette surprise en priant pour qu’elle soit gagnante et c’est pas ce que je voulais. Et toi ? Pourquoi tu y penses parfois ?  » Par quelle réalité peut-elle affirmé sans tressaillir le comprendre ?


 


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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyMer 24 Fév 2021 - 12:15



Something just like this ft @Edward Rhodes
Hannah ne savait toujours pas exactement sur quel pied danser lorsqu’il s’agissait du Rhodes, encore interloquée par leur dernière rencontre qui avait été le théâtre de confessions pour le moins inattendues. En effet, leurs rapports étaient alors loin d’être de ceux que l’ont pouvait décemment appeler de « positifs » et pourtant, c’était bel et bien vers elle qu’il s’était tourné afin d’obtenir un avis professionnel sur le dossier de sa mère. Bien entendu, il ne s’était pas directement allé à lui avouer de quoi il retournait exactement, mais la franchise de la brune avait suffi à déclencher chez lui un élan d’émotions qui avaient fini par faire éclater la vérité. Depuis, il semblait qu’un mur de plus se soit écroulé entre eux, rendant désormais le dialogue moins froid et même légèrement teinté de légèreté. Le fait qu’ils se retrouvent dans un contexte différent de celui de l’hôpital amenait une dimension nouvelle à la discussion qui était d’ordinaire uniquement axée sur leurs dossiers respectifs, poussant Hannah à sourire avec plus de facilité et de naturel que lorsqu’elle endossait sa blouse blanche de médecin. « Non. Merci. Sans façon. Pas de psychanalyse pour moi.» Un rire s’échappa des lèvres de la jeune femme qui avait déjà entendu cette réponse une bonne centaine de fois de la part de la fratrie Whitemore au fil des années. Autant dire qu’elle prenait sur elle depuis mais que son envie d’analyser tout et tout le monde était loin de lui être passée, au contraire. Elle continuait d’acquérir des connaissances et ne pouvait s’empêcher d’y penser à chaque fois qu’une attitude ou un comportement attirait son attention, rendant ainsi concrètes les théories qu’elle lisait et étudiait dans ses cours. « Tu t’entendrais bien avec mes sœurs, elles passent leur temps à me dire la même chose. » Elle plaisantait la brune, parlant spontanément de sa famille comme dans une volonté de rendre la pareille à Edward après qu’il se soit épanché sur la sienne la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Et si la brunette était restée vague sur les raisons qui l’avaient poussée à devenir psychiatre, son interlocuteur se montra plus loquace en lui expliquant avoir choisi l’oncologie après avoir vécu la maladie et le décès de son paternel des suites d’un cancer. « Désolé pour quoi ? Mon père ? Faut pas. L’eau a coulé sous les ponts pour moi.» Edward lui répondit avec détachement et à cet instant, le médecin ignorait s’il s’agissait d’une façade ou s’il était réellement parvenu à faire son deuil et à accepter la fatalité contre laquelle il se battait pourtant tous les jours par le biais de sa spécialité. « Ça ne rend pas les choses plus faciles à accepter pour la cause. » Lança-t-elle d’une voix douce avant d’hésiter en pensant à Ella et à cette injustice qu’elle ne parvient toujours pas à embrasser comme étant la vérité, même dix ans après. « De plus en plus, je me dis que je suis pas à ma place. Et je me dis aussi que je dois le faire tant qu’il est temps, mais je ne veux pas me précipiter, je... En fait, gaver de chimio les malades pour parfois peu de résultat, c'est demander aux familles d’ouvrir une pochette surprise en priant pour qu’elle soit gagnante et c’est pas ce que je voulais. Et toi ? Pourquoi tu y penses parfois ?  » Hannah l’écouta avec attention, à la fois rassurée d’apprendre qu’elle n’était pas la seule à faire face au doute après autant d’années de pratique et de sacrifices, et désolée de savoir qu’il était lui aussi dans cette situation, finalement. « Dans l’optique où tu choisirais de tourner le dos à l’oncologie, tu sais déjà vers quoi tu aimerais aller ? » Lui demanda-t-elle sans rebondir sur les détails qui ponctuaient son quotidien de médecin et rendaient chaque journée encore plus difficile que la précédente. « Un peu pour les mêmes raisons que toi… Ce qui me fascine, c’est l’esprit humain et sa résilience… La capacité que l’on a à se protéger d’un traumatisme comme de s’en sortir en acceptant de faire un travail sur soi. » Elle releva les yeux vers le brun, plissant légèrement les lèvres comme à chaque fois qu’elle réfléchissait à ce qui n’allait pas dans la gestion de sa pratique. « Et je me retrouve davantage à ajuster les traitements médicamenteux de mes patients qu’à pouvoir leur parler réellement et… Je sais pas, je me dis que dans le fond, je n’ai pas signé pour ça. » Elle haussa les épaules. « Une fois ma licence obtenue, je pense que j’ouvrirai mon cabinet privé. Pour faire les choses à ma manière. » Comme elle l’avait toujours voulu, car c’était bel et bien le plan lorsqu’elle et Ella discutaient de l’avenir et de ce qu’elles voulaient devenir plus tard. « Mais pour l’instant, je suis toujours coincée à l’hôpital. Avec toi. » Elle fronça le nez avant de secouer la tête en souriant, désignant d’un geste le mur derrière lequel se trouvait la machine à café. « Je t’offre quelque chose à boire ? Pour me faire pardonner d’avoir renversé tout ce café sur toi ? » Sourcil relevé, elle espéra qu’il accepte ; officiellement pour se faire pardonner, comme elle lui avait dit et officieusement, parce qu’elle n’avait toujours pas eu sa dose vitale de caféine.   

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Message(#)Something just like this (edwannah#2) EmptyMer 17 Mar 2021 - 22:02



Something just like this ft @Hannah Whitemore
Elle a raison, évidemment. Le temps n’est pas la panacée : il ne peut guérir les blessures les plus profondes. Il est, au mieux. Malgré les années, mon père me manque tous les jours. Il a creusé dans mon quotidien un vide béant que nul n’est jamais parvenu à combler, pas même mon fils, probablement parce que je refuse de faire peser ce fardeau sur ses frêles épaules. Il n’est pas prédestiné à devenir mon sauveur. La douleur d’être orphelin, je la gère seul. J’ai appris à faire sans mon informaticien de père parce que je n’ai pas eu le choix, pas parce que j’ai oublié ou que je ne souffre plus de son absence. Je m’en accommode par habitude, mais je n’en pipe mot.  J’argue pour justifier ce silence barré d’un soupir et d’un haussement d’épaule que la déduction était évidente. Nul besoin d’être un grand psychiatre pour deviner que ma vie a été soustraite d’un point de repère important pour tout homme. Inutile également de lancer des fleurs à la brunette - à moins qu’elle ne soit blonde ? - si difficile à cerner. Parfois, elle m’est agréable. D’autres, je la trouve particulièrement antipathique. La vérité, c’est que je vois dans sa personnalité psycho-rigide le reflet de la mienne ou de celle de Marsh. Comment dès lors ne pas cheminer doucement vers la confiance ? Comment ne pas avoir envie de travailler avec cette jeune femme de manière plus effective que ce que nous offre l’hôpital en opportunité ? Elle est brillante, Hannah. Elle l’est autant que moi. J’en suis convaincu, si bien que j’ouvre peu à peu les portes sur les facettes de mon caractère les plus agréables et les plus avenantes. Ce n’est pas compliqué : cet homme-là, il n’est jamais bien loin. Loin de ma mère, il flottait en suivant le fil tranquille d’une eau sereine. C’est au contact de cette dernière qu’il s’est peu à peu enfoncé dans l’ombre. Sur l’heure, il nage la brasse en direction de la surface   « Si je te le dis, tu promets que tu te diras pas que je suis trop ambitieux ? » lui ai-je donc envoyé en me penchant vers elle, prêt à lui confesser pour nouveau secret. Marsh n’est pas au courant.  Pour être tout à fait exact, personne ne s’imagine que je pourrais changer aussi radicalement de spécialité. « La chirurgie. Générale de préférence. C’est là qu’on traite le plus de cancer au coeur meme du problème. » A condition, bien entendu, qu’il soit opérable. A l’inverse, il est de toute façon presque trop tard. D’instinct, je la jauge d’un regard curieux et attentif. Sa réation est à hauteur de l’estime que je nourris pour elle. Elle ne s’esclaffe pas devant cette folie. Elle l’évalue avec sérieux, avec dans le regard ce que je traduirais comme de la gravité et elle m’a touché. J’ai apprécié assez que pour regretter que sonne la fin de cet entretien au terme de confidences intéressantes. Sur l’heure, j’ai entendu sans pour autant relever. Je le répète : le temps est rarement un allié. En revanche, dans ma voiture, alors que j’amorçais le chemin du retour vers ma modeste demeure, j’y ai repensé avec un intérêt certain. J’y ai songé en me demandant si, finalement, je n’aurais pas dû l’accepter, ce verre gentiment proposé, histoire d’amorcer et d’ébaucher l’esquisse d’un projet qui tient à coeur, mais qui parfois me dépasse. 

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