| don't hide away, come out and play (jarchie #3) |
| | (#)Sam 19 Déc 2020 - 14:28 | |
| Don't hide away, come out and play. La tension était palpable entre les murs de l'atelier. Chacun savait exactement ce qu'il avait à faire, et tandis que certaines débarrassaient ce qui traînait ici et là pour que rien ne subsiste des élans d'inspiration du créateur et de ses couturières, d'autres aménageaient le coin réunion. Ce matin encore, café et viennoiseries trôneraient sur la table qui accueillerait aussi l'ordre du jour, et la liste des points qui seraient abordés ou débattus au cours des deux prochaines heures. Dans un coin de la salle aux murs clairs, un sapin fraîchement décoré siégeait fièrement pour rappeler l’imminence des fêtes de fin d'année et comme chaque fois, James s'était laissé convaincre de décorer sobrement l'atelier de façon à ce que celles que Noël mettait particulièrement en joie travaillent dans des conditions qui maintiendraient leur moral au beau fixe et leur efficacité à son plus haut niveau. James ne s'était jamais vraiment perçu comme un patron, ici chacun savait quelles étaient ses responsabilités et il ne lui arrivait que très rarement de rappeler quelqu'un à l'ordre. Dans ces lieux, les petites mains dévouées de ses couturières donnaient vie aux créations qu'il imaginait et c'est cet équilibre qui permettait à leur petite équipe – ils étaient presque une vingtaine, en réalité – d'être particulièrement productive quelles que soient les demandes qu'elle traitait. Au fond de l'atelier attendait le prototype de la dernière robe qu'ils réaliseraient pour une cliente fidèle, et pour cette commande-là comme pour n'importe quelle autre, chaque opération serait d'une minutie et d'une rigueur extrêmes. La robe en elle-même demanderait plusieurs centaines d'heures de travail, et en ce moment plus que n'importe quand il était primordial que la Maison Weatherton prouve qu'elle n'avait rien perdu de son savoir-faire ancestral.
« Il sera là dans quelques minutes. Karen, tout est prêt ? » Son regard bleu se planta dans celui de la jeune femme, qui mieux que personne connaissait le fonctionnement de l'atelier mais plus encore, le fonctionnement du créateur. James s'assurait en temps normal que tout soit fin prêt avant le début d'une réunion, mais aujourd'hui la présence d'Archie Kwanteen autour de la table changerait la donne pour de nombreuses raisons et chacun en avait parfaitement conscience. « On vient de finir de tout installer. J'ai pris soin de placer Monsieur Kwanteen en bout de table, pour qu'il ait une vue d'ensemble sur l'équipe. » Un détail qui tira au blond un sourire satisfait, car ici les initiatives ne tardaient jamais à être prises et lui épargnaient beaucoup de boulot. Les enjeux de cette matinée pourraient bien être capitaux s'ils faisaient bonne impression à l'actionnaire, dont l'arrivée était autant attendue que redoutée. Archie s'était montré clair, il ne voulait pas avoir à regretter sa visite et pour James la pression était d'autant plus grande qu'une partie de lui désirait profondément lui montrer qu'il avait eu tort de douter de lui et de son talent, l'autre soir. Leur passif, il ne l'avait pas évoqué devant ses employées, mais James ne pouvait s'empêcher de penser à la satisfaction qu'il éprouverait si à l'issue de cette réunion il parvenait à impressionner celui qui quinze ans plus tôt prenait plaisir à l'humilier. Il avait aujourd'hui l'occasion de lui prouver que Weatherton n'était pas une entreprise à bout de souffle mais bien un empire destiné à se développer, et aussi qu'il était bien plus dans son élément ici que l'autre soir aux cotés de son père. Cet atelier, c'était comme sa deuxième maison et personne n'en connaissait mieux les moindres recoins que lui. Ça n'était pas un hasard s'il avait voulu que la première chose que verrait Archie, ce soit l'environnement où ses couturières et lui travaillaient jour après jour. « C'est l'heure, je vais le chercher. » Et sur ces mots, James franchit la porte et traversa le couloir pour emprunter l'ascenseur qui le ramènerait au rez-de-chaussée.
Devant l'entrée, Archie était déjà là, pile à l'heure. Neuf heures pétantes, telles qu'affichées sur sa montre. « Ravi de voir que tu es ponctuel. » Sa main se referma sur la poignée de l'élégante double-porte en fer et il le fit entrer. L'immeuble se remarquait de l'extérieur par son charme italianisant, qui contrastait avec une majorité de buildings du centre-ville de Brisbane. A l'intérieur, le hall d'entrée donnait sur plusieurs ascenseurs desservant principalement des bureaux ainsi que sur une petite cour que le personnel aimait emprunter pour profiter d'un bol d'air frais ou pour se réunir lors d'occasions particulières. « Je croyais que tu déjeunais pas le matin ? » Son regard s'attarda sur le sac tenu par Archie et dont émanait des odeurs familières – si ça n'était pas de la nourriture, ça y ressemblait fort. « Tout le monde est prêt. L'atelier se trouve au deuxième étage, ne sois pas surpris si à ton arrivée certaines t'accueillent comme le messie. » Il glissa cette remarque-là avec un fin sourire au coin des lèvres, et parce qu'il savait qu'Archie avait parfaitement conscience d'être attendu avec une certaine hâte. Il n'avait rien d'un visiteur anodin et James ne descendait pas non plus pour escorter toutes les personnes qui étaient amenées à passer la porte de l'atelier. Seulement les gros clients, ceux qui recevaient toujours un accueil personnalisé. « Je leur ai promis de renvoyer personne, mais elles savent combien cette réunion est importante. » Combien sa venue, à lui, pourrait être déterminante pour l'avenir de Weatherton. Et alors qu'ils rejoignirent l'ascenseur et que son regard retrouva distraitement le sien, ses yeux semblèrent lui demander de ne pas le faire mentir ni briser la promesse qu'il avait faite à ses employées. James n'avait qu'une parole, et peu importe l'issue de cette réunion ses couturières comptaient sur lui. Il n'était pas question d'échouer.
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| | | | (#)Sam 19 Déc 2020 - 15:17 | |
| Don't hide away, come out and play. « L’adresse est sur le… Petit morceau de papier. » Archie tend le morceau en question au conducteur qui acquiesce en démarrant la voiture. L’actionnaire s’humecte les lèvres et repose son corps contre le dossier en dissimulant derrière sa main un bâillement. Il sort rapidement son téléphone pour se remettre à explorer le site internet de la marque Weatherton afin de se remémorer la raison pour laquelle il a accepté de donner une chance à l’entreprise. Ses yeux se perdent à travers les vêtements de la dernière collection et il se surprend à s’imaginer porter l’un d’eux. « J’aimerais arrêter au Starbucks. » Le garçon lance après avoir tapoté doucement le siège du conducteur derrière le volant. « Voulez-vous que j’entre à votre place, monsieur Kwanteen ? » Ce dernier demande en observant son passager par le rétroviseur, sachant qu’il préfère parfois ne pas sortir de la bagnole, trop occupé par la paperasse qu’il n’a pourtant pas sortie de sa mallette ce matin. Archie soulève l’index pour lui faire signe d’attendre et il cherche James dans ses contact pour lui demander l’état du café sur les lieux de la réunion. Il reçoit rapidement sa réponse et il finit par se décider : « Non, je vais y aller moi-même. J’ai soudainement envie d’un croissant. » Il lance, amusé par son propre esprit contradictoire, alors que le taxi s’arrête près du café. Archie noue soigneusement sa cravate, passe sa main dans ses cheveux pour les replacer vers l’arrière. Il jette un dernier coup d’œil par la vitre pour s’assurer qu’aucun cycliste imprudent n’approche à toute allure et il sort du véhicule en écrasant du mieux qu’il peut les quelques plis dans son ensemble gris. Il accueille les regards qui se posent sur lui quand il entre dans le Starbucks et aussitôt son ventre lui crie d’acheter plus qu’un simple croissant.
Quelques minutes plus tard, il retrouve sa place sur la banquette arrière en possession d’un large sac en papier brun contenant son petit déjeuner. Il le tend, ouvert, à son chauffeur : « Tiens, je t’ai pris une de ces petites omelette au bacon, celles que tu aimes bien mais qui me filent la nausée. » Souriant, le plus vieux remercie Archie pour sa générosité et il balaie l’air du revers de la main : il n’a pas besoin de le couvrir de fleurs pour si peu. Un quart d’heure plus tard, le taxi se gare devant un grand immeuble qui se détache du reste du centre-ville. L’actionnaire s’assure que l’adresse inscrite sur la porte est la même que celle que lui a envoyé James et il approuve d’un signe de la tête avant d’informer son chauffeur qu’il le contactera une fois que la réunion sera terminée. Il n’oublie pas son précieux sac rempli de douceurs sucrées et salées et il fait un premier pas dans le grand édifice qui l’accueille avec une odeur de bois fraichement coupé et de fruit rouge. « Ravi de voir que tu es ponctuel. » Lance James en s’approchant d’Archie qui, lui, jette un coup d’œil à sa montre, surpris de constater qu’il n’est arrivé ni une minute d’avance, ni une minute en retard. Tout le mérite va à son chauffeur. « Je ne peux pas accepter l’éloge, c’est grâce à Jerry si je peux compter la ponctualité parmi mes qualités. » Il observe autour d’eux quelques secondes dans le but d’examiner la salle et les gens présents. « C’est mon chauffeur. » Il précise, voyant l’incompréhension dans le visage de son interlocuteur. Se laissant guider, il suit le styliste en tenant d’une main sa mallette et de l’autre son sachet brun. Le commentaire de James le fait sourire alors qu’il désigne le sachet en question. « Tu verras rapidement que je change souvent d’avis. » Et il le fait parce que ça l’amuse de lancer les gens dans de fausses pistes. « Après tout, j’ai décidé d’assister à cette réunion alors que, comme tu me l’as si gentiment fait savoir, je n’ai aucun intérêt pour ta marque. » Une lueur de malice traverse sa pupille alors qu’il croise le regard du jeune Weatherton, s’y attardant une ou deux secondes de trop. « Tout le monde est prêt. L'atelier se trouve au deuxième étage, ne sois pas surpris si à ton arrivée certaines t'accueillent comme le messie. » Il ne pourra pas se plaindre d’être comparé à une figure divine. « Elles auront raison de le faire. » Son ton est sarcastique, évidemment, parce que même s’il est doté d’un égo surdimensionné, il sait aussi qu’il n’est pas l’homme d’affaire le plus méritant de Brisbane. Il est né avec la chance dans les poches – et son père, riche, lui a bien montré la voie à emprunter pour atteindre le succès le plus jeune possible. « Je t’aiderai à respecter ta promesse en ne désignant aucune coupable si nous ne signons pas de contrat ce matin. » Parce qu’il n’est pas le pire des connards, même si ça l’amuse de savoir que les gens pensent le contraire. S’il décide de ne pas investir un dollar aujourd’hui, ce serait pour des raisons strictement financières. Il ose espérer que la marque a une petite chance de refleurir. Archie s’arrête devant l’ascenseur et, d’un signe de la tête, il fait savoir à James qu’il est prêt à rencontrer tout le monde. Il espère simplement qu’il l’est lui aussi. « Dans tous les cas… Bonne chance. » Il souffle, les yeux brillant et son sourire toujours aussi surchargé d’ironie.
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| | | | (#)Mer 23 Déc 2020 - 14:58 | |
| Don't hide away, come out and play. Le silence du hall d'entrée contrastait avec l'effervescence de l'atelier, et James qui pourtant n'avait jamais à se plaindre de cette ambiance de travail appréciait par moment de profiter de ces instants de calme. La réunion s'annonçait déterminante et s'il était si tendu à quelques secondes d'accueillir Archie, ça n'était pas sans raison. Il voulait que cette matinée soit une réussite et il avait assez mis ses couturières en garde sur ses enjeux pour que rien ne puisse se passer de travers. Seulement, l'actionnaire n'avait rien de prévisible et James savait que rien ne lui permettrait d'anticiper ses réactions. Ses efforts pour être présentable furent donc plus importants aujourd'hui encore – ça avait bien fait sourire ses couturières, lorsqu'il était arrivé ce matin avec une toute nouvelle veste et que certaines messes basses avaient été échangées. Archie, lui, était de toute évidence arrivé en taxi et le styliste eut à peine le temps de voir le véhicule s'éloigner lorsque l'actionnaire nomma le chauffeur grâce à qui il était arrivé pile à l'heure. « Dans ce cas j'espère qu'il est gracieusement payé. » Et s'il s'étonnerait presqu'Archie s'en remette à quelqu'un pour ce genre de choses plutôt que de sauter sur l'occasion pour parader dans une voiture de luxe, il n'irait pas prétendre que l'idée qu'il soit plus imprévisible encore qu'il ne l'imaginait était déplaisante. Il changeait facilement d'avis, d'après ses propres mots, et si c'était valable pour décider de petit-déjeuner ou non il avait une chance de lui faire reconsidérer l'intérêt qu'il portait à Weatherton. « Je ne dirai pas à Victoria que tu savais qu'elle apporterait des croissants, ça risquerait de la blesser. » Le léger rictus étirant le coin de ses lèvres, toutefois, laisserait entendre qu'il ne s'agissait que d'ironie. Il fallait des nerfs solides pour travailler au quotidien avec quelqu'un comme lui et pour passer parfois dix heures d'affilée sur une même création. Ses collaboratrices n'étaient pas de celles qu'on heurtait facilement. La prochaine remarque d'Archie, elle, tira à James un fin sourire emprunt de la même malice que celle brillant au fond du regard bleu de l'actionnaire. « C'est que j'avais peut être en partie tort lorsque j'ai supposé que c'était la présence de mon père qui motivait tes efforts, l'autre soir. » Dieu sait qu'il avait horreur de le reconnaître lorsque c'était le cas, mais Archie avait eu plusieurs jours pour revenir sur sa proposition et ne l'avait pas fait. « Il ne sera pas là, d'ailleurs. Il ne s'occupe jamais de ces choses-là. » Il préférait qu'Archie le sache, son père étant assez occupé et n'avait de toute façon jamais eu l'âme d'un créatif. Archie, lui, risquait de se voir réserver un accueil de Ministre et sur ce point-là aussi, James aimait mieux le prévenir. Ses collaboratrices savaient combien cette réunion était importante non pas juste pour Weatherton, mais aussi pour leurs emplois. Le blond n'avait qu'une parole lorsqu'il promettait de ne se séparer de personne, mais il n'était pas magicien. Et sans savoir si les paroles de l'actionnaire le rassuraient, il ne semblait pas enclin à faire des promesses qu'il n'était pas sûr de tenir. « Si nous ne signons pas de contrat. » Il répéta en glissant à l'actionnaire un regard en coin. « Tu t'en doutes, j'ai l'intention d'enterrer cette possibilité d'ici la fin de cette réunion. » Car oui, il était déterminé à lui faire voir le potentiel de Weatherton. Et bien qu'il sourit distraitement au moment d'entrer dans l'ascenseur lorsqu'Archie se fendit de brefs encouragements, dans sa tête tout était clair : ils avaient besoin d'Archie et Archie, lui, avait besoin d'être convaincu.
Arrivés au deuxième étage, les portes de l'atelier étaient déjà ouvertes et tout le monde n'attendait plus que de voir surgir celui dont on parlait depuis plusieurs jours. Une partie des employées attendaient dans la pièce principale tandis qu'une autre réglait les derniers détails techniques en salle de réunion, juste derrière, donnant l'impression qu'Archie Kwanteen était attendu sans pour autant que l'atelier paraisse figé. Il fallait qu'il sente qu'il serait la clef de voûte de cette réunion sans pour autant que leurs efforts paraissent exagérés. « Voilà notre espace principal de travail. Il se décompose en deux ateliers, l'atelier « flou » où on élabore nos robes et autres créations dans des tissus souples, et l'atelier « tailleur » où on réalise des vestes, des jupes ou des pantalons plus structurés. Presque tout est cousu à la main et vingt-cinq personnes travaillent ici au quotidien. » Son regard croisa celui d'Archie, qui il le savait n'était pas familier de cet univers et aurait besoin d'une introduction pour saisir où il avait exactement mis les pieds. « Tu pourras poser toutes les questions que tu veux, c'est simplement pour que tu te fasses une première idée. » Et pendant qu'il finissait d'introduire l'atelier et ses fonctions, les regards des employées les guettaient et observaient plus particulièrement l'actionnaire, avec cette fascination qui aurait sûrement rendu James envieux s'il n'était pas lui-même plus déstabilisé qu'il ne le montrait aux cotés d'Archie. Il avait pourtant déjà accueilli de nombreux clients de renom, certains dont il n'était même pas autorisé à citer le nom, pourtant rares étaient ceux en capacité de sauver ou de couler Weatherton. C'était ici le cas d'Archie, et c'est pourquoi personne n'était serein à quelques minutes de la réunion. « Laisse-moi te présenter Chelsea. Elle est première d'atelier, ici, et travaille pour Weatherton depuis neuf ans. » Chelsea était l'une des figures les plus anciennes, la plupart des collections qui avaient récemment fait parler de la marque étaient passées entre ses mains expertes. « Enchantée, Monsieur Kwanteen. J'espère que vous vous plairez avec nous aujourd'hui. » Le sourire de la jeune femme était sincère, celui de James un peu plus contenu mais il avait toute confiance en ses employées pour faire la meilleure des impressions à l'actionnaire. S'approchant maintenant de Karen, la jeune blonde salua à son tour l'actionnaire tandis que James reprit. « Et Karen. Elle a commencé à travailler ici comme apprentie et a été embauchée à l'issue de sa formation. C'est le cas de beaucoup de nos employés. » « Enchantée. » Et il y avait ici la volonté de montrer au brun que Weatherton croyait en ces jeunes talents et cherchait constamment à rajeunir son image auprès du public. On ne créait plus aujourd'hui comme on créait il y a cinquante ans, et la Maison se donnait pour objectif de perpétuer son héritage tout en s'adaptant à son époque. « Elles portent un badge, tu sauras donc à qui tu as à faire. Seules celles qui ont le plus d'expérience assisteront à la réunion d'aujourd'hui. » Ils seraient juste une dizaine, Archie n'avait pas besoin qu'un regroupement de couturières se fasse autour de lui et celles qui n'étaient pas réquisitionnées pourraient continuer de travailler. « On va passer dans la salle du fond. Tu es installé en bout de table, et le café est chaud. » Et aussi bon qu'il puisse l'être, James s'en était personnellement assuré. Lui emboîtant le pas à l'intérieur, il lui désigna sa place ainsi que la carafe isotherme disposée sur la table avec le reste du petit-déjeuner. James lui s'assit à l'autre bout de la table, juste en face d'Archie. Son regard clair retrouva le sien et il s'éclaircit la voix, le laissant prendre ses marques avant de commencer.
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| | | | (#)Ven 25 Déc 2020 - 13:18 | |
| Don't hide away, come out and play. « Je ne suis pas radin avec les hommes et les femmes qui font bien leur travail. » Ce serait inutile pour James d’en savoir davantage sur le salaire de cet homme dans la cinquantaine qui porte l’actionnaire de quartier en quartier dans une conduite des plus maîtrisée. Cela fait bientôt trois ans qu’ils se côtoient presque tous les jours de la semaine et Archie pourrait le compter comme un membre de sa famille. Pas une fois il n’a fait de lui un retardataire, connaissant parfaitement la ville et les rues les moins bondées même pendant l’heure de pointe. C’est seulement grâce à lui si ses futurs clients sont impressionnés par sa ponctualité, Weatherton y compris, lui qui ne semble pourtant pas sensible à ce genre de chose, toujours armé d’un faciès impassible et d’un dos bien droit. Il pourrait être impressionnant, le styliste, mais lui et Archie partagent beaucoup trop d’anecdotes embarrassantes pour qu’ils ne soient déstabilisés par l’attitude de l’autre. Ils reconnaissent les faux sourires, ne peuvent pas se mentir, comme deux frères qui ont fait de leur devoir de se détester. Approuvant la proposition de James, c’est-à-dire de taire la connaissance d’Archie vis-à-vis des croissants de Victoria, ce dernier hocha la tête en jetant un coup d’oeil dans le reflet d’une large vitrine près de l’ascenseur. Il veut s’assurer que le voyage en voiture ne l’a pas décoiffé. « Évidemment, je ne suis pas là pour briser des cœurs. Pas tout de suite. » Ses mots sont accompagnés de l’un de ses fameux sourires ironiques et il lorgne James, à travers le reflet lui aussi, afin de noter sa réaction. À son plus grand désarroi, il n’arrive pas à la lire à travers la pâleur de l’image renvoyée. Alors, changeant de sujet pour ne pas laisser le bouclé se perdre dans ses réflexions, il rappelle fièrement à James qu’il avait eu tort en pensant que la marque ne l’intéressait pas et que la seule raison de sa bienveillance était la présence de son paternel. Comme s’il n’y avait que devant les inconnus qu’il portait un masque – mais il ne dira jamais le contraire. Lorsqu’il apprend qu’il n’y aura qu’un seul Weatherton présent à la réunion, celui qui se tient haut devant lui, il esquisse une moue, légèrement rassuré de ne pas avoir à jouer son rôle d’un gentilhomme ce matin. Il a déjà l’impression que la rencontre ne sera pas des plus palpitantes pour un homme qui aime parler d’argent mais c’est un poids de moins que de savoir qu’il ne devra pas jouer la comédie sur toute la durée de la discussion. « C’est le boulot de l’artiste, c’est normal. » Il répond après s’être raclé la gorge. « Mais rassure-moi, nous parlerons budgets et plans économiques ? Je ne voudrais pas te vexer mais ce ne sera pas en me montrant de jolis jupons que tu me convaincras. J’ai besoin de chiffres sûrs, de statistiques. » Son regard est soudainement sérieux et c’est bien la première fois qu’il utilise ce ton. Il est un homme d’affaire, pas un artisan de la dentelle. Si des petites souris se mettent à chanter et à danser autour de lui, brandissant fils et aiguilles, il se jettera par la fenêtre. « Si nous ne signons pas de contrat. Tu t'en doutes, j'ai l'intention d'enterrer cette possibilité d'ici la fin de cette réunion. » Quand il entre dans l’ascenseur, son sourire est à nouveau malicieux. En guise de réponse, il ne fait qu’hausser un sourcil pour lui lancer un énième défi. Pour Archie, cette matinée n’est rien d’autre qu’un jeu de dés et ça l’amuse de savoir que James, quant à lui, a probablement l’impression de jouer sa vie.
Personne ne pourrait rester de marbre devant le grand atelier à aires ouvertes qui se présente devant les deux hommes lorsque les portes de l’ascenseur se rouvrent silencieusement. La curiosité pousse Archie à scruter le moindre détail, comme s’il s’apprêter à acheter le bâtiment. L’endroit est éclairé, chaleureux, et une odeur de pain frais flotte dans l’air. Le ventre de l’actionnaire se met à vibrer pour lui rappeler qu’il prend bel et bien un petit déjeuner le matin. Malgré tout, il reste attentif aux paroles de James alors que celui-ci présente l’espace de travail qui se trouve devant eux. La seule information qui reste bien ancrée dans sa tête, c’est celle selon laquelle l’entreprise a employé vingt-cinq personnes. Ce sont les chiffres dont il a besoin pour se faire une idée de la valeur de la marque. Si ses mains n’étaient pas pleines, il aurait déjà sorti ta tablette électronique de sa mallette pour prendre des notes. « Bien. » Il répond lorsque James précise qu’il pourra l’interroger davantage plus tard, lorsqu’il aura terminé de poser les bases. Naturellement, les yeux de l’homme d’affaire se mettent à patiner de visage en visage et il réalise bien rapidement qu’il n’y a que des femmes assises à leur poste. Évidemment qu’il la voit cette appréhension dans les iris de tout le monde, il fait toujours ce genre d’effet la première journée. Il y a pris goût, d’ailleurs. Suivant James à travers la salle, louvoyant entre les tables, il s’arrête près d’une dame qui se met à leur hauteur en souriant doucement. « Enchantée, Chelsea. Je m’y plais déjà, ce tissu que vous travaillez est magnifique. » S’il n’y connait rien en couture, il sait toutefois qu’il apprécie les motifs discrets qui parsèment la pièce qu’elle manipule. Derrière lui, il sent la contenance de James et il se mord le bout de langue pour cacher son amusement. Évidemment qu’il a entendu l’exagération dans sa voix lorsqu’il complimentait le travail de Chelsea. Il n’est là que pour impressionner ces dames, et peut-être signer un contrat. « Et Karen. Elle a commencé à travailler ici comme apprentie et a été embauchée à l'issue de sa formation. C'est le cas de beaucoup de nos employés. » Sa jeunesse est magnifique. Ses joues sont légèrement rosées par la timidité et ses lèvres joliment maquillées. C’est après avoir contemplé trop longtemps la ligne de son menton qu’il finit par relever ses yeux bleutés. « Pareillement » Il répond en retour, décorant son visage d’un sourire ravissant et confiant. Il n’a pas été question de garder son professionnalisme sur toute la ligne – après tout, papa Weatherton n’est pas là, il peut bien laisser sortir son naturel. « Elles portent un badge, tu sauras donc à qui tu as à faire. Seules celles qui ont le plus d'expérience assisteront à la réunion d'aujourd'hui. » Il devra donc dire au revoir à Karen, c’est dommage. Ne laissant rien paraître, Archie se retourne vers James lorsque ce dernier lui présente la salle de réunion qui les attend. Il le suit silencieusement et trouve rapidement sa place en bout de table, satisfait d’avoir hérité d’un tel emplacement. Il aura une vue sur l’ensemble des participants, c’est exactement ce dont il a besoin pour récolter un maximum d’informations avant de faire son verdict. Prenant ses aises, il pose sa mallette sur la table, puis son sac rempli de nourriture, et il se jette naturellement vers le café, son corps réclamant de plus en plus sa dose de caféine. Il se sert une tasse et y ajoute un petit contenant de lait pendant que les couturières les plus expérimentées s’installent à leur tour. Bien sûr, personne n’ose s’approcher de la carafe de boisson chaude tant que l’homme en or n’a pas terminé de se servir. Quelques murmures sont partagés tandis qu’Archie prend place sur sa chaise, posant sa tablette électronique devant lui. Il boit une première gorgée de café, reste impassible en goûtant sa saveur plutôt agréable, et s’empare de son stylet pour noter quelques mots dans son logiciel de prise de notes. Au même moment, le silence s’installe dans la salle et il sent tous les yeux rivés vers lui. Les visages semblent inquiets, les lèvres sont entrouvertes, les talons tapent nerveusement sur le tapis. Il fait durer le suspense un peu trop longtemps, jusqu’à ce que la tension qu’il a si facilement imposée lui arrache un rire. « Je plaisante, je n’écris absolument rien. Je t’en prie, James, tu peux débuter la rencontre. Je me ferai invisible. » Et il pose son dos contre le dossier, croise ses jambes et entrelacent ses doigts sur le dessus de ses genoux.
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| | | | (#)Jeu 31 Déc 2020 - 15:20 | |
| Don't hide away, come out and play. Son chauffeur, Archie semblait le tenir en haute estime et ça intriguait James qui ne s'attendait pas à ce que l'actionnaire ait suffisamment foi en son prochain pour mettre sa ponctualité et sa crédibilité professionnelle entre les mains d'un autre, aussi expérimenté soit-il. Il ne fit aucun commentaire mais songea qu'un homme qui conduisait Archie du soir au matin devait en savoir davantage sur lui que bien des personnes, et ça le frustrerait presque de ne pas pouvoir en dire autant malgré leur passif. C'est vrai, ils s'étaient connus bien avant que l'un soit réputé dans les hautes sphères de Brisbane pour ses bons placements et que l'autre devienne l'un des nouveaux visages de la mode australienne. Pour autant, James avait beau se raccrocher à l'image qu'il avait gardé d'Archie, il était incapable de dire ce qui composait sa vie lorsqu'il terminait une journée de travail et se faisait raccompagner par son chauffeur. Avait-il une existence aussi clinquante que le laissaient penser ses chaussures hors de prix et sa popularité auprès d'une partie des femmes du milieu ? (James s'était renseigné et le nom d'Archie revenait trop souvent dans certaines conversations pour que cet intérêt soit purement professionnel.) Ou bien l'histoire du chauffeur n'était-elle qu'une des nombreuses surprises qu'il réservait peut être, derrière cette apparence tape-à-l’œil ? James s'intéressait à ses clients, à ce qui pouvait faire que ce qu'il réaliserait pour eux serait en parfait adéquation avec ce dont ils avaient besoin et ce qu'ils étaient. Archie n'était peut être pas l'un d'eux mais ses intentions à l'égard de l'actionnaire n'étaient pas si différentes : il voulait le faire tomber sous le charme de Weatherton, le convaincre d'y voir autre chose qu'une marque à bout de souffle. « Tu l'as dit toi-même, tu n'es pas radin avec ceux qui font bien leur travail, alors je vois aucune raison pour que cette journée voit naître des déceptions. » Un fin sourire joueur trouva le chemin de ses lèvres tandis qu'il observa distraitement l'actionnaire, qui comprendrait par là que James attendait juste le bon moment pour lui rappeler que ce qu'il avait pu dire devrait pouvoir s'appliquer aussi bien à un chauffeur émérite qu'à des créateurs passionnés. « Enfin, on parlait bien boulot n'est-ce pas ? » L'actionnaire ne prévoyait sûrement pas de sociabiliser avec ses couturières au point de briser leur cœur au sens propre, ce qui convenait bien plus à James que le contraire. L'expression d'Archie changea à peine lorsqu'il lui fit savoir que son père ne se joindrait pas à eux, et James songea qu'au moins tout le monde serait un peu plus naturel. Ses couturières de ne pas avoir à faire au grand patron, Archie de ne pas avoir à forcer des sourires et James, lui-même, de ne pas avoir à guetter la moindre de ses réactions avec le besoin qu'il approuve ses initiatives. « Comme tu le sais je suis le directeur artistique de Weatherton, je suis pas payé pour m'intéresser à des statistiques et aucune de mes employées n'a de diplôme en comptabilité. » Son regard resta ancré à celui d'Archie tandis qu'après une seconde, il haussa les épaules. « Mais je me suis fait fournir le bilan des comptes de l'entreprise et des documents qui j'en suis sûr trouveront grâce à tes yeux. Alors sois rassuré, je comptais pas seulement sur nos créations pour te convaincre. » Le sérieux sur la mine d'Archie l'impressionnait presque, lui qui pourtant ne trouvait rien d'excitant dans le fait d'interpréter des données et des chiffres. James était un créatif, un manuel, quelqu'un qui aimait toucher du doigt le concret et créer. Mais il ne plaisantait pas lorsqu'il se disait prêt à balayer toute issue qui ne serait pas favorable à Weatherton.
L'atelier leur ouvrit les bras à leur sortie de l’ascenseur et James sentit son palpitant s'accélérer lorsqu'Archie en franchit les portes. Il ne montrait rien pourtant, ne donnant rien d'autre à voir qu'une profonde maîtrise de lui-même. Les employées s'affairaient, chacune connaissant la partition à jouer. Tout le monde voulait qu'Archie se sente à l'aise dans cet environnement et si l'ensemble des couturières rêvait d'échanger quelques mots avec cet homme intriguant qui perçait leur bulle, c'est une à une qu'elles furent présentées à l'actionnaire. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Archie n'avait aucun mal à jouer le jeu et donnait même dans des compliments qu'il n'aurait jamais pensé l'entendre énoncer. La remarque glissée à Chelsea n'était peut être qu'à peine sincère, au fond, mais James ne pouvait pas se permettre un commentaire comme s'ils n'avaient été que tous les deux. Personne n'était censé savoir qu'ils se connaissaient et depuis combien de temps, les regards qu'il égarait en direction d'Archie suffiraient à mettre n'importe qui d'à peu près attentif sur la voie. Mais pour le moment, toutes étaient concentrées à faire bonne impression et Karen, du haut de son jeune âge, savait mieux que personne que beaucoup d'emplois dépendaient de cette matinée. C'était sans doute la seule idée qui effleura l'esprit de la blonde, mais Archie lui semblait davantage prêter attention à la couleur de ses yeux qu'à son poste au sein de Weatherton. La scène fit naître le début d'un agacement chez James, qui après tout ne l'avait pas fait monter pour qu'il batte des cils devant ses couturières. La dernière chose dont il avait besoin, c'était qu'Archie réalise qu'elles étaient jolies en plus d'être talentueuses. C'est la raison pour laquelle il se retrouva à presser le pas au moment de lui présenter la salle de réunion. Ainsi Karen ne serait plus qu'un souvenir pour les deux prochaines heures, et eux pourraient entrer dans le vif du sujet. La tension restait palpable et si James parvenait à conserver son sang froid, ses employées semblaient toutes retenir leur souffle. Et il en jouait, Archie, en entretenant ce climat sous le regard incrédule du styliste. Les mines se détendirent à peine et des sourires encore un peu crispés firent leur apparition : les prochaines minutes devraient aider tout le monde à se concentrer sur leurs objectifs. « Bien. » James joignit ses mains entre elles et débuta. « Comme vous le savez, cette réunion sera un peu particulière puisqu'Archie Kwanteen s'est joint à nous pour découvrir notre atelier et se faire une idée du fonctionnement de Weatherton. Archie, bienvenue. » Les jeunes femmes se joignirent à lui pour souhaiter officiellement la bienvenue à l'actionnaire, qui sentirait qu'en dépit de l'appréhension générale tout le monde se réjouissait de compter un nouveau visage parmi les habitués de cette table. « Je ne vous apprends rien en vous disant que les semaines qui nous attendent risquent d'être intenses. Les défilés de la prochaine Fashion Week approchent à grand pas et nous y présenterons comme chaque semestre notre dernière collection. » Fin Janvier, à Paris, là où les enjeux étaient énormes et où une semaine déterminait la moitié d'une année de commandes, car c'était là qu'ils dénichaient de nouveaux clients. « J'ai confiance en nous, mais vous le savez on nous attend au tournant. Weatherton enregistre des pertes significatives depuis plusieurs mois et le marché européen est crucial pour notre survie. Ce sera l'occasion de montrer qu'on compte plus que jamais faire preuve d’inventivité. » Il en allait de leur réputation mais aussi de leur avenir. Les circonstances étaient différentes cette année et leur horizon moins radieux, il fallait marquer les esprits mais aussi penser à long terme. « Vous avez du recevoir la liste des personnes qui m'accompagneront à Paris en Janvier. Celles qui ne seront pas du voyage auront aussi du travail ici, et pour les autres je vais avoir plus que jamais besoin que vous donniez le meilleur de vous-mêmes. » L'idée, c'était que d'ici un mois Weatherton soit sur toutes les lèvres. Avec ses équipes et ses mannequins, il traverserait une partie du globe pour faire que le tout Paris s'émerveille devant leurs dernières créations et si c'était un voyage ambitieux, les retombées en valaient toujours la peine. « On sera logés dans quel hôtel, cette fois ? » La voix d'Abigail résonna à travers la pièce, et il reprit. « Celui près des Champs-Élysées, comme la dernière fois. On verra pour les détails plus tard. » Tout ce dont ils avaient à se soucier, c'était des préparatifs de leur défilé, pas des détails de leur séjour. Ce n'était pas à lui de s'en occuper, ils avaient des assistants pour ce genre de choses. « Et si nous sommes amenés à faire affaires, sache que tu seras le bienvenu si tu veux te joindre à nous, Archie. » Il souffla, son regard rencontrant de nouveau celui de l'actionnaire. Il était bien entrain de lui proposer de les accompagner à Paris dans le cas où ils signeraient un contrat. S'il désirait les voir à l’œuvre, rien de tel que l'effervescence des défilés et leur organisation pour constater à quels points ses équipes prenaient ce genre d’événements à cœur. Il serait plus que jamais au cœur des préparatifs. « Tu as peut être justement des questions ? » Il le lui avait dit, il tâcherait d'y répondre et James savait que l'actionnaire avait des préoccupations bien précises. Son but étant plus que jamais de le convaincre, il lui donnerait ce qu'il voudrait.
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| | | | (#)Ven 1 Jan 2021 - 6:36 | |
| Don't hide away, come out and play. Il est confiant, James, et c’est bien la première différence qu’Archie a noté dans son comportement depuis qu’ils se connaissent de la cour de récréation. Il ne se laisserait plus marcher sur les pieds, c’est une évidence, parce qu’il porte fièrement sa silhouette devenue bien plus longue et svelte. Il ne pourrait plus se faire plaquer contre le mur comme une légère plume vulnérable et le violet n’aurait pas le temps de lui monter aux joues que ses orteils retrouveraient la stabilité du sol sans peine. À première vue, il semble posséder toutes les qualités d’un bon leader – professionnel, sûr de lui, décidé. Du moins, c’est ce que constate l’actionnaire lorsque le styliste tente de le convaincre sans cesse de signer le contrat en insinuant que toutes les employées de la marque font bien leur travail, comme Jerry le conduit bien d’un point A à un point B sans emprunter de détours inutiles. « Ton assurance me surprend, je dois dire. » Il espère simplement que cette dernière n’est pas qu’une façade pour cacher de plus grandes failles. Il doit bien y avoir une raison pour laquelle Weatherton s’approche dangereusement du rouge. C’est le boulot d’Archie de résoudre le mystère, lui qui connait la signification des nombres et des statistiques, des concepts qui peuvent paraitre plutôt flous aux yeux des créatifs. « Enfin, on parlait bien boulot n'est-ce pas ? » Une lueur espiègle traverse ses iris tandis qu’il hoche la tête sans vraiment accorder davantage d’importance à la question. Il n’est pas ici pour parler de relations interpersonnelles ; il irait consulter un psychologue s’il avait envie de discuter de sa passion maladive pour la gente féminine. Seulement, il craindrait trop de devoir affronter la réalité derrière cette manie qu’il a de charmer tout ce qui possède des cheveux longs et une poitrine fournie. Après avoir passé plus de quinze ans à éviter le regard des garçons, il a presque oublié que ces derniers ont déjà réussi à faire accélérer son rythme cardiaque. Dans le but de changer le sujet, Archie s’inquiète quant au déroulement de la réunion. Sa présence serait complètement futile si jamais le sujet des finances n’était pas abordé. « Comme tu le sais je suis le directeur artistique de Weatherton, je suis pas payé pour m'intéresser à des statistiques et aucune de mes employées n'a de diplôme en comptabilité. » Aussitôt, ses sourcils se froncent et il interroge le jeune homme du regard, plus insistant. Vient-il de lui avouer un manquement de sa part ? Ce n’est pas à son avantage d’abandonner un actionnaire au milieu de discussions purement artistiques. Ce serait de libérer un poisson d’eau douce dans l’océan et de l’observer tenter de filtrer le sel à travers ses branchies inadaptées. Heureusement, James se reprend juste avant qu’Archie ne lui reproche sa faute. « Tu viens de te sauver la peau du cul. » Il sourit à pleine dents et se permet d’ajouter : « Je les prendrai le plus tôt possible, histoire de ne pas perdre trop de temps. » Au même moment, les portes de l’ascenseur se ferment.
Bien que l’actionnaire soit fortement intéressé par les nombres, il n’aurait pas été trop déçu de rencontrer les couturières plus en profondeur. Il n’a eu le temps que d’adresser la parole à deux d’entre elles avant que James ne force le pas en direction de la salle de réunion de laquelle s’émane le parfum du café chaud. Archie s’en remet bien rapidement ; il rencontrera les autres plus tard, lorsque le temps sera en sa faveur. Juste avant de s’installer à la place qui lui a été assignée, il fait signe à James de lui donner la paperasse dont il a parlé quelques minutes plus tôt, celle qui sera dévorée par les yeux de l’homme d’affaire. Il le remercie d’un signe de la tête en glissant le dossier bien épais sur la table, entre sa mallette et son sac en papier brun. Comme si c’était Noël pour lui, il ouvre immédiatement la première page pour en lire le contenu, s’installant avec sa tablette numérique et son stylet. Évidemment, il ne peut pas s’empêcher de faire une petite plaisanterie, laissant la foule se pendre à la mine de son crayon, tandis qu’il écrit des banalités dans le haut de sa page digitale. Il ne fait pas durer sa bêtise pour laisser la parole à James, qui la prend immédiatement pour présenter leur invité surprise. C’est d’un signe de la main familier qu’il salue ces dames autour de la grande table, offrant un regard à chacune d’entre elles pour leur faire savoir qu’il les voit, qu’il les a remarquées. La plupart des femmes présentes sont plus âgées que lui, et plus âgées que James, ce qui rend la scène plutôt amusante. Pour la plus grande déception d’Archie, la discussion s’élance dans une direction qui ne capte pas vraiment son intérêt et, tandis que le sujet de la Fashion Week est adressé, il préfère plonger son attention dans les statistiques et les graphiques. Un gloussement soulève sa poitrine lorsque James rappelle que leur marque enregistre des pertes significatives : en effet, les nombres s’approchent dangereusement du négatif à partir du tableau des revenus du mois de juin. Relevant ses yeux, il s’excuse du regard en remarquant que quelques-unes l’ont entendu rigoler. Seulement, il n’a pas pu s’en empêcher. « On sera logés dans quel hôtel, cette fois ? » Haussement de sourcil ; Archie revient à la réalité en réalisant qu’il a arrêté d’écouter pendant de longues secondes, trop concentré à faire des calculs mentaux. « Celui près des Champs-Élysées, comme la dernière fois. On verra pour les détails plus tard. » Les Champs-Élysées sont une attraction extrêmement populaires chez les touristes. C’est un endroit de prestige qu’Archie connait bien puisque de nombreux événements sont organisés là-bas. Il étire son bras pour discrètement tapoter l’épaule de la femme la plus près de lui dans l’espoir qu’elle connaisse la réponse à sa question : « De quel hôtel parle-t-il ? » Elle réfléchit quelques secondes et lui murmure la réponse, légèrement embarrassée de déranger James dans son monologue. Aussitôt, il lance une recherche sur sa tablette numérique. « Tu as peut être justement des questions ? » Un long silence suit tandis que les doigts de l’actionnaire dansent sur l’écran tactile. C’est seulement lorsqu’il entend une mouche voler qu’il relève vivement la tête, réalisant que tous les yeux sont rivés vers lui. « Eum, oui, justement. L’Hôtel Marignan coûte sept cents dollars par nuit. Vous comptez louer une seule chambre et vous serrer les unes contre les autres sous les mêmes draps ? Je ne voudrais pas t’effrayer, James, mais vous avez déjà utilisé soixante-dix pourcent de votre budget de fond de dépense pour l’année fiscale. Et, ça, c’est si le tableau a été mis à jour ce matin. Il n’y a que ton père qui fait la comptabilité ou vous avez engagé un professionnel ? » Il marque une pause et penche la tête sur le côté. « C’est pour faire ce genre de dépense superficielle que vous avez besoin de mon portefeuille ? » Et le même sourire hilare étire ses lèvres tandis qu’il plonge sa main dans son sac pour en sortir un croissant qu’il mord à pleines dents, sans jamais détacher son regard de celui du responsable.
- Spoiler:
Pour les termes chiants : une année fiscale se termine souvent en mai pour les entreprises, du coup Weatherton a utilisé 70% de l'argent prévu pour les dépenses en moins d'une demi année fiscale, ce qui n'est vraiment pas bon coucou
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| | | | (#)Mer 6 Jan 2021 - 15:14 | |
| Don't hide away, come out and play. Aux paroles d'Archie, James riva son regard au sien et sentit ses lèvres s'étirer légèrement. L'actionnaire était le mieux placé pour observer son évolution au cours des dernières années et pour observer le gouffre qui se tenait aujourd'hui entre l'adolescent qu'il avait été et l'adulte qu'il était devenu. En apparences du moins, car ces dix dernières années James avait eu à cœur de renvoyer une image bien différente de celle qui lui valait de subir brimades et insultes du temps où il se contentait de subir et de se réfugier dans sa bulle. La première fois qu'on lui avait fait confiance pour mener à bien l'élaboration d'une création, la première fois qu'on l'avait laissé prendre des décisions et diriger des plus jeunes et des plus inexpérimentés que lui, James avait enfin goûté à la satisfaction d'être admiré, craint parfois. Un sentiment qu'il pensait réservé à d'autres, ceux qui naissaient avec une impressionnante force de caractère et qui à peine entrés au collège régnaient sur leur petit monde sans qu'aucun nuage ne menace jamais leur pouvoir. Des personnes comme Archie, qui avait toujours trôné en haut de la pyramide pendant que lui atteignait péniblement les dernières marches. Aujourd'hui, l'actionnaire avait toujours plus de pouvoir que James n'en aurait jamais, mais qu'il puisse l'accueillir dans l'atelier qu'il dirigeait sans avoir à rougir ni baisser les yeux, c'était déjà une profonde satisfaction pour le blond. « Certaines choses nous endurcissent, c'est sûrement pas à un ancien boxeur que je vais l'apprendre. » En réalité, Archie pourrait très bien avoir continué la boxe même après avoir quitté le lycée, il réalisait simplement qu'il avait pu se passer bien des choses depuis cette époque. Est-ce que la vie d'Archie était jonchée de réussites, ou est-ce qu'il avait connu son lot de drames lui aussi ? Son regard le scruta un instant et James songea qu'il paraissait plus inébranlable encore qu'au lycée. Cette journée pourrait être déterminante pour lui comme elle pourrait être déterminante pour le styliste – après tout il était question d'investir beaucoup d'argent et d'en gagner plus encore – pourtant Archie semblait parfaitement détendu. Il n'était pas nerveux, presque aussi nonchalant que l'autre soir et James se retrouvait à éprouver la même chose que quinze années en arrière à son contact. Un mélange de fascination, d'envie, de trouble aussi. L'aura d'Archie brillait d'un éclat que ses yeux ne pouvaient manquer, et face à lui ses remparts lui semblaient déjà moins hauts et moins solides. Mais il ne montra rien, observa distraitement la pointe d’espièglerie derrière son sourire, le sérieux de ses traits. Archie voulait parler chiffre et naturellement, James avait prévu le coup. Ce n'était pas son domaine, mais il savait qu'il avait tout intérêt à ce que l'actionnaire ait les réponses qu'il demanderait et pour ça, il était sorti de sa zone de confort pour réhabiliter Weatherton aux yeux du jeune homme. « Tu pourras les emporter chez toi pour prendre le temps de les lire. » Parce que secrètement, il espérait malgré tout qu'il lui resterait un semblant d'intérêt à accorder à leurs créations et à ce qui faisait l'âme de Weatherton. « Personne n'est forcé de prendre une décision aujourd'hui. » Surtout si comme il l'espérait, il leur restait une chance de convaincre l'actionnaire de les suivre.
C'était finalement assez ironique, qu'Archie soit si pressé de découvrir les comptes de l'entreprise mais prenne tout le temps de faire la connaissance de ses employées. James voyait bien que les minois des couturières l'intéressaient davantage que les robes pourtant présentes aux quatre coins de la pièce, et au fond de lui il se sentait à nouveau complètement transparent. Alors plutôt que de supporter de le voir battre des cils devant Karen, il paraissait plus urgent de commencer la réunion. Archie avait maintenant ses documents entre les mains, ceux dans lesquels il lui tardait de se plonger et que James, lui, ne saurait qu'à peine interpréter. Le créatif préférait le laisser en tirer les informations qu'il jugerait essentielles, ayant plutôt à cœur de se recentrer sur les prochaines dates clés. Et parmi elles, la Fashion Week de Paris. A la fin du mois de janvier c'est toute une partie de son équipe que James conduirait en France et si c'était toujours un grand événement pour la Maison, cette année la pression était double. James savait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur et ça faisait maintenant des mois que ses employées et lui travaillaient d’arrache-pied pour offrir un spectacle grandiose. Les robes étaient prêtes, les derniers détails quasiment finalisés, le show savamment préparé. Et dans la liste des formalités à prévoir, il y avait naturellement l’hôtel dans lequel ses équipes passeraient le séjour. L'occasion pour James de soumettre une proposition à Archie : s'il signait avec eux, il pourrait les accompagner à Paris pour découvrir l'envers du décor. L'actionnaire ne releva pourtant pas et au lieu de ça, se livra à quelques messes basses avec sa voisine de chaise. Pas de quoi déconcentrer James, qui se tint prêt à répondre aux éventuelles questions du jeune homme tandis que ce dernier ne laissa pas passer une occasion d'émettre des doutes sur la viabilité de ce voyage. Ainsi James reposa son regard dans le sien, concentré sur son objectif. « Ce que tu prends pour une dépense superficielle est l'un des événements les plus importants de l'année pour Weatherton. C'est à Paris que tout se joue, toutes les plus grandes Maisons seront là et si on passe notre tour, on peut baisser le rideau dès maintenant. » Parce qu'il en allait de leur crédibilité dans le milieu, qu'à cette occasion tous les yeux seraient braqués sur eux et que ne pas faire acte de présence à ce qui était l'un des plus grands rendez-vous de la mode était du pur suicide. « Je ne peux pas loger mes équipes dans n'importe quel hôtel, il faut que le service de sécurité soit renforcé pour éviter le vol d'une de nos créations lorsqu'on peaufine les derniers détails parfois jusqu'à la veille des défilés. Et je ne parle pas du fait que le confort est primordial pour que tout le monde soit reposé et opérationnel pour assumer la masse de travail qui nous attend. » Tout ça, Archie en avait sûrement conscience et ce qui paraissait être des dépenses folles étaient en réalité le strict minimum à prévoir à ce genre d'occasions lorsqu'on travaillait comme eux dans une industrie comme celle du Luxe. « Mais rassure-toi, ça fait partie des choses pour lesquelles on garde des fonds de coté. On emploie des comptables, oui, qui s'assurent qu'on puisse continuer à honorer ce genre d'invitations. Et si tout se passe comme on le souhaite ces frais devraient être comblés par les commandes que l’événement nous rapportera. » Et ils n'avaient jamais autant eu besoin d'un carnet de commandes plein à craquer, raison pour laquelle cet événement était des plus cruciaux. « On va malgré tout faire le maximum pour limiter ces dépenses. Les filles dormiront à trois ou quatre par chambre, on réservera juste une grande suite pour tous nous réunir et mettre les derniers détails au point. Le gérant est un ami de mon père, et je connais son fils. Ils nous feront un prix si on leur demande. » Face à lui, plusieurs de ses employées affichèrent aussitôt un petit air amusé et se mirent à chuchoter entre elles. Le regard de James se fit lui un peu plus dur tandis qu'il le braqua sur les pipelettes concernées en reposant énergiquement ses mains devant lui. « Je ne veux aucun commentaire. » Gaspard, le fils du propriétaire, était source de bien des ragots entre les filles depuis qu'elles s'étaient persuadées qu'il s'intéressait d'un peu trop près à James. Le styliste, lui, prétendait chaque fois n'avoir rien remarqué et se contentait d'éviter les sujets glissants lorsque chaque voyage à Paris le remettait sur la route du français. « Mais là où tu as raison, c'est qu'on a besoin de toi pour sortir du rouge. » Son regard retrouva celui d'Archie, qui à cet instant devait imaginer à quel point ça lui coûtait de le reconnaître devant tout le monde. Il n'était pas là pour lui raconter des histoires, il représentait un espoir pour Weatherton.
- Spoiler:
mon inner James malgré le fait qu'il comprenne rien à ces histoires de chiffres :
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| | | | (#)Jeu 7 Jan 2021 - 5:13 | |
| Don't hide away, come out and play. Depuis que le chemin d’Archie a croisé à nouveau celui de James, le premier s’est promis de ne pas déterrer leurs souvenirs de jeunesse partagés. L’actionnaire est assez intelligent pour reconnaître qu’il n’était pas un adolescent exemplaire et que le styliste s’en serait probablement tiré avec moins de séquelles si Archie ne s’était pas acharné sur lui pour le punir de porter ces pantalons trop serrés. Il a mal agit, trop souvent, mais il ne voudrait pas être dans l’obligation de l’admettre à voix haute. Si une chose n’a pas changé depuis le collège, c’est la grosseur de son égo. Et pourtant, c’est James qui le ramène quinze ans en arrière en lui rappelant ce sport de combat qu’il pratique depuis toujours. Archie préfère réfléchir quelques secondes avant de répondre parce qu’il ne voudrait pas que la discussion s’engage dans une direction qui le rendrait mal à l’aise. Il ne regrette toujours pas de l’avoir sauvé des griffes de Davis, ce jour-là, mais c’est un événement qui l’a ébranlé tout autant que le bouclé sans même qu’il ne se fasse bousculer par les brutes. Il avait agi correctement pour la première fois de sa vie devant un homme qu’il faisait semblant de mépriser. C’est seulement après avoir trouvé une idée pour ne pas parler du passé que le jeune homme tente une réponse, qu’il espère, ne les guidera pas vers la fameuse discussion qu’il veut éviter. Après tout, James l’a déjà remercié, il n’a pas à le faire huit fois. « Tout comme toi tu n’as pas arrêté de dessiner des robes dans des carnets, je n’ai pas arrêté de taper dans des sacs. Je dois bien savoir me défendre, si jamais la réponse que je te donne aujourd’hui ne te plaît pas. » James n’est pas violent ; il ne l’a jamais été, d’ailleurs. Mais ça l’amuse de lui rappeler de cette façon qu’il aura toujours l’avantage sur lui, même après tant d’années. Pour l’empêcher de répondre, il montre tout de suite son intérêt pour les nombres et les statistiques, les seuls termes qui lui parleront lors de la réunion. « Tu pourras les emporter chez toi pour prendre le temps de les lire. » Archie sait déjà qu’il ne pourra pas attendre de rentrer chez lui pour plonger son nez dans la paperasse. Il a besoin de savoir ce qui fait défaut à la marque qui proposait de magnifiques habits sur son site internet. Le problème n’est pas dans le talent, et il l’a déjà dit. « Personne n'est forcé de prendre une décision aujourd'hui. » Il apprécie l’intention de James, celle de le rassurer quant à cette décision qu’il aura à prendre mais, encore une fois, l’actionnaire a écrit ses propres règlements. Il saura aujourd’hui-même s’il peut se permettre d’investir dans cette entreprise. Il a quelques millions à perdre, de toute façon, il peut se permettre une seule erreur dans son parcours. Il espère simplement que cette erreur ne sera pas de faire confiance à ce garçon qui l’a hanté à sa propre manière entre les quatre murs de la classe d’histoire.
En apparence, Archie peut paraître plutôt sérieux. Pourtant, il y a bien plusieurs choses qu’il peut se permettre de faire grâce à son métier : tourner autour de ses proies, manipuler ces dernières pour obtenir ce qu’il désir et, surtout, profiter de son autorité. Il reste toutefois un semblant de bon catholique : s’il peut parfois agir comme un véritable connard, il ne se permettrait jamais de manquer de respect à une femme. Il attendra toujours que ces dernières fassent le premier faux pas pour attaquer en retour. C’est facile, pour lui, de distinguer un vrai visage d’un faux. Celles qui l’approchent pour son argent abordent le sujet bien rapidement en tentant de le caresser dans le sens du poil. Dans cet atelier rempli de machines à coudre, de tissus de toutes les couleurs et de couturières aux yeux brillants de passion, il faut dire qu’il ne se sent pas dans son élément naturel. Lorsqu’il rencontre des femmes, c’est plutôt en boîte de nuit et Dieu sait que les clients qui fréquentent ce genre d’endroit ne sont pas là pour partager leurs passions mais plutôt pour passer une agréable soirée, voire même une agréable nuit en compagnie d’un partenaire éphémère. Alors, s’il bat des cils devant les employées de James, ce n’est pas réellement parce qu’il a l’intention d’en faire danser une : c’est plutôt une habitude qu’il a adoptée depuis qu’il sait que ce sont les dames qu’il doit charmer parce que, un jour, il devra se marier avec l’une d’entre elles. Comme l’a fait son père avec sa mère. Et, s’il n’a jamais réellement été amoureux d’Autumn, sa première et sa dernière copine, il continue de croire que la flamme s’allumera un jour. Il n’est simplement pas encore prêt.
Au plus grand plaisir d’Archie, la réunion ne tarde pas. Il faut dire que son estomac crie famine depuis qu’il se faisait transporter de rues en rues dans la voiture de Jerry. Et, il ne faut pas le cacher, il n’a plus la patience de garder fermé le dossier rempli de contenu à caractère financier. Alors il s’attèle rapidement à la lecture des premières feuilles, oubliant parfois d’écouter le discours de James qui se tient en face de lui et qui tente à plusieurs reprises de l’inclure à la discussion sans qu’il n’y fasse vraiment attention. Il ne faut pas lui en vouloir, il s’était mis en tête que le début de la rencontre ne concernerait que les couturières attablées avec lui. C’est seulement lorsqu’il note un problème avec le budget de dépense de cette année qu’il redresse la tête pour aborder ce dernier. « Ce que tu prends pour une dépense superficielle est l'un des événements les plus importants de l'année pour Weatherton. C'est à Paris que tout se joue, toutes les plus grandes Maisons seront là et si on passe notre tour, on peut baisser le rideau dès maintenant. » Il est vrai qu’Archie ne possède pas toutes les informations nécessaires pour tirer des conclusions. Il ne sait pas comment le domaine de la mode fonctionne ; les compagnies d’électronique n’organisent pas des défilés à Paris. Alors, reposant la moitié de son croissant entamé dans son sac, il offre à James toute son attention alors qu’il lui explique religieusement leur façon de faire. Au moment où le styliste présente la possibilité d’une réduction sur le prix des chambres d’hôtel, les filles autour de la table se mettent à murmurer quelques ragots incompréhensibles. Étonné, Archie hausse un sourcil en les observant une à une sans recevoir la moindre information. « Je ne veux aucun commentaire. » Archie aurait presque sursauté si ces mots lui étaient destinés. Le ton du styliste s’était fait soudainement plus sec et c’est exactement pour cette raison qu’une lueur d’intérêt traverse la pupille de l’actionnaire qui a dorénavant envie d’en savoir plus sur cette histoire. « Mais là où tu as raison, c'est qu'on a besoin de toi pour sortir du rouge. » Un sourire satisfait soulève la commissure de ses lèvres et il se contente d’hocher la tête, reprenant son stylo pour écrire certaines choses qui ont été dites quelques secondes plus tôt. Weatherton engage donc des comptables ; il devra s’assurer de les rencontrer si jamais il décide d’investir. « Je vois. Alors vous dépensez en espérant que ces dépenses soient comblées par les ventes. J’imagine que c’est la dernière année que vous pouvez vous permettre d’opter pour cette stratégie sans annoncer la faillite ? » Il se repose contre le dossier de la chaise après avoir bu une gorgée de café et il désigne le projecteur d’un signe de la main : « Alors je veux voir ce que vous comptez vendre. Votre collection 2021, ou peu importe comment vous l’appelez. » Il marque une pause et soulève son index : « Oh, et après tu me diras pourquoi les filles ont rigolé quand tu as parlé du gérant de l’hôtel. J’ai l’impression qu’il me manque certains détails pour bien comprendre la vanne. » Énième sourire sarcastique.
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te amo
Dernière édition par Archie Kwanteen le Mer 13 Jan 2021 - 15:44, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 13 Jan 2021 - 15:28 | |
| Don't hide away, come out and play. L'époque où James se faufilait dans les gymnases avec l'espoir d'apercevoir quelques garçons trempés de sueur paraissait bien lointaine quand on le voyait se tenir parfaitement droit et imperturbable dans son costume ajusté au millimètre près. Il pourrait presque rougir d'y penser, comme des nombreuses fois où il était rentré chez son père avec la peur au ventre, après une énième bousculade ou une énième insulte. Pourtant il y avait quelques souvenirs que son esprit n'avait pas complètement refoulé, et ce jour où Archie était intervenu pour le défendre face à des brutes en faisait probablement partie. Quand bien même il nierait qu'il avait pu lui arriver d'y repenser durant le laps de temps où sa route n'avait pas recroisée celle de l'actionnaire. Car c'était bien là le seul moment où il s'autoriserait à effleurer le passé en compagnie du brun, James comptant faire tout l'inverse une fois devant ses employées. Archie tenait sans doute à ce que sa crédibilité ne soit pas entachée par des souvenirs communs et il en allait de même pour James, qui n'avait aucune envie d'entendre ses couturières cancaner dans son dos parce qu'il n'aurait pas su se faire suffisamment discret. James avait toujours cultivé un certain mystère pour qu'aucune information superflue ne se glisse entre ses collaboratrices et lui et risquent de parasiter leurs communications lorsque tout ce qui devrait les inquiéter était de tenir les délais pour les livraisons de leurs robes. Le reste n'avait pas sa place entre ces murs, et James serait trop décontenancé de se livrer à elles autant qu'elles avaient tendance à se livrer à lui. « Voyons Archie, j'ai du personnel pour s'occuper de ce genre de besognes. Il faut bien s'entourer de quelques gros bras pour raccompagner à la sortie les intrus qui trouvent le moyen de déjouer la sécurité. » Ses lèvres se parèrent d'un fin sourire tandis qu'il usa simplement du même ton sarcastique que l'actionnaire, preuve qu'Archie n'avait pas à s'en faire quand bien même il déciderait de ne pas signer avec eux. Ni de la part de James, ni de la part des agents de sécurité payés à des fins bien précises et non pour intimider ceux dont l'argent ne finirait pas dans les caisses de Weatherton. Il le savait, Archie, combien le blond pouvait malgré tout être déterminé à lui faire revoir son jugement. Mais pas à n'importe quel prix, Weatherton était dans le rouge mais elle avait pour elle une réputation excellente et ancestrale. James ne comptait pas presser Archie, bien qu'il brûle déjà de connaître la sentence qu'énonceraient les lèvres du brun. Ils suivraient dans tous les cas les règles d'Archie, qu'il n'avait de toute façon jamais été totalement de taille à défier et c'était là l'une des raisons à la fascination qu'il lui inspirait déjà à l'époque et continuait de lui inspirer aujourd'hui.
S'il était autant dans l'intérêt de James qu'Archie se focalise sur Weatherton et la réunion qui ne tarda pas à débuter, c'est en partie parce qu'il jouait beaucoup trop gros pour laisser quoi que ce soit détourner l'attention de l'actionnaire. Fort heureusement Archie semblait aussi consciencieux une fois le nez plongé dans les chiffres que James était déterminé à faire de cette rencontre une réussite. Et ça lui plaisait bien plus qu'il n'irait ici le montrer, qu'Archie ne laisse passer aucun détail et s'engouffre dans la moindre brèche qu'on daignait ouvrir devant ses yeux. Ça lui plaisait, parce que James n'était rien sinon un passionné, quelqu'un qui n'avait pas peur de se battre pour ce qui donnait un sens à sa vie – et ces derniers temps, il le reconnaîtrait sans mal, Weatherton était l'une des rares choses qui lui donnent furieusement envie de quitter son lit le matin pour aller enfiler un costume impeccable. Il brûlait en lui un feu qui se serait probablement éteint s'il n'avait pas eu son boulot pour l'alimenter jour après jour, même lorsque quelques larmes silencieuses venaient parfois tracer de discrets sillons le long de ses joues ou que sa solitude se faisait écrasante lorsqu'il rentrait chez lui après une longue journée. Et parce qu'il pressentait qu'Archie lui ressemblait sur ce point, qu'en tout cas il n'était pas décidé à lui faciliter la tâche, James éprouvait la satisfaction d'avoir trouvé en l'actionnaire un interlocuteur de choix. Adversaires dans le passé, ils pourraient bien devenir à l'issue de cette matinée des collaborateurs. Et à cette idée, James se sentait particulièrement stimulé. Parce qu'en plus de l'apport financier conséquent qu'Archie pourrait représenter pour Weatherton, sa franchise et son sens critique pourraient être des atouts. James n'avait pas besoin qu'on soit toujours d'accord avec lui, bien au contraire rien ne le poussait plus à se dépasser que lorsqu'on mettait ses choix en doute et face aux interrogations de l'actionnaire, sa première réaction était de lui prouver qu'ils avaient pensé à tout. Pour le rassurer, le convaincre mais aussi lui prouver qu'il n'avait pas à faire à des amateurs. Il le lui avait dit, il n'était qu'un créatif entre ces murs pour autant ils pourraient réellement œuvrer ensemble si Archie en décidait ainsi.
Et en voyant briller cette lueur intriguée au fond des pupilles bleues de l'actionnaire, James songeait qu'il était peut être parvenu à piquer son intérêt. Tout se serait donc passé presque sans encombre si sa remarque au sujet de leur hôte français n'avait pas valu à ses employées de s'égarer une seconde. James était déjà peu disposé à voir l'amusement que la situation leur inspirait d'ordinaire, ici et devant Archie il n'était pas question de perdre le contrôle ou d'afficher un quelconque embarras. Le blond se fit donc entendre et le calme reprit ses droits à l'intérieur de la salle. James, lui, observait distraitement la main de l'actionnaire noircir le carnet qu'il tenait devant lui. « Sur ce point on est d'accord, cette stratégie n'est plus viable et c'est la dernière année que Weatherton pouvait se permettre de l'appliquer. » Ils en étaient à un point où le futur de la marque était compromis, il était donc plus que temps de se remettre en question et d'adopter les changements qui s'imposaient. Si James ne voulait renvoyer personne, il allait malgré tout falloir revoir la manière dont ils pariaient sur l'avenir. Positionné sur un coté de l'écran après avoir pris soin de mettre le vidéoprojecteur en route, James ne perdit pas plus de temps pour accéder à la requête d'Archie. L'actionnaire voulait voir ce que Weatherton comptait défendre, et c'était bien normal. « Notre dernière collection, celle qu'on présentera dans un mois à Paris, se veut audacieuse et novatrice sans jamais trahir l'esprit de Weatherton. L'idée, c'est d'attirer une clientèle plus jeune sans dérouter les habitués. » Parce que c'était comme ça qu'une marque apprenait à se renouveler, en innovant sans jamais perdre ce qui avait fait son succès. « Comme tu peux le voir sur ces images, les modèles sont vaporeux, ils jouent avec la transparence mais se remarquent de loin. On veut que le glamour et la sensualité se portent avec assurance et c'est ce que cette collection dégage. Et là où Weatherton s'est toujours démarquée, c'est par les détails qui rendent chaque création reconnaissable. » A l'écran, James zooma sur l'une des pièces phares de la collection. « Sur la robe que tu vois ici, les attaches sont incrustées de cristaux et le drapé se compose de plusieurs milliers de perles qui permettent pourtant au tissu de rester léger. C'est un travail colossal, il faut une maîtrise parfaite pour venir à bout d'une telle création. Jamais tu ne verras un modèle comme celui-ci dans une enseigne de prêt-à-porter, on peaufine parfois les derniers détails de la robe directement sur le mannequin. Tout doit être parfait. » Il y veillait jusqu'au plus petit détail, autant de fois que nécessaire avant que les mannequins ne soient appelées à défiler. Le moindre fil en trop, le moindre pli, et c'était la crédibilité de la Maison qui pouvait en pâtir. James imaginait ces modèles comme de véritables pièces d’orfèvrerie, le rendu devait donc être ni plus ni moins aussi spectaculaire. Laissant le soin à Archie de s'imprégner du ton et de l'ambiance de la collection, James secoua finalement la tête, pas si surpris que l'actionnaire ait trouvé le moyen de rebondir sur l'anecdote de tout à l'heure. Vraiment, cette histoire prenait des proportions démesurées. « Ça avait rien d'une vanne, c'est juste... disons que le fils du propriétaire m'apprécie beaucoup, sans que j'ai fait grand chose pour que ce soit le cas. Ça doit être quelque chose que les européens ont en commun, un certain... sens de l’hospitalité, je suppose. » Face à lui, les regard étaient tantôt amusés tantôt perplexes. Certains yeux criaient Vraiment, James ? quand d'autres semblaient se demander à quel point le styliste pouvait seulement croire à ce qu'il disait. Car si elles savaient toutes une chose à son sujet, c'est qu'il n'était pas naïf. « Vraiment, il n'y a rien à dire de plus. » Et tandis qu'il balaya le sujet d'un revers de la main, prêt à se concentrer sur la fin de cette réunion, James se coupa volontairement des bavardages inutiles. « Y'a que lui pour pas voir que ce Gaspard est intéressé. » Murmura ainsi Jolene, l'une des filles assises autour de la table, à un Archie sans doute en mal de ragots mais dont la curiosité ne saurait être trop longtemps épanchée par cette histoire. Ce n'était pas que James ne voulait pas voir, c'est qu'il préférait faire comme s'il n'y avait rien. Ainsi il prit une inspiration, son regard planté dans celui de l'actionnaire. « Et pour t'aider à prendre ta décision, je me propose de te montrer directement certains modèles de notre collection. Des images ne rendront jamais justice au travail de mes couturières. » Car il paraissait plus urgent de se reconcentrer sur les enjeux de cette réunion et que James, lui, comptait depuis le départ terminer en apothéose par un court détour de l'autre coté de cette vitre. Ainsi si Archie avait encore besoin de se laisser convaincre, leurs créations n'attendaient que d'être admirées.
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| | | | (#)Mar 19 Jan 2021 - 12:49 | |
| Don't hide away, come out and play. Les choses ont changé, mais pas complètement. Si ce n’est plus la compétition qui règne entre les deux garçons, les provocations n’en seront pas moins présentes. Ils ont ce besoin de se rappeler que leur passé partagé existe encore – ou alors c’est seulement Archie qui ne veut pas que James oublie qu’il est celui qui fait les règles depuis toujours. C’est peut-être le styliste qui possède une entreprise aussi grande que celle de Weatherton, mais c’est bien lui qui a besoin du portefeuille d’Archie pour ne pas perdre tout ce que sa famille a bâti. Les attentes sont hautes pour les deux hommes qui se rencontrent ce matin, signant ainsi leur première véritable collaboration (même si les dés ne sont pas encore jetés). « Voyons Archie, j'ai du personnel pour s'occuper de ce genre de besognes. Il faut bien s'entourer de quelques gros bras pour raccompagner à la sortie les intrus qui trouvent le moyen de déjouer la sécurité. » Il ne sait pas s’il s’agit là d’une sorte d’avertissement mais il balaie la réplique en secouant la tête de droite gauche et en soufflant tout son air par ses narines. Évidemment, il ne craint pas une seconde que les gros bras dont il parle lèveront le petit doigt si les choses ne se déroulent pas comme dans le meilleur des mondes.
Archie se sent à sa place lorsqu’on lui fait cadeau du meilleur siège, celui qui offre une vue sur toute la longueur de la table, sur tous les visages présents et, le plus important, sur le meneur de la réunion. James semble tellement grand perché près du tableau blanc, il comprend pourquoi les yeux des couturières sont brillants d’admiration. Il a fait beaucoup de chemin depuis son adolescence. Le jeune garçon timide et boutonné a laissé sa place à un patron possédant une prestance sans équivoque. Le sourire amusé d’Archie cache, au fond, une certaine fascination. Mais il ne l’a pas encore vu en pleine action alors il lui laisse la parole, se permettant toutefois de le couper dans sa lancée lorsqu’il mentionne un hôtel hors de prix à Paris. Il a bien vu les chiffres encrés sur la montagne de papiers qu’il a posée devant lui. Il ne pense pas que Weatherton peut se permettre une telle dépense. James acquiesce, ce qui rassure l’actionnaire : il n’est effectivement pas aveugle face aux difficultés financières qui se présentent depuis, selon le tableau, la fin de l’année 2018. Cependant, Archie ne baisse pas les bras si rapidement parce qu’une petite sonnette retentit dans sa tête depuis qu’il a vu le site internet de la marque et toutes les pièces qui y étaient présenté. Il sent que l’entreprise n’a pas dit son dernier mot et que le talent de James pourra relancer le business.
Il ne peut définitivement plus mentir. Des tas de robes et habits défilent dans le rétroprojecteur et Archie oublie presque qu’il est présent pour examiner les chiffres et rien d’autre. Il est complètement muet alors que le styliste décrit les heures de travail qui se cachent derrière chaque morceau. Son café refroidi en même temps que James change la diapositive pour présenter une énième robe au charme indéniable. Il est pendu à ses lèvres mais arbore un air des plus neutres pour ne laisser personne lire le fond de ses pensées. Il voit les regards curieux des couturières se poser sur lui de temps en temps, comme si elles souhaitaient voir la réaction de l’homme devant toutes ces prouesses qu’elles ont ensemble cousu. Mais il ne réagit pas, il sait préserver le suspense aussi longtemps qu’il le souhaite. Avant même de donner son avis quant à cette nouvelle collection qui rend James si fier, il ne peut s’empêcher de ramener le sujet de Gaspard sur la table, arrachant un rire à toutes les filles qui savent un peu trop qui est ce fameux fils du propriétaire de l’hôtel. « Ça avait rien d'une vanne, c'est juste... disons que le fils du propriétaire m'apprécie beaucoup, sans que j'ai fait grand chose pour que ce soit le cas. Ça doit être quelque chose que les européens ont en commun, un certain... sens de l’hospitalité, je suppose. » Soit il veut faire preuve de modestie, soit il n’a vraiment aucune idée de ce qu’il se passe en France. « Vraiment, il n'y a rien à dire de plus. » Déçu de l’absence de réponse plus délicieuse, il se jure de ramener le sujet un jour ou l’autre. Pourtant, une femme dans la quarantaine tend le cou vers lui et il en fait de même alors qu’elle lui murmure un ragot qui soulève la commissure des lèvres d’Archie. Il se rappelle l’existence de son café, en boit une gorgée, puis croque dans une croissant en remerciant la dame d’un clin d’œil complice. « Et pour t'aider à prendre ta décision, je me propose de te montrer directement certains modèles de notre collection. Des images ne rendront jamais justice au travail de mes couturières. » Il ne fera part d’aucune objection. Il a effectivement besoin de voir de ses propres yeux le travail qui se fait dans cet immeuble. Se laissant guider par James jusqu’à la salle où sont entreposés des mannequins en tissu vêtu des créations de cette année, il en oublie la paperasse formelle sur la table de la réunion. Il lui suffit d’observer le détail de quelques robes, comme le mentionnait le professionnel, pour se tourner vers James, le dos droit et la même fierté collée sur son visage. Il hésite quelques secondes en laissant ses yeux sauter de robe en robe et il finit par souffler, à voix basse, afin de démotiver les oreilles intrusives : « Un million pour vingt-cinq pourcent des profits. » Et il tend une main sûre et solide devant lui, couvrant le styliste d’un regard déterminé.
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| | | | | | | | don't hide away, come out and play (jarchie #3) |
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