La journée est plutôt calme. J’ai passé un moment avec les chiots et je suis épuisée. Mais j’ai encore quelques heures à tenir. Je n’aurais jamais dû dormir au refuge cette nuit, je savais que j’allais le regretter. Je travaille sur ma formation, et j’essaie d’éviter de rencontrer Pete en allant à mon appartement. Mes cheveux sont en pagaille et je garde mes lunettes au lieu de mettre mes lentilles. Autrement dit, je ne suis pas au top de ma forme ces derniers jours. Mais je tiens le coup, et c’est le principal. Je continue mes journées en me disant que tout finira par aller mieux et j’avancerai. J’avais besoin de cette expérience pour m’endurcir, alors j’essaie d’apprendre même si c’est difficile.

Je suis seule dans la salle d’auscultation et j’attends en regardant le plafond. Jusqu’à ce qu’un homme roux n’arrive devant ma porte. Je m’assois rapidement et essaie de reprendre une contenance. J’aurais dû écouter ce qu’il se passait à l’accueil. Je déglutis et je me lève. “Bonjour.” J’avance et je regarde autour de lui, parce que c’est toujours les animaux qui m’intéressent le plus quand je suis ici. Je vois un chien, un très vieux chien et je m’accroupis pour qu’il s’approche plus facilement de moi. “Salut toi…” Je parle calmement, et je le laisse venir à moi. “Je suis désolée j’ai pas entendu que quelqu’un entrait.” Je me sens obligée de m’excuser, comme toujours. Je me relève pour faire face au jeune homme et je replace mes cheveux correctement. “Qu’est ce qui se passe avec ce chien ?” Je laisse apparaître mon plus beau sourire rassurant et m’approche de la table d’auscultation. Le chien me suit sans trop de mal et je souris un peu plus. Le contact avec les animaux m’apaisent et plus les jours passent plus je suis heureuse de faire ce métier.


@Finnley Coverdale

@"MOLLY IVYWREATH" & FINNLEY COVERDALE ⊹⊹⊹ gotta get out, gotta get out, gotta get out of this place, i've gotta get out, gotta get out, gotta get out. we are, we are, we know we're not the same as yesterday, we all, we always set ourselves on fire to light the way.

(REDCLIFFE, THE RSPCA SHELTER). Certes, dans le monde canin, Wernicke fait office de grand-père compte tenu de son grand âge et certains ne s’étonneraient pas de sa perte d’énergie. Pour Finnley, c’est l’exact opposé qui se produit ; et l’inquiétude quant à l’apathie de son fidèle compagnon ne manque pas de grandir à mesure qu’ils approchent du refuge d’où vient l’animal. Le simple fait d’avoir dû prendre ce rendez-vous dans l’urgence n’augure rien de bon pour le chien, même si Finnley tente de balayer cette pensée en portant son regard sur la bête prostrée contre lui sur la banquette de ce taxi. Ce n’est pas la première fois que celui-ci est à l’origine d’une alerte, bien au contraire, il ne compte plus les dizaines de fois où il s’est rendu d’urgence chez le vétérinaire pour que Wernicke se montre pimpant une fois sur place, lui qui était à l’article de la mort quelques heures plus tôt. Et si d’ordinaire cette façon de narguer son humain faisait rire ce dernier, aujourd’hui Finnley a parfaitement conscience qu’il ne plaisante plus ; cela fait deux jours que l’animal se traîne – plus que d’habitude, s’entend – et passe ses journées à dormir, au point où même manger ne semble plus être une priorité pour la bête d’ordinaire jamais réticente à vider sa gamelle. Mis bout-à-bout, cela fait beaucoup de facteurs qui justifient l’inquiétude du rouquin, qui caresse le poil de son chien en regardant distraitement par la fenêtre. Bien sûr qu’il n’est pas increvable ce chien malgré ce qu’il répète à qui veut l’entendre, mais il aurait voulu tenir ce discours un peu plus longtemps encore.

C’est avec la même faiblesse que l’animal parvient à se traîner jusqu’à la salle de consultation, encouragé par son maître qui ralentit au rythme des pas du chien, qui finit par se coucher par terre aussitôt le seuil franchi et la porte claquée. « Bonjour. » Il répond poliment en relevant la tête vers la vétérinaire inconnue – ne se surprenant néanmoins pas plus que cela pour être au courant des changements récurrents qui se produisent dans ce type d’association. Il ne s’offusque pas lorsqu’elle semble plus intéressée par Wernicke que par lui, après tout il est bien le motif de la visite et autant que le contact se fasse avec l’animal plus qu’avec lui. « Il n’y a pas de souci. » Qu’il souligne lorsqu’elle s’excuse, ne comprenant pas réellement la raison pour ceci, bien qu’il faille être aveugle pour ne pas remarquer les traits tirés de la jeune femme. Mais la bienséance l’empêche de le souligner, autant que la réciprocité puisqu’il n’est probablement pas l’individu qui présente le mieux. « Wernicke. » Qu’il ajoute, l’expérience lui suggérant que les professionnels apprécient toujours de connaître le nom de leurs patients, même lorsque celui-ci a quatre pattes. « Il semble à bout de force depuis deux jours. » Il débute ses explications tandis qu’il affiche un maigre sourire en réalisant que son chien suit docilement cette femme. Il aurait pu soupirer par habitude quant à la confiance que porte Wernicke en chaque individu, mais ne peut s’en offusquer compte tenu du contexte. « Alors, je sais, il est âgé et c’est plutôt normal. » Il précise en reportant son attention sur la vétérinaire. « Mais pas dans son cas, justement. Il ne court pas partout, c’est sûr, mais il n’a jamais été aussi peu réactif et ça m’inquiète. » Il conclut, se pinçant les lèvres alors qu’il observe son fidèle compagnon. Pas ça, mon vieux, pas maintenant, s’il te plaît.

« Bonjour. » Je n’avais pas entendu qu’il était entré. Je me relève rapidement, tentant d’être la plus professionnelle possible. Je replace mes cheveux et ma tenue correctement. « Il n’y a pas de souci. » Je dois avoir une tête affreuse. Je n’ai pas bien dormi depuis des jours, mais il n’est pas là pour me voir, il est seulement présent parce que son chien doit avoir un problème. “Je… désolée.” Je regarde le sol une seconde avant de me concentrer sur le petit chien qui a l’air bien trop fatigué pour que ce soit normal. « Wernicke. » Je hoche la tête. “Salut toi.” Je souris, et je tente déjà d’évaluer son état qui n’a pas l’air vraiment bon.

« Il semble à bout de force depuis deux jours. » “Mhmh…” Avant de parler de ce que je pense vraiment, j’attends de voir l’état dans lequel le maître est. Et le jeune homme a l’air inquiet. Je ne veux pas être trop brusque, alors je me concentre vraiment sur l’état du chien. « Alors, je sais, il est âgé et c’est plutôt normal. » Il tente de se justifier et ça me fait sourire. « Mais pas dans son cas, justement. Il ne court pas partout, c’est sûr, mais il n’a jamais été aussi peu réactif et ça m’inquiète. » “Vous avez raison de venir dès que son état vous inquiète, je ne vous en voudrai jamais de me déranger si c’est pour son bien être.” Je le place sur la table d’auscultation et il s’allonge. Ce n’est pas vraiment encourageant mais je ne veux pas que le roux soit triste. “Vous vous appelez comment ?” J’essaie de détourner l’attention, me concentrant tout de même sur mes gestes qui se doivent d’être précis. Je continue, et je finis par trouver la cause de cette lourde fatigue. “Il a un petit problème de respiration, et je pense que ça vient du coeur, mais c’est normal avec la vieillesse.” Je pince les lèvres, il ne reste plus très longtemps à ce chien, mais je sens qu’il n’est pas prêt à l’attendre. “Quoi qu’il arrive, je vois qu’il a eu une très belle vie et que vous avez bien pris soin de lui.”

Il est lui-même très mal placé pour donner la moindre leçon d’allure à qui que ce soit, néanmoins Finnley ne peut s’empêcher de s’interroger à la vue de cette femme visiblement exténuée. Ce n’est pas tant la manière dont elle présente que la possibilité qu’elle ne soit pas au mieux de sa forme pour assurer le bilan médical de l’animal. Ce dernier est, à l’heure actuelle, l’être vivant qui compte le plus pour Finnley – autant dire qu’il ne plaisante pas avec les soins qui lui seront offerts, au point d’accepter de s’endetter toujours plus. Pour autant, le rouquin, peu enclin à juger quelqu’un aussi facilement, s’ôte rapidement cette idée de la tête : tout le monde a des mauvais jours et il n’y a pas de raison qu’elle exerce son métier différemment qu’un autre jour. Elle s’excuse à nouveau et il secoue la tête, lui confirmant silencieusement qu’elle n’a réellement pas besoin de le faire. Elle pourrait bien ressembler à un zombie et être vêtue d’un sac à patate qu’il n’aurait aucun souci avec cela du moment que son expertise médicale permet de s’occuper au mieux de Wernicke, auquel elle s’intéresse sans tarder. Finnley fait l’anamnèse de l’animal, des raisons pour lesquelles il s’est déplacé jusqu’ici et à mesure qu’il évoque les faits de vive voix, son cœur se serre : il est conscient que la situation n’est guère à l’avantage de cet animal. Animal qui a une grande importance pour lui et même s’il sait pertinemment depuis son adoption que Wernicke se rapprochait bien plus de sa mort que du début de sa vie en vue de son âge avancé, ce n’est pas pour autant qu’il veut que celle-ci s’arrête dans les prochaines semaines. Il n’est pas prêt – mais si le chien l’est, alors il devra prendre la décision qui s’impose et peu importe si celle-ci lui brise le cœur. Et quand bien même il est normal pour un chien aussi vieux de montrer des signes de faiblesse, ceux-ci ne s’étendent généralement pas sur plusieurs jours lorsqu’il s’agit de Wernicke, dont les regains d’énergie sont proportionnels à ses envies de rendre fou son maître (c’est-à-dire tous les deux jours). Cette fois-ci, c’est elle qui le rassure et Finn pince les lèvres pour lui confirmer qu’il apprécie sa sollicitude (ou son professionnalisme, en l’occurrence), tandis qu’il recule légèrement pour la laisser faire son travail (et peut-être pour s’éviter d’être trop près d’un Wernicke visiblement en souffrance, dont l’image le fait inévitablement souffrir lui-aussi). « Finnley. » Il répond à sa question, tentant de lui adresser un regard pour éviter celui de l’animal. Il reste silencieux le temps pour elle de poursuivre l’examen, se voulant soulagé (du mieux qu’il peut l’être) lorsqu’elle évoque un petit problème de respiration. « D’accord. » Il souligne pour prouver qu’il l’a entendue. Mais son soulagement n’est que de courte durée lorsqu’elle reprend la parole, pour un discours bien moins engageant que le précédent (qui ne l’était déjà pas beaucoup, en réalité). « Excusez-moi ? » Les mots, directs, franchissent ses lèvres avec une précipitation qu’il n’a pas voulue, l’obligeant à rapidement reprendre la parole. « Je veux dire, je ne comprends pas très bien. » Il admet, en s’approchant à nouveau de façon à caresser le sommet du crâne de Wernicke. « Ça veut dire que... son petit problème cardiaque est plutôt un très gros problème cardiaque à tendance mortel ? » Il simplifie, tandis qu’il relève le regard vers elle, essayant de ne pas s’arrêter sur ses traits tirés ; mais peut-être qu’il envisage de revoir sa neutralité et de se permettre de juger ses capacités sur la base de son état physique, d’autant plus si cela impacte l’être le plus précieux à ses yeux.

@Molly Oakheart  

Je me concentre sur le chien, parce qu’il reste le plus important dans cette salle, même si je me rends compte petit à petit que le jeune roux qui se trouve en face de moi. « Finnley. » Je hoche la tête, c’est toujours mieux quand on connait le nom de son interlocuteur. Je l’examine et je trouve un léger problème de respiration, rien de très alarmant en connaissant l’âge du chien. Je sais qu’il n’en a plus pour très longtemps, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire de le faire piquer. Il ne souffre pas, il est bien avec sa famille et la fin de sa vie a l’air plutôt heureuse. « D’accord. » Il m’écoute, je suis le plus claire et honnête possible.

« Excusez-moi ? » J’ouvre de grands yeux étonnés face au ton de sa voix. Est ce que j’ai dit une bêtise ? Et tout à coup, je me rends compte que j’ai manqué de tact et que je ne m’étais pas rendue compte d’à quel point le jeune homme n’était pas prêt à entendre une chose pareille. « Je veux dire, je ne comprends pas très bien. » Je le laisse parler, j’attends qu’il me pose ses questions. « Ça veut dire que... son petit problème cardiaque est plutôt un très gros problème cardiaque à tendance mortel ? » Je pince les lèvres. “Non non… c’est pas le problème cardiaque… c’est juste que si les diagnostics sont bons il est assez vieux…” Je déglutis, je ne pensais pas qu’il se mettrait dans un état pareil. Je n’ai pas envie qu’il se sente triste, alors j’essaie de me rattraper comme je le peux. “J’ai pas dit qu’il allait mourir demain.” Même si malheureusement ça reste une possibilité. Je ne peux pas lui dire ça comme ça. “C’est juste que c’est toujours mieux d’y être préparé un peu en avance.” J’ai l’impression d’être en train de m’enfoncer.

Peut-être est-ce de l’impolitesse, mais il ne se permet pas de lui demander son prénom à son tour : les règles sont les règles pour Finnley et il lui est difficile de faire preuve d’autant de familiarité avec la jeune femme. Il ne veut pas dépasser les limites de la relation client/professionnel et il ne lui demandera pas son prénom, autant qu’il ne lui posera pas d’autres questions, la laissant prendre le contrôle quant à cette consultation. Après tout, c’est elle l’experte, il ne va pas prétendre connaître sa profession mieux qu’elle, bien qu’il soit sceptique en voyant ses traits tirés et son air hagard. Ce n’est pas l’œuvre d’une gueule de bois (c’est lui l’expert, dans le domaine), mais ils sont suffisamment visibles pour ne pas passer inaperçus. Il ne lui manquera pas de respect au moins de le souligner, mais lorsque la jeune femme manque cruellement de tact en soulignant que Wernicke a eu une belle vie, supposant qu’il est temps pour lui de faire ses adieux à ce monde, Finn ne peut pas rester sans rien dire. Il se fait aussitôt remarquer, la surprise d’une telle annonce provoquant sa remarque avant toute autre réflexion. Il justifie son interruption, d’autant plus qu’il a besoin de mieux comprendre les choses. S’il s’agit juste d’un petit problème cardiaque, pourquoi parle-t-elle de l’animal comme si c’était sa dernière consultation chez le vétérinaire ? La jeune femme tente de se reprendre et même si Finn n’est pas réellement convaincu par son discours, il parvient à calmer les battements de son cœur. Bien sûr qu’il sait que Wernicke arrive en fin de vie et il n’est pas prêt à cette perspective ; pour autant s’il ne s’agit que d’une question d’âge et non de diagnostic, l’animal a prouvé qu’il parvenait à déjouer les pronostics. Il n’était déjà pas en très bon état lorsqu’il l’a sorti du refuge, apeuré et maltraité, mangeant à peine et refusant la moindre balade, mais finalement il s’est épanoui pour le mieux et aujourd’hui il lui arrive encore d’avoir l’air aussi fringant qu’à ses débuts. « Hm, oui, c’est sûr. » Il acquiesce malgré tout, conscient que la vétérinaire a raison et qu’il doit se préparer à cette éventualité, sans quoi la situation lui fera bien trop de mal lorsqu’elle sera effective. « Désolé, je ne voulais pas vous agresser. » Il s’excuse en se pinçant les lèvres, conscient d’avoir été un peu trop vindicatif. « C’est juste qu'on s’y attache. » Il se justifie, s’arrêtant-là ; jamais il n’aurait cru devenir de ces propriétaires complètement gaga de leur animal, à les considérer comme leur progéniture au point d’en être ridicule et pourtant... nous y sommes, hm. « Vous devez faire d’autres examens ? » Il questionne, s’imaginant que ça ne s’arrête pas qu’à ça, ou du moins, qu’ils ne peuvent pas fermer les yeux sur le petit problème cardiaque. « Je veux dire, s’il est en fin de vie, j’aimerais autant le soulager au mieux. » Il n’y a en réalité pas de si qui tiennent, sauf pour Finnley qui refuse encore de voir l’évidence, pour autant il y a une chose dont il est sûr : il ne veut pas que Wernicke souffre et s’il peut apaiser au mieux ses vieux jours, il mettra tout en œuvre pour que ce soit le cas.

@Molly Oakheart

Je suis fatiguée mais je suis bien mieux ici que dans mon appartement pour le moment. Je regarde le plafond et je m’occupe de tous les animaux qui m’entourent. Je ne pensais pas avoir ce genre de cas dans la nuit. Je me préparais à être seule et à ne pas réussir à dormir pendant des heures, pas à devoir annoncer à un jeune homme charmant que son chien était vraiment vieux, et qu’il fallait se préparer à sa mort. Je déteste devoir annoncer une chose pareille, alors je tente de détourner. Il a encore quelques semaines, peut-être même quelques mois. Je veux garder espoir et ne pas le rendre triste, je ne suis pas là pour ça. « Hm, oui, c’est sûr. » Il a l’air de comprendre et je respire un peu mieux.

« Désolé, je ne voulais pas vous agresser. » Je souris, il ne sait pas que j’ai connu des propriétaires bien pires que lui. “Vous vous inquiétez et c’est normal, c’est moi qui ai manqué de tact.” Je pince les lèvres, je m’en veux de ne pas avoir réalisé qu’il n’était pas capable d’entendre certaines choses à propos de ce chien qu’il a l’air de tant aimer. « C’est juste qu'on s’y attache. » Je hoche la tête, je ne peux que le comprendre. « Vous devez faire d’autres examens ? » Je fronce les sourcils et je tente de réfléchir, je ne sais pas ce que je pourrais faire pour le sauver, pourtant je cherche de toutes mes forces. Je caresse le chien, je souris et je reste silencieuse pendant un long moment. Je ne veux pas l’inquiéter plus, alors je reste là, sans parler. « Je veux dire, s’il est en fin de vie, j’aimerais autant le soulager au mieux. » Je ferme les yeux, sa voix se brise un peu et je sais qu’il est triste, je le sens. Je déteste avoir ce rôle là, mais malheureusement, ça va avec le métier. “Je pourrais faire des injections pour la douleur… et un traitement pour la tension… mais ça veut dire qu’il faut le ramener régulièrement pour que je puisse le surveiller.” Peut-être qu’il me déteste et qu’il ne voudra plus que je m’approche de ce chien, mais j’ai envie de tout essayer pour lui donner le plus de temps possible.

Il se rend compte que ses mots peuvent sembler agressifs, raison pour laquelle il se reprend rapidement. Même si son affect est forcément sollicité vu la situation, ce n’est pas une raison pour se décharger sur une jeune femme qui ne fait que son métier. Elle n’y peut rien si c’est à elle d’annoncer la mauvaise nouvelle ; même s’il aurait apprécié plus de tact et qu’il ne manque pas de le souligner. Le fait est que, malgré l’âge avancé de Wernicke, cette éventualité est encore largement ignorée par un Finnley qui ne peut pas imaginer perdre son meilleur ami – le terme est utilisé à juste titre. “Vous vous inquiétez et c’est normal, c’est moi qui ai manqué de tact.” Il pince les lèvres, malgré tout encore une fois désolé de s’être montré un peu trop virulent à l’égard de la jeune femme. Il finit néanmoins par s’expliquer, pour justifier son attitude. Il n’a pas pour habitude de s’épancher, surtout qu’il sait pertinemment que cela pourrait paraître ridicule pour d’autres, mais il songe aussi au fait qu’en étant que vétérinaire, ce genre de discours ne doit pas la surprendre ; elle doit en voir, des individus trop attachés à leur animal de compagnie pour accepter l’issue fatale qui les attend. Et c’est la vérité, si Wernicke est apparu dans sa vie par obligation, sur une idée de Bryn, il s’est attaché à l’animal bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Plus qu’un animal, d’ailleurs, il est devenu un véritable compagnon à quatre pattes dont l’absence, en temps voulu, se fera sentir.

S’il a conscience que Wernicke est plus proche de la fin de sa vie que du commencement, il s’interroge malgré tout quant à la possibilité de faire d’autres examens pour avoir une pleine mesure de son état. Car s’il lui est difficile d’envisager l’issue, il y a une certitude : il est hors de question que Wernicke souffre plus de raison simplement par plaisir égoïste de le garder auprès de lui. “Je pourrais faire des injections pour la douleur… et un traitement pour la tension… mais ça veut dire qu’il faut le ramener régulièrement pour que je puisse le surveiller.” Et s’il a conscience qu’il est difficile de jauger de la douleur d’un animal sans que celui-ci soit en mesure de pleinement l’exprimer, le regard qu’il accorde à son chien ne l’interpelle pas plus que de raison. Il a l’air fatigué, comme souvent, mais d’ordinaire il continue de se nourrir, à apprécier les balades, de venir quémander des flatteries à chaque fois qu’il rentre ; tant d’éléments qui lui font croire que son heure n’est peut-être pas tout à fait arrivée. « Oh, oui, bien sûr, il n’y a aucun souci pour ça. » Il serait capable de l’amener tous les jours à cette clinique si besoin ; ça tombe bien, on ne peut pas dire qu’il ait mieux à faire actuellement. « Ça va aller. » Qu’il souligne, cette fois-ci plus pour le chien qu’il gratte que pour lui-même. Reportant son attention sur la vétérinaire, il finit par demander : « On peut déjà lui faire une injection aujourd’hui ? » Il s’ose, le regard qui revient à Wernicke. Il semblerait que ce ne soit pas une mauvaise idée, en tout cas.

@Molly Oakheart

Je suis épuisée, et j’ai l’impression de tout faire de travers aujourd’hui. Je sens aussi que l’homme en face de moi est terrifié, et qu’il peut prendre n’importe quelle information comme la pire qu’il ait jamais entendu. Il faut que je fasse attention à chaque mot et à chaque geste. Ca m’angoisse d’avoir l’impression qu’il va mal et que je ne peux rien faire pour arranger les choses. Je ne peux pas lui mentir, ça ne servirait à rien, bien au contraire. Alors j’essaie d’être aussi douce et compréhensive que possible, et mon cerveau fonctionne à mille à l’heure pour trouver toutes les solutions possibles pour que ce chien vive encore quelques mois ou quelques années.

Je parle et je ne m’arrête pas. « Oh, oui, bien sûr, il n’y a aucun souci pour ça. » Je hoche la tête et je continue encore et encore à réfléchir à tous les détails, tous les traitements qui pourraient aider ce vieux chien à survivre encore un peu. « Ça va aller. » “Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça aille le plus longtemps possible.” Je pince les lèvres une seconde, ne sachant pas comment lui expliquer que son chien ne pourra pas tenir le coup très longtemps. Il me fait de la peine, alors je me dis que je lui parlerai plus tard, quand il ira mieux. Ce n’est pas la bonne chose à faire, mais je ne peux pas me résoudre à briser son coeur. « On peut déjà lui faire une injection aujourd’hui ? » Je regarde autour de moi et dans les frigos qui se tiennent derrière moi. Je regarde ce que j’ai et ce que je pourrai lui fournir. “Je peux faire cette injection.” Je parle en pensant. Je fais un aller-retour dans la réserve et je trouve les cachets dont ce beau chien pourrait avoir besoin pour éviter à ses articulations de s’enflammer. “Et il faudrait lui donner ça deux fois par jour tous les jours jusqu’à ce que vous reveniez ici.”