L’inspiration était absente, je fixais cet écran d’ordinateur depuis de longues minutes en ayant écrit aucun mot. Le cœur n’y était pas, mes pensées obnubilées par une seule et unique chose, cette découverte faite quelques jours plus tôt. Une découverte que je n’ai partagée avec personne. Car je ne peux pas. Malgré la déception, la colère et la tristesse que je pouvais ressentir face à tout ça, je ne pouvais pas en parler. Parce que ce n’était pas quelque chose qui se criait sur tous les toits et que, malgré tout, j’essayais peut-être aussi de les protéger… Alec, Geo… Mais aussi me protéger car je ne pouvais pas révéler l’existence de cette organisation a n’importe qui sans sûrement risquer quelque chose. J’écris quelques mots, puis mon index appuie inlassablement sur la touche retour… Si seulement, si seulement il était possible de retourner en arrière. Mais jusqu’où ? Jusqu’au jour où je l’ai rencontré dans ce bar, cette première fois que nos regards se sont croisés ? Ou jusqu’à ce soir dans cette allée sombre derrière le restaurant ? La pression sur la touche retour est plus virulente, au point que j’attire l’attention d’un de mes collègues à qui je lance un sourire totalement faux, comme pour le convaincre que tout va bien. Ou peut-être pour m’en convaincre moi-même.
Je sursaute alors que mon téléphone se met à vibrer. Un message de Danika : SOS Lawrence problems. Comme toujours, lorsqu’elle m’appelle à l’aide, je ne réfléchis pas par deux fois : Coming tonight est aussitôt envoyé. Je finis péniblement ma journée de boulot avant de passer par Queen Street pour faire quelques emplettes de bouffe. Parce qu’il n’y a rien de mieux pour éventuellement nous donner un peu de réconfort à toutes les deux. Alors ce sont les mains bien chargées que j’arrive chez elle, après l’heure du diner : les incontournables tim tam à différents parfums, des paquets de bonbons, des pop corns, des m&m’s et un pot de glace. Et dans mon autre bras je tenais une grosse peluche qui m’avait fait de l’œil en passant devant une vitrine. Non pas pour Danika mais pour son fils Maddox qui n’était autre que mon filleul. Evidemment, je tenais ce rôle un peu trop à cœur, au point que cet enfant était juste pourri gâté avec moi, au grand dam de ma meilleure amie. Alors, lorsque je toque à cette porte et que c’est le petit garçon lui-même qui ouvre, il se jette non pas dans mes bras mais sur la peluche, me demandant si elle était pour lui « Bien sûr qu’elle est pour toi mon cœur ». Le sourire aux lèvres me revint aussitôt en le voyant. Je m’accroupis alors pour lui donner la peluche et il m’étreint de ses petits bras pour me remercier. Après une bonne dizaine de bisous échangés, je rentre dans l’appartement « Dani ? ». Je la vois alors apparaitre, m’approche d’elle pour l’enlacer doucement puis brandit le sac de course bien rempli « Je me suis dit qu’on en aurait bien besoin ». Et en voyant sa mine préoccupée, mes sourcils se froncent. Je lui attrape sa main pour la serrer doucement, comme pour la rassurer « Tu sais quoi ? Tu vas aller te caler dans le canapé avec tout ça » je fais en lui donnant le sachet « pendant que je m’occupe de coucher Maddox ». Je lâche alors sa main pour l’échanger avec celle de son fils qui me suit sans rechigner.
Je reviens quelques minutes plus tard, m’installant dans le canapé à ses côtés « Bon, c’est quoi le problème avec Lawrence ? ». Je plie mes genoux et me tourne vers elle pour lui faire face. J’attrape un premier sachet de bonbons ouvert dans lequel je pioche et le tend à Danika pour qu’elle en fasse de même.
Elle tourne dans son appartement comme un lion en cage. Incapable de réfléchir depuis qu’il est parti, depuis qu’il lui a collé au visage la lettre de son père qui révélait tous ses secrets. Son visage déformé par la colère est bien trop présent dans ses pensées, le regard lumineux qu’il avait posé sur Maddox aussi. Danika n’est pas prête à affronter ses mensonges, pas prête à réécrire sa vie pour lui, pour lui faire une place, pour qu’il devienne vraiment père de cet enfant de trois ans. Elle se force à se répéter que son mensonge était la bonne chose à faire, que c’était le bon choix peu importe les conséquences aujourd’hui. Pourtant ce soir-là elle n’arrive pas à dormir et le lendemain matin c’est la première chose à laquelle elle pense, dévorée par autant de culpabilité que de colère. La colère est dirigée contre son père. Son père qui est allé dévoiler ses secrets, son père à qui elle n’aurait jamais pardonné, son père qui est mort et contre qui elle ne peut plus hurler.
Elle va travailler cette après-midi pour s’occuper l’esprit mais lors d’une de ses pauses envoie un message à Mia. Elle a désespérément besoin de parler, de trouver une solution à toute cette situation. Elle n’a qu’une peur en réalité, que Lawrence débarque de nouveau chez elle pour voir son fils.
Plus tard, lorsqu’on sonne chez elle dans la soirée, elle n’a pas le temps de rattraper le petit garçon qui déjà a ouvert la porte sautant dans les bras de sa marraine comme toujours. Comme toujours elle a une peluche de plus ce qui aurait fait rouler des yeux Danika avec un léger sourire si la situation n’était pas, à ses yeux, aussi dramatique. « Dani ? Je me suis dit qu’on en aurait bien besoin. » Elle hoche la tête. « Merci d’être venue Mia. » « Tu sais quoi ? Tu vas aller te caler dans le canapé avec tout ça pendant que je m’occupe de coucher Maddox. » Elle soupire et hoche lentement la tête, attrapant le paquet et allant s’installer dans le canapé pendant que son amie couche le petit garçon.
Lorsqu’elle revient, la question est immédiate alors qu’elle lui tend le sachet de bonbons. « Bon c’est quoi le problème avec Lawrence ? » « Je vais avoir besoin de plus que des bonbons je crois. » Son ton est sombre et elle se lève pour aller chercher la bouteille de rhum et du jus de fruit. On repassera pour les cocktails de barman, elle serait bien incapable de se concentrer sur quoi que soit que son problème actuel. Elle retourne s’asseoir à côté de Mia et leur sert deux verres et elle en boit cul sec.
« Lawrence sait. » Elle annonce comme si c’était la pire nouvelle qu’elle pourrait annoncer, la fin du monde, l’apocalypse. Elle a beau savoir que c’est injuste, qu’elle l’a privé de son fils quand elle n’aurait pas dû, elle est incapable de se raisonner. « Lawrence sait Mia ! » Elle n’a pas besoin de dire pour Maddox, il n’y avait que ce secret là qu’elle a caché, que ce secret qui est d’une telle importance et qui pourrait la mettre dans une telle panique. Elle se resserre un verre, attrapant au passage quelques bonbons qu’elle avale sans même les apprécier. Elle ne peut s’empêcher de rire alors, complètement dépassée par la situation. « Mon père lui a dit. Mon père mort depuis des mois a eu l’idée GENIALE de se servir de sa propre mort comme excuse pour tout lui balancer dans une lettre ! Et je peux même pas aller lui hurler dessus, VU QU’IL EST MORT. » Sa voix est partie dans les aigus avec sarcasme, son rire est plus panique qu’autre chose, tout son corps est agité, ses mains se serrant et se desserrant.
« Merci d’être venue Mia ». Je sens bien quand elle prononce ces quelques mots qu’elle est préoccupée. Je la connais suffisamment pour reconnaitre quand ça ne va pas. Son message en disait déjà long mais il n’y avait plus aucun doute quand je la vois devant moi. Son visage est fermé, elle a cet air triste que je lui connais que trop bien. La voir partir en direction du canapé en soupirant, à peine enthousiaste que je la soulage un peu avec Maddox annonce clairement la couleur. Il s’est passé quelque chose d’important avec Lawrence, que j’ignore pour le moment, jusqu’à que je lui pose la question de but en blanc, ne passant pas par quatre chemins lorsque je la rejoins dans le salon.
« Je vais avoir besoin de plus que des bonbons je crois ». Mon bras qui pendait en l’air alors que je lui tendais le sachet retombe sur ma cuisse lourdement. Je grimace, c’est bien pire que je ne le pensais. Je la regarde alors se déplacer dans la pièce, faire un aller-retour vers la cuisine pour récupérer quelque chose de suffisamment fort pour faire passer ses tracas. En attendant, je glisse un deuxième bonbon dans ma bouche, avant qu’elle ne me rejoigne sur le canapé. Elle nous sert deux verres, m’en tend un et boit le sien cul sec. Je reste un petit moment à la fixer et apporte alors mon verre à mes lèvres en buvant une gorgée raisonnable, pour une fois.
« Lawrence sait ». Je m’arrête d’avaler mon breuvage alors qu’elle me dit cela « Lawrence sait Mia ! ». Je repose alors le verre sur la table basse doucement. Elle n’a pas besoin de m’en dire plus en effet, j’ai très bien compris ce qu’elle insinuait. Lawrence est au courant pour Maddox, qui est son fils. Je suis surprise qu’il puisse être au courant, du moins la question qui me vient tout de suite à l’esprit est comment ? Comment a-t-il pu l’apprendre ? Pourquoi maintenant ? Est-ce que Dani avait décidé de lui dire enfin ? Quelqu’un avait parlé à sa place ? « Comment ? » je lance alors sur un ton calme alors que je sens que ma meilleure amie bouillonne devant moi. « Mon père lui a dit. Mon père mort depuis des mois a eu l’idée GENIALE de se servir de sa propre mort comme excuse pour tout lui balancer dans une lettre ! Et je peux même pas aller lui hurler dessus, VU QU’IL EST MORT ». Mes sourcils se froncent, accompagné d’un petit air triste. Parce que non seulement Lawrence sait pour Maddox mais surtout elle évoque aussi le décès de son père qui a été une épreuve difficile pour elle. Instinctivement, je pose ma main sur son bras alors pour tenter de l’apaiser, même si je sais qu’il lui en faudra beaucoup plus que ce petit geste « Lawrence est venu te voir je suppose ? Comment ça s’est passé ? » Je me doute déjà de sa réponse, forcément mal. « Et… est-ce qu’il a vu Maddox du coup ? ». Je soupire alors, je sais que le sujet est délicat, que Danika aurait préféré garder ça pour elle. Mais d’un autre côté, c’était aussi un risque et au fond, elle savait que cela allait finir par arriver. « C’est peut-être un mal pour un bien… » Je me risque alors en sachant que Danika peut vriller à tout moment du fait de mes mots.
Elle ne la remerciera jamais assez d’être là. La présence de Mia a le don de la rassurer, de la faire se sentir un peu moins seule dans cette situation qui lui semble compliquée et sans issue. Danika la laisse prendre les commandes, la laissant s’occuper de son filleul pendant qu’elle tente, elle, de rassembler ses pensées et de faire le tri de toute cette situation.
Les bonbons ne sont pas suffisants pour calmer ses nerfs ou la réconforter, l’alcool semble nécessaire ce soir. Il l’est toujours à vrai dire quand cela concerne Lawrence. Lawrence dont elle parle peu aujourd’hui, sujet de son passé devenu tabou quand il avait à une époque une importance primordiale dans sa vie. Il n’y a qu’à Mia qu’elle se sent de véritablement pouvoir en parler, Mia qui connait la vérité sur la paternité de son fils, Mia qui a vu dans quel état cette relation l’avait mise des années auparavant.
« Lawrence est venu te voir je suppose ? Comment ca c’est passé ? » Elle serre son verre dans ses mains le regard sombre. « Il a débarqué comme une furie hier soir, je crois que je l’ai rarement vu aussi en colère. » Pourtant ils en avaient eu des disputes tous les deux. Des dizaines et des dizaines de disputes où ils s’étaient hurlés dessus comme des putois. Elle attrape un bonbon dans le sachet que Mia a ramené. « Et..est ce qu’il a vu Maddox du coup ? » Elle hoche lentement la tête, se resservant un verre, incapable de se sortir la scène de la tête. « Il nous a entendu crier…Il s’est réveillé et je…j’ai paniqué, je lui ai dit que c’était un ami du dojo, je..après ça Lawrence est parti. » Il y a des regrets dans son regard, qu’elle est incapable d’exprimer à haute voix. « Je ne m’étais pas rendu compte mais il lui ressemble beaucoup… » Elle peut deviner que l’enfant qui grandira prendra plus des traits de son père, n’ayant pris que la couleur de ses cheveux et un peu de son teint métissé. « C’est peut-être un mal pour un bien… » Mia s’y risque et Danika redresse immédiatement la tête, plantant son regard dans le sien. Dire qu’elle n’avait au fond jamais digéré son histoire avec Lawrence, était un euphémisme. « Un mal pour un bien t’es sérieuse ? » Elle sait qu’elle s’énerve trop vite, qu’elle n’est pas véritablement en colère contre Mia mais contre Lawrence, voir même contre elle-même. « Comment ça peut être une bonne chose Mia ? » Elle se lève, incapable de rester en place, faisant des allers retours dans le salon. « J’ai pas besoin de lui dans ma vie ou dans celle de Maddox, je veux pas qu’il y soit ! Ca a pas changé ! » Se rend-t-elle compte qu’elle parle plus d’elle que de son fils ? Que ses paroles sont égoïstes et une simple manifestation de vieille rancœur et d’une fierté bien trop ancrée ?
Elle n’a pas besoin de me dire plus que les deux mots qu’elle vient de prononcer. Lawrence et le verbe savoir dans la même phrase me font tout de suite comprendre de quoi il s’agit. Lawrence est au courant pour Maddox, il sait que c’est son fils et surtout a compris que Dani lui a caché cette vérité pendant tout ce temps. Comment, je l’ignore encore mais je comprends pourquoi Danika panique, surtout lorsqu’elle crie et s’enfile son verre d’alcool à la vitesse de l’éclair. Alors, après l’avoir écouté je pose les questions, calmement, pour reprendre tout depuis le début et vraiment mieux saisir la situation « Il a débarqué comme une furie hier soir, je crois que je l’ai rarement vu aussi en colère ». Je l’imagine le Lawrence avec sa carrure d’homme des cavernes, débarquant chez Dani dans cet état. Je grimace, parce qu’en même temps, sa réaction était prévisible, dans l’ignorance depuis plusieurs années. Pour autant, je comprenais aussi le choix de ma meilleure amie de ne lui avoir rien dit, et je la défendrais bec et ongles quoi qu’il advienne. Et elle le savait. Mais j’avais aussi ce rôle d’être franche avec elle, de ne pas lui mentir surtout lorsqu’elle avait aussi ses torts dans l’histoire. Cela nous a valu bien des fois des disputes, parfois plus virulentes que d’autres, nous obligeant à nous éloigner quelques temps, mais toujours pour finir par nous retrouver. « Et qu’est-ce qu’il a dit ? » je demande prudemment, même si je me doute un peu des paroles que Lawrence a pu avoir envers Dani. J’analyse pour le moment la situation, n’émettant aucun jugement, voulant juste être présente pour elle, qu’elle puisse vider son sac parce qu’elle en a cruellement besoin. « Il nous a entendu crier… Il s’est réveillé et je… j’ai paniqué, je lui ai dit que c’était un ami du dojo, je… après ça Lawrence est parti ». J’hausse les épaules alors en répondant « C’est normal que tu l’ai présenté de la sorte, tu n’allais pas lui dire "Oh tiens mon chéri, c’est ton père" » J’attrape un bonbon de plus que je mâchouille quelques secondes avant d’ajouter « Et je pense que n’importe qui à ta place aurait paniqué, moi la première. Mais ce que je remarque c’est que finalement, tu as permis à Cabbott de voir son fils en lui présentant. Tu aurais pu attraper Maddox et le reconduire immédiatement dans sa chambre pour ne pas lui permettre de le voir. Et je trouve que c’est honorable… ». Chaque mot est prononcé calmement pour essayer de l’apaiser et lui montrer qu’elle n’a pas mal agi, même sous le coup de la panique. « Je ne m’étais pas rendu compte mais il lui ressemble beaucoup… ». J’acquiesce doucement, un petit sourire s’affichant sur mon visage, tentant une pointe d’humour pour détendre un peu l’atmosphère « C’est vrai qu’on retrouve beaucoup de similitudes. Tant que ça reste que physique, et qu’il n’a pas hérité de son caractère de merde… », je lance alors accompagné d’un clin d’œil, posant ma main sur le bras de Danika, comme pour lui dire que tout allait bien se passer malgré ce coup dur auquel elle ne s’attendait sûrement pas. Pas aussi tôt en tout cas.
Justement, elle me confie comment Lawrence a été mis au courant. Une lettre de son père décédé. Elle est en colère contre lui, regrettant même de ne pas pouvoir lui crier dessus pour avoir tout balancé. Je me risque alors à dire ce que je pense vraiment. Et comme je m’en doutais, ne serait-ce que par le regard qu’elle plante dans le mien, où je lis de la colère pour avoir osé dire ça, elle me lance « Un mal pour un bien, t’es sérieuse ? ». Je ne la lâche pas du regard pour autant, ne m’excuse pas pour ce que je viens de dire alors qu’elle ajoute « Comment ça peut être une bonne chose Mia ? ». Je soupire alors « Ca aurait fini par arriver tôt ou tard. Qu’il le sache. Peut-être qu’au fond, ton père t’a facilité la tâche. Tu aurais fini par lui dire Danika ? Sincèrement ? Quand ? ». Mes derniers mots sont prononcés un peu plus sèchement, peut-être sonnant comme un reproche. Pourtant, je fais ça pour son bien, pour qu’elle ouvre les yeux et se rendent compte que son père a fait ça sûrement avec de bonnes intentions, pour l’aider parce qu’il connaissait trop bien sa fille, têtue et bornée, capable de garder ce secret beaucoup trop longtemps. Maddox méritait aussi la vérité et il était peut-être temps finalement, avant qu’il ne soit trop grand et que les choses deviennent plus compliquées. « J’ai pas besoin de lui dans ma vie ou dans celle de Maddox, je veux pas qu’il y soit ! Ca a pas changé ! ». Je la regarde tourner en rond dans son salon alors que je ne bouge pas d’un millimètre, restant assise dans le sofa « Ce n’est pas une question d’avoir besoin de lui Danika. Tu t’en sors très bien toute seule et jamais personne ne remettra ça en question. Mais penses à Maddox… Tu ne penses pas qu’il mérite la vérité, lui ? Et tu ne penses pas qu’au fond, il a peut-être besoin de savoir qui est son père ? ».
« C’est normal que tu l’ais présenté de la sorte, tu n’allais pas lui dire "Oh tiens mon chéri, c’est ton père" Et je pense que n’importe qui à ta place aurait paniqué, moi la première. Mais ce que je remarque c’est que finalement, tu as permis à Cabbott de voir son fils en lui présentant. Tu aurais pu attraper Maddox et le reconduire immédiatement dans sa chambre pour ne pas lui permettre de le voir. Et je trouve que c’est honorable… ». Les mots sont rassurants, l’apaisent un peu et elle reprend un bonbon après une gorgée de son verre. L’alcool lui brûle la gorge le verre un peu trop chargé. Elle ne peut s’empêcher d’avouer alors la ressemblance entre le père et le fils, leurs yeux à l’identique l’ayant marqué quand ils étaient face à face. « C’est vrai qu’on retrouve beaucoup de similitudes. Tant que ça reste que physique, et qu’il n’a pas hérité de son caractère de merde… » La remarque lui arrache l’écho d’un sourire en coin, ne pouvant s’empêcher de se dire que son fils allait lui en faire voir de toutes les couleurs s’il avait hérité de leurs deux caractères, Lawrence et elle n’ayant jamais été des personnes qu’on aurait considérées comme ayant un caractère sympathique ou calme. Non ils avaient tous les deux un caractère de merde et si son amie s’était contentée de souligner celui de Lawrence, elles savaient toutes les deux que celui de Danika n’était pas beaucoup mieux.
Elle pensait Mia de son côté jusqu’à ce qu’elle insinue que la découverte était sûrement une bonne chose. L’affront lui semble immédiat, attisant sa colère comme sa panique et en un instant elle est debout, tempête dans la pièce incapable de rester en place. « Ca aurait fini par arriver tôt ou tard. Qu’il le sache. Peut-être qu’au fond, ton père t’a facilité la tâche. Tu aurais fini par lui dire Danika ? Sincèrement ? Quand ? » Elle n’entend que les reproches de plus, le ton sec et se braque, croisant les bras. Elle ouvre la bouche prête à répliquer avec violence mais la referme immédiatement, consciente de l’injustice de s’écharner sur son amie qui a été là depuis toujours. Elle aimerait pouvoir dire qu’elle aurait fini par lui dire, mais elle n’en est pas sûre. Qu’aurait-elle fait le jour où Maddox lui aurait demandé ? Qu’aurait-elle fait s’il lui avait demandé qui était son père ? Quel mensonge aurait-elle inventé ? Aurait-elle supporté que son fils croise Lawrence au dojo sans qu’aucun des deux ne sache la vérité ? Aurait-elle conservé sa fierté et ses mensonges jusqu’à là ? Elle n’en sait rien et cela la terrifie. Danika croise les bras, se refermant instinctivement. « J’en sais rien. Mais c’était pas à lui de le dire. » Elle crache parce qu’elle n’était pas prête, mais au fond elle ne l’avait jamais été. L’idée que Lawrence fasse de nouveau partie de sa vie la terrifiait. Danika reprend ses cent pas, clamant qu’elle n’a pas besoin de sa présence dans sa vie ou dans celle de MAddox. Mia pourtant reste calme sur le canapé. « Ce n’est pas une question d’avoir besoin de lui Danika. Tu t’en sors très bien toute seule et jamais personne ne remettra ça en question. Mais penses à Maddox… Tu ne penses pas qu’il mérite la vérité, lui ? Et tu ne penses pas qu’au fond, il a peut-être besoin de savoir qui est son père ? » Dès le moment où la conversation n’est plus centrée sur Lawrence, elle est capable de se détacher de sa colère, elle se force à se rasseoir, laissant le silence s’installer. « Si. » Elle se force à avouer, passant une main sur son visage. « Je peux pas Mia.. » La fin de la phrase ne sort pas, elle n’arrive pas à avouer alors, que c’est elle qui ne peut l’avoir dans sa vie, qu’elle ne peut pas de nouveau ouvrir la porte à Lawrence, tout simplement parce que Lawrence et elle avait toujours été bien trop compliqué. Il était à peine entré chez elle qu’elle avait déjà l’impression d’étouffer, le passé omniprésent. Elle n’ose pas regarder Mia, mais sait bien que son amie comprendra le reste, ce qu’elle ne dit pas. Tout comme elle sait que Mia a raison, que Maddox a besoin de savoir qui est son père. « T’aurais dû le voir, dès le moment où il a vu Maddy je savais qu’il l’aimait déjà de tout son cœur… Je… Je l’ai privé de trois ans… »
Elle se braque à l’instant où je la contredis, où je ne suis pas de son côté. Mais je le savais, et sa réaction ne me surprend pas. Je connais Danika, je connais son caractère depuis le temps. Evidemment, elle réagit au quart de tour, se levant du canapé, pestant, son visage se fermant. Mais je lui tiens tête, parce que c’est toujours ce que j’ai fait avec elle, tout comme elle en ferait de même avec moi si les rôles étaient inversés. Et puis, quand je l’interroge pour savoir à quel moment elle aurait eu le courage d’avouer la vérité à Lawrence sur sa paternité, elle semble vouloir répondre mais se ravise aussitôt. Je sais à ce moment là que je lui pose une colle, qu’elle ne le sait pas elle-même. Elle n’a pas prévu, repoussant sûrement l’échéance le plus possible. Alors oui, je n’ai pas l’air de son côté et pourtant, j’ai toujours été compréhensive, respectant le choix qu’elle a fait de taire la vérité au père de Maddox. Et quoi qu’il en soit, malgré mes paroles actuelles, je continuerai à la défendre bec et ongles devant qui que ce soit. Mais là, en tant que meilleure amie, je me dois aussi de la confronter à une vérité que certes, elle n’a pas envie d’entendre, mais dont elle a besoin aussi. Il y a ce petit moment de silence où elle semble décontenancée. Mais celui-ci ne dure pas bien longtemps avant qu’elle me lance sèchement « J’en sais rien. Mais c’était pas à lui de le dire ». J’hausse les épaules, parce qu’elle n’a pas tort mais maintenant la vérité était dite. Il fallait qu’elle se concentre sur ce qui allait suivre, les répercussions que tout cela allait avoir.
Elle me donne le tournis, je reste pourtant bien assise sur le canapé alors que je pourrais la stopper dans son élan. Elle peste contre Lawrence dont elle dit ne pas avoir besoin. Alors j’essaye de la ramener surtout à la raison et de lui dire de ne pas penser à son ex mais à Maddox. Maddox qui, un jour où l’autre, lui demandera qui est son père, sûrement un jour où il reviendra de l’école, s’interrogeant sur pourquoi certains de ses camarades ont un papa qui viennent le récupérer et pas lui. Elle pourrait là aussi trouver un mensonge à raconter à son fils… Mais qu’en sera-t-il quand il découvrira qu’elle n’a fait que lui mentir ? « Si ». Elle reconnait alors qu’elle vient s’assoir à nouveau sur le canapé à mes côtés. « Je peux pas Mia… ». Sa phrase n’est pas terminée, je lui attrape la main pour la rassurer, pour lui signifier que je sais, que j’ai compris mais que je suis là. Je trouve son regard, serre un peu plus sa main dans la mienne avant d’ajouter doucement, comme pour essayer de l’apaiser après son coup de colère « Ce n’est pas parce qu’il sera dans la vie de ton fils que tu dois l’avoir dans la tienne… ». Je marque une pause « Bien sûr que tu seras amenée à le côtoyer… Mais je pense que vous avez tous les deux suffisamment de recul pour faire en sorte que ça se passe bien pour Maddox. Pour son bien à lui, en laissant vos différents de côté ». J’ai ce regard qui veut lui dire que tout se passera bien, qu’il ne faut pas qu’elle soit effrayée à ce point. « T’aurais dû le voir, dès le moment où il a vu Maddy je savais qu’il l’aimait déjà de tout son cœur…Je… Je l’ai privé de trois ans ». Ils sont là les remords, ce qu’elle peine à formuler, seulement à demi-mots. « C’est pour ça que finalement, malgré la colère que tu peux ressentir contre ton père de lui avoir dit, il faut que tu saisisses cette opportunité. Et désormais, que tu fasses en sorte qu’autant Maddox et Lawrence puisse rattraper ce temps… » Je n’ajoute pas perdu, je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie. « Et même si Lawrence n’est pas un type que je porte dans mon cœur, je suis persuadée qu’il sera à la hauteur. Et si tu as vu dans ses yeux qu’il l’aimait déjà, alors, je suppose que c’est bon signe ». Je libère ses mains et nous sert un autre verre que je lui tends. « Et de toute façon, s’il se comporte comme un con, il aura à faire à moi. Parce que tu pourras aussi compter sur moi. Mais ça tu le sais déjà ». Je lui souris, venant faire tinter doucement mon verre contre le sien avant d’en prendre une gorgée.
Elle s’est forcée à se rasseoir, tentant de se recentrer. Elle ressentait une peur panique à l’idée de le faire entrer de nouveau dans sa vie. Peut-être parce que cela impliquait de faire face à la relation qui s’était brisée entre eux. Peut-être que ça impliquait de confronter ses erreurs, chose qu’elle n’avait jamais su faire. Mais jusque quand pouvait-elle mentir à son fils ? Ce n’était qu’une question avant qu’il ne finisse par poser la question. Aurait-elle eu le cœur de lui mentir alors qu’il l’aurait sans doute croisé au dojo dans les années qui auraient suivies ? La main de Mia serre la sienne et cela l’aide à calmer ce flot de questions qui ne font qu’augmenter sa panique.
« Ce n’est pas parce qu’il sera dans la vie de ton fils que tu dois l’avoir dans la tienne… » Pourtant la vie de son fils et la sienne étaient bien trop mêlées. Il était trop petit pour que les deux puissent être séparées. Autoriser Lawrence à entrer dans la vie de son fils c’était le voir débarquer dans la sienne et retomber dans un passé qu’elle aurait souhaité oublier. Elle s’apprête à répliquer mais voit bien que Mia n’a pas fini et choisit de la laisser parler. « Bien sûr que tu seras amenée à le côtoyer… Mais je pense que vous avez tous les deux suffisamment de recul pour faire en sorte que ça se passe bien pour Maddox. Pour son bien à lui, en laissant vos différents de côté ». Elle ne peut s’empêcher de grogner entre ses dents. « On a jamais su s’entendre. » Pourtant ils s’étaient aimés malgré tout, elle semblait simplement ne plus vouloir s’en souvenir.
La brune passe une main sur son visage, ses épaules s’affaissant alors qu’elle repense au visage de Lawrence en voyant son fils, le regard qu’il avait montré, la preuve qu’il aimait déjà l’enfant avant même de le connaître. Elle n’a pas envie de faire face à la culpabilité et à la honte et pourtant ces sentiments viennent lentement étioler sa fierté.
« C’est pour ça que finalement, malgré la colère que tu peux ressentir contre ton père de lui avoir dit, il faut que tu saisisses cette opportunité. Et désormais, que tu fasses en sorte qu’autant Maddox et Lawrence puisse rattraper ce temps… Et même si Lawrence n’est pas un type que je porte dans mon cœur, je suis persuadée qu’il sera à la hauteur. Et si tu as vu dans ses yeux qu’il l’aimait déjà, alors, je suppose que c’est bon signe ». Danika hoche la tête perdue dans ses pensées, attrapant machinalement le verre que Mia lui tend. « Et de toute façon, s’il se comporte comme un con, il aura à faire à moi. Parce que tu pourras aussi compter sur moi. Mais ça tu le sais déjà ». Un léger sourire étire ses lèvres alors, heureuse du soutien de son amie qui n’avait jamais jugé le choix qu’elle avait fait. « On s’est jamais supportés Mia, comment on va arriver à élever un gosse ensemble…Imagine s’il essaie de demander la garde au tribunal ? » Elle se mord la lèvre, terrifiée soudainement à l’idée de perdre son fils d’une manière ou d’une autre.
« On a jamais su s’entendre ». Je tourne mon regard sur elle alors que je sens qu’elle boue encore de l’intérieur, qu’elle ne voit pas comment elle pourrait faire entrer Lawrence dans la vie de Maddox et encore moins dans la sienne. Je connais leur passé, je connais la relation qu’ils ont eu tout les deux. Mais cela date désormais d’il y a trois ans voire plus. Ils n’ont jamais eu d’autres contacts depuis, se vouant une haine qui n’avait peut-être plus lieu d’être désormais, surtout avec le petit au milieu. Qu’ils devaient parvenir à mettre de côté leurs différents pour son bien à lui « De l’eau est passé sous les ponts … Peut-être qu’il a changé depuis… avec un peu de chance il est moins stupide ». Je grimace à cette idée, haussant les épaules, je ne suis pas très persuasive sur ce coup vis-à-vis de ma meilleure amie qui a besoin d’être rassurée. J’attrape la main de Danika que je tiens déjà dans la mienne avec mon autre main libre, plongeant mon regard dans le sien « Ca va aller… », je murmure alors, cherchant alors à l’apaiser pour éviter à ce volcan qui commence à se réveiller d’exploser pour de bon.
Je comprends la colère de Danika dirigée vers son père, je comprends aussi qu’elle n’est pas envie de voir Lawrence dans sa vie… Et pourtant, à mes yeux, c’est l’occasion à saisir parce qu’elle n’aurait peut-être pas réussi à le faire elle-même… Lui dire la vérité sur sa paternité. Alors j’essaye de l’encourager, de lui montrer que c’est finalement un mal pour un bien. Au point où je viens même à défendre le Cabbott avec qui je n’ai jamais su m’entendre non plus. Car elle m’assure qu’elle a vu dans son regard qu’il aimait déjà son fils, et pour moi, c’est un bon signe, le début d’un long chemin qu’ils vont devoir entreprendre ensemble, que lui-même va devoir entreprendre avec Maddox s’il tient à nouer une véritable relation avec son fils caché pendant trois années entières. Et malgré ma bienveillance à son égard, je signifie à ma meilleure amie que s’il se comporte comme un con, ce dernier aura affaire à moi, ce qui arrache un sourire à Dani, et pour moi, c’est déjà ça de gagner. « On s’est jamais supportés Mia, comment on va arriver à élever un gosse ensemble… Imagine s’il essaie de demander la garde au tribunal » « Vous êtes suffisamment intelligent tous les deux pour pas en arriver là ». Je lance alors du tac au tac. J’apporte alors mon verre à mes lèvres avant de le reposer délicatement sur la table basse, voyant très bien la panique qui s’empare de Danika sur ses derniers mots. Je pose ma main sur son avant-bras « Ne te pose pas autant de question Dani… laisse lui la chance d’essayer déjà, laissez-vous la chance d’essayer de vous entendre pour Maddox. Et tu te soucieras du reste après, si c’est nécessaire. Mais j’en doute fortement que vous en arriviez à vous déchirer la garde du petit devant un juge… ». Je marque une pause, parlant un peu plus posément en prononçant les mots qui suivent « Il en arriverait là que si tu lui interdis de voir Maddox… Et je pense que tu vas faire le bon choix en lui permettant d’entrer dans la vie de son fils, et que tu ne vas pas rester braquée dans l’idée de l’interdire d’être dans sa vie maintenant qu’il est au courant ». Pas comme elle l’a fait pendant trois ans, où elle lui a menti en disant que cet enfant n’était pas le sien. Où elle a préféré lui faire croire qu’elle l’avait trompé plutôt que de lui avouer la vérité.
« De l’eau est passé sous les ponts … Peut-être qu’il a changé depuis… avec un peu de chance il est moins stupide ». Elle grimace et ça a le mérite d’arracher un sourire à Danika qui se sent un peu plus soutenue. Ses mains viennent serrer celles de Mia qui se posent sur les siennes dans un contact qui se veut rassurant. « Ca va aller… »
Elle a du mal à y croire pourtant, en cet instant elle a la terrible impression que l’équilibre précaire qu’elle a instaurait dans sa vie depuis la mort de son père est en train de s’écrouler. Danika a peur de sa colère, peur de ce qu’il sera prêt à faire en réalité pour voir cet enfant qui est le sien si elle s’oppose à le laisser faire partie de sa vie. Lawrence serait-il capable d’aller jusqu’au tribunal ? Sans doute. « Ne te pose pas autant de question Dani… laisse lui la chance d’essayer déjà, laissez-vous la chance d’essayer de vous entendre pour Maddox. Et tu te soucieras du reste après, si c’est nécessaire. Mais j’en doute fortement que vous en arriviez à vous déchirer la garde du petit devant un juge… » Elle se mordille la lèvre, ses mains se serrant. Elle essaye de se convaincre que Mia a raison, pourtant elle ne peut s’empêcher d’être inquiète. « Il en arriverait là que si tu lui interdis de voir Maddox… Et je pense que tu vas faire le bon choix en lui permettant d’entrer dans la vie de son fils, et que tu ne vas pas rester braquée dans l’idée de l’interdire d’être dans sa vie maintenant qu’il est au courant » La voix de Mia la rassure, elle est le calme dans la tempête de son esprit et ses épaules se détendent légèrement. Danika boit une gorgée de son verre, restant un peu silencieuse avant de reprendre la parole d’une voix un peu plus sûre d’elle :
« Tu as raison…Maddox mérite de savoir qui est son père… » Elle aurait aimé pouvoir continuer à prétendre le contraire mais il était temps pour elle d’affronter ses erreurs. Danika relève les yeux vers son amie, lui adressant un sourire. « Merci Mia..d’être là… » Elle avait toujours eu du mal à accepter de l’aide mais ce soir elle était rassurée de se sentir soutenue et la situation lui semblait un peu moins compliquée. Elle s’enfonce dans le fauteuil, faisant tourner le verre entre ses mains et ne peut s’empêcher de rire légèrement. « Je crois qu’il va me falloir beaucoup d’alcool pour accepter cette situation. » Elles avaient toute la soirée pour en voir les détails, toute la soirée pour penser à autre chose aussi, pour en voir tous les détails. En attendant elle prend une nouvelle gorgée de son verre, tentant d’apaiser l’angoisse bien présente depuis que Lawrence connaissait la vérité.
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L’inspiration était absente, je fixais cet écran d’ordinateur depuis de longues minutes en ayant écrit aucun mot. Le cœur n’y était pas, mes pensées obnubilées par une seule et unique chose, cette découverte faite quelques jours plus tôt. Une découverte que je n’ai partagée avec personne. Car je ne peux pas. Malgré la déception, la colère et la tristesse que je pouvais ressentir face à tout ça, je ne pouvais pas en parler. Parce que ce n’était pas quelque chose qui se criait sur tous les toits et que, malgré tout, j’essayais peut-être aussi de les protéger… Alec, Geo… Mais aussi me protéger car je ne pouvais pas révéler l’existence de cette organisation a n’importe qui sans sûrement risquer quelque chose. J’écris quelques mots, puis mon index appuie inlassablement sur la touche retour… Si seulement, si seulement il était possible de retourner en arrière. Mais jusqu’où ? Jusqu’au jour où je l’ai rencontré dans ce bar, cette première fois que nos regards se sont croisés ? Ou jusqu’à ce soir dans cette allée sombre derrière le restaurant ? La pression sur la touche retour est plus virulente, au point que j’attire l’attention d’un de mes collègues à qui je lance un sourire totalement faux, comme pour le convaincre que tout va bien. Ou peut-être pour m’en convaincre moi-même. 