Asher Buckley Le RP prend place en 2010 à Melbourne. Asher a 21 ans. (© velvet irony)

2010, Melbourne Tu lui avais dit pour plaisanter que tu avais enfin un chez toi. Tu as officiellement emménagé avec Johnny. Tu paies un loyer et tu as une chambre pour toi. C’était du squattage de son petit studio avant ça. Tu prends sur ton compte en banque bien fourni pour ton loyer. Tu es quand même en train de chercher un vrai job (un job tout court) parce que votre musique pour l’instant elle ne va pas bien loin. Un EP de 5 chanson et un autre de 7. Vous faites des petites scènes et c’est méga kiffant à chaque fois que tu es sur ses planches pour chanter. Avant de venir à Melbourne et passer tout ton temps avec Johnny, Trevor et Pattie, tu n’avais jamais essayé de chanter. Rien que tu écrivais. D’ailleurs l’intégralité des textes de vos EP à date sont des phrases, ou des bouts de phrases de ce que tu avais couché sur le papier tout le long de ta vie. Dans tes carnets. Tu te sens si libre d’être loin de ta famille. Tu sais d’avance qu’ils vont pas écouter ta musique parce que c’est l’opposé de ce qu’ils avaient en tête pour toi. Pour ce qui est de ton frère et ta soeur, tu sais pas. Mais comme t’as pas forcément envie qu’ils écoutent tes mots, tu fais aucun forcing, loin de là. Comme vous êtes pas connu pour l’instant, tu sais que dans tous les cas, ils prendront pas cette voie là à toi au sérieux. Tu ne leurs poses pas de questions. Pas envie de savoir s’ils ont écouté. Tu sais que le sujet de ta musique va venir sur le tapis lors de la visite de Birdie. Faut dire que Johnny et toi avez cet appart’ maintenant. Un truc pas très grand mais parfait pour deux mecs. Un salon qui est souvent investit par Pattie et Trevor qui sont encore chez leurs parents de leurs côtés. Chez toi, c’est le QG de « Empire of the Sun ». T’as déjà tout un tas d’esquive pour Birdie si jamais elle te pose trop de questions. Ca cogite dans ta tête depuis le premier jour où tu as chanté tes mots dans un studio d’enregistrement. C’était le signe que ça viendrait aux oreilles des gens. De qui ? De qui veut. De tout le monde. Un dernier SMS à Birdie qui est en train d’arriver jusque chez toi. Tu lui donnes le code de la porte de l’immeuble et tu jettes un coup d’oeil à ta chambre. Elle est bien rangé. T’as même changé les draps. Quand tu entends la sonnette retentir, tu cours jusqu’à la porte même si Johnny n’est pas là. T’es comme un gosse à vrai dire. T’es content de savoir que c’est Birdie de l’autre côté de la porte. Un immense sourire sur tes lèvres et spontanément tu vas la prendre dans tes bras. Ca fait plus d’un an que tu ne l’as pas vu en chair et en os. « Entre entre je te montre l’appart’. J’ai nettoyé avant que tu viennes. » Oui t’as mis un bon coup partout. Ça en avait bien besoin. L’appart’ est super simple. Un salon, un balcon avec une super vue de la ville vue comme vous êtes haut, une salle de bain, deux chambres. Rien d’extravagant. Rien de vieux. Rien de trop grand. La parfaite tanière pour deux gars de 20 ans. « Johnny est au boulot, il rentre vers 19h. » Tu ne sais pas combien de temps elle va rester, elle n’a pas dit. La vérité c’est qu’elle peut rester autant qu’elle veut. c’est tellement freestyle ici. Ça fait du bien d’avoir de comptes à rendre à personne. Enfin. Ton père commence à t’envoyer pas mal d’appels que tu ne prends pas, pour te presser de trouver un travail au lieu de piocher dans tes économies impunément. « Ca va aller, t’as pas peur de dormir dans le même lit que moi ? » Tu plaisantes l’air de rien mais oui, c’est quand même une réelle question que tu te poses. Tu lui as dit déjà que tu n’avais qu’un lit deux places ici (et un canapé). Tu ne sais pas quelle option elle va prendre, sachant que le canapé est souvent occupé par des visiteurs/amis. T’es nerveux mais dans le bon sens du séjour de Birdie ici. Tu as le sentiment que quoi qu’il arrive, tout ira bien. Car ici, tu es chez toi. Tu es libre. (mais faut quand même que tu te trouves un job Asher).

Spoiler:

« Entre, entre je te montre l’appart’. J’ai nettoyé avant que tu viennes. » Les lieux auraient pu être dans l’état d’une décharge d’une grande ville que Birdie s’en serait fichue totalement. Mais Asher a l’air ravi de lui, satisfait au possible de vouloir lui montrer chaque recoin de son appartement qu’il vient d’acquérir – même si elle a cru comprendre que cela avait provoqué une nouvelle crise familiale au sein de Buckley. La petite blonde n’est pas à la tête pour retenir ce genre de drames, Dan lui en ayant parlé que trop vaguement pour qu’elle puisse retenir ce qu’il lui a dit. Tout ce qu’elle a compris, c’est qu’Asher a un pied à terre à Melbourne. C’est–à–dire en dehors de Brisbane, assez loin de Brisbane. Elle n’a pas hésité longtemps avant de contacter le principal intéressé. Qui lui a confirmé et, mieux encore, l’a invité à venir. Elle n’a pas fallu le lui dire deux fois. Birdie a fait un arrêt prolongé à Sydney et avoir joué les apparences que tout allait bien pour ne pas inquiéter Malachi et, surtout, ne pas laisser voir à sa fiancée que tout allait mal, l’avait épuisé. Melbourne est la destination finale, le but, l’objectif et elle y est, avec un Asher souriant et visiblement ravi d’avoir réussi à faire son trou ailleurs lui aussi. « T’étais pas obligé. » De nettoyer. Mais il parait que c’est ce qu’il faut faire quand on reçoit du monde. On apprête, on met dans ses plus beaux habits, sous son meilleur jour. L’appartement n’y échappe pas et Birdie pourrait presque pointer du doigt à quel point ça manque de vie, du coup. Mais elle est juste bonne à entrer, comme le lui a dit Asher, et à laisser son sac naviguer le long de son bras pour le poser à terre, comme si c’est le poids du monde qu’elle ôte de son épaule (si seulement c’était aussi simple). « Johnny est au boulot, il rentre vers 19h. » Elle hoche la tête distraitement, le regard sur les meubles, les environs, le sol, le bout de parquet grinçant, le canapé où certains avaient déjà dû y laisser leur marque.

« Ca va aller, t’as pas peur de dormir dans le même lit que moi ? » Son visage, ses yeux, son attention restent coincé sur un bout de mur défraîchi alors que Birdie sent ses épaules se crisper sous la question. Elle est silencieuse, bien trop silencieuse et si elle ne fout pas un coup de pieds au derrière maintenant, Asher risque de se poser des questions. Parle, dis quelque chose. Pourquoi le jeu des apparences fut facile avec Malachi et non avec Asher ? Te poses pas de questions, tu vas le perdre, il risque de t’en poser, c’est vraiment ça que tu veux ? Elle finit par inspirer avant de secouer la tête et d’accorder son regard bleuté au Buckley deuxième du nom. « Aucun problème pour moi. Pourquoi tu me poses cette question, t’as peur ? » La petite blonde a même un sourire qui vient montrer à quel point tout va bien, qu’elle maitrise. « Promis, je serai sage. » Oh, elle le sera. Elle se foutra sûrement à l’autre bout, elle se roulera certainement autour d’elle–même comme elle le fait déjà, mais ça, Asher ne le verra pas puisqu’il dormira. « C’est sympa. » Elle passe un doigt sur un meuble et ses lippes s’agrandissent en regardant l’absence de poussière. « T’as vraiment nettoyé. Tu devrais donner des cours à Dan, ça lui ferait du bien. » Même si elle préfère toujours le bordel au rangement – on n’y retrouve jamais rien. « Tu restes combien de temps à Melbourne ? » Une question totalement innocente. Juste pour savoir.

« Ça sera crade de nouveau dans deux jours. » Birdie tient son sourire parce qu'elle n'est pas surprise. Foutez une bande de potes dans un appartement et voyez le résultat. Elle n’a aucun doute que l'effort effectué par Asher sera réduit à néant et que la poudre de ses efforts parcourra chaque centimètre carré du joyau qui fait la fierté de son ami. Visiblement en tout cas. La petite blonde a hâte que ça devienne le bordel. Qu'il y ait du bruit pour occuper son espace crânien, du monde pour (tenter de) combler la solitude qu'elle persiste à ressentir au fond d'elle-même. Elle est venue ici parce qu'elle a débordé, parce que Brisbane est devenu étouffant et que rien de bon n'en ressortait. Alors la crasse de Melbourne, c'est exactement ce qu'elle est venue chercher. Tant que cela la distrait suffisamment. La Cadburn a le coin des lippes qui s'amusent quand Asher pose sa question sur Dan, lui jetant un regard sous-entendu. « D'après toi ? Ton frère est un éternel exigeant. » Plutôt un capricieux né qui a toujours eu ce qu'il veut mais qu'elle ne peut s'empêcher d'adorer et de suivre parce que c’est fun. « Il est très doué pour ordonner. Mais pour faire, y a tout de suite moins de monde. » Chose qui le différencie d'Asher. Qui n'a pas hésité à mettre la main dans la poussière pour elle. How cute it that ? « Il sait pas que je suis là. J'aimerai que ça reste comme ça. » Dis–rien à personne, s’il te plait, ce sont les mots qu’elle lui transmet à travers d’autres. Elle ne veut pas voir Dan ni personne d’autre de là–bas. C’est injuste ; elle les punit autant qu’elle se punit elle–même en s’isolant. Non, elle ne s’isole pas, elle ne fuit pas, elle ne renferme pas. Au contraire, elle essaie de guérir et elle y arrivera. Parce que ça finira bien par partir un moment ou un autre, n’est–ce pas ?

« Comment ça je reste combien de temps à Melbourne ? J’habite ici maintenant. Je paie un loyer. J’ai un travail… Bientôt. » La petite blonde a entendu les trois petits points, aussi percutants que tous les mots que son groupe peut cracher avec leur micro. Elle arque un sourcil. « Bientôt ? C’est vague. » Mais elle ne s’inquiète pas. Si Asher est venu jusqu’ici, c’est qu’il a un plan. Un projet. Et il n’est pas tout seul. Elle ne pense pas à elle, parce qu’elle n’est juste qu’un boulet qui vient s’accrocher à sa cheville sans que le Buckley ne s’en rende compte – le pauvre – mais il a son groupe, ses amis. Et aussi un portefeuille qui lui permet sûrement de prendre son temps pour profiter – chose que la Cadburn ne pourrait le blâmer. « Mais je m’y mettrai mieux après ton séjour. Je vais pas te laisser seule dans cette grande ville hmm. » Birdie roule des yeux tout en secouant la tête. « J’ai pas cinq ans et j’ai presque grandi à Brisbane. » A moitié vrai. Elle a plus vécu dans son quartier de paria qu’à Brisbane – et Brisbane l’a plus meurtri en quatre ans que Elimbah en dix–huit. « Reste aussi longtemps que tu voudras d’ailleurs. Je suis pas pressé de travailler. » « J’avais cru le remarquer » qu’elle dit avec un léger sourire tout en faisant le tour d’un fauteuil pour s’y écrouler ; le confort du moelleux faisant du bien à son fessier meurtri par les onze heures de train. « Je suis la meilleure excuse du monde, à ce que je vois. Pour ça que je suis là ? » Et franchement, si elle peut rendre ce service, tant mieux. « Tu veux faire une sieste ? T’as l’air morte. » Birdie siffle en jetant la tête en arrière. « Waw. Tu sais comment rendre quelqu’un spécial, Asher. » Elle lâche un léger rire, qui se mélange à un léger bâillement maintenant qu’on a évoqué le sujet du sommeil. « On pourrait croire que la moitié d’une journée dans le train te rendrait aussi fraîche qu’une gamine mais apparemment non. » Elle penche la tête en regardant Asher. « Mais je veux pas dormir, je veux tout voir. Et c’est quoi, ce travail que tu commences ‘bientôt’ ? » qu'elle mime avec les doigts. S’il le lui a dit, alors elle a oublié. A vrai dire, elle est plutôt à côté de la plaque depuis un moment donc cela ne serait pas surprenant.

« Okay. »
« Ah oui? »
« Quoi ? »

Asher n’est pas comme elle. Il ne parle pas tant que ça. Il ne pose pas de questions – à part les gênantes, les absurdes, les inutiles. Et cela lui convient très bien, à Birdie. Cela aurait été quelqu’un d’autre, les interrogations auraient sûrement fusé. Surtout qu’Asher est bien placé pour savoir la proximité que peuvent avoir la petite Cadburn et son frère aîné. Mais Dan est toujours quelque part à aller chercher les étoiles, comme Malachi qui poursuivent leurs rêves, l’ambition de toute une vie. Elle observe Asher qui fait la même chose. Ils essaient tous à leur façon d’attraper les étoiles et Birdie frôle l’admiration dans le creux de ses prunelles. Ils veulent devenir quelque chose, quelqu’un, marquer le monde à leur manière, contrairement à elle qui vient s’échouer lamentablement chez son ami, en souriant, en faisant croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Sur le trajet, elle a failli dévier mille et deux fois au moins. Aller en terre inconnue, faire comme ses parents. Naviguer dans des lieux où elle ne connait personne. Mais Asher a un côté réconfortant. Peut–être pour cela qu’elle compte sur lui, qu’elle se repose sur lui, qu’elle lui fait confiance. Dan n’aurait pas été pareil. Son cadet est bien plus compréhensif et surtout, il ne pose pas de questions. « Je sais pas, j’ai rien fait encore. » Birdie aurait dû s’en douter. Elle croyait qu’il avait déjà trouvé quelque chose. A défaut de ne pas vouloir penser à ses propres soucis qui ne manqueront sûrement pas de lui revenir dans la face sous un effet boomerang assourdissant, la petite blonde s’occupera sûrement de la négation de la phrase du plus jeune. « Commence par les bars. C’est toujours un point de départ où tu peux pas te tromper. »

« Tu devrais dormir, comme ça tu profiteras de la soirée avec mes potes tout à l’heure. Ils vont venir ils vont faire du bruit en plus. Tu pourras pas dormir de toute façon. » Pour les avoir déjà vu de temps en temps, Birdie n’a aucun mal à le croire. « Y’a Trevor à qui t’a tapé dans l’oeil. Je te préviens que tu sois pas surprise. Il est du genre à se taper tout le monde. » Pourquoi sa gorge se serre, en même temps que ses phalanges sur l’accoudoir ? « Je lui ai dit que t’étais pas de ce genre là, mais il l’a pris comme un challenge je suis sûr. Je m’occupe de lui s’il t’emmerde trop hmm. Tu me dis. » Les muscles de sa mâchoire se scindent et Birdie se gifle mentalement ; elle a intérêt à s’améliorer si elle veut qu’Asher continue à ne pas poser de questions. T’es fatiguée, il te le répète depuis le début. Elle hoche la tête. « C’est gentil de me prévenir. Je n’ai aucun scrupule à rebrousser les chieurs et les lourds. » Elle a appris à le faire. Grandir trop vite, naïveté partie, quelque chose qui s’est éteint. Et un homme qui la voit comme un challenge n’est absolument pas quelque chose qu’elle a besoin. « Je vais aller me poser car j’ai pas envie de faire peur à tes potes si j’ai une tronche si effarante que ça. » Birdie se lève et pointe du doigt le couloir. « Tu me fais le tour, histoire que je me perde pas ? » Le ton ironique et le sourire qui va avec, elle veut juste profiter de sa compagnie encore un peu. La fatigue, toujours. Quand Asher lui aura montrer sa chambre, la petite blonde s’écroulera. Se raccrochant aux draps, s’imprégnant des oreillers, après avoir compté pour ne pas penser.

Elle ne veut pas décevoir les amis d’Asher. Ni son hôte principal. Pas si elle compte squatter pendant plusieurs jours.

« Right. » Le type de mots qu’on balance mais dont on sous–entendrait presque que c’est tout sauf right. Il n’y a rien de right, effectivement, et Birdie a la sensation qu’Asher a l’air de lire entre les lignes un peu trop bien pour son propre bien. Elle n’est pas là pour ressasser ce qu’elle a souhaité laisser à Brisbane, au contraire, elle veut entamer une nouvelle page de sa vie loin de tout ce bordel. Si Asher clôture ses lèvres, c’est tant mieux parce qu’elle aurait été obligée d’aller voguer ailleurs sinon. Cela serait triste parce qu’elle aime bien Asher et elle serait plus que ravie de découvrir cette ville qu’elle ne connait pas, outre les cartes postales de papa et maman quand ils étaient dans la région. « Allez viens. » Gentleman, le Buckley, pas comme son frère, ce qui la fait sourire, alors qu’il prend son sac pour la mener vers les tréfonds de l’appartement, dont la taille n’est pas du tout représentative de l’opulence dans lequel Asher a grandi et vécu pendant des années. C’est bien plus modeste, bien plus cozy aussi et au moins, Birdie n’aura pas peur de laisser une mèche de cheveux sur le sol ou de briser quelque chose par mégarde.

« Salle de bain. »
« Charmant. Belle hauteur du plafond. »
Elle sourit, elle s’en amuse de voir qu’Asher n’est pas comme Dan. Qu’il semble parfaitement heureux d’avoir son petit chez lui, loin de sa famille, en colocation, sans aucune prétention. A croire que Buck a tout aspiré tandis qu’Asher a pris toute l’humilité des deux. Le contraste est saisissant. Viens le tour de la chambre, pièce principale où Birdie rêve juste de s’écrouler sur le lit qui trône mais son ami a d’autres idées. « Viens voir. » Alors elle vient voir. Docilement, ce mot pouvant provoquer un nouveau frisson à sa colonne vertébrale, mais qui est vite évaporé quand ses prunelles claires se posent sur le paysage qui s’offre devant eux. « La plus belle vue. » « Woah. » On pourrait dire d’une gosse qui s’émerveille d’un rien et c’est exactement ce qu’il se passe. Birdie colle presque son nez contre la fenêtre, regardant la hauteur sous leurs pieds. « Mieux vaut pas avoir le vertige. » Elle jette un coup d’œil à Asher. « Une vue dont on prend vite goût. Ca te fait pas bizarre de passer de la vue de la mer à celle de la ville ? » Parce que la villa des Buckley en bord de plage, c’est radicalement différent de l’appartement à des milles lieux au–dessus de terre donnant sur du béton et le ciel infini.

Il en rigole un peu de sa question mais la réponse est rapide à venir. « Non. » Il n’a pas eu d’hésitation, Asher. Il n’a pas eu de second doute, sûrement. Il doit se sentir à sa place, chez lui, en pleine liberté de ses gestes et mouvements. Loin d’une famille que Birdie sait parfois envahissante. Elle a squatté assez souvent la large demeure des Buckley pour savoir que les parents ne sont pas comme les siens. Qu’ils font attention à leurs enfants, peut–être un peu trop. Asher n’a aucun regret dans sa voix, ni dans le fond de ses rétines. La petite Cadburn a le regard qui gratte un peu plus le ciel qui plane au–dessus tout en hochant la tête. « Tant mieux. » C’est tout ce qu’elle peut lui souhaiter. De se sentir à sa place quelque part. Une sensation qu’elle n’arrive plus à trouver depuis des mois maintenant. Ni à Brisbane, ni à Elimbah ni, et surtout, dans sa peau. A défaut de ne pas pouvoir se détacher de son enveloppe corporelle, Birdie tente la coupure avec sa ville natale. « Tout est beaucoup mieux ici. » Elle détend ses doigts sur le rebord de la fenêtre, la bleutée de ses prunelles chevauchant ses paumes, le paysage, à droite, à gauche, les grattes ciels, l’agitation si lointaine mais pourtant si proche. « Peut être que tu voudras plus repartir toi aussi. » Asher a le sourire aux lèvres et cela s’entend dans ses paroles. Elle hausse les épaules. « Me dit pas que Brisbane te manque déjà… »

« Non. » Ce n’est pas tant Brisbane qui lui manquera, mais certaines personnes qui y sont. Y a ses sœurs, son frère. Dan et Will aussi. Elle n’a pas prévenu qu’elle partait aussi loin. Elle ignore combien de temps elle restera. Elle n’a rien dit parce qu’elle ne veut pas les questions qui peuvent en découler. Des questions qui ont des réponses qui infligent bien trop de douleurs dans sa chair et son esprit, qui l’auraient forcément forcé à mentir. On le lui aurait reproché, personne n’aurait compris et Birdie se sentirait encore plus mal à l’arrivée. Ce n’est pas ce qu’elle souhaite. Alors le meilleur moyen d’y arriver, selon elle, c’est d’y couper court. « Ton invitation tombait à pic. » Vraiment, le timing n’aurait pas pu être plus impeccable. « J’ai besoin de voir autre chose. Mes parents ont fait le tour de l’Australie au moins dix fois et moi, je n’ai quasiment jamais quitté Brisbane. » A part pour aller à Sydney, pour y voir Malachi qui semble être le seul lien qu’elle souhaite conserver en l’état actuel des choses. Birdie soupire tout en passant sa main sur son visage, la fatigue sonnant de nouveau dans sa tête et dans ses membres. « Je compte sur toi pour une visite de la ville. » Elle sourit à son tour en relâchant son bras contre elle avant de se diriger vers le lit, d’où elle fait sauter ses chaussures, puis direction la tête sur l’oreiller, prenant l’autre contre elle. « Je suis contente que tu sois heureux ici, Asher. » Loin de tout, loin de leur monde, de leur ville, de sa famille. Il est dans le sien, il forme son propre avenir et en bonne amie qui se respecte, la petite Cadburn est véritablement ravie pour lui.