Tu t’es fait encore embarquer dans un karaoké. Oh comme c’est dommage (non). Tu sais pas dire non à un karaoké et tu as bien trop de potes qui le savent. C’est pour ça que cette soirée, tu sais même pas qui sera là, tu connais que deux personnes. T’es pas dérangé de découvrir des nouvelles têtes. En plus y’a certains noms dont tu as déjà entendu parlé alors c’est pas mal de les rencontrer véritablement un jour enfin. T’es au bar alors que y’a pas tout le monde qui est arrivé. Une giga box a été réservé, vous allez être au moins 10. Ta pote Stacey a expliqué dans un message groupé qu’il y aurait des binômes tirés au sort. Tu demandes une red bull au bar alors que c’est ton tour. Tu sors ta carte bleu, tu paies sans contact et puis quand tu reviens tu te rends compte que la box est à présent disponible. Tout le monde s’y trouve à l’intérieur. T’as fait des sourires un peu plus tôt à des gens qui sont là mais t’étais pas sûr qu’ils étaient là pour la même session karaoké que toi. A peine la porte franchie tu te fais arrêter par Sloan.

« Your team mate’s name is Kieran, he is not there yet. »
« Alright. Good to see you. »

Que tu lui dis avec un clin d’oeil avant d’aller t’installer sur la banquette qui longe le long de la pièce. Ton verre à la main, tu sirotes en regardant les personnes qui sont déjà là. Ceux que tu connais ne sont pas encore là. Vont-ils venir ? Les meufs à côté de toi ont l’air d’être sapé comme pour le 31 même si c’était y’a quelques jours. Toi t’es en jeans noir avec un t-shirt kaki de la marque Unite Clothing. Comme t’es fashion (pas vraiment) tu as aussi des vans old skool kaki aux pieds. Tu te sens bien bg ce soir et ça fait plaisir.

Kieran arrive car tu entends Stacey dire ton nom. « You’re with Jordan. It’s the blond gentleman over there. » Tu lèves la main pour faire signe de bonjour au dit Kieran. Tu te lèves posant ton verre sur le rebord derrière toi. « Hey, nice to meet you I’m Jordan. Didn’t think tonight would be so well organized. I like it, it’s fun. » Même plus que fun. T’as un immense sourire aux lèvres alors que d’autres personnes sont encore en train d’arriver. « You’re ready to sing your heart out? » Certains auraient plutôt demander s’il est prêt pour gagner mais c’est vraiment pas le but premier pour toi. Tu veux surtout t’amuser. Il est vrai que le fait qu’il y ait une compétition « officielle » avec les points comptés, ça rend les choses bien plus drôle.


@Kieran Halstead

(FORTITUDE VALLEY, CANVAS). Drew, son thérapeute, semblait avoir plus conscience que lui de la gravité de la situation lorsqu’il lui avait demandé de rédiger un plan d’activités susceptible de lui occuper l’esprit lorsque ses pensées se faisaient plus virulentes que bénéfiques. Le problème, c’est qu’il s’agit de son état général et que le jeune homme est perpétuellement aux prises avec celles-ci ; mais il ne l’avait pas verbalisé auprès du professionnel, conscient que cela activerait une alerte qu’il n’a aucune envie de déclencher. Tout va bien. Il se le répète suffisamment pour qu’il finisse par y croire, c’est juste une question de temps. Lors de leur dernière séance, il était alors face à deux choix : se convaincre de ce mensonge, autant que Drew, afin de se centrer sur cet exercice ou reconnaître la vérité et devoir exprimer toute la honte qui l’envahit depuis des semaines. Kieran a opté pour la première option et avait su remplir cette feuille sans grandes difficultés. Il avait cependant poursuivi ses mensonges ; il lui est difficile de sortir de son appartement, mais ça, Drew n’a pas à le savoir alors que Kieran suggère les activités les plus typiques tels que le simple fait de lire un livre ou de jouer à la ps4 (comprenez que la ps5 n’est plus en stock et qu’il est pauvre, de toute façon) et d’autres qui sauront satisfaire le professionnel et lui donner l’impression que le plus jeune tente de prendre les choses en mains. En tête de liste : le karaoké, activité qui peut paraître surprenante en vue de la réserve du dessinateur, mais qui est un vrai guilty pleasure. Pas assez pour qu’il s’y adonne régulièrement, mais suffisamment pour qu’il en fasse la promesse dans le contexte de cette séance, l’obligeant à respecter sa promesse une fois sorti du cabinet. Comprenez qu’il n’a aucun problème avec le fait de mentir ; mais ne pas tenir une promesse semble être une catastrophe. Ne cherchez pas, il n’y a aucune logique à cela.

Il pousse la porte du bar, partagé entre l’engouement de cette activité qui lui plaît et cette réserve qui l’empêche généralement d’en profiter autant qu’il le veut. Le simple fait que cela se fasse dans des box et non devant tout le monde est une raison suffisante pour qu’il essaie d’y mettre du sien, autant que cette perspective d’un prix. Il n’a pourtant aucun esprit de compétition, mais il s’en trouve un par nécessité de se changer les idées. « Sorry, I’m la... » « You’re with Jordan. It’s the blond gentleman over there. » « Oh, okay. » Ça commence bien (et ça pourrait effectivement s’il ne se sentait pas oblige de toujours raconteur sa vie au premier venu). Un grand blond l’interpelle et Kieran se dirige naturellement vers lui, surpris d’être le plus petit des deux pour une fois (détail sans importance, mais qui le fait se sentir encore plus minuscule que d’ordinaire). « Hey, sorry I’m late. » Qu’il répète à quelqu’un qui, cette fois, veut bien l’entendre. « I’m Kieran, nice to meet you too... Jordan. » Il lui assure, sourire aux lèvres, avant de regarder un peu autour de lui pour se donner contenance (et comme si cela l’aidait à approuver les propos de son binôme). « Yeah, it is. They really did a ... nice work, I guess. » Non, il n’en sait rien du tout, mais puisqu’il faut faire plaisir aux autres, autant faire plaisir à ce Jordan. « Hm, hm. » Qu’il acquiesce en hochant la tête avant de faire une petite moue. « Hm, well, to be honest, not really. » Il confesse, gêné. « I usually need a drink or two before, to be … in the mood, you see ? » Il se justifie avant de rapidement reprendre. « And now you’re asking yourself why they put you with me, right ? » C’était supposée être une bonne soirée, mais il ne devrait plus s’étonner de sa maladresse autant que sa capacité à tout gâcher.

@Jordan Fisher

Spoiler:

« Hey, sorry I’m late. »
« Yeah don’t worry, nothing started yet. »

Tu sens que le gars est du genre anxieux rien qu’avec ces premiers mots qu’il te dit. « I’m Kieran, nice to meet you too... Jordan. » Kieran. Ta pote te l’avait dit mais tu essaies de bien imprimer parce que c’est ton binôme de la soirée. Tu le vois regarder un peu autour de lui. Il cherche sûrement quelque chose pour se sentir un peu plus confortable et toi tu te décides de lancer la conversation. « Yeah, it is. They really did a ... nice work, I guess. » Awkward. Tu le trouves cute le gars. Sûrement parce que tu te revois bien en lui. « Hm, hm. » Awkward. Tu es en train de te demander s’il va réussir à chanter malgré cette timidité qu’il montre.  « Hm, well, to be honest, not really. » T’es en train de te dire qu’il devrait prendre de l’alcool pour se relaxer. « I usually need a drink or two before, to be … in the mood, you see ? » Et il te vole les mots de la bouche. Un grand sourire se forme sur tes lèvres.

« And now you’re asking yourself why they put you with me, right ? »
« Probably cos I’ve got a big wallet to get you all the drinks you need. »

Tu plaisantes, mais pas vraiment. Tu lui fais un clin d’oeil alors que tu vas appuyer sur le bouton Drinks sur le panel avec l’écran pour la sélection tactile des chansons. Quelqu’un du bar va venir pour prendre la commande, mais t’as pas vu qu’en fait y’a déjà quelqu’un qui est là avec les meufs assise à côté de vous.

« I’ll be right next with you. »
« Oops. »

T’es un boulet Jordan. I’m good. T’avais juste pas vu. La personne était TROP DEVANT TOI, du coup tu l’as loupé. « Also I’m doing Dry January so you have to drink for the team. I don’t make the rules. » Tes plaisanteries vont peut être juste le mettre un peu plus mal à l’aise et t’espères pas. Ce n’est pas du tout le but de la. manoeuvre. Surtout que c’est la vérité amélioré. Tu fais tes propres règles du jeu de ta vie. Il se trouve juste que Kieran en fait parti le temps d’une soirée. « What do you want? I’m gonna get a virgin piña colada. » Même si tu n’as pas fini ta red bull, c’est la piña colada ton péché mignon et vraiment tu vas insister fort pour qu’ils n’oublient pas de le faire virgin. Tu veux vraiment réussir ce challenge que tu t’es lancé et qui se passe plutôt très bien. Tu t’enquilles de chocolat chaud, red bull et autres jus de fruits depuis le début du mois. De l’eau aussi. C’est important des fois. Mais c’est un peu meh l’eau. « What’s your favorite song to sing at karaoke ? » Parce que la meuf est encore en train de prendre les commandes des autres à côté qui ont l’air indécis du coup y’a un peu de temps à tuer. T’as eu envie de lui dire aussitôt ta chanson préféré de karaoké mais tu n’as pas su te décider sur une seule. Y’en a tellement qui sont en train de se bousculer dans ta tête. Tu seras content avec beaucoup de choses différentes. C’est une bonne soirée ce soir, c’est clair. Le sourire sur tes lèvres le confirme à chacune de tes paroles.

Les minutes défilent et autant dire les choses ; je ne suis pas certain que cette soirée soit l’idée du siècle. Il est mal à l’aise, Kieran (plus qu’il ne l’est déjà d’ordinaire) et je reste persuadé que se forcer à prétendre que tout est normal autour de lui (à commencer par sa vie) n’est pas une stratégie adéquate. Il s’en convainc, du moins et j’ai conscience qu’un jour ou l’autre le retour à la réalité sera brusque. Alors, dans l’immédiat, j’essaie de l’aider à maintenir du mieux que je peux cette illusion de normalité, de tranquillité, des sentiments qui pourtant ne s’appliquent pas à lui. Mais puisqu’il faut y croire, allons-y. Heureusement, son binôme du soir semble être de mon côté en vue de l’aisance dont il fait preuve et qui contraste avec la réserve de Kieran. Un sourire timide s’affiche sur les lèvres d’un Kieran ravi de constater que son retard ne lui sera pas reproché, tandis que son regard s’égare autour de lui dans l’espoir de trouver un sujet de conversation qui l’aidera à sympathiser avec son allié d’un soir – chose qu’il ne parvient pas à faire naturellement, raison pour laquelle il lui faut toujours un peu d’aide. Heureusement, ce Jordan semble presque lire dans ses pensées et je ne peux que l’apprécier en vue de l’aide qu’il procure (sûrement sans le savoir) à Kieran. Et comme souvent, ce dernier plaisante (d’un humour tout relatif, soyons honnêtes) avant de mieux se dénigrer en estimant que sa seule capacité à chanter découle d’un état d’ébriété avancé et que son comparse doit déjà regretter son inscription en vue du binôme auquel il a été associé. « Oh, yeah… fair enough. » Il souligne à la réponse évoquée par son binôme pour justifier leur duo : la raison semble parfaitement recevable (quitte à passer pour un profiteur, soit, mais ce n’est pas avec ses économies – inexistantes – qu’il ne peut plus dilapider que Kieran aurait atteint un état second pour éviter de leur faire perdre ce concours). Le blond finit par appeler un serveur et la méprise de ce dernier ne manque pas de faire rire Kieran, qui s’excuse aussitôt pour ne pas donner l’impression de se moquer : « Sorry. It’s the kind of thing that usually happens to me, so… It’s cool to see that I’m not the only one. » Son sourire s’agrandit légèrement, à mesure que son aisance se développe : ce type fait tout pour le mettre à son aise et c’est tout à son honneur. « Well… if I have to sacrifice myself for the team, you know... » Il le fera, ce sacrifice qui va lui coûter énormément, évidemment. « Hm, a Vodka Red Bull. » Il sait que ce n’est pas le mélange le plus conseillé, mais c’est l’un de ceux qui agit le plus vite sur lui ; c’est un argument non négligeable (pour lui, pour moi, c’est une autre histoire, es-tu sûr qu’il s’agit d’une bonne idée, Kieran ?). « How's your Dry January going ? » Il interroge le jeune homme en attendant que la serveuse vienne de leur côté, tandis que la question de ce dernier le laisse interdit quelques instants. « To pick one is hard. » Il souligne, se laissant ainsi quelques seconds supplémentaires pour se décider. « I don’t know, I’m not very original. Anything from Queen works for me, or just the classics like The Backstreet Boys or The Rhythm of the Night, you know. » Il ponctue sa phrase d’un haussement d’épaules, incapable de se décider sur un seul morceau : l’avantage est que son camarade n’aura qu’à choisir pour eux. « Yours ? » Il l’interroge à son tour, espérant que ce dernier soit en mesure de se fixer sur une réponse, contrairement à lui et d’ainsi donner le ton de la soirée.

@Jordan Fisher

« Oh, yeah… fair enough. » T’espère vraiment qu’il va profiter de ta proposition qui était sérieuse et sincère malgré le ton de la plaisanterie. Il se marre quand tu te fais reprendre par la serveuse et tu te sens bien con pendant quelques secondes, mais tu ris avec lui surtout. Pas la première fois que ça t’arrive, sûrement pas la dernière non plus. « Sorry. It’s the kind of thing that usually happens to me, so… It’s cool to see that I’m not the only one. » Vous êtes donc la team awkward officiel et ça te fait plutôt bien kiffer. Tu ne sais pas si ta pote a fait exprès ou si c’était tiré au sort mais ça se voit dans tes yeux que tu approuves encore plus ce choix. T’espères juste qu’il va réussir quand même à profiter de la soirée. « Well… if I have to sacrifice myself for the team, you know... » Win. Que tu penses. Mais s’il est comme toi, tu ne refuses jamais un verre d’alcool gratuit - ou dix. Sauf quand tu fais Dry January bien évidemment.

« Hm, a Vodka Red Bull. »
« Damn that’s a good choice. »
« How's your Dry January going ? »
« Alright actually. I’m surprised. I’m drinking way too many hot chocolat though. »

Tu niques pas ta santé avec l’alcool mais avec le sucre pour compenser. No. Nan tu restes raisonnable, tu fais pas d’orgies de chocolat. Not yet. Oui parce que ça t’a traversé l’esprit plus d’une fois. C’est très tentant. Mais ouais ça se passe bien ton dry January parce que t’es très occupé dans tes journées, ton boulot, tes loisirs, vraiment, t’es pas à plaindre.

« To pick one is hard. » Ca c’est la meilleure réponse qu’il pouvait donner. Vraiment vous avez pas mal de choses en commun de ce que tu as pu voir de ces brèves premières minutes ensemble. « I don’t know, I’m not very original. Anything from Queen works for me, or just the classics like The Backstreet Boys or The Rhythm of the Night, you know. » Le sourire sur tes lèvres s’agrandit après chaque artistes qu’il a mentionné. « Yours ? »  « All of these are a big big yes from me. I’ve got a soft spot for Backstreet Boys. » Tu pourrais chanter n’importe laquelle de Backstreet Boys car tu connais vraiment très bien leur catalogue des années 90/2000. Même si au fond, tu sais très bien laquelle est en haut de ta liste de choix. C’est limpide, c’est genre un devoir de citoyen presque de chanter cette chanson là. « Otherwise anything Lady Gaga, Avril Lavigne, Dua Lipa, Halsey. » Tu te rends compte que tu es plutôt en mode girl power par rapport à lui. « Mate we have to sing I want it that way, it’s the best karaoke song. »

La serveuse qui se tourne vers vous et tu lui dis votre commande en insistant peut être trop sur le fait que tu veux un virgin piña colada. « Sorry I’m saying this a lot but it’s important, please. Thank you. » Toujours poli comme un enfant de choeur avec les gens qui te servent. Si tu peux rendre leur journée de boulot moins pénible c’est un win. Et puis tu te retournes vers Kieran quand elle est partie.« When you said The Rhythm of the Night, were you talking of Corona or DeBarge? Cos that’s one of my top top top top song in the world. The one by DeBarge. It’s like, a miracle cure to my panic attacks. I’m not kidding. » Vraiment tu mens pas du tout. Il suffit de mettre cette chanson pour que tu te calmes considérablement et ça marche presque à tous les coups. Ca t’a beaucoup aidé par le passé et tu es surpris de réaliser que ça fait bien longtemps que tu ne l’as pas écouté. Tu ne l’as jamais chanté en karaoké. Comme si tu gardais la magie de cette chanson que dans les moments les plus sombres. C’est con Jordan. Yup.

Spoiler:

Il est admiratif face à la résistance du dénommé Jordan pour respecter le dry january. Oui, le terme résistance est parfaitement adapté ; lui n’en aurait pas la force. Vous allez me dire, trente jours, à l’échelle d’une vie, ce n’est pas grand-chose et Kieran pourrait faire preuve d’abstinence. Oui, il pourrait. Est-ce qu’il le veut ? Et plus important encore, est-ce que je le veux ? Ce n’est pas que je prône l’alcoolisme (instant censure : n’oubliez pas de boire avec modération), c’est que je prône le relâchement de notre protagoniste et qu’on le veuille ou non, pour cela il n’y a rien de plus efficace que l’alcool. Si vous en doutez, nous en reparlerons à la fin de la soirée ; je vous assure que le changement est perceptible. Et si on ajoute aux effets de l’éthanol la sympathie de ce Jordan qui aide effectivement Kieran à se sentir à l’aise, nulle doute que nous retrouverons un autre homme d’ici une petite heure. « Damn that’s a good choice. » Ce n’est pas grand-chose, mais c’est une validation et il n’en faut pas plus à Kieran pour que son sourire lui monte jusqu’aux oreilles. « Thanks. » Il court après chaque signe d’approbation comme un chien après sa queue, évidemment qu’il est ravi, le dessinateur. N’allez pas croire que j’ai quelque chose contre ce Jordan qui me semble très sympathique, j’ai quelque chose avec le fonctionnement de notre protagoniste. « Alright actually. I’m surprised. I’m drinking way too many hot chocolat though. » Un léger rire s’échappe d’entre ses lèvres, avant qu’il reprenne rapidement : « there’s never too many hot chocolate. » L’enfant en lui confirme, l’adulte qui se roule dans le café en doute ; mais soit, même s’il était allergique au lactose il serait en mesure d’approuver ce choix.

Ils entrent très vite dans le vif du sujet et si Kieran n’est pas encore assez à l’aise pour monter sur scène (oui, moi aussi je me demande toujours comme il peut avoir une telle passion pour le karaoké quand parler face à une seule personne est déjà synonyme d’anxiété), il l’est pour brainstormer quant à la chanson qui les fera gagner (il n’a aucun esprit de compétition, mais il n’en va pas de même pour moi, veuillez m’excuser). « All of these are a big big yes from me. I’ve got a soft spot for Backstreet Boys. » Il penche légèrement la tête avec un sourire de satisfaction, Kieran, conscient que d’ordinaire ses goûts musicaux sont perçus comme trop « vieux » malgré son âge. Si la musique britannique et les années 80-90s ont sa préférence, ça ne l’empêche pas de faire quelques exceptions (même si parfois j’aimerais bien les éviter, ces exceptions-là). « Otherwise anything Lady Gaga, Avril Lavigne, Dua Lipa, Halsey. » Il hoche doucement la tête, les heures qu’il passe sur internet lui permettant de connaître presque par cœur la discographie de ces artistes, sans pour autant en être un fervent client, sauf peut-être pour « DUA LIPA, YES ! How could I forget her ? » Est-ce qu’il s’est déjà déhanché sur Physical ? Probablement, oui. « Mate we have to sing I want it that way, it’s the best karaoke song. » Un nouveau sourire étire les lèvres de Kieran. « Agreed, guess we have our first song. » I want it that way. C’est tout, c’est l’information.

La serveuse arrive enfin à eux, il laisse Jordan prendre les devants, tandis qu’il reste en retrait jusqu’à ce que Jordan requière à nouveau son attention. « When you said The Rhythm of the Night, were you talking of Corona or DeBarge? Cos that’s one of my top top top top song in the world. The one by DeBarge. It’s like, a miracle cure to my panic attacks. I’m not kidding. » Outch, première discorde entre les deux nouveaux amis (dans l’esprit hâtif de Kieran qui ne prend jamais de juger les gens avant de leur accorder son amour). « Corona’s. » Un sourire désolée s’affiche sur ses lèvres. « Sorry mate. » Les excuses, encore et toujours, puis la valorisation : « But the one by DeBarge is not bad, it’s just... not my favorite. » Il hausse les épaules pour s’excuser à nouveau, tandis que je le sens qui hésite à poser la question qui lui brûle les lèvres, Kieran. Ils ont plus en commun qu’ils ont l’air au premier abord ; et finalement, je le pousse à le faire. Qu’est-ce que tu risques, Kieran ? Je sais que tu aimes plaire aux gens plus que de raison, mais quand ceux-ci ne te connaissent pas encore, quels sont les risques ? Il commence enfin à le comprendre et si vous saviez à quel point c’est déjà libérateur pour lui, sans quoi jamais il ne l’aurait demandé, malgré mon impulsion : « Soooo... songs you like help you end your panic attacks ? » Il questionne, l’air de rien, son regard qui cherche la serveuse pour ne pas se poser sur celui de Jordan, le « what else you got ? » qui ne s’échappe pas de ses lèvres ; une intrusion à la fois.

@Jordan Fisher

« there’s never too many hot chocolate. » Ca te fait plaisir qu’il te suive là dessus. Tu penses qu’il vaut mieux être addict au chocolat au lait qu’au café. Ça c’est une vraie drogue. C’est pas le but de la manoeuvre d’en arrêter une - même plus - pour en commencer une autre. « DUA LIPA, YES ! How could I forget her ? » Son enthousiasme te fait tellement de bien. Un immense sourire sur tes lèvres. T’es clairement bien obsédé par l’anglaise et visiblement, vous allez trouver un moment pour lui faire honneur ce soir. « Agreed, guess we have our first song. » Ça a l’air super simple de trouver votre track list de la soirée à tous les deux. Vous avez beaucoup de goûts en commun et ni l’un ni l’autre ne cherche à avoir l’avantage sur quoi que ce soit. Après tout, I want it that way c’est comme un devoir de citoyen que vous avez de la chanter.

« Corona’s. » Damn.  « Sorry mate. » Tu fais « non » de la tête. Don’t worry. « But the one by DeBarge is not bad, it’s just... not my favorite. » Tu portes une main à ton coeur. « I’ll try to survive this terrible news. » Que tu dis d’un air un peu dramatique. Tu plaisantes bien évidemment. Tu jettes un rapide coup d’oeil à ton téléphone qui a vibré dans ta poche. Sachant que tu n’as que très peu de notification activé, c’est forcément une personne en qui tu tiens. Et tu vois son nom. Maria. Un sourire se forme sur tes lèvres alors que tu lis l’aperçu de son SMS. They’re showing High School Musical on Channel 9. Que tu lis dans ta tête et dans sa voix. Le genre de messages random qui fait du bien. « Soooo... songs you like help you end your panic attacks ? »

Tu reportes toute ton attention sur Kieran. Ton téléphone de nouveau dans ta poche. « It’s actually my one go to song. This one works magic for me. I’ve got a Feel Good playlist. There’s some Breathe Carolina in it. That band makes me wanna dance sooo much. I don’t even remember what else is in there, I don’t listen to it much. But there’s not many songs. Like… probably 12 tops. » Ca t’amuses. « That’s what happens when you listen mostly to sad songs I guess. » Tu ris encore un peu. T’es super bavard dis donc Jordan. Il va te jeter son verre à la gueule si tu continues comme ça. « D’you have a Feel good playlist too? What’s the favorite playlist you’ve made? » Parce que tu veux pas croire qu’il n’en a pas fait. Qui ne fait pas de playlist ? Monsters. Voilà. On est d’accord. Et Kieran a l’air d’un puppy plutôt qu’un monstre. « Oh and we have to sing a song by Dua Lipa. Like, we just have to you know. You pick. » Vu votre amour commun pour la chanteur. C’est obligatoire. Un autre devoir de citoyen. T’as vraiment pas de préférences vu comme tu les aimes toutes.

Pour peu, il en viendrait presque à regretter d’avoir opté pour un cocktail plutôt qu’un chocolat chaud, idée bien vite balayée quand cette petite voix (la sienne, je me dédouane) lui souffle qu’il aurait vraiment l’air d’un con à boire un chocolat dans un bar et que les gens vont me regarder de travers. Kieran, j’aimerais quand même souligner qu’ils le feront dès le moment où tu seras là, à chanter avec ton balai (qui n’est pas dans sa main, au cas où vous vous poseriez la question) et qu’en ce sens, cette commande n’aurait pu que te préparer à l’inévitable. J’insiste toutefois sur la bonne idée d’un cocktail au cas où il viendrait à sérieusement douter de son choix, car l’alcool est plus que nécessaire à cet instant pour l’aider à se détendre et à profiter pleinement de la soirée. Il aura certainement l’opportunité de jouer à l’enfant dès le lendemain après-midi, quand les cocktails (l’usage du pluriel est essentiel) le laisseront en proie aux conséquences désagréables après leur effet bienvenu qu’il désire pour ce soir. Et c’est très exactement pour ça qu’il est admiratif de ce Jordan, car sans prôner l’usage de substances pour apprendre à se détendre (si, en réalité), Kieran ne tiendrait jamais le coup dans une telle soirée s’il ne s’aide pas d’un coup de pouce. Ce n’est pas tant du courage qu’une aisance naturelle que je souligne à Kieran, mais il peine à croire que certains individus puissent vraiment être doté d’une telle capacité, en démontre la méprise du fameux Jordan qui s’emmêle les pinceaux auprès de la serveuse et qui... s’en sort brillamment. Sans rougir, sans bégayer – ou à peine, mais ça le rend presque mignon. Il ne s’enfonce pas dans des excuses ridicules et Kieran est là-aussi admiratif. Cela existe, les individus capables de gérer leur maladresse dans le cadre des interactions sociales et de ne pas passer pour des imbéciles finis ? Des gens qui ont une aisance naturelle pour hurler à plein poumons devant des inconnus sans réfléchir à la manière dont ceux-ci vont évidemment se foutre de leur prononciation approximative et de leur voix catastrophique ? Des gens qui ne lui donnent tout simplement pas l’impression d’avoir appuyé là où il ne fallait pas en reconnaissant son opinion et le fait qu’il préfère la version de Corona à celle de DeBarge. Il s’excuse, comme toujours, Kieran, alors que Jordan surjoue, mais surjoue admirablement bien, assez pour que notre protagoniste soit de plus en plus à l’aise. Note pour moi-même : rappeler à Kieran de s’infliger une soirée ainsi, quitte à ce que son stress grimpe à en frôler la crise cardiaque, si ce Jordan est susceptible d’être à nouveau son sauveur. Je l’aime bien, ce grand blond. « I’ll try to survive this terrible news. » Un rire sincère s’échappe des lèvres de Kieran, vite remplacé par une moue pour lui souligner qu’il est heureux qu’il se remette d’une telle annonce – ce serait dommage de le perdre, assurément.

La question que le brun pose par la suite a le don d’être de circonstances alors que c’est bien un début d’attaque de panique (bon, okay, j’exagère un peu, mais connaissant l’animal, je peux vous assurer que si je ne fais rien, cela part effectivement en catastrophe nucléaire) que ressent Kieran lorsque Jordan se détourne pour prêter attention à son téléphone. Tu analyses trop, que je souligne au dessinateur qui se fiche bien de mon constat ; lui, ce qu’il voit, c’est que Jordan semble, même pendant un instant, préférer la compagnie de son téléphone à la sienne et que ses vieux mécanismes de dépréciation se remettent rapidement en place pour lui affirmer qu’il est inintéressant, ennuyant et une ribambelle d’adjectifs tous plus agréables les uns que les autres. « It’s actually my one go to song. This one works magic for me. I’ve got a Feel Good playlist. There’s some Breathe Carolina in it. That band makes me wanna dance sooo much. I don’t even remember what else is in there, I don’t listen to it much. But there’s not many songs. Like… probably 12 tops. That’s what happens when you listen mostly to sad songs I guess. » Jordan commence à parler, beaucoup, et le rythme cardiaque de Kieran se détend légèrement. Il n’est pas encore exclut de ce début d’affinité qui se joue entre eux, il s’autorise à respirer à nouveau. « I don’t know Breathe Carolina, I’m gonna check it out. » Il assure, autant par curiosité sincère que par validation sociale nécessaire. « And what’s your favorite sad song, then ? » Il s’ose à demander avec un sourire, le sujet lui plaisant et Kieran n’ayant aucune envie de mettre un terme à celui-ci. « D’you have a Feel good playlist too? What’s the favorite playlist you’ve made? » « Oh, huh... » C’est une bonne question, ça, Kieran, vu qu’actuellement tu n’as aucun sentiment « feel good » et que par conséquent tous les médias qui t’entourent sont volontairement orientés dans ce sens. « I have one, yes. It’s called… ‘’songs to sing in the shower’’. Hm, yeah, not very original, I know. » Bon. C’est pas la playlist good vibes par excellence, mais ça fera le taf. « But I think it’s my favorite playlist since it makes me happy every time I put it on. » Pas du tout. Enfin, si, elle rend Kieran heureux, maintenant, ce n’est certainement pas sa préférée. Mais celle-ci se doit de rester secrète et bien qu’elle soit cachée sur Spotify, il n’a aucune envie d’avoir à évoquer ces chansons qui expriment parfaitement ses sentiments, ceux-là même qu’il n’arrive jamais à dévoiler. « Physical ! » Il s’exclame sans réfléchir un seul instant. Parce qu’elle lui donne inévitablement envie de bouger, de danser et pour une autre raison qu’il s’apprête à dévoiler à Jordan. « The clip is incredible. I mean, the harmony of the colors during the sequences is just… wow. But, yeah, maybe I’m biased because I’m an illustrator. » Il admet, un peu gêné de parler de lui alors qu’il est sauvé par son cocktail dans lequel il plonge aussitôt ses lèvres durant de longs instants. « What about you ? What’s your job ? » Il interroge, se permettant ainsi de repousser l’inévitable moment où il faudra montrer ses talents (non) de chanteur.

@Jordan Fisher

« I don’t know Breathe Carolina, I’m gonna check it out. » Tu hoches la tête l’ai de dire yeah do that, car le groupe est vraiment entrainant et fait du bien à l’âme. « And what’s your favorite sad song, then ? » « Oh my god. Just one ? That’s hard. I’m gonna have to think about it. » Parce que c’est clairement important comme question. Tu veux pas répondre à tout va. Tu veux réellement lui donner ta réponse. Il y aura certainement deux chansons, impossible que tu en choisisses qu’une. Tu te connais. Même s’il y en a quand même une qui se démarque doucement dans ta tête. Une qui fait parti de ton top 5 de l’année qui s’est écoulé. « I have one, yes. It’s called… ‘’songs to sing in the shower’’. Hm, yeah, not very original, I know. » Ton sourire est super large en l’entendant. Tu veux bien l’imaginer chanter sous la douche comme s’il était le front man d’un groupe avec sa tête de douche en guise de micro ou son savon. Tu l’imagines très nettement profiter d’être totalement seul et libre. « But I think it’s my favorite playlist since it makes me happy every time I put it on. » Un sourire encore plus grand se forme sur tes lèvres de l’entendre dire.

« Physical ! »
« Oh my god yes ! »

Tu aimes TROP cette chanson. « The clip is incredible. I mean, the harmony of the colors during the sequences is just… wow. But, yeah, maybe I’m biased because I’m an illustrator. » Tu hausses les sourcils de l’entendre dire et t’aimes bien apprendre son métier au passage. Tu l’imagines bien devant un ordi avec une tablette graphique entre les mains. Oui c’est comma ça que tu visualises tous les illustrateurs. Vos boissons sont servi et t’es un peu relou. « It’s a virgin one, right? » Que tu redemandes juste pour être sûr, au cas où. T’as vraiment pas envie de briser tous tes efforts du mois de janvier à cause d’une erreur derrière le comptoir du bar. Tu n’as aucune idée si c’est chose commune ou non pour eux de faire des cocktails sans alcool. T’as l’impression que la terre entière boit de l’alcool tout le temps. La serveuse hoche la tête et confirme oralement même, alors tu te sens plus rassuré. Elle ne va pas te dire une chose de façon si sûre d’elle si ce n’était pas le cas non ? Du coup tu reprends le fil de la conversation, tu te souviens très bien de quoi il s’agissait. Le clip de Dua Lipa, Physical. Tu t’es déjà fait une note mentale à ce propos. « You know what. I don’t think I’ve seen that music video and I feel like it will be the first thing I do once I’m home tonight. » Peut être que tu as juste une mémoire si terrible que tu ne t’en souviens pas. Ca ne serait pas la première fois. Faut dire qu’avec toute la drogue et les coups et les conneries qui te sont tombés sur la tête au fil des ans, c’est pas anormal que ton cerveau soit défaillant de la sorte.

« What about you ? What’s your job ? »
« I’m a music producer mostly. »

Cette phrase que tu ressors texto à chaque fois qu’on te demande car tu n’oses pas aller dans le détail de peur de saouler les gens. Tu fais bien plus que juste produire des chansons mais personne n’est venu ici pour écouter un Ted Talk sur ton boulot. « Actually one of my favorite sad songs is one I’ve produced and co wrote. » Tu fronces un peu le nez. « I’ve got a lot in my mind but I have to say this one as it’s showing up on my Spotify stats of the year. » Parce que bien sûr elle est si triste que tu l’as écouté en repeat. « It’s ’like seeing spiders running riot on your lover's grave’ by Bring Me The Horizon. » T’as l’impression que tu es en train de show off alors que… t’aimes juste la musique que tu fais avec tes amis qui sont aussi des artistes très talentueux. Tu as beaucoup de chance tu le sais. Toi même tu trouves ça hallucinant que la réponse à sa question soit une chanson où tu es crédité. « I really don’t mean to sound pretencious. I can show you my Spotify wrapped, I’m not lying. » Tu ris un peu parce que tu trouves quand même ça bien drôle au milieu de toutes tes insécurités à avouer qu’une de tes chansons préférés est une des tiennes. « What is your favorite sad song? » Parce que tu veux savoir à son tour également. C’est clairement un rayon qui t’intéresse fort. T’as hâte de voir sa réponse. T'es pas pressé de boire ton cocktail sans alcool parce que t'as quand même une partie de toi qui a peur qu'il y ait de l'alcool dedans même si t'as eu confirmation. T'es pas pressé non plus de prendre le micro, y'en a d'autres qui s'en occupent pour l'instant et tu passes un bon moment avec Kieran.

« Oh my god. Just one ? That’s hard. I’m gonna have to think about it. » Il hoche la tête distraitement pour lui affirmer qu’il n’a le droit qu’à un seul choix, aussi difficile soit-il. Si vous voulez mon avis, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité que d’imposer un seul choix en sachant qu’il est le premier incapable d’en faire le moindre, mais eh, ce soir il n’est pas vraiment le Kieran qu’il est d’ordinaire, n’est-ce pas ? Le bégaiement est là, la gêne et la sensation de déranger aussi, mais il peut au moins essayer de prétendre qu’il évolue dans un univers dans lequel il est parfaitement à l’aise. C’est presque vrai, le karaoké ayant toujours été son péché coupable malgré l’anxiété que cela lui provoque – allez comprendre, notre protagoniste est bourré de contradictions. Conscient qu’il n’aura vraisemblablement pas de réponse tout de suite, il préfère évoquer sa propre playlist supposée le mettre de bonne humeur – elle est facile, c’est celle qui contient tous les titres qu’il est capable de chanter à tue-tête lors de soirées comme celle-ci. Quant à savoir s’il chante juste, c’est un débat qui n’a pas sa place ici, c’est certain. Et quant à savoir si elle le rend réellement heureux, là-aussi, le sujet est compliqué, mais c’est également un des critères du personnage qu’il joue ce soir ; il est heureux, Kieran, en toutes circonstances, bien évidemment.

Il n’a pas vraiment à se forcer, c’est un fait exceptionnel pour être souligné en vue des dernières semaines qu’il vient de passer ; et son excitation en désignant une chanson de Dua Lipa semble enfantin, anodin, pourtant c’est une bribe d’insouciance qui surgit et je dois l’avouer, ça me fait plaisir de voir le Halstead ainsi. Ce Jordan est définitivement un gars bien et je m’en fiche bien que mon avis se fasse sur une poignée de minutes qui peuvent cacher bien des choses. « Oh my god yes ! » Le sourire de Kieran s’élargit alors qu’il justifie un peu son amour de ladite chanson avant d’être (heureusement pour Jordan) interrompu par l’arrivée de la serveuse. « It’s a virgin one, right? » Si Jordan veut éviter l’alcool, de son côté il ne serait clairement pas contre une dose supplémentaire (l’abus d’alcool est dangereux, tout ça, tout ça). « You know what. I don’t think I’ve seen that music video and I feel like it will be the first thing I do once I’m home tonight. » Un sourire se dessine à nouveau sur les lèvres de Kieran ; peu habitué à ce qu’on l’écoute de la sorte, même pour quelque chose d’aussi anodin que le visionnement d’un clip. « Really ? » À tel point qu’il se sent obliger de demander confirmation avant que je le tape derrière la tête (bon, pas vraiment, mais vous saisissez l’idée) pour le faire réaliser que son étonnement n’a pas vraiment sa place à cet instant. « I mean… you won’t regret it. » Satisfait ou remboursé (non). Ayant l’impression de monopoliser la discussion, il finit par lui demander son travail afin d’être sur un pied d’égalité. « I’m a music producer mostly. » « Oh wow. » Qu’il ne peut s’empêcher de lâcher dans l’immédiat, soudainement intimidé – il a déjà l’impression d’être face à Mark Ronson. Il s’apprête à lui demander des exemples de chansons qu’il aurait produites, mais Jordan semble lire dans ses pensées, en plus de réponses à sa question de tout à l’heure. « Actually one of my favorite sad songs is one I’ve produced and co wrote. » S’il reste muet, son regard bien fixe sur Jordan (presque flippant, faut dire qu’il n’a pas l’habitude de soutenir le regard des gens, Kieran, mais j’apprécie le geste), démontre de son intérêt. « I’ve got a lot in my mind but I have to say this one as it’s showing up on my Spotify stats of the year. » Ah, les fameux stats, pas toujours glorieux (il en sait quelque chose), mais diablement représentatifs. « It’s ’like seeing spiders running riot on your lover's grave’ by Bring Me The Horizon. » Il réfléchit un instant avant de s’avouer vaincu, il ne l’a jamais entendue. « I really don’t mean to sound pretencious. I can show you my Spotify wrapped, I’m not lying. » Il secoue la tête de gauche à droite avant de souligner : « don’t worry ! To be honest, I think it’s great to be as passionate about your job as you seem to be. » Il affirme, avant de reprendre le cours de la discussion : « but I have to admit : I've never heard it. » Il précise, un peu gêné. « I feel like it will be the first thing I do once I’m home tonight. » Il reprend ses mots avec un léger rire, avant que celui-ci se perde pour afficher une moue plus sérieuse lorsque la question lui est retournée. « What is your favorite sad song? » Il comprend mieux quand il disait qu’un seul choix est difficile. Alors, pour combler le silence, il préfère tout d’abord reporter son attention sur son cocktail avant que ses yeux ne se relèvent à nouveau vers Jordan. « Cry Cry Cry by Scott Helman, I think. » Et soudain, c’est bien la gène qui prédomine alors qu’il se pince les lèvres un court instant. La chanson en elle-même ne semble pas triste, mais les paroles le semblent, principalement parce qu’elle résonne en lui. « It’s doesn’t seem sad, but It’s just… very personal. » Et il se perd à nouveau dans son cocktail un instant, réalisant bien vite qu’il doit passer pour un accro alors qu’il laisse, pour une fois, sa curiosité s’exprimer. « Do you have a last name, Jordan ? So I can check out some other things you do. » Il interroge, véritablement intéressé par le travail de son binôme d’un soir, particulièrement intimidé, surtout.

@Jordan Fisher

« Really ? » Après avoir découvert que son métier était dans l’illustration, il fait grand sens que Kieran soit friand des music videos. « I mean… you won’t regret it. » Et tu le crois, surtout combien Dua Lipa te fait vibrer dès que tu vois une photo d’elle. « Oh wow. » Voilà qu’il découvre ton métier à son tour et de la même manière, cela fait sens que toi, tu préfères te focaliser sur la musique plutôt que les vidéos. Et tu as tellement l’impression de show off avec la réponse que tu lui offres à sa question précédente mais… c’est juste la vérité. T’es tout aussi soufflé que lui par ta propre réponse. Tu te sens obliger de souligner que tu n’as vraiment pas dit ça pour te mettre sous les spotlights. Tu te sens d’ailleurs un peu gêné. Tu aurais pu sortir une autre chanson Jordan, c’est pas ce qu’il manque des chansons tristes que t’aimes. Mais l’honnêteté est un truc important chez toi alors tant pis pour la brève anxiété que ça va imposer à ton cerveau. « don’t worry ! To be honest, I think it’s great to be as passionate about your job as you seem to be. » C’est enactment ça et c’est comme si tu t’en rendais compte à chaque fois. Impossible de réaliser à quel point tu as un métier de rêve que tu n’aurais jamais espérer avoir. « but I have to admit : I've never heard it. » Il te fait sourire, tu secoues la tête. « Don’t worry. » Parce que c’est vrai que cet album là était particulièrement spécial et il n’a pas été dans les charts, ni même à la radio. Y’a eu beaucoup de polémique autour mais ça reste un album d’une immense qualité à ton avis. La preuve, une de ces chansons est dans top 5 tracks de l’année précédente. « I feel like it will be the first thing I do once I’m home tonight. » Ca te fait sourire de l’entendre. Vous avez comme tous les deux un truc à faire dès que vous allez rentrer chez vous ce soir mais… Est-ce que vous allez réellement vous en souvenir à ce moment là ? La soirée est jeune, tu vas oublier cent fois avant d’être seul chez toi.

Et puis tu lui renvoies la balle avec sa question. Il prend le temps, il boit et… Tu te décides à faire de même. Tu ne sens effectivement pas d’alcool dans ton breuvage mais ton esprit parano se dit que de toute façon, c’est tellement sucré que tu ne sentirais pas l’alcool non plus s’ils sont du genre à ne pas charger leurs verres ici. Tant que ton esprit n’a pas l’impression d’en boire c’est bon non ? Yeah. Ouais on va dire ça. Tu prendras un coca après histoire d’être sûr de ne pas augmenter la dose hypothétique et infime d’alcool présent dans ton verre. « Cry Cry Cry by Scott Helman, I think. » Il t’annonce enfin le titre qu’il trouve le plus triste. Le titre est effectivement assez révélateur.

« It’s doesn’t seem sad, but It’s just… very personal. »
« It doesn’t seem sad? With a title like that I disagree.»

Tu comprends par là que l'air de la chanson et son contenu en aura moins l'air. «I don’t know that song. I’ll try to remember to check it also. » Parce que tu sais que les chances que tu te souviennes sont en train de diminuer. Se rappeler d’aller mater Dua Lipa en mouvement dans le clip de physical c’est une chose, se souvenir d’un titre d’une chanson inconnu c’est autre chose. Cry cry cry is pretty easy. Ok, on va voir si tu t’en souviens. « Do you have a last name, Jordan ? So I can check out some other things you do. » Oh. Voilà qu’il te remet sous le feu des projecteurs. « Jordan Fisher but online you’ll find me under Jordan Ash Fisher. » T’aimes bien dire que c’est pour que ce soit plus facile de te trouver car il y a plusieurs Jordan Fisher sur cette toile, mais au fond, c’est que tu voulais ton deuxième prénom - ou une partie de celui ci - au milieu de tout ça. T’aimes que tout se rejoigne au fond. Car c’est effectivement plus facile de te retrouver avec cette particularité là.

Et puis y’a une meuf qui vient vous tendre deux micros. Tu regardes Kieran. « Looks like it’s our time to shine. » Car tu préfères ça que lui parler de ta présence dans le milieu de la musique. C’est une chose d’être fier de son parcours, c’est une autre de le foutre à la tête de tout le monde gratuitement. Mais le truc là Jordan, c’est qu’il t’a posé la question, c’est venu naturellement dans la conversation. T’es pas en train de t’exposer gratuitement. Whatever. Tu ne te sens pas totalement à l’aise malgré tout. T’es là pour t’amuser avec des gens que tu ne connais pas, pas pour exposer que tu as été nominé pour deux Grammys.

Il se détend peu-à-peu, Kieran, alors que l’échange se veut facile avec ce Jordan et qu’il s’ose même à évoquer, à demi-mot, l’une de ses grandes passions qui consiste à passer des heures sur Youtube pour apprécier les clips vidéos d’artistes. Ce n’est pas parce qu’il fait dans l’illustration qu’il doit se contenter de cela et il sait apprécier une belle réalisation quand il en voit une. Il ne parle pas beaucoup d’art avec les autres malgré son métier ; et pourtant il s’y intéresse sous toutes les formes. C’est peut-être pour ça que la conversation est si agréable avec Jordan, parce qu’elle s’oriente là-dessus et pour une fois, il n’a pas vraiment peur de passer pour un nerd, un no-life, un geek ou toute autre appellation clichée que les gens ont appris et sortent désormais à foison pour cataloguer quelqu’un qui a simplement des passions qui ne nécessitent pas d’échanger avec la race humaine. Les choses conviennent ainsi à Kieran et pourtant, il s’évite bien souvent d’évoquer le nombre d’heures qu’il peut passer devant un ordinateur pour ne pas être jugé, alors qu’il n’y a que sur sa chaise de bureau et devant son écran qu’il se sent vraiment à l’aise. Mais tout ça, il ne le dira pas à Jordan parce qu’il n’est probablement pas intéressé par cela autant qu’il n’a aucune envie d’avoir l’air  ridicule, alors on en restera aux clips vidéos, c’est très bien. Et à la musique en générale, maintenant qu’il apprend le métier de son camarade et qu’il ne peut être qu’impressionné. Oh, oui, bon, il est vrai qu’il est impressionné par tout et n’importe quoi, Kieran (je l’ai même vu être intimidé par une statue dans un parc, une fois, et ne pas oser lever les yeux vers elle), mais quand même, un musicien, producteur qui plus est, ça a de la gueule et il y a de quoi se sentir tout petit (et il n’est pas vraiment aidé par la taille impressionnante de Jordan). Alors quand vient le moment d’avouer qu’il n’a jamais entendu la chanson dont il lui parle, il aimerait beaucoup être une mouche (ou une souris, la durée de vie est allongée et c’est mieux pour avoir le temps d’écouter la fameuse chanson). « Don’t worry. » Le sourire timide qui apparaît sur les lèvres du brun vise plus à le rassurer lui que son camarade, bien qu’il soit sincère en avouant que ce sera la première chose qu’il fera une fois rentré. Et ce ne sont pas des paroles en l’air, autant parce qu’il est loyal même envers les inconnus que le simple fait qu’il n’aura pas grand-chose d’autre à faire, une fois seul dans un appartement trop silencieux pour lui.

Quand la question lui est retournée, c’est d’abord de l’hésitation qu’il ressent. Il n’a pas envie de se dévoiler de cette façon alors que ce Jordan en sait déjà plus en quelques phrases que certaines personnes qu’il côtoie tous les jours. Ce n’est pas souvent qu’il parle de lui, Kieran, même pour simplement souligner qu’il a apprécié un clip de Dua Lipa. Ça ne semble pas grand-chose, mais je vous assure que c’est un pas énorme. Alors, qu’il révèle la chanson qui lui est la plus personnelle, c’est un signe de confiance qui est significatif. Qui m’étonne qu’à moitié, partagé entre le fait qu’il suit aveuglément les autres alors que paradoxalement, il ne leur fait jamais confiance. « It doesn’t seem sad? With a title like that I disagree. » Il esquisse un léger rire avant de préciser : « Yeah, no, sorry, I mean the rhythm is pretty cool. But… yeah, the lyrics are kind of sad… I guess. » Il est gêné, désormais, de s’être épanché de la sorte et il se mure dans le silence, n’affichant qu’un sourire quand Jordan lui promet d’aller écouter ladite chanson. Finalement, dans sa volonté de ne jamais être le centre de l’attention trop longtemps, il revient sur Jordan. « Jordan Fisher but online you’ll find me under Jordan Ash Fisher. » « Ok, noted. » Il fait même un salut militaire pour la peine, réalisant après coup qu’il doit sûrement être ridicule. Alors qu’il replonge ses lèvres dans son cocktail et cette fois, ça suffit pour le finir alors que la serveuse vient à peine de tourner les talons. Le timing est néanmoins bon, alors qu’il est désormais tant de faire la démonstration de son talent (non). Pour Jordan, c’est certain, lui, c’est une autre histoire et il voudrait presque le supplier d’avoir le droit à un deuxième cocktail avant que ce soit leur moment de gloire. Mais c’est trop tard, un micro dans la main et un estomac dans la gorge. « Yeaaaaah. » En voulant faire preuve d’enthousiasme, il donne surtout l’impression d’être un chaton à l’agonie alors que sa voix à peine audible contraste avec la joie qu’il voulait communiquer. Définitivement, il ne sera jamais pom pom boy. Dommage. « Let’s go. » Il se racle la gorge pour masquer sa gêne et faire comme si cela suffisait à oublier ce qu’il vient de dire, suivant Jordan jusqu’à la petite scène, se mettant un peu en retrait de lui comme toujours. Il lui laisse volontiers la scène et il murmure les premières paroles de I Want It That Way, avant que le refrain ne fasse son œuvre et qu’il soit difficile d’y résister. Je n’ai jamais compris la passion de Kieran pour le karaoké alors que sa timidité donne souvent l’impression que c’est un vrai calvaire pour lui (et c’est le cas). Mais il y a des moments où il atteint ce point culminant de toute l’aisance dont il est capable, oubliant le reste, oubliant l’opinion des autres et souhaitant juste s’amuser comme n’importe quel individu, y parvenant et s’offrant enfin quelques secondes d’apaisement auxquelles il n’a pas le droit au quotidien parce qu’il refuse de se le donner. Et à cet instant, aux côtés de Jordan, ce point culminant est atteint autant dans l’activité que dans la conversation partagée et c’est un sourire, sincère, qui prend finalement possession de ses lèvres autant que son corps, lui, prend possession de cette petite scène.

@Jordan Fisher