Si on lui demandait Maze l’avait bien évidemment eu à l’usure, et il ne prenait absolument aucun plaisir à arpenter les allées du marché de Noël avec elle en ce dimanche après-midi. Casquette Hulk vissée sur le crâne Anwar avait la nette impression de passer l’après-midi avec une enfant, avançant d’un pas tranquille et les mains enfoncées dans les poches de son jean tandis que l’anglaise gambadait quelques mètres en avant, sautillant d’un chalet à l’autre avec l’émerveillement compulsif que semblait provoquer chez elle la période de Noël. Elevé dans la tradition musulmane Anwar n’avait quant à lui pas grandi avec les traditions et les clichés attachés à cette fête, et n’y attachait donc que le souvenir peu enthousiastes de repas chez sa belle-famille lorsque les planètes étaient suffisamment alignées pour que la mère de Tarek ne soit ni à l’étranger, ni (encore) brouillée avec son propre père … La frénésie de Maze à l’idée de décorer un sapin et de s’abreuver de dizaines de films fleurant bon la neige et le chocolat chaud quand bien même la température à Brisbane avoisinait les trente degrés, le brun avait donc un peu de mal à la comprendre, bien qu’il puisse la trouver attendrissante (pas qu’il n’ait la moindre intention de l’admettre à la principale intéressée, cela dit). « Ok, donc qu’on soit bien d’accord … Admettons que dans ma graaande générosité j’ai accepté de t’accompagner au marché de Noël – ce qui soit dit en passant revient un peu à accompagner n’importe quel enfant à Disneyland. Ça mérite bien une petite contrepartie ? » La voyant déjà qui plissait le nez comme elle avait l’habitude de le faire lorsqu’elle s’apprêtait à protester, le brun avait brandit un index sévère pour l’interrompre avant même qu’elle n’ait pu rétorquer quoi que ce soit. « Shhhht, fais-moi confiance un peu. » et la voyant maintenant arquer un sourcil d’un air circonspect il avait roulé des yeux « Me regarde pas comme si c'était si difficile. » Pour un peu il se serait presque vexé (non), mais au lieu de cela il avait simplement laissé ses lèvres s’étirer en un sourire narquois et saisi la jeune femme par la main pour leur frayer un chemin au milieu de la cohue qui bouchait la sortie du marché, fendant la foule jusqu’à atteindre … La patinoire éphémère. « Miss Crawley, je meurs d’envie de voir à quoi vous ressemblez juchée sur une paire de patins. » Et si elle espérait un seul instant lui faire abandonner cette idée maintenant qu’il se l’était mise dans le crâne, cela voudrait seulement dire qu’elle ne le connaissait pas encore assez. « Promis, je me moquerai pas. Presque pas. » Oui, bon.

Se montrer persistante voire à la limite du harcèlement avait fini par fonctionner pour Maze, et elle en était sans nul doute la première surprise. Sa mâchoire avait sérieusement menacé de se décrocher quand Anwar avait fini par accepter de venir faire un tour au marché de Noël avec elle. Miracle ou magie de Noël ? Une tentative quelconque pour échapper au CD de Michael Bublé qu’elle faisait tourner en boucle dans leur appartement ? Les raisons de ce revirement de situation restaient floues mais elle ne s’en préoccupait guère. L’important était le résultat et elle avait encore du mal à croire que l’inspecteur se trouvait là avec elle. Enfin quelques mètres derrière elle. La britannique s’était tenue correctement approximativement dix minutes avant de commencer à papillonner sur tous les stands possibles et imaginables. Elle s’était arrêtée quelques secondes devant un chalet qui vendait des bois de rennes lumineux sous forme de serre-tête. Son regard avait effectué un rapide aller-retour entre l’objet et Anwar avant qu’elle ne conclue que cela risquait définitivement de le faire rentrer illico à l’appartement. Elle n’était pas prête à courir le risque. En revanche, ce collier composé de petits bonhommes de neige…..Prise dans sa contemplation, elle sursauta légèrement en entendant la victime collatérale de sa passion pour Noël l’interpeler. De quoi parlait-il ? Une contrepartie ? D’aller à Disneyland ? Non, ça ne lui ressemblait pas, ça ne devait pas être ça. Son air dubitatif refit surface quand elle remit enfin les mots dans le bon ordre. Une moue vexée s’ajouta à tout cela en constatant qu’Anwar ne la laissait même pas rétorquer. «Shhhht, fais-moi confiance un peu. » Nouvelle expression sceptique avant qu’un rapide « Me regarde pas comme si c'était si difficile. » ne s’ensuive, transformant les traits de son visage en une expression satisfaite cette fois-ci. Il commençait à la connaître un peu trop bien. La surprise avait rapidement pris le relais à cet enchaînement d’émotions. Maze avait beau se demander ce qu’il se passait, l’idée qu’Anwar ait peut-être été soudainement touché par la grâce et la magie de Noël l’empêchait de le stopper dans la course dans laquelle il venait de l’entrainer. « Miss Crawley, je meurs d’envie de voir à quoi vous ressemblez juchée sur une paire de patins. » L’air abasourdi, Maze fixait à présent la patinoire et les gens qui y glissaient avec des degrés différents d’aisance et d’agilité. « C’est une blague ? J’ai jamais mis les pieds dans des patins à glace Anwar. J’ai même jamais mis les pieds dans des patins à roulettes. » A bien y réfléchir, maintenant qu’elle observait son petit air satisfait, ça n’était certainement pas les meilleurs arguments à utiliser pour se désolidariser de cette idée. « Promis, je me moquerai pas. Presque pas. » C’était bien ce qu’il lui semblait, évidemment. Mais difficile de se défiler alors qu’elle était à l’origine de cette sortie. Et puis quelque part bien enfoui au fond d’elle, un lutin de Noël semblait se réjouir quelque peu à l’idée de faire du patin à glace pour la première fois. Soupirant pour la forme, elle avait daigné s’emparer d’une paire à sa taille qu’elle s’affairait à présent à enfiler. « Ça va être un carnage…Et va chercher des patins au lieu de sourire bêtement ! Hors de question que j’y aille toute seule. » Elle venait de finir de lasser fermement ses patins et tentait à présent de se mettre debout, une main fermement agrippée au banc. « Woooo….c’est pas stable du tout ! Comment je suis censée me relever avec ça aux pieds ?! » Si elle n’était pas capable de garder l’équilibre alors qu’elle n’était même pas encore sur la glace, l’affaire s’annonçait vraiment compliquée.

Ignorant ostensiblement le regard suspicieux de Maze tandis qu’il les éloignaient – enfin – du village de Noël et de son folklore aux allures de secte dont le gourou était un gros barbu amateur d’enfants, il n’avait arrêté leur course qu’une fois parvenus devant l’immense patinoire éphémère dressée sous globe sur le parvis de la mairie. Un plaisir coupable dont il avait d‘autant plus d’intention de profiter que chaque année les défenseurs de l’écologie s’indignaient un peu plus fort de ce réfrigérateur géant dressé pour le seul plaisir des badauds ignorants. Légitime, mais le policier ne prétendit pas être un exemple sur tous les fronts … Il était déjà végétarien, il ne pouvait pas être de tous les combats – duh. Moins convaincue et surtout moins enthousiaste, Maze s’était quant à elle fendue d’un « C’est une blague ? J’ai jamais mis les pieds dans des patins à glace Anwar. J’ai même jamais mis les pieds dans des patins à roulettes. » qui, s’il étonnait Anwar qui s’était au contraire imaginé qu’en venant de l’hémisphère Nord la britannique avait forcément déjà goûté aux joies du patin à glace, n’avait fait que le ravir un peu plus et lui arracher un « Oh, encore mieux. » moqueur. Quelques soupirs théâtraux et grands gestes destinés à faire croire qu’il lui demandait un effort surhumain plus tard, elle ne s’était pourtant pas faite prier plus longtemps pour le suivre jusqu’au comptoir permettant de louer les patins, et tout en les enfilant la voilà qui bougonnait « Ça va être un carnage … Et va chercher des patins au lieu de sourire bêtement ! Hors de question que j’y aille toute seule. » comme si elle avait un seul instant cru qu’il comptait se contenter de la regarder. Attrapant et laçant sa propre paire, moins confortable que ceux qui dormaient dans le box de son appartement cela dit, il s’était relevé en même temps que Maze mais n’avait pas su retenir son ricanement lorsqu’elle avait titubé en pestant « Woooo … c’est pas stable du tout ! Comment je suis censée me relever avec ça aux pieds ?! » d’un ton boudeur. « Oh allez, exagère pas … c’est pas si dur. » Pour preuve, il avait effectué un tour sur lui-même d’un air crâne. « Et ton centre de gravité est plus bas que le mien, alors théoriquement tu n’as aucune excuse. » Ce qui n’était d’ailleurs pas peu dire, Anwar n’étant lui-même pas très grand. Houspillant du regard pour l’empêcher de se défiler, il s’était élancé le premier sur la glace pour donner l’exemple et démontrer au passage du fait que contrairement à elle, il n’en était pas à son baptême. « J’emmenais souvent Tarek à la patinoire, quand il était petit. » Mais le temps était passé, Tarek se devait maintenant de ne pas commettre d’imprudences susceptibles de le blesser et de nuire à sa carrière, et c’était désormais le fils de Norah que le brun emmenait parfois patiner.

Maze était à deux doigts d’agir comme la plus mature des adultes en répondant à ce « Oh, encore mieux. » par un très mérité tirage de langue. Mais elle décida à la dernière minute d’opter pour le silence et un regard dédaigneux en bonus. Elle oscillait véritablement entre répliquer aux provocations d’Anwar, et tenter de se tenir un minimum à carreaux si l’on considérait le fait qu’il était sa seule bouée de sauvetage si elle se retrouvait coincée les fesses sur la glace au milieu de la patinoire, sans possibilité de retrouver la terre ferme par ses propres moyens. « Oh allez, exagère pas … c’est pas si dur. » Haussement de sourcil dubitatif. « Tu vas pas me faire croire que t’étais tout de suite à l’aise la première fois que t’as enfilé des patins ? » Elle en doutait quelque peu, même si elle était persuadée qu’il s’était malgré tout mieux débrouillé qu’elle. Ce qui n’était pas très dur en somme. Maze n’était pas encore sur la glace qu’elle avait déjà l’impression d’être une catastrophe ambulante. « Et ton centre de gravité est plus bas que le mien, alors théoriquement tu n’as aucune excuse. » Etait-elle censée se sentir rassurée grâce à cette affirmation ? Si tel était le cas, cela ne fonctionnait pas très bien. « Le seul avantage que je vois là-dedans, c’est que je tomberai de moins haut que toi. » Mais c’était toujours ça de pris après tout. Elle l’observa s’élancer sur la glace et ne put retenir une expression surprise. Si son égo l’empêchait de l’afficher distinctement, Maze ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine admiration en voyant l’aisance avec laquelle il glissait. Le simple fait de le regarder donnait l’impression -ô combien traitre- que tout cela était d’une facilité enfantine. « J’emmenais souvent Tarek à la patinoire, quand il était petit. » Elle ne put se retenir de sourire en songeant que cette activité impromptue devait donc certainement lui rappeler de doux souvenirs. « Je me renseignerai auprès du principal intéressé pour savoir ce qu’il pensait de son professeur particulier à l’époque. » Même si elle n’allait pas tarder à découvrir d’elle-même ce que valait ledit professeur particulier. Anwar avait presque réussi à la rassurer suffisamment pour la persuader de se lancer sans aucune crainte. La britannique novice posa prudemment un patin sur la glace. Puis le second. Tout semblait bien se passer ; elle était encore debout. Les bras levés dans une étrange position, certes, mais debout malgré tout. Il ne lui restait plus qu’à avancer maintenant. Facile…n’est-ce pas ? Elle tenta d’avancer un pied devant elle et sentit immédiatement le peu d’équilibre dont elle disposait encore la quitter brutalement. Ses bras se mirent à mouliner dans tous les sens alors que toute fonction motrice lui fit soudain défaut. Heureusement pour elle, malheureusement pour lui, Anwar était à portée de mains. Elle tendit désespérément les bras dans sa direction et s’accrocha à ses épaules pour s’éviter une lamentable chute. L’air vexée, elle releva la tête vers lui avant de lancer : « Tu disais quoi ? C’est pas si dur ?... »

C’était toujours facile, lorsqu’on était dans la peau de celui qui se débrouillait le mieux – et par là il fallait comprendre que ce n’était pas tant un don inné pour le patin qu’une pratique à une époque suffisamment assidue pour, sans être un expert, donner l’air de savoir se débrouiller. « Tu vas pas me faire croire que t’étais tout de suite à l’aise la première fois que t’as enfilé des patins ? » Évidemment que non. Mais plutôt que de l’admettre Anwar avait haussé les épaules et répondu d’un ton faussement désolé « Quel dommage qu’il n’existe plus aucune preuve de ce que tu insinues. » En réalité il en existait probablement, emprisonnées sur de vieilles pellicules d’appareil photo jetable, perdues dans un carton à la cave, ou au garde-meubles où s’entassaient certaines affaires qu’il partageait encore avec la mère de Tarek. « Le seul avantage que je vois là-dedans, c’est que je tomberai de moins haut que toi. » – « T’es même pas encore sur la glace et tu parles déjà de tomber. Je croyais que c’était ton truc, les miracles de Noël. » Bien trop satisfait de lui-même pour s’en priver, Anwar s’était élancé le premier sur la glace tant pour ouvrir la marche que pour révéler le fait qu’elle et lui n’étaient, de ce point de vue là, pas du tout à égalité. Bon joueur, il était néanmoins rapidement retourné à sa hauteur en expliquant à demi-mot d'où lui venait ce brin d'aisance. « Je me renseignerai auprès du principal intéressé pour savoir ce qu’il pensait de son professeur particulier à l’époque. » Faisant mine de s’en offusquer, le père avait haussé les épaules « Il te dira la vérité : que j’étais le meilleur. Son héritage en dépend. » Mais trêve de bavardages, laissant de côté ses appréhensions Maze avait posé un premier patin sur la glace avec hésitation un second, sous le regard attentif d'Anwar. Il avait beau afficher le même air impénétrable que lorsqu’il lui enseignait la batterie, il ne comptait pas la laisser s’étaler sur la glace sans bouger le petit doigt. « Tiens-toi droite, tiens-toi droite … ! » Trop tard, déséquilibrée par sa posture, la brune moulinait des bras dans la recherche de quoi que ce soit pour l’empêcher de terminer à plat ventre, le policier comme candidat idéal. « Tu disais quoi ? C’est pas si dur ? ... » Un éclat de rire lui échappant, Anwar avait récupéré les mains de la brune et refermé ses doigts autour de ses poignets « J’ai pas non plus dit que c’était facile. » Nuance. « Mais qui sait, si tu t’élances sur la piste et que tu te vautres au milieu, l’homme de ta vie viendra peut-être t’aider à te relever. Christmas spirit. » Or so. « Ou bien tu mets un pied devant l’autre et tu me fais confiance pour ne pas te lâcher, ça marche aussi. » Moins christmas spirit, certes, mais moins dangereux pour les os.

Maze jeta un regard à la fois dubitatif et provocateur à Anwar ; s’il restait une quelconque trace des début de l’inspecteur en patins à glace quelque part, elle les trouverait. Et sa riposte serait terrible pour se venger de ce sourire satisfait qu’il affichait fièrement. « T’es même pas encore sur la glace et tu parles déjà de tomber. Je croyais que c’était ton truc, les miracles de Noël. » C’était vile de retourner ses croyances contre elle de cette manière. Malin, mais vile. « Non mais les miracles de Noël ont leur limite quand même. Gagner au loto, rencontrer ton âme sœur dans un café au détour d’une unique prise libre pour charger deux ordinateurs à l’agonie, réconcilier Picsou et Miss Tick, oui d’accord….Mais me permettre de patiner sans tomber ? C’est plus un miracle qu’il me faut là, c’est… » Son regard s’était perdu au loin vers le ciel, comme si elle pouvait y trouver une quelconque réponse. Elle reporta finalement son attention vers Anwar, un sourcil haussé mais l’air parfaitement sérieuse : « …un inspecteur aguerri et vraiment très déterminé à pallier à mon sens de l’équilibre désastreux. Il me faut AU MOINS ça. » Plus efficace qu’un miracle de Noël, non ? « Il te dira la vérité : que j’étais le meilleur. Son héritage en dépend. » Concentré, son regard était maintenant fixé sur la glace sur laquelle elle s’apprêtait à poser son patin. Mais cela ne l’empêcha pas d’afficher une expression faussement exaspérée par cette remarque. Malgré les injections d’Anwar, la brune ne put que se rattraper à lui pour éviter une chute annoncée. Comment voulait-il qu’elle se tienne droite alors qu’elle peinait déjà à se tenir debout tout court ? « Contente de voir que ça te fait rire. » Elle tentait de garder son sérieux autant que possible mais elle peinait à refreiner un sourire de par le ridicule de la situation. « Mais qui sait, si tu t’élances sur la piste et que tu te vautres au milieu, l’homme de ta vie viendra peut-être t’aider à te relever. Christmas spirit. » Enfin ! Son moment de gloire ; la possibilité d’enfin vivre dans un mielleux téléfilm de Noël dégoulinant de clichés. Elle en rêvait. « Ou bien tu mets un pied devant l’autre et tu me fais confiance pour ne pas te lâcher, ça marche aussi. » Sa moue perplexe laissait entendre qu’elle n’était pas vraiment convaincue par cette option. « Et il se passe quoi si je m’élance au milieu de la piste, que je me vautre et que c’est toi qui viens me récupérer ? Tu sais…parce que t’es techniquement censé avoir un cœur et ne pas me laisser seule à mon triste sort avachie par terre. Ça fait de toi l’homme de ma vie ? » La question se posait non ? La logique était imparable. Ou presque. Ou pas. Après quelques secondes de silence, elle daigna finalement accepter la deuxième option en faisant glisser sa main dans celle d’Anwar, non sans déclarer : « Je sais vraiment pas si je déteste ou si j’adore cette journée. » Tout comme, présentement, elle ne savait pas non plus si elle adorait ou détestait Anwar du plus profond de son cœur.

« Non mais les miracles de Noël ont leur limite quand même. » Tiens donc, voilà bien une phrase qui semblait sonner de travers dans la bouche de Maze. Elle vivait Noël, elle respirait Noël … elle était Noël, et depuis le début du mois de décembre leur appartement tenait plus de la boutique de décoration que de la colocation. Une lubie bien mignonne, quoi qu’un peu lointaine pour quelqu’un qui, comme lui, n’avait pas été élevé dans la culture de ces fêtes chrétiennes. « Gagner au loto, rencontrer ton âme sœur dans un café au détour d’une unique prise libre pour charger deux ordinateurs à l’agonie, réconcilier Picsou et Miss Tick, oui d’accord … Mais me permettre de patiner sans tomber ? C’est plus un miracle qu’il me faut là, c’est … un inspecteur aguerri et vraiment très déterminé à pallier à mon sens de l’équilibre désastreux. Il me faut AU MOINS ça. » Aguerri et très déterminé, voilà une description qui flattait son ego d’une façon agréable. Et pourtant ce n’était pas ce qu’il avait choisi de relever, arquant un sourcil presque aussitôt pour asséner « Picsou et Miss Tick. De tous les duos en mal de réconciliation du petit écran c’est celui-là que tu as décidé de choisir ? Intéressant. » Révélateur, même. Ce qui en définitive ne changeait rien à leur problème d’origine : Maze avait autant d’équilibre sur ses patins que Bambi lors de sa première incursion sur la glace, et jamais encore le brun n’avait autant eu la sensation d’être l’héritier de Panpan le lapin de garenne. « Contente de voir que ça te fait rire. » Dire qu’il tentait de se contenir un minimum. La gratifiant d’un immense sourire provocateur, il avait tenté de l’amadouer avec une nouvelle dose de mièvrerie très esprit de Noël et avait reçu en échange une moue dubitative « Et il se passe quoi si je m’élance au milieu de la piste, que je me vautre et que c’est toi qui viens me récupérer ? Tu sais … parce que t’es techniquement censé avoir un cœur et ne pas me laisser seule à mon triste sort avachie par terre. Ça fait de toi l’homme de ma vie ? » La remarque lui avait arraché un rire et la question l’avait laissé songeur, mais sourire narquois à l’appui il avait opposé « Possible … Mais je te rappelle que je suis livré avec un perroquet insolent et un humour douteux, alors c’est à tes risques et périls. » Ses mots à elle, fallait-il le rappeler. « Je sais vraiment pas si je déteste ou si j’adore cette journée. » - « Tu viens d’acheter une figurine de kangourou qui chante Holly Jolly Christmas quand on appuie sur son ventre, évidemment que tu adores cette journée. » Maze, mesdames et messieurs. Mais se saisissant finalement de sa main elle était revenue à leurs moutons, s’élançant dans un équilibre précaire pour tenter de mettre un patin devant l’autre. Jusqu’à quand ?

DEDE:

« Picsou et Miss Tick. De tous les duos en mal de réconciliation du petit écran c’est celui-là que tu as décidé de choisir ? Intéressant. » Pour une fois que Maze tentait un semblant de compliment à l’attention d’Anwar, il avait choisi de ne pas rebondir dessus. Pourquoi en avait-elle douté un seul instant ? La brune haussa les épaules, l’air détaché. « Excuse-moi mais ils sont cultes. Je ne vois pas quel meilleur exemple j’aurais pu choisir. » Le pire dans cette histoire était certainement le fait qu’elle croit dur comme fer à ce qu’elle venait de dire. Même si la concentration dont elle tentait de faire preuve pour ne pas finir les fesses sur la glace était probablement entrée en jeu et ne lui avait pas véritablement permis de songer à un duo plus approprié. Les sourcils froncés, le nez occasionnellement plissé, et ses lèvres se tordant à intervalles réguliers en une grimace peu convaincue, le spectacle devait être absolument ravissant à regarder pour tout acteur extérieur à la situation. Et si Anwar semblait lui aussi en profiter avec son sourire provocateur, il devait toutefois en apprécier un peu moins que les autres depuis que Maze avait décrété qu’il lui servirait d’appui de fortune. « Possible … Mais je te rappelle que je suis livré avec un perroquet insolent et un humour douteux, alors c’est à tes risques et périls. » L’appui de fortune n’avait pas tort sur ce coup-là. La question méritait d’être étudiée avec un peu plus d’attention. « Mh…C’est sûr qu’on a déjà vu plus idéal comme "homme de ma vie". » Etait-elle sérieusement en train de peser intérieurement le pour et le contre ou de simplement chercher une réplique digne de ce nom à opposer à pareils défauts ? « Le perroquet, je t’ai déjà proposé de m’en accommoder….à l’aide d’une casserole. En ce qui concerne l’humour douteux, j’imagine que j’arriverai à m’y faire avec le temps. » Elle put difficilement garder son sérieux plus longtemps et le coin de ses lèvres finit par s’étirer en un sourire amusé. L’hôpital, la charité, tout ça…quand on parlait d’humour douteux, elle n’était jamais en reste. Il était presque difficile à croire qu’ils aient tous deux réussi à cohabiter si longtemps sans s’auto-détruire à coups de blagues vaseuses et de répliques cinglantes, mais force était de constater que finalement leur duo fonctionnait plutôt bien au quotidien. « Non mais en plus, soyons honnêtes, si on avait des enfants ensemble, ils seraient absolument magnifiques ! » S’était-elle cognée la tête par inadvertance pour que ce genre de réflexion ne lui échappe sans qu’aucune goutte d’alcool ne pèse dans la balance ? Cela lui ressemblait bien finalement. Tout comme cela lui ressemblait d’acheter un kangourou de Noël chantant.  « Un point pour toi ! C’est en effet le meilleur achat de ma vie. Je ne regrette rien. » Et elle se réjouissait déjà de pouvoir le placer en plein milieu du salon en rentrant. Cette idée était presque parvenue à la distraire suffisamment pour qu’elle cesse de penser à son inévitable future chute. « Oh wow, je pensais vraiment pas réussir à tenir debo… » Le karma, joueur, avait choisi ce moment très précis pour qu’ils s’étalent tous deux de tout leur long sur la glace. Enfin, plus exactement, pour que Maze s’étale et entraîne bien malgré elle Anwar dans sa chute. « Excuse-moi….et explique-moi comment on est censés se relever maintenant ? » Son appui de fortune était officiellement par terre avec elle, il n’y avait pas de rambarde à proximité, et ses patins glissaient de manière chaotique quand elle tentait de les remettre droit sur la glace.

N'y avait-il pas une part de vrai dans les conditions évoquées du bout des lèvres par Anwar pour l’attribution du titre d’homme de la vie de qui que ce soit, d’ailleurs ? N’importe quelle femme supposément intéressée – mais inutile de prétendre qu’elles se bousculaient au portillon tant sa vie était décousue et ses efforts inexistants – devrait faire avec l’obligation de s’accommoder de ses enfants, mais également de son volatile de compagnie, lequel était sans aucun doute plus vieux que n’importe laquelle des candidates potentielles. Et bien qu’elle se répande encore en « Le perroquet, je t’ai déjà proposé de m’en accommoder … à l’aide d’une casserole. » provocateurs, Maze s’était suffisant faite à l’animal pour cohabiter avec lui depuis … Bientôt un an, déjà. Suffisamment pour même admettre « En ce qui concerne l’humour douteux, j’imagine que j’arriverai à m’y faire avec le temps. » et arracher au policier un sourire éhontément satisfait. « Compte sur moi pour te le rappeler dans les pires moments. » Mais en attendait-elle véritablement moins de lui ? Sans doute pas. « Non mais en plus, soyons honnêtes, si on avait des enfants ensemble, ils seraient absolument magnifiques ! » La remarque laissant Anwar songeur – quelques secondes de trop pour que ce soit totalement innocent – la raison l’avait tout de même poussé à rétorquer « Magnifiques, ça c’est un fait … Silencieux ? Ça, j’en doute. Dis adieu à ton beauty sleep, princesse. » Il avouait cependant la trouver conciliante : jamais encore n’avait-elle fait de remarque sérieuse sur les nuits qu'Alma avait interrompues par ses pleurs. Trêve de bavardages, actant sans lui laisser le choix que l’achat compulsif de babioles de Noël garantissait déjà qu’elle passait une excellente journée, il l’avait entraînée sur la glace avec suffisamment d’assurance pour deux … Ou au moins s’en était-il persuadé sur quelques mètres, avant qu’elle ne vacille, chancelle, et l’entraîne dans sa chute d’un « Oh wow, je pensais vraiment pas réussir à tenir debo- … » inévitable. En short et tee-shirt sur la glace, le brun s’était surpris à remettre en question le bien-fondé de son idée … Une seconde, à peine, car la moue boudeuse de Maze valait bien d’avoir froid aux fesses. « Excuse-moi … et explique-moi comment on est censés se relever maintenant ? » S’étendant de tout son long sur la glace, la pitrerie compensant le frisson remonté instantanément le long de son dos, il avait rétorqué « On ne se relève pas, on attend seulement la mort. » d’un ton théâtral, puis quelques secondes passant, il s’était redressé brusquement « Ou pas. Mon cul est en train de geler. » S’asseoir ? Facile. Se mettre sur ses genoux ? Jeu d’enfant. Se remettre debout … « C’est plus de mon âge. » Mais soit, il était debout, et posant ostensiblement les mains sur ses hanches il avait toisé Maze d’un air moqueur. « Vous lambinez, Miss Crawley. » Et malgré tout il lui avait tendu une main, grand prince.

« Compte sur moi pour te le rappeler dans les pires moments. » Evidemment. Elle aurait été déçue qu’il en soit autrement. Cela ne l’empêcha pas pour autant de tordre ses lèvres en une subtile grimace avant d’ajouter : « Et compte sur moi pour te rendre la pareille. » La maturité, se comporter en adultes, tout ça…ça n’était pas vraiment leur façon de fonctionner.
Maze haussa un sourcil interrogateur alors qu’Anwar semblait de son côté considérer l’hypothèse qu’elle venait d’émettre. S’il n’avait pas été un minimum d’accord, il l’aurait déjà fait savoir. « Magnifiques, ça c’est un fait … Silencieux ? Ça, j’en doute. Dis adieu à ton beauty sleep, princesse. » On pouvait aisément lire de la fierté sur les traits du visage de Maze alors qu’il avait pour une fois confirmé ses propos sans broncher. La suite de la phrase la laissa toutefois dubitative. Elle afficha une moue peu convaincue. « Attends attends…t’es rôdé  à te lever au beau milieu de la nuit avec Alma, ce serait dommage de perdre la main. Je propose qu’on laisse mon beauty sleep tranquille et que tu continues sur ta lancée. » A l’entendre, on aurait presque pu croire que leur fameux enfant prodige était bel et bien présent, à les attendre sagement à la maison. « Et puis ce serait des mélomanes incroyables avec deux parents comme nous aussi, non ? » Elle le fixa en plissant imperceptiblement les paupières, déjà prête à une potentielle remarque quant à ses propres talents de musicienne du dimanche.
Elle aurait pu continuer à vanter les mérites de leurs enfants imaginaires durant de longues minutes encore si une chute n’était pas venue la stopper net dans son élan. En parlant d’élan, c’était définitivement quelque chose qu’elle n’était pas capable de prendre sur des patins à glace. « On ne se relève pas, on attend seulement la mort. » D’abord incrédule, Maze ne put s’empêcher de se mettre à rire bien volontiers en le voyant étendu sur la glace. Elle était déjà prête à accepter ce sort -qu’avaient-ils d’autre comme option ?- mais Anwar se reprit rapidement. « Ou pas. Mon cul est en train de geler. » Elle l’avait bien observé pour tenter de reproduire les différentes étapes qu’il avait suivies pour parvenir à se relever mais en pratique cela lui paraissait impossible à mettre en oeuvre. Malgré son âge comme il le disait si bien, il s’en était sorti aisément pour se remettre debout. Si Maze devait compter sur son sens de l’équilibre pour en faire de même, elle était effectivement prête à se résoudre à ne jamais se relever et attendre la mort. « Vous lambinez, Miss Crawley. » Elle avait relevé la tête dans sa direction, surprise qu’il lui tende la main pour l’aider. « Je suis surtout un cas désespéré. Pourquoi tu t’acharnes ? » Elle avait beau râler, elle attrapa néanmoins bien volontiers sa main pour se relever de manière peu gracieuse. Elle tremblait moins sur ses patins qu’avant, mais ça n’était clairement pas encore concluant. Maze jeta un coup d’œil à la patinoire et aux autres personnes qui semblaient patiner comme s’il s’agissait d’un véritable jeu d’enfant. « C’est quoi l’étape suivante ? Tu vas me pousser pour me faire glisser et me lâcher au moment où je m’y attendrai le moins comme quand on apprend aux enfants à faire du vélo? » Elle avait dit ça en rigolant mais elle songea tout de même à finir par se retourner vers Anwar pour lui lancer un regard qui signifiait que ce n’était pas une possibilité envisageable. Elle avait déjà l’air suffisamment ridicule comme ça à tanguer au moindre coup de vent.

On pourrait presque s’imaginer que leur progéniture au physique de rêve mais au sommeil de démon existait bel et bien, n’attendant que leur retour au bercail pour les voir mettre en application ce qu’ils étaient en train d’énoncer. Fin du consensus, pourtant, lorsque Maze avait tenté de négocier : « Attends, attends … t’es rôdé  à te lever au beau milieu de la nuit avec Alma, ce serait dommage de perdre la main. Je propose qu’on laisse mon beauty sleep tranquille et que tu continues sur ta lancée. » lui faisant claquer sa langue pour témoigner de sa désapprobation et lui remettre les pieds sur terre. « On est au vingt-et-unième siècle darling, la tendance est au partage équitable des tâches. » Duh. Et sur un ton moins théâtral mais légèrement plus sarcastique il n'avait pas su s’empêcher d’ajouter « Et j’ai déjà donné avec Tarek là-dessus. » Oh, le tacle à peine dissimulé à sa future-ex-femme. Au bout du compte mieux valait s’en tenir aux plaisanteries, et la britannique demandant « Et puis ce serait des mélomanes incroyables avec deux parents comme nous aussi, non ? » il avait trouvé l’occasion parfaite de retrouver ce sourire narquois qu’il adorait lui réserver et questionné « T’aimes tendre le bâton pour te faire battre, avoue ? » en pure rhétorique.

Les plans sur la comète de leur hypothétique chérubin n’avaient cependant pas été suffisants pour assurer leur équilibre, et un faux mouvement plus tard ils étaient aplatis sur la glace, Anwar tenté d’y rester pour de bon avant de se rappeler qu’en australien qui se respectait, le froid et la glace n’étaient pas sa tasse de thé – de café. « Je suis surtout un cas désespéré. Pourquoi tu t’acharnes ? » Tendant la main à Maze pour l’aider à se relever à son tour, il avait adopté un air de tragédien « J’avoue tout … j’adore te voir souffrir. » Faux, bien entendu. Mais il se sentait presque obligé de prétendre le contraire afin de ne pas nuire à leur … dynamique. « C’est quoi l’étape suivante ? Tu vas me pousser pour me faire glisser et me lâcher au moment où je m’y attendrai le moins comme quand on apprend aux enfants à faire du vélo ? » Le bâton pour se faire battre. « Je songeais à quelque chose de plus Christmas spirit, mais si tu insistes … » Frimant avec un dérapage pour aller se planter derrière elle, il avait donné le change encore quelques secondes puis laissé échapper un rire « Allez, j’ai pitié de toi. » Gentiment. « Crawley, soit la Rose de mon Jack. Enfin sauf la partie iceberg, mort, tout ça … » L’attrapant par la taille, il avait remonté ses mains le long de ses bras pour les lui faire tendre. Manquait la proue du bateau, mais l’illusion était parfaite … et le rapport avec Noël évident : Titanic n’était qu’un téléfilm de Noël cucul à qui on avait offert une mauvaise fin.

« On est au vingt-et-unième siècle darling, la tendance est au partage équitable des tâches. » Oh le vingt-et-unième siècle avait bon dos. Elle ne pouvait même pas suggérer qu’elle n’avait jamais été pour l’évolution des mœurs pour tenter de se défaire de cette situation -aussi fictive soit-elle- car continuer à vivre dans le passé signifierait certainement qu’elle gèrerait toutes les tâches les plus ingrates en tant que mère de l’enfant. Elle avait vu suffisamment d’épisodes de Mad Men pour en être persuadée. Alors s’il y avait une quelconque répartition des tâches qui était envisageable, elle préférait encore saisir cette opportunité-là. Cela ne l’empêcha néanmoins pas de tenter une nouvelle négociation : « Et on pourrait pas faire un deal ? Tu t’en occupes la nuit si je me charge de toutes les couches et de tous les biberons à partir de 9h du matin jusqu’à la tombée de la nuit ? »  Elle y tenait vraiment beaucoup à son sommeil. Il y avait des choses avec lesquelles il ne fallait pas rigoler. « Et j’ai déjà donné avec Tarek là-dessus. » Elle grimaça légèrement en songeant que la négociation s’avèrerait peut-être plus difficile que prévue. Mais une chose était sûre : Tarek était la preuve vivante qu’il avait finalement bien fait son boulot de père du début à la fin. La question qu’elle se posait toutefois était de savoir si son fils avait grandi au milieu des remarques sarcastiques telles que : « T’aimes tendre le bâton pour te faire battre, avoue ? » Elle ne s’attendait pas à moins de sa part mais cela ne l’empêcha pas d’afficher une moue vexée pour la forme. « Tu peux aussi répondre "Oui, tu as totalement raison !" sinon. Ça marche aussi. » Elle ne comptait pas abandonner la batterie de sitôt. Qu’il attende seulement qu’elle ait enfin rattraper son niveau….d’ici une dizaine d’années…peut-être.
Il lui faudrait d’ailleurs très exactement le même nombre d’années pour réussir à tenir un jour sur des patins à glace vu comme elle était partie. « J’avoue tout … j’adore te voir souffrir. » Elle lui lança un regard qui signifiait clairement "je le savais", même s’ils n’auraient en réalité pas pu trouver une affirmation plus loin de la vérité que celle-ci. « Je songeais à quelque chose de plus Christmas spirit, mais si tu insistes … » Elle était déjà prête à répliquer mais Anwar et son dérapage avaient été plus rapides qu’elle, la laissant littéralement bouche bée devant une telle maîtrise sur la glace. Elle était bien trop occupée à se demander quand est-ce qu’elle serait capable d’en faire autant pour s’offusquer de son comportement. Mais il avait fini par la faire sortir de ses pensées et par éveiller sa curiosité en lui accordant sa pitié. Quelle pitié ? Etait-il vraiment capable de ça ? Etait-elle censée partir en courant ? Le cas échéant : comment ? « Crawley, soit la Rose de mon Jack. Enfin sauf la partie iceberg, mort, tout ça … » La tête légèrement tournée pour tenter de le garder dans son champ de vision périphérique, les sourcils froncés en se demandant ce qu’il préparait, elle finit par éclater très franchement de rire en comprenant où il voulait en venir. Elle le laissa faire en tentant de reprendre son sérieux pour pouvoir déclarer de manière crédible : « Jack, I’m flying !!! » Et tout comme Rose, si son Jack décidait de la lâcher, l’histoire risquait de très mal tourner. « Ceci dit, moi je trouve que la partie iceberg pimente un peu l’histoire. Bon certes, ça a fait beaucoup de dommages collatéraux… » Elle aurait bien plaisanté davantage sur cette  partie du film, mais elle sembla se rappeler qu’il était inspiré d’une histoire vraie et que le manque de respect avait peut-être ses limites.

Il coule le titanic ? :

L’adage avait beau dire « jamais deux sans trois » Anwar n’avait pas pour projet de renouveler une troisième fois l’expérience de la paternité, laquelle n’était déjà – fallait-il le rappeler – qu’une succession d’imprévus auxquels il n’avait pas eu d’autre choix que de se plier. Qu’on ne s’y trompe pas, le brun aimait ses enfants plus que tout, mais cela ne l’empêchait pas de se questionner parfois sur ce qu’aurait été sa vie si Tarek n’avait pas lié son destin à celui de Riley, et ce que serait son quotidien actuel si Lene et lui n’avaient pas partagé ensemble une nuit trop alcoolisée pour qu’ils s’en souviennent en détails. Cette perspective de vie alternative c’était un peu la même que celle où Maze négociait sans se démonter « Et on pourrait pas faire un deal ? Tu t’en occupes la nuit si je me charge de toutes les couches et de tous les biberons à partir de 9h du matin jusqu’à la tombée de la nuit ? » et où il finissait par trancher d’un ton narquois « Commence par le porter neuf mois et on pourra causer renégociation des termes du contrat. » avant de calmer son enthousiasme à faire de cet enfant du diable un mélomane averti. « Tu peux aussi répondre "Oui, tu as totalement raison !" sinon. Ça marche aussi. » Faisant mine de tendre l’oreille avec exagération, il avait secoué la tête et claironné « Comment ? J’entends pas ce que tu dis. » avant d’offrir à l’assistance son plus beau dérapage contrôlé. L’exploit ne méritait en réalité pas tant d’entraînement que cela, mais il se garderait bien de l’avouer à la britannique encore un peu …

Mais il n’était pas sans cœur non plus (oui), et dans sa meilleure imitation de Leonardo il avait déployé les bras de Maze en même temps que les siens et laissé échapper un éclat de rire sitôt s’était-elle exclamée « Jack, I’m flying !!! » Le naturel la rattrapant cependant au galop, elle avait repris d’un ton dubitatif « Ceci dit, moi je trouve que la partie iceberg pimente un peu l’histoire. Bon certes, ça a fait beaucoup de dommages collatéraux … » et l’interrompant avant qu’elle n’aille au bout Anwar s’était fendu d’un « Shhhhh ! » sévère. « Laisse faire la magie du cinéma. » Contre toute attente, à bien prendre garde de ne pas faire de mouvement brusque ils avaient, à leur rythme, effectué un tour de piste complet. Un petit pas pour lui, une immense enjambée pour elle. « C’est donc ça qu’on appelle un miracle de Noël ? » Mutin, il avait murmuré à son oreille sans pour autant la lâcher et ses mains finalement avaient quitté les bras de la jeune femme pour aller se poser sur sa taille. « On reste sur cette victoire et on s’autorise un goûter avant de rentrer ? Depuis qu’on est passés devant ces popcorns au pain d’épices l’idée m’obsède … » Noël et ses bizarreries, toujours.