(FORTITUDE VALLEY, LOGEMENTS). « Celui-là ? » Il demande en se retournant vers Molly, s’assurant par la même occasion que la distance qu’il persiste à mettre entre eux ne lui a pas permis de perdre la jeune femme dans la foule. Son regard se reporte sur le sapin qu’il vient de désigner, marmonnant un « hm, ouais, non. » avant de hausser les épaules, se remettant à la recherche de l’arbre qui saura parfaire leur intérieur. Problème : Kieran ne s’est jamais occupé d’une telle besogne auparavant et il n’a aucune idée des critères nécessaires à l’acquisition du sapin idéal – si tant est qu’il existe. « C’est censé faire quelle grandeur, un sapin de Noël ? » Il continue son interrogatoire alors que ses yeux papillonnent partout autour de lui, incapable de se poser sur un élément plus de dix secondes, émerveillé par les lumières et les décorations autour d’eux tel un gamin. L’effluve du chocolat chaud lui rappelle l’intérêt de mener rapidement leur mission à bien – son estomac étant prioritaire sur tout le reste et celui-ci commençant à s’activer. « Tu veux un vrai, d’ailleurs ou t’es plutôt artificiel ? » Il continue de questionner, observant la jeune femme un court instant alors qu’il réalise qu’il ne connaît pas grand-chose d’elle et que c’est un vrai problème. En effet, si le fait d’avoir accueillie cette nouvelle colocataire sans même réfléchir un seul instant à ce que cela implique (dont le fait de rester parfois enfermé dans sa chambre même si sa vessie menace d’exploser ou qu’il est à deux doigts du malaise parce qu’il ne sait pas quoi lui dire et qu’il préfère donc éviter de la croiser) lui semble parfaitement normal, le fait de ne pas connaître ses goûts est un souci de grande envergure pour lui. Pour un jeune homme passant son temps à calquer son opinion et ses propres goûts sur ceux des autres, le fait de ne pas avoir encore connaissance de ceux de Molly lui est déplaisant. Prenons l’exemple de ce Noël ; l’appartement devrait être décoré selon les envies de la brune, les décorations choisies aujourd’hui selon ce qui lui plaît à elle. Mais il n’arrive pas à lui proposer quoi que ce soit qui lui permette de démontrer qu’il fait des efforts et que, par conséquent, elle ne peut que l’apprécier. Oh, bien sûr, Molly n’a laissé paraître aucun indice qui suppose qu’il l’insupporte, mais puisqu’ils ne se connaissent pas réellement, il part du principe que sa sympathie a encore besoin d’être acquise. « Et puis ça...aaaaaa ? » Que sa voix s’élève dans le vide lorsqu’il comprend que Molly est restée quelques mètres en arrière, arrêtée à un stand. Il fait quelques pas pour la rejoindre, jetant un coup d’œil aux créations proposées. « Il y a quelque chose qui te plaît ? » Il l’interroge, un sourire aux lèvres, prêt à dégainer le « oui » qu’il utilisera à toutes les sauces si cela peut faire plaisir à la jeune femme. Oui, on peut prendre un sapin de deux mètres. Oui, on peut y mettre des boules de Noël à l’effigie de Michael Bublé. Oui, on peut remplacer l’horloge du salon par un coucou de chant de Noël. « Je pose beaucoup de questions, hein ? » Il finit par réaliser, question rhétorique, alors qu’il se pince les lèvres. « On me le dit souvent. J’essaie de me soigner, mais tu risques d’avoir le droit à un interrogatoire régulier, désolé. » Il précise, s’excusant par la même occasion d’un comportement qui risque d’être persistant. « Et t’es pas obligée de répondre, au pire. J’ai l’habitude de parler tout seul. » Il ajoute, en haussant le épaules, avant de se pincer la lèvre une nouvelle fois, baissant la tête. « Eeeet je sais pas pourquoi je te dis ça, en fait. » Parce qu’ils sont colocataires, qu’ils apprennent à se connaître et que la gêne est encore présente (et déplaisante). « Et donc, on disait... » La gêne de Kieran, surtout, alors qu’il se sent la honte lui monter aux joues et qu’il a besoin de parler d’autre chose. « Les sapins ! Très beaux arbres, soit dit en passant. » Pour le changement de sujet, c’est fait. Pour la subtilité, on repassera.

@"Molly Ivywreath"

Tout a beaucoup changé ces dernières semaines. Je perds tout petit à petit, et je me sens très triste. J’ai trouvé refuge chez Kieran. C’est un vrai ami désormais, et je lui fais une confiance aveugle. On a décidé d’aller chercher un sapin pour son appartement, et j’adore me mettre dans cette belle ambiance de Noël. Même si, comme toujours, il manque la neige. Je n’ai jamais vécu de Noël blanc, et ça fait partie d’un de mes plus grand rêve. Pour le moment je me concentre sur les sapins, je dois trouver le plus parfait. « Celui-là ? Hm, ouais, non. » Je souris, il a l’air mal à l’aise alors j’essaie de le rassurer comme je le peux. « C’est censé faire quelle grandeur, un sapin de Noël ? » Je pouffe de rire, il ne s’y connait pas du tout. “T’en as jamais acheté ?” Je fronce les sourcils, est ce qu’il fête Noël en temps normal même ? “Moi j’aime les grands sapins, et ceux qui sentent la forêt.” Je dois avoir l’air d’une enfant à cet instant.

« Tu veux un vrai, d’ailleurs ou t’es plutôt artificiel ? » “Un vrai.” Je réponds du tac au tac. Je sais que ce n’est pas vraiment écologique, mais je trouve qu’un sapin artificiel manque énormément de magie. Je m’éloigne et le perds quelques secondes. Je respire et c’est bien trop calme, et, quand je me retourne je ne le vois plus. “Kieran ?” Et c’est lui que je cherche désormais. Je le retrouve à un stand « Il y a quelque chose qui te plaît ? » Mes yeux brillent en laissant tourner mon regard sur toutes les décorations. « Je pose beaucoup de questions, hein ? » “T’en poses beaucoup mais je trouve ça très bien.” Il meuble le silence et il m’empêche de trop penser. Si je m’écoute, on va partir avec plusieurs sapins et tous les stands de décoration. “Il va falloir que tu m’aides parce que sinon je vais me ruiner.” Et je pouffe de rire en me retournant vers lui. « On me le dit souvent. J’essaie de me soigner, mais tu risques d’avoir le droit à un interrogatoire régulier, désolé. » “Ca me dérange pas.” Je tente encore et toujours de le rassurer, je veux bien lui faire comprendre qu’il ne me dérange pas et qu’il peut poser toutes les questions qu’il veut. « Et t’es pas obligée de répondre, au pire. J’ai l’habitude de parler tout seul. » “On est deux alors !” Ca ne le surprendra pas que je me mette à parler seule dans la cuisine. « Eeeet je sais pas pourquoi je te dis ça, en fait. » Je pouffe de rire à nouveau, il m’aide à penser à autre chose. « Et donc, on disait… Les sapins ! Très beaux arbres, soit dit en passant. » Je hoche la tête, je ne sais pas vraiment quoi répondre à ça. “C’est lequel ton préféré ?”

Elle rit et il se détend légèrement. Si d’ordinaire il est terriblement mal à l’aise lorsqu’on rit à ses propos, ne sachant jamais si on rit de lui ou avec lui, il a l’impression que Molly entre dans la seconde catégorie. Certes, il ne connait pas beaucoup la jeune femme et ses expériences passées devraient lui prouver qu’il se trompe souvent sur les autres, mais il n’apprend jamais de ses erreurs, Kieran et s’il n’est pas particulièrement détendu en présence de sa nouvelle colocataire, il lui offre déjà une confiance aveugle. “T’en as jamais acheté ?” Il pince les lèvres, haussant les épaules dans un premier temps avant de comprendre qu’il ne peut pas se contenter d’une telle réponse. « Non. Je laissais ma sœur s’en occuper quand on vivait ensemble et avant... je m’en occupais pas, c’est tout. » Les Bates ne faisaient pas dans les pures traditions, contrairement à ses parents – aussi surprenant que cela puisse paraître. Le moment où il accompagnait sa mère et son père chercher un sapin décrépi dans la forêt parce que forcément gratuit était l’un des plus plaisants, parce qu’il n’y avait pas de disputes, pas de reproches. Il aidait son père à porter l’arbre et il était utile, pour une fois. Mais c’était il y a longtemps, bien que Kieran n’ait jamais accepté d’accompagner Margaret lorsqu’elle voulait décorer le foyer, prétextant toujours des excuses pour ne pas que ce moment lui soit volé et reste dans sa mémoire comme appartenant à ses parents et uniquement à eux. « Grands et qui sentent la forêt, je note. Ça doit bien se trouver quelque part. » Il réfléchit à voix haute alors que son regard se porte sur un petit sapin, qui de toute évidence ne plaira pas à Molly. Et ce que Molly veut, Molly l’obtiendra, c’est ainsi qu’il fonctionne. D’autant plus en voyant les yeux de la jeune femme qui brillent, lui confirmant que c’est d’elle qu’il a des leçons à apprendre concernant le parfait Noël.

« Et un vrai. » Qu’il répète, ajoutant ce critère aux deux précédents. Kieran se perd dans ses pensées à mesure que les stands défilent, au point de perdre de vue Molly un instant avant qu’ils ne se retrouvent à un stand où elle lorgne, s’empressant de lui demander si quelque chose lui plaît. Autant parce qu’il garde en tête qu’il faut que ce Noël soit le sien que pour se faire une idée des goûts de sa colocataire. Et il se rend rapidement compte qu’il peut être oppressant avec toutes ses questions, raison pour laquelle il s’excuse sans tarder. La réponse de la brune lui permet d’être rassuré un bref instant, un sourire qui vient prendre place sur ses lèvres, tandis qu’il laisse échapper un rire lorsqu’elle prétend être à deux doigts de se ruiner. « J’ai jamais été très raisonnable... Tiens, première nouvelle. ... mais, hm, tu peux t’aider de pile ou face pour décider ? » Un nouveau sourire se fraie un chemin sur ses lèvres alors qu’elle lui assure que l’interrogatoire dont il se rend coupable ne la dérange pas, puis un rire lorsqu’elle souligne qu’elle parle elle-aussi souvent seule. « On fait une bonne équipe. » Qu’il s’amuse, se perdant malgré tout dans des justifications jusqu’à ce qu’il reporte son attention sur la raison pour laquelle ils sont là aujourd’hui. « Hm... je sais pas trop. J’aime bien celui-là. » Il dit en désignant un sapin sur le côté du stand. « Ou celui-là. » Il en désigne un autre. « Peut-être celui-ci ? » Un troisième. « Enfin, pour le coup... c’est un peu toi, l’experte. » Il est un peu gêné de lui laisser un tel choix entre les mains, mais elle semble bien plus au fait que lui. « Tu sais ce que tu vas faire cette année, pour Noël ? » Il l’interroge, curieux, avant d’ajouter (puisqu’il peut se permettre un interrogatoire) : « Enfin, t’as des traditions ou des trucs du genre ? »

@Molly Oakheart

Noël est terriblement importante pour moi. Ca représente presque uniquement de bons moments. J’aime toute l’ambiance qui règne autour de cette fête familiale, même si, cette année, je ne sais pas encore ce que je vais bien pouvoir faire. C’est certainement pour ça que je veux absolument que l’on ait un beau sapin qui trône dans le salon. « Non. Je laissais ma sœur s’en occuper quand on vivait ensemble et avant... je m’en occupais pas, c’est tout. » Je hoche la tête tout en continuant d’observer tous les sapins qui nous entourent. “T’aimes bien Noël ?” Je ne sais pas si la question est indiscrète, mais je la pose quand même. « Grands et qui sentent la forêt, je note. Ça doit bien se trouver quelque part. » C’est ma liste, j’ai envie de voir un arbre gigantesque et parfaitement décoré dans notre appartement. « Et un vrai. » Je hoche la tête à nouveau.

« J’ai jamais été très raisonnable... Je fronce le nez, pas réellement convaincu de ce qu’il est en train d’avancer sur sa personnalité. ... mais, hm, tu peux t’aider de pile ou face pour décider ? » Je pouffe de rire, je touche mes poches, à la recherche d’une pièce de monnaie. “J’en ai pas !” Il est aussi indécis que moi et ça m’amuse de comprendre qu’on est bien loin de rentrer chez nous. « On fait une bonne équipe. » Je hoche vivement la tête, je sais que je ne pourrais jamais trouver toute seule. « Hm... je sais pas trop. J’aime bien celui-là. Ou celui-là. Peut-être celui-ci ? » Je tourne la tête à chaque fois qu’il m’indique un nouvel arbre, et je ris quand je me rends compte qu’il ne sait absolument pas de quoi il parle. « Enfin, pour le coup... c’est un peu toi, l’experte. » “On est pas près de partir !” Je hausse les épaules et on entame notre troisième tour de la petite place, je me demande où peut bien être l’heureux élu.

« Tu sais ce que tu vas faire cette année, pour Noël ? » La question la plus importante jusque là. “Je vais peut-être chez un ami… je ne sais pas vraiment…” C’est compliqué ces derniers temps avec Pete et avec ma famille, et pour une fois, je n’ai rien de prévu. « Enfin, t’as des traditions ou des trucs du genre ? » “Normalement je le fais avec ma famille, mais pas cette année. Et toi ?”

Il parle beaucoup. Il parle trop, même, il en a conscience, mais il n’arrive pas à arrêter le débit qui s’échappe d’entre ses lèvres, ayant ce besoin constant de masquer le silence, peu importe si cela implique de passer pour le type le plus inintéressant au monde. Il n’aime pas le silence et même le bruit qui émane de la foule ne lui permet pas d’être tranquille – dommage pour Molly, qui se retrouve assaillie sous un tas de questions personnelles et d’informations parfaitement futiles. Il ignore si elle fait semblant ou si elle est effectivement peu dérangée par le dialogue incessant qu’il recherche, mais toujours est-il qu’il apprécie ses efforts dans un cas comme dans l’autre, qui lui permet de se détendre petit-à-petit et de diminuer cette impression d’être parfaitement stupide. Il s’agit d’une sortie entre colocataires ; et pourtant il est aussi nerveux que si c’était un rencard. Oh, bien évidemment qu’il s’imagine désormais dans cette situation alors que ça n’a pas lieu d’être – il aurait dû s’empêcher de réfléchir, de penser, ou tout autre synonyme impliquant un minimum d’intelligence pour ne pas imaginer cette perspective. Non, Molly est une amie et il n’a aucune doute là-dessus – alors pourquoi cette gêne, pourquoi est-ce qu’il n’est pas foutu d’agir normalement avec des gens contre lesquels il n’a absolument rien ? Il l’ignore et c’est un sujet qui devra encore être disséqué à de nombreuses reprises de mon côté avant que nous parvenions à obtenir une réponse. Dans l’immédiat, c’est la question de Molly qui en attend une, qu’il ne peut offrir de manière concise et claire. “T’aimes bien Noël ?” Il se mord la lèvre un court instant, avant de s’essayer à une réponse, peut-être pas la plus véridique, mais la plus acceptable dans pareille situation : « Euh oui, j’aime bien. » Il lui assure, un sourire aux lèvres – non, il déteste cette fête, mais il espère bien la berner. Il n’a pas d’intérêt quant au fait de fêter une date qui lui rappelle chaque année à quel point il se sent seul et qu’il ne possède pas la famille qui va avec l’esprit de ces festivités, mais Molly semblant apprécier la période, il s’abstient de faire de son humeur pessimiste un nuage noir sur ce qu’elle apprécie.

Arrêtés à un stand, l’indécision les lie alors qu’il fouille à son tour ses poches, y trouve une pièce qu’il tend à la jeune femme. « Euh, tiens. Je crois que ça va nous aider. » Il souligne avec un léger rire ; il est certain qu’en vue de leurs personnalités similaires, bons nombres de décisions pourraient être prises de telle façon. D’abord les décorations de Noël, ensuite leur vie, ça semble être un bon compromis, non ? Et le sapin aussi risque d’être choisi par cette méthode, alors que Kieran en désigne un tas, sans parvenir à s’arrêter sur celui qui serait parfait. “On est pas près de partir !” Un sourire gêné s’affiche sur ses lèvres, craintif de retenir la jeune femme qui pourrait avoir d’autres obligations, alors qu’il propose : « Sinon, on ferme les yeux et on embarque le premier qui est sur notre chemin. » En fermant les yeux, ils vont bien finir par se heurter à un arbre. Soit, ce n’est pas la méthode la plus agréable, mais c’est une façon de faire, hm.

D’ici qu’ils parviennent à se décider, Kieran reprend son interrogatoire, l’idée n’est pas uniquement de trouver le sapin parfait, mais d’apprendre à mieux connaître cette nouvelle colocataire. “Je vais peut-être chez un ami… je ne sais pas vraiment…” « T’as encore le temps de te décider. » Il lui souligne avec un sourire, avant de hausser les épaules lorsqu’elle reprend la parole. “Normalement je le fais avec ma famille, mais pas cette année. Et toi ?” « Peut-être avec ma sœur, elle n’est plus avec son fiancé, alors je me dis que ce serait bien qu’elle ne soit pas seule cette année. » Pour ce Noël sans Eliot, il n’a pas le cœur à laisser Sawyer ressasser cette relation qui s’est terminée douloureusement. « Enfin, je serai pas à l’appartement je pense, si tu veux en profiter avec ton ami. » À moins qu’ils finissent par aller chez lui, mais dans tous les cas, la porte lui sera ouverte, Kieran s’assurera de ne pas les déranger, même si ses plans ne sont qu’au conditionnel et qu’il n’a pas l’assurance de rester avec Sawyer, il ira ailleurs si Molly a besoin de tranquillité.

@Molly Oakheart