| where soul meets body | willer #37 |
| | (#)Lun 14 Déc 2020 - 18:11 | |
| Paris est agréable, si tôt le matin. Le temps n’est pas trop détestable. Il neige encore aujourd’hui et bien que rien ne tienne au sol, la capitale prend d’ici des airs féériques. Pas de vue sur la tour Eiffel, mais l’appartement est tranquille. Bien qu’il ne soit pas bien grand, c’est un petit coin de paradis. Ariane et Saül ne sortent pas beaucoup, préférant le confort qui règne ici au bruit de la ville. Quatre jours que Saül est arrivé, occupé depuis à ne rien faire d’autre que de passer quelques coups de fil et à observer Ariane se battre avec les stylos qu’elle égare dans la même journée. Il y a toujours une bonne raison pour qu’elle ne sorte pas travailler. Saül a appris à la retenir et c’est grâce à elle, qui a fait un si bon travail en empêchant l’homme d’affaires d’aller à ses rendez-vous lors de leur première venue dans la capitale.
Ils n’ont pas beaucoup mis les pieds dehors si ce n’est pour faire quelques courses - Saül, pour régler ses comptes avec un petit merdeux, aussi. Ce matin non plus, Saül ne veut pas vraiment sortir du lit tout de suite, pas au risque de déranger leur paix. Depuis une heure, il guette les flocons entre les rideaux tirés, ses bras enroulés autour des épaules d’Ariane. « Il neige encore. » que Saül se risque à chuchoter. Il y a quelques minutes que la respiration de l’auteure n’est plus la même. Il aura fallu un matin et pas un de plus pour s’habituer de nouveau à ce rythme qui est le leur et auquel l’italien ne voudra plus déroger.
Ses doigts courent entre les omoplates de la française. Le temps qui passe est doux, lui aussi, rien ne presse plus depuis qu’ils ont passé le pas de cette porte, tard dans la soirée. Le bouquet d’amours en cage a, depuis un moment, séché sur le buffet. « Si tu bouges d’un iota, j’appelle Sophie pour qu’elle détruise tous les manuscrits originaux qu’elle possède et qui soient de ta main. » Les fausses menaces, encore, qu’il lance avec un sourire dans la voix. Il n’est pas bien tard, mais elle doit avoir des gens à rencontrer, des mains à serrer, des papiers à signer. Un matin, Saül est remonté chez eux avec le livre d’Ariane, acheté à la librairie du rez-de-chaussée. C’était un peu noël pour lui, de lire ses mots à elle. Saül en a reconnu certains, s’est attribué le mérite d’autres - « mais si, j’avais entouré ce passage là au stylo rouge, j’avais fait ce commentaire là, tu me dois des royalties » - sans jamais oublier de demander à Ariane de lui dédicacer le roman. Il est lourd, Saül, parfois. Elle ne l’a pas encore viré. Peut-être bien qu’elle le supporte, au final. Prends ça, Auden.
Des baisers se perdent dans le cou d’Ariane, partout où elle a eu le malheur de laisser sa peau à l’air libre. « Si on sort c’est juste pour faire des activités productives. » Productives, c’est bien le mot le plus mal choisi pour décrire les plans que Saül a fomenté pour leur petite journée - des plans qui, assurément, court-circuitent toutes les occupations potentielles d’Ariane. « J’ai entendu dire que la place Vendôme, c’était très tranquille, ces jours-ci. » La carte postale attend toujours son joli petit cadre, à la Serre. Saül se promet de l’accrocher au mur, chez eux, en rentrant. Mais pour l’heure, il n’est pas question de rentrer ni même d’en évoquer la possibilité. |
| | | | (#)Mar 15 Déc 2020 - 2:53 | |
| « Il neige encore. » « Et tu m’as réveillée juste pour me dire ça? »
Ma voix est enrouée, mon nez se fronce autant que mes paupières restent closes, barricadées. Mes jambes, elles, agissent comme de véritables traîtres à s’enrouler autour de celles de Saül prêtes à capituler pour tout et n’importe quoi. Les flocons qui glissent contre les carreaux donnent l’impression qu’on est prisonniers à l’intérieur d’un immense globe de Noël autant que j’ai envie de m’extirper des draps pour ouvrir les volets et les rideaux et laisser le parfum de la neige emplir chaque centimètre carré de la pièce. Juré j’y allais, ouvrir les fenêtres - dans une minute ou deux, j’pense. « Si tu bouges d’un iota, j’appelle Sophie pour qu’elle détruise tous les manuscrits originaux qu’elle possède et qui soient de ta main. » c’est lui qui est le premier à refuser que je parte comme le premier à en parler. Il a pas du tout compris la règle numéro un de jouer les tendres moitiés suffocantes au possible, celle d’ajouter une bonne dose d'ignorance et de fausse naïveté au lot. De tout faire pour que l’autre oublie et dans les moindres détails ce que l’agenda arrête pas de lui crier comme planning. « Pour lui téléphoner faut que t’aies accès à un téléphone - et je les ai éloignés du périmètre y’a une éternité de ça. » le périmètre aka le lit, dans toute son immensité. On a autour de nous de quoi lire et écrire, de quoi manger aussi si je me fie au parfum de l’assiette de tiramisu à moitié terminée qui traîne sur la table de nuit. Son portable est noyé dans sa veste et autres chemises et t-shirts de touristes, le mien est sûrement entièrement déchargé sous les appels de Sophie et du monde entier que j’aurais dû prendre depuis une bonne heure déjà. Je comprends pourquoi Saül déteste autant être en retard. Rattraper tout ce qu’on a manqué pendant les moments où on en avait rien à chier, c’est l’enfer.
Mon livre, lui, traîne près des fleurs fanées, séchées, jamais jetées. « mais si, j’avais entouré ce passage là au stylo rouge, j’avais fait ce commentaire là, tu me dois des royalties » qu’il disait, le râleur en chef. Du bout des orteils, je réchauffe les siens qui sont glacés même sous les draps même si j’ai l’impression qu’on en est enfin à la température parfaite entre le chaud et le froid. Faudra y rester encore quelques moments, rien que pour que ce soit impeccable. Mes yeux désormais ouverts glissent sur le bouquin, se ressassent les dites lignes, roulent sur leur nerf optique. « Si toutes les fois où j’ai encerclé des trucs en rouge sur tes documents à toi valaient des royalties je serais riche, là. » Ariane Parker-Williams, passion emmerder ses formulaires de mon trait de stylo ravageur. « Si on sort c’est juste pour faire des activités productives. » blablabla gnagnagna et je les déteste, ses lèvres, autant quand elles chatouillent chaque parcelle d’épiderme prise en otage que quand elles les quittent. « J’ai entendu dire que la place Vendôme, c’était très tranquille, ces jours-ci. » encore cinq minutes. Encore cinq minutes à mordre sa mâchoire lorsqu’elle dérive trop près de mes dents de gamine, encore cinq minutes à emmêler ses mèches autant qu’il s’applique à glisser ses doigts entre les miennes. Encore cinq minutes à faire comme si j’en avais rien à faire des engagements et des contrats, à feindre que non, finalement, je suis pas juste en train de devenir une adulte qui prend ses responsabilités comme il se doit.
Et cinq minutes, c’est suffisant comme temps pour le (nous) distraire de Vendôme, pour le (juste lui) distraire de mon regard qui s'accroche à l’horloge. Suffisant pour filer me glisser par-dessus sa silhouette ankylosée aussi, en pressant la mienne expressément là où y’a pas trop d’hématomes apparents. Ça, c’est de l’art.
« Je - » qu’il reste là, le pauvre type séquestré, quand mes baisers papillonnent contre la peau de son cou, celle hâlée, pas celle aux teintes de minuit. « - serai - » qu’il oublie mon déjeuner prévu à l’autre bout de la ville avec Sophie et d’autres éditeurs dont je me suis pas fait chier à mémoriser leurs prénoms pour rien. « - juste - » qu’il s’endorme sinon, le lit et son immensité de coussins est le summum du confort, son pauvre vieux dos en a besoin. « - partie - » quand mes rires se noient contre son torse pour voler jusqu’à son ventre, mes doigts eux, font la course contre eux-mêmes de chaque côté de ses flancs. « - pendant une heure sérieux c’est quoi une heure dans une journée? » c’est quoi une heure, dans une vie? |
| | | | (#)Ven 18 Déc 2020 - 16:33 | |
| Elle ne cèdera pas aux douces menaces, a déjà pensé à une manière de s’en dégager. Elle est meilleure que Saül, à ce jeu là. « Pour lui téléphoner faut que t’aies accès à un téléphone - et je les ai éloignés du périmètre y’a une éternité de ça. » « Je me traînerais hors du périmètre s’il le fallait, pour la bonne cause. » Pour leur cause à eux, celle dans laquelle ils s’allient pour éviter à Ariane de s’éloigner encore. Saül la voudrait éternellement ici, entre ses bras, bien que cela soit déraisonnable. Mais à Paris, le temps s’écoule plus lentement. Si Sophie n’est pas encore au courant que Saül est revenu traîner dans les parages, alors elle en sera bientôt informée - surtout à cause de tous les retards accumulés par Ariane.
Rien ne les déloge pour autant de leur écrin, planté au milieu d’une chambre pas si immense. Dehors, il neige à gros flocons. La ville est réveillée depuis un moment, l’autre bout du monde est en train de finir sa journée sur les chapeaux de roues et Saül n’en a jamais autant rien eu à faire. Ils peuvent bien tous se faire engloutir par l’océan qui les entoure, surtout les membres de la famille Williams. Pour un instant, Saül a refermé les yeux, les bras serrés autour de celle qui partage de nouveau sa vie. Elle n’a jamais vraiment cessé d’y avoir une place de choix, bien que les dernières semaines aient presque réussi à laisser entendre le contraire. « Si toutes les fois où j’ai encerclé des trucs en rouge sur tes documents à toi valaient des royalties je serais riche, là. » Il pouffe contre sa joue, l’italien qui ouvre de nouveau les paupières sur le monde - son monde. « Tu es déjà riche. Plus riche que moi. » Ce n’est pas bien compliqué, en même temps. « Puis-je dire à tout le monde que je suis avec une star ? » Et même si elle se moque, même si elle le pince, même si elle le presse d’arrêter, elle sait aussi que rien n’empêchera Saül d’utiliser ce titre dès qu’il se souviendra qu’il peut le ressortir, en public comme en privé.
La place Vendôme, c’est très joli quand ce n’est pas couvert de touristes. Il y a encore quelques mois, Saül aurait probablement été capable de couvrir le cou d’Ariane de colliers de perles, de sertir ses doigts de toutes les bagues les plus brillantes, trouvées dans les boutiques les plus chères de Paris. Vendôme n’aura plus la même saveur, maintenant. Un endroit qu’il n’est pas sûr d’aimer visiter en étant presque totalement désargenté. Lorsqu’elle bouge, Saül râle. Pour la forme seulement, pour se plaindre de son dos et des bleus dont elle réveille la douleur. Ses mains froides ont, pourtant, trouvées les hanches de la française qu’il contemple, un sourire flottant sur les lèvres.
« Je - » t’aime, Saül ? « - serai - » toujours là, je ne vais nulle part, Saül ? « - juste - » en train de leur dire qu’ils peuvent tous aller au diable, Saül ? « - partie - » « Mais non tu ne pars pas. » qu’il tente de lutter, se battant avec les mains d’Ariane pour les immobiliser un instant. Ses sourcils froncés lui donnent presque l’air sérieux qu’il espère suffisamment appuyé pour qu’elle change son planning du jour. « - pendant une heure sérieux c’est quoi une heure dans une journée? » « C’est trop long. Je sais qu’ils réussiront à t’avoir plus d’une heure. » Entre les doigts de l’italien roulent les mèches de cheveux d’Ariane, qu’il s’amuse à emmêler dans l’espoir qu’elle abandonne l’idée de se préparer à quitter leur nid. Il s'ennuiera d’elle, pendant une heure. Il n’est pas question qu’il travaille, le boulot est abandonné à l’autre bout du monde aux mains d’un Marcus plus que compétent. C’est à lui que Saül devrait céder les rênes de l’entreprise. Abandonner son travail, pourtant, Saül sait que cela serait aussi une manière de signer sa propre mort. Il n’y a rien qui ne le tuerait mieux que l’ennui et le manque d’activité.
« Je sais que tu peux déléguer à quelqu’un d’autre. Pourquoi tu n’engages pas quelqu’un ? Tu es riche, maintenant. » Et voilà qu’il appuie sur le mot, se glissant sous les couvertures et emportant Ariane avec lui. Ils sont encore mieux maintenant qu’elle ne peut plus guetter l’heure, d’aucune façon. « J’accepte de te laisser à eux une heure, tu me donnes l’adresse et je débarque là-bas très précisément soixante minutes après ton départ. » Deal ou pas deal, lui scelle l’entente par un baiser de plus.
Et soudain, c’est contre une main égarée qu’il la sent, Saül, la petite vie qui s’agite dans le giron de Ariane. C’était peut-être une vue de l’esprit, ou peut-être n’a-t-il eu que l’impression de sentir quelque chose, lui qui rêve de cet instant depuis des années. Ses yeux s’ouvrent en grand, sous les draps, alors qu’il cherche ceux d’Ariane. Il n’a rien à dire, bien trop impressionné par la vive sensation que lui a laissé ce contact. Il réfutera probablement la présence de l’humidité qui couvre ses pupilles, Saül, que l’émotion a rendu muet l’espace d’un instant seulement. « Je t’aime. » Adressé à Ariane comme à leur petite merveille qui, dans une mesure à peine exagérée, est attendue par son papa comme le prochain messie qui foulera du pied la surface de la planète Terre. « Pars pas. Viens avec moi à Vendôme. » Il aura un truc presque insignifiant à lui dire, là-bas. |
| | | | (#)Ven 18 Déc 2020 - 19:03 | |
| « Puis-je dire à tout le monde que je suis avec une star ? » il peut dire à tout le monde ce qu’il veut, le reste du monde n’existe pas. « Vantard. » il peut se vanter et il peut le scander haut et fort, il a rien besoin de cacher quand on a caché tout ce qui devait l’être pendant des années déjà. À l’époque où il fallait changer de pays pour associer mon nom à sa réservation, à l’époque où le fait qu’il était marié à une autre me suffisait amplement pour m’assurer qu’il ne me collerait pas trop aux baskets. Aujourd’hui c’est moi qui colle aux siennes, les doigts occupés à compter chacune des côtes - encore intactes, c’est étonnant - le long de ses flancs. « Mais non tu ne pars pas. » « C’est terrible quand même, les ravages que le temps fait sur la mémoire. » Saül gronde alors je gronde aussi. Sa ride du lion que j’embrasse après m’être assurée que son torse serait autant marqué des bleus des autres que de mes baisers à moi.
Dehors, on m’attend et on tape du pied. Dehors, je devrais avoir pris le premier taxi du bord depuis au moins quinze minutes. Les seules quinze minutes qui restent à mon compteur par contre, sont celles que je consacre à emmêler ses cheveux autant qu’il embête les miens. C’était un jeu d’enfant, avant, de le faire rager. C’était une question de voler ses chemises, de les tâcher de rouge à lèvres ou de vin. De décoiffer sa précieuse crinière, de menacer sa sacrée montre. Aujourd’hui pourtant rien n’y fait, entre les morsures et les pincements, entre les insultes et les soupirs. On a épuisé le stock de piques vicieuses à l’autre bout de la planète, et ici on s’aime à coup de murmures embrassés et de rendez-vous ignorés. « C’est trop long. Je sais qu’ils réussiront à t’avoir plus d’une heure. » oh Saül l’enfant gâté, oh Saül le pauvre fils prodige et premier. Sa famille peut bien brûler en Australie qu’il en garde encore les stigmates, celui à qui on ne refuse rien. Surtout pas quand il m’embrasse là, juste là. « Ma présence est si appréciée, je suis une star aimée c’est ma malédiction j’ai appris à vivre avec que veux-tu tu devrais me célébrer. » l’ironie tapisse mes lèvres autant que le plus grand sourire que je peux lui dédier, fière de toute la merde que je peux assumer dans une journée.
L’instant d’après il fait noir sous les draps. « Je sais que tu peux déléguer à quelqu’un d’autre. Pourquoi tu n’engages pas quelqu’un ? Tu es riche, maintenant. » « Les pions c’est pas pour moi. » encore plus quand jamais je ne ferai confiance à qui que ce soit pour négocier les nouvelles clauses d’un contrat sur lequel on bosse depuis des semaines Sophie et moi. Ils veulent m’éditer ici aussi, ils veulent que j’adapte mes deux premiers livres à la réalité de Paris en réécrivant l’entièreté des bouquins selon leurs habitudes à eux, à elles aussi. C’est un défi qui ne me fait pas le moindrement peur, mais c’est un défi tout de même et assistant ou pas personne ne mettra le nez là-dedans sauf moi. « J’accepte de te laisser à eux une heure, tu me donnes l’adresse et je débarque là-bas très précisément soixante minutes après ton départ. » « Possessif. » mes mots soufflent à travers son baiser, il ne prend pas en compte mes demandes ni même mon planning. Tant mieux.
Là, au creux de mon ventre, quelqu’un a quelque chose à lui dire. C’est qu’il a manqué son coeur par deux fois, ça lui prend un truc un peu plus grandiose à Saül pour réaliser ce que je sais déjà. On va être parents, et tant mieux que ce foutoir à venir soit partagé avec quelqu’un que je sais bien plus fort et bien plus solide qu’il n’en a fait la preuve ces derniers temps. J’aurais pas eu un enfant avec quelqu’un d’autre que Saül, même pas sa version édulcorée. « Je t’aime. » « C’est la première fois. » qu’il bouge, qu’il cogne, qu’il grogne à sa façon. J’ai dit il? « Pars pas. Viens avec moi à Vendôme. » un rire de plus, un roulement d’yeux au passage. « J’avais jamais prévu partir. T’es si facile à berner, c’est aberrant. » j’avais jamais prévu partir, j’ai toujours voulu rester.
Sophie a ragé, bien sûr. Elle a même hurlé à un moment, promis de me foutre dans le premier avion de retour vers Brisbane dans la seconde. Elle a menacé d’aller avec une autre auteure, elle a listé toutes les raisons qui faisaient que je lui devais tout, absolument tout et elle totalement rien. Elle a fait son traditionnel discours sentimental ensuite, s’est enlisée dans des propos statuant comment on avait grandi ensemble et créé quelque chose d’incroyable à deux et que ce serait horrible que ça se termine aussi vite. Et elle finira par capituler, je la connais par cœur, en repoussant le rendez-vous à après les Fêtes d’ici le prochain ou le dixième appel. « C’est sur ta boîte vocale à toi maintenant que je renvoie ses appels à elle. Tu gèreras la suite, partenaire. » Saül le coéquipier de guerre. À un moment, j'ai décalé mon téléphone de mon oreille, question de rendre la conversation divertissante pour tous les passants croisés entre l’appartement et ici. Ici d’ailleurs, qui a des airs de déjà-vu, en mieux. Il avait raison, Vendôme est calme aujourd’hui.
Vendôme est calme et Vendôme est belle, sous la neige. Vendôme est tout autour et ma main fait pareil, lâchant la sienne qu’elle tenait depuis une vie j’ai l’impression, pour fouiller dans la poche de mon jeans vieilli et déchiré. Celui qu’il déteste, celui que j’adore. « T’as tout fait, la dernière fois. » c’est con, c’est cliché, c’est foutument risible mais c’est à lui et à personne d’autre. « Là c’est à moi. » l’écrin est laid, hideux, il est en fausse peau de cuir boho. Mais dedans, il trouvera une chevalière avec un crocodile gravé dessus. Compte tenu du fait que son surnom lui vient d’une vie d’avant, il pourra autant la jeter dans le fleuve qu’à l’autre bout du monde, l’alliance. « Hen quoi, faut y ajouter des mots? C’est pas comme ça que ça marche? » l’alliance oui, et la demande avec, une fois qu’elle glisse de force - de force, à qui tu mens Ariane - contre son annulaire. Le gauche bien sûr, vous pensiez quoi. |
| | | | (#)Mer 23 Déc 2020 - 3:51 | |
| Elle finira peut-être par partir. Ou alors, elle devra se débrouiller pour travailler depuis le lit, que Saül ne lui laissera pas quitter sans protester et hurler au scandale. « C’est terrible quand même, les ravages que le temps fait sur la mémoire. » « Tu n’as qu’à rester, si tu me crois sénile. » Sénile, mais toujours apte à négocier. Sénile mais pas idiot et borné jusqu’au bout, même si la bataille n’est pas gagnée d’avance - surtout si elle ne l’est pas. Les minutes passent trop vite et Saül risque, par réflexe, un regard du côté de ce poignet sans montre. Ils peuvent attendre, tous. Ils sont moins importants que des retrouvailles. « Ma présence est si appréciée, je suis une star aimée c’est ma malédiction j’ai appris à vivre avec que veux-tu tu devrais me célébrer. » « Je te célèbre tous les jours. » Presque tous les jours. D’accord, alors les jours à partir de maintenant. La soirée de l’avant Paris n’est pas ce que l’on peut appeler une célébration honnête, quand on en sait l’issue trouvée par le couple.
Sous les draps, le temps n’a plus d’emprise. « Les pions c’est pas pour moi. » Et il se met à rire, l’italien. « Où est la Ariane qui voulait virer l’intégralité de la planète en un claquement de doigt ? C’est aussi le travail des gens qui délèguent à d’autres les tâches ingrates. Tu serais excellente. » Les pions, c’est pour eux. Ils peuvent vivre sans l’intervention de leurs dieux, c’est là tout l’avantage d’être en haut de l’échelle - et d’être admiré par ceux qui n’ont jamais su monter. Mais elle mène ses combats elle-même, Ariane. Peut-être qu’elle aurait eu le temps de virer tous les pions à son service avant de s’en servir plus de dix minutes. « Possessif. » Saül fera semblant de ne pas l’entendre, ses baisers à lui couvrants de toute façon à merveille ses mots à elle.
Quelqu’un vole toute l’attention, soudain. Il ne veut plus qu’on l’oublie, même si Saül ne l’a jamais vraiment oublié. La petite merveille prend ses aises partout et surtout dans le cœur et dans les pensées de son papa - ou de sa maman, et cela sera sûrement le sujet d’un concours de "je l’aime plus" dans le futur. « C’est la première fois. » Et Saül attend une nouvelle manifestation à partager avec Ariane, lui qui sent tout le temps qu’il faudrait rattraper avec cette dernière. « J’arrive à temps. » qu’il raille encore, les lèvres posées sur le giron de la française. Vendôme pour refuge et rien d’autre, sinon les draps à partager jusqu’à ce que quiconque se présente pour interrompre la tranquillité - retrouvée - du couple. « J’avais jamais prévu partir. T’es si facile à berner, c’est aberrant. »
Vendôme et c’est tout, malgré les remontrances de Sophie et les menaces reçues au passage. Elle, c’est certain, elle n'est pas un pion. « C’est sur ta boîte vocale à toi maintenant que je renvoie ses appels à elle. Tu gèreras la suite, partenaire. » « Lâche. » Son téléphone, Saül ne le reprend que pour répondre aux urgences et elles savent être rares. L’Australie attend, les fêtes rendront certainement les gens conciliants - ou pas. Paris est froide mais Paris est agréable, sous son ciel blanc et gris. Saül a toujours mieux supporté le climat européen. Ils pourraient y rester, l’idée est séduisante. Sans les responsabilités de l’autre bout du monde, peut-être aurait-ce été la première de ses propositions, mais Ariane aussi a une vie à mener, là-bas.
Vendôme n’accueille pas beaucoup de touristes, même si certains se perdent devant les vitrines toutes décorées pour les fêtes. Les paillettes rappellent à Saül le début de l’année qui se terminera bientôt, passée aux côtés d’Ariane. Il y a comme un vent d’habitude qui souffle, sur la place parisienne, lorsque l’auteure lâche la main de Saül pour fouiller dans ses poches. « T’as tout fait, la dernière fois. » La dernière fois sonne comme un écho, lointaine, quand Saül détaille la petite boîte des yeux. La dernière fois, c’était pour Vegas, des temps lointains et reculés où tout allait aussi bien que tout était dangereux et instable. Ils sont mariés, pourtant, sur un bout de papier à l’autre bout du monde. « Là c’est à moi. » « Ariane. » La bague doit être magnifique, mais ce sont les yeux de la française que Saül ne lâche pas du regard. Ses mains se sont glissées sous celles de la trentenaire, froid contre chaud - les habitudes. « Hen quoi, faut y ajouter des mots? C’est pas comme ça que ça marche? » Évidemment qu’il se laisse faire, l’italien qui cognera quiconque pointera du doigt ses yeux - un peu seulement ? - brillants. Il n’a rien à dire, rien à rajouter, sinon le baiser qu’il dépose sur les lèvres d’Ariane. Les mains de Saül ont retrouvé, le temps de l’embrassade, les joues de l’auteure. « Je t’aime. C’est ça, les mots. » C’est beaucoup de je t’aime pour une si petite journée. « Ne t’habitue pas. Je ne vais pas les répéter. » Tout le temps, en fait, en paroles comme en gestes.
Et il y en aurait tant d’autres à dire, des mots. Elle sait déjà tout, peut-être même jusqu’aux paroles qu’il glisse avant de s’endormir auprès d’elle. Il enragerait presque, qu’elle ait été plus rapide que lui pour faire la demande. La sensation de retrouver un anneau à son annulaire est étrange. Celui-ci paraît plus léger, pourtant. Parfaitement adapté. « Depuis quand est-ce que tu la caches ? » Et ça n’a aucune importance, finalement. Elle ne sera plus jamais cachée, fièrement accrochée à son annulaire. « La tienne est sertie de rubis. » La sienne est en Italie, assemblée par un contact de confiance, à qui Saül a confié pierres et croquis. « Je ne peux pas t’épouser à l’église, j’espère que tu n’es pas trop déçue. » Ils auraient été drôles, sous la nef, les pécheurs transis. |
| | | | (#)Mar 5 Jan 2021 - 4:01 | |
| « Ariane. » « Ta gueule c’est moi qui parle. » « Je t’aime. C’est ça, les mots. » « T'es sûr? »
Elle lui va bien la bague. Elle glisse, prend sa place, nargue toutes les autres, en plein ce à quoi je m’attendais. Au beau milieu de Vendôme on est les clichés les plus recouverts de flocons de toutes les formes qui existent. Il a de la neige dans les cils, j’en ai sur les lèvres. Il a les yeux qui brillent et je m’en moquerai toute ma vie, à chaque réveil où il m’aura empêchée de dormir comme un connard à ronfler pour sa vie, à chaque soir quand peu importe à quel point il m’aura fait chier ce sera dans ses bras que je finirai endormie. Je t’aime. C’est ça, les mots. Ouais, ouais, embrasse la (future) (doublement) mariée maintenant.
« Ne t’habitue pas. Je ne vais pas les répéter. » j’éclate de rire, hissée sur la pointe des pieds pour lui enlever du verglas des cheveux aka lui ébouriffer la tête plus que de raison. « Tant mieux, je suis phobique de l’engagement, j’ai un pied hors de la porte en tout temps tu sais bien. » jamais, avec lui. Je les compte par dizaines de fois les moments où je me suis tirée. D'un boulot, d'un couple, d’amitiés, de tout ce qui se trouve entre et à travers. Avec lui même en étant partie je finissais toujours par revenir. Lui aussi. Des aimants que certains diront. Je roulerais des yeux, soupirerais bien fort, le confirme aussi, en enroulant mes doigts à ceux de Saül parce qu’ils les avaient lâchés depuis une poignée de minutes déjà. « Depuis quand est-ce que tu la caches ? » la bague? Depuis quelle dispute ou depuis quelle réconciliation? Il a pas envie de savoir et j’ai pas envie de parler du passé, surtout. C’est fini tout ça, enterré avec. « T’es jaloux parce que je garde mieux que toi les secrets? » que je nargue, le nez froncé et le sourire un peu plus immense maintenant que j’ai vu par-dessus son épaule une librairie de plus à ajouter à l’interminable liste des commerces où je le traîne de force depuis qu’il a mis le pied en terre promise.
« La tienne est sertie de rubis. » « La base. » ça pourrait être un bouchon de champagne - Vegas nous salue - que je la garderais en place, à mon annulaire. Il le sait autant que moi. « Je ne peux pas t’épouser à l’église, j’espère que tu n’es pas trop déçue. » oh, ça. Quand j’éclate de rire, il ne sait pas encore dans quel calvaire de plusieurs heures et d’autant de bouquins poussiéreux mes grands yeux amoureux et mes baisers qui le sont encore plus l’attirent. « Ce sont eux qui vont être déçus, on leur coupe l’occasion d'expier leurs pêchés en nous brûlant sur l’autel. »
*** Le gel est froid, sur mon ventre.
J'ai juré dans toutes les langues que je connais - mon stock d'insultes en italien se peaufine et s'améliore - quand elle l'a étalé d'ailleurs. C'est froid et ils t'avertissent mais pas vraiment, c'est d'un ridicule désarmant et même pas désolée pour les marques d'ongles que Saül aura au creux de la paume. De toute façon, il est bien trop occupé à fixer le moniteur dans l'attente de la grande révélation que je douterais qu'il le capte, si dehors le monde en venait à sa fin, Apocalypse and such. Faut dire que moi aussi, j'en ai rien à chier du reste. Mon monde est ici.
« Si tu pleures je fais une vidéo et je l’envoie à tous tes contacts. » ce sera une fille ou un garçon? |
| | | | (#)Mar 12 Jan 2021 - 23:08 | |
| « T'es sûr? » Rien n'a jamais été aussi sûr qu'en cet instant, mais elle n'a pas besoin de l'entendre. Des mots qui, finalement, prennent une plus jolie forme dans un baiser qu'il glisse, tendrement, au coin des lèvres d'Ariane. Une promesse murmurée au bord de ses lèvres, pour les temps à venir - puissent-ils être cléments.
Bien sûr qu'il est certain de tout. Saül tient maintenant Ariane tout contre lui, Ariane que la neige assaillit sans pitié. Ses cheveux de feu se poudrent lentement d'une neige qui ne tiendra pas l'heure. « Tant mieux, je suis phobique de l’engagement, j’ai un pied hors de la porte en tout temps tu sais bien. » « Je sais comment tu fais. Tu gardais toujours ton alliance, même quand nous étions à l'hôtel. » Lui quittait la sienne, déjà résolu à enlever ce costume trop lourd alors que rien n'était officiel. Alors qu'ils n'étaient que des amants, alors qu'elle ne restait pas jusqu'au matin. Cette alliance là, il ne la quittera pas de si tôt - jamais, espérons le. Cette bague, d'ailleurs, depuis quand la retient-elle en otage ? « T’es jaloux parce que je garde mieux que toi les secrets? » « C'est à moi que tu dis ça ? » Saül n'a pas vraiment à se vanter de ses secrets à lui, mais ils sont maintenant devenus leurs secrets à eux et ça compte. Ca compte pour de vrai, cette fois.
Sa bague est sertie de rubis, rien de trop gros non plus pour ne pas alourdir ses mains, qu'elle a si jolies. « La base. » Il a longuement hésité, l'italien un peu fauché. Un saphir aurait été plus discret et Saül a toujours préféré le bleu, mais c'est le feu qui va mieux à Ariane. Il le sait depuis qu'il la fréquente. « Ce sont eux qui vont être déçus, on leur coupe l’occasion d'expier leurs pêchés en nous brûlant sur l’autel. » « Non, ils seront contents. Je ne pourrai pas t'emmener avec moi au paradis. » Ils ont un plus joli endroit qui attend pour eux, ce n'est pas si grave. Le feu lui va mieux à lui aussi depuis qu'il la fréquente. Et le diable n'a jamais trop d'âmes rejetées par le Très Haut à garder.
* Oh qu'il bat vite, le cœur de Saül. La dernière fois qu'il s'est retrouvé dans une pièce comme celle-ci, tout allait mal. Le bébé allait mal. La maman allait mal. La main de Saül était serrée dans celle d'Elise, tout comme elle est serrée dans celle d'Ariane juste à cet instant. Pour autant, les circonstances sont drastiquement différentes. Saül et Elise n'ont toujours été que dans l'attente d'une mauvaise nouvelle de plus. Ils entremêlaient leurs doigts à en faire pâlir leurs phalanges à force d'angoisser à la vue des visages fermés du personnel médical.
Le visage de l'italien n'est pas fermé mais ses yeux débordent d'une angoisse qu'il ne sait pas contrôler, alors que tout est en place et que la sonde cherche maintenant le bébé. Toute son attention va à cet écran noir qui laisse parfois filtrer du gris et du blanc. Dix secondes et le voilà qui désespère à force d'attendre. « Si tu pleures je fais une vidéo et je l’envoie à tous tes contacts. » Il ne pleurera pas, pas vrai ?
« Le voilà. »
Le voilà et il est parfait. Lorsque l'homme en blouse blanche se met à compter à voix haute les doigts des mains et des pieds, Saül respire déjà un peu mieux. Sa tête se pose à côté de celle d'Ariane. « Je vais vous faire écouter le cœur. » C'est là que les yeux bleus de Saül se remplissent de larmes, alors qu'il écoute, un discret sourire aux lèvres, la parfaite musique de la vie à naître.
Alors, c'est cela qu'on ressent, quand tout va bien.
« Il a ton nez. » Saül ne peut pas lâcher le moniteur des yeux. Il tente de camoufler - probablement sans succès - son émotion en parlant tout bas. Ensuite vient la question fatidique. Bien sûr qu'ils veulent savoir. Fille, ou garçon ? « C'est un petit garçon. » « Je te l'avais dit. » Ou peut-être que c'est elle qui avait deviné. Cela n'a plus d'importance désormais. Tout va bien. « Je t'aime. » |
| | | | (#)Sam 16 Jan 2021 - 21:02 | |
| Pas de mariage à l’église, et quelque part dans le monde j’entends de preux prieurs qui soupirent de soulagement, bénis et rassurés. « Non, ils seront contents. Je ne pourrai pas t'emmener avec moi au paradis. » Saül et paradis sonnent faux, dans la même phrase. Il y serait beau et fort pourtant, posé sur son trône de tyran, lui qui aurait négocié de la plus fourbe des manières sa place de dictateur là où il ne devrait pas. Et comme il n’y en a qu’un seul de nous deux qui a décidé de se voiler la face en s’imaginant chérubin malgré les conneries accumulées au présent et au futur autant qu’au passé, y’a mon sourire à moi qui frise, qui donne le ton sans la moindre ombre au tableau.
« Tu dors sur le canapé quand tu viendras passer la nuit à mon loft en enfer. » avec vue sur le Mordor, rien de moins.
* Il fait chier, à fixer l’écran comme si c’était le passe-droit parfait et l’alibi avec. Je sais qu’il pleure, je sais qu’il a les hormones de grossesse bien plus en vrille que les miennes, je sais qu’il est sur le seuil d’exploser d’émotion et c’est d’une lourdeur de ne pas pouvoir en rire à outrance comme un preview de ce qui l’attend pour des siècles et des siècles. « Le voilà. » le voilà et bravo à lui, il a tous ses doigts et tous ses orteils. C’est un garçon, je le sais avant même qu’on ne le confirme. Il est dégueulasse avec sa peau translucide et ses membres désarticulés, il est bizarre dans sa plus simple forme d’alien. « Je vais vous faire écouter le cœur. » et il a un cœur et pendant une fraction de seconde, je les vois pas les larmes de Saül.
Je les vois pas parce que les miennes ont décidé de faire un aller simple vers le coin de mes paupières, de brouiller ma vue maintenant que j’étouffe un faux bâillement comme si c’était la solution à tout. Quelqu’un là-haut s’est dit que de me rendre mère était une bonne idée.
« Passe-moi mon portable ça urge. » et quelqu’un là-haut a décidé que lui, il serait le père. Que lui, il allait avoir sa gueule tirée en vidéo, ou pas, surtout pas, alors que ma silhouette ne bouge d’un millimètre, que le téléphone et sa séance d'enregistrement compromettant sont oubliés. Lorsque mes yeux se vrillent à l’écran, mes doigts décident qu'ils n’en ont pas fini de serrer les siens. On va être parents. Soit c’est une blague, soit c’est du génie. « Il a ton nez. » « Et il sera éternellement reconnaissant de pas avoir le tien. » même Saül a concédé au sexe avant que l’autre dude incompétent ne finisse par nous l'annoncer comme s’il s’agissait du plus gros Eurêka que la Terre ait porté.
« C'est un petit garçon. » « Je te l'avais dit. » « On savait déjà, merci. » une blague ou du génie?
« Je t'aime. » « Il paraît ça. » et je l’aime aussi, comme une folle d’ailleurs, pour penser une seule seconde qu'on va réussir ça, qu'on va pas finir par n'être qu'une mère incompétente et qu'un père absent. Qu'on va arriver à ne pas être un duo de ratés en charge de bousiller son enfance dès les premières minutes. Qu'on sera pas les meilleurs, mais qu'on sera suffisamment foutus de lui faire comprendre, au il, qu'on l'aime, qu'il a une place dans nos vies et qu'on fera tout pour lui donner la sienne sur un plateau, celle qu'il mérite.
« Voulez-vous une photo de l’echographie? » oh bitch please. « Pour en faire quoi? » pour mon scrapbook de naissance, pour son montage photo malaise au bureau? Sérieux. Il a l'air étonné, il a l'air déçu, il a l'air de vivre un mélange d'émotions contradictoires, le gars à la sonde et à la mine renfrognée par ma franchise à double tranchant. « Par contre je voudrais qu'on augmente un peu le chauffage. Et avoir un thé, j'ai soif. Et y'a pas un truc pour faire de la musique? C'est long l'attente des autres résultats. » du génie pour nous, d'être parents. Une horreur pour tous les autres. |
| | | | | | | | where soul meets body | willer #37 |
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