L’année dernière j’étais dans les rues de Londres congelé pour le nouvel an. Aujourd’hui je suis dans mon appartement fraichement acheté. Je ne suis pas encore totalement installé, je sais d’avance que je vais mettre bien du temps avant de me décider sur tout. J’espère réussir à me satisfaire au bout d’un moment, même si le plus important là c’est que mon piano est installé. Je joue beaucoup en ce moment. Je suis pas le meilleur pianiste mais je me débrouille. Je veux m’améliorer et je m’en donne les moyens dans mon temps libre. J’évite de trop sortir maintenant parce que, je le sens pas et puis, peut être bien que j’ai peur de croiser certaines personnes. J’ai la bonne excuse de ma reprise du travail pour justifier ma fatigue. Et puis je suis toujours à ranger toutes mes affaires (même si la vérité c’est que je passe surtout mon temps à jouer de la guitare et du piano). J’ai écris pas mal de chansons ces derniers temps et je ne me suis toujours pas décidé à en faire quoi que ce soit. Une chose à la fois. Je suis encore sur mon emménagement. Oui, je vais mettre cette excuse sur beaucoup de fronts pour tout le mois de janvier et même février s’il le faut. Je pense pas à Mars c’est encore trop loin.

Ce soir Isy va passer et j’ai préparé de quoi faire un apéro dinatoire. Ok j’ai juste acheté deux pizza et j’ai coupé des parts en petits carrés. J’ai de l’alcool, j’ai du soda, j’ai tout ce qu’il faut. J’ai même installé la télé où j’ai connecté youtube pour y faire défiler des clips suggéré par l’algorithme qui connait bien mes goûts. Je suis en train de jouer à la guitare une de mes chansons préférés de Deaf Havana. Ca me fait du bien. Je suis en shorts et t-shirt, clairement pas la vibe du 31 avec moi ce soir, mais la vibe du je me sens bien oui. Quand Isaac sonne à l’interphone je vais aussitôt lui ouvrir. « Neuvième étage. » Que je lui dis au travers de la machine. J’ouvre la porte d’entrée pour qu’il sache où aller. Je vais rapidement poser ma guitare sur son pied et je vais sortir une nouvelle bière car j’en ai déjà bu deux mine de rien. Je jette d’ailleurs les cadavres qui commençaient à s’étendre sur ma table basse. Les pizza bien en évidence, y’a des chips aussi et de la sauce barbecue. J’entends des pas approcher et je retourne dans l’entrée, un immense sourire de voir Isaac venir chez moi pour la première fois avec des choses en plus que des cartons et des murs. Y’a pas encore beaucoup de meubles et y’a encore quelques cartons qui trainent mais ils sont bien aligné, ça fait pas si chantier. « Heey… » Je vais lui faire un hug aussitôt, mon sourire immense sur mes lèvres. Je le laisse entrer. « Bienvenue dans mon humble demeure. » Avec une super belle vue en plus. Il va falloir que j’achète une chaise longue ou quoi pour squatter dehors.


@Isaac Jensen

La nouvelle que Kane devenait propriétaire d'un appartement situé dans le même quartier que ma demeure me réjouissait grandement. J'appréciais énormément l'australien que je connaissais désormais depuis plusieurs années et que j'avais rencontré lorsque je n'étais pas certain de quel poste je voulais occupais dans le domaine de la santé. Avec le Williamson, nous avions composé un binôme d'ambulanciers ainsi qu'un duo au sein duquel j'assurais les missions d'infirmier et quand bien même nos interventions pouvaient être éprouvantes et épouvantables dans certains cas, je conservais d'excellents souvenirs des sorties en sa compagnie. Le blond me faisait toujours découvrir de nouveaux morceaux de musique et détenait des qualités qui faisaient de lui un ami dévoué comme à l'écoute.

Je n'avais pas tardé à proposer mon aide au garçon pour son emménagement, bien que je comprenais qu'il puisse souhaiter aussi investir ces nouveaux lieux à son rythme, question d'éventuellement profiter du moment et apprivoiser son nouveau chez soi. Je n'étais pas de ceux qui stimulait Autrui à se précipiter dans leurs actions, toutefois, je devais avouer que j'étais très curieux de découvrir l'appartement du musicien. Lorsqu'il m'invitait à un apéro et proposait une date qui correspondait à mon planning, je n'hésitais absolument pas à lui bloquer le créneau.

Le complexe immobilier était sécurisé, ce qui constituait déjà un atout. Je cherchais le nom du Williamson puis me rappelais du numéro d'appartement qu'il m'avait communiqué dans un texto afin de sonner chez lui. Sa voix retentit promptement au travers de l'interphone et j'apprenais devoir gravir neuf étages pour rejoindre l'ambulancier. Voilà un point que le secouriste avait omit et qui ne laissait pas mon portrait de marbre.

J'entreprenais ainsi d'emprunter les escaliers, délaissant l'ascenseur, et comptais les étages un à un en guise de motivation. Quelques minutes plus tard, je toquais à la porte du trentenaire. « Heey… » m'accueillait le blond avec une accolade que je lui rendais. « Hey mate ! » Il m'invitait à passer le seuil de sa porte avant de me présenter : « Bienvenue dans mon humble demeure. » Je balayais les lieux du regard, impressionné. L'appartement était très moderne, neuf et lumineux. « Wow ! » J'exprimais en premier lieu, mes yeux se concentrant ensuite sur la terrasse qui devait donnait sur une vue imprenable sur Brisbane. « Ton appart' est au top, bro' ! » Je m'avançais curieusement afin de découvrir la vision qui appartenait désormais à Kane. « Purée, » le spectacle était hypnotisant : les buildings perçant le ciel d'un bleu éclatant parsemé de timides nuages blancs, les arbres citadins bordant l'étendue d'eau de Toowong. Kane was leading the good life. The nine floors were absolutely worth it. « Y'a de quoi se sentir important dès le réveil, » je prononçais doucement, admiratif. « C'est magnifique, » je décrivais plus sérieusement. « T'as vraiment fait un superbe choix, » j'approuvais sincèrement. « J'ai apporté de quoi, » j'annonçais en tendant le pack de bière et quelques chips supplémentaires. « Et ça c'est pour ton nouvel appart', si tu veux, si ça te plaît. » Comme s'il s'agissait d'une crémaillère, j'offrais à Kane un présent. Sous l'emballage noir et doré reposait un porte-clé mural sous la thématique de la musique. J'avais cherché un élément du même thème s'approchant plus de l'acoustique en vain et avais souhaité rester sur une idée d'un cadeau de bienvenue discret et pas encombrant. « Bienvenue à Toowong, mate, » je souhaitais avec franchise, muni d'un large sourire, tapotant amicalement l'épaule de l'artiste.

« Wow ! » Tous les compliments que Isaac fait sur mon appartement me fait chaud au coeur. « Ton appart' est au top, bro' ! » Surtout qu’il en fait beaucoup. « Purée, » Vraiment beaucoup au fur et à mesure qu’il explore ce que j’ai rajouté depuis la dernière fois qu’il a vu ces murs (tout puisqu’il n’y avait que des cartons). Je vois la sincérité en lui, ses mots, son visage, il est vraiment une personne qui me fait du bien au coeur.

« Y'a de quoi se sentir important dès le réveil, »
« C’est exactement ça ! »

Je n’avais pas su mettre des mots sur ce que je ressens à chaque fois que je me pose là à regarder cette magnifique vue, mais c’est tout à fait ça. Ça fait du bien de se sentir important. Dommage que ce soit pour une vue et pas pour quelqu’un cela dit. Est-ce que je vais commencer à parler de la skyline comme ma girlfriend autant que je parle de Isaac comm mon boyfriend depuis quelques mois ? Peut être. Pourquoi est-ce que j’ai autant besoin de pouvoir mettre quelque chose à la place d’un significant other. Je suis pathétique. Je sais pas encore être seul alors que ça fait six mois que je le suis. C’est fou. C’est déjà pas mal. Oui, mais je sais que j’ai encore un long chemin à parcourir. Nouvelle année, nouvelle perspective. J’aimerai bien oui. « C'est magnifique, » Il m sort de mes pensées. Je lui fais un beau sourire, appréciant tout ces mots.

« T'as vraiment fait un superbe choix, »
« Merci. »

Il sait combien j’ai mis du temps à me décider sur tout. Comment j’ai eu des coups de coeurs sur d’autres appart’ qui me sont passés sous le nez. La bonne chose c’est qu’aucun n’avait cette vue là. J’ai vraiment l’impression que tout s’est goupillé pour que je l’ai absolument et j’aime cette pensée.

« J'ai apporté de quoi, »
« T’es le meilleur. »

Parce que la bière c’est sûrement ce qui reçoit le plus de mon amour en ce moment (avec mon nouveau piano). Je prends le pack pour aller le mettre frais, et les chips pour les mettre dans un contenant adéquat.  « Et ça c'est pour ton nouvel appart', si tu veux, si ça te plaît. » Il n’est pas le premier à venir avec un cadeau pour moi et à chaque fois je suis surpris alors que c’est logique. « Oooooh mais c’est trop gentil. » Je ne sais pas encore ce que c’est mais rien que le geste ça me touche énormément. Ses mots aussi. Il est prévenant avec moi Isaac. « Bienvenue à Toowong, mate, » Qu’il me dit alors que je termine d’ouvrir le paquet, le cadeau se présente sous mes yeux émerveillés. Il me connait bien, il n'aurait pas pu trouver meilleur cadeau de crémaillère qui allie utile à ma passion pour la musique. « C’est… Parfait. Je… Merci ! » Et je pose son offrande sur le canapé alors que je retourne le prendre dans mes bras pour bien le remercier. Ok, je l’avoue, j’ai peut être besoin de plus de contact humain avec mes bros que d’hab. C’est ça d’être totalement seul depuis six mois. Lui aussi d’ailleurs, il a l’air de gérer cela dit. Je suis content de commencer l’année avec lui. Il me donne tellement de bonnes vibes et bons conseils pour la suite de mon propre chemin de croix.  « Je l’installerai demain. » Que je dis alors que je me détache de lui pour regarder son cadeau une nouvelle fois. Un grand sourire sur mes lèvres. Je vais vers la cuisine pour prendre deux bières au frais. « Installe toi, fais comme chez toi ! » Parce qu’il y a déjà plein de truc à manger sur la table basse.

Je reviens avec de quoi boire, je pose le tout sur cette même table. Je prends la télécommande pour lancer la vidéo YouTube à l’écran et commencer la soirée en quelques sortes. C’est A million pieces de Point North. Un groupe que j’écoute en boucle en ce moment. « Fais toi plaisir si tu veux mettre autre chose. Ça va juste mettre mes artistes préférés je pense là en aléatoire. Ou ceux que j’écoute le plus en ce moment. Je suis pas sûr de comment marche l’algorithme de YouTube. » Je m’installe un peu mieux dans le canapé en faisant tinter ma bière avec celle de Isaac. Je vais peut être un peu vite à me mettre à boire mais oui, l’alcool est un de mes rares réconfort alors je fais comme je peux. « Comment ça va ? Ca me fait trop plaisir que tu sois là ce soir. » Faut que je me calme, mais pourquoi après tout ? Je suis expressif, expansif, c'est que du positif.

Je me perds à admirer la magnifique vue que possède désormais Kane, après lui avoir signifié que celle-ci invoque un certain sentiment d'importance. Plongeant mes mains dans mes poches, je ne peux m'empêcher de songer qu'à contempler la ville de si haut, les tracas et les problèmes semblent aussi se minimiser. Comme si dominer la frénésie de la ville australienne et la cohue de ses habitants apaisait irrémédiablement les méandres de l'esprit. Comme si être témoin de toute cette agitation d'une certaine distance permettait de prendre du recul et réfléchir à la position que l'on souhaite adopter face à nos problématiques. J'ignore si le Williamson partage mon point de vue, mais je me réjouis que son domicile possède un tel atout. Je me remémore aisément de ses précédentes déceptions en termes d'immobilier et suis intimement convaincu que ces échecs font place à la juste réussite en investissement de mon ami.

Je décroche mon regard de l'horizon pour reporter mon attention sur le blond. J'indique avoir apporté de quoi se rafraîchir et grignoter. Rapidement, les bières se retrouvent au frigo et les chips dans un bol. Je lui tends également un présent de bienvenue à Toowong, qui n'est pas aussi bien que je l'espérais mais que j'ai tout de même mis beaucoup de cœur à dénicher. De toute façon, je pense qu'au rythme que j'empruntais, je n'aurais jamais été satisfait pour ce cadeau. « Oooooh mais c’est trop gentil. » Je souris largement et acquiesce, banalisant mon geste. Ca me faisait très plaisir que Kane se soit installé si proche de chez moi dans un logement sublime et je voulais apporter quelque chose afin de le faire sentir encore plus chez lui, si cela était possible et si mon attention lui plaisait. Je ne m'offusquerais pas d'avoir fait fausse route non plus. « C’est… Parfait. Je… Merci ! » Je ris doucement, de bonheur et de fierté que le porte-clefs mural convienne au trentenaire. Je tapote amicalement son dos lorsqu'il m'étreint et confie : « Ca m'fait super plaisir qu'il te plaise ! » « Je l’installerai demain. » J'affiche un large sourire et m'oriente vers la table basse lorsqu'il m'invite à faire comme chez moi.

Installé sur un des canapés, Kane me rejoint quelques minutes plus tard avec deux bières fraîches. « Thanks mate. » Au même moment, A million pieces de Point North apparaît sur l'écran de télévision du salon, chanson à laquelle je m'identifie particulièrement, tant que je ne peux pas m'empêcher de siffler discrètement quelques notes sans passer au-dessus de l'œuvre en elle-même. Une des choses que j'adore dans mon amitié avec le Williamson est qu'il me fait en permanence découvrir de la nouvelle musique et qu'il y a toujours une excellente bande son à nos échanges. C'est l'un des éléments qui me fait me sentir aussi bien auprès de l'ambulancier. « Fais toi plaisir si tu veux mettre autre chose. Ça va juste mettre mes artistes préférés je pense là en aléatoire. Ou ceux que j’écoute le plus en ce moment. Je suis pas sûr de comment marche l’algorithme de YouTube. » J'acquiesce, bien que préfère secrètement profiter de la situation pour écouter les tendances actuelles de Kane. Il y a toujours des pépites qui s'y dissimulent et révolutionnent ma vie, tout en figurant sur les cassettes que je continue d'enregistrer après tant d'années.

« Cheers, » je prononce alors que nous trinquons. Je continue de balayer la pièce du regard, visitant de la sorte avec intérêt. Je me demande où Kane en est dans son installation et ce qu'il prévoit pour la suite de celle-ci. « Comment ça va ? Ca me fait trop plaisir que tu sois là ce soir. »  « Ca me fait super plaisir aussi, » je rends spontanément avec sincérité. « J'aime beaucoup comment tu t'es installé. Franchement, ça a beaucoup de gueule, » je poursuis. « T'as d'autres projets pour ici ? » Je questionne, curieux, avant de répondre à son interrogation. « Mais sinon, ouais, ça va. J'ai pas à me plaindre. » Je bois une gorgée de ma bière, me rendant compte quand même que j'agissais comme un sacré filou compte tenu de mes derniers agissements. « C'est un peu tendu avec Love mais ça va le faire, ça s'améliore. » Je considérais que notre dernière discussion houleuse avait permis de bien remettre certaines choses en place. Elle m'avait aussi ouvert les yeux et je me sentais plus serein pour appréhender la suite de ma relation avec la Bryce. « Et j'ai envie de me mettre au motocross. » Aucun rapport, mais ça me trottait depuis quelques temps maintenant, après avoir vu des vidéos sur la discipline et suivis quelques shows sur la télé. « Et toi, comment ça va mis à part le déménagement ? » Je bois une nouvelle gorgée de ma bière avant de lancer, sans transition aucune : « T'as déjà été sur Tinder ? »

Ca me fait trop plaisir de voir qu’il connaît la chanson. Je lui ai envoyé un milliers de recommandations au fil d’une de nos conversations. On s’échange très régulièrement des titres et de voir que certains ont plus retenu son attention que d’autres ça me fait plaisir. Qu’on partage encore plus de chansons favorites.

« Cheers, »
« Cheers. »

Un immense sourire sur mes lèvres, je fais tinter ma bière avec la sienne avant d’en boire encore une gorgée. « Ca me fait super plaisir aussi, » Il est la seule personne de mon entourage qui me comprend vraiment avec où j’en suis dans ma vie, mon état émotionnel. Ca fait du bien de pas avoir des regards de travers quand on dit qu’on cherche personne pour se caser, ou pour rien du tout. Je peux lui dire mes frustrations en long en large, il comprend. « J'aime beaucoup comment tu t'es installé. Franchement, ça a beaucoup de gueule, » Et encore c’est pas fini.

« T'as d'autres projets pour ici ? »
« J’ai quelques meubles de plus que je veux acheter pour mettre tous mes disques. »

Ils sont encore dans les cartons et ça m’énerve pas mal d’ailleurs. Faut que je me bouge. Faut que je prenne les mesures et que j’aille une bonne fois pour toute prendre un truc ou commander ce qu’il faut. Mais j’ai toujours de nouvelles idées et je sais pas me décider. Peut être que je devrais juste arrêter de réfléchir et aller piquer un truc qui fera l’affaire dans le storage box de ma grand mère. Elle m’a toujours dit que je pouvais me servir mais… J’ai jamais osé. C’est ses affaires toujours même si elle ne s’en sert pas. « Mais sinon, ouais, ça va. J'ai pas à me plaindre. » Je penche un peu la tête en le regardant histoire d’essayer de percer s’il dit vrai, mais j’ai envie de le croire. Parce que j’aime bien quand Isy va bien. Même si c’est pas la profond vérité. J’ai envie de mettre ça sur le compte qu’il est bien chez moi, ça me convient bien. « C'est un peu tendu avec Love mais ça va le faire, ça s'améliore. » Ah. Ca m’étonne pas des masses car c’est un peu sa situation perpétuelle depuis trop longtemps à mon avis… « Et j'ai envie de me mettre au motocross. » « Pour lui rouler dessus? » Que je sors naturellement vu l’enchaînement qu’il a fait dans ses propos. « Je déconne je déconne. » J’ajoute bien vite parce que j’assume pas trop même si je me fais rire et ça se voit vu comme j’ai un grand sourire sur mes lèvres.  « Et toi, comment ça va mis à part le déménagement ? » « Ca va… Même si c’est dur. » Nouveau rire qui s’échappe de mes lèvres parce que bien sûr, y’a un sous entendu pas si sous entendu que ça qu’il chopera bien facilement. « T'as déjà été sur Tinder ? » Nouvel enchainement qui est parfait. J’aime l’esprit de Isy.

« Ouais. Tu veux tester ? » Parce que j’ai bien l’impression que c’est par là qu’il veut aller. Je sais bien qu’il a dit qu’il ne voulait plus de relation, mais je sais aussi qu’il fait sa vie et je ne le jugerai pas le moins du monde s’il a besoin que ce soit moins dur.  « Le dernière fille de Tinder que j’ai rencontré elle était trop chou… Mais justement un peu trop chou. » Je me mords la lèvre. « C’était avant que je me décide à plus date des gens. On a juste passé une soirée ensemble, on a même pas couché ensemble. Sinon j’ai eu quelques aventures avec des filles ouais. J’ai toujours du mal à partir quand c’est fini enfin… C’est toujours gênant. Je suis juste gênant en fait. » Je me fais rire de nouveau. « Je crois pas être fait pour les plans d’un soir. Je me prends trop la tête à comment faire pour les revoir. » Je fronce les sourcils. « PAS les revoir. » Sacré lapsus. « Ou alors je suis déjà en train de planifier mon mariage avec elle dans ma tête et c’est elles qui jouent de parades pour pas me revoir. Mais ouais Tinder c’est pas fait pour les relations. En plus tu peux l’écrire clairement dans ta bio comme ça personne n’est surpris ou fait genre. » Je parle beaucoup dis donc et j’ai pas fini. « Si tu fais un compte fou une photo de toi au boulot. Les infirmiers ça fait rêver. Mets une photo torse nu aussi. » C’est ce que j’avais fait et ça marchait un peu trop bien.

J'admire le nouvel appartement de Kane, ravi que mon ami dispose d'un tel logement à son nom. Sa vue est majestueuse, que ce soit pour admirer l'étendue du ciel bleu ou dominer la ville. Le logement en lui-même est spacieux, moderne, et à mesure que le pompier l'installe, je ne doute pas une seule seconde qu'il sera chaleureux. Je le questionne sur ses prochains aménagements et il m'indique prévoir acheter des meubles supplémentaires, dont certains pour y ranger ses disques. Un sourire curieux apparaît sur mes lippes. « J’ai hâte de voir ça. » Je voue un intérêt particulier pour la large collection de l'australien. Dès que j'en ai l'occasion, je ne manque pas de contempler les différentes tranches des disques qu'il détient, écoutant attentivement les anecdotes que le Williamson réserve à certaines de ses acquisitions. « Si t'as besoin d'aide, n'hésite pas, » je renouvèle mon offre avant de prendre une gorgée de bière fraîche.

J'explique à mon interlocuteur me porter relativement bien, tout en lui confiant les différends que je traverse avec ma colocataire. Puis, du coq à l'âne, je lui annonce mon vœu de me mettre à la motocross. « Pour lui rouler dessus? » Je manque de peu de recracher ma gorgée, pris d'un certain rire. « Je déconne je déconne. » Je hoche la tête, lâchant moi-même un bref rire, avant d'enchaîner sur comment il se porte. « Ca va… Même si c’est dur. » Rictus en coin, je l'observe avant de prendre une nouvelle gorgée. Puis, je ne peux m'empêcher plus longtemps de le questionner sur Tinder, le singulier réseau social qui me fait de l'œil depuis quelques jours maintenant.

« Ouais. Tu veux tester ? » Je n'aurais pas pu rêver d'une meilleure réponse de sa part. J'acquiesce et me redresse, intéressé. « Je vais chercher mon téléphone. » Je m'oriente vers l'entrée où j'avais pendu mon blouson et extirpe mon Iphone de l'une de ses poches. « La dernière fille de Tinder que j’ai rencontré elle était trop chou… Mais justement un peu trop chou. » Je reviens vers le Williamson, compatissant du regard avec son expérience. J'imaginais que cette rencontre ne tombait pas au bon moment, ne concordant alors malheureusement pas avec l'état d'esprit du trentenaire. « C’était avant que je me décide à plus date des gens. On a juste passé une soirée ensemble, on a même pas couché ensemble. Sinon j’ai eu quelques aventures avec des filles ouais. J’ai toujours du mal à partir quand c’est fini enfin… C’est toujours gênant. Je suis juste gênant en fait. » Je hausse les sourcils. J'avais eu raison sur le fait que cette fille et lui ne se trouvaient manifestement pas sur la même longueur d'ondes au moment de leur rencontre. Je le rejoins également sur le fait que ce soit assez malaisant de filer après avoir partagé les draps de quelqu'un, le rouge me monte même aux joues en songeant que j'ai déployé ce coup à Love il y a quelques années. « Je crois pas être fait pour les plans d’un soir. Je me prends trop la tête à comment faire pour les revoir... PAS les revoir. » Je ris gentiment et me rassois sur le fauteuil. Je redoute rejoindre Kane : ne pas être fait pour les plans d'un soir, malgré le fait que ce soit exactement ce que je recherche, si jamais je me rends au-delà de l'appréciation d'avoir l'option de faire quelque chose. J'ai conscience que je me pousserais alors à l'encontre de ma nature, ou du moins de mon éducation et mon mode de fonctionnement depuis toujours ; et c'est peut-être cela qui attise ma curiosité : le fait d'oser croire que ce qui me retient est un comportement acquis et non inné... « Ou alors je suis déjà en train de planifier mon mariage avec elle dans ma tête et c’est elles qui jouent de parades pour pas me revoir. Mais ouais Tinder c’est pas fait pour les relations. En plus tu peux l’écrire clairement dans ta bio comme ça personne n’est surpris ou fait genre. » C'est un autre risque que j'encours sérieusement si je m'inscris et programme une véritable rencontre : forcément, si le courant passe avec une jolie demoiselle, je vais m'attacher à elle, comme je me suis enquis de toutes mes aventures lorsque j'essayais d'oublier Amber dans les lits d'inconnues... Je suis toutefois rassuré lorsque Kane me confirme que Tinder n'est pas fait pour initier des relations. Je ne veux assurément pas m'engager, seulement m'amuser et me détendre un peu, si jamais je concrétise quoi que ce soit à travers mon téléphone... « Si tu fais un compte fou une photo de toi au boulot. Les infirmiers ça fait rêver. Mets une photo torse nu aussi. » Je ris et commence à scroller ma galerie, just in case. « Okay... » Je m'enfonce plus confortablement dans le siège et explique en continuant de parcourir ma photothèque à la recherche des photographies optimales, we never know... « En fait, j'sais pas trop pourquoi je veux m'inscrire, mais ça m'intrigue... » Je mordille ma lèvre inférieure. C'est un bon début pour être honnête avec soi-même. « J'entends beaucoup parler de cette application au boulot, » je confie, comme si je cherchais à justifier ma curiosité. J'inspire profondément : « J'ai envie de voir les options que j'peux avoir. » J'affirme, arrêtant de tourner autour du pot et assumant davantage. De quoi ai-je peur ? Qu'est-ce que je risque, derrière mon téléphone ? Je ne signe aucun contrat, après tout. Je ne m'engage pas à épouser qui que ce soit ou faire des bébés indésirables si je me protège et ne tombe pas dans les mauvais pourcentages. Puis, je sais que Kane ne me jugera pas. « Et si vraiment y'a un truc qui se présente, j'ai juste envie de m'amuser. Sans attache. Sans lendemain. Sans rien du tout. Avec quelqu'un que je ne connais absolument pas et ne devrais pas revoir... » C'était primordial. Une attirance physique et sexuelle mais aucun sentiment ni promesse de quoi que ce soit. « Il paraît que c'est possible, là-dessus... » Je conjecture. « Parce que j'suis comme toi. J'me sentirais probablement mal de laisser une nana derrière moi et filer à l'anglaise après avoir fait quelque chose avec elle... Mais je me dis que si je suis clair dès le début de ne rien vouloir de sentimental, peut-être que ça passerait ? Une sorte de contrat, juste du physique, rien de profond. » Except my dick, hopefully. « Rien de sérieux... » Je corrige, malicieux, puis lève les yeux vers Kane en même temps que mon écran, lui démontrant une photo de ma personne en uniforme de paramedics pour les flying doctors, en plein bush australien. « Qu'est-ce que tu penses de celle-là ? »

Ca me fait encore plus rire de le voir se marrer à ma grosse boutade. L’autre sourire qu’il m’offre à ma dure phrase me fait du bien. J’en parle à personne de la difficulté que j’ai à rester abstinent. J’en parle comme si c’était un truc naturel et super facile mais pas du tout. Je ne sais pas comment j’avais fait pour rester seul près de trois années y’a quelques années de ça. J’ai sûrement changé depuis. Mon corps n’est plus le même. J’ai d’autres besoin. D’autres envies. « Je vais chercher mon téléphone. » Comme celles de mon ami Isaac. Il me donnerait presque envie de m’y remettre sur cette app mais ça va juste me faire perdre du temps. Je ne compte rencontrer personne.

Isaac m’écoute avec attention dans tout ce que j’ai à raconter en introduction de l’application et mes propres expériences avec celle ci. Je crois déceler un peu de gêne quand je dis que je suis gênant. Lui aussi ? J’ai aucune idée de ses expériences concrètes. Je sais qu’il a vu des gens, qu’il a été en couple beaucoup aussi mais les détails, je ne les ai pas. Je ne peux que m’imaginer. « Okay... » Ca me fait trop plaisir de le voir prendre mes indications à la lettre - as he should - et commencer à chercher des photos qui seraient adéquat. « En fait, j'sais pas trop pourquoi je veux m'inscrire, mais ça m'intrigue... » Je souris de l’entendre. Je trouve ça super adorable qu’il n’ait jamais essayé avant. « J'entends beaucoup parler de cette application au boulot, » Ça m’étonne pas. Le milieu médical dans un hôpital équivaut à beaucoup d’heures de travail, pas beaucoup de temps libre et donc plus de difficulté à trouver quelqu’un. Qu’ils se replient sur les app de ce genre pour avoir leur dose de sexe est la chose la plus naturelle. « J'ai envie de voir les options que j'peux avoir. » J’hoche la tête. « T’as raison. Faut essayer. » Plutôt que de rester dans le questionnement. « Et si vraiment y'a un truc qui se présente, j'ai juste envie de m'amuser. Sans attache. Sans lendemain. Sans rien du tout. Avec quelqu'un que je ne connais absolument pas et ne devrais pas revoir... » Je souris à son truc qui pourrait se présenter. Je sais ce qu’il veut dire mais ça me fait sourire quand même. « Il paraît que c'est possible, là-dessus... » J’hoche la tête et confirme, valide, ses dires. Je vois bien qu’il a besoin de soutient pour se lancer vu tout ce qu’il dit à voix haute pour se persuader qu’il n’est pas en train de faire une bétises. « C’est fait exactement pour ça. » J’ai l’impression de me voir moi là. Quelque part je pense qu’il saura tout à fait gérer toutes les situations qui se présenteront à lui. J’ai une bien meilleure estime de Isy que de moi même alors si j’ai réussi - en étant malaisant certes - mais si j’ai réussi à user de cette app pour baiser sans attaches, il en est tout à fait capable aussi. « Parce que j'suis comme toi. J'me sentirais probablement mal de laisser une nana derrière moi et filer à l'anglaise après avoir fait quelque chose avec elle... Mais je me dis que si je suis clair dès le début de ne rien vouloir de sentimental, peut-être que ça passerait ? Une sorte de contrat, juste du physique, rien de profond. » Je lâche un léger rire à la fin de sa phrase. « Rien de sérieux... »  « Ouais, si t’es clair dès le début y’a vraiment aucune raison que ça se passe mal. Elle était prévenue. Pas de ta faute après si elle tombe amoureuse de toi. » J’hausse une épaule en mode ’t’es trop beau, t’es trop gentil, t’y peux rien si t’as du succès.’

« Qu'est-ce que tu penses de celle-là ? » Je me penche pour regarder ce qu’il mentionne.  « Tu vas avoir trop de succès. C’est sûr. Même moi j’ai envie de swipe right si je tombe sur une photo pareille. » Je ne suis pas du tout dans l’extrême, mais j’aime mon bro ok ? Il est beau ok ? Il est même très beau. « Et puis si jamais tu trouves une fille avec qui y’a un vrai feeling ce sera super drôle comme histoire à raconter à vos petits enfants. ‘Tout a commencé avec un plan cul.’ » Je me fais rire de mes conneries mais à chaque fois que je rencontre quelqu’un de manière improbable, je pense tout de suite à quand j’aurai à raconter comment j’ai rencontré la personne si ça devient plus sérieux. « T’en as de toi torse nu ou bien on se lance sur un photoshoot? T’es comment là ? T’as été à la salle de sport régulièrement ces derniers temps ? » Que je demande, me retenant d’aller carrément lui soulever son t-shirt sans son approbation. Je suis pas comme ça. A moins que…

L’application aux tons écarlates, annonçant l’ardent des possibles échanges à venir par son logo enflammé, s’installe sur mon smartphone. Pendant ce temps, je relate à Kane les motifs et justifications m’incitant à m’inscrire sur ce réseau de rencontre. Si mes premières paroles sont davantage timorées, la franchise s’installe promptement. Clairement, j’aspire en premier lieu à prendre connaissance des options pouvant s'offrir à moi. J’ai envie de réaliser avec authenticité les femmes que je pourrais rencontrer si le coeur m’en disait, sans pour autant m’engager. Cette dernière action constitue véritablement la clef des actes que je pose par ailleurs : en aucun cas je ne veux d’attache ni de sentiment. Je tiens fortement à me préserver et assurément ne pas me mettre en couple, un point que je soupçonne risque de m’être ardu vu la capacité émotionnelle dont je dispose à me lier aisément à qui que ce soit. Mes dernières tentatives d’aventure d’un soir se sont spontanément transformées en amitiés car je m’étais instantément pris d’affection pour ces femmes. Ici, mon objectif est de ne plus revoir ces personnes et je suis sincèrement heureux comme soulagé que le pompier valide mes dires et me conforte dans le fait que Tinder est exactement conçu à ces fins. « C’est fait exactement pour ça. » Je lui souris, reconnaissant et encouragé. Ca me procure un bien fou de pouvoir parler ouvertement au trentenaire de quelque chose qui me taraude depuis un certain temps sans me sentir jugé ni poussé dans une autre direction. Kane me comprend, me soutient et m'encourage : son amitié m'est des plus inestimables.

Je lui dévoile rapidement l’entiéreté de ma résolution sociale tout comme lui confie le rejoindre sur ce sentiment de malaise qui peut sournoisement s'imiscer en nous lorsque nous abandonnons un individu avec lequel nous avons partagé un moment d’intimité. J’aurais pour ma part peur d’être perçu comme un sale type qui a utilisé cette personne, ou alors être décrit comme un monstre sans empathie aucune. Je me rassure toutefois en suggérant l’annonce d’entrée de jeu que je refuse toute forme de continuité dans toute relation initiée par cette application. Si ma rencontre est prévenue dès le départ, elle ne peut pas m’en vouloir d’agir exactement comme je lui ai signifiée, n’est-ce pas ? Mon ami me rassure également sur cette notion : « Ouais, si t’es clair dès le début y’a vraiment aucune raison que ça se passe mal. Elle était prévenue. Pas de ta faute après si elle tombe amoureuse de toi. » Je conserve mon sourire enthousiaste tout en riant doucement, nerveusement, devant les propos de Williamson qui me caractérise, en haussant une épaule désinvolte, quelque peu comme un potentiel tombeur.

Suivant scrupuleusement les conseils du blond, je déniche finalement une photographie de ma personne captée lors d’une intervention avec les Flying Doctors, sur laquelle j'arbore mon uniforme d’infirmier. Je sollicite l’avis de mon ami qui approuve à mon grand ravissement. « Tu vas avoir trop de succès. C’est sûr. Même moi j’ai envie de swipe right si je tombe sur une photo pareille. » Un rire file entre mes lippes. “Merci ! Super ! En voilà déjà une de choisie…” Je déclare, saisi d’un entrain grandissant. L’inscription se fait de plus en plus imminente et l’idée d’être positionné sur le marché de Tinder me fait progressivement trépigner d’impatience. Le goût de pénétrer le vif du sujet me charme de plus en plus. « Et puis si jamais tu trouves une fille avec qui y’a un vrai feeling ce sera super drôle comme histoire à raconter à vos petits enfants. ‘Tout a commencé avec un plan cul.’ » Je ris de plus belle, m’imaginant assez aisément la scène. “T’imagines. J’pourrais ajouter aussi en situation intiale que tout ça a été possible grâce à grand-oncle Kane qui a aidé Papy Isy à s’inscrire sur le site et pécho comme il faut.” Je souris doucement, songeur. “J’me demande s'il y a beaucoup de relations durables qui démarrent via Tinder…” Néanmoins, je me rappelle refuser de m’engager davantage sur cette voie. Ce n’est pas mon objectif premier. Les mots d’ordre sont : sans attache. « T’en as de toi torse nu ou bien on se lance sur un photoshoot? T’es comment là ? T’as été à la salle de sport régulièrement ces derniers temps ? » La générosité et l’investissement que m’offre l’australien me remplit de bonheur et gratitude, bien que j’éprouve une certaine réserve à m’appliquer à un photoshoot. Mon regard en dit long sur ma dernière séance à la salle de sport et heureusement, le football australien et mon métier m’aident quand même à me maintenir en forme un minimum. Cependant, je considère mon corps bien moins séduisant depuis mon rude passage à Race of Australia où les efforts physiques étaient certes constants, mais l'alimentation certainement pas au rendez-vous. Peut-être pourrais-je trouver plus attrayant dans ma gallerie photo que dans le présent…? “Je crois que j’en ai une à la plage,” je suggère, avant de lever un regard plein de questionnement à Kane. “Est-ce que tu crois que je dois mettre mon vrai surnom ou je m’invente un prénom ?” La confidentialité me saisit de plein fouet. Est-ce qu’il y a des nanas sociopathes sur ce réseau ? “Tu les rencontrais dans un endroit neutre, les filles ?” L'optique que mon aventure d’un soir surgisse sans prévenir sur le perron de mon domicile m’horrifie sans vergogne. Tout comme le fait de ne savoir comment éjecter une femme de mon lit au petit matin. J’ai manifestement pris grand goût aux avantages incombant à la démarche de filer à l’anglaise… Par ailleurs, pour quelqu’un qui ambitionnait juste d’observer ses options il y a une dizaine de minutes, je me découvre soudainement bien enclin à déjà partir en date...

“Merci ! Super ! En voilà déjà une de choisie…” J’ai bien l’impression qu’on va lui faire son profil ce soir intégralement. Il est chaud mon Isy. On est comme deux cons avec nos grands sourire au fur et à mesure des sélections des photos et de l’avancement de son profil. Ca me donne un peu envie de réinstaller l’application mais je serai plus fort que ça. Faudra qu’il me raconte tout dans les détails pour que je puisse vivre tout ça au travers lui. “T’imagines. J’pourrais ajouter aussi en situation intiale que tout ça a été possible grâce à grand-oncle Kane qui a aidé Papy Isy à s’inscrire sur le site et pécho comme il faut.” Je ris doucement de l’entendre. J’ai hâte d’être grand-oncle Kane. “J’me demande s'il y a beaucoup de relations durables qui démarrent via Tinder…” Je ne sais pas la réponse à cette question, même si je suis sûr qu’il y en a eu. « Faudrait faire des recherches. Doit y avoir un article Buzzfeed là dessus c’est sûr. » Oui je perds pas mal de crédibilité en utilisant le mot recherche suivit de Buzzfeed, mais c’est la vie que j’ai choisi de mener. Isy a l’air d’être pris la main dans le sac quand je parle de salle de sport, mais il est si beau et cute je suis sûr que les femmes ne lui en voudront pas.

“Je crois que j’en ai une à la plage,”
« Parfait ça. »

Que j’avance pour l’encourager de plus belle. Je ne suis pas non plus à regarder sur son épaule s’il est en train de localiser la photo. On est pas pressé. Il a déjà une photo, c’est le minimum, ça suffit pour que son profil soit en ligne sous peu. “Est-ce que tu crois que je dois mettre mon vrai surnom ou je m’invente un prénom ?” Oh. Bonne question ça. Je me mordille la lèvre avant de répondre. « Je crois pas que je saurais répondre à un autre prénom que le mien. J’ai toujours mis mon prénom. En plus ça donnera moins de questions aux femmes que tu risque de connaître déjà qui vont tomber sur toi. » Oui je suis parano, je pense déjà au regard des autres alors que y’a pas raison, mais je visualise toujours bien trop loin. Je me fatigue. Oui. Vraiment je me fatigue.

“Tu les rencontrais dans un endroit neutre, les filles ?” Je fais non de la tête aussitôt. « C’était souvent moi qui allait chez elles. Je me voyais pas mettre de l’argent dans un hôtel juste pour tirer un coup. » Je fronce le nez, mais l’argent a toujours été un sujet délicat pour moi. « Après y’a eu quelques fois dans ma voiture mais… Mais c’est pas le plus fun. » Loin d’être confortable mais quand on est horny af on est prêt à tout. « Y’a du monde chez toi hmmmm. Peut être que tu auras de la chance et elles te proposeront d’aller chez elle aussi. Je peux te filer un double de mes clés et tu viens quand tu veux quand je suis au boulot. » Je propose ça le plus naturellement possible car je fais totalement confiance en Isaac avec toutes mes affaires. « Oh et y’a une option pour lier son compte Spotify comme ça les gens peuvent voir tes artistes favoris quand ils sont sur ton profil. J’avoue j’ai swipe right des gens juste parce que y’avait certains groupes dans la liste. Plus attiré par leurs goûts musicaux que leur physique… » J’ai envie de me facepalm mais je ris à la place parce que je sais que Isy va comprendre mon attrait et je pense qu’il en aura un tout aussi grand que le mien. Même si ça n’aide pas pour le côté « ne pas s’attacher ». Si je peux mettre une playlist qui nous plaît à tous les deux pendant nos ébats c’en est que meilleur.

Progressivement, avec la grande aide et patience de Kane, mon profil Tinder se prépare. Une photo a déjà été sélectionnée, indiquant une partie très importante de mon existence : mon métier relevant de ma vocation. Je ne chercherais assurément pas l'amour via cette application, même si je ne peux pas m'empêcher de m'interroger sur la survenue de relations durables issues de ces rencontres par téléphones interposés et m'imagine même une conversation impliquant grand-oncle Kane. Aussi, je considère que ne pas me décrire comme étant l'infirmier que je suis reviendrait à cacher un trait primordial de ma personne et mon mode de vie, tant je dédie de mon temps au domaine de la santé et du volontariat en général.

Mener un photoshoot ce jour ne me paraît pas des plus opportuns, vu que ma condition physique n'est pas aussi reluisante qu'elle l'était avant ma participation à Race of Australia. Je parviens à dévier cette trajectoire en suggérant une photo de moi, torse nu, à la plage. Ca pourrait faire l'affaire - je l'espérais. « Parfait ça. » Un sourire aussi fier que soulagé se dessine sur ma bouche et je scroll ma galerie à la recherche de ce cliché.

Soudainement, je réfléchis sur le pseudo à employer sur cette plateforme. Les gens s'y rendent-ils incognito ? Utilisent-ils un faux prénom ? Je serai mal à l'aise de m'afficher en tant qu'"isyjensen" si cela invoque beaucoup trop d'informations délivrées comparé au comportement de mes futurs pairs. Je pourrais utiliser le même pseudo que sur mon instagram, mais je redoute que cela me crée du tort par la suite. J'ignore comment doser la distance que je dois vouer à ce réseau. « Je crois pas que je saurais répondre à un autre prénom que le mien. J’ai toujours mis mon prénom. En plus ça donnera moins de questions aux femmes que tu risques de connaître déjà qui vont tomber sur toi. » Un bon point. Ce pourrait causer des suspicions que j'apparaisse sur l'écran de personnes que je connais sous une identité façonnée de toutes pièces. Je ne suis pas certain de vouloir être catalogué comme un homme qui mène une seconde vie, quand j'ai toujours favorisé la sincérité et l'authenticité. « J'peux utiliser Isy, » je songe à voix haute. De mon entourage, peu de personnes savent véritablement qu'Isy n'est pas mon véritable prénom mais bien le diminutif d'Isaac, tant je ne me présente ni n'emploi ce prénom. Même ma blouse d'infirmier me décrit comme Isy Jensen. Utiliser ce surnom sur Tinder me conforte par ailleurs dans l'optique que mon identité serait ainsi protégée. Je ne peux pas m'empêcher d'être méfiant vis-à-vis d'Internet en général, comme si je redoutais la présence de psychopathes à chaque page parcourue.

D'ailleurs, je m'enquière sur les points de rencontre et sollicite mon ami pro à ce sujet. « C’était souvent moi qui allait chez elles. Je me voyais pas mettre de l’argent dans un hôtel juste pour tirer un coup. » Je hoche la tête en riant légèrement, rejoignant entièrement Kane à ce sujet. Je ne louerais pas une chambre d'hôtel non plus. Cependant, je suis surpris que des nanas invitent potentiellement des inconnus chez elles. Je sais pertinemment que mon ami est un homme bien et respectueux, mais qu'en est-il des autres mecs sur cette plateforme ? A moins que Tinder soit très sécurisé et autorise cette liberté ? « Après y’a eu quelques fois dans ma voiture mais… Mais c’est pas le plus fun. » La voiture et la plage, deux endroits à expérimenter mais qui perdent vite de leur charme selon moi. « Y’a du monde chez toi hmmmm. Peut être que tu auras de la chance et elles te proposeront d’aller chez elle aussi. » Donc ce n'est pas quelque chose de commun d'être invité chez une fille via cette application. Ca ne me surprend absolument pas que le succès ravageur de Kane incite les usagères à lui ouvrir - entre autres - les portes de leur domicile. « Je peux te filer un double de mes clés et tu viens quand tu veux quand je suis au boulot. » Je lève les yeux vers mon interlocuteur, étonné mais reconnaissant. « C'est super gentil, merci ! J'pense que je verrai au fur et à mesure selon comment ça avance et se présente... Et j'voudrais pas non plus qu'une fille chelou cogne chez toi alors que j'l'y ai pas invitée mais qu'elle a retenu ton adresse d'une première fois. » Ces circonstances me tétaniseraient sans vergogne de culpabilité envers le musicien. De plus, considérant mon talent pour attirer la malchance, je redouble spontanément de prudence, surtout lorsque des situations incluent mes proches. « Oh et y’a une option pour lier son compte Spotify comme ça les gens peuvent voir tes artistes favoris quand ils sont sur ton profil. J’avoue j’ai swipe right des gens juste parce que y’avait certains groupes dans la liste. Plus attiré par leurs goûts musicaux que leur physique… » Je souris largement, appréciant cette option, surtout pour Kane qui est à mes yeux un expert en termes de musique et compte tenu que cette forme d'art est cruciale à ses yeux. C'est grâce à lui et ses connaissances que certaines de mes playlists sont si agréables à mes oreilles. « C'est génial ça ! » Quelque chose en moi est persuadé que si je croise des infirmières, je risque de swap right aussi vite que Kane lorsqu'il apprécie le profil Spotify de certaines femmes.

« Bon, me voilà avec deux photos. » Je montre le fameux cliché pris sur la plage au Williamson. « J'pense que j'peux lancer mon inscription ? » Je trépigne d'impatience, prends une gorgée de ma bière pour m'inspirer. « Tu penses que c'est safe, quand même, comme réseau ? Y'a pas trop de gens chelous dessus ? » J'ai pas le souvenir d'avoir pris connaissance de faits divers sordides extraits de situations initiées par Tinder et il y a assez de personnes de mon entourage qui m'en parlent pour générer une certaine confiance, mais je préfère quand même m'en assurer auprès de ma source. C'est plus fort que moi, il faut toujours que j'envisage les pires scénarii. Quoi qu'il en soit, je clique sur l'icône ardent et entame mon inscription. « T'as quand même eu un bon ratio de rencontres intéressantes grâce à Tinder ? » Je questionne curieusement, à la recherche de statistiques bons coups/déceptions. Le Williamson m'avait évoqué plusieurs coups tirés, mais qu'en était-il des éventuelles pertes de temps ? S'était-il désinscrit dans un but de réorganisation de son emploi du temps ou parce qu'il avait essuyé quelques expériences peu folichonnes ?

« J'peux utiliser Isy, » J’hoche la tête vivement. C’est simple, c’est logique, mais ça me semble comme être l’idée du siècle sur le moment. C’est exactement ce qu’il lui fallait. Ça me fait trop plaisir d’étaler mes quelques expériences avec l’application à mon ami qui en redemande encore. Il rit à mes détails et hoche la tête souvent. J’ai l’impression qu’il voudrait presque sortir un papier et un stylo pour tout noter. Je lui propose même mon domicile s’il a besoin. « C'est super gentil, merci ! J'pense que je verrai au fur et à mesure selon comment ça avance et se présente... Et j'voudrais pas non plus qu'une fille chelou cogne chez toi alors que j'l'y ai pas invitée mais qu'elle a retenu ton adresse d'une première fois. » J’hausse une épaule.  « C’est bien gardé ici. » La résidence est bien sécurisé, je m’inquiète pas pour ça. Y’a un gardien en bas, un portail et en plus l’entrée à l’immeuble avant d’arriver jusqu’à ma porte. D’ailleurs tous ces détails là dessus ont beaucoup charmé mon père. C’était pas ma préoccupation première mais c’est vrai que ça fait plaisir de se dire qu’on est vraiment tranquille chez soit.

« C'est génial ça ! » Je savais que cette option Spotify allait faire plaisir à Isy. Il ressent beaucoup la musique lui aussi. Ça veut dire plein de choses sur les gens la musique qu’ils écoutent. « Bon, me voilà avec deux photos. » J’approuve carrément la photo.  « J'pense que j'peux lancer mon inscription ? » J’hoche la tête vivement. Je suis aussi pressé que lui de voir ce que ça va donner. Sûr qu’il va être super populaire, il est beau mon Isy.
« Go go go met ton profil en live. » Je suis prêt à lui donner toutes les indications qu’il a besoin pour se faire. J’ai mon visage au dessus de son épaule pour regarder l’écran de son téléphone. Je me retiens presque de le lui prendre des mains pour le faire à sa place. J’ai très envie de swiper (avec son compte). Mais il ne fait rien de plus, il a l’air d’être en train de réfléchir. Est-ce qu’il a changé d’avis ? Je crois que je serai le plus frustré des deux. « Tu penses que c'est safe, quand même, comme réseau ? Y'a pas trop de gens chelous dessus ? » Oh. Il est inquiet d’un coup. Je me mords la lèvre en réfléchissant à cette question. « Y’a une option de ne voir que les profils vérifiés, mais ça veut pas dire que les gens sont pas chelou. » Je reprends ses termes. Je ne sais pas quoi dire pour le rassurer pour le coup, c’est vrai qu’on peut tomber sur tout et n’importe quoi.

« T'as quand même eu un bon ratio de rencontres intéressantes grâce à Tinder ? » « Défini ‘rencontres intéressantes’. » Mais je n’attends pas qu’il me réponde pour détailler un peu plus mon expérience. « Ca n’a jamais été plus loin que juste un soir. Enfin. Le moment quoi. » C’était pas toujours le soir et ça n’a pas toujours duré longtemps non plus.  « Tu peux toujours finaliser ton profil et ne jamais aller plus loin que juste les messages. Y’a tellement de gens avec qui je match qui répondent jamais à mes messages… C’est comme si c’était la norme. Oh et oublie pas de mettre ta taille. C’est super important aussi pour les filles. Je trouve ça stupide. » Sûrement parce que je ne suis pas très grand. « Et si t’as une photo qui prouve que tu n’as pas de calvitie c’est un plus aussi. » Je crois que j’ai trop traîné avec Lene pour savoir tout ces trucs là.

Mon profil Tinder me semble fin prêt. Deux photos ont été savamment sélectionnées grâce aux conseils aguerris et précieux de Kane. Pour la suite, il me propose même son domicile pour la tenue d'un rendez-vous, bien que je reste réticent à cette approche même si ses lieux sont sécurisés. Je me sentirais vraiment coupable de lui causer quelconques soucis et d'un tempérament extrêmement méfiant de nature, je ne suis pas certain d'être apte à filer mon adresse ou celle d'un de mes proches à quelqu'un que je connais que d'une conversation par téléphones portables interposés.

Néanmoins, ce nouveau goût du risque, cette aventure virtuelle innovante, me réjouit grandement et m'enthousiasme indubitablement. Large sourire posté aux lèvres, je confirme mon inscription en tapotant sur le bouton indiqué, motivé par Kane. « Go go go met ton profil en live. » Mon rictus s'élargit tandis que je lis la confirmation de ma mise à disposition sur le marché Tinder. Mon rythme cardiaque s'accélère, comme si j'avais remporté un lot. « Ca y est, j'y suis ! » Je m'exclame et lève un regard à la fois audacieux et impatient à mon ami. J'ai l'impression de m'être lancé dans une nouvelle épopée, je retrouve à petite dose le goût que j'avais ressenti en réalisant que j'étais un participant officiel à l'émission de télé-réalité Race of Australia. Je prenais de plus en plus de félicité à m'extraire de ma zone de confort et j'étais très curieux de déterminer ce que cet ardent réseau social m'apporterait. Je me frotte un sourcil en analysant les pages qui s'affichent. Ca a l'air plutôt instinctif, droit au but ; néanmoins, ce n'est pas l'utilisation de l'application qui m'inquiète mais plutôt les ennuis qu'elle pourrait engendrer. Soucieux, je questionne le soldat du feu sur le degré de dangerosité de cette plateforme.

« Y’a une option de ne voir que les profils vérifiés, mais ça veut pas dire que les gens sont pas chelou. » Je considère mon interlocuteur. Des profils vérifiés, comme pour des célébrités ? La mine que j'affiche annonce mon intrigue par rapport à ce point, j'imaginais difficilement des personnes voulant confirmer qu'il s'agissait bien d'eux sur les photos pour pécho, mais pourquoi pas. Je ne maîtrisais après tout pas tous les rouages de Tinder et une politique sous-jacente y était possiblement rattachée, comme il en est le cas pour plusieurs réseaux.

« T'as quand même eu un bon ratio de rencontres intéressantes grâce à Tinder ? » Je m'enquières. Si j'essuie les échecs et les coups de pression, je risque d'être irrémédiable déçu. Mais si cette application constituait réellement un nid à énergumènes difficiles à gérer, j'en entendrais davantage parler, n'est-ce pas ? Sans doute que je me prenais trop la tête, surtout que je cherchais ici des aventures ou du moins, des options, pas une future fiancée. « Défini ‘rencontres intéressantes’. » Un sourire timide apparaît sur mes lèvres. Le pompier doit ressentir mon malaise car il poursuit : « Ca n’a jamais été plus loin que juste un soir. Enfin. Le moment quoi. » Je ris doucement, franchement fier de mon bro. « Tu peux toujours finaliser ton profil et ne jamais aller plus loin que juste les messages. Y’a tellement de gens avec qui je match qui répondent jamais à mes messages… C’est comme si c’était la norme. » Je hoche la tête, rassuré. Kane a raison, cette inscription n'est pas un engagement. De plus, le fait de savoir que certains utilisateurs ne répondent souvent pas aux messages me permettra de ne pas me miner en songeant que je communique de travers. Le trentenaire vient de m'épargner un profond désespoir. « Oh et oublie pas de mettre ta taille. C’est super important aussi pour les filles. Je trouve ça stupide. » Je fronce les sourcils, dubitatif. « Laquelle ? » Je questionne, malicieux, avant de renseigner sérieusement mes 5 pieds 11 pouces, hésitant cependant à en indiquer une autre entre parenthèses à côté, mais cela m'afficherait possiblement comme un prédateur plutôt qu'un moqueur. Une expression enchantée se loge sur mon portrait. Mon profil me plaît beaucoup, il est sommaire tout en étant informatif et direct. Dommage que Kane n'est plus inscrit, j'aurais été curieux de voir le sien. « Et si t’as une photo qui prouve que tu n’as pas de calvitie c’est un plus aussi. » Je ris doucement, acquiesçant. « J'dois avoir ça aussi... » Retour sur ma galerie. Ca ne sera sans doute pas une mince affaire car je porte très souvent une casquette en extérieur et une bonne partie de mes clichés ne sont pas entre des murs. « J'en ai de fêtes où la personne m'a prise en étant debout et je suis assis, mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon plan les photos où d'autres personnes se trouvent dessus, même si on voit pas forcément leur visage... ? » Je soumets, indécis, avant de lever mes yeux sur mon manitou de Tinder.

« T'as déjà rencontré des personnes que tu regrettes d'avoir rencontrées ? Desquelles tu aurais pu te passer ? » Bien que tout échange soit en bout de ligne formateur, recevoir des leçons de vie de l'univers sans cesse peut être éreintant. Dans tous les cas, maintenant que j'étais sur la plateforme, je ne risquais rien à y demeurer et constater ce qu'elle m'apporterait, surtout que je me sentais armé des meilleurs outils grâce à l'expertise du musicien. De plus, comme le disait avec raison Kane, je pourrais très bien couper court aux conversations avec des personnes ne m'inspirant pas. « Il est génial ce profil. Merci beaucoup, mate. » Je sélectionne les motifs de recherche et la classe peut s'ouvrir... « C'est pour quoi, l'étoile ? » Je questionne avec curiosité alors qu'un premier profil apparaît : Morgan, 25 ans, se vantant de posséder un couteau. Je n'étais pas sûr si cette information était à prendre au premier degré ou pas. Suspicieux, je tends le téléphone au Williamson et prends ma bière pour en boire une longue gorgée. De la sorte, je l'autorise à faire défiler les profils également, si le cœur lui en dit. Après tout, il est déjà mon co-pilote de ces opérations.

« Ca y est, j'y suis ! » Je me mordille la lèvre inférieure, signe que je suis très excité par la mise en ligne de son profil. Je sais bien qu’il ne va rien se passer dans la seconde mais ça veut dire qu’on peut commencer à swiper. Je crois que je m’inclus un peu trop dans le process car c’est son profil avant le mien. Juste j’ai l’impression d’être en train de laisser mon fils dans la cours des grands. Non, je compte bien lui tenir la main tout le long. Il me pose mille question au travers du regard quand je parle des profils vérifiés.  « C’est juste pour vérifier que c’est bien toi sur les photos et que t’as pas volé des photos de quelqu’un sur internet. Tu peux vérifier ton compte en une minute, faut faire des gestes précis en te prenant en photo. » Comme ça l’agent du FBI de Isaac pourra recouper les informations pour l’app Tinder. C’est vraiment fou la technologie. Je vois bien que plus je donne des détails supplémentaires, plus il est rassuré. Je n’avais jamais réalisé combien de question quelqu’un pouvait avoir à propos de cet app. Peut être que je devrais faire un tutorial pour youtube - ou tik tok - afin de finir viral et de glisser sournoisement mes chansons ensuite, même si mes followers n’auront rien demandé. Oui je pense encore et toujours dans un coin de ma tête à mes chansons que je n’ai toujours mis nul part.  

« Laquelle ? » Je lâche un grand rire de l’entendre sortir ça. Gosh je l’aime mon Isy. Je n’ai aucune idée de la taille de son membre mais quelque chose me dit qu’il n’est pas à plaindre. S’il avait un micro penis je l’aurai su, je pense, je sais pas. « J'dois avoir ça aussi... » Il a vraiment tout à disposition, c’est parfait. Je suis tout fier de mon poulain. Il met toutes les chances de son côté. « J'en ai de fêtes où la personne m'a prise en étant debout et je suis assis, mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon plan les photos où d'autres personnes se trouvent dessus, même si on voit pas forcément leur visage... ? » Je fais non de la tête. « Ouais c’est pas top les photos où y’a du monde dessus. Ou en tout cas faut surtout pas la mettre en premier parce qu’on sait juste pas qui t’es du coup. » Le pire c’est les gens qui mettent des photos avec du monde sur toutes leurs photo du coup il faut jouer à où est Charlie en essayant de reconnaitre qui est sur toutes les photos. Pas le temps pour ça.

« T'as déjà rencontré des personnes que tu regrettes d'avoir rencontrées ? Desquelles tu aurais pu te passer ? » J’ai l’impression de me retrouver dans un confessionnal. J’ai une ou deux histoires qui me viennent assez vite en tête.  « Ouais. Y’en avait une avec une hygiène très douteuse… » Je grimace.  « Mais j’ai pas osé la planter parce que je m’en suis rendu compte une fois que j’avais ma tête entre ses jambes. J’ai juste limité mon champ d’action et je suis vite parti après. »Je suis pas trop fier mais en même temps, c’était délicat. J’ai aussi bien fait gaffe que ma capote était bien mise parce que à tous les coups elle avait quelque chose de sexuellement transmissible. « Il est génial ce profil. Merci beaucoup, mate. » Immense sourire sur mon visage de l’entendre.« Il est parfait même. » Pas que j’ai ma tête calé sur son épaule, mais presque (oui j’ai ma tête sur son épaule, mais c’est pour mieux voir son écran.)

« C'est pour quoi, l'étoile ? »
« C’est un Super Like. »

Encore bluffé qu’il y ait encore des aspects à parcourir. C’est pas si simple Tinder en fait.« On en a pas beaucoup. Genre un ou deux je crois. Tu peux en avoir plus si tu prends un compte Premium mais faut payer. C’est nul. Paye pas. Tout le monde va te super like toi avec ta photo torse nu en premier comme ça. » Je suis super sérieux. « Quand quelqu’un t’a super like ça se voit le profil de la personne apparaît avec un truc un peu bleu comme l’étoile. Je sais plus c’est quoi qui est en bleu, c’est subtile mais tu peux le remarquer. Sauf si tu swipes a la vitesse de l’éclaire. » Y’en a qui font ça parce qu’ils veulent juste pécho. Peut importe de qui il s’agit. Isy me donne son téléphone et sans poser de question, je commence à swipe. Est-ce qu’il a remarqué que je n’attendais que ça ? On dirait bien. Il me connait bien. Il a peut être un peu peur de se lancer également. C’est clairement une situation win win là. « Thank you, next. » Que je dis en refusant la première meuf affichée.