Deux janvier. Ou trois janvier maintenant. L’heure sur ton téléphone affiche 2:07. Ça fait quelques heures que Rory est revenu à Los Angeles après une dizaine de jours à Brisbane. T’es revenue plus tôt. T’avais pas envie de passer le jour de l’an en Australie. Pas envie de rester toute seule dans ton loft quelques soirées de plus. Alors t’es revenue, te disant qu’au moins, tu ne serais plus sur le décalage horaire lorsque le tournage allait reprendre. Et puis t’as passé le réveillon avec Chloe. Bon, passé est sans doute un bien grand mot considérant que t’as été toute seule une grande partie de la soirée avec tes dizaines de verres de vin, à faire la conversation a des wannabe celebrities (au même titre que toi dans le fond) et attendre que la soirée tire à sa fin alors que la dernière time zone mondiale tournait la page sur l’atrocité qu’avait été 2020. T’as pensé écrire à Rory, encore. Tu l’as pas fait cette fois, étonnant vu tout le vin consommé. Et depuis quelques heures, il est revenu dans ce loft que vous partagez encore avec Chloe et Victor, et Jeremiah aussi, à l’occasion. Chloe est allée le chercher. Elle t’a proposé d’aller le chercher à sa place à l’aéroport, mais t’as refusé. Après votre échange à Noël, t’étais pas certaine que votre premier échange devait se faire sans témoin. Quand il est revenu, vous avez échangé des regards, des tentatives de sourires même, des salutations mais sans plus alors qu’il a disparu pour se reposer et que t’es partie manger avec la Cohen. Comme si de rien était. Et là, alors que la lune est bien haute dans le ciel mais que t’es incapable de fermer l’œil, tu peux l’entendre bouger légèrement dans la chambre d’à côté. Probablement en train de défaire ses valises ou en train d’essayer de se rendormir, lui aussi.

Tu ne sais pas trop ce qui te prend mais tu décides de sortir du lit. Tu ne prends même pas la peine de te changer, seulement vêtue d’un short de pyjama et d’une camisole alors que tu ouvres la porte le plus silencieusement possible avant de faire les quelques pas qui te mènent à la chambre de Rory. Tu penses à frapper d’abord, mais tu décides finalement de rentrer sans même t’annoncer. La chambre est dans la pénombre presque complète, excepté pour une légère lumière qui émane du téléphone de Rory. Il met quelques secondes à réaliser que tu viens de rentrer d’ailleurs. Il est assis dans son lit, téléphone entre les mains. « Tu veux aller à la plage? » Ce sont les premiers mots qui traversent la barrière de tes lèvres, comme ça, sans avertissement. Tu devrais sans doute attendre une quelconque réaction de sa part, mais tu n’as pas envie de lui laisser le temps de penser. Pas envie de lui laisser le temps de trouver des excuses pour ne pas te suivre. Pas envie de lui laisser le temps de se souvenir qu’il t’en veut encore, que tu lui en veux un peu toi aussi. Alors tu t’approches et tu viens t’asseoir sur le lit, face à lui. « On a pas besoin de parler de Charlie. Ou de Giovanni. Ce soir ils existent pas. » Demain matin, on pourra se souvenir. Demain matin, on retournera à ce qui est vraiment. On peut laisser les problèmes et les embrouilles et les cœurs brisés au Rory et à la Penny de demain matin. Ce soir, on retourne à l’essentiel. Et dans ce même élan de spontanéité qui t’a emmené jusqu’ici, ce même élan de spontanéité qui t’a poussé à lui envoyer un texto qui lit je t’aime la nuit de Noël, tu romps le peu de distance qui existe entre vous alors que tes lèvres viennent trouver les siennes. Ce n’est pas la première fois que tu l’embrasses Rory. Après tout, vous êtes en train de jouer des amoureux à l’écran pour la deuxième fois en un an. Mais ça a tout de même un feeling de première fois. Le baiser est doux, léger. Pas du tout ce que tu t’étais imaginée, mais parfait dans toute son imperfection. Il ne dure que quelques secondes, et tu te recules comme si de rien était. « On peut laisser tout ça en 2020. Juste une autre soirée, comme avant. » Même si techniquement, 2020 est déjà bien derrière et que s’embrasser n’a rien à voir avec avant. Peut-être que c’est l’impression de n’avoir plus rien à perdre qui te pousse à agir si radicalement. Peut-être que c’est cette fausse promesse que tu te fais, convaincue que ça ne va rien changer entre vous qui te donne le courage de faire et de dire ce que tu retiens depuis un moment déjà. Cette nuit, il n’y a pas de reproches, il n’y a pas de rancune. Seulement le besoin de retrouver le jeune homme. Peu importe ce qui a mené à cet élan de spontanéité et de courage, tu te sens déjà plus libre. Alors que ton regard croise celui de Rory, tu ne peux qu’attendre que le verdict tombe finalement.

Son retour à Los Angeles, Rory l'avait appréhendé durant les quelques jours qu'il avait passé à Brisbane auprès de sa famille. Quand bien même passer les fêtes avec eux avait adouci une fin d'année morose et redonné un certain sens à ce qui n'en avait jamais eu aussi peu que ces derniers temps. Ça n'était pourtant pas exactement de cette manière qu'il espérait mettre les douze derniers mois derrière lui, ou du moins il aurait sûrement aimé que Rosalie ne soit pas la seule à trinquer avec son conjoint lorsque les douze coups de minuit avaient sonné le commencement d'un nouveau jour et d'une nouvelle année. Il avait passé des heures entières à penser à Swann, à Penny, au fait qu'ils soient les deux personnes qu'il aurait voulu avoir à ses cotés lorsque sa mère avait à peine attendu que sonne minuit une pour troquer ses bonnes résolutions contre trois coupes de champagne. Et lorsque Garrett, lui, avait passé une partie de la soirée au téléphone avec on ne sait qui pour on ne sait quelle mystérieuse raison. Il y a un an, tout était différent. Et si les messages de Swann lui avaient réchauffé le cœur dans un moment où il avait plus que jamais besoin de sentir qu'ils pensaient l'un et l'autre ce qu'ils s'étaient dit quelques semaines plus tôt, le fait de savoir Penny à des milliers de kilomètres de là lui avait pesé sur le cœur, au contraire. C'était un moment symbolique, au regard de toutes les peines que cette année leur avait apporté, et pour toutes ces raisons il n'imaginait pas il y a encore peu de temps passer ces moments-là ailleurs qu'à ses cotés. Mais elle était ailleurs tandis que lui était ici, et même le décalage horaire s'était chargé de les séparer encore un peu plus. Rory avait fait bonne figure, pourtant. Il avait étreint ses proches lorsque les cœurs s'étaient fait un peu plus légers et que tout le monde s'était souhaité le meilleur pour les mois à venir. Il avait même ri des plaisanteries de Wendy de bon cœur, parce qu'il n'y avait bien que sa famille pour lui faire momentanément oublier le reste.

Le loft était silencieux, Los Angeles plongée dans la pénombre et lui, comme bien souvent ces dernières semaines, attendait que le sommeil vienne le trouver. Son téléphone entre les mains éclairant la chambre d'une lueur pâle, il songeait au fait que le tournage toucherait bientôt à sa fin et qu'une nouvelle fois, il se retrouverait à espérer qu'un projet suivrait celui-ci pour éviter de passer plus de temps qu'il ne l'avait déjà fait à ressasser les derniers mois. Rory avait besoin de tourner et c'était aussi le cas de Penny, il le savait. Penny dont il avait brièvement croisé le regard depuis son retour et avec qui il tentait chaque jour de communiquer sans risquer de leur faire réemprunter cette route périlleuse qu'il voulait désormais à tout prix éviter. Penny qui entretenait toujours l'illusion d'une vie amoureuse épanouie sur les réseaux sociaux mais qui semblait toujours si triste lorsque son regard se perdait dans le vide et qu'il donnerait n'importe quoi pour pouvoir être dans sa tête. Penny, qui subitement apparut devant lui. Rory n'avait pas entendu la porte s'ouvrir ni les pas quasi silencieux de la blonde – désormais brune – à travers sa chambre. Plongé dans ses pensées, il avait ainsi mis plusieurs secondes à noter sa présence et son premier réflexe fut de regarder l'heure. C'était toujours la nuit, elle ne dormait pas elle non plus. « Penny ? » Sa voix laissa paraître sa surprise, mais pas le moindre mécontentement tandis que la seule chose à laquelle il aspirait depuis son retour, c'était à apaiser les tensions entre eux. Ils s'étaient déjà fait du mal sans l'avoir voulu et si Rory peinait à se mettre à sa place depuis quelques temps, il savait en revanche qu'elle n'était pas là ce soir pour qu'ils rejouent la scène de leur dispute. Alors il se détendit, secoua doucement la tête lorsqu'elle proposa d'aller à la plage, puis de mettre les sujets fâcheux de coté. Après tout, il n'avait pas plus envie qu'elle de parler de son faux-couple ou de la manière dont son aventure avec Charlie avait pris des proportions démesurées. Ses paroles s'apprêtèrent à se faire l'écho des siennes, mais le brun eut à peine le temps de se redresser qu'il sentit les lèvres de Penny se déposer sur les siennes. Le contact le laissa pantois de surprise, même alors qu'il y avait dans ce geste un arrière-goût familier – ça n'était pas la première fois qu'ils s'embrassaient, mais c'était la première fois qu'aucune caméra n'était là pour l'immortaliser. Elle se détacha après quelques secondes, lui resta encore légèrement interdit et la suivit du regard, en silence, incapable pour l'instant de faire le tri dans son esprit. L'échange avait été doux, bien sûr, mais il peinait à savoir ce qu'il signifiait réellement. Si ça voulait dire quelque chose, si c'était un geste impulsif. S'il devait y voir un lien avec ce sms qu'elle lui avait envoyé le soir de Noël et auquel il n'avait répondu qu'en partie, faute de savoir quel sens lui donner exactement. « C'est... c'était pour quoi ce baiser ? » Personne ne nous filme, alors pourquoi m'embrasser comme si c'était la chose la plus naturelle au monde? Son regard, plus doux qu'il ne s'en rendit spontanément compte, l'interrogea. Ses yeux brillaient ici d'un mélange de trouble et d'un brin d'inquiétude. « Je veux dire, tu vas bien ? » Elle avait l'habitude qu'il lui pose la question, pourtant ce soir Rory ne parvenait pas réellement à déceler l'émotion qui brillait au fond de son regard. Alors à défaut de savoir ce qu'il en était, à défaut de pouvoir dire ce qui se passait exactement dans la façon que Penny avait de le regarder et de l'embrasser juste un instant plus tôt, son premier réflexe était comme souvent de s'inquiéter pour elle. « C'est d'accord, pour la plage. » Il reprit après une seconde, réalisant qu'il en avait presque oublié (ce qu'il supposait être) la raison de sa venue lorsque le contact de leurs lèvres lui avait fait perdre le fil de ses pensées. « A condition que t'enfiles quelque chose. » Il quitta son lit pour faire quelques pas à travers la chambre qu'il occupait depuis le début du tournage. « C'est peut être LA, mais il fait plus frais ici qu'à Brisbane à cette heure. » Son regard croisa le sien avant qu'il ne récupère une de ses vestes et se rapproche de Penny pour la lui tendre. « Tiens, ça risque juste d'être un peu grand. » Et sur ces mots, un léger sourire creusa une fossette au coin de ses lèvres. Un peu étant ici un euphémisme, mais elle était sûre d'avoir chaud et lui se laissait volontiers séduire par l'idée d'aller profiter de la plage. Il ne s'endormirait pas avant un moment, et s'aérer l'esprit lui ferait le plus grand bien.

Il t’était impossible de savoir comment Rory allait réagir à ta présence soudaine dans sa chambre, au beau milieu de la nuit. Deux mois plus tôt, ça aurait sans doute été le truc le plus normal qui soit. Il t’était arrivé si souvent de finir la nuit dans le loft du brun, la proximité qui s’était installée entre vous dans les derniers mois devenant quelque chose de naturel bien que complètement platonique. Du moins, jusqu’au moment ou ce ne l’était plus, platonique de ton côté. Rory était bien l’un des seuls – sinon le seul – hommes dont le contact ne t’effrayait pas. Tu avais trouvé refuge dans ses bras si souvent dans la dernière année, il t’était presque difficile de ne pas tout simplement vouloir reprendre cette place qui était petit à petit devenue tienne sans jamais réellement l’être. Deux semaines plus tôt, tu n’aurais même pas imaginer osé ouvrir la porte de la chambre de l’homme, sachant pertinemment qu’il aurait sans doute demander à ce que tu le laisses tranquille, chose que tu avais fait aussi longtemps que possible. Et puis était venue la dispute sur le plateau, les insultes par messages textes, les reproches et les vérités à moitié-dites. Et puis le calme après la tempête, du moins, c’est la phase ou tu espérais être en ce moment alors que tes yeux croisent finalement les siens. « Penny? » Tu te contentes de hocher légèrement de la tête avant de laisser tes envies guider tes prochaines paroles, tes prochains mouvements. Son regard toujours plongé dans le sien, tu ne sens plus cette animosité qui vous a pourtant suivi dans le dernier mois. T’as plutôt l’impression de retrouvé cette douceur qui vous caractérise si bien et c’est peut-être pour cette raison que tu n’attends pas plus longtemps avant de briser la distance entre vous. Le goût de ses lèvres est différent de ce que tu te souvenais, mais tu profites de chacune des secondes qui passent avant de croiser le regard surpris du jeune homme qui reste silencieux quelques secondes de plus alors que tu continues de le regarder, un léger sourire habitant tes lèvres. « C’est… c’était pour quoi ce baiser? » Tu hausses légèrement les épaules. La dernière chose dont tu as envie en ce moment, c’est d’expliquer, de décortiquer ce changement qui s’est fait dans les derniers mois. Tu ne veux pas penser, tu veux agir ce soir. « Pour tout. Pour rien. » Tu restes élusive par choix, espérant ça lui suffise dans l’instant. « Parce que j’en avais envie. » Aussi simple que ça. C’était l’une de ces choses que tu n’avais pas envie d’analyser à n’en plus finir. La liste de raisons que tu aurais pu lui donner est longue pourtant. Parce que je te trouve beau quand tu souris et qu’il y a ces fossettes qui se créent, dans le coin de tes joues. Parce que ça fait des semaines que j’y pense un peu trop. Parce que tu m’énerves à toujours vouloir avoir raison. Parce que je le pensais, ce que je t’ai écrit, à Noël. Tu ne dis rien pourtant, tu laisses le silence parler pour toi quelques secondes alors que l’inquiétude que tu lis dans les yeux du Craine se transforme en une question que tu as entendu des milliers de fois. « Je veux dire, tu vas bien? » Tu hoches la tête. « Mieux maintenant. » Toujours élusive, même si cette réponse dit tout sans rien dire. Tu vas mieux parce qu’il est là et que t’es capable de le regarder dans les yeux sans avoir peur de ce que tu vas y lire. Tu vas mieux parce que t’as l’impression de le retrouver enfin après ce qui t’a semblé être une trop longue absence. Tu vas mieux parce que pour quelques heures encore, il n’y a rien qui existe en dehors de lui et de ce moment et t’as pas envie que quoique ce soit vienne gâcher le tout.

« C’est d’accord, pour la plage. » Ton sourire s’étire davantage. T’as envie, besoin même d’être proche de l’eau en ce moment, de sentir le sable sous tes pieds et de partager le moment avec le Craine. « À condition que tu enfiles quelque chose. C’est peut-être LA, mais il fait plus frais ici qu’à Brisbane à cette heure. » Tu fronces les sourcils alors qu’il se lève, te frôlant légèrement au passage alors que ses pas le guident à l’opposé de la chambre et il revient avec une veste qu’il te tend. Ton regard se baisse sur ta tenue qui en effet, n’est probablement pas la plus appropriée pour une visite à la plage au beau milieu de la nuit. « Tiens, ça risque d’être un peu grand. » Un peu. T’as le sourire qui va d’une oreille à l’autre, le genre de sourire qui n’a pas habité ton visage depuis si longtemps il te semble. Tu enfiles la veste dans laquelle tu sembles flotter tellement elle est grande, cette dernière tombant jusqu’en bas de tes genoux. « La grandeur parfaite. » que tu dis, répondant à ce sourire que tu aimes tant qui habite le visage de Rory, sourire qui semblait disparu lui aussi dans les dernières semaines. « Tu devrais en prendre une pour toi aussi. » Tu remontes et roules les manches jusqu’à tes coudes et dès que tu devines qu’il a pris et enfilé une veste à son tour, tu attrapes sa main et tente de le guider jusqu’à la porte, sa chambre désormais dans la noirceur totale puisque son téléphone est resté derrière, sur son lit. Tu t’enfarges dans ce que tu penses être sa valise, ce qui fait un bruit sourd qui résonne dans tout le loft. « Faut pas réveiller les autres! » que tu l’intimes, comme si c’était de sa faute avant de rire et ouvrir la porte de sa chambre de ta main libre. La lune éclaire légèrement le reste du loft et c’est aussi silencieusement que possible que vous sortez à l’extérieur. Vous avez pas de souliers dans les pieds, tant pis. La plage est à même pas deux minutes de marche du loft. L’air est frais comme il l’avait dit, et la lune est presque pleine dans le ciel. Tu ne lâches pas sa main. T’avais pas envie la dernière fois, sur le tournage. T’as encore moins envie maintenant. « T’as passé un beau Noël? Comment va Wendy? Est-ce que Rosalie est toujours avec ce mec super emmerdant… comment il s’appelait déjà, Lachlan je crois? » T’as pas envie de parler de ton Noël, tu veux entendre le sien. Tu veux entendre le beau et le doux, les petits moments d’accalmie dans cette tempête qu’à été cette fin d’année.

Si Rory ne s'attendait pas à recevoir de la visite à cette heure, il s'attendait encore moins à ce que la silhouette de Penny apparaisse devant lui. Les choses étaient pourtant plus simples depuis son retour à Los Angeles, et sans qu'ils puissent tout effacer d'un seul revers de la main, Rory était au moins soulagé qu'il leur soit de nouveau possible de passer du temps ensemble sans que l'atmosphère devienne inconfortable. Il le lui avait dit quelques semaines plus tôt, il aimerait plus que tout que les choses redeviennent comme avant et qu'eux retrouvent la complicité qu'ils partageaient depuis des mois. Il avait toujours envie de croire que c'était possible, peu importe que la situation de Penny n'ait pas changé et que lui soit toujours aussi peu convaincu par cette histoire de faux couple. Elle était là ce soir, devant lui, et semblait éprouver le même besoin de mettre les dernières semaines derrière eux. Dieu sait qu'ils en avaient besoin, qu'ils n'étaient pas habitués à se faire du mal et que ça les avait atteint. Parce que Penny comptait énormément à ses yeux, peu importe que certaines choses aient peut être besoin d'encore un peu de temps pour revenir à la normale. Ainsi, s'il était surpris de la trouver ici, il n'était pas gêné par sa présence et même rassuré qu'elle éprouve l'envie d'apaiser les choses elle aussi. Au fond, ils n'étaient peut être pas d'accord sur tout mais ils se ressemblaient profondément sur ce point : ils n'aimaient pas s'affronter parce que ça n'avait rien de naturel après la manière dont ils avaient pu se rapprocher ces derniers mois. Ce à quoi Rory n'aurait pas pu s'attendre toutefois, c'est à ce que la jeune femme s'approche pour déposer ses lèvres sur les siennes et lui offrir un baiser qui cette fois n'avait rien de comparable avec ceux qu'ils avaient pu partager devant la caméra. Le goût était tout autre, la symbolique aussi et quand bien même il ne saurait pas exactement décrire ce qu'il éprouva au moment où leurs lèvres se détachèrent et où son regard retrouva le sien, les battements de son cœur eux s'étaient accélérés. A observer Penny, pourtant, on jurerait que tout avait presque déjà repris son cours initial. Il n'y avait pas de gêne, rien qui puisse laisser penser qu'ils passeraient le reste de la soirée à éviter le regard l'un de l'autre ou tenter de mettre des mots sur ce qu'ils venaient de partager. C'était bien plus simple que ça et quelque part, lui non plus n'avait pas envie de trop se poser de questions. « Tant mieux, je crois que j'aurais regretté que tu l'aies fait pour une autre raison. » Parce qu'il n'existait pas de meilleure raison de faire les choses, n'est-ce pas ? Que l'envie. Ses lèvres étirèrent un léger sourire, de ceux auxquels Penny avait souvent eu droit et qui pourtant ici se teintait d'une douceur différente. Elle en avait eu envie et ça soulevait forcément plusieurs interrogations, mais ils n'avaient pas besoin de tout expliquer maintenant et Rory devinait à son regard que Penny n'y tenait pas non plus. Il ne voulait ni la gêner ni prendre le risque de compliquer les choses à nouveau, alors il lui sembla plus sûr de ne pas poser la question qui lui brûlait les lèvres. Depuis quand en avait-elle envie ? Depuis ce soir, depuis plus longtemps ? Depuis ce sms derrière lequel il n'avait peut être pas perçu le sens qu'il aurait du ? Rory aurait pu formuler ces mots mais ce soir il voulait d'abord s'assurer que Penny allait bien. Car c'était tout ce qui comptait depuis le départ et tout ce qui comptait aujourd'hui encore. Ainsi retrouva-t-il une expression sereine au moment d'accueillir ses prochaines paroles. Elle allait bien, mieux, et en plus de le rassurer, ça tendait à confirmer que Penny était dans un état émotionnel normal l'instant d'avant, lorsqu'elle lui avait donné ce baiser. Là non plus, il n'aurait pas voulu qu'il en ait été autrement.

Désireux lui aussi de troquer l'air renfermé de sa chambre pour celui de la plage, Rory accepta de passer le reste de la soirée en compagnie de la brune. A la condition toutefois qu'elle enfile quelque chose. Quelques pas à travers sa chambre lui permirent de mettre la main sur l'une de ses vestes et de la tendre à la jeune femme, avec qui il aurait une nouvelle fois l'occasion de s'amuser de leur différence de gabarits. « Encore un peu et tu disparaîtrais presque en-dessous, et là aucun risque que qui que ce soit te reconnaisse. » Les journalistes, les curieux, ceux qui s'intéressaient d'un peu trop près à ce qui n'aurait jamais du se retrouver en première page des journaux. L'idée lui tira un fin sourire, parce que ça lui faisait un bien fou de retrouver avec elle la légèreté qui avait toujours caractérisé leurs échanges. Enfilant une veste à son tour sur les conseils de la brune, Penny et lui se frayèrent un chemin à travers la chambre et firent preuve d'une (très) relative discrétion. « Chloe pourrait penser qu'on lui fait des cachotteries. » Ce qui, quand on y réfléchissait, était un peu le cas. Mais il valait mieux qu'ils gardent leurs projets pour eux car s'ils mettaient la jeune femme dans la confidence, ils pourraient être tentés de lui parler du baiser. Est-ce qu'ils voulaient que Chloe soit au courant, au risque de subir un interrogatoire en règles quand ni Penny ni lui en semblaient tellement prêts à se poser plus de questions pour le moment ? Son rire se fit l'écho du sien et c'est en silence qu'ils gagnèrent l'extérieur, leurs pas les conduisant à la plage. Sa main toujours dans celle de Penny, Rory sourit silencieusement à l'idée que ce contact paraissait ce soir bien plus naturel qu'au cours des dernières semaines. Et parce qu'elle et lui avaient vécu quelques uns de leurs meilleurs moments sur une plage semblable à celle-ci, l'instant ne pourrait être plus symbolique. A la question Penny, il vrilla son regard au sien et secoua doucement la tête. « Ça s'est bien passé, oui. Ma mère avait encore vu grand cette année, y'avait plus de guirlandes au mètre carré que dans un centre commercial mais ça faisait des mois qu'on s'était pas tous réunis et ça nous a fait du bien. » Elle le savait, Penny, que Rory tenait à ce que les Craine restent aussi unis que possible malgré le fait que les portraits de famille enjolivaient souvent la réalité. « Wendy va bien, même si elle aurait sûrement préféré fêter ça avec ses potes. » Et pour être particulièrement proche de sa jeune sœur, Rory avait été apaisé de pouvoir passer les fêtes avec elle. Un jour ils auraient sûrement passé l'âge, mais cette année ils en avaient besoin. « Et Rosalie est toujours avec Lachlan, mais j'apprends à revoir mon jugement sur lui. C'est vrai, il est assez déprimant et certains jours je me demande ce qu'elle peut lui trouver, mais d'un autre coté... il a l'air de tenir à elle. Ça doit être un type bien, au fond. » Et il aimait croire que Rosalie aussi, devait tenir à lui. Parce qu'elle avait tout pour être heureuse et qu'elle méritait de l'être, elle qui avait peut être enfin trouvé une vraie stabilité avec cet homme. Et qu'un Craine au moins soit heureux en amour, ça lui redonnerait espoir. « Et toi, tu as pu passer les fêtes accompagnée malgré l'absence de tes parents ? Je me souviens que tu m'as dit qu'ils étaient partis à Hawaï, c'est pas banal comme destination. » L'idée qu'elle ait du faire sans eux pour les fêter lui pinçait le cœur, et plus encore alors que si les choses avaient été plus simples à ce moment-là, ils savaient tous les deux que c'est chez lui qu'elle aurait passé Noël. « Qu'est-ce que je peux te souhaiter pour cette nouvelle année, Penny ? » Il retrouva son regard tandis qu'ils s'assirent sur le sable, bercés par le bruit des vagues. Il lui sourit. « Elle sera beaucoup plus belle, tu verras. » Il avait envie d'y croire, pour elle, parce que si quelqu'un méritait de voir enfin poindre des éclaircies dans un ciel resté trop longtemps nuageux, c'était Penny. Tout irait mieux, bientôt. En attendant, sa main ne lâcha pas la sienne.

Il n’existait que Rory et toi dans le moment. Tu oubliais facilement la présence de Chloe et de Victor dans les chambres opposées aux vôtres. Tu oubliais facilement les insultes et les reproches qui avaient été lancé sur le plateau de tournage des semaines auparavant. Tu oubliais les silences et les regards coupables remplis des mots que vous n’aviez pas été en mesure de vous dire, cette journée-là, préférant plutôt laisser le temps faire son œuvre. Même si ça avait voulu dire de ne pas se voir pendant cette dizaine de jours à Brisbane sauf pour le Noël du Royaume Enchanté. Même si ça avait voulu dire un minimum de communication, le temps que les blessures ne commencent tranquillement à guérir, preuve toutefois que la coupure n’avait pas été trop profonde. Que même si les dernières semaines allaient laissées une trace, ce ne serait rien de plus qu’un accrochage sur un portrait qui demeurait beau dans son ensemble. Tu oubliais qu’il y avait encore trop de  choses non-résolues, autant entre vous deux que dans le reste de ton univers. Tu oubliais tout au profit de ses lèvres sur les tiennes, quelques secondes à peine, mais assez longtemps pour que tu puisses te remémorer ce baiser plus facilement que tous les autres que vous aviez échangé par le passé devant les caméras. Ce baiser qui voulait tout et rien dire à la fois. Ce baiser dont tu avais envie depuis tellement longtemps. Ce baiser qui ne choqua pas Rory, malgré la surprise sur ses traits. Il demandait pourquoi, tu n’avais pas d’autre raison à lui donner que l’envie, ce qui sembla satisfaire le brun dans le moment. « Tant mieux, je crois que j’aurais regretté que tu l’aies fait pour une autre raison. » Tu réponds à son sourire, ton regard ne détournant pas du sien alors que tu retiens tellement de mots et tu te demandes si lui aussi, il a des questions et des remarques à faire qu’il garde toutefois pour lui devant ton désir exprimé de garder cette nuit le plus simple possible. Pendant les quelques secondes de silence, tu te retiens de l’embrasser à nouveau. Ce serait tellement facile, maintenant que la première fois est derrière, mais tu ne bouges pas, laisse toutefois ton regard et ton corps dire toutes ces choses que tu gardes pour toi depuis quelques mois. Et puis soudainement vous êtes en mouvement, il te tend une veste dans laquelle tu te perds complètement. « Encore un peu et tu disparaîtrais presque en-dessous, et là aucun risque que qui que ce soit te reconnaisse. » « Ah, c’est ça qu’on a oublié la dernière fois. » La dernière fois sur la plage de Torquay, ce moment même ou les choses ont vraiment changé pour toi, et puis pour vous deux quand les photos ont été publiés. T’es capable d’en rire ce soir, dans cette bulle que tu t’imposes autour de vous. Cette nuit, il n’y a rien de lourd. Que ses sourires et la sensation si particulière de sa main dans la tienne alors que vous vous échappez de ce loft qui n’a pas eu la chance de vous connaître sous vos meilleurs jours. « Chloe pourrait penser qu’on lui fait des cachotteries. » « C’est Chloe qui fait des cachotteries depuis que t’es parti. » Tu retiens un rire alors que l’air frais de l’extérieur vous frappe tous les deux quelques secondes plus tard seulement, la porte se refermant doucement derrière Rory, le loft toujours plongé dans une noirceur complète, pas de trace de Chloe à l’horizon.

La soirée est douce malgré le vent frais et tu ne peux t’empêcher d’échapper un léger soupir de bonheur alors que vos pas vous guident lentement jusqu’à la plage. Il y a un énorme sentiment de déjà-vu qui t’envahit, mais tu l’accueilles plutôt que de te battre encore et encore contre ce que tu sais présent entre Rory et toi. Tes sentiments pour lui sont présents et probablement plus forts que jamais alors que pour une fois, tu n’essayes pas de les cacher par peur de tout briser entre vous. Le sable sous tes pieds nus, le bruit des vagues, la proximité avec le Craine. We’ve been here before. Ça c’était terminé dans l’eau la dernière fois, tu te demandes s’il oserait réitérer l’expérience en plein hiver californien. Rien n’était moins sûr, mais ça n’avait aucune importance. « Ça s’est bien passé, oui. Ma mère avait encore vu grand cette année, y’avait plus de guirlandes au mètre carré que dans un centre commercial mais ça faisait des mois qu’on s’était pas tous réunis et ça nous a fait du bien. » Tu souris en t’imaginant finalement la demeure familiale des Craine décorée  complètement, des teintes de verts et de rouges ornant chaque endroit possible de la maison. Tu n’avais pas eu l’occasion de voir la famille de Rory bien souvent au cours de la dernière année, mais les quelques furtives rencontres que tu avais eu avec les membres de la famille Craine t’avait fait du bien. Tu étais contente de savoir que Rory avait pu être auprès des siens pour terminer l’année. « Wendy va bien, même si elle aurait sûrement préféré fêter ça avec ses potes. » Ça n’a rien d’étonnant, même si tu aurais bien aimé pouvoir lui dire qu’elle avait la meilleure compagnie ce soir-là à la plus jeune des Craine. « Tu lui diras bonjour de ma part la prochaine fois que tu lui parles. » Tu savais que Rory aimait resté en contact avec sa famille aussi souvent que possible. De ton côté, ça faisait un moment que tu n’avais pas eu de contact avec Wendy, sachant qu’il était probablement pour le mieux que tu prennes tes distances avec tous les Craine quand la supercherie avec Giovanni avait débuté, annonçant le début du froid entre Rory et toi. « Et Rosalie est toujours avec Lachlan, mais j’apprends à revoir mon jugement sur lui. C’est vrai, il est assez déprimant et certains jours je me demande ce qu’elle peut lui trouver, mais d’un autre côté… il a l’air de tenir à elle. Ça doit être un type bien, au fond. » « Tant qu’elle est heureuse, c’est l’important, non? » Tu n’avais vu le dit couple qu’une seule fois depuis que tu connaissais Rory et il était difficile de dire quelle impression t’était restée de la grande sœur de Rory. Là ou tu avais développé un bon lien avec la plus jeune que tu savais très proche de Rory, la plus vieille demeurait encore un mystère. « Et toi, tu as pu passer les fêtes accompagnée malgré l’absence de tes parents? Je me souviens que tu m’as dis qu’ils étaient partis à Hawaï, c’est pas banal comme destination. » Tu hoches légèrement la tête. Tu n’as pas envie de parler de ton réveillon de Noël ou de devoir mentionner le nom de Giovanni dans la conversation. Même si c’était avec l’italien que tu avais passé la nuit de Noël, c’est à Rory que tu pensais à ce moment et il le savait, tes messages textes prouvant exactement ou ton esprit se trouvait lorsque l’horloge avait affiché minuit, heure de Brisbane. Tu évites donc la première partie de la question, non pas parce que tu souhaites lui cacher quoique ce soit, mais surtout parce que t’as pas envie de lui dire que 2020 a sans doute été ton Noël le plus triste. « Ma mère m’a dit que mon frère avait vraiment bien fait ça dans l’avion et ils ont même pu célébrer avec d’autres australiens qui se trouvaient au même hôtel. J’ai pu leur parler quand il était minuit là-bas, ça m’a fait du bien. » C’était loin de remplacer leur présence, mais c’était quelque chose et c’était sans doute le souvenir le plus doux que tu gardais de tout ce temps des fêtes qui avaient été parsemé de rencontres plus ou moins tumultueuses. « J’étais triste de ne pas pouvoir être avec eux, mais ils ont passé un super voyage, alors je suis contente qu’ils y soient allés quand même. » Ta mère avait considéré tout annulé quand tu lui avais dis que tu ne pourrais pas y être, de part tous tes engagements autant au niveau professionnelles que ton bénévolat et il avait fallut que tu uses de tout ton talent de persuasion pour la convaincre que c’était la meilleure chose à faire pour tout le monde que de garder les plans et tu avais eu raison, du moins, en grande majorité. « Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour cette nouvelle année, Penny? » La question te prend de court légèrement alors qu’il vient s’asseoir sur le sable et tu prends place à côté de lui. Vos mains sont toujours liés, ta jambe contre la sienne alors que ses yeux viennent capturer les tiens de cette manière que lui seul sait le faire. « Du courage. » que tu annonces finalement toujours sans quitter son regard. « Le courage de dire et de faire ce dont j’ai envie. D’aller au bout de mes peurs. » Tu fais en partie référence au moment même que vous étiez en train de partager, mais aussi d’aller au bout de l’affaire Byers, d’afficher cette vérité que tu as gardé cacher trop longtemps. Tu avais pris une décision à ce sujet d’ailleurs dans les derniers jours, mais tu n’avais pas envie de rentrer dans les détails. Pas ici, pas maintenant. « Elle sera beaucoup plus belle, tu verras. » « Je l’espère. » Si elle n’avait pas exactement commencé comme tu l’avais imaginé, ce moment rendait déjà 2021 bien plus belle que 2020 n’avait pu l’être. « Pour toi aussi. » que tu affirmes d’une voix convaincue alors que tu viens déposer ta tête dans le creux de l’épaule du brun, sans la moindre hésitation, comme si c’était le truc le plus naturel du monde. « Et toi Rory? Qu’est-ce qui te rendrait heureux cette année? » Tu lèves la tête légèrement, venant capturer son regard une énième fois avant que ton attention ne se perde une fois de plus sur ses lèvres que tu rêves d’embrasser à nouveau. « T’as pris des résolutions? » que tu demandes dans un murmure alors que tu peux sentir son souffle sur ton visage tellement vous êtes près l’un de l’autre.

De la même façon qu'il n'avait pas compris comment les choses avaient pu s'envenimer entre Penny et lui quelques semaines plus tôt, Rory peinait à s'expliquer que tout paraisse au contraire si simple ce soir. Si léger, surtout. Bien loin des reproches et de la culpabilité ambiante. Il peinait à se l'expliquer mais n'avait aucun besoin de réponse, lui qui avait bien trop espéré que Penny et lui retrouveraient cette entente naturelle, cette complicité évidente. Le reste ne leur ressemblait pas mais ces sourires, ces regards, caractérisaient leur relation depuis le départ et il les chérissait particulièrement. Rien n'aurait jamais du se passer autrement, pas alors qu'ils avaient pu compter l'un sur l'autre dans chaque moment compliqué depuis maintenant un an. Et s'il n'avait eu que peu de choses vraiment positives auxquelles se raccrocher lorsque la fin de l'année lui avait rappelé tout ce qu'il avait perdu, au moins avait-il trouvé du réconfort dans l'idée que Penny, elle, avait par sa présence rendu cette année un peu moins douloureuse. Alors ce soir il ne voulait penser à rien d'autre qu'à l'avenir, laisser derrière eux leurs dernières discussions. Il voulait retrouver ce qui avait toujours été, sans plus se poser de questions. Alors même lorsque ce baiser soulevait des interrogations et que son regard sondait le sien pour en comprendre tout le sens, il savait en son for intérieur que ces questions là pouvaient attendre. Une autre fois, un autre jour, ils n'avaient pas besoin d'y penser maintenant et tout ce que voulait Rory c'était les protéger elle et lui en les empêchant de se faire à nouveau du mal. Ça n'arriverait plus, parce qu'ils n'étaient pas capables de vivre l'un sans l'autre quand c'est ensemble, depuis le départ, qu'ils se relevaient. Alors s'il ne put garder son aveu pour lui, le brun s'empêcha pour autant de laisser parler son besoin de réponses et se laissa convaincre de la suivre sur la plage. Parce que ça aussi, ça leur ressemblait. « De vrais amateurs. » Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire rieur, parce que c'est ce qu'auraient sûrement dit leurs agentes. C'est certain, une veste de cette taille aurait permis à Penny de garder l'anonymat lorsque les photographes avaient immortalisé leur présence à Torquay. Sa main dans la sienne, rien ne semblait plus pouvoir les empêcher d'aller passer les prochaines heures au bord de l'eau et si Rory y avait connu quelques intenses réflexions depuis son arrivée à LA, ça n'était pas pareil lorsque Penny était là. « Parfait, tu vas pouvoir me raconter tout ça. Et sans lésiner sur les détails, je sais que vous parler mecs quand Victor et moi on a le dos tourné. » Et s'il n'irait jamais lui demander ce qu'elles se racontaient, il voulait sa part de confidences.

Cette partie de la plage était quasi déserte à cette heure et rien au loin ne venait troubler l'instant en dehors du bruit des vagues. Et à l'instar de ce moment à Torquay qui pour lui avait été comme un phare dans la nuit au milieu d'une année jalonnée d'épreuves, cet instant-là lui paraissait déjà aussi doux. Que Penny prenne des nouvelles de ses proches n'avait rien d'étonnant et même si ces fêtes de Noël avaient pas été particulièrement tristes pour lui pour bien des raisons, Rory se réjouissait malgré tout de pouvoir lui raconter l'essentiel. Et c'est toujours le cœur léger qu'il évoquait sa jeune sœur, avec qui Penny savait qu'il partageait une relation fusionnelle. « Je l'ai jamais au téléphone que trois fois par jour, ça devrait pas être trop compliqué. » Ses paroles ponctuées d'un fin sourire, il songea à combien sa sœur avait été au même titre que Penny une lumière pour lui dans les moments les moins évidents, lorsque tout le monde autour de lui semblait le voir avec des yeux différents. Comme s'il avait changé, comme si ce qu'il était n'avait plus de valeur face à quelques lignes mensongères dans des journaux. Ce lien étroit, il le partageait dans une autre mesure avec son aînée, Rosalie, bien qu'elle ait toujours partagé plus de points communs avec Garrett. Penny touchait ici du doigt l'essentiel : le bonheur de ses frère et sœurs importait plus que tout pour lui. « C'est même tout ce qui compte pour moi. Je sais qu'elle me souhaiterait aussi de l'être, qu'elle aurait été heureuse pour moi si elle avait su dès le départ... pour Swann. » Son regard croisa le sien en silence et Rory n'ajouta rien de plus, sachant que Penny comprendrait, qu'elle était mieux placée que personne pour ça. Le fait qu'il ait pu tant regretter de ne pas pouvoir parler autour de lui de l'anglais, même pendant quatre années où les occasions s'étaient faites si nombreuses. Sa sœur comprendrait-elle son silence, lorsqu'il lèverait enfin le voile sur tout ce que Swann avait représenté pour lui durant tout ce temps ? Il l'espérait plus que tout.

Penny, elle, n'avait pas pu passer les fêtes avec ses parents et son frère et cette idée le peinait au moins autant que de ne pas avoir pu être là lui non plus, pour toutes les raisons qu'elle et lui connaissaient déjà sans besoin de les ressasser. « Cette année tout est un peu mal tombé entre le tournage et le reste, mais l'année prochaine vous vous rattraperez. A Hawaï ou ailleurs, vous serez ensemble et c'est tout ce qui comptera. » Et s'il lui souhaitait bien sûr d’enchaîner autant de projets que Penny éprouverait l'envie d'en gérer, mais savait que sa famille comptait plus que tout pour elle et qu'elle ne perdrait pas une occasion de rattraper le temps perdu. « T'as prévu d'aller les voir, à leur retour ? » Le tournage ne serait plus très long, et bientôt la vie reprendrait son court tandis qu'ils attendraient de savoir quel accueil le public réserverait à la série. Le vent frais lui arracha un frisson tandis qu'il reposa son regard dans le sien et lui sourit. Du courage, Penny n'en avait jamais manqué mais ils savaient tous les deux pourquoi cette réponse se voulait si évidente, quand elle semblait chaque jour un peu plus déterminée à faire éclater la vérité. Rory, lui, attendrait qu'elle soit réellement prête et serait là, le moment venu. « Je suis pas inquiet pour ça. » Il souffla doucement, sa sincérité se lisant dans ses yeux. « Parce qu'après cette année, des leçons du courage tu pourrais en donner à beaucoup d'entre nous. » Après ce qu'elle avait traversé, après la manière dont elle s'était malgré tout toujours relevée, jusqu'à fouler le sol de ce plateau de tournage à LA quand elle ne s'en sentait sans doute pas capable quelques mois plus tôt. Lui, il n'en avait jamais douté. Et tout ne pourrait qu'aller mieux dans les prochains mois, parce qu'elle et lui avaient besoin d'espoir, enfin. Si tout ne se réglerait peut être pas du tout au tout, si certains obstacles les attendaient peut être encore, au moins voulait-il croire que le pire était derrière eux. Sinon, tout ça n'aurait eu aucun sens. Et tandis que son sourire s'adoucit, c'est vers l'horizon que Rory porta cette fois son regard. Penny déposa sa tête sur son épaule et l'espace d'un instant, les choses furent enfin comme elles n'auraient jamais du cesser d'être. « Me retrouver, je crois. » Son regard s'ancra au sien et il précisa, dans un souffle. « Retrouver celui que j'étais avant tout ça. Celui qui pouvait se lever le matin et se sentir complet et heureux. Et qui se moquait des rumeurs et du reste. » Il ne voulait pas seulement redevenir ce Rory-là dans le regard des autres, mais dans la façon que lui avait de se percevoir. A défaut de retrouver tout ce qu'était sa vie avant ça, il voudrait au moins ne plus détester ce qu'on faisait de lui et ne plus se sentir aussi mal sans nier lui-même à quel point il l'était. « Est-ce que les bonnes résolutions sont pas justement faites pour pas être tenues ? » Un rictus au coin des lèvres, il laissa son pouce caresser l'épaule de la jeune femme. « Je crois que j'aurais pu en prendre un paquet, en vérité. Mais je crois aussi que je préfère me laisser le temps d'opérer les changements dont ma vie a besoin. » S'accorder du temps, c'était peut être sa seule vraie résolution. Le temps d'avancer, le temps de retrouver une forme de sérénité. Son souffle se cala un instant sur sa respiration et Rory ferma les yeux. « Et toi, t'as pris quel genre de résolutions quand t'as passé le nouvel an avec Chloe et ses prétendants ? » Un air amusé éclaira son visage. Chloe lui grifferait sûrement le visage si elle entendait ça mais il comptait sur Penny pour ne rien répéter. « Donna m'a conseillé de tenir un cahier dans lequel j'écrirai chaque soir trois choses positives que j'ai faites ou vécues dans la journée. Si je le fais, tu le fais avec moi ? » Et à nouveau, son regard rencontra le sien mais laissa cette fois surtout transparaître son envie d'avancer, avec elle, quoi que leur réserve cette année. A deux, ils affronteraient tout.

« De vrais amateurs. » C’est probablement ce que vous aviez été cette nuit-là, à Torquay. Des amateurs qui avaient cru naïvement que parce que vous étiez loin des grandes villes, loin des soirées populaires, loin des paparazzis et des journalistes, vous pouviez vous permettre d’être vus si près l’un de l’autre sans imaginer que cela ne fasse jaser. Vous aviez eu tort évidemment et l’effet boule de neige de cette malencontreuse maladresse avait été cher payé, autant de part ces évènements qui avaient été hors de votre contrôle commun comme les photos, les rumeurs qui persistaient allant même jusqu’à vous associer tous les deux à un triangle amoureux incluant Byers. Les journalistes étaient prêts à inviter n’importe quelle histoire pour essayer de faire le sens sur l’annulation de ce film pourtant si bien avancé et de voir ton nom si librement associé autant à l’un qu’à l’autre avait été difficile à gérer. Et puis il y avait eu les mauvaises décisions que tu avais prise pour te protéger, comme ton faux-couple avec Giovanni ce qui avait créé un froid comme jamais auparavant avec le Craine. À vouloir te protéger de ses rumeurs qui avaient bien rapidement semé le doute dans ton esprit et de tes sentiments naissants à l’égard de l’acteur, tu avais pris le plus gros risque qui soit. Le risque de le perdre, le risque de perdre ton ancrage, ton point de repère dans la tempête qu’avait été la dernière année. Tu n’aimais pas particulièrement repenser à tout ça, faire les liens entre les évènements et comprendre ce qui aurait pu être éviter pour que le fossé ne se creuse jamais entre vous Tu décidais toutefois, ce soir du moins, de voir le tout comme étant les évènements qui avaient mené jusqu’à maintenant. À ce moment ou tu avais finalement trouvé le courage de faire ce dont tu avais envie depuis des semaines maintenant. À ce moment ou ça semblait presque normal et naturel pour toi d’être venue chez ses lèvres alors que même le jeune homme ne questionnait pas vraiment le geste ni son sens. Tu choisissais de voir le bon côté des choses pour une fois, sa main dans la tienne, l’odeur de sa veste sous ton nez et son sourire aidant grandement à te concentrer sur ce qui te faisait du bien. « Parfait, tu vas pouvoir me raconter tout ça. Et sans lésiner sur les détails, je sais que vous parler mecs quand Victor et moi on a le dos tournés. » « Comment faire autrement? Vous êtes essentiels à nos vies. » Les mots filent sans même que tu ne penses au double-sens qu’ils laissent facilement percevoir. Allait-il comprendre Rory que tu disais vous dans le sens de Victor et lui, et non pas seulement dans le sens des hommes en général? Que c’était de lui que tu parlais à Chloe dès qu’il avait le dos tourné? Si la Penny d’hier aurait passé le reste de la soirée à s’en faire pour ce détail, la Penny de cette nuit décidait de vivre dans le moment présent et de laisser le commentaire planer au dessus de sa tête et de celle de Rory, prête à répondre à sa question s’il se décidait à la poser. Une partie de toi espérait qu’il demande, l’autre espérait qu’il  décide lui aussi de profiter du moment sans aller chercher la vérité cachée derrière chaque mot prononcé.

« Je l’ai jamais au téléphone que trois fois par jour, ça devrait pas être trop compliqué. » « Si peu? » que tu ajoutes avec un léger rire dans la voix alors que tu profites du vent sur ton visage. Tu le taquines parce que tu as parfois l’impression qu’il est toujours en train d’essayer de rejoindre un membre du clan Craine entre deux prises. Ça te rend toujours un peu triste d’ailleurs, d’une tristesse que tu n’aimes pas évoquer à haute voix quand tu penses au fait que tu n’as pas et que tu n’auras jamais ce genre de lien avec ton frère. Tu sais que ta relation avec David est privilégiée et tu ne remets pas ce fait en question, mais tu envies la communication à deux sens que Rory partage si aisément avec ses sœurs et son frère. Il n’y a pas beaucoup de lumières aux alentours et tu as l’impression que les étoiles brillent bien plus fort ici qu’à Brisbane, tu ne saurais dire pourquoi. Peut-être que c’est simplement le moment et ce bonheur si simple que tu ressens qui teinte tout autour de toi. Tu penses à Wendy et tu espères simplement que Rory ne lui a pas trop dit de mal à ton sujet. Tu sais que ce n’est pas vraiment le genre du Craine, mais tu sais aussi qu’il se confie beaucoup à elle. Tu espères simplement qu’elle garde une bonne opinion de toi, malgré tout. « C’est même tout ce qui compte pour moi. Je sais qu’elle me souhaiterait aussi de l’être, qu’elle aurait été heureuse pour moi si elle avait su dès le départ… pour Swann. » Tu pinces les lèvres légèrement alors qu’il s’ose à aborder un sujet un peu plus sensible Rory et tu serres sa main un peu plus fort. Tu ne sais pas si tu es la bonne personne pour entendre des confidences au sujet de son ex petit-ami désormais, surtout pas après cette discussion échangé entre le McGrath et toi quelques jours auparavant. Mais tu refuses de ne pas lui offrir ce soutien infaillible que vous vous êtes toujours promis. « Tu avais tes raisons de ne rien dire à ce moment-là, mais ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas vu ou remarqué que tu étais bien. » Tu ne l’as pas connu Rory pendant ces meilleures années avec Swann, c’est impossible pour toi de dire avec assurance s’il y avait un changement marquant chez le Craine, même si tu penses le connaître assez bien pour dire que oui, ça devait se voir, même si les raisons n’étaient pas communément connues. Si tu te demandes s’il a l’intention de tout lui dire à s sœur, tu gardes la question pour toi, n’ayant pas particulièrement envie d’aborder le blond ici et maintenant. C’est sans doute un brin égoïste de ta part, mais ce soir, t’as pas envie de partager l’attention de Rory.

« Cette année tout est un peu mal tombé entre le tournage et le reste, mais l’année prochaine vous vous rattraperez. À Hawaï ou ailleurs, vous serez ensemble et c’est tout ce qui comptera. » Tu hoches légèrement la tête. Tu te remets à peine de ce dernier Noël empli d’une solitude et d’une tristesse que tu n’avais jamais connu auparavant, tu n’arrives pas à te projeter si loin dans l’avenir alors que tu tentes désespérément de rester dans le moment présent. Tu lui offres un sourire à Rory alors que tu te blottis davantage dans ses bras, laissant filer un léger soupir entre tes lèvres. « T’as prévu d’aller les voir, à leur retour? » Tu fais signe que oui de la tête, encore un peu certaine toutefois du meilleur moment. Avec le tournage qui se termine vers la fin du mois, tu sais que beaucoup de choses ont encore le temps de changer avant que tu ne puisses mettre des dates définitives à ton envie, ton besoin même d’aller passer une fin de semaine chez tes parents. « Je ne sais pas encore quand exactement, probablement la dernière fin de semaine de janvier, ou alors la première de février. » Ça te semble encore si loin, toi qui n’a pas vu tes parents depuis la deuxième semaine de novembre, après que ton père ait eu un léger malaise mais tu t’accroches au fait que tu puisses être en contact avec eux à tous les jours. « Tu voudrais venir avec moi? » L’invitation est spontanée, peut-être même un peu prématurée vu l’état non-officiel des choses entre vous, mais tu oses croire que les dernières semaines peuvent restées dans le passé et que ce soir marque le début d’une nouvelle page entre vous, une page plus familière et plus douce, à votre image. « Ma mère arrête pas de me demander quand tu reviens la voir. » Tu laisses un léger rire siffler entre tes lèvres alors que tu te caches le visage dans son cou pour quelques secondes, appréciant pleinement cette proximité nouvelle et si familière à la fois.

Tu lui dis que tu veux être courageuse cette année et le regard qu’il pose sur toi te chavire autant qu’il te fait du bien. « Je suis pas inquiet pour ça. Parce qu’après cette année, des leçons du courage tu pourrais en donner à beaucoup d’entre nous. » Il y a un sourire qui vient se placer sur tes lèvres alors que tu secoues légèrement la tête. « J’ai encore beaucoup à apprendre. » que tu murmures doucement alors que le plus dur est toujours devant toi. Si tu te sens prête, ou du moins aussi prête que possible, tu ressens tout de même une énorme nervosité à la simple idée d’aller de l’avant avec une plainte officielle et l’annonce dans les médias de ce que Byers t’a fait, de ce qu’il a fait à Chloe, de ce qu’il a pu faire à d’autres aussi. « Me retrouver. » Tu lèves la tête légèrement, tes yeux posés sur l’acteur alors que son regard à lui semblait se perdre quelques secondes sur l’horizon avant de revenir trouver le tien. « Retrouver celui que j’étais avant tout ça. Celui qui pouvait se lever le matin et se sentir complet et heureux. Et qui se moquait des rumeurs et du reste. » « Je pense qu’il est pas aussi loin que tu le penses. » Si tu te doutais que comme toi, Rory avait perdu l’équilibre dans la dernière année, tu voulais croire que lui aussi pouvait se relever et se sentir bien à nouveau. Il méritait une période de calme et de bonheur après les tempêtes de la dernière année et si tu peinais toujours à accepter le rôle que tu avais joué dans ses malheurs, tu espérais avoir une place près de lui quand la vie se montrerait à nouveau clémente envers lui. « Est-ce que les bonnes résolutions sont pas justement faites pour pas être tenues? » Tu hausses légèrement les épaules alors qu’un nouveau rire s’échappe de tes lèvres. « Je pense qu’on prend souvent les mêmes résolutions années après années sans jamais être capable d’aller au bout de ce qu’on veut vraiment. » Tu n’avais pas pris de résolutions toi non plus, même s’il y en avait bien des dizaines que tu aurais pu prendre toi aussi, la majorité d’entre elles se frayant tout un chemin vers l’homme contre lequel tu te retrouvais dans le moment. Il y a un frisson qui te parcoure l’échine alors que le pouce du jeune homme vient caresser ton épaule et tu peines à rester concentrer sur les mots qui quittent ses lèvres. « Je crois que j’aurais pu en prendre un paquet, en vérité. Mais je crois aussi que je préfère me laisser le temps d’opérer les changements dont ma vie a besoin. » « Je crois que c’est une sage décision. » Tu continues de lui sourire tendrement alors qu’il ferme les yeux et tu uses du peu de retenue que tu possèdes encore pour ne pas franchir les quelques centimètres qui séparent ses lèvres des tiennes. « Et toi, t’as pris quel genre de résolutions quand t’as passé le nouvel an avec Chloe et ses prétendants? » Tu secoues la tête légèrement alors que ta main libre vient se placer sur ton visage et tu fais semblant d’être légèrement découragée. « La résolution de ne plus essayer de suivre les histoires amoureuses de Chloe. Et de boire moins de champagne aussi. J’ai encore mal à la tête. » que tu admets dans un rire, bien peu sérieuse comparativement à ce que lui venait de te dire. « Je crois qu’elle est avec Jet maintenant. Du moins, c’est lui que j’ai vu au nouvel an, et ce matin aussi, quand t’es arrivé. » Vous ne vous étiez pas parlés ce matin, tu n’avais vu que son ombre alors que Chloe avait interrompu ta discussion avec le jeune homme arrivé de Paris quelques jours plus tôt. Tu te demandais si elle lui avait dit quelque chose à Rory, à propos de Jet sur leur chemin de retour de l’aéroport ou après, quand ils étaient allés sur la plage. « Donna m’a conseillé de tenir un cahier dans lequel j’écrirai chaque soir trois choses positives que j’ai faites ou vécues dans la journée. Si je le fais, tu le fais avec moi? » Tu fais mine de réfléchir pendant quelques secondes avant de faire signe que oui de la tête. « Pourquoi pas. Tu écrirais quoi pour aujourd’hui? » que tu demandes avec une étincelle dans les yeux, avant de reprendre la parole avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit. « Attends, moi d’abord. » Tu te recules légèrement pour bien pouvoir le regarder, son bras toujours autour de tes épaules alors que ton coeur se met à battre plus vite contre ta cage thoracique. « Un : ton retour. » Évidemment. Tu n’avais pas besoin de le dire à voix haute pour qu’il sache combien il t’avait manqué. Pire même, combien il t’avait manqué même pendant ses premières semaines ici ou vous ne vous parliez plus. « Deux : de voir Chloe heureuse. Elle non plus, elle ne l’a pas eu facile et ça me fait plaisir de la voir comme ça. » Chloe, ton autre moitié. Celle qui avait su te supporter quand le Craine n’était plus là pour le faire, temporairement. Celle sans qui cette aventure aurait été beaucoup moins drôle. « Et trois… t’embrasser. » L’hésitation est là mais les mots franchissent finalement tes lèvres alors que tes yeux ne quittent pas les siens, tes joues sans doute écarlates alors qu’un mélange de gêne et d’excitation t’habite sans que tu n’oses baisser le regard du visage de Rory.

La plage semblait déserte et n'était pas sans leur rappeler des souvenirs, forcément, alors que les images de ce week-end à Torquay ne semblaient jamais très loin. Pour autant, et si Rory aurait cru que ces histoires de rumeurs lui vaudraient de prendre deux fois plus de précautions aujourd'hui, il n'avait en réalité pas envie d'y penser. Probablement qu'ils devraient rester sur leurs gardes, considérer qu'à LA comme ailleurs personne n'hésiterait à prendre quelques clichés d'eux, qui plus est sur une plage comme la dernière fois. Mais Rory était las de se méfier de tout et de tout le monde, les derniers mois avaient été suffisamment éprouvants lorsqu'il devait constamment faire face à la manière dont l'opinion publique pouvait condamner ses actes sans même savoir ni essayer de comprendre. Il n'avait pas l'intention de sursauter chaque fois qu'on sortirait un appareil photo dans son champ de vision. Il ne pouvait pas, pas alors qu'il goûtait enfin de nouveau au plaisir de tourner et faire ce qu'il aimait. Et pas alors qu'avec Penny, les choses s'étaient enfin pleinement apaisées. A tel point que les événements d'il y a quelques semaines semblaient même aujourd'hui les avoir rapprochés. Il y avait eu son baiser, bien sûr, et les milliers d'interrogations qu'il avait fait naître. Mais la seule certitude qu'il puisse pour l'instant lire à ce sujet dans le regard de la brune, c'est qu'elle tenait aussi peu que lui à se poser plus de questions. Parce que la soirée était pleine de promesses que ni elle ni lui ne prendrait le risque de gâcher. Parce que c'était LA et que quelque part, ils profitaient ce soir d'une parenthèse où seul comptait l'instant et ce qu'ils décideraient d'en faire. Sa main n'avait pas quitté la sienne depuis que leurs pas les avaient éloignés du loft, et Rory sentit ses lèvres s'étirer avec malice. « Attends un peu qu'on vous mitonne un bon repas, vous voudrez plus jamais vous plaindre de nous. » L'idée prêtait d'autant plus à sourire que depuis leur arrivée à Los Angeles, la cuisine n'était pas vraiment l'endroit du loft qu'ils avaient le plus rentabilisé. A part pour faire le plein de céréales ou engloutir le contenu du réfrigérateur américain. « Enfin, c'est pas sûr quand même, parce qu'il faudrait d'abord que je vois avec Victor et puis en plus je suis pas vraiment un cordon bleu donc... Bref. » Rory se racla la gorge avant d'afficher un immense sourire, feignant de reporter son attention sur l'océan avec l'espoir que Penny ne rebondirait pas sur cette proposition qui, maintenant qu'il prenait le temps d'y réfléchir, pourrait s'apparenter à un cadeau empoissonné. Mais ça lui faisait le plus grand bien, de plaisanter avec elle. Avec cette légèreté si caractéristique de leurs échanges et cette impression que rien ne pouvait plus se placer entre elle et lui. « Ravi d'apprendre que je suis essentiel à ta vie, en tout cas. » Son regard recroisa le sien et Rory se fendit d'un sourire mutin, l'air de dire qu'il était impensable qu'il passe à coté de l'occasion de savoir ce qu'elle voulait réellement dire par là. Qu'elle parle de lui ou des hommes en général, il était un homme alors ça s'appliquait forcément à lui, non ?

Et si Penny n'ignorait rien de la force du lien qui l'unissait à sa plus jeune sœur, la brune ne ratait surtout jamais une occasion de le taquiner sur le sujet. Elle le savait, combien Rory pouvait être proche de sa fratrie et ce même si les tensions n'étaient jamais inexistantes chez les Craine. « Je lui ai peut être soufflé à l'oreille qu'il était temps qu'elle se trouve quelqu'un pour pas que son frère soit toujours celui qu'elle a le plus souvent au téléphone. » Et il suffirait à Penny d'observer son expression rieuse pour comprendre que c'était faux et que de toute manière, Wendy n'avait pas besoin qu'on lui donne des conseils sur sa façon de gérer sa vie amoureuse. Elle était encore jeune et avait tout le temps de songer à se poser auprès de quelqu'un, Rory était même forcé d'avouer qu'elle avait l'air bien plus épanouie de cette manière que lui l'était depuis plusieurs mois. Sa sœur aînée, elle, se confiait moins encore sur sa vie personnelle mais semblait plutôt épanouie avec l'homme qui partageait sa vie, ce qui était de loin le plus important à ses yeux. Et il savait qu'avec Rosalie, la réciproque avait toujours été vraie. « Tu dois avoir raison. Rosalie est observatrice, si j'étais pas devenu maître dans l'art d'éluder les questions je sais qu'elle aurait compris depuis longtemps. » Pour lui et Swann, sans aucun doute. Rory avait simplement gardé le secret, à l'exception de Wendy qui en plus d'avoir toujours été une confidente pour lui avait noué un lien fort avec l'anglais. Tout valait à ce moment-là mieux que d'en parler parce que moins ils étaient à savoir, plus leur relation restait privée et eux heureux. Ça n'empêchait pas les regrets de lui serrer le cœur, mais Rory savait qu'il y avait des sujets sur lesquels il valait mieux ne pas trop s'étendre ce soir. Il préférait attendre d'en avoir parlé à ses proches pour affirmer qu'il allait enfin un peu mieux.

L'idée que Penny n'ait quant à elle pas eu l'occasion de voir ses parents et son frère pendant les fêtes le désolait bien plus encore que l'idée de n'avoir pas pu lui offrir l'écrin de douceur dont ils auraient sûrement pu profiter ensemble si les choses n'avaient pas été aussi compliquées à ce moment-là. C'est précisément la raison pour laquelle Rory restait prudent, évitant certains sujets qu'il savait sensible et notamment le fait qu'elle ait du passer une partie des fêtes avec Giovanni. Pour entretenir l'illusion que l'italien et elle formaient un couple épanoui. Il n'avait rien de plus à dire à ce sujet que ce qu'il lui avait déjà dit et ça n'était pas une conversation qu'il avait envie d'avoir à nouveau, ça leur avait fait bien trop de mal la dernière fois. Il préférait l'interroger sur ses projets, devinant qu'elle n'attendrait pas indéfiniment pour retrouver à Torquay pour visiter sa famille. Son sourire s'étira doucement, puis davantage encore lorsqu'elle émit l'idée qu'il puisse l'accompagner. « Toi, tu voudrais que je vienne ? » Il l'interrogea du regard, aussi touché si ce n'est plus que la dernière fois que Penny avait formulé une telle invitation. Elle s'en rappelait sans doute autant que lui, c'était quelques temps avant que ces photos d'eux sur la plage ne soient diffusées. Un voyage qui, sans ce dénouement, aurait été parfait. « Ça nous a pas vraiment porté chance la dernière fois. » Il releva, l'air doucement amusé, parce que malgré tout il ne pouvait pas ignorer qu'aucune de ces rumeurs n'aurait vu le jour de cette manière s'il ne l'avait pas accompagnée chez ses parents la dernière fois. Alors bien sûr, une partie de lui se sentait coupable. « Cette fois-là ou une prochaine, ce qui compte c'est surtout que tu profites d'eux. » Et c'était une manière prudente de lui confier que quoi qu'elle souhaite réellement, rien ne pressait et s'il n'était pas du voyage cette fois-ci, il y aurait d'autres occasions pour lui de retourner à Torquay. Rory ne voulait pas s'imposer, pas plus qu'il ne voulait que Penny ait autre chose à l'esprit que ses retrouvailles avec ses parents. Alors c'était un oui, mais pas délimité dans le temps. Finalement, sa dernière précise lui arracha un rire. « Je leur ai fait bonne impression, alors ? Malgré l'épisode « photos volées » à deux pas de chez eux, je veux dire. » Dieu sait qu'ils avaient gagné le droit d'en rire, quand il y a encore quelques mois ça n'avait rien d'aussi simple. Aujourd'hui ils avaient traversé bien assez de choses ensemble pour pouvoir décider d'effleurer le sujet avec une légèreté bienvenue. Rory retenait l'essentiel, toutefois : la mère de Penny l'avait apprécié, et c'était une nouvelle réellement plaisante.

Le courage dont avait fait preuve Penny au cours de l'année passée avait bien souvent forcé le respect et l'admiration de Rory, peu importe à quel point il s'était aussi assuré d'être présent pour elle, pour la soutenir et pour qu'elle ne doute jamais d'avoir un allié autant qu'un soutien dans ces abîmes. Alors il secoua doucement la tête sans plus détacher son regard du sien. «  Tu es l'une des personnes les plus fortes que je connaisse, tu sais. » Et elle savait surtout qu'il en pensait chaque mot, et pas seulement parce qu'il avait été aux premières loges ces derniers mois pour constater à quel point Penny n'était pas quelqu'un qui se laissait abattre peu importe la dureté et la cruauté des situations auxquelles elle pouvait faire face. Il avait toujours été fasciné par son tempérament autant que par sa volonté, mais tandis qu'il serrait toujours sa main dans la sienne, Rory songeait aussi à quel point elle avait aussi su le porter, lui. Finalement, ils avaient été là l'un pour l'autre sans (presque) jamais que ces tourments les éloignent l'un de l'autre, et c'est là tout ce qu'il voulait en retenir. « Il ne l'est plus autant qu'il y a quelques mois, en tout cas. » Il reprit doucement, dans un sourire qui cachait peut être encore un peu du mal-être qu'il ressentait mais qui pour autant s'atténuait à mesure qu'il se raccrochait à tout ce que cette année ne lui aurait pas volé. Aux personnes qui loin d'être sorties de sa vie, y avaient au contraire pris une place d'autant plus durable et essentielle. Rory s'estimait chanceux et c'est pourquoi il gardait autant de choses pour lui depuis des mois. Ce qu'il pouvait éprouver face à l'injustice de cette situation n'avait pas la moindre raison d'importer davantage que la façon dont Penny, elle, la vivait. « Alors ne pas en prendre du tout et se laisser porter, ça semble pas si mal comme idée non ? » Lui, il commençait réellement à considérer que c'était la moins pire de toutes, en tout cas. Il s'était juré qu'il ne suivrait jamais le chemin de ses parents et ne chercherait pas à contrôler chaque pan de sa vie, et aujourd'hui qu'il devait la reconstruire à plus d'un niveau, il n'avait pas envie de s'infliger la moindre pression supplémentaire. Il improviserait lorsqu'il en éprouverait l'envie, et s'il prenait quelques mauvaises décisions ça n'était sûrement pas si grave. Penny, pourtant, semblait avoir une petite idée des efforts qu'elle tâcherait de faire pour vivre au mieux cette nouvelle année et les lèvres de Rory se retroussèrent en un sourire amusé. La vie sentimentale de Chloe, c'était un sacré dossier sans aucun doute. « Il m'avait semblé comprendre qu'il y avait quelque chose avec Jet, oui. Je comptais faire subir à Chloe un interrogatoire en règles, mais tu peux sûrement me briefer un peu. » Le ton empreint de malice, il lui glissa un coup d’œil curieux. « Toi qui les as vu ensemble, qu'est-ce que t'en penses ? » Penny était restée à Los Angeles plus longtemps que lui, et il en venait à regretter de n'avoir pas été aux premières loges pour voir cette histoire éclore. Rory était protecteur, ça n'étonnerait personne. Cette histoire de cahier, elle, sembla plaire à Penny qu'il imaginait presque plus consciencieuse que lui au moment de le remplir – ça n'était pas pour rien s'il lui demandait de le faire ensemble. Elle commença à énumérer les trois choses positives qu'elle choisirait de retenir aujourd'hui, et son regard scruta le sien en silence. Autour d'eux, le bruit des vagues en fond rendait ces confessions plus précieuses encore et Rory fut touché que son retour soit la première chose qu'elle éprouve l'envie de citer. Puis le bonheur de Chloe, bien sûr. Et ce baiser, qu'il attendait autant dans cette liste qu'il en était sûrement aussi troublé. Parce qu'ils n'avaient pas mis de mots dessus tout à l'heure, parce que ça avait encore tout d'inédit. Malgré les tournages, malgré les scènes. Rory resta silencieux quelques secondes, sans séparer ses doigts des siens et non sans savoir qu'il rebondirait dessus par la suite. Il se lança alors, soufflant. « A mon tour. » Il est évident qu'il n'avait pas besoin de réfléchir à ses réponses. « Un : te retrouver. » Ça aussi, c'était l'évidence. Presque trop facile ? Peut être, après tout son sourire parlait pour lui depuis déjà de longues minutes. « Deux : retrouver Chloe. Parce que oui, vous m'êtes essentielles vous aussi. Quelle surprise, je sais. » Un sourire fendit le coin de ses lèvres. Il ne cherchait même plus à être autre chose que prévisible. Leur trio, il y tenait plus que tout. « Et trois... » Il se pinça les lèvres, reprenant dans un souffle. « Ton baiser. » La pudeur et l'hésitation au fond de ses yeux se faisaient l'écho de celles qu'il voyait briller dans le regard de Penny une seconde plus tôt. Il ne le détacha pas du sien, pourtant, ou seulement pour fermer les yeux lorsque l'instant d'après, une envie le parcourut contre laquelle il ne chercha pas à lutter. Il rapprocha son visage du sien et, aussi doucement que le vent faisait voler les mèches de Penny, déposa ses lèvres contre les siennes en silence. Un baiser à l'image de celui qu'elle lui avait offert un peu plus tôt, qui à son tour ne cherchait ni logique, ni réponses, ni quoi que ce soit qui viendrait alourdir l'instant. Il en avait juste envie, et peut être que ça compliquerait les choses tôt ou tard mais dans l'instant, ça suffisait. Rory voulait juste retrouver la chaleur du contact de ses lèvres, parce que cette douceur lui manquait mais que pour Penny, il imaginait combien ce manque était plus fort encore. Il finit par se détacher, un léger sourire fleurissant sur ses lèvres. « On a pas précisé si on avait le droit de mettre la même chose sur notre liste, alors... » Il fit mine de réfléchir, reprenant avec douceur. « Ça nous fait un souvenir chacun, maintenant. » Il garderait le baiser qu'elle lui avait donné, et elle garderait celui-ci. Ils n'avaient même pas besoin d'inventer des règles, et Penny le connaissait assez pour savoir que c'était juste sa manière de garder cet instant léger. Il pourrait lui dire qu'il en avait eu envie, mais il ne voulait pas rendre l'instant solennel alors que ça n'était pas ça, ce soir. A la place, Rory laissa son bras la rapprocher un peu plus de lui et profita simplement de l'instant.

Tu te demandes parfois comment les choses seraient aujourd’hui s’il n’y avait pas eu cette fin de semaine passée chez tes parents à Torquay. S’il n’y avait pas eu ses rapprochements cette soirée-là, teintés de confidences alors que tu trouvais réconfort au côté de Rory comme tu l’avais pourtant fait des centaines de fois auparavant, bien que cette fois-là en particulier semblait avoir eu quelque chose de nouveau, d’intrigant et de troublant à la fois. Comme si chaque rapprochement avait été teinté de ce double-sens que tu n’avais jamais vu ou ressenti auprès de lui avant cet instant précis. Ton affection pour le brun augmentant d’un niveau alors que les photos qui ne mirent pas longtemps à paraître suite à cette soirée vinrent troublée encore plus toutes tes pensées alors que tu peinais déjà à démêler le vrai du faux dans ce tourbillon de pensées et d’émotions qui ne t’avait pas lâché depuis. Tu te demandes si ce même changement ce serait opéré à un moment ou un autre, sans qu’il ne soit affiché partout dans les médias comme ces photos qui auront causé chez toi une pression que tu n’auras pas su correctement gérer. Giovanni serait-il revenu dans ta vie sans tous ces articles te concernant dans la presse et tu sais pertinemment que tu n’aurais jamais accepté ou même osé penser à cette idée de faux-couple si tu n’avais pas vu ton nom et celui de Rory associé incessamment dans les journaux à potins. Que serait-il arrivé de vous alors? Est-ce que les choses auraient évolué plus simplement d’un côté comme de l’autre? Aurais-tu osé lui dire ce que tu as écrit dans ce message texte une dizaine de jours plus tôt, sans la pression d’une dispute? Aurais-tu osé l’embrasser comme tu l’avais fait quelques minutes plus tôt, décidant de franchir officiellement cette ligne invisible, forçant une ambiguïté dont vous refusiez pourtant de parler maintenant que vos pieds reposaient contre le sable frais. Tu n’as aucune réponse à toutes ces questions, aucune façon de savoir réellement qu’est-ce qui aurait pu être si un seul évènement était changé ou retirer de cet effet domino. Tu n’as que la réalité pour ce qu’elle est. La main de Rory dans la tienne, les sous-entendus qui se font moins subtiles. Le souvenir clair de ses lèvres sur les tiennes. Le reste, tu en faisais abstraction, au moins pour cette nuit. « Attends un peu qu’on vous mitonne un bon repas, vous voudrez plus jamais vous plaindre de nous. » Tu ne peux t’empêcher de rire à cette simple idée. L’image de Rory et Victor derrière les fourneaux à quelque chose de particulièrement amusant puisque ce n’en est pas une que tu as eu l’occasion de voir du tout pendant vos premières semaines à Los Angeles. Le seul repas qui semblait être mangé de manière presque régulière au loft était le petit déjeuner et encore, c’était souvent un bol de céréales mangé dans le silence le plus complet alors que le malaise entre Rory et toi et la fatigue de tout le monde semblait empêcher la moindre discussion. « Enfin, c’est pas sûr quand même, parce qu’il faudrait d’abord que je vois avec Victor et puis en plus je suis pas vraiment un cordon bleu donc… Bref. » Sa voix se fait de plus en plus rapidement et petite alors qu’il sort ses excuses l’une après l’autre ce qui ne fait que te rire un peu plus fort. Ton rire semble faire écho sur l’océan et tu te contentes de hocher légèrement la tête, sachant pertinemment que ce repas n’aurait jamais lieu que c’était probablement pour le mieux. « Ravi d’apprendre que je suis essentiel à ta vie, en tout cas. » Ton rire s’interrompt doucement alors que le bruit des vagues se mêle à la perfection avec les battements de ton coeur qui semblent s’accélérer sur le moment, alors que tes yeux ne quittent pas le bleu de ceux de Rory. « Je suis désolée si tu en as douté. » que tu lâches doucement, sincèrement. Désolée de t’avoir fait mal. Désolée de ne pas avoir su te donner le temps de gérer la blessure à ton rythme. Désolée de ne pas avoir su te parler comme il le fallait, quand il le fallait. Désolée d’avoir semé le doute dans ton esprit. Ça n’effacerait rien, tu en étais consciente, mais tu espérais seulement qu’il savait Rory, à quel point oui, il t’était essentiel. Que ton monde ne tourne pas rond quand il n’y est pas. Que t’as besoin bien plus que tu n’étais en mesure de lui faire comprendre.

Il te parle de ses sœurs et tu ne peux t’empêcher de sourire parce que tu sais à quel point la famille est une unité essentielle dans la vie de Rory et tu es soulagée de savoir qu’il avait les siens auprès de qui être pendant ce temps des fêtes qui n’aura pas emmené la douceur que tu avais pourtant tant espéré autant pour lui que pour toi. « Je lui ai peut-être soufflé à l’oreille qu’il était temps qu’elle se trouve quelqu’un pour pas que son frère soit toujours celui qu’elle a le plus souvent au téléphone. » Si tu sais qu’il dit n’importe quoi, tu imagines facilement Wendy réagir à ce genre de commentaires et limite lui renvoyer la balle, à Rory qui n’a laissé personne entrer dans sa vie depuis sa rupture avec Swann. Swann qui n’est jamais très loin dans son esprit, tu le réalises et tu te pinces les lèvres légèrement alors que tu repenses à votre dernière discussion avec le McGrath, le jour de Noël. Si tout s’est bien mieux déroulé que tu n’aurais pu l’imaginer, tu ne peux t’empêcher de ressentir ce pang de culpabilité alors que la voix de Rory s’élève encore, le nom du blond au bout de ses lèvres. Si c’est toi qui est là, dans ses bras sur la plage à partager confidences et souvenirs, tu ne peux t’empêcher de sentir ton coeur ce tordre légèrement alors que tu sais que son ex n’est jamais bien loin dans ses pensées. T’entends Jessian dans ta tête qui te dit qu’il est peut-être passé à autre chose sans te l’avoir dit Rory, mais ici et maintenant, alors que tu voudrais y croire, vraiment y croire, tu ne peux t’empêcher de douter. « Tu dois avoir raison. Rosalie est observatrice, si j’étais pas devenu maître dans l’art d’éluder les questions je sais qu’elle aurait compris depuis longtemps. » À ça, tu ne peux que lui offrir un léger sourire parce que tu ne peux comprendre comment ça a dû être difficile pour lui, de cacher un morceau si important de sa vie à ses proches. Mais c’est ce qu’il fait Rory, il respecte les besoins des autres avec une telle loyauté que tu ne peux que t’en vouloir un peu plus de ne pas avoir su être complètement honnête avec lui quand c’était le temps. Rory qui met sans cesse les besoins des autres devant les siens, Rory qui s’oublie toujours un peu pour mettre de l’avant ceux à qui il tient le plus, Rory qui a toujours fait de toi une priorité alors que tu n’as pas toujours su lui rendre la pareille. Tu avais appris de toute cette histoire de faux-couple et tu te promettais silencieusement, ici et maintenant, de ne pas refaire la même erreur deux fois.

Tu peines à masquer ta déception quand le sujet tourne autour de ton Noël et de ta famille qui n’était pourtant pas là alors que tu aurais eu fort besoin de te perdre dans les bras rassurants de ton père, d’entendre les mots rassurants de ta mère et sentir les pressions de David sur tes mains. Tu sais pourtant que les prochaines semaines risquent de filer à une vitesse folle alors que vous devez boucler le tournage et discuter de la suite des choses au sujet de la série. Malgré tout, tu attends avec impatience le moment ou tu vas pouvoir rentrer, passer le seuil de la maison de ton enfance et laisser tomber toutes les attentes, toutes les responsabilités et toutes les déceptions qui ont bercés la fin de ton année 2020. C’est spontanément que tu invites Rory à venir avec toi dans ton coin de pays, dans ton havre de paix alors que quelques heures plus tôt, tu ne savais même pas si les choses pouvaient être réparé complètement entre vous. Tu veux croire que tout est possible ce soir et que rien de ce qui n’est dit ce soir ne sera perdu une fois le soleil levé. « Toi, tu voudrais que je vienne? » « Évidemment. » Il n’y a aucun doute dans ton esprit à ce sujet. Si c’est à Torquay que tout a changé, l’association que tu fais de la ville ou tu as grandi et de Rory en est une bonne. Si les photos sont venues mettre un nuage sur tout ça, la fin de semaine en tant que tel demeure un excellent souvenir passé auprès du Craine. « Ça nous a pas vraiment porté chance la dernière fois. » Tu hausses doucement les épaules, ne souhaitant pas que le souvent de ce weekend soit réduit seulement à ce qui avait été publié dans les journaux. « Ça aurait pu arriver n’importe ou. Ça pourrait arriver ici, maintenant. » que tu souffles, presque amusée même si tu as tout de même le réflexe de regarder partout autour de vous pour t’assurer que la plage demeure bel et bien déserte. Tu te laisses retomber contre lui alors que tu prends une profonde inspiration, réalisant que les photos ont fait leur effet sur lui aussi, même si tu ne pourrais pas dire à quel point alors qu’il demeure toujours bien plus discret sur comment il se sent que tu ne sais le faire. « Je leur ai fait bonne impression, alors? Malgré l’épisode « photos volées » à deux pas de chez eux, je veux dire. » Tu secoues la tête légèrement, un rire qui siffle entre tes lèvres. Tu ne sais pas que vous auriez été en mesure d’en rire quelques semaines plus tôt, mais ce soir, ça semble être seulement un incident de plus dans une longue série qui vous unit l’un à l’autre. « Je te l’ai dit, ma mère est une groupie et de te voir en personne n’a fait qu’augmenter son amour pour toi. » Il y a un large sourire sur tes lèvres alors que tu l’entends encore te dire comment elle le trouve beau Rory, et gentil, et poli, et respectueux et bien d’autres qualificatifs d’une liste qui t’avait semblé éternel dans le moment alors que tu n’avais pu que hocher la tête et approuver chaque mot qui sortait de la bouche de ta mère.

« Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse, tu sais. » Et juste là, comme ça, sans que tu ne puisses t’en empêcher, il y a tes yeux qui se remplissent d’eaux alors que les mots de Rory te touchent et te chavirent complètement. Si souvent dans la dernière année tu t’es sentie faible et brisée suite à l’agression, et c’est lui qui avait su trouvé la force de te tenir debout même quand tout son univers éclatait en mille morceaux, à lui aussi. Alors de l’entendre dire ça, de savoir qu’il le pense, ça ne fait que confirmer un peu plus ce que tu avais mis du temps à réaliser : tu es totalement en train de tomber amoureuse de Rory Craine. « C’est grâce à toi. » que tu souffles dans un murmure alors que tu peines à retenir son regard cette fois, alors que tu déglutis difficilement et vient essuyer une larme qui coule le long de ta joue, laissant plutôt un sourire revenir habiter ton visage alors que tu ne voulais pas perdre la légèreté de l’instant. Tu tentes à ton tour de le rassurer lorsqu’il t’avoue vouloir se retrouver. Tu comprends mieux que personne cette impression de se perdre, tu as toi-même perdue des morceaux gigantesques de celle que tu étais avant et tu te demandes encore parfois qui tu es, qui tu veux être et si tu vas un jour retrouver toutes les pièces que Byers t’a volé. Mais cette nuit, sous le ciel étoilé de Los Angeles, avec Rory à tes côtés, le cheminement semble un peu moins lourd, un peu moins difficile et tu espères que c’est la même chose de son côté. « Il ne l’est plus autant qu’il y a quelques mois, en tout cas. » « Moi je pense qu’il a toujours été là. T’étais juste pas en mesure de le voir, temporairement. » Parce qu’il est resté fidèle à lui-même Rory, parmi les horreurs que la vie a mis sur son chemin, t’as jamais eu l’impression de perdre un seul morceau de l’homme que tu as appris à connaître, appris à apprécier au fil des longues heures sur le plateau de tournage. Ce même homme qui faisait désormais battre ton coeur d’une manière qui te faisait peur et qui t’émerveillait à la fois. Il n’a pas l’intention de prendre de résolutions cette année et de ton côté, si tu peux facilement faire une longue liste, tu te connais assez pour savoir que tu ne serais pas en mesure de t’y tenir bien longtemps. Comme lui, tu préfères te laisser guider par tes envies et voir ce que l’année te réserve, en espérant laisser derrière la douleur et les mauvais souvenirs. « Alors ne pas en prendre du tout et se laisser porter, ça semble pas si mal comme idée, non? » Tu hoches doucement la tête. « Je pense que c’est la meilleure idée. » Et de savoir que vous étiez tous les deux prêts à ça, c’était rassurant. De savoir qu’il allait encore être là pour toi dans cette nouvelle année l’était encore plus. Tu ne voulais pas redouter ce qui viendrait. Tu ne voulais pas prendre peur devant la moindre épreuve. Tu ne voulais pas baisser la tête et laisser la vie te filer entre les doigts. Tu voulais  vivre à fond, ressentir toutes les émotions qui te traversaient, les belles et les moins belles, ne pas te cacher derrière la douleur et regretter d’être possiblement passé à côté de quelque chose de mieux. Tu voulais être cette fille forte que Rory décrivait, tu voulais réapprendre à profiter de tout et de rien, retrouver la passion pour ton métier et apprendre à ne pas avoir peur de tes sentiments. Tu voulais tout et rien à la fois et plus que tout, tu voulais le vivre avec Rory à tes côtés. Comme un ami, comme plus peut-être, tu ne le savais pas et cette nuit, ça n’avait pas la moindre importance. « Il m’avait semblé comprendre qu’il y avait quelque chose avec Jet, oui. Je comptais faire subir à Chloe un interrogatoire en règles, mais tu peux sûrement me briefer un peu. Toi qui les as vu ensemble, qu’est-ce que t’en penses? » Tu ne peux t’empêcher d’être amusée par la curiosité de Rory alors que la vérité c’est que tu n’as pas beaucoup d’informations à lui offrir. Ils t’ont rapidement laissé derrière le 31 au soir et ta petite discussion avec Jet ne t’avait pas appris beaucoup, ne serait-ce qu’ils se ressemblaient un peu trop sur leur désir de liberté. « J’en pense que Chloe aime ses hommes comme elle aime ses relations : compliqués. » Tu échappes un autre rire alors que tu te demandes ce que vous, vous seriez en mesure de dire, si la situation était inversée et que Chloe était celle à vous faire passé un interrogatoire en règles comme s’amusait justement à le dire Rory. Et tu n’avais aucune idée des réponses que tu lui donnerais, et tu savais encore moins ce que le brun pourrait en dire.

L’idée du carnet te plaît beaucoup plus que tu ne le laisses savoir à Rory, alors que tu t’imagines déjà tenir à jour les trois choses qui auront été positives dans vos journées respectives. Tu lui demandes ce qu’il écrirait aujourd’hui, mais tu décides finalement de prendre la parole en premier, dans ce même élan de courage qui t’a mené à sa chambre quelques instants plus tôt. Ce même élan de courage qui t’aura poussé à rapprocher ton visage du sien et lui offrir ce baiser dont tu fais finalement mention à ton point numéro trois, osant ainsi faire comprendre au Craine que même sans définition absolue, le baiser représentait tout de même quelque chose de positif à tes yeux. Ton regard ne quitte pas le sien, alors que tes doigts reposent toujours contre les siens et il y a ton pouce qui vient légèrement caresser son épiderme, en attente d’une quelconque réaction de sa part. Le silence n’est pas pesant toutefois alors que le moment semble être figé temporairement, te donnant ainsi le temps de mémoriser à la perfection la sensation de sa peau contre la tienne, la chaleur de son corps contre le tien alors que tu demeures blottie contre lui, l’intensité de son regard et le bleu de ses yeux que tu as pourtant déjà mémorisé à la perfection. « À mon tour. » qu’il souffle finalement et il y a un sourire en coin qui vient se placer naturellement sur tes lèvres. « Un : te retrouver. » Ton sourire s’agrandit sans aucun effort alors que tu fais le top de sa liste comme il a fait le top de la tienne et rien n’aurait pu te faire plus plaisir que ça. « Deux : retrouver Chloe. Parce que oui, vous m’êtes essentielles vous aussi. Quelle surprise, je sais. » Tu pourrais lui dire qu’il triche, ou du moins qu’il n’est pas très original, à reprendre exactement les mêmes points que toi, mais tu n’en fais rien, te contente de rire doucement alors que tu imagines trop facilement Chloe faire semblant de vomir si elle vous entendait dire des trucs aussi cheesy. Elle qui se la joue toujours bien plus cool que vous deux, même si tu sais parfaitement que l’affection qu’elle te porte et qu’elle porte à Rory est similaire à celle que vous lui portez en retour. « Et trois... » Et pendant la seconde ou il hésite à son tour Rory, tu te demandes s’il va continuer sur sa lancée et répéter la même chose que toi. « Ton baiser. » Et les voilà, les mots qui te renversent alors que tu continues de sourire comme si ta vie en dépendait, touchée et chamboulée alors que tu retiens légèrement ton souffle lorsque tu aperçois son visage qui s’approche du tien. Tu fermes les yeux alors que tu accueilles ses lèvres contre les tiennes dans un baiser similaire à celui que tu lui as donné plus tôt, dans la noirceur de sa chambre, mais celui-ci te semble encore mieux alors que le vent s’agite autour de vous, en synchronisation avec la mer dont les vagues se font de plus en plus hautes contre la plage. Ça ne dure que quelques secondes à peine, avant que son visage ne se recule et que ton regard retrouve le sien alors que des dizaines de frissons te parcourent l’échine. « On a pas précisé si on avait le droit de mettre la même chose sur notre liste, alors... » Tu ris doucement, vient te mordre légèrement la lèvre alors que ton coeur continue de s’emballer contre ta poitrine. « Je pense que c’est acceptable, pour cette fois-ci. » que tu souffles dans un murmure amusé. « Ça nous fait un souvenir chacun, maintenant. » Tu hoches doucement la tête, ne sachant pas trop quoi comprendre de ses paroles mais acceptant sans trop de difficulté qu’il n’y a pas besoin de plus pour ce soir. Qu’une balance entre ton baiser et le sien, un équilibre parfait qui ne tiendrait pas bien longtemps mais qui n’avait pas besoin de plus dans l’immédiat. Il resserre son étreinte contre toi et tu te blottis à nouveau dans ses bras, laissant ta tête se reposer dans son cou alors que vous restez dans le silence le plus complet pendant ce qui semble être quelques secondes seulement et une éternité à la fois. La nuit file sous vos yeux alors que les minutes se changent en heures et que la discussion coule naturellement entre vous jusqu’au moment ou vous êtes attendus sur le plateau et si la fatigue se fait ressentir dans vos corps engourdis d’être restés assis et enlacés sur la plage de longues heures durant, ni toi ni lui ne semble vouloir se plaindre de cette nuit volée, de ces confidences et de ces baisers partagés.