Comme à chaque fois, Andrew était impatient d’aller dîner et de retrouver toute sa petite famille. Il avait enfilé ses plus beaux habits. Une chemise toute neuve que sa femme lui avait acheté récemment et un pantalon de ville qu’il n’aimait pas particulièrement mais qui apparemment, lui allait à merveille. Mary n’avait pas arrêté de répéter que ça lui faisait un fessier d’enfer, alors Andrew avait bien voulu faire un effort. Il avait aussi sorti sa plus belle montre. On aurait presque dit qu’il allait à un mariage. Avant de partir, il embrassa Mary sur le front. Elle s’excusa pour la cinquantième fois de ne pas pouvoir venir. Elle avait un procès important le lendemain et elle devait encore peaufiner certains points du dossier. « Ne t’inquiètes pas, Mary, c’est une soirée ordinaire. Il y en aura d’autres ! On t’enverra plein de photos ». Il prit soin de l’embrasser une dernière fois et de lui glisser un plaid sur les épaules avant de quitter la maison pour rejoindre celle de Jax.

Chanceux comme il était, il arriva en même temps que sa fille. Il descendit de la voiture et s’approcha d’elle pour la serrer dans ses bras. « Et bien, on est synchronisés aujourd’hui ! ». Il lui déposa un baiser sur le front. « Bonjour, ma princesse ! ». Ils se rendent tous les deux à la porte. A peine avaient-ils toqué qu’une myriade de bruits se fit entendre. Une petite tête apparut dans l’embrasure de la porte. « Tata ! Papi ! ». Le petit Virgil leur saute dans les bras à tour de rôle. Andrew l’embrasse sur la joue. « Salut, mon grand ! T’as encore mis tes belles chaussures qu’on a acheté ensemble, à ce que je vois ! ». Il ne peut s’empêcher de rire quand Mia mentionne la bouteille de vin. « Je n’ai rien eu besoin d’amener, je sais qu’Adella cuisine à merveille et qu’elle est bien plus douée que toi en ce qui concerne les mets et les boissons… ». Il fait lui aussi un clin d’oeil à son fils, avant de venir lui déposer un baiser sur la joue et de le serrer dans ses bras. « Votre mère s’est encore excusée de ne pas pouvoir être là aujourd’hui…Tenez vous prêt à recevoir cent cinquante messages, elle va vouloir être tenue au courant de tout ce qui se passe ici ! ». Andrew s’installa sur le canapé et fit grimper Virgil sur ses genoux, tandis qu’il récupérait la petite peluche que sa tante lui avait acheté. « J’espère que tu ne feras pas ça avec les tiens, Mia, tu vas le regretter sinon. Une peluche par ci, une peluche par là, et après on se retrouve à devoir venir aux dîners de famille tous les week-end ! ». Il lui fit un clin d’oeil taquin, bien conscient que sa fille allait le chambrer en retour. Il se tourna vers son fils. « Bon, tu nous le sers, ce vin ? ». C’est qu’il commençait à faire soif, par ici. Et il ne le savait pas encore, mais il en aurait bien besoin.

Andrew était heureux d’être ici. Voir toute sa famille réunie, ça le mettait toujours de bonne humeur. Même s’il manquait Mary. Il arrivait que, le soir, posé dans son lit devant un bon bouquin, il relève le nez pour embrasser sa femme sur le front et qu’il lui fasse remarquer à quel point il était satisfait de là où ils en étaient et de la famille qu’ils avaient réussi à construire tous les deux. Ca n’avait pas été toujours tout rose, à commencer par la naissance de Jax qui avait été plus qu’inattendue, mais ils avaient réussi à remonter la pente et à construire ce dont ils avaient toujours rêvé. Entouré de ses enfants, son petit-fils Virgil sur les genoux, Andrew était comblé.
Jax fit remarquer que leur mère leur avait déjà envoyé un message, tandis que Mia bougonnait déjà parce qu’elle n'avait rien reçu et qu’on voyait bien qui elle préférait. Faisant mine d’être dépité, Andrew secoua la tête. « Tu devrais t’y habituer, à force, Mia ! Tu n’avais jamais remarqué que tu avais toujours moins de cadeaux le jour de ton anniversaire ? ». Il lui fit un grand sourire. La relation entre Andrew et ses enfants avait toujours été fondée sur des blagues et des chamailleries. La famille McKullan était un peu bornée et c’était comme ça qu’ils fonctionnaient. Andrew profita que Virgil soit occupé avec sa peluche pour répondre à sa femme. Bien arrivé. Virgil est déjà gâté. Je te tiens au courant. Je t’aime.. Il pressa sur le bouton « Envoyer » avant de reporter son attention sur ses enfants. Jax était déjà désespéré à l’idée d’un énième jouet à caler dans la chambre du petit, ce à quoi Andrew ne pouvait qu’acquiescer. Comme à son habitude, il chambra sa fille, qui ne tarda pas à répondre. « Vous êtes juste jaloux parce que je ne vous offre rien ». Andrew leva les yeux au ciel. « Si c’est pour m’offrir une peluche en forme de kangourou, ça ira, Mia, je pense que j’ai passé l’âge ! ».
Le vieux McKullan récupéra son verre de vin, gracieusement tendu par Adella. Il avait toujours admiré cette femme. Elle avait toujours su faire ressortir le meilleur chez son fils, et pour ça, il ne pouvait que lui en être que reconnaissant. Il trinque avec toute la petite famille. Tandis qu’il commence à tremper ses lèvres dans le liquide doré, Virgil continue de s’agiter sur ses genoux. Il a l’air pressé de leur annoncer quelque chose. Jax l’autorise à parler. « Maman, elle a un bébé dans son ventre ». Tout comme Mia, Andrew entrouvre la bouche, surpris. Il ne s’attendait pas à une telle nouvelle. Andrew adore sa famille. Cela représente énormément pour lui. Malgré tout, cet heureux évènement lui fait un petit pincement au coeur. Un petit-enfant de plus, c’est son fils qui s’éloigne petit à petit un peu plus de lui. C’est aussi un signe qu’Andrew vieillit, et ça, il n’ose même pas y penser. Le vieux chasse bien vite ses pensées sombres de son esprit, tandis que Mia félicite son frangin. Andrew pose le petit Virgil au sol pour aller serrer Adella dans ses bras, puis son fils. Il fait durer l’étreinte un peu plus longtemps, tandis qu’il lui murmure à l’oreille, un peu taquin. « Je t’avais bien expliqué comment te protéger, pourtant, non ? ». Il dépose un baiser sur la joue de son fils. Mia désespère déjà. « Merde, va falloir que j’économise, je vais devoir venir avec double cadeaux maintenant ». Andrew lève les yeux au ciel, faisant là encore mine d’être désespéré. « Et moi dont, ça veut dire qu’on va devoir garder un mioche de plus pendant les grandes vacances ! A ce rythme là, je vais devoir troquer mon vieux pick-up contre un van 8 places ! ». Andrew se rassoit sur le canapé et remet Virgil sur ses genoux. Il lui dépose un gros baiser sur la joue. « Alors, t’es content, Virgil ? Tu vas être grand frère ? Tu vas devoir partager ton vieux papi, maintenant ». Il lui ébouriffe les cheveux, avant de lever un doigt accusateur vers Jax. « Ta mère va me tuer. Si elle apprend qu’elle n’a pas été là pour cette grande nouvelle… ». Il n’osait même pas imaginer la scène à laquelle il allait avoir droit en rentrant à la maison.  

Face à l’annonce de son fils et d’Adella, Andrew repensa à ce qu’il lui avait dit plus tôt. « Tu parles, tu serais tout content d'avoir une peluche kangourou. Mais je te préviens, tu ne piques pas celle de mon fils ». Il n’avait pas relevé. Il avait juste ébouriffé tour à tour les cheveux de son fils et de son petit-fils avant de passer à autre chose. Mais là, alors qu’il savait qu’il allait être grand-père pour la deuxième fois, il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il aurait bien voulu avoir une petite peluche à laquelle s’agripper, à défaut d’avoir la main de Mary à serrer tendrement dans la sienne. Malgré tout, il était ravi pour eux. Sa famille, et notamment ses enfants, méritait tout l’or du monde. Si le fait d’avoir un deuxième enfant les rendait heureux, alors Andrew était lui aussi heureux. Il félicita son fils, non sans blaguer sur le fait qu’il lui avait pourtant bien expliqué comment se protéger. Jax, aussi taquin que lui - c’était de famille, il fallait croire - rétorqua directement par une pique à destination de son père. « C’est pas nouveau que j’écoute jamais tes conseils ». Andrew donna une petite tape amicale sur l’épaule de son fils. « Qu’est-ce que j’ai fais pour mériter des gosses pareils, qui n’écoutent pas leur vieux père ?! ». Il se réinstalla sur le canapé, râlant sur le fait qu’il allait devoir changer de voiture. Ca ne l’enchantait guère, il devait bien l’avouer. Il aimait beaucoup son vieux pick-up, il en prenait soin comme il aurait pris soin de ses propres enfants. Tous les étés, il aimait bien lui redonner un petit coup de jeune : il passait un coup de chiffon sur toute la carrosserie, avant de passer un coup d’éponge, mélangée à de l’eau et à du savon spécial. Il repassait un petit coup de peinture si c’était nécessaire. Il prenait soin d’aspirer l’intérieur du véhicule toutes les semaines. Même Virgil, de son jeune âge, savait qu'il ne fallait pas trop toucher à la voiture de son papy. Dès qu’il s’en approchait trop avec son ballon, vous pouviez être sûr qu’Andrew allait débarquer, les bras gesticulant dans les airs, pour lui demander d’aller jouer plus loin. C’était tout juste s’il ne demandait pas au gamin de retirer ses bottes toutes sales avant de rentrer dans la voiture, quand ils revenaient d’une expédition en bord de mer ou dans la forêt. Alors, changer de voiture pour accueillir une myriade de mioches, ça allait peut-être un peu trop pour lui. Andrew se rassit sur le canapé, prenant Virgil sur ses genoux. « Je pense qu’on va s’arrêter à deux de toute façon. Après, on laissera la place de Mia et Alec ». Andrew fit les gros yeux. Il ne savait pas s’il était prêt à ce que sa fille, la prunelle de ses yeux, sa princesse, devienne maman. Elle aussi rétorqua bien vite. « Ne vous arrêtez pas pour nous ». Andrew secoua la tête, en riant légèrement. « On va se calmer, avec les gamins ! Je n’ai pas vraiment envie de transformer la maison en colonie de vacances tous les étés…Votre mère ne va plus savoir où donner de la tête, vous savez à quel point elle adore faire des pâtisseries pour ses enfants et ses petits-enfants… ». Il marqua une légère pause pour demander à Virgil s’il était content, et pour lui signaler que maintenant, il allait devoir partager son grand-père. Andrew ignorait comment cela allait se passer, mais il n’avait que très peu de doutes sur le fait que le petit serait tout à fait à même de prendre soin de son petit frère ou de sa petite soeur. Andrew fit remarquer à Jax que sa mère allait le tuer, suite à quoi il proposa à Virgil d’appeler sa grand-mère pour lui partager la bonne nouvelle. Le petit s’empressa de se lever des genoux d’Andrew pour attraper le téléphone.  De là où il était, Andrew put entendre le cri de joie Mary à travers le combiné. Elle qui avait toujours rêvé d’une grande famille, elle était servie.
Mia et Adella s’éclipsèrent quelques instants en cuisine. Andrew en profita pour jouer un peu avec Virgil. Quand les deux femmes revinrent dans la pièce, Virgil était hilare, en train de sauter sur les genoux de son grand-père sur l’air de « A dada sur mon bidet ». « J’ai… un truc à vous dire ». Au son de la voix de Mia, Andrew s’empresse de calmer le petit et de l’asseoir à côté de lui. Sa fille a vraiment une sale tronche, et il doit bien l’avouer : il a un peu peur de ce qu’elle va leur annoncer. « Papa, il va falloir que tu gardes non pas un mais deux mioches de plus pendant les grandes vacances ». Andrew relève la tête vers sa fille. Il regarde à tour de rôle Mia, puis Adella, puis Jax. Il ne comprend pas tout de suite. Il fronce les sourcils, se tourne vers Jax. « Vous allez avoir des jumeaux ? ». Ca serait une première, dans la famille. Aussi loin qu’il puisse se souvenir, il lui semble bien qu’il n’y a jamais eu de paire de jumeaux ou de jumelles dans son entourage. Il s’apprête à se lever pour féliciter Jax et Adella, et puis l’information parvient finalement à son cerveau. Ca fait tilt, dans sa tête. Il se retourne vers Mia. « Mia ? Toi ? ». Il a la voix presque tremblante. « Je…Félicitations, je suppose, aussi ». Et contre toute attente, assis sur le canapé, Andrew fond tout simplement en larmes. Jax, il s’était habitué. Il y avait eu Virgil, déjà, alors un deuxième bambin, ça coulait presque de source. Mais sa Mia, sa princesse, son bébé. Son bébé qui allait avoir un bébé. Ce n’était tout simplement pas possible. Il avait l’impression que son coeur allait imploser, à la fois de bonheur, mais aussi de nostalgie. Virgil vient se serrer tout contre lui, bien inquiet de voir son papy pleurer. Andrew essaya tant bien que mal de sécher ses larmes et de faire cesser ses sanglots. Il avait l’air un peu idiot. « Vous allez m’achever, bande de sales gosses ». Il disait ça sur le ton de la plaisanterie, comme à son habitude. Il se leva pour aller serrer Mia tout contre lui, lui déposant un baiser sur son front, les larmes coulant encore sur ses joues. Il lui glissa quelques petits mots à l’oreille. « Je t’aime, ma princesse. Et je suis fière de toi. Tu vas faire une fantastique maman ».

Andrew était partagé entre plusieurs sentiments. Il était très heureux pour Adella et Jax. Il avait toujours aimé les enfants, et l’annonce de l’arrivée du petit Virgil l’avait empli de bonheur. Il était plus qu’heureux de pouvoir partager tout ce qu’il aimait avec son petit-fils. Mais l’annonce d’un deuxième bout de chou, même si ça l’emplissait de joie, le faisait angoisser un peu. Il se sentait vieux, maintenant. Et Mia avait visiblement quelque chose à leur annoncer à son tour. Andrew ne comprit pas tout de suite. Il demanda s’ils allaient avoir des jumeaux. « Je plaide non coupable… A moins que je ne sois pas au courant ». Et puis Andrew comprit. C’était Mia qui allait avoir un enfant. Sa Mia. Son bébé. Sa princesse. Sa vie. Son tout. La lumière qui illuminait son monde. N’allez pas croire qu’il n’en était pas de même pour Jax. Mais il n’avait jamais eu la même relation avec son fils qu’avec sa fille. Il aimait les deux très fort. Avec autant d’intensité. Mais différemment. Jax était arrivé à un moment de leur vie où il n’avait pas pu tout lui donner quand il était petit, chacun trop pris par leurs études et jobs respectifs. Alors il avait entrepris de tout rattraper quand Mia été née. De lui donner tout ce que Jax n’avait pas pu avoir. Il avait une relation plus que fusionnelle avec Mia. Il l’aimait à en crever. Les yeux embués, les joues humides, il se leva pour féliciter sa fille. C’était une partie de l’enfant qui résidait toujours en Mia qui partait en volutes de fumée face à cette annonce. Il serra sa fille tout contre lui, profitant de cette étreinte pour se perdre un peu plus dans l’amour qu’il portait à sa fille. « J’espère… J’espère que je serai à la hauteur. Je t’aime aussi papa. Je suis tellement heureuse… ». Il lui déposa un léger baiser sur le front, la serrant toujours tout contre son coeur. « Tu seras toujours à la hauteur. Et si tu as besoin, ta mère et moi serons là pour toi ». Andrew laissa sa fille aux bras de son frère, aussi heureux qu’elle. « Oh Mia, je suis tellement heureux. Les cousins vont avoir le même âge, c’est tellement génial ». Andrew leva les yeux au ciel, en profitant pour tenter d’évacuer les quelques larmes qui brouillaient sa vision. « Ca fait de la marmaille en plus à gérer pendant les vacances, ça…Manquerait plus que ce soit des jumeaux ! Voire des triplés ! ». Il savait que Mia paniquerait en entendant ça, mais il avait volontairement dit ça pour détendre l’atmosphère. Jax expliqua à Virgil ce qui se passait, Mia comptant sur lui pour l’aider. « Il faudra aussi que tu aides ton vieux papy pour gérer les petits pendant les vacances, hein ? ». Il imaginait déjà toutes ces petites têtes blondes courir dans le jardin, siroter un verre de limonade sur la terrasse, sauter à pieds joints dans les flaques d’eau. Il avait presque hâte. « Papa… Tu sais… Je vais avoir un bébé mais je resterai toujours le tien. Parce que je sais que si maman préfère Jax, toi tu m’as toujours préféré ». Andrew ne put s’empêcher d’éclater de rire. Il déposa un baiser sur la joue de son fils et sur le front de sa fille. « Vous serez toujours mes bébés. Mais il faut aussi apprendre à lâcher du lest. Bon, Jax c’est bon, il peut faire sa vie maintenant, ça me gêne moins que toi… ». Andrew se rassit sur le canapé, observant la scène de loin, Mia en profita pour demander un verre de jus de fruits plutôt que du vin. Andrew pointa un doigt accusateur vers elle. « Je te préviens, je vais t’avoir à l’oeil. Le moindre écart, tu vas m’entendre ! L’alcool, les soirées, la malbouffe, tout ça, c’est fini ! ». Il secoua doucement la tête, se souvenant des grossesses de Mary. Du nombre de restrictions qu’elle s’était imposée. Il ne voulait pas empêcher Mia de vivre, mais il voulait surtout qu’elle fasse attention. En pensant à Mary, Mia évoqua le sujet. « Faut que je le dise à maman ? ». Andrew grimaça. « Si c’est moi qui lui dit en rentrant à la maison, je vais m’en prendre plein la tête pendant deux heures parce que je ne lui aurais pas dit sur le moment…On peut essayer de l’appeler. Tu veux laisser faire Virgil ? ». Cela permettrait à Mia d’être tranquille quelques instants. De souffler un peu. Andrew observa ses enfants, Virgil, Adella. Il était heureux d’être là.

C’était ce genre de moments dans une vie où vous aviez l’impression d’observer la scène depuis un autre endroit que vous-même. Comme en apesanteur, comme si vous vouliez. Andrew observait ses enfants grandir, et ce n’était pas sans un pincement au coeur. C’était très cliché mais il avait surtout peur pour Mia. Parce que c’était sa fille, sa princesse, son bébé. Et elle resterait à tout jamais l’amour de sa vie. Alors savoir que la prunelle de ses yeux allait à son tour devenir maman, et en même temps qu’Adella qui plus est, ça lui faisait très certainement plaisir, mais il ne pouvait s’empêcher d’approcher la chose avec une certaine appréhension. Il ne put s’empêcher de le faire savoir à sa fille. « Donc, j’aurai dû demander ta permission pour avoir ce bébé ? Si Alec vient à me demander en mariage, il devra aussi venir te voir pour avoir ta bénédiction avant ? ». Andrew hocha vigoureusement la tête, un petit sourire au coin des lèvres. « Bien sûr que oui, j’espère bien que le bougre viendra sonner à ma porte avec un cadeau et qu’il se mettra à genou pour me supplier d’accepter qu’il t’épouse ! ». Andrew n’était pas fou, il n’allait pas laisser partir sa fille avec n’importe qui. Et pas sans une petite bataille avant. Il avait quand même quelques principes à respecter. Il ne put s’empêcher de prévenir Mia qu’il serait dans ses pattes en permanence, pour vérifier que tout allait bien. « J’espère que tu n’envisages pas de venir t’installer chez nous ? ». Andrew fit semblant d’être offusqué. « A quoi tu t’attendais ? J’attends d’avoir une chambre à côté de la vôtre et de pouvoir surveiller tes moindres faits et gestes, maintenant ! ». Il déposa un léger baiser sur le front de sa fille, l’étreignant tout contre lui. Il observait ses enfants, les yeux toujours humides, la gorge serrée. C’était parfois difficile de laisser partir ses enfants. De s’apercevoir qu’eux aussi avaient une vie mouvementée, et qu’ils grandissaient. Qu’ils ne restaient pas éternellement enfants, qu’ils ne seraient pas toute leur vie en couche-culotte à courir dans le jardin et à s’émerveiller devant le moindre brin d’herbe. Non, eux aussi allaient grandir, travailler, avoir des enfants, devoir gérer n’importe quel problème. Comme lui. Andrew leva son verra pour trinquer avec ses enfants, levant les yeux au ciel quand Mia mentionna qu’ils partiraient se dorer la pilule à l’étranger pendant que lui et Mary garderaient les enfants. Il ne répondit même pas, mai se contenta d’observer ses enfants, tour à tour. Jax, son grand gaillard plutôt calme, et Mia, sa petite tempête blonde. Il déposa un nouveau baiser sur le front de sa fille, avant de serrer Jax contre lui. « Je suis fier de vous ». C’était tout ce qu’il pouvait leur dire. A quel point il était fier d’eux. Du parcours qu’ils avaient fait jusque là. Des familles qu’ils commençaient à construire. Il aimait à penser qu’il n’y était pas pour rien et que Mary avait eu son rôle à jouer aussi, mais il gardait ça pour lui.
Andrew proposa à Virgil d’appeler sa grand-mère pour la prévenir de la deuxième nouvelle de la journée. Ça faisait beaucoup de nouvelles d’un coup, et Andrew était prêt à parier qu’elle allait lâcher tous ses dossiers pour aller se réfugier sous un plaid sur le canapé, en attendant qu’il rentre.  Il la retrouverait avec son thé, à fixer le vide et à se remémorer tous les moments avec leurs enfants. Comme lui l’avait fait. Virgil ne tarda pas à annoncer la nouvelle à Mary, il était aussi excité qu’eux. Un long silence se fait entendre au bout du fil. Mia ne sait plus quoi faire. Alors elle tend le combiné à son père. Andrew récupère le téléphone, et s’éloigne un peu. « Mary ? ». Il entend sa femme de l’autre côté du téléphone, la respiration légèrement saccadée, des sanglots dans la voix. « Je crois qu’on a pas trop merdé, à ce niveau là. Nos gamins s’en sont plutôt bien sortis, tu crois pas ? ». Il entendit sa femme rire. Son rire si cristallin, qui le faisait sourire à chaque fois. Il se tourna légèrement, observant ses deux enfants qui avaient pris place sur le canapé. « Love you, hon. Je rentre bientôt. Ne dévalise pas tout le chocolat, garde en moi un peu ». Il raccrocha, jetant un dernier coup d’oeil à sa famille. Adella, Jax, Mia et Virgil. Il aurait donné cher pour vivre ce moment encore mille fois. Alors il retourna s’installa auprès d’eux, encerclant Mia d’un côté et Jax de l’autre.