« les souvenirs ne cessent de me hanter... »    asher buckley & dan buckley

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Elle est terrifiante cette scène, jamais, il n’aurait voulu en arriver jusque-là, pas contre son propre frère, pas contre son propre sang. Dan ne se reconnaît plus et il atteint doucement le bas de la pente, qu’il heurte encore et encore sans jamais pouvoir trouver de branche à laquelle se raccrocher. Et si il l’avait devant lui, devant ses yeux sombres ? Devant son cœur qui tourbillonne au gré de ses passions, de ses envies éphémères, mais surtout de cette solitude qui aujourd’hui, le pèse. Et si Asher était la clé à ce bonheur qu’il fuit, par lâcheté, parce qu’il est plus facile de tourner le dos que d’affronter ? Cette femme qui hurle, et c’est le néant pour lui, après ça. Il n’comprend plus tout ce qui passe, il n’entend que des bribes de mots ci et là, mais elle parle de secours, d’hôpital. Rien ne se connecte avec son cerveau et il demeure passif, distant, immobile à la regarder sans plus pouvoir bouger. Il voudrait partir, il ordonne à ses jambes de le faire, les implore, mais elles s’y refusent comme si on voudrait qu’il affronte son frère une bonne fois pour toute. Comme si on voudrait qu’il lui pardonne, qu’il se pardonne… Qu’il s’exprime enfin sur ce qu’il ressent – et chose qu’il ne fait jamais ! Dan observe cette femme qui repart, fronçant les sourcils, vient-elle sans le vouloir faire en sorte qu’il ne commette pas l’irréparable ? Fallait croire que oui… Et puis restant de longues secondes immobiles, c’est quand Asher rejoint la voiture, qu’il s’installe derrière ce volant, que son frère, réalise ce qu’il vient de faire. Réalise que ça ne peut plus vraiment durer entre eux. Que cette prétention, cette arrogance c’était pas vraiment contre lui. Il passe sa main contre son visage, il saigne lui aussi, un peu moins que Asher mais quand même. Suffisamment pour savoir que l’hôpital ne lui fera aucun mal, il obtempère mais au lieu d’ouvrir la porte arrière du véhicule, il ouvre celle avant, pour s’installer au côté de son petit frère. « Roule… » Qu’il demande à son frère, posant sa tête contre le rebord de l’habitacle, laissant son regard se perdre autour de lui un instant. Et il ne suffit pas plus de dix minutes pour arriver à ses fins, et voir l’enceinte de l’hôpital devant ses yeux. Ils se dirigent tout droit en direction des urgences, tant pis pour son rendez-vous, ils ont l’habitude à pas le voir à chaque fois toute manière. Dan va s’enregistrer au bureau de l’accueil, laissant Asher le faire pour lui, alors que ce silence est là, pesant. Ce cœur est sombre. « Pourquoi tu t’es pas défendu ? » Qu’il avoue quand Asher lui-même vient s’installer sur la chaise à côté, encore un reproche, toujours un reproche. Mais cette fois, sa voix ne ruissèle pas d’animosité particulière…

@asher buckley

« Roule… » Ces instants derrière le volant, seul, dans la voiture, tu as eu l’impression que c’était une éternité. Tu voulais qu’il vienne. Tu n’étais pas sûr qu’il le fasse. Dan est si imprévisible. Même à moitié éclopé il serait parti à pied de son côté, t’en es sûr. Mais non. Il est dans la voiture. A côté de toi. Fini la relation assistant/assisté comme un peu plus tôt avec Dan à l’arrière. Vous êtes à égalité maintenant, ou en tout cas, c’est comme ça que tu le sens. Peut être qu’il se prend la place avant car il t’a mis une belle raclé et il veut pas être relégué. Aucune idée pourquoi il est passé à côté mais tu prends ça comme un bon signe. Tu ne dis rien. Tu mets le contacte. Tu roules. Direction l’hôpital. Tu ne pensais pas que tu aurais besoin d’y aller toi aussi quand tu as commencé toute cette mascarade avec la voiture de ton frère. Peut être que ça vous fera un peu plus de temps passé ensemble ? Tu sais pas. Tu verras. Tu restes silencieux pendant tout le trajet. L’adrénaline commençant à partir de ton corps. Ton souffle qui est de nouveau normale. Ca veut aussi dire les douleurs de tes ecchymoses qui se réveillent. Tu vas passer quelques longs jours, peut être même semaines avant que tout ça ne soit plus qu’une histoire ancienne.

« Pourquoi tu t’es pas défendu ? » Tu prends place à côté de ton frère alors que vous n’avez plus qu’à attendre d’être vu par un docteur. Tu n’aurais pas cru qu’il reprendrait la parole, qu’il te pose une question. Le silence était pas mal jusque là, il aurait pu continuer comme ça. Mais visiblement vous allez pouvoir avoir une conversation. Son ton est bien plus calme et posé que plus tôt. Sauf que tu repasses sa question dans ta tête et t’es même pas sûr de ce qu’il dit. De ce que tu vas lui dire.

Tu t’es pas défendu Asher? Oui et non. T’as pas forcé mais la rage de Dan était si grande que ça t’a pris par surprise. Ca t’a aussi fait plutôt du bien de ressentir, de le voir se décharger. « Pourquoi tu restes enfermé chez toi? » Une question qui te fait chier à laquelle tu réponds par une question qui va le faire chier en retour. Tu soupires, te cale dans la chaise, ferme les yeux un bref instant. Tu ressens bien combien ça te lance au niveau du nez et des pommettes surtout. T’as aperçu rapidement ton état dans le rétroviseur. C’est moche. Tu rouvres les yeux ensuite, reprenant la parole. « Au moins ça aura permis à ce que tu me parles. » Tu sais pas si vous allez parler plus que juste ça, mais de le sentir courtois alors que vos visages sont bien abimés - surtout le tiens - tu prends ça comme une amélioration de la situation.

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Il ne voulait pas en arriver là avec son propre frère, il est certainement la seule chose qui lui reste dans ce monde. La seule chose qui le rattache à la vie, mais pour autant il lui en veut et il a ce besoin perpétuel de le lui montrer, par un signe, par n’importe quoi. En le rejetant c’est la meilleure chose qu’il a trouvé mais dans le fond, il a besoin de son frère dans sa vie. De ce lien qu’il ne peut pas totalement expliquer, c’est trop dur, il lui rappelle leur sœur à chaque fois qu’il lui parle, qu’il le regarde. Il lui rappelle son enfance, Dan s’est toujours montré exemplaire avec ses parents, c’est certain. Bien plus que Asher qui a toujours cherché à les provoquer, à ne pas les écouter. Pour autant leur chemin n’a jamais été très différent l’un de l’autre, et ils se sont toujours bien entendu les deux. Suffisamment pour que ce lien reste intact à quelque chose prêt : la mort de leur petite sœur qui a créer un profond ravin entre eux. Dans la vie de Dan, aussi. Il ne parvient pas à oublier, pas à passer à autre chose et qu’importe cette main tendue vers lui, qu’il rejette de toute ses forces. Comme si c’était la dernière chose qu’il voudrait. Assis sur le siège avant, il aurait sans doute mieux fait de grimper à l’arrière, de sa propre voiture – avec son propre frère en conducteur, ça aurait paru louche. Il ne pose même pas son regard sur Asher quand la porte de l’habitacle se referme. Quand il fait face à ce silence, presque pesant, alors qu’il est lui-même pas du genre à ouvrir la conversation, encore moins quand ça concerne ses propres problèmes, sa propre famille. Il n’y a aucune étreinte, aucune gratitude. Juste une patience à toute épreuve, alors qu’il ne dit rien, ne trouvant même pas le prétexte de cette bagarre pour régler ses comptes, il ne lui en veut pas, pas vraiment. « Pourquoi tu restes enfermé chez toi? » Il est chiant Asher quand il s’y met. Ils ont beau être assis sur la chaise de cette salle d’attente repartir au front ne l’effraie pas à l’ancien pilote de formule un, une moue s’installe sur son visage alors qu’il marmonne. Tournant vivement la tête de l’autre côté sans même y répondre et se montrant même désagréable avec ce qui le fâche ! Ca le regardait pas ! « Au moins ça aura permis à ce que tu me parles. » Il hausse les épaules, « tu te contentes de ça ?! » Qu’il demande, est-ce que Asher serait capable d’attendre plus de sa part ? Il n’en sait rien… « Et toi ? Pourquoi tu lui en veux au père ? » Œil pour œil, dent pour dent ! Il a ce sourire satisfait, narquois, il était pas prêt à lui répondre, juste à le provoquer… C'est déjà bien assez comme ça…

Bien content de voir que ta question le dérange vu sa réaction qui est plutôt très puéril. Tout comme la tienne. Répondre à une question par une question c’est toujours une technique de petit con, mais tu assumes. Dan n’est pas en train de s’enfuir pour autant. Ca n’a pas du trop piquer. A moins qu’il sache qu’il a réellement besoin de se passage à l’hosto vu ce qu’il a de base et que vous vous êtes infligés à tous les deux. Est-ce qu’il commencerait à devenir raisonnable?

« tu te contentes de ça ?! »  
« Parce que tu me laisses le choix ? »

Tu voudrais plus mais tu ne sais plus quoi faire. Il a pas l’air de s’en rendre compte le gars. Il est complètement à côté de la plaque. Il est dans son monde et… « Et toi ? Pourquoi tu lui en veux au père ? » Confirmation qu’il est à côté de la plaque. Il cherche juste à te provoquer et ça prend pas le moins du monde là. Vraiment. « Hors sujet. C’est toi qui te ferme à tout le monde. A moi… Et ça me fait chier. Ça fait des mois que je suis de retour et t’es littéralement le seul de la famille que j’ai envie de voir et… Bref… T’es juste très con. Je suis pas là pour te faire chier. Je veux juste voir mon frère. » T'as perdu une soeur, tu veux pas perdre ton frère. Et ça te blesse plus que tu ne le voudrais qu’il t’esquive. Ton père est un fils de pute depuis toujours. Tu l’aimes malgré tout, tu ne sais même pas pourquoi quand tu fais la listes de ses bons et mauvais côtés. La liste des mauvais est si longue… Mais ton frère quoi qu’il se soit passé dans ta vie, autant que tu détestes une grande partie de ta famille, Dan n’a jamais été au milieu de tout ça. Tu sais pas trop t’exprimer Asher. T’es un peu pris au dépourvu de cette conversation là. Tu pensais pas que vous alliez parler. Vous frapper c’était bien plus simple au fond. Y’a une sorte de petit espoir qui né en toi de le voir être si calme à tes côtés. De le voir rester là. Tu sais pas dire qu’il te manque, tu sais pas dire que tu l’aimes, mais tu as bien pris la peine de dire tout ça d’une traite parce que t’es pas sûr qu’il te laisse parler jusqu’au bout sinon. Tu connais ton frère.

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En soit, il ne voyait aucun mal de répondre par une autre question, et ce n’était pas Asher qui allait lui reprocher l’inverse puisqu’il sait en faire de même. Ils se renvoient la balle, continuellement, comme si ils n’étaient que dans un jeu, loin de la vie qui continue de tourner. Avec eux, ou sans eux, elle le fait sans y trouver de recul, de remord. Assis sur cette chaise dans cette salle d’attente, sa jambe qui tremble un peu, nerveusement alors qu’il perd son regard autour de lui, pourvu que ça n’atteigne jamais Asher. Que leur regard ne se frôle jamais, que leurs mots ne se heurtent jamais. Ils en connaissent les dégâts. C’est devenu même une routine, à en croire leur précédente bagarre, mais peu importe si c’est de l’amour, ou de la haine, ils ressentent quelque chose. Ils s’aiment autant qu’ils se haïssent. Ils s’apprivoisent autant qu’ils se déchirent. Deux frères qui se considèrent hors du temps, hors de portée. Ils ne voient pas le mal qu’ils font autour d’eux, pas même Dan, l’aîné en a conscience. Entre eux ça a toujours été délicat pourtant, Dan l’a toujours protégé du monde autour de lui. Car il a toujours conservé ce trait protecteur envers ses plus jeunes, quiconque le touchait, avait affaire à lui, mais rien ne l’empêche aujourd’hui, de le détester, de vouloir lui faire payer l’addition, comme si il en était le seul responsable. « Parce que tu me laisses le choix ? » Sa voix qui heurte silencieusement les murs, ne laissant aucun meilleur présage au-dessus de leur tête, rien ne leur suffirait pour rompre leur chaîne. « Parce que t’as besoin de moi pour le prendre ? » Le choix de piéger Dan dans son propre véhicule de fonction, on en parle ? Comment as t’il pu prendre la place de son chauffeur ? Combien l’a-t-il payé ? Au fond, il espérait cher ! « Comment t’as fait pour convaincre mon chauffeur ? » Il se demande bien comment cet abruti a pu se laisser berner, et combien vaut la vie de son patron, ou plutôt de son ancien patron parce que la prochaine fois, qu’il le voit, il sera renvoyé sur le champ ! « Hors sujet. C’est toi qui te ferme à tout le monde. A moi… Et ça me fait chier. Ça fait des mois que je suis de retour et t’es littéralement le seul de la famille que j’ai envie de voir et… Bref… T’es juste très con. Je suis pas là pour te faire chier. Je veux juste voir mon frère. » Il fronce les sourcils, c’est soudain, cruelle sentence qui se répète dans sa tête. Il a toujours été plus généreux que lui, Asher, qui s’attache aux autres plus facilement. Il aime son frère mais pas de la même manière, pas pour le faire voir, pour le dire à haute voix, pour le montrer. « Pourquoi ? » C’est violent ce mot sorti de nulle part et en même temps, est-il capable de comprendre ? « Pourquoi t’es revenu me voir ? » Il avait mal Dan, au fond, mais jamais il ne parviendrait à le dire, jamais à l’exprimer. Il préférait combattre, rejeter, c’est plus simple que de tendre sa main. Que d’accepter sa présence dans sa vie. « T’es allé la voir ? » Sur sa tombe, voir son nom gravé dans la pierre.

« Parce que t’as besoin de moi pour le prendre ? » Il est complètement dans un autre monde. Il se rend pas compte de la forteresse qu’est sa grande villa. Il n’est pas aussi aisé que ça de se retrouver dans une pièce avec Dan Buckley. « Comment t’as fait pour convaincre mon chauffeur ? » Il a bien compris que tu as du user de stratagème. Tu as bien compris qu’il désapprouve vu cette question. Tu ne réponds pas. Tu ne veux pas que la prochaine fois ton astuce ne soit plus possible d’utilisation. Tu le remets sur le droit chemin de la conversation. Sur les choses importantes. « Pourquoi ? » Mais il est con ou il le fait bien ? Tu le regardes avec toute l’incompréhension dans tes yeux. « Pourquoi t’es revenu me voir ? » Il fait exprès c’est pas possible. Ou bien il veut réellement plus te voir. Il en a réellement plus rien à foutre de ta gueule. Non. Non tu ne le croiras jamais ça. Vous en avez traversé un tas de moment pourri dans vos vies. Pas aussi pourri que la mort de Penny et tout ce qui a mené à cette tragédie, mais tu n’imagines pas ton frère te renier à ce point là. T’es tellement abasourdi par ses questions que tu mets un moment avant de répondre. « T’es allé la voir ? »

Mais lui continue et il dit pas spécifiquement de qui il parle mais tu sais très bien qu’il s’agit de Penny. Tout est à propos d’elle dans votre bordel là. Et ça te fait du bien de l’entendre parler de votre soeur. « Ouais. C’est plus simple de la voir elle que toi. » T’as pas été tant que ça mais t’as été. « Je te demande pas si t’as été la voir hmmm… T’es bien mieux enfermé chez toi. » Parce que t’es sûr que non. Il n’a pas été. Tu soupires alors que tu t’en veux presque d’être reparti sur des retranchements qui fâchent. Tu te cales dans le chaise, contre le dossier. « Désolé… » Tu te sens con vraiment con et même s’il t’a mis plein de coup à la gueule, tu te sens de t’excuser pour ces mots là. C’était trop. Tu sais pas doser non plus. Cette situation est totalement inédite et force est de constater que la sensibilité de ton frère n’est plus la même qu’avant. « J’ai pas été tant de fois que ça… » C’est dur. Mais tu ne dis pas cette dernière partie à voix haute. Tu préfères occuper ton esprit avec ton boulot, ton alcool, ta musique, que d’aller au cimetière.

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Dan Bukley s’est toujours forgé une carapace tenace, solide. Même quand ça concernait sa propre famille. Surtout quand ça la concernait pour dire vrai, car même si on est l’aîné d’une famille de trois enfants, rien n’a été facile pour lui. Cette pression constante – moins bien tenace que celle du second aux yeux de père mais bel est bien existante pourtant, n’a jamais été facile à garder. Il a toujours été difficile pour lui de devenir quelqu’un de bien pour leur patriarche quand on refuse ses idéaux, mais il a été moins dur avec lui qu’avec le plus jeune des frères. Il a pourtant montré l’exemple Dan, l’exemple de résister, de ne pas être le maillon faible de l’histoire. Il ne sait pas ce qu’il attend de tout ça, pas pourquoi Asher a trouvé le besoin plus qu’habituellement de revenir vers lui. Pourquoi il tente le tout pour le tout, quitte à se briser les chaînes, quitte à se battre avec lui. Il semble bien décidé à se raccrocher à cet aîné qui n’est plus vraiment présent dans ce monde, depuis cet accident, depuis que d’autres lui tendent la main mais qu’il la refuse. En bon vieux ronchon qu’il est… « Ouais. C’est plus simple de la voir elle que toi. » Dan lève les yeux au ciel, c’est minable, misérable. Il n’a ptètre pas tort mais ça lui ferait trop mal de l’avouer, alors il reste éteint, la lumière qui ne s’allume plus. Cette lumière provoquait par cette sœur, et dont il n’a plus de raison de revoir s’allumer un jour. S’en convainquant du moins. « Ca a toujours été plus simple avec elle qu’avec moi… » C’est ainsi que les choses sont faites, elle respirait la joie de vivre, elle rigolait, s’énervait, pleurait. Taper du poing de la table quand Dan s’embarquait dans des histoires idiotes ou qu’il disait des choses qui ne lui convenaient pas. Et elle était la seule femme qu’il écouter. Et puis plus rien, le néant. Le vide. La solitude. Il y a bien eu la présence de ce petit frère qui aurait pu l’apaiser, mais il n’a rien voulu faire savoir. Rien voulu témoigner, Penny serait triste, Dan le sait. Elle l’engueulerait, parfois même ça lui faisait du bien de réfléchir à ce qu’elle finirait par lui dire. Elle lui tordrait le cou sans une once d’hésitation. Mais l’aîné est buté. « Je te demande pas si t’as été la voir hmmm… T’es bien mieux enfermé chez toi. » Ses poings qui se referment, son corps qui se contracte encore. Putain qu’il est con ce type ! Dan fait des efforts, de gros efforts et Asher la ruine pour une minable phrase. « Désolé… » Qu’il poursuit, sentant sans doute la tension qui monte d’un cran. Le silence est d’or. A présent. « Quand je vois ta tronche, je préfère m’enfermer à double tour ! » Il est mesquin, méchant, mais il ne tourne même pas son regard vers lui, il ne le regarde même pas. Finit les efforts, finit de faire un pas en avant – même si c’était le premier. « J’sais même pas ce qui m’empêche de t’en coller une autre… » C’était donc ça ce qu’ils étaient devenus ? Deux êtres qui ne se comprennent plus. « J’ai pas été tant de fois que ça… » Dan se relève, « fais ce que tu veux, jme casse ! » Tel l’empereur qui se lève de son trône, il aime faire de grandes scènes inutiles, plus encore quand ça touche les autres. Mais il l’aime ce frère, il est juste trop idiot pour pas vouloir lui montrer. Lui dire, il suffirait juste de quelques mots…

«  Ca a toujours été plus simple avec elle qu’avec moi… » C’est vrai. Tu n’as réellement pas envie de penser à tout vos souvenirs car ça fait bien trop mal. Elle était une des rares à qui tu envoyais des SMS de conneries quand tu voyais une chose une autre qui te faisait penser à des jokes privées que vous aviez en grandissant. Elle répondait toujours dans la minute à tout. Tu passais en priorité pour elle. Ce sentiment là était indescriptible. Elle t’aimait plus que tout le reste de ta famille. Tu en es convaincu. Personne ne pourra te faire croire le contraire et Penny elle même ne pourra plus plaider sa cause. « Quand je vois ta tronche, je préfère m’enfermer à double tour ! » Est-ce qu’il est en train de confirmer tes craintes ? Il ne veut réellement plus de toi dans sa vie ? A jamais ? Non. Non tu veux pas le croire. « J’sais même pas ce qui m’empêche de t’en coller une autre… » T’as remis le feu aux poudres avec ta remarque. Tu n’as pas su dosé le moment d’accalmie de Dan. Il est de nouveau enragé et même si tu reprends avec une voix plus tranquille, avec une réponse sincère. C’est trop tard. « fais ce que tu veux, jme casse ! » T’es trop con Asher. « Dan… » Tu te lèves pour le suivre, tu ne peux juste pas le laisser filer entre les doigts après tout le mal que tu t’es donné pour cette petite conversation que vous venez d’avoir. C’est un début, mais tu ne veux réellement pas qu’il reparte s’enfermer pour 10 mois sans te voir. Tu vas marcher à côté de lui, tu te mets en face de lui pour qu’il arrête son ascension. Tu poses une main sur son bras. Tu le regardes sans réellement savoir quoi dire pour enlever sa colère, sa tristesse, et la tienne aussi. Les tiennes. Car de la colère, c’est tout ce qui est en toi tout le temps. Tu es constamment énervé contre le monde entier. Mais pas contre ton frère. Et quand les mots ne te viennent pas, tu fais place aux gestes. Tu vas prendre ton frère dans tes bras, même si tu risques une nouvelle droite dans la gueule. Tu prends le risque car tu penses qu’il a besoin de cette dose de réconfort. Peut être bien que toi aussi. Oui. Tu le serres fort. « Je suis désolé… » De quoi exactement Asher ? Tout.

Tout ce qu’il lui arrive à ton frère.
Tout ce que tu dis comme merde.
Tout ce que tu ne sais pas faire pour l’aider plus que ça.
Tout.

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Cet attachement a toujours été présent, en eux. Pour elle, et en cela, Dan a bien du mal à le comprendre, à l’apprivoiser, car il ne peut plus être là pour elle. Car il ne sera plus jamais là pour elle. Désormais qu’elle a quitté ce monde, depuis qu’il en est responsable. Il s’en veut, et pas même les mots rassurants de son cadet n’y changera quelque chose. Asher ne pourra jamais comprendre, il ne pourra jamais totalement apaiser ce cœur en miette, ce besoin inexpliqué de faire du mal autour de lui. Parce qu’elle n’est plus là pour le remettre sur le droit chemin, pour lui dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Parce qu’il se fiche de savoir ce que les autres pensent, seule Penny avait cette importance. Et puis il y a lui, ce morveux devant lui. Depuis la mort de la dernières, Dan n’arrive pas à trouver un équilibre entre sa vie et lui. Entre son travail et lui. Entre Asher et lui. Il le rejette parce que c’est bien plus facile, ça rend les choses moins compliqués… Vraiment ? Il se cache derrière cette carapace en prétextant cette absurdité alors qu’en réalité, il a tout autant besoin de lui qu’inversement. Mais avant que l’un d’eux ne fasse le premier pas, les choses ne changeront pas aussi facilement. D’ailleurs c’est sans doute pas en en agissant comme Asher le fait, qu’il parviendra à renouer le contact avec l’aîné. C’est fragile, suspect, un rien les attache à un fil, et si Asher ne s’en rend pas totalement compte, Dan le sait mieux que personne. Que rien n’est acquis, pas même le sang fraternel. Qu’un tout pourrait les séparer, de nouveau. Serrant le poing, il se lève dans la précipitation, prêt à partir, à le quitter comme si ses derniers efforts sont perdus d’avance. Que rien ne reviendra comme avant. « Dan… » Il l’entend dans un vague soupire, lointain, épris par cette volonté de quitter le lieu, de ne plus être auprès de lui. Comme cette dernière année. Il était pourtant décidé à quitter ce lieu, mais Asher lui coupe la route pour se placer devant lui – automatiquement, il s’arrête net, se stop. Pas que sa venue lui convienne, encore moins qu’on lui barre la route, mais Asher ne trouve rien de mieux à faire que le prendre dans les bras. Que séparer cette distance qui a été instaurée par eux, depuis bien des mois. « Je suis désolé… » Immobile, inerte, ne respirant à peine, il ne comprend pas ce qui se passe, quand son cœur s’emballe, quand son corps se détend. Alors qu’il refuse ce moment. Les bras de son frère autour de lui, l’empêchant de le repousser, mais pas assez, quand il réalise l’importance de son frère dans sa vie. Il le repousse, à présent. « Va t’en ! » Ne revient jamais… Jamais… Il fuit son regard, s’éloigne de lui, « ne revient jamais… » Sans même se retourner vers lui, il quitte les lieux. Bien plus touché qu’il ne le voudrait, qu’il ne l’accepterait… Des mots qu'il ne pense pas, qui le déchire.