Ce soir tu brilles. Littéralement et pas dans le bon sens. La robe que ton agent a choisi pour toi n’est pas du tout dans le genre que tu aimes porter normalement et il le sait. Pourtant, on dirait qu’il prend un malin plaisir à te vêtir dans ce que tu devines être dans accoutrements qu’il espère feront jaser. Cette fois-ci, c’est une robe d’un vert émeraude que tu portes, l’effet scintillant donnant vraiment l’impression que tu scintilles tel un vampire au soleil (même si l’effet est sans doute mieux que le CGI fait sur le visage de Robert Pattinson). La robe te colle à la peau et tu peines à ne pas tirer sur la fabrique qui colle contre ta peau de manière qui est tout sauf confortable. Ça ne fait pas longtemps que tu travailles avec ce nouvel agent, il est nouveau avec la boîte qui te représente depuis des années et tu penses vraiment à mentionner que ce n’est pas un match parfait. T’aimes avoir le contrôle sur ce que tu portes, sur ce que tu dis et surtout, sur les évènements auxquels tu dois assister. Il a insisté, Mark (ton nouvel agent) en disant que cette soirée bénéfique à l’endroit de tu-ne-sais-même-plus-qui était un absolu must-go, que tu devais être vue par les médias ici ce soir. Il se trouve que c’est la soirée la plus ennuyante de l’année avec très peu d’exagérations de ta part. Il n’y a presque pas de présence médiatique, très peu de gens que tu connais, encore moins de gens avec qui tu as envie de socialiser et l’alcool servi est le pire champagne bas de gamme qu’il n’y a pas sur le marché. Le désastre, en soit. Il ne te lâche pas du regard Mark pourtant, rendant tes chances de te faufiler difficile. Tu parviens toutefois à sortir ton téléphone de ton sac à main et tes pianotes sur l’écran. Besoin d’une diversion pour me sauver. que tu écris, ajoutant l’adresse de l’évènement et tu envoies le message à Matt, qui tu l’espères, comprendra le message sans trop poser de questions puisque déjà, Mark te regarde avec ses gros yeux et tu t’empresses de replacer ton téléphone dans le sac aussi éclatant que ta robe.

Tu ne sais pas il y a combien de temps qui file entre ton message et le moment ou tu le vois franchir la porte de la grande salle. T’es la seule qui remarque son entrée, tout le monde autour trop occupé à discuter de choses bien peu pertinentes – tu n’écoutes pas, t’es trop occupée à compter le nombre de verres de champagne que tu as bu en attendant que Matt vienne te sauver. La réponse est six d’ailleurs et ils commencent tous à se faire légèrement ressentir alors qu’un énorme sourire vient se planquer sur tes lèvres quand ton regard croise celui du McGrath. Il s’approche de toi et tout de suite ton regard se tourne vers Mark qui pour une fois, est occupé à autre chose, même si tu doutes que ça ne durera pas longtemps. Alors que Matt arrive à quelques mètres seulement de toi, tu l’arrêtes dans son mouvement, tes mains se plaçant sur ses bras pour installer une distance entre vous. C’est certainement pas ce soir que tu vas offrir à des journalistes de te voir auprès d’un homme. « Pas ici. » que tu murmures avec un rire dans la voix, ton regard se tournant vers Mark qui regarde désormais et semble déjà désapprouvé de ta nouvelle compagnie. Tu replaces tes mains le long de ton corps et c’est probablement l’effet du champagne, mais tu dois te retenir pour ne pas éclater de rire juste là, à regarder le visage de cet homme que tu ne connais pas depuis longtemps mais qui te fait sourire comme une idiote depuis quelques semaines déjà. « Faut que tu crées une diversion pour que je puisse filer de cette soirée pourrie sans que mon agent me voit. » Discrètement, tu pointes Mark du doigt qui est maintenant dans une conversation avec celle qui semble être en charge de l’organisation de la soirée, son regard bougeant encore d’elle à toi constamment. « Je vais m’assurer que le déplacement en ait valu la peine. » que tu dis sur un ton joueur, te mordillant légèrement la lèvre inférieure, tes yeux ne quittant pas ceux du brun.

« Pas ici. » wait what? Je me suis fait chier à chercher une cravate ET à la nouer autour de mon cou. J’ai dû dégoter un stationnement qui a de l’allure proche de l’adresse où elle m’a hurlé un code rouge pour finir par me poser dans le parking payant qui coûte deux rubis et quarante diamants. J’ai dit non à tous les petits fours qui avaient l’air d’avoir de l’ail dedans pour faire bonne figure devant l’aCtRiCe et la voilà qui me deny les mains ancrées sur mes paumes et la pression qui me garde loin d’elle comme si j’avais la lèpre. Bouh.

La pauvre, qui paniquerait presque. Quand mon visage s’illumine du sourire de merdeux par excellence, celui qui rassurerait des bataillons mais qui n’est d’absolument aucune bonne augure pour qui que ce soit me connaît un peu. Tant mieux, elle me connait à peine, connait encore moins mon sens de l’humour de connard level deux, comme celui que j’exhibe ce soir en redressant le menton, bombant le torse. « Tu veux pas que je t’embrasse à pleine bouche, ici? » si je commence en chuchotant, c’est pas parce que je veux faire le gars poli qui sait comment bien se tenir. C’est que la voilà la meilleure façon que j’ai de pouvoir imiter sa voix, jouer dans les aigus et retenir un rire de plus de gâcher la scène. « Que je scande toutes tes qualités, ici? » j’en ferais un acrostiche, le truc bien cliché à fond où je prendrais en compte son prénom et son nom, la totale et le traitement de faveur pour madame la demoiselle importante à la robe de grande personne et aux faux cils assortis. « Que je te demande en mariage, ic-  » là, j’ai fait fort, haussant un brin le ton, attirant l’attention d’un dude qui rôde autour d’elle et qui a incessament l’air d’être prêt à nous gronder comme s’il était notre père à tous - amen. « Damn il fait peur lui. C’est qui? » ça doit être son garde du corps, j’ai entendu dire que les millenials étaient ravageurs sur leurs actrices préférées.

Mes murmures se calment, ses mains remontent sur les manches de mon veston comme du lierre. « Faut que tu crées une diversion pour que je puisse filer de cette soirée pourrie sans que mon agent me voit. » hochant de la tête de la positive, c'est comme s’il s’agissait de la chose la plus logique du monde qu’elle venait de convertir en mission du soir. Des événements comme ça, j’en ai vus des centaines à Londres. Pas avec des vedettes et blablabla, mais avec des gens friqués qui sont là que pour flasher leur porte-feuille en crocodile et leurs lingots d’or d’argent sale. Le milieu change mais la foule est la même, je serais pas étonné de croiser dans le coin des potes de mes bourgeois de parents et autres dommages collatéraux du temps où les McGrath étaient de la haute, à Brisbane. « Je vais m’assurer que le déplacement en ait valu la peine. » c’est qu’elle fait du charme Penny, c’est que je serais presque un gigolo si j’avais pensé à mettre un string en léopard sous mes vêtements pour la faire éclater de rire dans quelques heures. Là, on est sérieux Matt, là on sort l’accent brit et on commande un martini shaken not stirred.

« L’idée de la demande, oui, non? J’ai un ringolo pour faire la bague au fond de ma poche, c’est mon costard des grandes occasions. » que je finis par demander, une poignée de secondes ensuite. Toujours incapable de garder mon sérieux plus de trente secondes, le voilà mon sourire qui revient fort et fier, alors que mes prunelles balaient la salle entre deux coups d’oeil vers elle. « C’est une soirée pour quoi? » y’a presque pas de photographes, aucun tapis rouge. Pas d’endroit pour aller faire de discours, aucune table avec des places précises. Ça ressemble à un apéro qui s’étire, ou à une salle remplie de gens qui veulent juste faire genre ils ont des amis riches et célèbres, mais pour l’heure, je suis sûr de rien. « J’essaie de construire mon personnage, rigole pas.  » je parle son lexique et son langage par politesse, voyons. Il est où, mon merci?

T’as même pas besoin qu’il ouvre la bouche pour comprendre qu’il est outré le McGrath de la manière dont tu le gardes à part, tes mains forçant une distance que tu juges raisonnable entre vous. Mais il est déjà prêt à s’indigner et toi, t’es prête à résister à toute tentative de charme qu’il va t’offrir, tu le sais trop bien. « Tu veux pas que je t’embrasse à pleine bouche, ici? » Il murmure d’une voix aiguë et t’es pas certaine si c’est sa manière à lui d’être subtile ou s’il essaye de t’imiter, mais dans tous le cas tu continues de sourire, de le défier du regard alors qu’il tente de s’approcher, son torse bombé et ses yeux qui parlent bien plus fort que les mots qui traversent ses lèvres. « C’est pas que j’veux pas.. » que tu murmures à ton tour, d’une voix amusée. La tentation est grande, mais il y a trop d’yeux curieux, ton agent qui n’est pas assez loin à ton goût alors que Matt continue de faire sa scène. « Que je scande toutes tes qualité, ici? » Tu retiens un rire, encore faudrait-il qu’il les connaisse, toutes tes grandes qualités. « Tu peux toujours essayer si tu y tiens vraiment. » Tu oses croire qu’il le fera pas de toute façon. Qu’est-ce qu’il pourrait dire de toute façon? Rien qui ne devrait être dit à voix haute en public, ça c’est évident. Tout compte fait, t’aurais peut-être mieux fait de ne pas l’encourager de la sorte, le McGrath qui semble sur une lancée alors que sa voix se fait de plus en plus portante. « Que je te demande en mariage ic- » Il s’arrête dans son élan au même moment ou l’une de tes mains vient couvrir ses lèvres alors que tu retiens toujours un fou rire. Peut-être que Matt n’était pas le meilleur choix pour une sortie toute en subtilité. « Damn il fait peur lui. C’est qui? » Ton regard croise celui d’un homme qui semble vraiment beaucoup trop intéressé par votre conversation et par le moindre de tes faits et gestes et tu réalises rapidement que c’est sans doute l’un des employés de ton agent qui a pour seule mission ce soir de te pourrir la vie aka t’empêcher de filer comme tu es tant désespérée de le faire. « Le chien de poche de mon agent. » que tu murmures alors, ton regard qui se veut dur lorsque tu regardes l’homme qui rôde autour de toi et qui s’adoucit automatiquement dès que tu croises les yeux de Matt.

« L’idée de la demande, oui, non? J’ai un ringolo pour faire la bague dans le fond de ma poche, c’est mon costard des grandes occasions. » Tant d’honneur que tu te retiens de lui dire alors que tu secoues négativement la tête, pas du tout emballée à l’idée qu’il décide de se mettre à genou avec un ringolo en guise de bague, même si l’idée continue de te faire sourire comme une idiote. « Penses-y même pas. Si j’avais voulu qu’on fasse jaser ce soir, j’t’aurais déjà embrasser à pleine bouche ici. » que tu dis toujours ce sourire sur les lèvres, reprenant ses mots. Le but de l’opération était de te faire sortir en douce, sans éclat, qu’on oublie ta présence au point de ne pas remarquer ton absence, pas de faire les gros titres dans les journaux demain matin. « C’est une soirée pour quoi? » « Levée de fonds pour je-sais-plus-quel-organisme. » La décoration est tellement minime que tu sais même plus vous êtes là à ramasser de l’argent pour quoi. C’est vraiment la soirée la moins bien organisée à laquelle tu as été convié depuis longtemps et ça aurait dû être si simple pour toi de te sauver, si ce n’était pas de l’insistance de ton agent et de son chien de poche. « J’essaie de construire mon personnage, rigole pas. » « T’as pas besoin de personnage. » que tu ricanes alors que c’est toi qui résiste à l’envie de t’approcher de plus près. « Ou alors, tu deviens un magicien et tu nous fais disparaître tous les deux dans la seconde pour que je puisse enfin.. » Pas besoin de finir la phrase, il a très bien compris. « Y’a une sortie là et là. » que tu dis en pointant deux sorties adjacentes qui s’ajoutent aux portes principales par lesquelles il vient de passer à peine une minute plus tôt. « Tu penses que tu peux nous sortir d’ici ou j’aurais dû appeler mon prétendant #2? » Allez Matt, montre-moi que c’est toi le king de l’improvisation.

« C’est pas que j’veux pas.. »
« Mon cœur est brisé. »

Pas le moins du monde qu’il hurle mon immense sourire de gamin incapable d’être pris au sérieux ni ici ni ailleurs. Pauvre Penny qui pensait que ça allait être le genre de soirée où je serais aussi beige que tous les autres invités ; sorry, mais en même temps qui ça étonne que je sois pas le moindrement désolé. Quand elle se retient de toutes ses forces de pouffer de rire, c’est comme si je venais de tout gagner. « Tu peux toujours essayer si tu y tiens vraiment. » « Imbue. » faussement affligé, hypocritement outré, je roule des yeux et fais mine de regarder ailleurs si y’a pas meilleur parti pour moi. Entre temps, mes doigts s’amusent à pincer ses jointures, phalanges et autres restes de paumes qu’elle me dérobe pour maintenant cacher ses fossettes qui creusent adorablement ses joues. « Le chien de poche de mon agent. » le gars bizarre, donc. Le mec qui fixe et le mec qui a l’air d’être à deux secondes de s’incruster. Le pauvre, il a pas les reins pour endurer mon sens de l’humour de merde ce soir. J’ai envie de me tâter à lui sortir tout mon registre de jeux de mots tous plus l’enfer les uns que les autres. Pas, prêt. « Omg t’es tellement une vedette que ton agent a un assistant, i can’t. » que je raille, elle déteste ça, moi j'adore. Rien à faire qu'elle soit populaire même si ça fait le boulot quand mes potes me demandent avec qui j’ai passé la nuit la veille. En soit qu’elle soit actrice ou qu’elle bosse à emballer des cartons de lait à l’épicerie tant qu’elle reste cool, Penny, je le suis moi aussi.

Et la demande en mariage exagérée x1000, elle? « Penses-y même pas. Si j’avais voulu qu’on fasse jaser ce soir, j’t’aurais déjà embrasser à pleine bouche ici. » « Des promesses, des promesses. » oh que je fais chier, encore plus lorsque j’étire le bras pour nous attraper un duo de flûtes de champagne à la clé. « Levée de fonds pour je-sais-plus-quel-organisme. » à sa voix qui est lasse si lasse tellement blasée que ça fait pitié, j’ajoute un rire de plus. « Ajoute "altruiste" et "philanthrope" à ta liste, hen. » mais voilà qu’elle casse ma recherche de rôle. « T’as pas besoin de personnage. » tous mes rêves, toutes mes aspirations, tous mes désirs les plus fous, blablabla, gnagnagna - « Ou alors, tu deviens un magicien et tu nous fais disparaître tous les deux dans la seconde pour que je puisse enfin.. » oh, ça c'est fun. « Y’a une sortie là et là. » oh, ça c’est risqué. « Tu penses que tu peux nous sortir d’ici ou j’aurais dû appeler mon prétendant #2? » oh, ça c’est marrant. « Je fonctionne pas bien à pression. »

Pourtant, un énième sourire doublé d’un clin d’œil suggèrent l’inverse. « Première étape du plan, on blend in. » à sa coupe de bulles se joint la mienne qui y tinte la minute d’après. « Deuxième étape, sérieux arrête de me regarder avec ces yeux-là, le ringolo pèse dans ma poche. » elle est belle et elle le sait, en abuse. Tricheuse. « Troisième étape : enjoy, y’a un discours dans 5 minutes. On se tire dès qu’ils auront fini, les applaudissements cacheront tout. » ça aide, d’avoir des yeux partout et d’avoir surtout repéré sur l’un des plateaux de service  l’ordre du jour de la soirée. 10-4, le plan peut s’entamer.

« Mon coeur est brisé. »

Oui, oui Matt. Cause toujours. Ton sourire se fait seulement l’écho du sien alors que tu résistes de plus en plus difficilement à l’envie de l’embrasser qui grandi seconde après seconde. C’est physique, ça s’explique pas, il est là et il est beau, il sent bon et dieu que tu préférerais vous soyez seuls tous les deux dans ton loft plutôt qu’ici au milieu de cette foule de gens dont tu te fiches complètement. Et il le sait le McGrath, il en joue à te regarder comme il le fait, à pincer ta peau alors que tu grimaces d’une fausse douleur même si ça t’amuse de sentir ses doigts sur tes bras, sur tes mains. Ça t’amuse, cette petite mise en scène, Matt est là depuis quelques minutes à peine et déjà il vient mettre la couleur qui manquait à cette soirée ennuyante. « Imbue. » Tu ouvres la bouche, faussement choquée et puis tu te pinces les lèvres pour t’empêcher d’éclater de rire. Tu sens les regards de ton agent et de son chien de poche qui se font insistant sur toi et sur Matt qui ne passe clairement pas inaperçu. « Omg t’es tellement une vedette que ton agent a un assistant, i can’t. » Il se moque de toi, tu lui fais une grimace alors que c’est à ton tour de pincer ses avants-bras, à l’agacer toi aussi, un jeu dont il est le maître. « Avoue que ça t’impressionne. » Il s’en fiche complètement Matt, tu sais pas grand-chose de lui, mais tu sais au moins ça. Il avait aucune idée de qui tu étais quand il s’est mis à te faire des beaux yeux dans un bar quelques semaines auparavant et t’aurais sûrement pu garder le secret encore un peu si ce n’était pas d’un de ses amis qui t’a reconnu.

« Des promesses, des promesses. » Tu fronces les sourcils légèrement, regarde autour de toi pour t’assurer que ton agent ou son chien de poche ne sont pas en train de regarder dans votre direction et puis tu approches ton visage de celui de Matt, tes lèvres à quelques centimètres des siennes à peine mais tu ne l’embrasses pas, reste là une seconde et puis une autre, avant de te reculer, un sourire joueur sur les lèvres. « Ajoute ‘’altruiste’’ et ‘’philanthrope’’ à ta liste, hen. » « Oh que tu me fais plaisir quand tu m’dis des mots doux comme ça. » Tu bats des cils et tu ris davantage alors que tu regardes partout autour de toi, déjà envie de te sauver de cet endroit ennuyant, de cet évènement sans envergure et d’aller te perdre dans une aventure quelconque avec le McGrath. Tu t’impatientes et tu lui fais savoir. « Je fonctionne pas bien à pression. » Mais il sourit et déjà il se met en action Matt et ça t’amuse de plus en plus. « Première étape du plan, on blend in. » Il attrape des flûtes de champagne, t’en tend une et tu en prends une longue gorgée alors que tu suis son regard qui s’éparpille dans la salle avant de reposer tes yeux sur lui, le regardant toujours avec malice et envie. « Deuxième étape, sérieux arrête de me regarder avec ces yeux-là, le ringolo pèse dans ma poche. » Tu ris doucement, secoues la tête à nouveau. « Don’t you dare. » Tu lui tires la langue subtilement et puis tu te retournes, ton dos qui vient se coller contre son torse sans toutefois être un geste qui pourrait attirer l’attention de qui que ce soit, alors que sa voix s’élève à nouveau dans ton oreille. « Troisième étape : enjoy, y’a un discours dans 5 minutes. On se tire dès qu’ils auront fini, les applaudissements cacheront tout. » « Beau travail d’observation Mr. McGrath. » Et cinq minutes, ça te paraît éternel même avec Matt qui t’achale, qui te fait rire alors que tu essayes d’écouter le dit speech même si vraiment, tu comprends pas grand-chose de ce qui est dit et que les doigts de Matt te déconcentre un peu trop. Et puis il y a finalement les applaudissements tant attendus et tu regardes le McGrath du coin de l’oeil. « Maintenant? » Et tu ne lui donnes pas le temps de répondre que déjà tu attrapes sa main et tu te faufiles au milieu des corps qui sont tous trop occupés à regarder par en avant pour se soucier du fait que toi, tu coures presque jusqu’à la sortie avec Matt derrière toi. Mais il vous faut agir rapidement et ne pas rester dans le coin, alors c’est aussi vite que tu peux l’être sur tes talons que tu l’emmènes avec toi jusqu’à la rue adjacente, là ou vous ne pourriez pas être vus. Et puis sans attendre une seconde de plus, tu passes tes bras autour du cou de Matt et tu viens l’embrasser comme tu as envie de le faire depuis la seconde ou il a mis les pieds dans la grande salle. « Y'a une quatrième étape à ton plan? » que tu lui demandes finalement, entre deux baisers.

« Avoue que ça t’impressionne. »
« Ton autographe vaut combien sur eBay déjà? »

Que je me paie des verres en or aux rebords incrustés de diamants pour le DBD, pardi. Non mais c’est un enfer un vrai d’être si peu capable de savoir de quoi est fait le star system ici. Je l’entends encore pouffer de rire Penny, quand elle a réalisé que je savais pas du tout elle était qui. La vérité c’est probablement que ça lui a fait un bien fou de tomber sur un gars qui pouvait pas lui réciter le contenu de sa page Wikipédia par cœur. Mais son orgueil l’empêcherait de me dire merci pour ça, comme pour le fait que je la critique allégrement à son oreille entre deux coupes de champagne qui tintent trop fort à son goût. « Oh que tu me fais plaisir quand tu m’dis des mots doux comme ça. » ouais ouais, qu’elle batte des cils, qu’elle fasse la belle, elle l’est foutuement belle, mais qu’elle me distrait pas de ma mission. C’est sérieux, même si le ringolo l’est absolument pas. « Don’t you dare. » troisième étape reste le discours, troisième étape arrive à grand pas et troisième étape serait complètement ennuyante si j’avais pas passé la totale à chercher tous les endroits le long de sa nuque, de ses hanches, au creux de ses coudes qui pouvaient bien la chatouiller/l’emmerder.

Sortie de secours ou genre de, et c’est elle finalement qui prend toutes les responsabilités une fois qu’on a applaudi –  « Maintenant? »  – mais que Penny s’est chargée de nous faire dégager en roi et reine de la soirée. Qu’elle fasse un jogging avec elle-même, qu’elle pense que je gagnerai pas la course quand je la tire en arrière rien que pour qu’elle me ramène vers l’avant, que l’inverse est tout aussi vrai. La brise fait du bien, dehors. Elle change de l’air parfumé aux effluves de la bourgeoisie des tapis rouges de l’intérieur. Effluves qui remontent quand ses lèvres font pareil sur les miennes, que je pouffe à son contact parce que c’est bon, c’est okay, c’est tolérable qu’elle arrive pas à me résister à ce point-là. « Y'a une quatrième étape à ton plan? » « Ajoute cheesy à ta liste de mots doux. » elle voulait juste se la jouer rouge à lèvres sur ma peau au final. À quel niveau je suis aussi irrésistible je l’ai jamais compris, mais je l'entends déjà soupirer autant que rouler des yeux (oui, elle roulerait si fort que ça s’entendrait) à la seconde où je mentionne un truc du genre même à la blague, le lourd de service qui contre toutes attentes resserre un peu plus ses bras autour de sa taille.

Comme des mots doux nouveau genre à son oreille, mes doigts dégagent une mèche pour venir lui murmurer les prochaines conneries qui me viennent à l’esprit. « J’ai apporté du vin et des chips, c’est ma version de bonbons pour t’attirer dans ma voiture. » un plan est toujours suivi d’un autre dans la famille, parce qu’on sait tous qu’on ne suivra jamais l’original, qu’on finira toujours par le bousiller rien que pour le fun de recommencer dans un autre sens complètement. « Tu sais où est-ce que j’ai toujours voulu aller, habillé comme ça? » où ça, Matt?


À un match de lutte, pinte de bière dans une main et hot dogs bien graisseux dans l’autre. On se faufile entre les allées de sièges mi-plastique mi-métal qui grincent bien trop fort sous notre poids une fois installés pour que ce soit normal et rassurant. Devant nous, le ring vient de laisser entrer deux nouveaux joueurs, un type qui a l'air d’être quatre fois plus grand comme plus large que moi, et un autre avec un maquillage de guerre sur les joues donnant l’impression qu’il a piqué le boulot de G.I Joe dans la seconde. « Imagine ils pensent qu’on va aller sur le ring après eux. » parce que c’est bien connu que les lutteurs ont tendance à s’habiller comme de riches aristocrates et se faufiler dans la foule en attendant leur tour non?

Plus je pouffe, plus y’a de la moutarde au coin de mes lèvres, mais mon sourire de grand gamin fier de son idée rafle tous les honnneurs lorsque je tourne la tête vers elle, curieux comme personne. « Ça serait quoi ton nom si tu montais là-haut te battre?  »

« Ton autographe vaut combien sur eBay déjà? »
« Plus que tu peux te permettre. »

Tu accentues le tout d’une énième grimace, oubliant momentanément d’être subtile parce que vous êtes encore observés par le chien de poche. T’es déjà tannée de cette soirée et des faux sourires que tu offres à des gens dont tu ne connais absolument rien et dont les visages te seront de nouveau inconnus dès que tu auras franchis les portes de cette salle peu décorée ou l’ambiance est encore plus à chier que la décoration. Mais il y a Matt pour mettre un peu de couleurs à cette soirée terne, Matt pour te sauver de la mort d’ennui qui t’attendais si tu devais passer encore plusieurs heures ici. Il s’impatiente presque autant que toi Matt quand ses doigts s’aventurent ici et là, juste pour t’arracher des grimaces de plus, des faux yeux méchants et des rires que tu retiens maladroitement alors que tu ne voudrais pas que les regards passent de la personne qui commence son discours jusqu’à toi qui essaye si peu subtilement de se sauver. Le plan est en marche et c’est avec un rire que tu ne retiens pas cette fois que les portes se ferment derrière vous. T’essayes de courir, mais il y a la main de Matt qui tire sur ton bras pour te retenir et tu passes proche de finir les fesses sur le trottoir, mais il fait son prince charmant le McGrath alors que c’est lui qui a failli te faire tomber. Ça te fait rire autant que ça te donne envie de l’embrasser, envie dont tu ne te retiens pas maintenant que vous êtes loin de toute personne pouvant potentiellement rapporter ta nouvelle flamme dans les médias. « Ajoute cheesy à ta liste de mots doux. » « J’ai tellement hâte qu’on commence la tienne. » que tu répliques, même si ça ne t’empêche pas de capturer ses lèvres à nouveau. Il y a ses doigts dans tes cheveux, ses lèvres qui viennent se presser contre ton oreille et sa voix qui murmure sa version modifiée de mots d’amour. « J’ai apporté du vin et des chips, c’est ma version de bonbons pour t’attirer dans ma voiture. » « C’est pas du tout troublant ce que tu dis. » Tu éclates de rire, tes doigts qui viennent trouver les siens alors que vous marchez jusqu’à sa voiture. « Tu sais ou est-ce que j’ai toujours voulu aller, habillé comme ça? » Tu fronces les sourcils, soudainement intriguée mais peu rassurée de savoir quelle genre d’idée vient de lui passer par la tête.


« Imagine ils pensent qu’on va aller sur le ring après eux. »
« Tu serais pas game. »

Oh que c’est dangereux de jouer à ce jeu-là avec lui parce que t’as bel et bien l’impression que Matt serait exactement le genre de gars à être game, justement. Toi sur le ring par contre avec tes talons hauts, ça n’a rien de l’image que t’as envie de projeter ce soir. « J’ai tout ce qu’il faut dans mon sac à main pour te faire un maquillage comme lui si tu veux. » que tu suggères avant de prendre une bouchée de ton hot-dog. T’avais pas réalisé à quel point tu mourrais de faim jusqu’au moment ou l’odeur de gras s’est faufilé jusqu’à tes narines en arrivant ici. C’est bien la dernière place ou tu pensais que Matt t’emmènerait, mais t’aimes bien l’effet surprise qu’il amène avec lui à chacune de vos rencontres. « Ça serait quoi ton nom si tu montais là-haut te battre? » Crêpe aplatie, sans aucun doute. « Tu trouves pas que j’ai la shape de me faire appeler The Rock #2? » Et puis d’un geste aucunement crédible, tu fais semblant de montrer tes biceps inexistants et puis c’est ton tour de pouffer de rire avant de prendre une gorgée de ta bière. « Tu sais que si je me fais reconnaître ici, on fait la une d’un magazine People demain? » Les chances sont minces, t’es pas certaine que la crowd de ce soir sache qui tu es. T’es populaire, mais pas tant que ça. Ça veut pas dire que tu ne peux pas te permettre de l’écoeurer un peu avec ça. « Est-ce que t’es prêt à voir ta face dans l’angle le moins flatteur du monde avec de la moutarde sur le bord de la bouche partout? » T’es dead serious alors que tu prends une autre bouchée de ton hot-dog, réalisant à peine que toi aussi, t’es en train de mettre un mélange de ketchup et de moutarde partout au coin de tes lèvres. « Ça pourrait changer ta vie complètement. » Ou pas du tout. Sûrement pas en fait. Mais t’as envie de jouer la comédie, il est bon pour ça, lui aussi.

Y’a des gens qui amènent leur rencard au cinéma, au restaurant, à la plage. Boire un café, prendre une marche, faire un marathon Netflix, tester tous les menus de take-out à un rayon de 10 km. Moi, je la gave de hot dogs et de mauvais acting doublé de mauvais maquillage sur un ring qui bondit comme eux le font à se claquer entre muscles huilés mais pas vraiment. « Tu serais pas game. » « C’est un gage? » j’y survivrais deux secondes, même pas parce qu’ils font trois fois ma taille en hauteur comme en largeur, mais parce que je serais bien trop occupé à rire et à vouloir essayer tous leurs costumes que ma virilité en prendrait un coup (et qu’eux m’en donneraient quinze, des coups). « J’ai tout ce qu’il faut dans mon sac à main pour te faire un maquillage comme lui si tu veux. » ce qu’il y a de bien avec Penny, c’est qu’elle suit dans tous mes conneries sans même jamais faire de pas de recul, qu’elle est probablement celle qui à de nombreuses reprises fait des pas de plus en avant. « Le bleu c’est pas ma palette. T’as du grenat? Ça fait ressortir mes yeux. » je vais le regretter, je le sais d’avance rien qu’à voir le sourire de gamine prête à faire un mauvais coup qu’elle exhibe. Ouais, celui-là.

« Tu trouves pas que j’ai la shape de me faire appeler The Rock #2? » « T’es capable d’hausser un seul sourcil déjà? Je pratique depuis des semaines, moi. » ridicule comme dans d’essayer de joindre l’exemple aux paroles, de prévoir un échec à droite, de savoir qu’à gauche ce sera tout aussi risible. J’ai jamais été capable, de ça comme de rouler ma langue en forme de U. Les grandes révélations ce soir et les travaux d’Hercule ; c’est elle qui m’a invité qu’elle oublie pas. Matt la distraction au rapport. Matt la distraction qui décide aussi que la bière de Penny doit logiquement goûter meilleure que la mienne. Et une gorgée que je lui vole, deux autres ensuite rien que pour qu’elle ait un truc à râler. « Tu sais que si je me fais reconnaître ici, on fait la une d’un magazine People demain? » j’hausse l’épaule, parce que de l’entendre se moquer suggère qu’elle s’en fout et que ça, ça vaut la peine d’être diminué. Elle aurait flippé qu’on serait partis in extremis, je suis pas du genre chiant pour ces choses-là. Même si j’apprends encore ça fait quoi de rôder autour d’un nana qui a une grande ville comme nombre d’abonnés sur Instagram. « Me dis pas qu’on va enfin avoir plus de détails sur le gars mystérieux de dos qui était avec toi y’a deux mois dans un petit café hors de la ville. » que je reprends, la voix qui nargue et les doigts qui chatouillent la tache de ketchup qu’elle a sur la joue, autant que sa joue elle-même. « Est-ce que t’es prêt à voir ta face dans l’angle le moins flatteur du monde avec de la moutarde sur le bord de la bouche partout? »  le karma qui se gâte, qui me salit encore plus de moutarde comme si ça pouvait être possible. « Ça pourrait changer ta vie complètement. » « On va commencer par sauver ton angle pas flatteur à toi. » cheap Casanova mesdames et messieurs, qui essuie ses condiments collés aux lèvres des miennes. Quel gentleman.

« Ça te fait pas chier des fois? Tout ça. » un gentleman qui s’inquiète aussi, le chevalier en tenue de lutteur approximative à qui on a rien demandé. « T’aurais le droit. » sauf peut-être de me confirmer qu’elle va bien, et que les potins en tous genres c’est pas des trucs qu’elle aborde en riant mais qui la grugent de l’intérieur. Et elle pourra parler Penny, je l’écouterai me raconter ce que ça lui chante ; « BUTE-LE! » juste après m’être levé d’un bond pour encourager mon nouveau préféré avec une cape arc-en-ciel et un maquillage de dragon.

« C’est un gage? » Tu te contentes de lever les sourcils légèrement, lui laissant la chance de l’interpréter comme il le veut. Autant tu meures d’envie de voir Matt s’aventurer sur le ring et faire très probablement un fou de lui devant tout le monde, autant tu préfères généralement te fondre dans la foule et ne pas faire de vagues lorsque tu es en sortie, histoire de t’éviter la une d’un quelconque magasine de presse people. Tu étais douée pour garder ta vie privée et tu n’avais pas particulièrement envie de changer la donne pour une humiliation qui durerait moins de deux minutes, même si vraiment, la scène que tu te fais dans ta tête est particulièrement drôle. Le maquillage aussi pourrait être drôle, en plus d’être un tant soit peu plus subtil. « Le bleu c’est pas ma palette. T’as du grenat? Ça fait ressortir mes yeux. » « Tu sais bien que j’ai un peu de tout. » Tu sors une palette de eyeshadow de ton sac et la lui montre fièrement. Il n’a qu’une chose à faire, qu’une chose à dire et tu n’hésiteras pas à utiliser tous tes talents (inexistants) de maquilleuse pour lui faire un look digne des lutteurs qui s’apprêtent à se taper sur le ring. Vous vous posez les questions essentielles, celles qui font que vous allez vraiment bien apprendre à vous connaître (ou pas) et tu ne peux t’empêcher de rire un peu plus devant la réponse que t’offre le McGrath. « T’es capable d’hausser un seul sourcil déjà? Je pratique depuis des semaines, moi. » Et il se donne à la tâche, au du moins il essaye, ses sourcils se levant en même temps ou pas du tout dans des grimaces qui ne te font que rire un davantage. « Attends, j’parie que je peux faire mieux sans aucune pratique. » Et voilà que tu essayes à ton tour, que tu tentes de lever un sourcil à la fois, n’y parvenant pas mieux que Matt une seule seconde, mais aimant à prétendre que tu le peux. « T’as vu, j’suis prête pour le rôle. » Ou pas du tout, mais l’espoir fait vivre qu’on dit et il utilise cette distraction pour te voler ta bière alors que la sienne est encore pleine. Tu prétends être choquée mais tu le laisses faire, roulant des yeux, sourire toujours accrochée aux lèvres.

« Me dis pas qu’on va enfin avoir plus de détails sur le gars mystérieux de dos qui était avec toi y’a deux mois dans un petit café hors de la ville. » Ça t’arrache un ricanement. Ce n’est pas parce que tu n’offres rien à la presse people que la presse people ne cherche pas, ne stipule pas, ne se fait pas des histoires avec pas grand-chose. Tu ne comprends pas l’obsession de te créer une vie amoureuse qui ne ressemble en rien à celle que tu vis réellement, mais tu préfères encore ça que de voir les détails de tes aventures étalées ici et là. Ils peuvent bien s’inventer les histoires qu’ils veulent, sur ça, tu n’as aucun contrôle de toute façon. « Oh tu sais, il n’y a pas grand-chose à savoir. Il est un peu ennuyeux, mais il fait une belle excuse pour se sauver des évènements encore plus ennuyeux que lui. » Il gratte ta joue, essuie possiblement une tâche de sauce quelconque et tu tires une grimace avant de rapprocher ton visage du sien alors que tu ne te gênes pas pour lui voler un baiser de plus. « On va commencer par sauver ton angle pas flatteur à toi. » T’as même pas le temps de répliquer, de lui dire que t’as pas d’angle pas flatteur que c’est lui qui vient poser ses lèvres sur les tiennes et tu te laisses avoir par le moment parce que c’est bien plus agréable ça que de continuer à dire n’importe quoi juste pour parler. « Ça te fait pas chier des fois? Tout ça? » Tu prends une longue inspiration, hausses légèrement les épaules. Ouais, ça fait chier, mais tu te rappelles sans cesse que c’est le prix à payer pour faire ce que tu aimes. Pour faire ce pour quoi tu es douée. « T’aurais le droit. » « Est-ce que j’aimerais ne pas toujours être sur mes gardes quand je suis en public? C’est sûr. » Après tout, qui aime vraiment avoir besoin de regarder derrière son épaule pour s’assurer de ne pas être prise en train de faire quelque chose qui pourrait potentiellement déplaire ou public ou simplement endommager ta réputation. « Mais j’peux me plaindre ou juste accepter le fait que l’humain est chiant et incapable de se mêler de ses affaires. » En rire, tourner tout ça à la blague, ça a toujours été ta meilleure défense, ta meilleure technique pour accepter que tu ne pourrais pas toujours échapper aux rumeurs à ton sujet, mais que tu pouvais faire de ton mieux pour ne pas nourrir les bêtes que sont les paparazzis. « BUTE-LE. » Et il s’emporte Matt, debout, le poing en l’air et tu le regardes, toujours aussi moqueuse. « On fait un pari? » que tu lui proposes, ta touche compétitive reprenant toujours le dessus. « J’parie que ton mec arc-en-ciel survit pas plus de trois rounds à mon mec avec le speedo en léopard. » Vraiment, il y a des dates plus sérieuses que d’autres et celle-là, elle est probablement tout au bas de la liste.

« Attends, j’parie que je peux faire mieux sans aucune pratique. » ouais ben si elle pense être capable de faire mieux sans la moindre pratique elle va avoir au moins besoin d’une bonne grosse heure rien que pour réaliser qu’elle maîtrise absolument rien et que c’est certainement mieux pour tout le monde si elle me laisse la possibilité de trôner tout en haut du podium de ceux qui - « T’as vu, j’suis prête pour le rôle. » j’éclate de rire. Non seulement elle a rien réussi du tout, mais en plus elle fait la pire grimace de l’histoire de l’humanité. Et juste pour ça, elle mérite que ma main fasse passer ses mèches dorées de l’arrière de sa nuque jusqu’à son front, lui cachant le visage in extremis de crainte qu’on me voit assis à côté de cette chose-là. « T’es presque belle, là. »

C’est difficile, de prendre Penny au sérieux après. Autant parce qu’elle a le visage bariolé de moutarde et de ketchup – à peine, t’exagères McGrath – mais surtout parce qu’elle arrive encore à me faire rire sans y mettre grands efforts. « Oh tu sais, il n’y a pas grand-chose à savoir. Il est un peu ennuyeux, mais il fait une belle excuse pour se sauver des évènements encore plus ennuyeux que lui. » « Blablabla, j’écoute pas les rageux. » rien à faire de comment ils me décrivent, sauf s’ils parlent du DBD. Autrement, je le vie bien d’être le gars mystérieux dans l’ombre, celui qu’on connaît pas et qu'on veut pas connaître. Elle, ils la connaissent trop. « Est-ce que j’aimerais ne pas toujours être sur mes gardes quand je suis en public? C’est sûr. » je sais pas comment elle fait. Je sais pas comment elle peut sortir de chez elle sans être déjà excédée par les dizaines de regards qui sont braqués en permanence vers elle. Ils attendent éternellement que Penny fasse une gaffe, il s’attendent qu’elle merde, ils espèrent qu’elle se casse la gueule. La pression doit être aussi étouffante que dégueulasse. « Mais j’peux me plaindre ou juste accepter le fait que l’humain est chiant et incapable de se mêler de ses affaires. » ouais, ouais, j’imagine. Je voudrais pas être à sa place en tout cas, et encore moins à celle du gars qui se fait défoncer, direct après que je l’ai encouragé à l’être. C’est presque comme si j’étais leur coach, vous avez vu à quel point ils m’écoutent ?

Penny aurait très facilement pu se retrouver ici dépaysée et râleuse à la volée. Mais elle se confond parfaitement au décor, elle est à sa place. Elle m’énerve d’être aussi douée pour s’adapter à toutes mes conneries. Petit caméléon de gamine. « On fait un pari? » ça, c’est lassant. Parce que je gagne tout le temps quand on fait des paris, et qu’elle risque encore de bouder, et qu’il va falloir que je trouve un truc bien pour lui changer les idées. « J’parie que ton mec arc-en-ciel survit pas plus de trois rounds à mon mec avec le speedo en léopard. » elle fait ses jeux, elle met ses règles. Elle va se retrouver encore une fois à sortir bredouille de la transaction, mais soit. Mon bras se cale autour de ses épaules, je me replace un peu mieux sur ma chaise qui craque trop pour que ce soit rassurant. Mes yeux sont braqués sur le ring comme si elle venait d’avoir la prédiction du siècle, que j’évaluais à quel point mes chances étaient minces face aux siennes. « Si je gagne, t’acceptes un autre date avec moi. » et je gagne. Dix minutes top chrono plus tard, son mec en léopard se retrouve KO, une dent en moins, sous le courroux de mon gars arc-en-ciel. On était même pas passé au second round, c’est presque gênant pour elle. « J’sais pas pourquoi tu t’imposes ça. » mais la pilule fera sûrement moins mal à passer si je la chuchote, hilare, à son oreille.

Tu bouges les sourcils, ou alors pas du tout, c’est ton visage en entier qui se tord en une grimace devant l’air mi-horrifié et mi-amusé de Matt et tu te perds dans la tâche que tu échoues lamentablement, juste pour prouver un point que tu ne gagneras pas de toute façon. Le McGrath vient camoufler ton visage de tes cheveux, t’es pas certaine de comment tu dois le prendre, mais ça te fait pouffer de rire. « T’es presque belle, là. » « T’es presque fin, là. » que tu répètes sur le même ton amusé parce que c’est comme ça depuis le début avec Matt. Pourquoi faire compliqué quand on peut constamment se moquer l’un de l’autre et savoir que ça veut rien dire de toute façon. Il te fait du bien comme ça Matt, à te ramener les deux pieds dans la réalité, à te voir telle que tu es, sans le strass de ta célébrité et de tout ce qui vient avec. Tout ce que tu peux lui dire, il te le rend bien, c’est du donnant-donnant et ce qui est bien avec Matt, c’est que ça fini toujours en fou rire, peu importe comment ça commence. « Blablabla, j’écoute pas les rageux. » Tu roules des yeux, continue de pouffer un peu plus entre deux bouchées de hot-dogs et deux gorgées de bière. T’es pas certaine d’avoir compris comment vous êtes passés de cette soirée mondaine d’un ennui mortel pour vous retrouver ici, mais c’est l’effet Matt. Tu t’attends jamais à rien avec lui, te fais pas d’idées non plus parce que tu sais que si tu penches à droite, il va t’emmener à gauche. Une chose est certaine toutefois, ce ne sera jamais ennuyant.

Il pose des questions et tu lui donnes des réponses, mais c’est presque trop sérieux pour l’hilarité du moment. Il reste silencieux Matt, son attention déjà retourné sur le combat. Le pari que tu lances n’est pas le premier, n’est certainement pas le dernier non plus alors que Matt, il roule déjà des yeux. C’est qu’il se pense invincible le McGrath, juste parce qu’il a gagné quelques fois dans le passé. Ou peut-être qu’il a gagné la majorité des fois, c’est juste un hasard, ou peut-être qu’il est plus perspicace que toi, même si tu n’oserais jamais l’admettre à voix haute. De quoi lui donner la grosse tête et déjà, il passe presque plus dans les cadres de porte, le brun. Son bras se place autour de tes épaules, tu cales ta tête dans le creux de son cou, t’es bien, juste là. « Si je gagne, t’acceptes un autre date avec moi. » « Deal. » Comme si t’avais pas déjà l’intention de l’emmerder encore un peu plus longtemps. Il gagne, surprise surprise et il est fier, le McGrath. Tu pourrais jouer l’insultée, jouer la mauvaise perdante, jouer la compétitive déçue, mais quand la conséquence fait ton affaire, c’est difficile de prétendre ne pas y trouver ton compte. « J’sais pas pourquoi tu t’imposes ça. » « Une vraie maso. » que tu réponds, toute aussi hilare que lui alors que son souffle te chatouille l’oreille et puis tes lèvres viennent trouver les siennes alors que le prochain match commence et que derrière, des grognements et des corps qui tombent contre le sol, la parfaite soundtrack d’une soirée réinventée.