C’est lui, là, derrière les rayons. C’est Damon, et Jack est un putain d’idiot d’avoir pensé qu’il pourrait continuer à vivre sa vie aux côtés d’Elise sans avoir de comptes à rendre à la Terre en entier. Brisbane lui semblant être peuplée par un Williams à chaque tranche de dix centimètres carrés.

La bijouterie est belle, grande, luxueuse. Lui, il n’a rien à y faire avec son jeans troué, son cardigan à grandes mailles de laine et ses cheveux en bataille. Il n’y erre que pour faire aller la machine à rumeurs, cette fois-ci Ivy ayant mis en place un plan suggérant qu’il la demanderait en mariage à un prochain show en acoustique. Les manigances des deux protagonistes vont leur attirer merdes et foudres, ils jouent avec le feu à constamment tenter de manipuler la presse rien que pour garder le label d’Epstein au top des quelques premières pages. Ça marche, un temps. On potine et on accumule les ragots, on le croit autant à la page que le sont ses artistes. Les coffres se renflouent, les ventes augmentent, le business va bien. Bientôt, ils devront discuter de qui et de comment ils devront mettre au courant, ils auront un nouveau plan de match à aligner et de nouveaux objectifs à cartographier. Pour l’heure, Jack suit le plan, se perd à jeter des coups d'oeil aux bagues, cachant tantôt l’évidence en filant vers les colliers, les boucles d’oreilles avec.

Il aurait tout l’air d’un voleur au final, à errer sans jamais se poser. À papillonner sans arrêter son focus à un endroit précis - sauf bien sûr, maintenant. Son focus et son attention et son intérêt et sa silhouette en entier, tous sont vrillés vers Damon. Pas de chance qu’il joue au lâche avec le garçon, lui qui lui donne parfois l’impression d’être un fils adoptif (ce gamin-là a déjà beaucoup de pères lol Jack sait rien je fais juste m’amuser à le préciser #jaipasdecoeur okay NDLR terminée), ou mieux, un petit frère là où Jack n’en a jamais eu. Et le voilà qui inspire, qui redresse les épaules. La bijouterie a arrêté de tourner à la seconde où l’héritier Williams a bifurqué vers lui. Ou alors c’est Jack qui a réduit la distance entre eux deux? Les étalages étincelants et les néons pétants ont tôt fait de lui brouiller les sens, au musicien bohème en puissance.

« Si tu veux faire comme ton père, c’est l’arcade du nez qu’il faut viser. » il anticipe que Damon lui mette la faute du divorce de ses parents sur les épaules. Il anticipe que Saül lui ait tout dit, ou alors que cet enfoiré d’Auden s’en soit chargé. Il n’a jamais menti à Damon Jack, et ce ne sera certainement pas aujourd’hui qu’il va commencer.  « Sinon personne m’a encore éclaté de côtes. Ça serait une première. » et le gamin mérite bien de relâcher les quelques tensions qui braquent sa mâchoire, qui justifient ses - immenses - cernes. N’est-ce pas?


@damon williams

feeling like
there's no one else
that brings me higher
than high

@jack epstein

***
Il n’avait aucune envie d’aller mettre les pieds dans cette boutique, Damon. Il avait repoussé l’instant jusqu’au dernier moment possible, avait usé de toutes les techniques d’évasion et s’était surtout rendu compte de l’évidence sur la longueur: il n’avait pas le choix. Il avait même l’impression que devoir se rendre sur place avait un arrière goût de punition, et pourtant son père n’avait pas mis un pied au sein de l’empire Michael Hills depuis des semaines - ce qui était, à ne pas en douter, un plaisir savouré par Damon. Pourtant, l’ombre de l’ainé Williams planait partout où il mettait les pieds. Que ce soit au boulot ou lorsqu’il passait par la maison où il n’habitait désormais plus, lorsqu’il pensait à toutes les vérités qu’on lui avait dites et même lorsqu’il n’y pensait pas. Saül avait toujours eu de l’influence sur le jeune Cosimo, mais désormais tout semblait prendre un sens nouveau.

Même tomber par hasard sur Jack, qu’il connaissait pourtant bien, portait un sens qu’il ne comprenait pas encore dans son entièreté.

Il l’avait senti de toutes façons, Damon, qu’il ne devait pas mettre les pieds dans cette boutique là. Autant pas flemme que par mauvais pressentiment, la finalité et la vérité se trouvait désormais sous ses yeux. Il n’avait guère envie de croiser Jack de si tôt, mais en mission pour le boulot n’était pas ses circonstances de prédilections. Un soupire qu’il ne tenta pas de cacher si fit rapidement entendre, alors que le Epstein venait parcourir les quelques mètres qui restaient à les séparer. La boutique n’était pas si grande, aucun des deux n’aurait pu ressortir sans tomber sur l’autre de toutes façons; autant retirer le pansement d’un coup sec pour ne pas souffrir trop longtemps. « Si tu veux faire comme ton père, c’est l’arcade du nez qu’il faut viser. » La mâchoire de Damon vint se serrer un brin davantage, alors qu’il se retenait de commenter lequel à entendre les mots de Jack. « Sinon personne m’a encore éclaté de côtes. Ça serait une première. » Et ce serait une première - une seconde - pour Damon de venir user de la force plutôt que du bon sens et des paroles. Il était intelligent, le gamin, et avait vite compris que la violence ne résolvait pas grand chose si elle était utilisée à mauvais escient.

Il vint plutôt lever les yeux au ciel, secouer un brin la tête, plonger ses mains dans les poches de son pantalon de son costume trois pièces - idée ridicule que de devoir se saper de la sorte pour aller bosser, aussi. « Je vais pas te refaire le portrait, Jack. » Il n’en avait jamais eu l’intention et il ne comptait pas ajouter ça à son planning dans les prochains jours. Certes, les révélations de sa mère l’avaient quelque peu perturbé, mais il savait être assez intelligent pour lire entre les lignes, Damon. « Tu gagnerais et je suis plus intelligent que lui. » Lui désignant Saül et apparemment sa facilité à avoir fait dévier le nez de Jack à un point dans le temps. « Et surtout, je suis en plein boulot, alors ce serait pas la meilleure idée. » Parce-qu’il n’était malheureusement pas venu seul en ces lieux et en ce jour, l’italien. Deux autres hommes avec les mêmes costumes que lui étaient déjà partis à l’assaut des responsables du magasin, là où il avait le droit d’observer et d’apprendre, autant dire de s’emmerder au maximum.

« Qu’est-ce que tu fais là, d’ailleurs ? T’attends pas au moins que le divorce soit finalisé pour lui passer la bague au doigt ? » Oh, Damon était bien au courant que la paperasse était déjà en train d’être traitée et que Elise ne devait plus rien à Saül; mais l’opportunité de venir montrer à Jack qu’il était au courant de l’histoire ne devait pas lui glisser d’entre les doigts si facilement.

Le voilà qui soupire lorsque Jack approche. Jack qui n’entend absolument rien, le gars aussi sourd qu’aveugle faisant carrière dans le domaine du spectacle - à qui la blague, vraiment.

Tout autour, les gens vivent leur vie et dépensent leur précieux matos. Lui, il joue d’étiquettes et de présentoirs, lui, il jure avec tout ce que le commerce propose tant sa richesse que ses preuves d’engagement. Ses fringues détonent avec, et les vestige de son visage qui n’est plus autant tuméfié que lorsqu’il avait croisé un Saül et un Auden rageurs - une journée comme une autre, pour certains. « Je vais pas te refaire le portrait, Jack. » Dieu soit loué. Il aurait pu, Jack ne lui en aurait jamais voulu. Mais ce serait mentir de dire que la pression qui contractait sa cage thoracique ne s’en est pas automatiquement allée. Il est un long fleuve tranquille le canadien, mais finit toujours le nez fourré dans une bagarre et une autre, comme s’il s’agissait de la seule façon de conclure une entente, de passer à autre chose. Grand bien lui en fasse, Damon n’a pas l’air d’être du même ressort que ses aînés.

« Tu gagnerais et je suis plus intelligent que lui. » à la logique de l’un s’arrime l’émotivité de l’autre. « J’ai pas envie de me battre contre toi. » Jack n’en a rien à faire du reste. Il l’aime bien Damon, l’a toujours aimé ; ne donnerait jamais le moindre coup en sa direction, n’enverrait jamais la moindre insulte. Et visiblement, n’en aura jamais besoin. « Et surtout, je suis en plein boulot, alors ce serait pas la meilleure idée. » hen, quoi?

Ses yeux s’agencent à ceux du gamin qui désigne le duo l'accompagnant, et c’est là où Jack fait l’équation évidente dans sa tête mais qu’il n’aurait jamais véritablement pu concevoir. Vraiment, de toutes les bijouteries possibles et imaginables d'Australie, c’est ici qu’il a abouti? Ici, chez lui? Seigneur, Epstein, aide-toi. « Qu’est-ce que tu fais là, d’ailleurs ? T’attends pas au moins que le divorce soit finalisé pour lui passer la bague au doigt ? » par chance il a fini son thé à la camomille y’a un moment, autrement il l’aurait recraché d’office. « Je venais pas pour ça. » non, bien sûr que non, il venait pour acheter une fausse bague de fiançailles à sa fausse fiancée et surtout, surtout, il a tout sauf envie de s’expliquer. « Tu penses qu’elle- » dérivant, autant dans le fond que dans la forme, Jack se reprend, se ressaisis en lisant pour un foutue seule et unique fois dans sa vie entre les lignes. Ce genre de conversations que le fils ne voudrait jamais avoir et encore moins avec lui. Ici. « - oublie. » vaut mieux, pour l’entièreté des Williams qui ne lui ont pas encore refait le portrait.

« Alors c’est à ça que ça resssemble. Quand vous bossez. » il est lourd, l’adolescent inégal et incertain dans un corps de quarantenaire. Mais au moins il essaie et il s’intéresse. Ses doigts ravagés par la clope, l’encre des partitions et les cordes de guitare font la course avec eux-mêmes, sur les devantures de verre, les écrins de velours, de satin. « J’pense qu’ils croient que je suis là pour voler un truc.  » il en a la dégaine autant que l’allure, faut dire.

feeling like
there's no one else
that brings me higher
than high

@jack epstein

***
L’idée de venir se battre contre Jack était idiote, il ne gagnerait jamais un tel combat Damon. Et puis loin de lui était l’envie de venir faire une telle chose. Même si la situation était compliquée, même si elle remettait en cause et en question beaucoup de choses qui avaient été établies dessinées au paravant par ses propres parents, Damon n’était pas assez idiot pour comprendre que certaines affaires ne le concernaient pas directement et que les adultes avaient leurs propres problèmes à régler. Ce qu’il se passait entre ses parents, et avec leurs nouveaux partenaires respectifs, n’était pas supposé être son problème à lui. « J’ai pas envie de me battre contre toi. » Ceci réglait cela, aucun des deux hommes ne voulait en venir aux poings avec l’autre et c’était très bien de la sorte. De toutes façons, Damon ne pouvait se permettre de telles libertés présentement, étant donné que s’il se trouvait dans cette bijouterie, c’était pour le travail et non pour l’amusement.

Cette dernière information sembla surprendre sur l’instant Jack, et les yeux de l’hommes vinrent étudier les environs. Les autres hommes en costumes faisaient sérieux, ils faisaient à leur place dans cet endroit de luxe. Bien sur le costume savait seoir parfaitement à Damon, ce n’était pas pour autant qu’il semblait bien moins à son aise que les deux autres inspectant une vitrine dans le fond du magasin. De toutes façons, l’information la plus importante à retenir dans toute cette affaire, c’était la présence de Jack dans une boutique appartenant à la Michael Hills alors qu’il pouvait désormais parader avec l’ex-femme du CEO de l’entreprise à son bras.

« Je venais pas pour ça. » Il ne venait donc pas pour tenter de trouver le plus beau diamant pour sa mère. Damon en était presque déçu, finalement. Pas qu’il désirait que Jack passe la bague au doigt d’Elise de si tôt, mais au moins il s’entendait bien avec ce dernier et sa mère semblait heureuse de passer du temps avec le musicien. « Tu penses qu’elle- » Le jeune homme eut à peine le temps de venir écarquiller rapidement les yeux que déjà, le Epstein semblait se raviser. « - oublie. » Oh, qu’il se préférait tout de même à rapidement oublier. Si l’idée en elle-même ne lui semblait pas plus déplaisante que ça, ce n’était pas pour autant qu’il désirait assister au seconde mariage de sa mère de suite. Il aurait aimé, pouvoir être ce type de personne qui accepte si rapidement le changement et les nouveautés; mais force était de constater, rien qu’avec la réaction interne qu’il avait présentement, que ce n’était pas le cas. « Je vais faire comme si j’avais rien entendu, oui. » C’était préférable autant pour lui, pour Jack, et pour toutes personne impliquée dans cette situation qui était déjà assez tirée par les cheveux comme ça.

« Alors c’est à ça que ça ressemble. Quand vous bossez. » Et il vint changer de sujet plutôt rapidement, Jack, et cette idée plaisait bien à Damon. Au moins, ils n’auraient pas remettre les pieds dans un plat qui ne leur plaisait guère. « Quand on bosse, ouais. Enfin, surtout quand eux – » Qu’il vint pointer du menton les deux gars en uniformes plus loin dans la boutique. « - bossent. Ils me laissent rien faire et je me contente de faire acte de présence. » Les deux avec qui il avait été assigné aujourd’hui étaient deux hommes qui ne supportaient pas le présence de Damon dans leurs pattes, croyait que ce dernier passait son temps à tout répéter à son père un fois le soir venu - si seulement ils savaient. « J’pense qu’ils croient que je suis là pour voler un truc. » Le regard du jeune italien vint faire un aller-retour entre les hommes en costumes et Jack à ses côtés. Un petit rire s’en vint de paire par la suite avec. « Oh, je te confirme que c’est ce qu’ils pensent. » Il n’y avait qu’à voir l’expression étonnée qu’ils abordaient depuis que Damon et Jack avaient commencé à discuter.

« Si tu venais pas pour celle qu’on connait tous les deux, et que tu viens pas pour voler quelque-chose - parce-que moi je sais que c’est pas le cas -; qu’est-ce que tu fais dans le coin vraiment, Jack ? » Ce n’était pas le genre de boutique dans laquelle le quarantenaire venait simplement pour se balader, d’ordinaire. Et s’il ne comptait pas venir acheter une bague pour sa mère, Cosco était curieux de savoir ce qui l’amener ici. « Je veux dire, les boutiques de chez MHL, c’est pas pour simplement profiter de la vue que les gens viennent ici. »

Jack tâte le terrain, lui qui est occupé le plus naïvement du monde à faire encore pire pour les médias et les magazines à potins qu’on aurait pu le croire. C’est que le boulot d’Ivy lui monte à la tête, c’est qu’il commence à s’y enliser aussi. C’est qu’il est pris la main dans le sac surtout. « Quand on bosse, ouais. Enfin, surtout quand eux – » Damon pointe du menton, dillue l’attention autre part que sur les recherches exhaustives d’alliances d’Epstein pour elle mais pas elle mais penses-tu qu’elle non arrête on parle pas d’elle. Quel imbécile. « - bossent. Ils me laissent rien faire et je me contente de faire acte de présence. » « T’as le beurre et l’argent du beurre ; te plains pas. » sa voix est douce à Jack, on ne pourrait pas vraiment croire qu’il nargue même si un reste de sourire pointe du coin de ses lèvres et remonte ses pomettes jusqu’à la commissure de ses yeux.

Advienne que pourra, et le musicien aux mèches emmêlées n’a pas sa place ici, tout le monde est en mesure de le statuer. « Oh, je te confirme que c’est ce qu’ils pensent. » « Je fais rien pour aider à ma cause, hen? » les fringues n’aident pas, l’air abruti n'aide pas non plus. Le fait qu’il reste là, pantois, bras ballants de chaque côté de lui dès qu’ils le dévisagent. Il a une étiquette au front Jack, il est le type de qui on fouille le sac à dos poisseux dès qu’il quitte une boutique, le gars qu’on croise dans la rue et qu’on associe à des trucs pas nets. Pourtant, ses mauvaises années sont bien derrière lui - presque. « Si tu venais pas pour celle qu’on connait tous les deux, et que tu viens pas pour voler quelque-chose - parce-que moi je sais que c’est pas le cas -; qu’est-ce que tu fais dans le coin vraiment, Jack ? » il est perspicace Damon, ou alors Jack est trop évident. Dans l’un ou l'autre des cas, mentir serait l’option la plus logique, la plus simple. Inventer un truc, diffuser les informations, adoucir les coins. Si Epstein était le moindrement rusé, brillant, il serait déjà à même de lui raconter le bobard du siècle, bref et concis, avant de repartir et de laisser dans son sillage un gamin satisfait du tissu de mensonges dont il a été gavé. Jack ne ment pas, jamais. Il en est incapable. « Je veux dire, les boutiques de chez MHL, c’est pas pour simplement profiter de la vue que les gens viennent ici. » « Je regardais des bagues pour une amie. » sérum de vérité, ou prunelles de Damon Williams braquées sur lui. L’un ou l’autre fonctionne. « Ça sonne plus louche que ça l’est. » il laisse échapper un rire, franchement satisfait de son analyse quoique... « Non en fait c’est plutôt louche, mais c’est drôle aussi. » ... quoique non, Jack, t’enfonces pas plus, ça allait bien tu t’en sortais correctement et et et et -

- et « Ivy Waterhouse, elle m’aide avec le label. » et il continue, il parle, il déblatère, il vide son sac lui qui ne l’a certainement pas rempli pour dérober les bijoux d’ici. « Et on - » on quoi, Jack? Qu'est-ce que tu pourrais bien ajouter ici qui ne soit pas incriminant? Quoi qu’à ce rythme-là, que ça le soit ou non, ça dérange pas des masses n’est-ce pas? « - je pense que tu vas te faire gronder. » pas du tout, les gorilles ne le regardent même pas. Mais ça, c’est entre vous et moi - et l’honnêteté de Jack qui le prend tout doucement et sournoisement à la gorge.

feeling like
there's no one else
that brings me higher
than high

@jack epstein

***
« T’as le beurre et l’argent du beurre ; te plains pas. » Damon se contenta de venir hausser les épaules, sans ajouter mot. Si ça ne tenait qu’à lui, il n’aurait jamais mis les pieds dans une seule de ces boutiques et ne serait surtout pas en train de charbonner pour une boite en laquelle il ne croyait pas du tout.

« Je fais rien pour aider à ma cause, hen? » Le sourire qui vinrent arborer les lèvres du jeune homme était doux. « Rien du tout. » Il était quelque peu  taquin, car il savait qu’il pouvait se le permettre avec Jack; bien plus, d’ailleurs, qu’avec son propre père - quoi que, tout dépendait de qui endossait le rôle dans cette scène là. Avec l’imposteur, il n’oserait même pas imaginer le quart de la moindre remarquer, avec le disparu il pourrait se permettre davantage tout en ne se trouvant en rien à sa place.

En parlant de place - Jack n’avait pas la sienne dans cette boutique et ils le savaient tous les deux. Damon était assez mature et réfléchi pour poser la question poliment, même si derrière il espérait très fort que ce ne soit réellement pas pour sa mère que Jack était présent en ces lieux; là, il était fort probable qu’il ait une réaction de gamin si le Epstein venait lui annoncer une telle suite des événements. « Je regardais des bagues pour une amie. » Un sourcil, un brin trop curieux pour être réellement dans le droit chemin, vint se hausser sur le visage du blond. « Une amie ? » Personne ne venait simplement pour une amie, ici. « Ça sonne plus louche que ça l’est. » « C’est toi qui le dit, pas moi. » « Non en fait c’est plutôt louche, mais c’est drôle aussi. » Peut-être que la situation le serait, effectivement, une fois que Jack aurait réussi i à l’expliquer. Peut-être que Damon viendrait comprendre son point de vue et qu’il ajouterait son rire au sien. En attendant, le gamin vint croiser les bras sur son torse, froissant un peu son costume trois pièces au passage - c’était à peine fait exprès -, attendant patiemment les explications du canadien. Il s’imaginait déjà partir dans des histoires farfelues, à l’écouter ajouter un détail de plus ici et là aussi, jusqu’à s’emmêler les pinceaux dans ses propres détails tellement ils étaient nombreux et -

« Ivy Waterhouse, elle m’aide avec le label. » Il s’attendait à tout, vraiment. Même à ce que Jack soit prêt à se caser pour passer la bague au doigt d’Elise, vraiment. Mais ça - ça -, rien ne l’avait préparé à ça. « Et on - » On quoi, Jack ? Il n’était pas question qu’il s’arrête ici dans ses explications. Damon ne le laisserait pas glisser entre les mailles du filet de la sorte, car cela n’était pas la réponse qui venait le satisfaire. Comment ça, Ivy et lui formaient un on ? Oh, il n’y avait pas à douter qu’il parlait de la même Ivy que le Williams connaissait, Jack. Après tout, des portant ce nom là, il n’en existait qu’une. Mais les pensées de l’italien se mettaient à dérailler sur la possibilité d’un on entre elle et lui. Comment pouvaient-ils faire un on là où il n’avait jamais réussi à toucher cette possibilité du bout des doigts ? Ce n’était pas faute de l’avoir envisagé, ce n’était pas faute de ne pas avoir mis les efforts. Mais la demoiselle avait préféré fuir à l’autre bout du pays alors que tout semblait se concrétiser entre eux, et avait laissé un Cosimo avec un coeur à la dérive dans son sillage. Peut-être était-ce donc pour trouver du réconfort dans les bras de Jack qu’elle avait tout plaqué - n’avait-il pas également, de son côté, participé à cette émission débile ? Il avait du mal à respirer correctement, Damon, désormais.

« - je pense que tu vas te faire gronder. » Papillonnant des cils, il vint porter son regard ailleurs qu’ici, que sur Jack et ses paroles saugrenues qui ne portaient aucun sens. Il vint focaliser son attention sur les deux hommes en costume, plus loin, qui ne semblaient pourtant pas prêter la moindre attention au fils du patron - paraissait-il qu’il pouvait faire ce que bon lui semblait, de toutes façons. Cependant, même si Damon comprenait que la diversion créée par le canadien n’était là que pour cacher son malaise, il vint la saisir au vol. [colo=navy]« Je pense, oui. »[/color] Parce-qu’il était peut-être plus sage de ne pas entrer dans cette conversation, de ne pas mettre son nez dans une histoire qui ne le concernait en rien. Même si imaginer Jack passer la bague au doigt à Ivy lui donnait la nausée. « Je ferais mieux de retourner bosser. » Sa voix était plus ferme, son ton toujours cordial cependant. Il vint se forcer à étirer un brin ses lèvres pour accorder un sourire à Jack. « Du moment que c’est pas pour ma mère… » Même s’il n’acceptait pas l’idée que cela soit pour Ivy non plus, il ne l’avouerait pas. Ses pas n’attendirent pas une réponse de la part du Epstein pour venir se frayer un chemin à travers les rayons de la boutique, l’instant juste après.

« Une amie ? » juste de l’entendre de la bouche de Damon rend la chose encore plus risible, mais Jack est bien trop aveugle pour voir quoi que ce soit. Le gamin qui répète, qui nargue sans vraiment le faire et son sourire aussi doux que du miel. C’est pas pour rien qu’il se retrouve toujours dans des situations Epstein, c’est pas le karma qui s’acharne sur lui et ce n’est certainement pas quelqu’un là-haut qui s’amuse à ses dépens. S’il se retrouve coincé dans ce genre de malentendu, c’est entièrement et conséquemment toujours de sa faute. Abonné aux pieds dans les plats, régulier à la chaise de celui qui tend les armes pour qu’on s'entête sur lui, c’est bien difficile d’avoir pitié. On dirait presque qu’il veut se retrouver dans la merde, à chaque fois qu’il ouvre la bouche. « C’est toi qui le dit, pas moi. » Damon est un bon garçon. Poli, droit, honnête, doux. Jack l’aime de tout son cœur, contre-balance pour les lourdauds qui errent autour d’eux et qui n’ont pas l'air de l’aimer lui pour deux sous.

Jack dit n’importe quoi, il se prend les orteils dans les fleurs du tapis, or il n’y a ni fleurs ni tapis, juste des paroles hésitantes, des questions qui n'en ont que le nom, des mensonges qu’il ne sait même pas répéter correctement et des discours appris par cœur mais surtout à l’envers. Damon prend peur, qui n’aurait pas fait la même. Jack est du genre à ne rien voir de ce qui se trame sous son nez mais pour l'heure il est le moindrement suffisamment sensible pour comprendre que quelque chose cloche avec le plus jeune. « Je pense, oui. » quoi, déjà ? Ah ouais, Jack qui lui a signalé les paires de yeux qui étaient braquées sur eux, et la fuite sur un plateau d’argent que le Williams prend sans même mettre un seul effort autre que pour esquisser un pas vers l’arrière. « Je ferais mieux de retourner bosser. » Epstein a merdé. Il le sait, il le sent, il est niais mais pas absolument à juger comment la conversation est coupée abruptement après qu’il ait déblatéré ses justifications et ses alibis et ses excuses et son bagage qui a fait son temps sur la couverture des magazines, mais pas vraiment. « Du moment que c’est pas pour ma mère… » oh. Ça le pique, ça le froisse, ça lui plante un couteau et dix autres en plein cœur, quel abruti. Il s’est marié une fois et a tout gâché. Bien sûr que Damon ne veut pas voir l’histoire se répéter.

Et Jack erre. Bon, pas au point où il soit (encore plus) louche, juste le temps de trouver une jolie breloque, une chaîne assortie. Il a diamétralemnt abandonné l’idée de la bague pour des raisons évidentes, ses ruses de bac à sable exposées au grand jour par un gamin qui a posé un avertissement sans vraiment le faire. Le musicien est pensif, à la caisse. Pour une des premières fois de sa vie par contre, il ne s’inquiète pas de son solde, ne le regarde même pas, signe la facture en sachant qu’il n'est pas à découvert. Les joies d’avoir la Waterhouse qui se met le nez dans ses affaires. Donc il pense. Il ressasse, il décortique, son esprit logique est quasi inutile pour l’heure mais il sait voir les faits lorsqu’ils sont là. « J’ai pas voulu mal dire. C’est compliqué. » Damon était au détour d’un étalage, Jack y a bifurqué quand bien même sa silhouette pointe toujours vers la sortie et qu’il ne s’imposera pas si l’italien à l’accent américain en a décidé ainsi. « Y’a beaucoup de niveaux, mais si t’as du temps ou juste que tu veux trouver une raison de partir... » son sourire vient chatouiller une fossette, le même sourire attendri qu’il avait lorsqu’il laissait jeune Damon parcourir à la course toutes les allées du disquaire dont il était le propriétaire y’a des années de ça au Canada. « Je serai au café en face. » c’est pour faire les choses bien, qu’il veut lui payer une tasse, qu’il veut la partager avec lui. Mais pour ça comme pour tout concernant sa famille, jamais il ne s’incrustera si on ne lui offre pas la place pour le faire.

feeling like
there's no one else
that brings me higher
than high

@jack epstein

***
Une poignée de minutes s’était écoulée, lorsque les pas de Jack vinrent de nouveau croiser ceux de Damon. Cette fois-ci, le gamin n’y était pour rien, ayant pris congé de leur discussion déjà. Mais apparement, il s’en était allé trop tôt, et le Epstein avait d’autres choses à rajouter - si c’était pour lui annoncer d’autres nouvelles comme la bombe Ivy, Damon ne savait pas s’il était pressé de l’entendre s’expliquer. « J’ai pas voulu mal dire. C’est compliqué. » Que cela puisse être compliqué, il l’entendait - tout ce qui touchait de près ou de loin à ses parents était compliqué, de toutes façons. Qu’il n’ait pas voulu mal dire, il intégrait cette idée là sans trop de soucis non plus - cela faisait partie intégrante de Jack d’être un brin maladroit sur les bords. « Y’a beaucoup de niveaux, mais si t’as du temps ou juste que tu veux trouver une raison de partir… » Il vint hausser un sourcil en direction du canadien, vint faire un pas de côté, puis finalement un autre dans sa direction. Damon ne savait pas s’il était réellement intéressé par l’idée d’en savoir davantage sur les motivations de Jack, mais trouver une excuse pour s’échapper du boulot l’intéressait davantage. « Je serai au café en face. » Il en vint à s’échapper du champ de vision du gamin, alors que ce dernier remuait déjà la proposition dans tous les sens possibles. Ils avaient, de toutes façons, bientôt fini ici avec les affaires du jour, et retourneraient aux bureaux sous peu. La fin de journée n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez, serait-ce vraiment si désastreux si le fils du boss se comptait parmi les abonnés absents pour la fin de la journée. « Rentrez sans moi, je termine ma journée là. » - « C’était pas l’ordre de mission du jour, Damon… » - « Il vous dira rien, soufflez un coup. » Parce-que c’était aussi ça, de devoir surveiller le fils du patron: avoir peur que ce dernier vous tombe sur le coin de la figure pour tout et n’importe quoi; et lorsqu’il s’agissait de Saül, c’était souvent pour n’importe quoi.

Les pas du gamin le menèrent donc par la suite au café d’en face, là où le Epstein devait déjà l’attendre depuis bien une bonne dizaine de minutes. Il ne savait ce qui l’attentait une fois la route terminée d’être traversée, mais Damon ne se voyait pas refuser la discussion à Jack. Il avait toujours fait partie de ces personnes à ne pas brimer l’italien, bien jeune pourtant à l’époque, et à le considérer comme un humain à part entière à travers les années. Ce ne serait que lui rendre la pareille que de lui laisser une chance de lui expliquer, de s’exprimer. Il le retrouva assis à une des petites tables de l’établissement, les yeux rivés à travers la vitre. « Viens on va s’installer dehors, pour pouvoir fumer une clope. » Il en offrirait une à Jack au passage, voire même deux s’il avait tant de choses que ça à lui expliquer. Il ne serait pas le plus à l’aise dans cette conversation le Williams, il le savait, mais il passerait au dessus de cet inconfort pour écouter les mots que le brun s’apprêtait à lui délivrer. « Par contre c’est toi qui paie le café. » L’instant d’après, il était déjà dehors sans attendre la réponse de Jack, la clope au bec et la fumée s’en émanant pas plus tard qu’une fois qu’une semaine supplémentaire s’était écoulée. Les agents de la MHI le regardaient toujours de travers lorsqu’il venait fumer sa cigarette, comme s’il s’apprêtait à exploser sur place lorsque la flamme du briquet s’approcherait trop près de lui; au moins, il pourrait être tranquille le temps de sa discussion avec Jack, tout en continuant à porter son costume du boulot.

« Viens on va s’installer dehors, pour pouvoir fumer une clope. » il l’attendait, bien sûr que c’était ce qu’il faisait. La tête ailleurs et les yeux rivés dans son reflet qu’il ne voyait pas, la glace donnant sur la rue. Jack avait des dizaines de bonnes intentions et tout autant d’arguments valables ; les oublie tous à la seconde où son regard s’ancre à celui de Damon. Eh merde. Tenter de faire les choses bien était foutument déstabilisant la plupart du temps. « Je m’y ferai jamais. » il se lève, le suit, grommelle dans sa barbe, le gamin entendra s’il le veut bien. Il s’y fera jamais à ce que Damon glisse une clope entre ses lèvres comme s’il l’avait toujours fait, lui qui y’a pas si longtemps que ça exhibait ses joues aussi rosées que ses poumons l’étaient – avant. Avant, avant, avant et Jack est nostalgique. Qui ne le serait pas? Fût un temps, son quotidien était aussi simple que le geste de faire craquer la pierre à allumer, d’inspirer la première bouffée de nicotine et la suivante. Le regard de l’italien dérive au loin, celui de Jack reste gravé au profil du plus jeune. Il s’y ferait jamais non plus, à vouloir dire la vérité. « Par contre c’est toi qui paie le café. » c’est un rire qui se casse sur les lèvres gercées de Jack, c’est un nuage de fumée qui s’en échappe aussi, le sillage de Damon duquel il rebrousse pour leur commander deux espresso serrés, un remontant bouillant pour accompagner la journée d’été. « J’étais à deux doigts de prendre un truc à la noisette avec un extra crème fouettée. » il l’infantilise sans même le vouloir, la clope au bec et le sourire avec.

Ça suffit Jack. T’as assez étiré ta cigarette, t’as assez tourner ta langue dans ta bouche. Il ne sait pas par où commencer alors il y va avec un discours décousu, qui fait à peine de sens même s’il est celui qui noue au fur et à mesure qu’il expire les différents fils. « Si je te disais que le studio est en train de tomber en ruines, » l’énumération commence, il laisse tomber quelques cendres à ses pieds que le vent se charge de renvoyer un peu plus loin sans que le canadien ne bronche. « Que Ivy m’aide à lui redorer l’image dans les médias, » c’est là où il le reglisse, le prénom qui avait occasionné un froncement de sourcils chez le gamin, que Jack n’avait remarqué que trop tard pour réparer sa connerie. Soyons francs, donc. Soyons honnêtes. « Qu’on a passé des semaines à mentir tellement fort que des fois je sais plus ce qui est vrai ou faux,  » là, ça fait un peu plus mal. Il se passe la main derrière la nuque, met de l’ordre jusqu’à la naissance de sa nuque, ses cheveux partent dans tous les sens mais le pire, le pire ce sont ses idées. Elles convergent toutes vers elle. « Et qu’à un moment je sais que ça va faire merder les choses avec Elise. » c’est le mieux qu’il a pu trouver pour garder son discours concis : ne pas dire un impersonnel ‘elle’, ne pas non plus la cataloguer strictement juste comme ‘ta mère’. Elise c’est bien ; avec Elise, il est éternellement à deux doigts de merder.

« Tu dirais quoi? » et tout porte à croire que de ses confessions, il est maintenant à même de demander des conseils. C’est marrant, quoi que pas étonnant du tout quand on y pense. Tu dirais quoi?

feeling like
there's no one else
that brings me higher
than high

@jack epstein

***
« Je m’y ferai jamais. » Il ne vint même pas relever les paroles de Jack, se contenta plutôt de sortir du café afin d’allumer sa clope.

« J’étais à deux doigts de prendre un truc à la noisette avec un extra crème fouettée. » Le jeune homme se permit de venir lever les yeux au ciel un instant. Cela faisait longtemps qu’ils ne se côtoyaient plus autant qu’à l’époque, et à cette dernière il était vrai que la boisson chaude favorite de l’italien était quelque-chose gout noisette, chocolat, avec plein de sucre à l’intérieur. Désormais, il prenait son café noir et sa cigarette dès le saut du lit. Jack avait d’ailleurs déjà une clope au bec à peine Damon avait reporté le regard sur lui, si bien qu’il n’avait pu lui en offrir une comme il l’avait prédit. Il lui paierait celle d’après, tant pis - ou encore la suivante si vraiment le Epstein se trouvait être bavard. « Je t’écoute, Jack. » Il n’avait surement pas besoin du feu vert de la part du gamin, mais le Williams vint quand même lui donner. Il l’était, réellement, prêt à l’écouter. Il n’avait jamais envisagé avoir une telle discussion un jour avec lui, mais il était prêt à ne pas être un enfant et à prendre en compte ce que Jack voulait lui raconter. Il lui avait donné un aperçu - qui n’avait guère plu à Damon - dans la boutique d’en face, l’italien était désormais prêt à écouter le reste et le complément, surtout, de son histoire. « Si je te disais que le studio est en train de tomber en ruines, » Une bouffée de nicotine supplémentaire pour Damon. D’accord. « Que Ivy m’aide à lui redorer l’image dans les médias, » Il dut se contenir pour ne pas s’étouffer sur sa propre fumée à l’entendre prononcer le prénom de la blonde. Pourquoi pas. « Qu’on a passé des semaines à mentir tellement fort que des fois je sais plus ce qui est vrai ou faux, » Ce qu’il entendait lui paraissait plutôt vrai, à Damon, et cela pourrait expliquer surtout pourquoi il avait si peu croiser Ivy ces derniers temps si elle batifolait avec Jack à côté. Imaginons. « Et qu’à un moment je sais que ça va faire merder les choses avec Elise. » Là il ne se retint pas de venir serrer les mâchoires davantage, et Jack devait bien l’apercevoir sans grand soucis. Dans ses rêves. « Tu dirais quoi? »

« Que t’as pas intérêt à foirer les choses avec elles. » La distinction à l’oral ne pouvait pas s’entendre, ne pouvait pas se voir, et cela permit à Damon de venir ajuster, préciser, ses paroles pour être sur que Jack ne laisse pas ses pensées partir sur un terrain dangereux qu’il ne devait même pas connaître - comment pouvait-il savoir que le jeune homme en face de lui était un proche de la blonde à qui il prêtait son bras ? « Avec Elise. » Pour ne pas que la confusion puisse être présente. Il pensait qu’il resterait sur des menaces sous-entendues, cependant. Jack avait beau prendre une place dans la vie de sa mère, Damon n’avait en réalité pas son mot à dire dessus. Il n’était que le fils d’Elise, et elle était assez grande pour savoir ce qu’elle faisait. C’était cependant plus fort que lui, il ne savait faire autrement, lorsqu’il s’agissait de sa mère. « Je pense pas que ce soit ton intention, mais… » Mais t’as pas intérêt à aller dans ce sens là, Epstein. L’ouverture finale de phrase était assez explicite seule, sans ajout de commentaire. Il vint écraser sa clope dans le cendrier, alors qu’on leur apportait leurs cafés. Il vint prendre une gorgée de ce dernier - en tant que vrai italien, il les aimait courts, serrés, et brulants -, avant d’allumer une nouvelle clope. Il fit glisser d’une pichenette le paquet sur la table en métal, qu’il arrive dans les pattes du canadien.

« Elle est au courant de quoi, pour que t’aies autant peur que ça foire ? » Parce-qu’il pouvait le voir dans son regard, le comprendre dans ses paroles. Il prenait sur lui Damon pour poser une question censée, d’adulte, à un Jack qui semblait attendre après lui pour des conseils qu’il ne saurait en réalité donner, le gamin.

« Je t’écoute, Jack. » c’est si solennel. Tellement que Jack en viendrait à s’étouffer avec sa clope s’il ne maîtrisait pas l’art de s’enfumer les poumons depuis des décennies. Et le voilà qui met cartes et gobelets sur table. Il parle, s’ouvre bien plus qu’il ne l’a fait depuis des semaines à qui que ce soit posant des questions ou non. C’est une drôle de dynamique qui a toujours plané entre eux deux. Jack n’ayant jamais pris Damon pour un enfant, jamais infantilisé non plus. Ils sont égaux, ils fument au même rythme et hochent de la tête en cadence. Lorsqu’Epstein en vient à la fin de son plaidoyer, il doute d’avoir fait bonne ou mauvaise impression ; il flotte seulement. Et maintenant ? « Que t’as pas intérêt à foirer les choses avec elles. » jeune Williams passe de procédural à catégorique et ce serait mentir que de dire que le canadien s’en étonne. Plutôt, il hoche de la tête, accuse réception, ravale la fumée pour la lâcher à la précision du plus jeune. « Avec Elise. » avec qui d’autre ? Oh.

Quand Jack laisse quelques poussières de cendre faire office de trame de fond, la brise lui rappelle à quel point ses cheveux sont en bataille, et ses paroles aussi. Ses pensées se promènent d’une tempe à l’autre, il n’aurait jamais pensé pouvoir se retrouver à cogiter de la sorte devant Damon et surtout pas à ce sujet. « Je pense pas que ce soit ton intention, mais… » mais on y est. Il rattrape le paquet volant vers lui, le fait tourner entre ses doigts abimés par les cigarettes, par les cordes de guitare, par les merdes qu’il s’est infligées nuit et jour pendant des années. Il fera gaffe, il fera au mieux : promis Damon. Le truc par contre, c’est que Jack est pas doué même s’il y met du cœur, de l’âme. Il est à chier et démolira tout sur son passage, gaffeur d’imbécile, mais juré lorsqu’il le lui confirme du bout des lèvres jamais de la vie il n’aurait pu penser être de ceux qui auraient tout fait voler en éclats. C’est déjà ça à amener au tribunal, non ?  « Elle est au courant de quoi, pour que t’aies autant peur que ça foire ? » « Des miettes. Pas assez. » il est au moins honnête avec Damon et avec lui-même, à défaut de l’être avec la principale intéressée. Un soucis d’égo, d’orgeuil ? Non. La peur qu’elle ait honte de se balader avec un type paumé aux idées bancales comme les siennes, plutôt. « Et c’est pire parce que ça dure, et plus ça dure plus c'est pire et bref, tu comprends. » il ne lui apprendra pas la vie, Damon est capable de savoir que l’effet boule de neige n’est pas qu’un mythe. Plus Jack repousse l’échéance plus il est persuadé que ça lui explosera entre les mains.

Ses mains d’ailleurs, jouent avec tout ce qu’il y a à disposition. À défaut de pouvoir mettre de l’ordre dans ses paroles il en met à travers les items qui traînent tout autour d’eux. Les gobelets sont posées de manière symétriques, les mégots aussi. « Depuis quand c’est l’adulte qui vient voir le gamin pour des conseils, hen ? » rigole encore, ricane plus fort. Jack ne se prend pas au sérieux pour une fois une seule durant une conversation qui en aurait bien besoin. « C’est bizarre. Mais rassure-toi, j’te demanderai jamais de m’appeler beau-papa. » ça lui craque un sourire sur les lèvres, des fossettes au creux des joues. Il a presque l’air heureux tout à coup.

feeling like
there's no one else
that brings me higher
than high

@jack epstein

***
« Des miettes. Pas assez. » Oh, Jack. Alors qu’il disait ça, de son côté Damon entendait elle est au courant de rien du tout - ce qui ne venait lui plaire en aucun point. « Et c’est pire parce que ça dure, et plus ça dure plus c'est pire et bref, tu comprends. » - « Oh, je connais d’autres situations qui ressemblent à ça, oui. » Il ne savait pas de quoi Jack était au courant exactement, mais ce n’était pas réellement le moment de venir lui exposer les secrets de la famille Williams - pas en cet instant, et en aucun autre moment d’ailleurs. Si sa mère tenait à le faire, elle s’en occuperait comme une grande de son côté. Il n’avait aucune compétence de messager. Il n’avait pour autant pas tord sur un point, Jack: ce n’était pas la bonne méthode à utiliser.

Cependant, ce n’était pas les affaires de Damon normalement de venir mettre son nez là-dedans. Sa mère faisait bien ce qu’elle voulait de sa vie, et l’avis de son fils n’était requis à aucun de ces moments là. Du côté d’Elise, du moins. « Depuis quand c’est l’adulte qui vient voir le gamin pour des conseils, hen ? » Le petit rire de Jack vint traduire tout le malêtre dans lequel il se trouvait en réalité dans cette conversation, et l’italien le comprenait. Il n’était jamais simple de discuter autour d’un café avec un gamin au sujet de sa mère. « C’est bizarre. Mais rassure-toi, j’te demanderai jamais de m’appeler beau-papa. » Ce fut au tour du Williams d’émettre un petit rire, quelque-peu crispé. « Toi comme la sorcière, aucun de vous deux n’aura le droit à ce genre de surnom. » Il resterait Jack et elle serait Ariana A.K.A la sorcière jusqu’à ce que mort s’en suive. Ses parents faisaient ce qu’ils voulaient et n’avaient pas besoin de son avis pour mener leurs vies, ce n’était pas pour autant que Damon comptait ne pas en avoir, d’avis. En silence, surtout lorsqu’il était avec Saül, mais en silence c’était déjà mieux que rien.

« C’est pas si pire, tu sais. » Tirant une bouffée supplémentaire de nicotine sur sa cigarette, il vint écraser le mégot dans le cendrier prévu à cet effet sur la table. « Que ce soit toi, et pas un autre homme. » Si Jack était honnête et entier envers le gamin, il se devait de lui rendre la pareille. Lorsqu’il avait appris que ses parents divorçaient, il avait eu du mal à y croire; il avait naïvement pensé qu’ils réussiraient toujours à venir panser leurs plaies, d’une façon ou d’une autre. Il savait qu’un jour viendrait où les deux retrouveraient quelqu’un avec qui partager leur vie: Saül avait trouvé la sorcière, et Elise avait retrouvé Jack à ce qu’il paraissait. « Même si j’approuve pas que tu lui caches des choses. » Il ne pouvait s’empêcher de jouer les protecteurs avec sa mère, et ce depuis qu’il était haut comme trois pommes. Il était et resterait surement toujours le garçon à sa maman, même si l’étiquette allant de paire avec cette dénomination n’était guère valorisante.