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 paisley bones (olivia)

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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyDim 27 Déc 2020 - 7:26

(fv logements) La journée qu’elle est en train de vivre s’apparente à un supplice des temps modernes. C’est un succession de tout ce que déteste le plus la jeune mère en ce monde et il ne manquerait plus qu’une attaque de zombies ou d’araignées géantes pour clôturer la journée en beauté. Du fait que, sur l’échelle des grades du commissariat, on ne prenne même pas encore la peine de la mettre sur la moindre marche que ce soit, Charlie sait qu’elle va devoir supporter les pires missions qui soient pendant quelques temps encore. Une part d’elle trouve ça risible qu’Olivia doive l’accompagner dans celle-ci au vue de son expérience, mais elle n’est pas suicidaire au point de le lui dire en face et elle veut encore moins lui faire part de son avis sur la question de peur de se retrouver avec un autre tuteur à sa charge. Olivia est ce qu’elle est (comprendre : terrifiante), mais la blonde ne voudrait pas avoir personne d’autre pour s’occuper de son apprentissage.

Éternellement égale à elle-même, elle se plaît pourtant à parfois jouer avec le feu, surtout lorsque ses nerfs lâchent et qu’il devient presque impossible de cacher son ennui le plus total. Soudainement armé d’un sourire stupide autant que fier, elle relève ses prunelles bleues en direction de celles de son aîné, un sourire mutin sur les lèvres. “T’aurais un stylo à paillettes ? Je tiens absolument à ce que mon premier rapport soit brillant.” Tout l’honneur revient à Brooklyn nine-nine et il faut avouer qu’elle garde cette blague en réserve depuis presque une année, elle espère donc qu’Olivia saura l’apprécier à sa juste valeur. L’instant d’après, pourtant, elle sait se reprend et utilise ses pieds posés sur la boite à gants pour se redresser entièrement contre le dossier de son siège. Elle a testé toutes les positions possibles, a joué avec le dossier, a reculé et avancé le siège, a fouillé le vide poche, a touché à tous les chewing gum coincés de parts et d’autres. Non, vraiment, ses enfants ne pourront rien lui apprendre en termes d’impatience et d’hyperactivité : elle aura déjà tout vécu avant eux.

Si elle souhaite voir grandir sa progéniture (même de loin), elle doit pourtant survivre quelques années de plus et pour cela, elle commence déjà le rétropédalage suite à sa blague quelque peu douteuse. Non pas qu’elle ne la trouvait pas drôle, loin de là, mais elle doute que l’inspectrice saura l’apprécier tout autant à son tour, d’où la grimace qu’elle esquisse déjà en fronçant le bout de son nez. “Souviens toi que tout le monde sait que je suis partie avec toi, tu serais la première soupçonnée de mon meurtre.” Sous entendu : ne me tue pas de suite, s’il te plaît. La prochaine étape sera de lui rappeler qu’elle a une vie à vivre et si cela ne suffit toujours pas, ce sera le moment de sortir la carte joker de ses enfants qu’elle a envie de voir grandir. Quoi qu’il en soit, après avoir épuisé son capital patience, voilà Charlie qui tente de faire passer le temps moindrement plus vite en parlant telle une pipelette. Elle brasse de l’air et rien de plus, mais au moins ça l’occupe. “Je suis pas restée une année sur les bancs de l’école tout ça pour m’asseoir ensuite sur les sièges d’une voiture pendant des heures.” Se plaindre fait aussi partie de l’éventail des sujets possibles et même si ce n’est pas une chose dont elle a l’habitude, Olivia doit bien se douter que c’est la seule raison pour laquelle elle n’arrête pas de gesticuler et de dire n’importe quoi. Fort heureusement pour tout le monde, elle a au moins passé l’âge des crises de larmes et des hurlements. Comme quoi, il faut toujours voir le positif.

Finalement, la dernière étape en revient toujours à remettre en question l’utilité de leur présence ici. A ce sujet, elle semble aussi avoir beaucoup de choses à redire et notamment le fait qu’attendre devant la maison de parents de deux frères cambrioleurs n’a rien mais alors rien d’une évidence. Pire encore, cela lui semble être totalement inutile. “On perd notre temps. Ils sont pas assez stupides pour retourner voir leur seule famille, ils doivent déjà être loin à l’heure qu’il est.” Ils sont peut-être stupides au point de se faire démasquer sur les lieux de leur braquage, mais ils ne peuvent pas accumuler tous les défauts qui soient. Non ?

@"Olivia Marshall" :l: + @Ezra Beauregard paisley bones (olivia) 1001340119
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyJeu 7 Jan 2021 - 19:36


Olivia Marshall & @Charlie Villanelle ✻✻✻ Je ne bougeais toujours pas, ne changeais pas plus de position, les omoplates calées au fond du siège, un œil extérieur sûrement prêt à jurer de son confort, à tort, tant mon dos demeurait droit, mes épaules relâchées, mon souffle mesuré. Le tic-tac du métal contre mon poignet s’occupait de marquer les secondes, les minutes qui ne tarderaient plus à se compter en heures sans que cela n’échappe aucunement à mon esprit, conscient de chacune d’entre elles depuis le début de notre garde. Je l’avais passée en grande partie la nuque appuyée contre l’appui-tête, le regard par-delà la vitre teintée, les battements de paupières lents et attentifs empêchant quiconque de confondre la concentration qui était la mienne avec une somnolence n’ayant pas lieu d’être. À mes côtés, ça s’agitait, gesticulait, brouillait même, sans qu’aucun soupir n’ait encore eu l’occasion de s’échapper d’entre mes lèvres pour ponctuer les siens. La vue était dégagée, pourtant, de notre position et Charlie en manquait la majeure partie, trop occupée à tenir l’inventaire de ce qu’elle n’avait pas encore dérangé à l’intérieur pour tenir compte de ce que nous révélait l’extérieur. Le boulevard, animé à cette heure-ci, plantait le décor de ce qui avait animé le méfait de deux individus, quelques jours plus tôt ; les passants nombreux et les lumières vives, les ombres sans destination et squattant les entrées d’immeubles, empêchant celles en ayant une de s’en extraire rapidement, obligées de les contourner, de marchander pour rejoindre la rue. Les silhouettes sans but plus nombreuses que celles en étant dotées de toute évidence, le déséquilibre frappant entre ceux n’ayant rien d’autre à faire que de retenir le temps et les autres n’ayant pas encore renoncé à l’ambition d’en précipiter le cours. Le spectacle urbain, banal de ce côté-là de la ville, ne m’empêchait pas de plisser les yeux en inspirant silencieusement, ma cigarette à peine entamée se consumant déjà à toute allure dans l’habitacle climatisé, l’aération poussée à son maximum dès les premiers instants pour tuer dans l’œuf toute revendication supposée m’enjoindre à limiter ma consommation. En échange, je m’appliquais à faire la sourde oreille aux geignements de plus en plus appuyés, aux cliquetis de plus en plus insistants de sa ceinture de sécurité et autres bruits parasites puisant dans mes réserves d’impassibilité.

Charlie avait demandé, et j’avais refusé. Elle avait insisté, et j’avais débouté. Je ne prêtais guère d’attention aux nouvelles recrues, pas plus qu’aux anciennes desquelles je n’espérais pas tirer quelque chose. L’astuce avait été la mienne toutes ces années durant et seyait à mon efficacité plus qu’à ma réputation ; prenant garde à maintenir la distance nécessaire entre moi et toutes les autres planches jalonnant ma route, les transitoires plus encore, m’épargnant ainsi d’avoir à supporter le désabusement éprouvé lorsque, sans surprise aucune, les plus faibles ou les plus gangrenées finissaient par s’écrouler. Mais Charlie avait persisté, et j’avais haussé les épaules, l’absence de négation ou de désaccord appuyé finissant de sceller le tout dans son esprit comme le mien, amusé sans chercher à le cacher de la détermination du premier. Parviendrait-elle à le discerner de nouveau, l’amusement n’éclairant pas mon regard lorsque le sien vint finalement l’attraper pour ne plus le lâcher ? Je laissais l’olive de mes iris tourner résolument au cendré, le bout iridescent de ma cigarette apparaissant et disparaissant par intermittence entre mes doigts comme seul indice de l’attention que je lui accordais enfin. « T’aurais un stylo à paillettes ? Je tiens absolument à ce que mon premier rapport soit brillant. » Son sourire s’accentuant n’éveilla pas le mien que je calculais bien autrement, refusant de lui montrer mon contentement de l’entendre, enfin, évacuer cette réplique de son système. Plusieurs minutes déjà que je devinais ses lèvres se mouvoir et son corps se tordre dans tous les sens. Elle s'était montrée attentive, Charlie, au moment le plus adéquat pour sortir sa plaisanterie, presqu’autant que je ne l’avais été à ne jamais le lui fournir, le risque trop grand d'ouvrir ainsi la brèche par laquelle son stock tout entier finirait par se déverser. Elle venait de remporter la partie, je pouvais lui reconnaître. Celle-ci et uniquement celle-ci néanmoins alors qu’elle semblait ne se rendre compte qu’à présent de toutes celles qui lui restaient à braver. « Souviens toi que tout le monde sait que je suis partie avec toi, tu serais la première soupçonnée de mon meurtre. » La fumée de ma cigarette stagnant une seconde entre nos deux visages sembla permettre à un sourire en coin d’enfin faire son apparition aux commissures de mes lèvres. « Je tiendrai le coup à l’interrogatoire. » Et si cela ressemblait à une menace, c’est que cela s’en rapprochait, mon regard pourtant détourné l’instant d’après, traversant la rue pour retrouver l’immeuble aux volets délavés et à la façade tagguée.

« Je suis pas restée une année sur les bancs de l’école tout ça pour m’asseoir ensuite sur les sièges d’une voiture pendant des heures. » « Rien de ce que t’as fait jusqu’à présent ne ressemble à s’asseoir. Tes ambitions sont sauves. » Ce n’était pas ma voiture et ce n’était donc pas mes sièges qu’elle était en train d’enfoncer en y appuyant ses pieds pour se redresser ; il s’agissait bien là de l’unique raison m’empêchant de prononcer ces mots sur un autre ton que celui-ci, vague et mordant. Je la comprenais également, et cela suffirait comme deuxième raison recevable m’intimant de ne pas la réprimander autrement. Qui étais-je pour cela, après tout ? Son mentor ? Pas si vite, non. « On perd notre temps. Ils sont pas assez stupides pour retourner voir leur seule famille, ils doivent déjà être loin à l’heure qu’il est. » Ça, par contre. Ça grinçait plus que le reste à mes oreilles, mes paupières cillant à peine tandis que je prenais tout de même le temps de finir ma dernière latte, profitant de ses ultimes saveurs contre mon palais avant de lâcher le mégot au fond de ce qui avait été, autrefois, un café pas assez noir. « Ils viendront. » Je me décidais finalement à me mouvoir, tendant le bras pour attraper les feuillets du dessous de ma veste, à l’arrière. J’en dégageais une du lot plus particulièrement, retranscription de la mise sur écoute des téléphones du duo, silencieux depuis, ayant tout de même permis d’intercepter les échanges entre le cadet et la mère. « Ils ne sont pas si malins que ça. » Ils ne l’avaient pas été en prenant le temps de se congratuler sur les lieux du crime, la tension relâchée cinq secondes à peine à coup de claques dans le dos et de coups de poings de joie, cinq secondes de trop pour la reconnaissance faciale. Ils ne l’avaient pas plus été en n’imaginant pas qu’un mandat pour écoute serait si rapide à obtenir ; s’il avait été obtenu au moment de cet échange. J’observais Charlie en parcourir le contenu un instant avant de me pencher pour attraper le paquet de chewing-gums qu’elle avait fini par délaisser. « Si tu pensais le contraire jusqu’à maintenant, c’est un problème. Non pas parce que tu ferais perdre du temps au service, mais parce que c’est à moi que tu en ferais perdre. » Le premier ne l’avait pas attendu pour s’enliser dans les démarches inutiles, la seconde prit le temps de sentir la menthe claquer sous sa langue avant d’hausser un sourcil, l’inquiétude étudiée, volontairement mal jouée quoique monotone. « Dis-moi que tu ne me fais pas perdre mon temps, Charlie. » Que faisait-elle là si elle ne croyait pas en l’utilité de sa présence ? L’obéissance à un ordre auquel elle n’accordait aucun crédit ne rentrerait pas dans les faveurs que j’étais prête à lui accorder ; elle le savait déjà ou s’en doutait, osais-je espérer, pour m’avoir sollicitée.



solosands
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyDim 31 Jan 2021 - 19:29

L’une ne sait faire autre chose que de bouger alors que l’autre reste éternellement calme et immobile. Distinguer qui est qui n’a rien de sorcier et personne n’aurait même besoin d’avoir la scène sous les yeux pour départager les deux femmes. Si la plus jeune se plaît parfois à tâter les limites de la patience de son aînée, elle sait pourtant toujours quand s’arrêter avant de commettre l’irréparable et déjà se voir privée de tout ce qu’elle pourrait lui apprendre. Voilà donc la seule raison pour laquelle ses pieds rejoignent le sol et son dos le fond du siège. Enfant vexée, elle ne manque pas de retrousser ses lèvres alors qu’elle jette un bref regard  à Olivia. Ainsi donc, elle préfère laisser le sujet de conversation (conversation qu’elle vient de débuter, ne vous méprenez pas) dériver vers l’affaire sur laquelle elles sont en train de travailler plutôt que d’évoquer de nouvelles blagues vaseuses sorties de nulle part. « Ils viendront. » Charlie est bien plus attirée par les bruits de papier froissé que par les mots de sa partenaire, raison pour laquelle ses yeux se posent plutôt sur les sièges arrières que sur le visage de la jeune femme. Pourtant docile, elle lit les documents des retranscriptions dès qu’ils se retrouvent entre ses mains novices. « Ils ne sont pas si malins que ça. » La blonde aurait plutôt fait volte-face pour dire qu’ils sont finalement totalement stupides mais elle se veut plus diplomate, ou en tout cas moins stupide. De telles transcriptions ne s’étaient pas trouvées entre ses mains avant aujourd’hui et elle s’énèrve mentalement de ne pas pouvoir avoir accès à tous les dossiers du fait de son statut. Peut-être qu’elle aurait pris l’affaire plus au sérieux - sans doute qu’elle se serait davantage moquée d’eux encore. Les lui faire passer entre les mains a au moins pour mérite de détourner toute l’attention de la jeune femme sur la lecture. A aucun moment elle ne repense à ses plaintes et à l’attente affreusement longue puisqu’enfin on la traite comme une personne responsable et non pas une bleue à peine sortie de l’Académie qui ne sait rien du monde.

Et ils n’ont pas tort de la considérer ainsi, en réalité. Elle vaut bien plus que ça, mais elle n’est rien de plus pour le moment encore, ce qu’Olivia lui rappelle douloureusement. « Si tu pensais le contraire jusqu’à maintenant, c’est un problème. Non pas parce que tu ferais perdre du temps au service, mais parce que c’est à moi que tu en ferais perdre. » Elle n’a rien à voir avec elle. Elle est la personne qu’elle aspire à être, certes, mais entre ses rêves et la réalité il existe un gouffre. Sous ses blagues douteuses et son impatience enfantine, Charlie craint pourtant plus que tout que personne ne sache voir en elle son potentiel et se contente de la voir comme une petite blonde écervelée. De tous les regards, celui d’Olivia est celui qui importe le plus, à tel point qu’elle ne pense même pas à répondre avec ironie ou tout simplement en rigolant. Non, elle ne fera perdre de temps à personne, ni au service, ni à elle. « Dis-moi que tu ne me fais pas perdre mon temps, Charlie. » Ses yeux bleus quittent les dossiers pour se poser sur le visage de la brune. Elle la voit de bien des façons différentes et bien qu’elle la craigne parfois (ou ses réactions et son pouvoir, en tout cas) elle n’a pourtant pas peur d’elle. Beaucoup diraient que c’est la même chose et Charlie les regarderait à son tour avec un regard noir, le genre qui ne servirait à rien face à la Marshall. “Non.” Ni aujourd’hui ni demain, elle ne fera perdre de temps à personne et surtout pas à elle-même. Cette affaire n’est sans doute pas celle qui fera d’elle quelqu’un mais c’est une expérience comme une autre, et jamais elle ne voudrait nier l’importance d’en acquérir.

A défaut de lui faire perdre son temps, elle peut au moins l’occuper. La blonde pense avoir aperçu une brèche et elle ne peut faire autre chose que tenter de s’y faufiler, désormais. “C’était quoi ta première affaire ?” Elle ne voit pas Olivia comme un modèle absolu à suivre mais cela ne l’empêche pas de trouver intéressant ce genre de sujets. Elle profite aussi de leur isolement temporaire pour s’aller à ce genre de curiosités, lesquelles personne n’aurait osé demander autrement. Charlie se pense, sans aucun doute à tort, être l’élue au milieu de la foule et elle tente donc de savoir ce qu’elle pourrait y gagner (apprendre) en plus des regards noirs qui n’aident pas réellement. “Et quand est ce que tu as décidé que c’est ce que tu voulais faire ?” Savoir quand et comment tout a commencé, c’est encore ce qui intéresse la bleue en elle qui peine à découvrir l’envers du décor du monde qui les entoure. Promis, pourtant, elle garde désormais les yeux posés sur le boulevard et la maison qu’ils surveillent en priorité. Elle continue de faire son métier parce que malgré tout ce qu’on peut bien lui reprocher, elle ne cherche qu’à être un bon flic. Ou stagiaire, en tout cas, mais vous avez compris. Ce n’est pas parce qu’elle est curieuse qu’elle n’est que ça.
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyDim 7 Fév 2021 - 17:05


Olivia Marshall &  @Charlie Ivywreath ✻✻✻ Les planques de ce genre n’avaient malheureusement plus rien de nouveau après quelques années d’exercice. La police n’y était pour rien, néanmoins, dans l’apprentissage de la patience et la persévérance dans l’ennui lorsque l’armée s’était chargée, à une autre vie de celle-là, de m’inculquer l’importance de l’endurance et la résistance à l’immobilisme. Les embusquées à l’ombre, sous une chaleur de plomb, se rappelaient encore à ma mémoire dans ces moments-ci et le souvenir des reflets au vent des fils de toile d’araignée se tissant au canon de mon fusil armé continuait de me faire relativiser face au confort certain de notre position actuelle. Je m’étais pourtant abstenue de tout commentaire jusqu’à présent face à l’impatience de mon binôme auto-désigné. Demeurant consciente que le silence, pour moi éternellement familier, puisse se révéler pesant chez les non-initiés ou les jeunes âmes encore fougueuses et avides de sensations fortes, je ne cherchais pas à la décourager d’emblée en soulignant le fait que ces dernières ne nous honoreraient certainement pas de leur présence aujourd’hui. Serait-ce une raison pour elle de déclarer forfait, d’ores et déjà ? De se laisser abattre, se servant de cette déconvenue somme toute prévisible pour abandonner ce qu’elle ne faisait que débuter ? Je m’en enquérais avec un détachement à peine feint, moins pour elle que pour moi pour être honnête, la réponse m’intéressant tout de même suffisamment pour que mon attention lui reste dédiée le temps de sa venue. « Non. » Claire et simple, monosyllabique même sans que cela ne me dérange aucunement bien au contraire lorsqu’en ce non semblait résider une justesse des plus sincère que j’eus envie de saluer. Non, cela m’allait. Non, cela me confortait dans l’opinion que je commençais à peine à me forger sur la jeune femme, celle que je n’avais pas encore pris la peine de lui partager mais à laquelle je restais tout de même attentive en mon for intérieur.

L’association était étrange aux premiers abords, son allure ne se conformant pas à ce qui semblait être devenu mon univers, j’en étais consciente. Son visage était fin, son parfum léger et ses yeux ne paraissaient jamais se départir de cet éclat juvénile qui, j’en étais persuadée, demeurait autant authentique qu’il semblait par moments étudié. Charlie souriait et faisait sourire, riait un instant pour s’agacer celui d’après, paraissait capable de s’agiter et d’agiter son monde sans donner l’impression de se fatiguer et retenait mon attention car derrière cet aura charmeuse et charmante, je préférais encore m’attarder sur le talent certain dont je la pensais pourvue de dégager cette sensation de fragilité autant que de force. La finesse m’intéressait, l’ambivalence également ; les deux couplées à l’intelligence de ne les révéler qu’aux moments opportuns et aux personnes qu’elle semblait juger méritantes finissaient de piquer mon intérêt sans que celui-là ne s’exprime encore autrement que par mes pupilles acceptant de délaisser le noir par instants pour s’ambrer et se faire résine, semblable à la sève débordant des arbres sur le point de succomber ; s’attendre à plus aussi tôt eut été utopique. « C’était quoi ta première affaire ? » Sa voix attira mon attention sur le point de lui échapper, mon regard se contentant pourtant de se cristalliser où il se trouvait de nouveau, de l’autre côté de la rue dont l’inactivité demeurait constante, presqu’inaltérable. « Et quand est ce que tu as décidé que c’est ce que tu voulais faire ? » Laquelle des deux questions, Charlie ? Les réponses ne découlant aucunement l’une de l’autre, je laissais échapper une moue peu perceptible en cherchant du regard le paquet de cigarettes que je venais pourtant à peine d’éloigner ; à ce stade, je craignais déjà, autant pour moi que pour elle, d’en manquer sous peu et je soupirais à l’idée de devoir me raisonner et d’espacer mes recharges en nicotine. Il y avait bien Charlie, à la place. Charlie et ses questions toutes désignées à occuper le temps et l’esprit d’autre chose qu’une addiction n’ayant plus rien de maîtrisée. Elle ne le faisait pas pour moi de toute évidence mais l’idée de m’en détourner par seul esprit de contradiction me paraissait plus incohérent qu’obstiné et si j’acceptais au quotidien de me rendre coupable du deuxième, ma clémence demeurerait inexistante à m’affubler du premier.

Un regard dans le rétroviseur à ma gauche pour le réflexe et la dernière assurance de ne me détourner de rien de plus important et je finis par dérouler lentement mes épaules au fond du siège, songeant une minute non pas à ce qu’elle désirait savoir mais à ce que je désirais lui répondre, comme à mon habitude. « Avant-poste d’Uzbin, à quelques dizaines de kilomètres de Kaboul en 2008. C’est le lieu et le moment où j’ai su que je ne renouvellerai pas mon contrat à l’armée. » commençai-je simplement, le calme de mes inflexions ne reflétant en rien le désordre du souvenir convoqué. De l’embuscade de ce jour-là, je me savais capable de me remémorer de chaque instant si je le désirais. Il n’y avait pourtant que la finalité qui me revint en mémoire, la scène peinte de la grisaille du décor chaotique, le ciel bas et le paysage en deuil, les corps trop nombreux pour être comptés d’un seul coup d’œil, la différence impossible à faire entre les ennemis et les alliés, ceux que nous avions abattus de ceux qui s’étaient fait abattre, que l’on connaissait tous et que l’on ne reverrait jamais plus autrement qu’ainsi. Pour l’opinion publique, ils ne resteraient qu’un nombre énoncé aux nouvelles du soir, oublié à celles du lendemain. Voilà ce qui faisait la force de l’armée, océan d’uniformes sans noms et sans visages dans une mer de poussière, les disparus n’influant en rien sur l’image finale que l’on vendait au monde. On ne pouvait pas abattre un uniforme, on ne pouvait pas éteindre un nombre ; si nous demeurions tous anonymes, nous n’étions pas ciblés, pas en danger. Il fallait leur dire ça, à eux qui n’étaient plus là pour s’en offusquer. Il fallait leur dire ça, pour se rendre compte qu’ils approuveraient comme au premier jour, prêts à signer de nouveau pour connaître la même fin. « J’ai aussi su que je ne me voyais pas faire quelque chose d’autre qui ne serait pas capable de me faire ressentir le tiers de ce que j’ai ressenti ce jour-là. » Je nuançais déjà, alors. Car il avait fallu cela pour expliquer la suite du parcours qui avait été le mien : oublier l’écartèlement inutile mais propre à l’homme entre ce que ce dernier croyait être et ce qu’il désirait devenir, réaliser à la place qu’il ne nécessitait parfois que de planter ses vanités sur l’échafaud pour demeurer soi-même, simplement. J’étais soldat, en devenant policière. Je n’avais abandonné aucun idéaux avant d’en trouver de nouveaux, et je haussais finalement les épaules en retrouvant le regard de la jeune femme. « J’ai rien choisi, c’est l’armée qui a décidé pour moi. C’est ce que je me suis répété en tout cas, pour passer outre le désenchantement des premiers cas. » Les premières affaires, donc, sur lesquelles revenir ne me semblait rien apporter de plus que ce qu’elle était déjà en train d’expérimenter ; l’attrait du nouveau mais la sensation de n’être qu’une petite main dans une poigne rodée. « Il faut ça parfois, pour faire le tri entre ceux qui dureront et ceux qui n’auront fait qu’essayer. » laissais-je échapper dans un sourire discret et presque conciliant, arquant un sourcil alors que je décidais de lui retourner la pareille, alliant malice et intérêt : « Tu as déjà décidé ce qui te ferait tenir, toi ? »



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Message(#)paisley bones (olivia) EmptySam 13 Fév 2021 - 8:32

Les yeux de Charlie sont bien plus à l’aguet du moindre geste de sa collègue que de la rue qu’elle est supposée surveiller. Elle s’attend à recevoir ses foudres à chaque instant, pour une infinité de raisons qu’elle ignore elle-même. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle craint Olivia puisque ce n’est pas le cas et le terme est bien trop maladroit pour pouvoir être associé à leur duo inattendu, mais elle sait au moins qu’elle est en train de se forger son avis sur la Villanelle à la suite de chacun de ses mots et de ses gestes. C’est une tâche que personne ne lui a donné et c’est sans aucun doute la plus importante, pourtant. Elle a besoin d’être placée sous l’aile d’Olivia pour avoir assez de motivation pour les longs mois de stage à venir et elle sait que la trentenaire est la seule à pouvoir jouer tous les rôles dont la blonde a besoin auprès d’elle. Elle ne demande pas une grande soeur, simplement une personne assez présente et tantôt prête à fermer les yeux, tantôt intransigeante. Ne pas savoir quelle sera la réaction de sa collègue après chacun de ses gestes a toujours quelque chose d’enivrant.

La question, donc. L’attitude de la Marshall lui laisse penser qu’elle se détend et à défaut d’en faire autant, cela permet au moins à la plus jeune de souffler un peu plus aisément. « Avant-poste d’Uzbin, à quelques dizaines de kilomètres de Kaboul en 2008. C’est le lieu et le moment où j’ai su que je ne renouvellerai pas mon contrat à l’armée. » L’avantage de ses études repose aussi dans le fait qu’elle sait instinctivement ce dont il est question. Elle se souvient que “avant-post d’Uzbin en 2008” rime avec “embuscade” et quand bien même la date exacte des faits lui est sortie de l’esprit, cela ne l’empêche pas d’en avoir un souvenir plutôt précis. Il y a pourtant un monde entre le fait de noter la mort de dizaines de personnes sur un bout de papier ou un coin de page d’un traitement de texte et le fait de réellement le vivre ou, à défaut, en entendre le récit des survivants. Charlie cesse de gesticuler et de jouer à l’enfant parce qu’elle ne veut pas la gêner dans son récit alors qu’elle a déjà capté l’attention de la plus jeune. Beaucoup de bruits courent à propos d’Olivia mais il est souvent difficile de démêler le vrai du faux, même en le lui demandant les yeux dans les yeux. A cet instant, pourtant, Charlie est certaine qu’il ne s’agit pas d’un mensonge. Elle est réellement en train de répondre à la première question posée, sans même avoir tenté de la fusiller du regard avant ça. « J’ai aussi su que je ne me voyais pas faire quelque chose d’autre qui ne serait pas capable de me faire ressentir le tiers de ce que j’ai ressenti ce jour-là. » Le reste du monde ne comprendrait sûrement pas mais Charlie, même avec sa sensibilité exacerbée, en est capable. Elle peut comprendre pourquoi l’adrénaline ressentie à cet instant peut encore hérisser les poils des bras de la brune et pourquoi, en plus de possiblement en faire des cauchemars, elle rêve parfois d’y retourner - et ce n’est sûrement pas seulement pour corriger certaines erreurs tactiques ou humaines qu’elle a pu commettre. Dans la vie civile, personne ne vit jamais ce genre d’instants. A l’armée, loin d’être leur quotidien, c’est pourtant une chose bien plus commune. La guerre est ce qu’elle est. Charlie ne rêve pas de prendre part à l’une d’elles mais en entendre les récits la passionne toujours autant, surtout lorsqu’ils proviennent d’Olivia et sont si succins : ils laissent place à l’imagination. Et Dieu sait qu’elle en est dotée. « J’ai rien choisi, c’est l’armée qui a décidé pour moi. C’est ce que je me suis répété en tout cas, pour passer outre le désenchantement des premiers cas. » C’est une première impression que la blonde ne peut que comprendre puisqu’elle est justement en train de la vivre en ce moment même. Elle a beau se répéter que tout le monde est passé par là avant d’arriver où ils sont aujourd’hui, cela ne l’empêche pas de trouver que les aiguilles défilent désormais bien plus doucement sur sa montre. Ne parlons même pas des minutes sur son téléphone. L’écran semble figé. “Tu as eu peur ? Tu as perdu des amis, ce soir-là ?” Les questions sont trop indiscrètes, elle le sait déjà, mais pusiqu’Olivia est en train de changer de sujet, elle ne veut pas perdre l’occasion d’en savoir plus à ce propos. L’occasion ne se représentera sûrement jamais et peu importe ce qu’elle pourrait dire, cela ne changera pas l’avenir que la blonde s’imagine pour elle-même. Cela pourrait cependant changer sa vision de ce dernier et l’implication qu’elle émettra. En réalité, cela pourrait effectivement tout changer. Il est plus facile de questionner Olivia que sa propre famille, même si son oncle sait lui aussi ce que c’est que de tenir une arme entre les mains et de pouvoir appeler ça son travail.

Ce n’est qu’ensuite qu’elle laisse son attention se reposer sur les débuts d’Olivia dans la police et ses premiers cas. « Il faut ça parfois, pour faire le tri entre ceux qui dureront et ceux qui n’auront fait qu’essayer. » La blonde hoche de la tête, aussi pensive que sérieuse. Elle n’aurait pas pensé à une telle chose mais cela ne l’étonne pas non plus puisqu’en réalité, tout coule de source. Ses yeux perdus dans le vide ne prennent pas garde à ce que peut faire sa collègue, que ce soit son sourire relevé ou son sourire arqué. « Tu as déjà décidé ce qui te ferait tenir, toi ? » Charlie n’y a jamais pensé, en réalité. Elle est entrée dans la police parce que c’est ce qu’elle avait envie de faire et elle a persisté parce que l’échec n’est pas une possibilité envisageable. Même si elle s’était soudainement prise d’intérêt pour autre chose, elle n’aurait pas lâché la police. Obstinée qu’elle est, quitte à passer à côté de la vie qu’elle veut. Fort heureusement, ce n’est pas le cas, et après s’être octroyée quelques maigres secondes pour réfléchir, elle répond rapidement. “Mes enfants.” Pas l’adrénaline, pas l’envie d’aider son prochain, pas le besoin de rendre les rues plus sûres, pas le souhait d’être une bonne citoyenne. Il y a de tout ça, en réalité, oui, mais pas que. A moindre échelle, en tout cas, parce que ses jumeaux sont la priorité absolue dans son cœur. Si elle le fait, c’est pour qu’ils soient fiers de leur mère et qu’elle puisse leur prouver avoir réussi dans la vie même si elle a parfois fait des choix hasardeux et s’est trompée de chemin à emprunter. Cela ne la définit pas ; pas comme son rôle dans la police le fera. La mâchoire serrée, elle a perdu de sa jovialité et mime désormais de surveiller la rue. Ses pensées sont ailleurs, elle ne remarque même pas les voitures ou les passants qui se faufilent dans son champ de vision. “Pardon.” Son regard repasse fugacement sur celui de sa collègue dont elle connaît à peine le passé familial compliqué. Là encore, ce ne sont que des bruits de couloir. Ils ont l’air bien plus ancrés dans le réel que tout le reste, pourtant, et Charlie n’a pas la moindre envie de remuer le couteau dans la plaie alors qu’il s’agit de parler enfants. Pour une fois, elle est d’accord pour changer hâtivement de sujet. "Ça fait presque trois ans que je vois les allers et retours de tout le monde, au poste. J'ai besoin de me sentir utile et maintenant, n'importe quel autre métier me semble vide." Inutile, superflu, futile. Elle voulait être journaliste, avant, mais même ça ne lui semble plus aussi rocambolesque qu'elle avait pu le croire durant son adolescence. Elle veut être au coeur de l'action et prouver que sous ses airs de petite Barbie facile à briser, il n'en est finalement rien. Ce sera long et difficile, elle l'anticipe déjà, et c'est sûrement la partie du plan qui lui donne le plus envie de s'investir. "Tu n'as jamais regretté d'avoir quitté l'armée ?" Question d'une jeune femme qui change d'avis comme de chemise.
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyDim 21 Fév 2021 - 15:54


Olivia Marshall &  @Charlie Ivywreath ✻✻✻ « Tu as eu peur ? Tu as perdu des amis, ce soir-là ? » À la première question, je ne laissais l’occasion à aucun indice de surface de se manifester, la façade intacte et l’absence de surprise quant à la teneur de l’interrogation de la jeune femme me permettant de la préserver ainsi. Ce n’était pas la première fois que je l’entendais, pas la dernière non plus où je me contenterais d’un silence pour taire ce qui ne valait pas la peine d’être entendu, ce que je ne m’expliquais pas toujours, ce qui ne devrait certainement pas devenir un étalon auquel se comparer, une norme enviable pour réussir à son tour ; réussir à quoi ? À survivre ? Ça ne me paraissait pas en être le secret, au contraire. Pourtant, je n’avais rien d’autre à lui proposer si je désirais m’obliger à la sincérité que Charlie me donnait étonnamment le sentiment de mériter. Je n’avais pas eu peur, non. Pendant, je ne me souvenais pas avoir jamais eu peur. Cela me paraissait explicable avec le recul, justifiable en plus d’avoir été nécessaire à chaque imprévu traversé lors de ces anciennes missions. Tu sais Charlie – mais elle ne savait pas – quand le tout s’effondre, tu n’as plus le choix. Tu défends ta zone. Tu protèges les tiens. Tu tentes de rester en vie toi-même, simplement pour pouvoir continuer à honorer ces deux premiers devoirs. Ce genre de réalités était difficile à traduire à autrui, impossible à conscientiser pour quelqu’un n’ayant jamais connu une zone de guerre. Charlie, elle, n’était pourtant plus une civile ou se destinait tout du moins à devoir faire face, à une moindre mesure, à des situations du même acabit. Méritait-elle d’obtenir une réponse, même quelconque, à une interrogation somme toute légitime ? Certainement. Je n’aimais pourtant pas le regard qu’elle me portait en attendant la mienne, chargé de quelque chose que je ne m’expliquais pas encore totalement, empreint d’appréhension mais me donnant pourtant l’impression que chacun de mes mots lui servirait de jauge applicable à elle-même ou de palier à atteindre. Et puisqu’ayant décidé que je ne lui mentirai pas, sur cette question, je m’abstins alors de tout commentaire. L’absence de peur ne la protègerait en rien et ne l’avait jamais fait pour quiconque. Ils avaient été trop nombreux en effet ce jour-là, à penser le contraire ; et ce, du camp adverse plus encore. « Ils en ont perdu plus. » Le ils vague, tranchant et destiné à n’englober que les ennemis connus de tous lorsque pour les civils ayant également tristement succombé à ce que nous n’avions pas été capables de voir venir, je n’aurais jamais songé à habiller ma voix d’une telle pointe de sévérité caustique. Ils en avaient perdu plus. Sinistre à penser mais seule factualité nous ayant permis à tous de continuer, de repousser, puis de nous en sortir. S’attarder sur nos disparus corrompait les pensées, aiguillonnait la peur et enlaidissait la débâcle déjà colossale. Le salut résidait dans l’équilibre à ne jamais leur accorder, dans le combat qui devait continuer et l’engagement à jamais constant pour qu’aucune de nos pertes ne soit jamais vaine.

C’était ainsi que cela marchait là-bas et ici que tout paraissait plus vaste, plus inconcevable voire inexprimable. Les aspirations différaient dans ce monde-ci et pour chaque individu surgissaient de nouvelles ambitions et de nouveaux moteurs qu’il me paraissait indispensable de deviner et de connaître pour en comprendre le porteur ; le déchiffrer comme première étape uniquement lorsque succédaient à cette dernière celles de le sonder, de le résoudre, de le manier s’il le fallait. Je me limitais à la première avec Charlie pour l’instant, décidant apparemment que s’il me fallait répondre à ses interrogations, je ne doutais pas de sa capacité à en faire de même avec les miennes. « Mes enfants. » Ses enfants donc ; je l’ignorais mère, encore moins de plusieurs mais j’acquiesçais silencieusement avec le même naturel dont elle semblait avoir doté sa réplique. Bien entendu qu’il n’y avait pas à réfléchir. Bien entendu également que je mesurais la chance qui était la sienne de connaître ce genre d’évidences supplantant toutes les autres. Et bien entendu, enfin, que je le vis ce regard qu’elle me lança l’instant d’après, discret mais porteur du gouffre dans lequel tout parent paraissaient chuter en réalisant ce qui leur avait échappé, et à qui. « Pardon. » Je récusais ses excuses d’un simple signe de tête évasif, ne détournant pas mes prunelles des siennes qu’elle n’avait pas à teinter d’autant d’hésitation ou de trouble. « Il n’y avait pas de mauvaises réponses. » Aucune qui n’aurait décidé de son avenir au sein de la police tout du moins, les rangs de cette dernière étaient bien trop éclectiques pour prouver le contraire. De nombreuses néanmoins qui auraient pu influer sur l’attention que je désirais ou non continuer à lui porter. « Celle-là en est une très bonne. » Et si cela résonnait aussi sincèrement dans l’habitacle, c’est sans doute que cela l’était, foncièrement et sans réserve aucune. Je comprenais plus qu’elle ne le pensait à quel point les enfants décidaient de nos aspirations autant que nous désirions les laisser libres des leurs, influaient sur nos vies autant que nous étions prêts à mourir pour la leur. Je décidais pourtant de ne pas en dire un mot de trop sur l’instant, et puisque la fumée se devait continuer d’être l’élément le plus représentatif de mon essence au travail, je la laissais étouffer le sujet en me joignant à elle, le bout de ma cigarette rougeoyant sous la flamme d’une allumette trop vite éteinte.

« Ça fait presque trois ans que je vois les allers et retours de tout le monde, au poste. J'ai besoin de me sentir utile et maintenant, n'importe quel autre métier me semble vide. » J’appréciais cela, le fait de ne pas réussir à déceler en elle la moindre ébauche de détachement dont je prenais de toute façon le monopole entier ou de contentement prématuré quant au fait d’en être arrivée là, les examens en poche et l’impression déjà d’avoir gagné le droit de se reposer sur les quelques lauriers dûment amassés. Il n’en était rien et je reconnaissais en elle l’envie et le besoin de se prouver constamment, de bousculer l’ordre instauré dans une identité professionnelle qui ne devrait jamais, ô grand jamais, risquer de devenir morne, stérile ou pire, incompétente. « C’est le tien maintenant. » Après presque trois ans, elle méritait de l’entendre. Il lui en restait de nombreuses pour tâcher de s’en souvenir chaque jour et la dizaine d’années d’avance que je possédais sur elle ne m’épargnait en rien de cette réflexion, qu’elle en soit consciente. « Tu n'as jamais regretté d'avoir quitté l'armée ? » Je haussais un sourcil, plus amusée par la persévérance de sa curiosité qu’autre chose. Je l’avais laissée s’emparer d’un fil de toute évidence, elle ne le lâcherait pas tant que je ne me déciderais pas à le sectionner et que la pelote continuerait de dérouler. « Et manquer l’action qu’on est en train de vivre ? Jamais. » Je raillais facilement, trop pour qu’elle n’y soit pas désormais habituée et je pris le temps d’ajuster ma position dans le siège, jetant une nouvelle œillade dans le rétroviseur, avant de répondre : « Je ne sais pas si on la quitte jamais réellement, tu sais. » Et si elle ne demeurait pas, pour des années encore et sans doute toute une vie, une balise autant qu’un code. En la quittant, sans doute m’étais-je permis de gagner des droits sur ce dernier, d’en modeler des lignes et de m’arranger avec sa rigueur ; il demeurait, pourtant. « Mais ça n’a jamais été un compromis, j’en fais rarement. » Jamais n’avais-je songé à cette décision comme une conciliation, encore moins un regret. La vie civile m’avait apporté tout ce que je n’avais jamais su vouloir, tout ce que je n’aurais jamais pu abandonner ; mon mariage, ma famille. Je la quitterais une deuxième fois, suivie d’une infinité d’autres, si à cette décision s’ensuivait tout ceci de nouveau, jusque dans les ravages. Je retrouvais le regard de Charlie, son visage aux contours s’effaçant presque derrière la cigarette toujours fraîchement allumée que j’abaissais finalement. « Si tu avais pu choisir, sur quel genre d’affaires aurais-tu rêvé d’être affectée en premier ? » Une où elle n’aurait pas à développer une résistance pourtant nécessaire aux jambes fourmillantes et aux articulations endolories, cela me paraissait évident. Mais encore ?



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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyLun 1 Mar 2021 - 9:43

L’absence de réponse signifie qu’elle a eu peur, non ? Qu’elle était même terrifiée, peut-être ? Charlie ne le saura sûrement jamais et elle ne reposera pas la question non plus. Sur d’autres sujets, elle aurait pu être un disque rayé mais celui-ci est bien différent et, empathique, son but n’a jamais été de faire revivre à la brune des souvenirs sans doute douloureux. Le fait qu’elle ait eu peur ne change pas le regard qu’elle lui porte ou le fait qu’elle la porte ô combien en estime ; cela ne fait même que renforcer ses idées à ce sujet, surtout alors qu’elle se contente d’extrapoler une conclusion de là où personne ne lui a même donné aucune réponse. Si elle le fait elle-même, au moins, elle ne peut pas en être déçue - ou en tout cas, elle ne peut s’en prendre qu’à sa propre personne. « Ils en ont perdu plus. » Cette réponse-là lui reste en travers de la gorge sans qu’elle soit capable de le cacher. Elle n’a de réponse que le nom en réalité, puisque cela ne veut absolument rien dire. Le Vietnam a subi bien plus de pertes humaines (et matérielles, en réalité) durant la guerre que les Etats et ce sont pourtant eux qui l’ont remportée ; en quoi est-ce-que cela apporte quoi que ce soit de le dénoter ? Ils ont eu autant peur dans chaque camp, entre une nation envahie et une armée faite de gamins. Ses yeux se dégagent du visage d’Olivia pour se reposer sur la ruelle face à elles. Pour peu, elle croiserait presque les bras et retrousserait ses lèvres en signe de rébellion enfantine. L’inspectrice est bien plus terre à terre et factuelle que Charlie ne le sera sans doute jamais, et c’est bien pour toutes ces différences qui les séparent qu’elle espérait tant pouvoir apprendre à ses côtés. Elle ne cherche pas à lui ressembler, oh non, simplement à découvrir et être douée dans son métier, à son tour. Comme Olivia avant elle, elle ne reprend pas le fil de la conversation, la jugeant nécessaire à clôturer.

« Il n’y avait pas de mauvaises réponses. » Il y a des mauvais sujets à aborder avec certaines personnes, par contre, et celui de ses enfants est l’un d’eux en présence d’Olivia. Elle lui dirait que non, elle lui dirait de beaux mensonges. L’avis de Charlie n’en changera pas pour autant. « Celle-là en est une très bonne. » Qu’elle le soit ou non, la blonde n’aurait pas voulu changer sa réponse pour en donner une autre. Habituée à jouer franc jeu que cela plaise ou non, elle aurait d’autant plus été incapable de minimiser l’impact que ses enfants ont eu dans sa vie et tout ce qu’ils ont bien pu changer pour elle, à tous les niveaux. C’est un sentiment qu’il n’est sans doute pas difficile à comprendre pour autrui mais qui se veut bien plus fort encore lorsqu’il s’applique à soi. Passons. Voilà la jeune femme qui embraye déjà avec des explications plus larges et étoffées, souhaitant tout de même laisser à ses enfants une part d’intimité et surtout les protéger du monde de la police, encore bien trop violent pour eux. « C’est le tien maintenant. » De l’entendre dire de sa voix la rend fière, si fière. Elle n’a pas encore totalement terminé sa formation mais ce serait jouer avec les mots. Ce n’est qu’une question de temps, Villanelle en est assurée. Bientôt, elle pourra tous les considérer comme des collègues, sans qu’aucun n’ait à descendre du piédestal sur lequel elle les a tous entreposés, auréolés de gloire.

La jeune femme questionne de nouveau son aînée au sujet de l’armée, décidant cette fois-ci de changer d’angle d’attaque pour ne pas risquer de tomber de nouveau dans une impasse. Elle n’est pas suicidaire mais a une nuit à tuer et une curiosité à assouvir. Elle reprend de bon coeur la blague d’Olivia et rigole à son tour, sincèrement amusée de sa réponse. L’inspectrice sait à quel point les secondes peuvent s’écouler doucement et Charlie ne doute pas un seul instant qu’elle sache d’autant plus à quel point tout est pire encore pour une personne qui est habituée à être une pile électrique et n’a jamais été contraire de jouer à la plante verte. Plante verte en service, certes, mais en l’instant cela ne change absolument rien. « Je ne sais pas si on la quitte jamais réellement, tu sais. » Elle ne sait pas, mais elle peut aisément le comprendre. Sa première pensée va aux stress post-traumatiques aussi divers que variés mais rapidement, elle se rend compte qu’il n’y a pas que de ça. Il n’y a pas que du négatif, loin de là, et cela s’entend et se ressent dans le son de voix de la brune. C’est indéfinissable et puisque Charlie n’a jamais connu l’armée autrement que par les récits de son oncle, elle ne peut pas se vanter en comprendre les rouages ou l’addiction qu’elle laisse se faufiler dans les esprits de ses soldats. Trop peu pour elle. « Mais ça n’a jamais été un compromis, j’en fais rarement. » - “J’en aurais jamais douté.” Loin d’être un reproche, ce n’est qu’une remarque lancée à la volée, avec un sourire au coin des lèvres. Non, vraiment, elle ne fait jamais les choses à moitié et n’a pas non plus l’air de regretter aucune de ses actions. Elle aussi pourrait être surnommée la dame de fer, à bien y penser. « Si tu avais pu choisir, sur quel genre d’affaires aurais-tu rêvé d’être affectée en premier ? » La jeune femme a un rire nerveux en guise de première réponse mais elle n’essaye pas de le cacher pour autant, loin de là. “J’ai vraiment envie de répondre “tout sauf ça”.” Ce ne serait pas un mensonge et pourtant Charlie n’a aucune envie de passer pour la bleue qui passe son temps à se plaindre - elle le fait déjà assez de fois sans s’en rendre compte pour vouloir en rajouter consciemment une couche. “Je me doutais bien que ma première affaire n’allait pas changer la face du monde ou même du pays, mais après toutes ces années je m’attendais à un peu… d’adrénaline.” Elle ne veut pas avoir troqué la paperasse d’une sorte pour celle d’une autre, ce n’est pas la raison pour laquelle elle a voulu faire ces études aussi diverses que variées pour pouvoir postuler à ce poste. “Mais si ça signifie que rien de plus grave ne se passe en ville ce soir, alors je ne vais pas m’en plaindre.” Des cambrioleurs à attendre sagement au coin d’une rue, cela a déjà bien assez d’importance pour un début. "J'imagine que c'est mieux d'y aller crescendo, non ? Certains ont dû se brûler les ailes trop vite." Elle est impétueuse mais pas totalement folle et, à force, elle commence à connaître ses limites. Si elle avait propulsée au beau milieu d'une affaire trop importante pour elle, elle se serait noyée et on ne l'aurait plus jamais revu. "Mais au moins t'aurais pu dire "la dernière personne dont je me suis occupée est morte, est ce que tu vas me faire perdre ton temps toi aussi?" tu sais avec ta voix grave et tes yeux plissés." C'est une blague qui n'en a que le nom, c'est une imitation qui n'a pourtant pas de pathétique que le nom. Charlie aurait fait un mime de piètre qualité et n'aurait sûrement faire rire que son ombre mais en cet instant encore, elle continue de sourire pour ne pas laisser l'ambiance devenir dramatique. L'heure n'est pas aux violons. "Sauf que je compte pas abandonner quoi que ce soit et continuer à te poser beaucoup trop de questions. Je sais, pas la peine de me remercier." Si elle l'accepte encore à ses côtés, pourtant, cela signifie qu'elle doit bien lui trouver une qualité, au milieu de tout ce qui l'agace.
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyVen 16 Avr 2021 - 19:06


Olivia Marshall &  @Charlie Ivywreath ✻✻✻ « J’en aurais jamais douté. » L’ironie à peine voilée m’arracha un sourire succinct comme seule réponse ponctuée d’une œillade évasive dans sa direction. Charlie observait beaucoup, sous ses dehors enjoués pouvant facilement passer comme dissipés. Il n’en était rien et je me doutais que d’opinion à mon sujet, la jeune femme s’en était d’ores et déjà forgées quelques-unes sur lesquelles je n’avais pas main mise et que je ne chercherais pas influencer d’une quelconque façon. Parler d’une réputation, méritée ou non, ne faisait que la rendre plus légitime à mes yeux et je refusais de participer à sa construction, alimentant les dires et les faux avis de justifications et de réfutations comme l’on abreuvait les plantes d’eau et de rayons. Sans ces derniers, les uns comme les autres finissaient par s’assécher et dépérir. Peu adepte de compromis donc, voilà ce qui venait d’échapper à mon habitude de réserve. Voilà tout ce qui en resterait également alors que je commandais à mes propres racines de s’étendre pour en apprendre davantage sur elle ; ou pour jauger son propre talent à l’esquive astucieuse, aux non-dits révélateurs si l’interrogation en elle-même lui posait problème. « J’ai vraiment envie de répondre “tout sauf ça” » Mais Charlie paraissait franche depuis le premier instant et Charlie répondait, elle. De filtres, je ne l’avais vue s’en encombrer que de très peu et si le rire concis étant venu agiter ses épaules à la suite de ma question m’avait peu surprise, sa réponse sans ambages et dénuée de tout effort de diplomatie ne le fit pas plus. « Je me doutais bien que ma première affaire n’allait pas changer la face du monde ou même du pays, mais après toutes ces années je m’attendais à un peu… d’adrénaline. » Je repliai une jambe, venant appuyer mon épaule gauche contre la vitre de la portière pour accrocher son regard avec plus d’intérêt, mes prunelles détaillant son visage aux traits plus jeunes et dans lesquels je parvenais sans peine à reconnaître ce qui animait encore les miens il n’y avait pas si longtemps, l’élan et la flamme qu’il me semblait parfois avoir perdue au bord d’une route accidentée trois ans auparavant mais que je retrouvais, à l’extrême probablement, lorsque soudainement la cause me semblait le mériter. « Mais si ça signifie que rien de plus grave ne se passe en ville ce soir, alors je ne vais pas m’en plaindre. » Nos histoires n’étaient pas les mêmes, aucune ne l’était réellement. Je me reconnaissais pourtant, quinze ans auparavant, à délaisser une identité que je pensais héréditaire et inhérente à ma nature pour me revêtir d’une nouvelle à découvrir entièrement malgré les similitudes. Il y avait eu la peur de l’ennui chez moi également, et l’espoir de pouvoir continuer à compter, avec tout ce que ce verbe portait en lui d’ambitions démesurées.

Au-delà de cela, je ne pouvais pas mentir et justifier mon choix de carrière de ces seules préoccupations désintéressées. La force de l’action et l’appel de l’ardeur avait souvent primé, l’adrénaline ayant représenté, depuis mon plus jeune âge, l’échappée à laquelle j’aspirais. L’impression que seules les flammes, transperçant la brume, seraient capables de la dissiper pour m’encercler, me sortant au passage de l’étrange torpeur dans laquelle ma situation familiale était parvenue à m’endormir. Cela avait été salvateur à l’époque, et sans doute cela contribuait-il de nouveau à me maintenir sur pied aujourd’hui suite à la mort de June et l’état de mon mariage ; un monde âpre et cendré, comme mes cigarettes, dans lequel il me semblait plus facile d’évoluer qu’ailleurs. « Tu pourrais, c’est tout l’intérêt des débuts. » commençai-je simplement, désireuse de nuancer ce qui venait de ressembler à des excuses auxquelles elle n’était pas obligée de se soumettre. « Oublier que nos meilleures journées sont souvent les pires du plus grand nombre. » L’intérêt et le piège. Il y avait cela aussi, rappelais-je à peine une seconde avant de revenir à l’essentiel. « Ne t’excuse pas d’en être encore là. Plus globalement, ne t’excuse pas de dire ce que tu penses. » Avec moi, tout du moins. Je ne voulais pas qu’elle s’en excuse, peut-être. Je ne voulais pas qu’elle s’y essaie, surtout. Voilà ce que je sous-entendais de manière à peine dissimulée avant de cendrer ma cigarette distraitement. Charlie n’avait que très peu d’expérience et sans doute était-ce étrange mais je ne pouvais m’empêcher de placer cela dans la liste des choses jouant en sa faveur concernant la confiance que j’étais potentiellement prête à lui accorder. Des chevronnés biberonnés à la routine de la hiérarchie et tenant aux protocoles plus qu’à l’efficience, je m’en méfiais plus que du lait sur le feu. Quant aux jeunes recrues désireuses de rentrer dans les rangs, au sens figuré plus dangereux que le littéral, je ne cherchais pas à m’attarder davantage sur leur cas. « J'imagine que c'est mieux d'y aller crescendo, non ? Certains ont dû se brûler les ailes trop vite. » Charlie continuait de me surprendre de son côté et je laissais passer quelques secondes, la découvrant ainsi réfléchie plus que frileuse, et rationnelle malgré son enthousiasme perçu à première vue comme débordant et dépourvu de limites. « Il y a quelques années, je t’aurais dit que le recul était essentiel. Que peu importe l’affaire, il fallait la laisser sur le bureau avant de rentrer chez toi. » Et sans doute était-ce là le conseil avisé à donner à toute personne ne faisant que débuter, comme venait-elle de le souligner. Cela avait été celui que j’avais reçu également, de mon général de père comme du commissaire m’ayant rapidement prise sous son aile. Les sentiments n’avaient pas leur place dans ce qui demeurait une profession de malheur et de violence. Les problématiques rencontrées au cours du parcours que l’on ferait nôtre ne devaient rester que d’ordre technique ; il convenait donc de savoir les résoudre de la même manière. « Depuis, j’ai fini par comprendre que l’implication ne faisait pas de toi un mauvais flic. Bien au contraire, dans certains cas. » Me concernant, il avait fallu June et l’absence de tout coupable pour m’obliger à dévier de direction. Je ne lui souhaitais pas la pareille, ni à quiconque. Mais les affaires comptaient, et parfois plus que l’esprit apaisé que l’on désirait tant préserver une fois l’insigne reposé. « Tu trouveras vite à quelle catégorie tu appartiens. » Une fois de plus, il ne s’agissait pas là d’un conseil ; il ne fallait donc pas espérer qu’il s’agisse là d’un bon en plus de tout. Je n’étais pas un mentor et cela ne devrait pas surprendre la jeune femme qui en rajoutait déjà une couche, retrouvant l’étincelle malicieuse au fond de son regard.

« Mais au moins t'aurais pu dire "la dernière personne dont je me suis occupée est morte, est ce que tu vas me faire perdre ton temps toi aussi?" tu sais avec ta voix grave et tes yeux plissés. » J’arquai un sourcil en tirant une dernière fois sur la cigarette bientôt tout entière consumée avant de l’abandonner au milieu de ses semblables, l’air amusé au fond des yeux que je plissais en effet comme pour ne pas lui laisser l’occasion de l’apercevoir. Cela ne servait à rien dans le fond lorsque Charlie n’avait jamais semblé avoir eu aux lèvres le sourire précaire et troublé de ceux qui ne savaient pas quoi dire, coupés dans leur élan initial face aux remparts que je m’appliquais à ériger entre eux et moi. Elle l’ignorait encore mais j’estimais son audace comme j’appréciais la prudence des autres et la manière qu’ils avaient à éviter de m’approcher de trop près. « Tu sais ce qu’on dit ; les tueurs ne préviennent pas et ceux qui préviennent ne tuent pas. » Cela ne m’empêcha pas néanmoins de continuer à en jouer ainsi, commençant une nouvelle fois ma phrase par tu sais, le défaut langagier toujours présent au point qu’il ne s’agisse plus d’un défaut mais d’une constance empreinte de malice non calculée à souligner que non, ils ne savaient pas, mais moi si. « Les menaces, très peu pour moi. L’effet de surprise, c’est ce que je préfère. » Car si la dernière personne en question avait bel et bien disparu, j’y avais forcément un rôle à jouer et pas n’importe lequel, n’est-ce pas ? Le sourire amusé pouvait s’esquisser à la commissure de mes lèvres, cela n’empêchait pas à l’élément fondamental de subsister à la plaisanterie ; au bout du compte, je ne demeurais en effet pas étrangère aux derniers départs. « Sauf que je compte pas abandonner quoi que ce soit et continuer à te poser beaucoup trop de questions. Je sais, pas la peine de me remercier. » La présence et le sourire lumineux de Charlie ne me retenaient pas par ailleurs, mais son énergie plus que positive ne suffisant en rien à stopper mes élans détachés ne semblait pas capable de s’estomper. C’était un talent et elle le possédait ; à cela de forcer mon admiration si celle-ci n’était pas réservée qu’à de quelques rares exceptions. Mais j’étais là après tout, et le simple fait d’altérer ma réputation de solitaire en ne l’ayant toujours pas abandonnée à sa planque devait suffire à témoigner de mon intérêt. Cela devrait, oui, suffire, lorsqu’à l’aide d’un sourire distrait, je me chargeais de rétorquer : « J’aurais été heureuse de te glisser tout un tas de noms au commissariat qui n’attendent que ça. » Pouvoir répondre aux multiples questions d’une nouvelle recrue trop enthousiaste. « Ça leur aurait donné l’impression de se faire mousser, et t’aurais sans doute eu plus de succès et obtenu tout un tas de réponses croustillantes. » Je forçais le regard faussement interrogateur à son encontre, ne cherchant qu’un seul signe de sa part pour accéder à une demande qu’elle n’avait pas faite mais pour laquelle elle n’aurait pas besoin de me remercier non plus. La répartie était facile et j’en jouais avec détachement mais deviner ce qu’elle espérait obtenir de moi, précisément, n’avait pas grand-chose d’un jeu, en réalité.  




solosands
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyMer 21 Avr 2021 - 9:07

Osciller entre diverses attitudes n’a rien de quelque chose de difficile pour la jeune femme; bien au contraire. Être auprès d’Olivia ne fait qu’exacerber cette habitude qu’elle a de changer de face rapidement. Elle craint l’enquêtrice autant qu’elle la respecte et cherche parfois à trouver ses limites pour mieux les titiller. Sans jamais lui vouloir du mal, Charlie a besoin de savoir à qui elle fait face et puisqu’elle se fait assez avare en explications, la blonde se doit tantôt de les lui forcer, tantôt de les deviner par elle-même. Dans un cas comme dans l’autre, elle fait au mieux pour paraître à l’aise pour ne jamais laisser l’enquêtrice douter de sa légitimité au sein de la police. Ils sont tous forts comme des roc et il en sera de même pour elle, les choses ne peuvent pas se passer autrement. Elle se permettra de jouer de sa sensibilité quand elle aura l’impression d’avoir gagné sa place, et pas simplement parce qu’elle est la suite logique de ses études. Ce sont des phrases qu’elle retient par ci par là, comme si Olivia était un philosophe dont elle devait retenir les paroles pour une quelconque raison. Nos meilleures journées sont souvent les pires du plus grand nombre. Ce qu’elle statue est simple à comprendre mais ses mots permettent instantanément à la jeune femme de déculpabiliser alors qu’elle ne peut s’empêcher de toujours rêver d’un peu plus d’adrénaline, d’un peu plus d’aventure aussi. « Ne t’excuse pas d’en être encore là. Plus globalement, ne t’excuse pas de dire ce que tu penses. » La plus jeune sourit bien plus qu’elle ne le devrait et pense déjà qu’Olivia risque d’être la première à regretter d’avoir eu de telles paroles. Les pensées de la blonde sont bien loin d’être extrêmes et là n’est pas le problème; il est plutôt qu’elle pense tout le temps à propos de tout, ce qui en résulte par beaucoup, beaucoup de paroles.

Poser une limite entre le travail et la vie privée n’est pas encore un problème auquel Charlie a été confronté mais elle redoute déjà qu’il se présente trop brusquement à elle sans qu’elle ne sache le gérer. Elle verra sans doute des morts, et ce n’est en rien une chose à laquelle elle a été préparée, que ce soit dans sa vie ou ses études. Cian la protège de ses pires récits à la RAN et Thomas en fait tout autant. Elle est le petit ange de la famille, et il ne faut pas parler de tels sujets avec - pourtant, c’est tout ce qu’elle demande: être traitée comme n’importe qui. C’est ce que fait Olivia, ce dont elle ne cesse de la remercier muettement, d’un simple coup d'œil qui fait à peine semblant de s’intéresser à sa cigarette largement consumée. « Il y a quelques années, je t’aurais dit que le recul était essentiel. Que peu importe l’affaire, il fallait la laisser sur le bureau avant de rentrer chez toi. Depuis, j’ai fini par comprendre que l’implication ne faisait pas de toi un mauvais flic. Bien au contraire, dans certains cas. » Les conseils ont largement été pris en compte mais Charlie ne tarde pas avant de trouver de quoi redire et, surtout, questionner. “Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis?” Une part d’elle doute que son point de vue n’ait changé qu’avec le temps écoulé mais, encore peu assurée, elle n’aurait aucun mal à assumer une erreur de sa part. Cela ne l’empêche pas de hocher vigoureusement de la tête, pensive. Elle a envie de rapidement savoir à quelle catégorie elle appartient pour au mieux se préparer à l’avenir. Tous ceux qui la connaissent un minimum ont, eux, déjà anticipé qu’elle sera incapable de laisser son travail derrière elle une fois les heures de boulot terminées.

Les tueurs ne préviennent pas et ceux qui préviennent ne tuent pas s’ajoute aux phrases qu’elle retiendra, anotées “Marshall, 2021”. Cette fois-ci, elle ne peut cependant pas se contenter de boire ses paroles sans rien trouver à redire. Après tout, elle a vu tous les épisodes de Criminal Minds [et bien suivi ses cours théoriques] et il est bien spécifié que la majorité des tueurs cherchent à ce que leurs victimes implorent clémence et pitié. Ce n’est sans doute pas ce qu’elle sous-entendait par “prévenir”, mais aux yeux de la plus jeune qui n’a rien vu ni vécu, c’est du pareil au même. “C’est peut être ce qu’on dit, mais je doute que ça soit la vérité.” Elle hausse les épaules et se détache du débat qui ne l’intéresse de toute façon pas réellement. Les tueurs ne sont pas une race particulière, il se cache une part d’eux en chacun et par conséquent, elle doute qu’ils soient reconnaissables d’une flèche rouge sang pointée en leur direction.

Si elle lui propose de donner quelques noms en pâture pour que la plus jeune aille leur poser toutes les questions qui lui passent par la tête, ce n’est pourtant pas ce qu’elle recherche. Charlie peut poser des questions autour de la machine à café ou au beau milieu d’un interrogatoire sans jamais se sentir gênée par le contexte, là n’est pas le problème. Du dernier arrivé (elle exclue) au plus haut-gradé des lieux, elle ne s’impose pas de barrières. Elle respecte rigoureusement la hiérarchie mais tend à ne pas élever personne sur un piédestal. Au final, ce ne sont pas des noms qu’elle désire puisque pour rien au monde ellene voudrait se détourner de la brune, et elle souhaite encore moins avoir l’impression de mousser qui que ce soit. “Alors pourquoi est-ce que t’as accepté de me prendre sous ton aile?” Ce n’est pas une attaque et bien loin de là, elle n’agit qu’une fois de plus par simple curiosité. Au bout d’une simple seconde, elle précise sa pensée, reposant sa tête contre la vitre froide pour mieux se tourner vers l’enquêtrice. “Je veux dire, tu aurais très bien pu continuer ta carrière sans t’encombrer d’une bleue. Tout le monde sait ce que tu vaux et personne ne le remet en question.” Elle n’a rien à prouver, voilà ce qu’il faut retenir de ces mots qui pourraient être mal interprétés par bien des personnes. Olivia, elle, comprendra sans aucun mal que la plus jeune n’est en rien en train de lui lécher les bottes. “J’imagine qu’il y a plus de désavantages qu’autre chose à m’avoir dans tes pattes pour de longs, longs mois.” Sincère au possible, ses iris clairs passent d’un oeil à l’autre d’Olivia, à la recherche du moindre indice qui pourrait la faire anticiper sa réaction. “M’enfin t’as déjà dit croix de bois croix de fer et tout le tralala, je dis pas ça pour que tu reviennes sur ta parole.” Au contraire, bien au contraire. Elle ne voudrait personne d’autre qu’elle à ses côtés, qu’importe que le contraire soit vrai ou non.
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Message(#)paisley bones (olivia) EmptyMer 5 Mai 2021 - 19:16


Olivia Marshall &  @Charlie Ivywreath ✻✻✻ Il n’y avait rien de facile à accorder aux expériences la valeur qu’elles étaient supposées porter, j’en étais consciente. Rien d’aisé non plus de retenir des années d’exercice et des affaires s’accumulant le pragmatisme nécessaire pour faire évoluer ses compétences autant que l’instinct que l’on ne nous apprenait pas sur les bancs de l’école. Il y avait les doutes et les échecs et, dans ce milieu, ces derniers se comptaient en victimes ne trouvant jamais la paix et en coupables courant encore les rues. De ceux-là, il fallait être capable d’accueillir l’énergie et les procédés de reconstruction qu’ils étaient capables d’apporter dans leurs ombres. J’ignorais encore si Charlie en était capable mais ne demandais qu’à le découvrir. Et si seul le temps était chargé de le lui dévoiler, à elle plus qu’à moi, je ne m’empêchais curieusement pas de lui faire part de mes quelques avis sur la question. Non pas parce qu’elle donnait l’impression de vouloir les entendre, mais parce qu’elle me paraissait susceptible de les accueillir de la plus des adéquate des manières, assez subtile également pour être capable d’en faire réellement quelque chose. « Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis? » Rien ne me paraissait plus terne dans l’existence que les individus dits faciles à vivre, pénibles à suivre les ordres et à ne jamais dévier de direction ou opposer de résistance, évitant comme si leur vie en dépendait la moindre opportunité susceptible de prouver une quelconque force de caractère, encore moins de décision. Mon opinion à leur sujet était celle-ci depuis plus d’années qu’il n’était possible d’en compter, leur préférant les esprits tenaces qui s’amusaient en s’emparant des interdits rythmant le quotidien pour les tordre, les bafouer, les remodeler à leur avantage. La question de savoir si cela tournerait en celui de Charlie ne se posait pas réellement sur l’instant, et pourtant. Je la classais d’ores et déjà dans cette seconde catégorie, la voyant enchaîner les interrogations sans se soucier d’obtenir des réponses n’ayant rien de facile à entendre, s’inquiétant à peine quant au fait que le risque de ne pas en obtenir du tout s’avérait en réalité bien plus élevé. « June. » Ce ne fut que pour cette raison, et cette raison uniquement, que je laissais glisser simplement le prénom de ma fille, sans emphase ni prétention au pathos dont je ne voulais certainement pas envelopper Charlie, ou June elle-même. La réponse monosyllabique aurait pu paraître succincte, peut-être même abrégée, mais il n’en était rien lorsque la vérité entière et sans nuance reposait en ce seul nom. Je la lui donnais ainsi afin que les choses soient claires et l’abcès crevé ; il n’était cependant pas utile de s’y attarder davantage et je quittais la rue des yeux pour attraper son regard avant de reprendre : « Comment s’appellent les tiens ? » Ses enfants. Elle le devinerait ainsi, du moins le faudrait-il si la réponse précédente n’avait pas été suffisamment explicite. J’ignorais encore, il y a peu, son statut de mère et décidais finalement de lui poser la question la plus basique qu’il soit concernant les êtres occupant naturellement la place la plus importante à ses yeux. Il fallait cela en général pour éviter les excuses qui n’avaient pas à être formulées et que je désirais encore moins entendre dès lors que le sort de June venait à être évoqué ou seulement effleuré : parler de leur enfant, et au présent, pour que chacun puisse sans tarder se souvenir que ce dernier allait bien, lui, et que rien ne les empêcherait de le retrouver bientôt, se satisfaisant en attendant de le savoir heureux et en bonne santé sans qu’ils n’aient jamais à s’en vouloir pour cela.

Elle s’agitait pour autre chose néanmoins et ses épaules se rehaussant avec nonchalance à mes côtés me laissaient à penser qu’elle s’impatientait déjà pour autre chose que le temps s’épuisant au rythme de mes cigarettes – je venais d’écraser la dernière, combien de temps avant que mes jambes ne finissent par battre la même mesure que la sienne ? « C’est peut être ce qu’on dit, mais je doute que ça soit la vérité. » Je laissais échapper un rire silencieux, lui jetant une œillade de côté pour mieux apprécier l’air circonspect que j’imaginais animer ses traits. Il ne fallait pas prendre au sérieux tout ce que je disais, peu importait l’impassibilité à laquelle je tenais et dont je ne me départais que rarement pour affirmer les choses. Cela faisait partie du jeu, elle finirait par en connaître toutes les règles. Je peinais à douter du contraire tant elle semblait décidée à prouver jour après jour son intention à demeurer dans les parages, habitée par l’espoir d’une association future aux contours encore à définir. « Alors pourquoi est-ce que t’as accepté de me prendre sous ton aile? » J’haussais les sourcils en l’entendant revenir à la charge, en faisant de même de mon côté avec le paquet de chewing-gums dans lequel j'avais déjà pioché. « Il me fallait une caution sympathie. Et Anwar était déjà pris. » La raillerie était facile, autant envers elle que Zehri dont le talent à râler n’était plus à prouver. « Je veux dire, tu aurais très bien pu continuer ta carrière sans t’encombrer d’une bleue. Tout le monde sait ce que tu vaux et personne ne le remet en question. » Charlie n’abandonnant pas pour autant de son côté, je me laissais aller à attraper ses prunelles fébriles d’authenticité sans plus les relâcher. Elle les pensait, les mots qu’elle se laissait aller à prononcer, se doutait bien également qu’ils ne seraient pas ceux susceptibles de m’amadouer et s’y risquait pour autant. Je la trouvais habile à jouer ainsi du sarcasme et du respect sans jamais se complaire dans l’un au détriment de l’autre, maniant le feu en prenant garde de ne pas s’y brûler et se plaisant à faire la balance entre ces deux manières de s’adresser à moi comme au reste de l’équipe. Pour ça, Charlie ; pour ça aussi.

« J’imagine qu’il y a plus de désavantages qu’autre chose à m’avoir dans tes pattes pour de longs, longs mois. » « C'est une manière originale de se vendre. » Mes yeux se plissèrent et les arômes mentholés claquèrent sous ma langue avant d’envahir mon palais sans que je ne la quitte aucunement du regard. « La réciproque peut être vraie. T’y as pensé ? » L'avait-elle fait ? Pris en compte tout ce que cela impliquerait de m'avoir sur le dos plus que dans les pattes ? Plus qu’un risque, il s’agissait d’un contrat implicite qu’elle s’engageait à signer au même titre que moi. Je ne le faisais pas à la légère et étais prête à renier sans tentative de compromis ceux qui, selon mon seul jugement, me ferait perdre mon temps. Quant au reste, Charlie… Le reste me paraissait vaste et complexe, parsemé d’implication et de répercussions qu’elle ne soupçonnait sans doute pas et au sein desquelles étais-je loin d’être persuadée de vouloir l’entraîner sans avoir mesuré au préalable son endurance et estimé la confiance qu’il nous faudrait être prêtes à placer en chacune. « M’enfin t’as déjà dit croix de bois croix de fer et tout le tralala, je dis pas ça pour que tu reviennes sur ta parole. » Elle plaisantait, amoindrissait ; revenant sur nos mots avec une légèreté calculée sur laquelle je ne m’empêchais pas de rebondir, sans attendre. « On a fait un pinky swear et je ne m’en souviens plus ? » Je n’empêchais pas à l’amusement de teinter les inflexions de ma voix, accueillant là une complicité que je ne cherchais pas à éteindre d’un détachement habituel. La sollicitude de Charlie était légitime et je ne m’emploierai pas à la désavouer lorsque, malgré ses lacunes et son entêtement souvent éprouvant, la jeune femme me paraissait être de loin l’élément le plus prometteur de ces dernières années. Je le savais ; elle, certainement pas. « Tu mèneras des interrogatoires comme personne d’ici peu, j’aurais tort de m’en priver. » Elle le prouvait déjà au quotidien, enchaînant les questions sans prendre la peine de respirer et jouant de ses expressions ingénues qu’elle dosait parfaitement pour parvenir à ses fins ; m’en amuser n’était qu’une manière détournée de lui offrir là l’une des nombreuses raisons me poussant à estimer ce qu’elle ne tarderait pas à devenir. « De ça et du reste que tu n’arrives pas encore à voir, apparemment. » finis-je simplement, lui tendant en même temps le paquet entrouvert pour qu’elle se serve à son tour si elle le désirait. S’il fallait de longs, longs mois avant qu’elle ne prenne autant au sérieux l’inspectrice qu’elle pouvait devenir que je ne le faisais, j’étais prête à me montrer patiente. À voir sur le long terme, à instaurer en elle plus de confiance que je n’en mettais en d’autres visages de la brigade, côtoyés pourtant depuis de bien plus longues années. Mais la confiance s’obtenait au mérite et prononcer ce mot aujourd’hui était bien trop précoce, il n’effleurerait pas mes lèvres ; n’imposerait pas non plus son poids sur des épaules qu’il me restait encore à jauger.



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Message(#)paisley bones (olivia) EmptySam 8 Mai 2021 - 12:52

« Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis? » - « June. »

Le prénom se suffit à lui-même et cette fois-ci la plus jeune se retient de toutes excuses qui n’auraient pas lieu d’être. Bien au contraire, à la place elle trouve le temps de lui faire part d’un sourire sincère pour honorer la mémoire de sa fille. Olivia a sûrement déjà eu bien trop d’empathie autour d’elle, elle a besoin d’autre chose - si jamais on l’écoutait elle dirait n’avoir besoin de rien, cela va de soi. June est une très bonne et belle raison, quand bien même Charlie n’a jamais connu la fille de l’enquêtrice, ses instincts de mère parlent à sa place. Un jour, elle se promet de trouver un mot adéquat pour parler des parents ayant perdu leur progéniture, puisque personne ne semble vouloir se mettre à la tâche à sa place. Son besoin de ne pas enfoncer le couteau dans la plaie l’emportant sur sa curiosité, la jeune femme décide de ne pas continuer la discussion, chose à laquelle Olivia pallie rapidement. « Comment s’appellent les tiens ? » Son sourire renaît pour des raisons différentes, la seule pensée de ses jumeaux lui ramenant un peu de baume au coeur. “Aaron et Siobhan. Ma famille vient d’Irlande, je me devais de reprendre au moins un prénom de là-bas.” Elle s’étend, explique, sachant par avance qu’elle ne lui pose pas la question par simple politesse. Elle pourrait lui expliquer que sa fille a aussi reçu le second prénom d’une amie de son enfance, morte trop tôt, elle pourrait lui dire qu’ils sont inséparables mais qu’Aaron préfère déjà leur chien aux chats. Pour autant, même bavarde, elle sait où s’arrêter. Parfois.

D’un enfant à d’autres, la plus jeune en vient enfin à demander la question qui lui brûles les lèvres depuis quelques temps, à savoir pourquoi une personne telle qu’Olivia (comprendre: occupée) a accepté de la prendre, elle, sous son aile et de lui donner de son temps autant que toute sa patience. « Il me fallait une caution sympathie. Et Anwar était déjà pris. » C’est sans doute gratuit mais Charlie ne peut pas s’empêcher de rigoler doucement à son tour, sans pour autant avoir quoi que ce soit à reprocher au Zehri et bien au contraire. Lui aussi se montre bien plus bon avec elle que ne le laissent entendre tous les ‘on-dit’ à son sujet. Après l’avoir vu s’extasier devant les joues rondes d’Alma, force est d’avouer que cela met à jamais à mal son image d’éternel impassible. Son silence singulier laisse à l’enquêtrice tout le temps de reprendre ses explications et les compléter avec un peu plus de sérieux. « J’imagine qu’il y a plus de désavantages qu’autre chose à m’avoir dans tes pattes pour de longs, longs mois. » - « C'est une manière originale de se vendre. » Touché.J’ai plus besoin de me vendre, je suis l’Elue.” Elle reprend sans tarder avec ironie et humour, loin de réellement penser une telle chose de sa personne. Olivia commence à bien assez la connaître pour que la blonde n’ait pas à se formaliser de telles choses ni lui expliquer quand est-ce qu’elle rigole et qu’elle ne le fait pas. « La réciproque peut être vraie. T’y as pensé ? » La réponse à cela est un ‘non’ catégorique mais elle ne trouve pas ça assez intéressant pour le lui partager. Sa simple présence à ses côtés signifie que la balance entre avantages et désavantages penche plutôt du côté du premier. “Tu es peut-être l’Elue toi aussi, finalement.” Tout est plus simple si elle lui répond de façon aussi détournée, avec une éternelle pointe d’humour. Ce n’est pas si éloigné de la vérité qu’on pourrait le penser. Si elle était une nerd, Charlie aurait ajouté quelque chose comme ‘la baguette choisit son sorcier’ mais Olivia échappe au moins à ça. Elle est chanceuse et ne le sait même pas.

« On a fait un pinky swear et je ne m’en souviens plus ? »
C’est l’âge, ça.

Et Charlie, elle, c’est l’insouciance de la jeunesse qui fait qu’elle ne tient pas beaucoup à la vie. Pour autant, fière de sa répartie, elle ne peut pas s’empêcher d’ajouter un sourire immense et sincère. Elle préfère encore donner trop d’importance à ce qui n’en a pas plutôt que d’accepter les nouveaux problèmes de la vie d’adulte s’érigeant face à elle. Une chose à la fois, sans doute, et cachons tout ce qui peut encore l’être pour que ce soit un problème pour la Charlie du futur. « Tu mèneras des interrogatoires comme personne d’ici peu, j’aurais tort de m’en priver. » Anwar ne serait pas de cet avis mais, ne cherchant pas à se dénigrer, la blonde ne vient pas réfuter les paroles de son aîné. Son regard se déporte ailleurs et elle se concentre sur autre chose, n’en oubliant pas la raison de leur présence ici. « De ça et du reste que tu n’arrives pas encore à voir, apparemment. » Sa main vient picorer le paquet dès que l’enquêtrice le lui propose et elle en profite pour croiser ses yeux clairs des siens un court instant, bien assez pourtant pour qu’un simple hochement de tête suffise à la remercier - pour le paquet bien moins que pour ses mots. Pour le moment encore, elle se contente d’espérer que son choix de corps de métier soit le bon, tout comme elle croise les doigts pour être à la hauteur de tout ce qui est attendu d’elle, autant au travail que dans sa vie personnelle cette fois-ci. Les ‘merci’ pourraient se confondre dans de nombreux mots mais la Marshall n’en a sûrement que faire. Le plus important sont les actes.
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