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Clyde n’aurait jamais imaginé qu’à peine deux jours après avoir croisé un total inconnu au marché de Noël - comble de l’ironie - il y retournerait pour se diriger cette fois en direction du café installé là pour l’occasion. Pour aussi sociable qu’il était, le brun n’aimait pas se dévoiler - qu’il s’agisse de personnes fraîchement rencontrées ou de connaissances de longue date. Sa vie personnelle, et à fortiori ses sentiments, faisaient partie du genre de discussions qu’il éludait, ou lors desquelles les mensonges et les plaisanteries sortaient bien plus rapidement de sa bouche que la moindre des vérités. Pourtant, quelque chose chez Nathanael l’avait poussé à ne pas mentir autant qu’il y était habitué, lorsque ce dernier s’était montré curieux quant à la raison de ce cadeau qu’il avait tant de mal à choisir. Si Clyde n’était pas sur le point d’étaler ses émotions devant lui, il avait été touché par la sensibilité de cet homme, et même admiratif de sa résilience. Lui qui avait tendance à refouler sous le tapis les expériences de sa vie qui le laissaient encore blessé à ce jour, il avait eu devant lui le parfait exemple de l’inverse - quelqu’un qui se servait de ses joies comme de ses peines pour avancer au quotidien. Et contre toute attente, Clyde avait trouvé cet homme aussi sympathique qu’étonnant, au point qu’il lui ait donné son numéro et ait apprécié de recevoir un message en retour, ce qui les avait mené à se donner rendez-vous au café comme Nathanael l’avait déjà proposé.

Lorsqu’il le vit approcher, Clyde releva la tête pour le saluer, esquissant un léger sourire poli. “Vous avez des conseils à donner sur la carte de cet endroit, ou je vais me retrouver seul face à mes hésitations cette fois?” Il plaisantait, sachant pertinemment que son choix ne porterait pas sur du vin (chaud) cette fois - qui avait eu la sombre idée d’inventer une boisson pareille, au juste?

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Nathanaël ne s’était pas offusqué quand Clyde lui avait fait comprendre que le temps était compté pour lui lors de leur première rencontre. Il savait pertinemment que l’emploi du temps d’un journaliste était parfois minuté à la seconde près et ce dernier s’était contenté de griffonner son numéro au dos de son ticket de caisse, et l’avait laissé au jeune homme, récupérant le sien par la même occasion. Il avait attendu quelques jours avant de lui proposer de se voir de nouveau, heureux de rencontrer une nouvelle tête qui lui paraissait sympathique. Nate avait été heureux de voir la confirmation de sa proposition arriver et s’était donc préparé à rejoindre Clyde à ce fameux « Café des lutins » que Nate avait déjà étrenné sans pouvoir réellement goûter à sa boisson. Sur le chemin le rapprochant de ce café, il était en train de se dire qu’il était peut-être d’un naturel maladroit pour percuter les autres régulièrement.

Nate détestait être en retard et pourtant il venait d’arriver à hauteur de Clyde avec peut-être une dizaine de minutes de retard, se fourvoyant d’excuse lorsqu’il lui adressa un signe de tête pour le saluer. « Toutes mes excuses, un petit contre-temps avant de partir… Vous allez bien ? » demanda Nate en s’installant face à lui, tout en déposant ses lunettes de soleil sur le coin de la table avant de rire légèrement. « Je suis navré, mais vous allez devoir vous faire votre propre avis sur la carte… » admettait Nate en haussant les épaules, prenant le dépliant pour observer les propositions. « En toute honnêteté, je suis déjà venu ici et j’avais voulu goûter le chocolat chaud aux épices de Noël mais celui-ci a fini par se renverser sur mon t-shirt… Donc j’hésite à le reprendre en ayant cette fois-ci plus de chance pour le goûter » riait Nate en refermant le dépliant tout en observant Clyde. « Et vous donc ? Plutôt boisson fraiche ou chaude pour fêter Noël ? » ironisa Nate en croisant les bras contre son torse, se reculant un peu de la table pour pouvoir observer Clyde. « Tout se passe bien pour vous ? Ou vous avez encore des cadeaux à faire et vous avez besoin d’un conseil avisé ? » le taquina Nate avec bienveillance tandis que l’un des serveurs s’approchait d’eux pour prendre les commandes. « Après vous. » lui fit Nate pour laisser Clyde commander en priorité. Une énième facette de sa personnalité : il faisait toujours passer les autres avant lui.

“Toutes mes excuses, un petit contre-temps avant de partir… Vous allez bien?” Avec beaucoup d’autres personnes, Clyde se serait montré moins compréhensif, lui qui faisait de son mieux pour être ponctuel en toutes circonstances - et pourtant, il se contenta d’un signe de main pour signifier à Nathanael que ce n’était rien. “Tant que je me mets moins de temps que pour choisir du vin, ça ira” qu’il plaisanta avant de jeter un œil à la carte devant lui. “Je suis navré, mais vous allez devoir vous faire votre propre avis sur la carte…” Dommage, qu’il eut envie de rétorquer, se contentant pourtant de lui offrir un sourire amusé alors que leurs regards respectifs se perdaient un instant sur les propositions. “En toute honnêteté, je suis déjà venu ici et j’avais voulu goûter le chocolat chaud aux épices de Noël mais celui-ci a fini par se renverser sur mon t-shirt… Donc j’hésite à le reprendre en ayant cette fois-ci plus de chance pour le goûter.” Clyde leva les mains en l’air durant une seconde, comme pour se dédouaner de toute catastrophe à venir. “Je promets que je ne le ferai pas tomber, si c’est ce qui vous inquiète.” “Et vous donc ? Plutôt boisson fraîche ou chaude pour fêter Noël?” Clyde finit par reposer le dépliant devant lui à son tour. “Je crois que je suis trop classique et que rien ne remplacera un bon café.” Et il avait déjà eu l’occasion de le tester, raison pour laquelle il n’avait aucun doute sur sa commande, alors que le serveur s’approchait d’eux. “Tout se passe bien pour vous? Ou vous avez encore des cadeaux à faire et vous avez besoin d’un conseil avisé?” Vaste question. Cela faisait des années qu’il ne fêtait plus réellement Noël, et pourtant, l’idée semblait flotter quant au fait qu’Halsey et lui passeraient les fêtes ensemble - ce qui ajoutait une touche d’imprévu et lui imposait presque de faire un cadeau, quand bien même ils étaient les premiers à ne pas suivre les traditions. “Je ne fais jamais beaucoup de cadeaux… mais j’aimerais offrir quelque chose de marquant à mon amie. Il me reste à trouver quoi.” Halsey ne se départirait pas de ce qualificatif d’amie qui lui donnait presque l’illusion de ne pas trop s’avancer. Le serveur finit par atteindre leur table, et Clyde adressa un léger signe de tête à Nathanael lorsqu’il le laissa commander son café en premier. “Et vous? Vous penchez vers quels types de cadeaux, alors?” Lui demander ce qu’il avait l’habitude d’offrir à sa femme était absolument déplacé, mais il se disait que l’information finirait peut-être par filtrer lorsque Nathanael se livrerait comme il l’avait fait alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer.

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Nathanael riait face à la remarque du jeune homme qui était en train d’observer la carte qu’il tenait entre les mains. Le souvenir du jeune homme perdu face à un tas de bouteilles ravivait le rire de Nate qui l’observait un peu plus. « Avec un peu de chance, je pourrais vous aider encore une fois, tout en sachant que je ne garantie pas cette fois-ci la réussite de cette aide » ironisait Weaver tandis qu’il admettait que son propre choix était déjà fait de toute évidence. En espérant que la maladresse ne soit pas de la partie une fois de plus, chose que Clyde semblait vouloir le rassurer. Nate fronça les sourcils un court instant, ne sachant se montrer réellement sérieux quand il s’agissait de vouloir faire une blague. Un bien piètre acteur. « De toute façon, je vous retrouverais si vous me boycottez sciemment la dégustation de ce chocolat de Noël… Il faut vraiment en vouloir à Noël pour refuser qu’on goutte à ses boissons ! » fit remarquer Nate tandis qu’il étirait une légère moue presque du même avis que le jeune homme. « Je vous accorde qu’un bon café ne sera jamais remplacé… Mais nous sommes à Noël. N’est-ce pas la période parfaite pour sortir du classique et des zones de confort ? » demanda Nate en croisant les bras contre son torse tout en observant Clyde avec une sympathie qui elle, ne se cachait pas. Nate avait tenté de creuser un peu plus auprès du jeune homme et le fait qu’une fois de plus, son ton avait insisté sur le terme utiliser pour caractériser cette jeune femme que Nate ne connaissait pas, lui arracha un léger sourire. « Vous êtes touchant Clyde » admettait Nate en toute honnêteté, tandis que le serveur venait vers eux, prenant les commandes que Weaver payait immédiatement d’un billet, sommant l’employé de garder la monnaie en guise de pourboire. Puis Nathanaël reporta son attention sur Clyde. « Vous ne faites pas beaucoup de cadeaux, mais vous souhaitez en faire deux, dont un marquant à une femme que vous qualifiez comme votre amie ? » lui fit remarquer Nate sans aucunes arrière-pensées. Pourtant la question que venait de lui poser le jeune homme laissait penser à Weaver que ce dernier cherchait à être aidé sur le choix de ce cadeau marquant. Et Nate lui offrit un léger sourire en coin, s’enfonçant un peu plus dans son fauteuil. « Alors en toute honnêteté pour cette année, j’offrirais peu de cadeaux. Mais si dans votre question vous souhaitiez savoir quels cadeaux j’offrais à ma femme, je risquerais de vous décevoir par ma réponse Clyde » admettait Nate tandis que leurs boissons leur étaient ramenées. « Car il n’existe pas de cadeaux parfaits. Et ce qui est peut-être marquant pour votre amie ne l’est peut-être pas pour vous, ou pour moi. » lui fis remarquer Nathanaël d’un ton relativement calme comme à son habitude. Car ce qu’il essayait de faire comprendre au jeune homme c’était que seule sa connaissance de la personne qu’il apprécie lui permettrait de trouver le cadeau idéal. « Si vous voulez un exemple, une collection de vinyles fût un cadeau marquant pour ma femme… Après un an à l’entendre me dire qu’elle les cherchait désespérément… Mais est-ce que vous, vous trouvez cela marquant ? » lui fit remarquer Nate en toute bienveillance.

“Avec un peu de chance, je pourrais vous aider encore une fois, tout en sachant que je ne garantie pas cette fois-ci la réussite de cette aide.” Clyde lâcha un petit rire devant la proposition, même s’il avait foi en lui-même pour se conforter dans le choix qui lui réussissait le mieux et qu’il maîtrisait parfaitement, un café bien noir comme ils les aimaient. “De toute façon, je vous retrouverais si vous me boycottez sciemment la dégustation de ce chocolat de Noël… Il faut vraiment en vouloir à Noël pour refuser qu’on goûte à ses boissons!” Sans se départir de son sourire, Clyde secoua la tête de droite à gauche devant cette affirmation. “Ne cherchez pas, vous ne me retrouverez pas.” Maintenant qu’il lui avait donné son vrai prénom ainsi que son job, Nathanael avait davantage de chances de le retrouver pourtant - mais lorsque Clyde voulait se faire discret, il en était tout à fait capable. “Je vous accorde qu’un bon café ne sera jamais remplacé… Mais nous sommes à Noël. N’est-ce pas la période parfaite pour sortir du classique et des zones de confort?” Il le faisait rire, cet homme derrière lequel il n’aurait jamais imaginé une personnalité si volubile et positive, avec un commentaire toujours prêt peu importe la situation. “J’aime mon confort” lâcha Clyde dans un clin d'œil - après tout, il ne s’agissait que d’un café, et il avait bien d’autres choses devant lesquelles se poser des questions que le choix de sa boisson du jour.

Alors qu’il se laissait étonnamment aller à mentionner Halsey sans pourtant jamais prononcer son nom, Clyde ne manqua pas de voir le sourire sur le visage de l’homme face à lui. “Vous êtes touchant Clyde.” Ce n’était pas vraiment le genre de remarque qu’il avait l’habitude de recevoir - et la brune s’en serait très certainement moquée - et Clyde s’apprêtait donc à lui dire qu’il avait sans doute une trop haute opinion de sa sensibilité lorsque le serveur s’avança. Avant même que Clyde n’ait pu sortir sa carte, Nathanael tendit un billet au serveur, alors que le brun fronçait les sourcils, pris de court. “J’avais dit que je vous invitais!” Ce n’était que quelques dollars, mais l’intention avait de la valeur à ses yeux. “Qu’est-ce que je dois faire maintenant, vous offrir du vin? Vous voulez me laisser revivre une deuxième fois la même galère?” Il en riait, et pourtant, s’il voulait vraiment faire un geste pour remercier l’homme de son aide, il allait vite se retrouver sans ressources, puisqu’il ne voyait pas d’autre manière de retourner la faveur à quelqu’un qui demeurait un inconnu.

Heureusement, Clyde se débrouillerait sans doute mieux en cadeaux qu’en choix de bouteilles de vin, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait que peu de cadeaux à faire. Des babioles pour ses collègues, des attentions pour le peu de personnes qu’il considérait comme des amis, et quelque chose pour Halsey - s’il trouvait quoi que ce soit qui retenait suffisamment son attention, car les cadeaux n’étaient pas une pratique à laquelle ils se livraient souvent. “Vous ne faites pas beaucoup de cadeaux, mais vous souhaitez en faire deux, dont un marquant à une femme que vous qualifiez comme votre amie?” Le brun acquiesça d’un mouvement de tête, alors qu’il ne doutait pas qu’un nouveau conseil allait sans doute suivre. Il avait rencontré peu de personnes vers qui se tourner pour des conseils, et contre toutes attentes, Nathanael venait étrangement de prendre l’une de ces places. “Alors en toute honnêteté pour cette année, j’offrirais peu de cadeaux. Mais si dans votre question vous souhaitiez savoir quels cadeaux j’offrais à ma femme, je risquerais de vous décevoir par ma réponse Clyde. Car il n’existe pas de cadeaux parfaits. Et ce qui est peut-être marquant pour votre amie ne l’est peut-être pas pour vous, ou pour moi.” Clyde ne pouvait qu’être d’accord - d’autant plus qu’Halsey avait des goûts et des couleurs pour le moins particuliers. Il attrapa donc son café qui venait d’être ramené avant d’écouter l’homme enchaîner. “Si vous voulez un exemple, une collection de vinyles fût un cadeau marquant pour ma femme… Après un an à l’entendre me dire qu’elle les cherchait désespérément… Mais est-ce que vous, vous trouvez cela marquant?” “Vous avez raison, c’est très personnel.” Et que faisait-il à en discuter avec lui, d’ailleurs? “J’avoue que je n’aurais pas grand chose à faire d’une collection de vinyles” ajouta-t-il en souriant alors qu’il avalait une première gorgée de café. “En parlant de musique, vous êtes professeur dans le domaine, pour avoir acheté un club de jazz?”

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“Ne cherchez pas, vous ne me retrouverez pas.” Nathanaël défiait Clyde du regard, un léger sourire en coin et lui offrit une moue faussement hésitante. Il en savait probablement assez pour lui permettre de le chercher sans grandes difficultés, mais ne doutait pas que la situation ne se présenterait pas. Il n’y avait pas lieu d’être, leur rencontre était inattendue, et leur seconde entrevue ne se passerait pas mal, Nate en était convaincu. Il riait un peu plus quand le jeune homme lui avoua sous forme de sous-entendu, que son confort était trop appréciable pour ne pas s’en passer. « Pourtant la jeunesse est source d’insouciance » lui fit remarquer Nate en lui rendant son clin d’œil. Dieu qu’elle lui semblait loin sa jeunesse et sa fougue. Pourtant il ne regrettait aucun jour qu’il avait vécu et la manière dont il l’avait fait. Pas même d’avoir payé leur commande malgré l’exclamation de l’homme face à lui. Il riait même à son interrogation et se contenta d’hausser les épaules. « Si vous vous sentez réellement redevable en ma faveur, alors vous n’aurez qu’à venir à l’inauguration de mon établissement, vous me rendriez la donne. » admettait Nate avant de surenchérir immédiatement « Mais je l’ai fait avec plaisir, sans rien n’attendre en retour de votre part Clyde, si cela peut vous rassurer ! » lui confia Nate dans un léger sourire. « Puis si vous me permettez, non pas que je remette en doute votre capacité à m’offrir du vin, mais je préfère m’en remettre à mes connaissances à ce sujet ! » s’exclama-t-il dans un éclat de rire, faisant écho aux difficultés du jeune homme à ce sujet.

Puis ce fût sans grande surprise que Nate écoutait Clyde se confiait. Il avait l’habitude, on lui avait souvent fait remarquer qu’il inspirait assez la confiance pour que les gens se laissent aller à une séance de confession même si ces derniers n’y étaient pas habitués. Nate lui expliqua sa vision des choses sans arrières pensées, et souriait lorsque Clyde lui fit remarquer que c’était très personnel. « Je ne doute pas que votre choix sera le bon concernant ce cadeau Clyde. Puis n’est-ce pas le geste qui est bien plus important que le contenu ? » demanda de façon rhétorique Weaver tandis qu’il se saisissait de sa boisson chaude. « Vous n’aimez pas la musique ? » releva Weaver en l’interrogeant du regard avant de porter la tasse à ses lèvres puis de reprendre. « On trouve toujours une occasion d’utiliser des vinyles, même si en soit, ce n’est pas forcément un objet utile tous les jours » admettait Nathanaël avant de rire légèrement. « Si l’anthropologie est un domaine musical, alors oui. » ironisait Weaver avant de reprendre pour répondre avec sincérité au jeune homme. « Je suis plutôt dans une phase de reconversion. Je fais probablement parti des vieux meubles de l’université dans mon domaine. J’aimerais partir avant qu’on me confonde avec la poussière sur les livres de la bibliothèque universitaire » se moquait allègrement Weaver. Il pouvait se le permettre, lui qui adorait l’autodérision. « Puis ce club est surtout quelque chose qui nous tenait à cœur, Emily et moi-même… Nous nous sommes rencontrés là-bas il y a longtemps maintenant… Et vous ? Vous vous souvenez de l’endroit où vous avez rencontré votre amie » l’interrogea Nate, curieux d’en apprendre un peu plus.

“Pourtant la jeunesse est source d’insouciance.” Il aurait aimé pouvoir être d’accord, Clyde, mais il n’avait connu que l’inverse, et se contenta donc d’offrir un sourire discret à son interlocuteur, n’ayant aucun désir de rentrer davantage dans les détails. Ce qui lui posait davantage souci à cet instant-là, c’était qu’il venait de se faire doubler à ce à quoi il excellait pourtant habituellement - tendre sa carte de crédit plus vite que son ombre pour se faire bien voir des bonnes personnes. Cette fois-là, il tenait pourtant réellement à inviter Nathanaël, ce qui obscurcit donc son regard lorsqu’il réalisa bien plus vite qu’il venait de se faire prendre à son propre jeu. “Si vous vous sentez réellement redevable en ma faveur, alors vous n’aurez qu’à venir à l’inauguration de mon établissement, vous me rendriez la donne.” Le deal lui semblait tout à fait convenable, et Clyde se laissa donc retomber dans sa chaise en acquiesçant d’un mouvement de tête. “Avec plaisir, alors.” Après tout, lui-même préférait s’éviter de devoir se retrouver à choisir une énième bouteille de vin en guise de cadeau ou de remerciement. A en juger par la remarque de Nathanael, l’avis était très clairement partagé, alors que Clyde joignait son rire au sien en acceptant de bon cœur la moquerie qui faisait parfaitement état de la réalité.

L’insouciance faisait partie de ces sentiments qu’il connaissait et comprenait peu, tout comme Halsey, raison pour laquelle la demoiselle était une des rares personnes à être entrées dans sa vie pour ne jamais en sortir. Leur relation était particulière, si bien qu’il hésitait toujours avant de lui offrir quelque chose, partagé entre l’envie de lui faire plaisir et la volonté de ne pas briser la distance de sécurité qu’ils avaient pourtant toujours tenté de conserver entre eux. Pourtant, cette année, et d’autant plus après les différents qui les avaient éloignés durant quelques mois, il tenait à lui offrir quelque chose pour marquer le coup - même s’il ne pouvait tout simplement pas lui offrir n’importe quoi. “Je ne doute pas que votre choix sera le bon concernant ce cadeau Clyde. Puis n’est-ce pas le geste qui est bien plus important que le contenu?” “On vous a déjà dit que vous étiez la voix de la sagesse?” Si Clyde ne pouvait s’empêcher de lâcher une boutade à son tour, il était pourtant sincère quant à la manière avec laquelle il observait l’homme face à lui. Comme quelqu’un qui avait vécu, sans doute très différemment de lui, mais qui avait de l’expérience à revendre. “Vous n’aimez pas la musique?” Nathanael avait relevé sa remarque concernant les vinyles, dont Clyde n’était en effet pas particulièrement friand. “Si, bien sûr que si. Mais je sais d’avance que je ne prendrais pas le temps d’utiliser des vinyles.” Cela ne faisait tout simplement pas partie des plaisirs vers lesquels il se tournait, et donc par conséquent, qu’il prendrait le temps de mettre en place.

En fin de compte, les occupations de Nathanael l’intriguaient encore davantage que les cadeaux qu’il avait pu offrir à sa femme - et qui étaient en effet très personnels et ne pouvaient en aucun cas s’appliquer à lui. “Si l’anthropologie est un domaine musical, alors oui.” Clyde leva un sourcil surpris, alors qu’il ne s’attendait clairement pas à cette réponse. “Je suis plutôt dans une phase de reconversion. Je fais probablement parti des vieux meubles de l’université dans mon domaine. J’aimerais partir avant qu’on me confonde avec la poussière sur les livres de la bibliothèque universitaire.” Clyde aurait pu se retenir, mais le sourire de Nathanael et sa capacité d'auto-dérision notoire était simplement trop tentante pour qu’il ne se laisse pas aller à rire de bon cœur lui aussi. “Puis ce club est surtout quelque chose qui nous tenait à cœur, Emily et moi-même… Nous nous sommes rencontrés là-bas il y a longtemps maintenant…” “Donc le club n’est pas ouvert? Vous avez déjà une date?” Puisqu’il venait de s’engager à venir, autant qu’il le note dès maintenant dans son agenda. “Et vous? Vous vous souvenez de l’endroit où vous avez rencontré votre amie?” “A l’université” répondit Clyde du tac au tac, quand bien même il s’agissait d’un mensonge effronté - mais assumé, car il n’avait pas l’intention de lui expliquer qu’il avait remarquée au casino alors qu’elle tentait de tricher. “Mais elle ne s’est pas tournée vers le journalisme.” Et tant mieux, car il ne manquerait plus qu’ils aient un nouveau terrain de jeu sur lequel s’opposer.

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Nathanael en oublierait presque qu’il pouvait parfois trop parler et monopoliser la conversation. En même temps, faire la conversation pour deux ne le dérangeait aucunement et le jeune homme face à lui ne semblait pas s’en plaindre. Contrairement au fait que le nouveau propriétaire du club de jazz venait de le devancer pour payer l’addition. Chose qui le fit sourire au passage et pour laquelle il avait la solution toute faite : consommer dans son établissement à l’ouverture. Et rien que d’entendre Clyde accepter la proposition donnait du baume au cœur de Nate. Il n’était peut-être pas le meilleur vendeur que Brisbane rencontrait, mais a priori, il ne se débrouillait pas trop mal pour attirer des clients. Enfin, il n’allait pas s’emballer, il était plutôt terre à terre à ce sujet et attendrait de compter le jeune homme entre les murs de son établissement pour crier victoire. Il lui offrit un léger sourire en guise de remerciement, rempli de sincérité. « Je vous ferais signe quand il sera ouvert… Sauf si vous aimez les travaux » rajouta-t-il sur le ton de l’humour, comme à son habitude.

Nathanaël n’avait pas connu beaucoup de relation. Emily étant sa seule relation sérieuse, il ne pouvait guère comprendre certaines attitudes sans pour autant les juger. Après tout, chaque être humain était doté d’un ressenti différent à de nombreux égards et Nathanaël avait compris depuis le départ que l’homme face à lui pouvait être effrayé par le tour que prenait la relation qu’il entretenait avec cette jeune femme et cette inconnue que cela représentait, bien loin de toutes distances de sécurité qu’il semblait mettre. Alors le rassurer sur un cadeau offert semblait une évidence pour Weaver. Bien moins que la remarque du jeune homme concernant la sagesse de ses propos. Remarque qui lui arracha un léger rire nerveux au passage. « Mettons cela sur le compte de l’âge voulez-vous ? » se dédouana rapidement Nathanaël qui avait toujours du mal avec ce qu’il prenait comme un compliment, lui qui estimait ne pas le mériter forcément. « J’ai juste eu des Noëls d’avance sur vous, ne vous inquiétez pas, un jour aussi vous arriverez à ce quota de sagesse ! » rajouta-t-il dans un clin d’œil préférant rebondir sur un autre sujet. « Et qu’écoutez-vous donc comme musique ? Je suis sûr que vous risquez de me surprendre ! » fit remarquer Weaver avant de profiter de sa boisson chaude quelques instants.

Parler de lui ne le déranger pas même s’il préférait parler d’autrui, ayant toujours fait passer les autres avant sa propre personne. Alors il réussissait toujours à faire passer les informations sous forme dérisoire, préférant en rire que d’en faire un sujet bien trop sérieux. Le monde était bien trop abîmé pour ne pas profiter de chaque seconde pour rire. Cela aurait pu être sa devise après tout. Il en était d’autant plus ravi que Clyde mêlait son rire au sien. « Quand j’aurais des meubles, des murs décorés d’autre chose que des fils qui pendent, du personnel même si je pense qu’au début je me débrouillerais pas mal tout seul… Autrement dit, pas demain la veille même si tout peut aller très vite ! » fit remarquer le professeur. « Mais si vous aimez les chantiers, n’hésitez pas à passer un de ces jours ! Ma porte vous sera toujours ouverte ! » rajouta Nathanaël en sortant un stylo de la poche de sa veste, griffonnant l’adresse sur la serviette qui trônait sur la table, méthode ancienne qu’il affectionnait tant. Il fit glisser le bout de papier en direction du jeune homme, lui offrant un – énième – sourire. « Et vers quel domaine s’est-elle spécialisée ? Peut-être pourriez vous me donner son prénom, je trouve que c’est assez impersonnel de l’appeler « elle » je vous l’avoue » rajouta Nate en haussant les épaules légèrement. « Je vous rassure, je n’irais pas lui raconter que si la bouteille est délicieuse c’est grâce à mes connaissances bien plus aiguisées que celles de son « ami » » ironisa Weaver en appuyant sur le terme qu’affectionnait particulièrement Clyde. « Je ne voudrais pas vous faire de concurrence déloyale » lâcha enfin Nate en riant de vive voix, sa dernière phrase étant tout simplement une pointe d’humour totalement absurde venant de lui. Mais bon, il était comme cela dans la vie de tous les jours et ne comptait pas s’en cacher vis-à-vis de Clyde.

“Je vous ferais signe quand il sera ouvert… Sauf si vous aimez les travaux.” Clyde se laissa aller à une moue affichant son intérêt plutôt mitigé pour tout ce qui touchait à ce genre de choses. Il n’était pas contre quelques travaux manuels mais ces derniers étaient loin d’être sa spécialité - il se satisfaisait mieux derrière son écran, à déterrer une poussière bien différente et pourtant pas moins salissante pour les intéressés. “J’ai peur de ne pas être d’une grande aide en la matière.” Il s’agissait également la version polie visant à dire qu’il ne serait pas très utile, mais qu’en plus, il n’aurait sans doute pas vraiment le temps de passer faire le tour dans un club qui n’en était pas encore un, surtout avec le mois qui l’attendait depuis que Penny lui avait fait ses révélations et lui avait demandé de creuser autour de l’affaire qui l’avait tourmentée. “Mettons cela sur le compte de l’âge voulez-vous? J’ai juste eu des Noëls d’avance sur vous, ne vous inquiétez pas, un jour aussi vous arriverez à ce quota de sagesse!” Clyde hocha la tête avec un sourire, ne le connaissant pas assez pour lui faire l’affront de lui demander son âge, même sur le ton de la plaisanterie. “Et qu’écoutez-vous donc comme musique ? Je suis sûr que vous risquez de me surprendre!” “Pour être tout à fait honnête, je n’écoute pas beaucoup de musique.” Le brun faisait partie de ceux qui n’avaient pas besoin d’un fond sonore en toutes circonstances, bien au contraire - il se reposait et travaillait bien mieux en silence qu’autre chose. “Mais quand c’est le cas, j’ai des goûts très variés, et le jazz en fait partie.” Ce n’était pas sa musique de prédilection, et pourtant, il savait qu’un club de jazz intimiste serait un lieu qu’il apprécierait potentiellement fréquenter.

Club qui n’était pourtant visiblement pas encore ouvert, et loin de l’être, même. “Quand j’aurais des meubles, des murs décorés d’autre chose que des fils qui pendent, du personnel même si je pense qu’au début je me débrouillerais pas mal tout seul… Autrement dit, pas demain la veille même si tout peut aller très vite!” “Vous gérez tout ça seul pour l’instant?” Cela sonnait comme une lourde charge de travail - mais également un challenge, et Clyde n’était pas du genre à cracher sur ce genre de défi qui nécessitait de s’y donner pleinement. “Mais si vous aimez les chantiers, n’hésitez pas à passer un de ces jours! Ma porte vous sera toujours ouverte!” “Le club est dans quel coin?” Clyde préférait ne pas promettre, mais il ne voulait pas non plus refuser - il préférait voir la vie comme faite d’opportunités et non d’obligations, du moins hors du cadre professionnel. Pourtant, il ne put que rendre son sourire à Nathanael, dont la bonne humeur et la gentillesse ne restaient pas invisibles. “Et vers quel domaine s’est-elle spécialisée? Peut-être pourriez vous me donner son prénom, je trouve que c’est assez impersonnel de l’appeler « elle » je vous l’avoue.” “Elle s’appelle Jane, et elle travaille dans le domaine juridique.” Si Clyde avait lâché un léger rire devant la remarque de Nathanael et s’était plié à l’exercice, il venait pourtant de se laisser aller à un premier mensonge. Discuter si ouvertement avec un inconnu n’était pas dans ses habitudes, et s’il appréciait ce café échangé et cette discussion, sa méfiance et sa retenue avaient fini par reprendre le dessus. Le mensonge était inné chez lui après toutes ces années, et il ne lui avait donc fallu qu’un instant pour offrir à son interlocuteur le réel domaine d’emploi d’Halsey, préférant pourtant lui accoler le prénom de l’une de ses collègues à lui. “Je vous rassure, je n’irais pas lui raconter que si la bouteille est délicieuse c’est grâce à mes connaissances bien plus aiguisées que celles de son « ami ». Je ne voudrais pas vous faire de concurrence déloyale.” Clyde ne put retenir un rire à cette remarque aussi amusante qu’improbable - si seulement il savait qui était Halsey. “Malheureusement elle me connaît, je ne pourrais pas prétendre longtemps avoir choisi le vin moi-même s’il est vraiment bon.” Si il est vraiment bon, qu’il avait précisé, en profitant lui aussi pour ironiser et remettre partiellement en cause les connaissances de Nathanael. “Et votre femme, vous me disiez qu’elle était journaliste?” Clyde ne savait pas s’il s’agissait là d’un sujet sensible, mais il en était pourtant réellement curieux.

NATHANAEL & CLYDE Technicolour beat Jump into the heat, spinning on our feet In a technicolour beat Caught up in a dream, in a technicolour beat Beat, beat, beat

Nathanael observait l’homme qui se tenait face à lui, toujours aussi surpris par le bienfait du hasard. Parce qu’il n’allait pas se mentir, il aurait été improbable que les deux hommes se retrouvent à sympathiser si le destin n’y avait pas mis son grain de sel. Il ne pouvait s’empêcher de rire à chacune de ses remarques, tant il sentait l’effort du jeune homme pour tenter d’être poli dans sa façon de réfuter la proposition de Weaver. L’ancien professeur leva une main dans sa direction pour l’excuser d’avance. « Je vous rassure, j’ai des entreprises qui se chargeront de faire tout cela » reprit Weaver pour lui faire comprendre que lui-même ne serait pas en bleu de travail, un marteau à la main. Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait, mais Jamie avait été clair : les travaux ne pouvaient être réalisés que par des professionnels pour s’assurer un résultat parfait et accueillir la clientèle dans un établissement correct. Nate savait pertinemment que son ami ne lésinait pas lorsqu’il s’agissait d’investissement et s’était laissé guider par ses connaissances, le rassurant dans ce projet.

Il était rare que Nathanaël réagisse de façon exagérée. Pourtant lorsqu’il entendit Clyde lui avouait qu’il n’était pas un fervent auditeur de musique, il ne put cacher sa stupeur, lui qui n’imaginait absolument pas sa vie sans cette dernière. Il refermait la bouche, s’excusant d’un signe de main tandis que son regard cherchait à comprendre les raisons de cet aveu. Il offrait un léger sourire compatissant au jeune homme, prenant le temps avant de répondre, par pure habitude. « « La musique devrait être les mots de l’âme » sans vouloir être rabat-joie à vous sortir des citations toutes faites, mais cette phrase est une des plus réalistes que j’ai eu l’occasion de lire. Elle caractérise tout l’amour que j’ai pour cet art, et le bienfait qu’elle peut m’apporter. » lui expliqua l’ancien professeur d’un calme stoïcien avant de reprendre dans un sourire. « Les goûts éclectiques ouvrent l’esprit, vous avez raison. » lui confirma-t-il avant de porter sa boisson à ses lèvres.

Nathanaël nia d’un signe de tête, reposant sa tasse sur la table tandis que son sourire s’agrandissait en repensant à l’implication de son meilleur ami dans son projet. « Je suis épaulé, rassurez-vous. Par une personne en qui j’ai une confiance infaillible et qui m’apporte toute l’aide nécessaire pour apprendre les rouages de ce métier… Être gérant, c’est bien plus différent que d’être professeur ! » ironisa-t-il avant de reprendre. « Redcliffe, vous trouverez bien une occasion de vous y rendre non ? » lui demanda-t-il dans un clin d’œil avant de reporter la conversation sur le couple du jeune homme. Nathanaël prenait notes dans son esprit de toutes les informations transmises par ce dernier, souriant par moment, penchant la tête sur le côté pour l’observer d’un autre, tandis que son index venait se poser sur ses lèvres, l’air pensif. « Jane ? Joli prénom. » conclut-il avant de rire à sa blague intérieure avant de l’avouer à Clyde. « Je m’attendais à Bonnie je dois l’admettre… » continuait-il en riant un peu plus fort. « Je suis sûr que Jane se laisserait duper par un de vos regards charmants… En revanche vous ne réussirez pas à me faire douter de mes compétences ! » lui fit-il remarquer, ne tombant pas dans le piège de l’ironie. « Parce que mes goûts sont bons, et d’autant plus en matière de vin… Y goûter c’est y succomber. » dit-il avant de détourner brièvement le regard, repensant à Emily, le cœur se serrant légèrement tandis que son regard restait impassible.

Sa main venait jouer légèrement avec son alliance le temps de quelques instants, hochant la tête de bas en haut pour confirmer. « Emily était reporter photo pour ABC. Elle adorait son métier et j’adorais la regarder sortir partout avec son appareil photo. Elle m’a appris tellement de choses tant par sa vivacité d’esprit que par le regard qu’elle portait sur la vie… Et dire qu’aujourd’hui je suis devenu l’homme que je suis grâce à elle serait peu face à tout ce qu’elle m’a apporté je l’admets. » lui dit-il, le regard brillant encore d’amour et de fierté en évoquant sa compagne. « Mais ce serait vous mentir de dire que je peux encore ouvrir un journal sans avoir le cœur serré. Pourtant c’est un métier que j’admire… Comment êtes vous arrivés dans ce milieu vous ? » lui demanda Weaver pour tenter de clore le sujet même s’il était d’une force impressionnante quand il s’agissait d’évoquer sa compagne. Il ne voulait simplement pas rendre l’ambiance morose, lui qui passait un bon moment pour l’instant.

“La musique devrait être les mots de l’âme sans vouloir être rabat-joie à vous sortir des citations toutes faites, mais cette phrase est une des plus réalistes que j’ai eu l’occasion de lire. Elle caractérise tout l’amour que j’ai pour cet art, et le bienfait qu’elle peut m’apporter. Les goûts éclectiques ouvrent l’esprit, vous avez raison.” “A vous entendre, vous auriez peut-être toujours dû être dans le milieu.” C’était pourtant chose faite désormais, quand bien même le club de jazz ne semblait être qu’un projet loin d’être achevé. “Je suis épaulé, rassurez-vous. Par une personne en qui j’ai une confiance infaillible et qui m’apporte toute l’aide nécessaire pour apprendre les rouages de ce métier… Être gérant, c’est bien plus différent que d’être professeur!” Le brun n’avait jamais géré sa propre entreprise, mais ses activités flirtant avec la loi qu’il avait menées au fil des années - seul, puis en compagnie d’Halsey - lui avaient tout de même donné un certain goût à se gérer soi-même. Clyde hocha donc la tête en avalant une gorgée supplémentaire de son café, avant de relever les yeux vers Nathanaël pour s’enquérir de la localisation de ce fameux club dans lequel il avait déjà été invité, sans même savoir quand il ouvrirait ni même où il se trouvait. “Redcliffe, vous trouverez bien une occasion de vous y rendre non?” “Si j’ai le droit de garer ma bécane devant l'entrée, ce sera avec plaisir.” Puisqu’apparemment, l’ouverture n’était pas pour demain, il aurait tout le temps de voir si ces rencontres fortuites avec le professeur étaient réellement menées à se reproduire.

Néanmoins, les deux hommes n’en étaient encore presque qu’au stade d’inconnus, raison pour laquelle certains pans de la vie privée de Clyde devaient le rester, pour Nathanaël ainsi que la majorité des personnes que le journaliste côtoyait le plus souvent. Lui-même ne souhaitait pas particulièrement poser des mots sur sa relations avec Halsey, et le faire face à quelqu’un ne faisait pas donc partie de ses plans. Ni hier, ni aujourd’hui, et certainement pas demain. “Jane? Joli prénom.” Hasey aurait argumenté que non, ce qui fit sourire Clyde, même son interlocuteur serait sûrement loin d'interpréter ainsi ce sourire. “Je m’attendais à Bonnie je dois l’admettre…” Clyde ne put s’empêcher de rire doucement à son tour, tant l’ironie était palpable. Heureusement pour lui, le sujet du vin lui permit de ne pas s’étendre plus longuement sur cette question, alors qu’il interrogeait l’homme face à lui sur sa femme, qu’il lui avait brièvement évoqué lorsqu’ils s’étaient rencontré. Loin de se douter qu’elle avait également travaillé pour ABC, Clyde haussa les sourcils à cette information, ne voulant cependant pas se montrer trop enthousiaste alors que Nathanaël parlait là de quelqu’un qui n’était plus à ses côtés. “C’est un beau métier, reporter photo.” Cependant, hormis sa capacité à prendre des photos volées à l’insu de ses victimes, il n’avait pas réellement l'œil pour les clichés artistiques. “Mais ce serait vous mentir de dire que je peux encore ouvrir un journal sans avoir le cœur serré. Pourtant c’est un métier que j’admire… Comment êtes-vous arrivés dans ce milieu vous?” “Je ne me suis jamais vraiment posé la question, j’ai toujours voulu faire des études de journalisme.” Pourtant, faire des études tout court n’avait pas toujours été à sa portée, mais le journalisme était un milieu qui l’avait motivé à tout donner pour réussir. “L’investigation n'a pas le côté artistique de la photo, mais c’est ce qui m’attirait.” C’était toujours le cas - exposer les scandales et les coupables qui ne méritaient que ça, quand bien même lui était loin d’être en tous points irréprochable dans sa manière de conduire ses recherches, pour son boulot et ses autres activités.

Clyde était sur le point de continuer lorsque son téléphone se mit à sonner, lui annonçant un appel de son supérieur qui le fit grimacer. Être journaliste lui permettait une certaine latitude dans l’organisation de son planning, mais cela ne le dédouanait pas d’être à disposition de la production à toute heure du jour, et de la nuit parfois. “Je suis vraiment navré, il faut que je réponde.” Un instant, il s’écarta de la table, hochant plusieurs fois la tête avant de raccrocher et d’offrir un sourire désolé à Nathanaël. “Un sujet urgent à couvrir, je dois filer au bureau. Je suis désolé de partir aussi rapidement, mais n’hésitez pas à me tenir au courant de l’avancée du projet. Et merci pour le café, je vous en dois un.” Un dernier sourire en direction du professeur, un pourboire laissé sur la table, et Clyde filait dans l’embrasure de la porte.